Alain Resnais (1922-2014)

[julien]

Bah c'est logique de la part de France Télévision. S'ils avaient diffusé Smoking/No Smoking en prime time, 90% des spectateurs auraient zappés au bout de 20mn. On ne peut pas lutter face à la terrible loi de l'Audimat.

Quand ça ne conditionne aucune recette, je ne vois pas bien pourquoi...

Je suis pas trop versé dans la politique des chiffres mais à mon avis, pour fidéliser le spectateur, ils ont intérêt à maintenir un certain quota d'audimat face à leurs concurrents, en particulier TF1 et M6. ARTE par contre a moins de pression à ce niveau là.

[Jeremy Fox]

Bah c'est logique de la part de France Télévision. S'ils avaient diffusé Smoking/No Smoking en prime time, 90% des spectateurs auraient zappés au bout de 20mn. On ne peut pas lutter face à la terrible loi de l'Audimat.

Quand ça ne conditionne aucune recette, je ne vois pas bien pourquoi...
Et puis quand même, quoi, un César du meilleur film, ce n'est pas exactement un film confidentiel. Certes, c'est un peu plus exigeant et riche culturellement que la programmation moyenne de France Télévision, mais le nivellement par le bas doit-il rester le seul objectif de la chaine publique ? S'il y avait bien une occasion de faire une exception à cette lamentable habitude, c'était celle-ci...

Surtout que le dytique est extrêmement ludique et qu'il pourrait plaire au plus grand nombre

[Strum]

Il fut un temps pas si lointain où Melo ou même Mon Oncle d'Amérique passait à 20h30 sur France 2 (sans compter Smoking/No Smoking ou On connait la chanson qui sont des films très accessibles et très sympathiques de Resnais, ayant eu de vrais succès publics à leur sortie). Une diffusion hommage à 22h30 était un minimum. Ce serait trop facile de s'excuser derrière le petit doigt de l'audimat pour faire oublier la nullité d'un service public incapable de rendre hommage correctement à un des grands cinéastes français contemporains. Gilles Jacob a parfaitement raison.

(julien, dans d'autres fuseaux, tu te targues d'ailleurs de défendre un cinéma plus exigeant et ne tenant pas compte de l'audimat - mais tu n'es pas à une incohérence près)

[Demi-Lune]

Ce serait trop facile de s'excuser derrière le petit doigt de l'audimat pour faire oublier la nullité d'un service public incapable de rendre hommage correctement à un des grands cinéastes français contemporains.

Rhoo, ils ont été à la hauteur pour Georges Lautner, quand même...

(ironie inside)

[Roy Neary]

Il fut un temps pas si lointain où Melo ou même Mon Oncle d'Amérique passait à 20h30 sur France 2 (sans compter Smoking/No Smoking ou On connait la chanson qui sont des films très accessibles et très sympathiques de Resnais, ayant eu de vrais succès publics à leur sortie). Une diffusion hommage à 22h30 était un minimum. Ce serait trop facile de s'excuser derrière le petit doigt de l'audimat pour faire oublier la nullité d'un service public incapable de rendre hommage correctement à un des grands cinéastes français contemporains. Gilles Jacob a parfaitement raison.

Exactement.
Après on peut en conclure facilement deux choses, d'ailleurs pas nécessairement contradictoires : l'estime en laquelle France Télévisions tient ses téléspectateurs qui va diminuant avec les années, et le moins en moins d'intérêt que portent ces derniers pour des films moins directement accessibles, moins classiquex dans tous leurs aspects, moins spectaculaires, etc... alors même que dans le cas d'Alain Resnais c'est encore plus injuste puisque nombre de ses œuvres s'adressaient consciemment à un public large même si leur forme était certes plus originale que la production courante.
La même télévision qui programmait il y a 20 ou 30 ans les films que tu cites estime que le public d'aujourd'hui ne peut plus les regarder en prime time, c'est le résultat d'un appauvrissement général dont elle a sa part évidente de responsabilité.

J'espère que ce que je dis ne sera pas pris comme du snobisme culturel... Ou alors les téléspectateurs d'il y a 25 ou 30 ans étaient aussi culturellement snobs que moi !

[Léo Pard]

Il fut un temps pas si lointain où Melo ou même Mon Oncle d'Amérique passait à 20h30 sur France 2 (sans compter Smoking/No Smoking ou On connait la chanson qui sont des films très accessibles et très sympathiques de Resnais, ayant eu de vrais succès publics à leur sortie). Une diffusion hommage à 22h30 était un minimum.

En effet, en août 1994, France 3 avait diffusé Mélo d'Alain Resnais en prime time suivi de la version 1932 en deuxième partie de soirée, après le Soir 3. Une autre époque.

[Commissaire Juve]

... Ou alors les téléspectateurs d'il y a 25 ou 30 ans étaient aussi culturellement snobs que moi !

Ben non, mais il y avait une exigence de la part des programmateurs (cela dit, rien de comparable avec celle des années 60 / 70... là, les programmateurs n'étaient pas loin du jansénisme ).

