Silent Hill (Christophe Gans, 2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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colossus
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Re: Silent Hill (Gans) - les avis

Message par colossus »

Avec ce film que je n'attendais pas forcément, Gans est monté haut dans mon estime, là où il ne risquait pas d'aller avec des films tels que Le Pacte des Loups.
Une ambiance envahissante et prégnante jamais vue ou presque (esquissée dans L'échelle de Jacob et Creep), aussi fascinante que malsaine.

Tous les monstres et leur dégaine, leur souffrance apparente (ils semblent souffrir d'être des monstres, du malaise qu'ils semblent porter, du fait qu'ils soient tous grotesques et indécents) et leur statut de damnés font froid dans le dos, et mettent mal à l'aise durant toute la durée du film.
Une séquence donne le "la" du métrage; quand le violeur sort en rampant des toilettes le dos cassé en 2 avec les jambes reliées aux yeux par du barbelé... le moment d'après il touche le mur qui se retrouve instantanément contaminé par son aura crasse, faisant émerger des multitudes de scarabées de cosses moisies pullulants à présent dans la pièce où se trouve l'héroïne larguée! On ne comprend pas bien ce qui se passe à l'écran, on ressent juste que c'est extrêmement crade et malsain.
Tête de pyramide et ses apparitions aussi violentes que marquantes, les enfants se consumant de l'intérieur... le reste est dans cette continuité.

On n'est jamais à l'aise dans Silent Hill, c'est réussi dans cette avalanche de films fantastiques contemporains qui ne dérangent pas plus que ça.

L'ambiance malsaine et glauque de ce film étant pour une fois totalement liée à son histoire, les personnages deviennent d'un coup on ne plus impuissants devant ce qu'il se trame, poursuivis par des créatures horribles souffrant le martyr, dans un univers incompréhensible d'où une vilaine violence peut surgir à n'importe quel moment (Pyramide Head arrachant la peau d'une femme à main nue, la chef déchirée en deux à la fin).

L'atmosphère dépressive du film déteint sur les personnages, sa fatalité et son nihilisme (sans compter son absence de concession niveau horreur à l'écran) font pour ma part du film de Gans une pièce maîtresse dans le domaine du cinéma fantastique contemporain, et dans le ciné fantastique tout court.

Voilà un film duquel j'aimerai voir une suite.
Anorya
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Re: Notez les films | Octobre 2009

Message par Anorya »

Silent Hill (Christophe Gans - 2006)

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Plus le temps passe et les revisionnages de Silent Hill reviennent et mon intérêt pour le film baisse considérablement. En dépit d'une passionnante reprise des élements du jeu qui en forment son armature et son ambiance (brume omniprésente, récurrence de créatures comme les infirmières ou Pyramid Head, la formidable musique d'Akira Yamaoka dont je suis fan, le précipice, la sirène....), j'ai de plus en plus l'impression que Gans s'est fait dévorer par l'hommage trop appuyé au jeu originel, en l'occurrence, le premier volet sur playstation. Le jeu de piste (comme dans le jeu avec même les dessins qui guident vers l'école) finit par lasser et le message sur la foi et le fanatisme qui peut parfois en découler est amené avec d'énooOOoormes gros sabots. Néanmoins, la stylisation de l'objet (et sans doute les plus beaux décors qu'a pu faire Carol Spier avec sans doute ceux du "Festin nu" chez Cronenberg); son esthétique de la rouille inscrite dans 4 temporalités parallèles et différentes (la réalité, ce qui s'est passé dans les années 70, Silent Hill et sa brume de cendres, Silent Hill version ténèbres) avec chacune leur traitement me fascine toujours autant (je pourrais presque écrire tout un topic dessus si je n'étais pas un peu fatigué).
4/6.
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Demi-Lune
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006) - les avis

Message par Demi-Lune »