Aujourd'hui, les programmateurs, euh... c'est comme en politique... on est au ras des pâquerettes.

[Léo Pard]

Finalement, sous la pression, France 3 diffusera On connaît la chanson (déjà programmé vendredi sur Canal+ Cinéma) jeudi à 20h45.

[Federico]

La semaine dernière, Mauvais genres avait consacré toute son émission à Resnais... et ils ont rajouté une petite couche sympa au début de l'émission d'hier avec l'intervention de Jean-Pierre Dionnet qui raconte leurs amusants dialogues de sourds ciné-BD ("Et Witchblade, vous trouvez vraiment ça intéressant ?")
Juste avant, Philippe Rouyer a décrit les funérailles de Resnais avec l'arrivée du cercueil sur la musique (sublime) qu'avait composé Miklós Rózsa pour Providence et les personnes présentes dans l'église ont même pu voir l'extrait d'un... Laurel & Hardy.
Chouette, non ?

[Alligator]

http://alligatographe.blogspot.fr/2014/ ... monde.html

Toute la mémoire du monde (Alain Resnais, 1956)

Jusqu'où peut aller la bibliophilie de certains?! Pour un documentaliste et historien comme moi, ce court-métrage panégyrique de la Bibliothèque Nationale se révèle en tout point savoureux. Un bon gros bonbon.

Alain Resnais en 1956 n'est déjà pas à son premier coup d'essai en tant que documentariste. Il a réalisé pas mal de courts, et vient de sortir "Nuit et brouillard" l'année précédente.

Il se consacre alors à cette oeuvre en large partie collective. Ils sont un grand nombre de collaborateurs à s'impliquer dans le film, comme le prouve le générique de début. Parmi eux les plus célèbres sont sans doute Agnès Varda et Chris Marker.

Ce documentaire nous propose une visite de la BNF. On y pénètre jusqu'aux coins les plus reculés, les plus préservés. On y voit le travail des bibliothécaires. Rien ne nous échappe de toutes les tâches quotidiennes destinées à sauvegarder cette fameuse mémoire du monde, de la surveillance hygrométrique jusqu'à l'indexation, le catalogage en passant par l'accès au public bien entendu.

La réalisation est délicieuse, très sûre, très friande de raconter son histoire, riche et variée. Souvent de très lents travellings donnent vie aux lieux. Les espaces se creusent avec les plongées et contre plongées, prennent une certaine rondeur, pendant que les statues laissent goûter à leurs volumes. Astucieux autant que gracieux, le procédé dénote un regard esthète, amoureux des lieux comme des objets.

Tout cela permet au spectateur d'être véritablement dans ces lieux vastes et lumineux ou au contraire d'être terrés dans le silence des couloirs et des rayonnages sombres. La visite est en quelque sorte physiquement éprouvée par le spectateur. C'est tout juste si l'on ne sent pas le parfum du vieux papier.

J'ai adoré cette petite balade, gentiment accompagnée par une musique de Maurice Jarre et orchestrée par Georges Delerue qui se veut inquiétante, grande parfois, guillerette et intrigante à d'autres moments, jamais vraiment solennelle.

[Flol]

La semaine dernière, Mauvais genres avait consacré toute son émission à Resnais... et ils ont rajouté une petite couche sympa au début de l'émission d'hier avec l'intervention de Jean-Pierre Dionnet qui raconte leurs amusants dialogues de sourds ciné-BD ("Et Witchblade, vous trouvez vraiment ça intéressant ?")
Juste avant, Philippe Rouyer a décrit les funérailles de Resnais avec l'arrivée du cercueil sur la musique (sublime) qu'avait composé Miklós Rózsa pour Providence et les personnes présentes dans l'église ont même pu voir l'extrait d'un... Laurel & Hardy.
Chouette, non ?

Et je rajoute que le site de la Cinémathèque a retranscris le texte qu'a lu André Dussolier à son enterrement :
http://www.cinematheque.fr/fr/hommages/ ... e-dus.html

[Federico]

Et je rajoute que le site de la Cinémathèque a retranscris le texte qu'a lu André Dussolier à son enterrement :
http://www.cinematheque.fr/fr/hommages/ ... e-dus.html

Beau texte. J'ai bien aimé le "Collure !" à la place de l'insupportable "Coupez !".

[Federico]

Exploit de Télérama qui propose Alain Resnais en six chefs-d'œuvre... sans citer Providence !

[Roy Neary]

Exploit de Télérama qui propose Alain Resnais en six chefs-d'œuvre... sans citer Providence !

- Mais ne vous en déplaise, cher Federico, nous ne pouvons raisonnablement pas estimer que ce Providence soit une œuvre 100 % française. Soyez donc plus précis dans vos récriminations, vous n'imaginez pas à quel point votre assertion fantaisiste est susceptible de nuire aux impétrants issus du classement national établi par le respectable magazine Telerama. A propos, puis-je vous appeler Frédéric ?

[Ouf Je Respire]