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SPOILERS. Avant toute chose, je précise que je ne connais le jeu Silent Hill que de nom, je n'y ai jamais joué. Ça permet de se focaliser sur ce que le film vaut d'un point de vue cinématographique, et non d'un point de vue de fidélité d'adaptation.
Avec Silent Hill, Gans m'a assez impressionné. La force première de ce film, et son essence, consistent bien en la création d'un univers-monde hallucinant. Les variations douceur éthérée du brouillard/pourriture des ténèbres sont de vraies grandes idées esthétiques. Même si on ne peut pas imputer au film la paternité de cet univers, la maestria avec laquelle Gans et son équipe technique (notamment sa décoratrice Carol Spier) parviennent à formaliser ce microcosme mérite vraiment d'être saluée. A mi-chemin entre Lovecraft, Hobb's End et la station de métro de L'échelle de Jacob, cette bourgade spectrale, noyée sous un brouillard de cendre et infestée d'un bestiaire cauchemardesque, envoûte par son ambiance. Et c'est là précisément que l'univers de Silent Hill et l'approche de Gans se rejoignent superbement.

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Beaucoup ont dit dans ce topic que le film ne faisait pas peur, qu'il ne parvenait pas à générer un malaise aussi prégnant que celui ressenti lors des jeux. Pour moi, Silent Hill a ceci de remarquable qu'il cherche à éviter la facilité des vieux tours éculés propices à faire sursauter le spectateur. L'épouvante, dans Silent Hill, naît de la beauté de l'univers autour de la dichotomie cauchemar/fascination.
Il est, par exemple, significatif que le réalisateur ne cherche pas à créer un suspense sur l'apparence des différentes créatures que rencontre Radha Mitchell tout au long de son parcours. Gans, au contraire, montre tout de suite ces chairs distordues et plaintives, que la photographie lugubre rend encore plus impressionnantes et malsaines. Cette frontalité du cauchemardesque concoure à faire de Silent Hill une expérience d'épouvante tout à fait originale et jubilatoire. A une époque où le cinéma d'horreur est en état de mort artistique, c'est de l'horreur d'esthète, là, dans laquelle le malaise du spectateur ne provient pas tant des visions d'effroi (le bestiaire) que de sa fascination devant cette beauté plastique qu'est Silent Hill et ses multiples facettes, même les plus glauques, les plus putrescentes. Gans renoue avec le film d'épouvante formaliste, celui qui terrifie et captive par le pouvoir de ses images. Il revient à une forme d'essence du genre en travaillant prioritairement son imagerie comme vectrice intrinsèque de l'épouvante. Silent Hill est un vrai film d'atmosphère, émanant de la ville et l'encerclant littéralement.
Si le film est formellement épatant, il est également réjouissant dans sa construction ludique - tout du moins pendant 1h30 -, faisant balader l'héroïne d'indices en lieux fantomatiques peuplés de monstres sanguinaires (Pyramid Head !). Cette construction est sans doute fidèle aux objectifs du jeu. Mais transposée dans un film, cette construction, qui aurait pu ne pas fonctionner, me plaît beaucoup. Tout comme la mise en scène de Gans, audacieuse et maîtrisée, bien moins tape-à-l'œil que dans Le Pacte des loups. On sent un véritable plaisir de filmer, une fluidité rare dans les cadrages, les déplacements de la caméra et le tempo malgré la complexité de donner vie à un tel univers.

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Évidemment, le film n'est pas parfait. Il y a d'étonnantes maladresses. Alors qu'il bâtit attentivement l'ambiance pesante et claustro de Silent Hill, Gans a la mauvaise idée de casser à intervalles régulières l'atmosphère lugubre en déroulant la sous-intrigue autour de Sean Bean. C'est d'autant plus dommageable que cette sous-intrigue donne l'impression de s'adresser directement aux gens comme moi, les néophytes, histoire de leur apporter des lumières bienvenues. Des lumières qui, soit dit en passant, restent frustrantes car Silent Hill est un film qui en dit à la fois beaucoup et trop peu. Même si les cassures au montage entre le monde réel (?) et le purgatoire de Silent Hill sont honnêtement troussées (et préparent la douloureuse scène finale), ces allers-retours entre Radha Mitchell et Sean Bean restent quand même regrettables.
Tout aussi regrettable est le flash-back en image granuleuse. Ce n'est pas tant la volonté de donner des éclaircissements qui me gêne, que cette impression que ces mêmes éclaircissements tombent comme un cheveu sur la soupe. Beaucoup ont évoqué l'idée d'une cinématique pour cette scène : c'est vrai qu'il y a de ça. Respectueux vis-à-vis du jeu, Gans tente de "récompenser" le spectateur comme un gamer, mais ça ne fonctionne pas des masses dans le cadre propre du film. Dans le registre des trucs qui font tiquer, il y a aussi cette communauté de riverains sectaires, dont le nombre, bien trop important, affaiblit l'oppression et la solitude distillées par la ville-fantôme. Et que dire de ce climax assez grand-guignolesque quoique graphiquement violent, qui tranche assez avec la relative subtilité dont faisait preuve Gans jusqu'ici.

Mythe d'Orphée à la sauce Francis Bacon, Silent Hill demeure tout de même une entreprise des plus intéressantes dans le registre fantastique/épouvante. Bancal, mais sincère et formellement habité, c'est un film qui s'installe durablement en mémoire. J'aurais presque aimé que le film dure plus longtemps encore, histoire de continuer à me balader dans cet univers incroyable...
Dernière modification par Demi-Lune le 22 févr. 14, 19:09, modifié 4 fois.
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006) - les avis

Message par jacques 2 »

Je crois (il en parle dans je ne sais plus quel bonus du blu ray) que, pour la sous intrigue avec Sean Bean, Gans n'a pas vraiment eu le choix : il a dû faire cette concession aux producteurs qui réclamaient ces retours à la réalité qui nuisent effectivement au film, on est bien d'accord ... :wink:
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Demi-Lune
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006) - les avis

Message par Demi-Lune »

jacques 2 a écrit :Je crois (il en parle dans je ne sais plus quel bonus du blu ray) que, pour la sous intrigue avec Sean Bean, Gans n'a pas vraiment eu le choix : il a dû faire cette concession aux producteurs qui réclamaient ces retours à la réalité qui nuisent effectivement au film, on est bien d'accord ... :wink:
Merci de cette lumière. :wink:
Quand j'ai lu en diagonale ce topic, j'ai vu que quelques uns parlaient d'une éventuelle director's cut, plus longue que la version cinéma. Qu'en est-il aujourd'hui ? C'est toujours d'actualité ?
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006)

Message par jacques 2 »

Ce serait étonnant : à l'époque de la sortie, on parlait même d'une suite potentielle mais faut croire que, comme toujours, le box office - assez moyen - a décidé ...
Quant à Gans, il est en train de concrétiser son "Fantômas" donc ...

Idem pour une version longue : il n'y a même pas de scènes coupées sur le (magnifique à tous points de vue) blu ray donc ... :cry:
:wink:
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tenia
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006)

Message par tenia »

jacques 2 a écrit :Ce serait étonnant : à l'époque de la sortie, on parlait même d'une suite potentielle mais faut croire que, comme toujours, le box office - assez moyen - a décidé ...
Quant à Gans, il est en train de concrétiser son "Fantômas" donc ...

Idem pour une version longue : il n'y a même pas de scènes coupées sur le (magnifique à tous points de vue) blu ray donc ... :cry:
:wink:
Sauf que !
Il ne faut pas oublier le plan (pourtant présent dans la bande annonce) de l'héroine heurtant un fantôme lors de son entrée de la ville.
Le plan de la voiture passant à travers le fantôme n'est pas inclus dans le film.

Par ailleurs, Sean Bean (comme le flic) a été ajouté à l'intrigue pour satisfaire des producteurs ne voulant pas d'un film 100% féminin.
J'en ris encore quand on sait la genèse du personnage principal.

J'ai retrouvé ce que j'en avais dit à l'époque :

(Avis à chaud, puis critique après visionnage en DVD.)


- 1ère critique :

Tout commence sous les meilleurs augures: un réalisateur tout à fait capable (cf Crying Freeman), un scénariste (en fait deux: Boukhrief et Avary) tout autant aguerri, et un matériau de base censé pouvoir tout donner, et surtout, déjà proche des canons cinématographiques. Et pourtant, dès le point de départ, la machine s'emballe, sans que le spectateur sache vraiment pourquoi.

Que l'on soit adepte ou non du jeu éponyme, on se retrouve perdu. Si l'on connait l'univers (soit les quatre jeux, ou au moins les trois premiers), le film donne constamment l'impression d'être une sorte de digest: des personnages du premier, d'autres du deuxième, des bestioles du troisième, bref, il fallait tout utiliser, c'est fait.
Si l'on n'y connait rien, on ne peut apprécier justement ces allusions (un peu comme voir Scary Movie 4 pour ne pas comprendre toutes ces vannes typiquement US). Ainsi, quid de Pyramid Head, de Dahlia, etc? Impossible de suivre sans s'y perdre.

Et ainsi, à trop vouloir tout utiliser, on peut légitimement se demander: pourquoi ne pas avoir directement repiquer un scénario intégral d'un des jeux? C'est sûr, c'est facile et sans surprises, au moins pour tous ceux qui y ont joués. Mais cela éviterait de nous pondre un dénouement incompréhensible (suffit d'écumer les forums pour voir le nombre de théories là-dessus).

Mais, ce qui est profondément dommage, c'est que l'univers, l'ambiance reste par contre assez bien conservée! C'est terrible, car l'on sent clairement que l'on vient de passer à côté d'une excellente adaptation.
Lors des scènes "à panique" (genre l'attaque des nouveaux nés, - argh! -), on retrouve bien cette idée de monstruosités renvoyant à un malaise personnel: les nouveaux nés donc, l'infirmière, les formes inhumaines, tout cela pour rendre compte des peurs intimes liées au personnages (donnant parfois lieu à des images bibliques, Pyramid Head en haut des escaliers de l'église, ciel noir derrière par exemple).
On retrouve surtout la personnalité de Silent Hill, sorte de ville éteinte mais vivante: brouillard, alarme digne de l'annonciation de l'Apocalypse (mais peut-être faisant écho à une menace nucléaire, plus proche de nos peurs contemporaines).

Cependant, on passe, au final, clairement à côté de quelque chose de sensationnel, faute d'avoir voulu en faire trop.

1ère note : 6/10


- 2ème critique :

Là, c'était la déception qui parlait. Face à ces trucs qui m'avaient tellement laissé sans voix que sont Silent Hill 2 et 3, j'attendais mieux. Et pourtant, qu'attendre exactment de plus ?
Explications.

La série des Silent Hill fonctionnent, comme sa ville fantôme, à plusieurs niveaux. Le réel et le sombre, principalement, soit ici la quête de Rose et celle de son mari. Ou celle de Sharon et celle d'Alessa. Celle du présent et celle du passé. Ca y est vous pigez ? Oui, on est bien en face de plusieurs niveaux de lecture qui, en fait, nécessitent une première vision en préambule, histoire de dégraisser du superflu.
Ce qui est très intéressant, c'est cependant de se raccrocher aux expériences videoludiques pour mieux s'en détacher. C'est-à-dire en fait, utiliser les mêmes outils d'analyse des images et autres métaphores fantasmagoriques que pour les jeux, mais en oubliant complètement leurs avancées scénaristiques (surtout le premier et le troisième, qui ont une énorme filiation avec le film; d'ailleurs, il aurait certainement mieux vallu les repiquer directement plutôt que de pondre cet hasardeux croisement). Le premier jeu était sur la paternité, le deuxième sur l'amour et la culpabilité, le troisième sur la quête de soi, le quatrième... euh, oubliez le quatrième. Ici, le thème est la maternité, et on s'y retrouve très rapidement. Particulièrement sur deux points. Le premier, le plus visuel, c'est l'attaque des nouveaux-nés. Houellebecq nous dirait que c'est là le vrai visage de notre chère marmaille (qu'il faudra que vous, chères demoiselles, fassiez passer pour la plus belle chose qui vous arrivent dans votre vie, ça, les 15 kilos qu'elle vous fera prendre, les hormones, puis l'accouchement, les couches, les nuits de 2h, j'en passe et des meilleures). Mais, il se trouve que Sharon a été adopté. Pourquoi, on ne le sait jamais vraiment. Mais, 1) Rose n'a donc jamais vraiment su ce qu'est un accouchement et/ou un tout nouveau né; 2) l'arrivée de la petite fille dans la vie du couple a été très mouvementée. Que fait-elle alors ? Elle s'évanouit et fuit, pour se réveiller ailleurs. Intéressant non ? Pourtant, plus loin dans le film, voici le deuxième effet Kiss Cool, la petite phrase mine de rien. Lorsque Christabella demande à Rose si elle a la foi, celle-ci lui répondra qu'elle aime sa fille, ce à quoi la mégère répliquera que ce n'est pas la question qu'elle a posée. Tout comme le leitmotiv "Une mère est Dieu dans les yeux d'un enfant", à pondre un truc hybride, les pères Gans-Boukhrief-Avary ont quand même réussi à faire quelque chose d'un peu profond.

D'où ma deuxième approche plus modérée. Cependant, les limites du film restent toujours les mêmes.
1) Le film ne se suffit pas à lui-même, ce qui est bien d'un côté, car il se fait compléter par les jeux et les respectent en retour, mais beaucoup moins car il souffre de la comparaison. Du bon et du moins bon donc.
2) La saga Silent Hill est une véritable oeuvre artistique (au moins les trois premiers), pour moi les premiers vrais jeux vidéos à scénarios adultes et à réflexions. Pas réflexions "bon, j'ai dévérouillé la clepsydre, ça va m'ouvrir la porte qui me permettre d'accéder à la clé pour avoir le pass de la salle à manger" (bien qu'on en mange tout au long des jeux), mais à une réflexion sur la vie, la mort, la réincarnation, la destinée, et surtout, la culpabilité, les regrets et notre fuite dans un monde imaginaire pour les éviter. Or, passées ses considérations, il y a aussi dans ses jeux quelque chose de tout simplement beau. Si le brouillard était au départ un moyen de soulager les processeurs des consoles, il est devenu, avec le grain salissant propre à la série, un élément à part entière. Tout la ville de Silent Hill elle-même. Avec ses monstres et recoins sombres, elle semble être un gigantesque tableau animé. Le film rend très bien ceci... jusqu'à ce que certains dialogues gâchent tout. Parfois non (la course parallèle de Rose et son mari dans l'école passe très bien), souvent oui (les dialogues avec Cybil sont souvent assez indigents). Le "tableau vivant" est donc préservé tant qu'aucune véritable humanité n'arrive (amusant non ?).
3) Gans a voulu mixer les 4 jeux, il n'en ressort souvent qu'une impression de gigantesque cahier des charges, qui vient compléter la première limite. Exemples flagrants: les infirmières et Pyramid Head. Les infirmières monstrueuses sont une déformation créée par Alessa, à cause de la présence permanente d'une infirmière à son chevet. C'est donc un peu une conséquence visible de ses souffrances qui y est personnifiée. Ici, trois minutes avant la méga explication du pourquoi du comment, on nous balance lesdites infirmières qui ne servent à rien. A quoi bon ? Quant au mythique Pyramid Head, sa présence est gênante à double titre, mais dans une certaine limite. Dans les jeux, il n'apparait que dans le 2è épisode, et est la personnification de la culpabilité du héros qui a tué sa femme pour lui abréger ses souffances, sa culpabilité le poursuivant sans fin, Pyramid Head en étant de ce fait increvable. Or, dans le film, la culpabilité n'est plus celle du héros (ou de l'héroïne), mais du méchant. A quoi bon faire culpabiliser le méchant ? Il est déjà méchant, on s'en branle qu'il culpabilise ! Deuxio, cela semble aussi et surtout être un argument visuel de plus. Ca marche certes (cf la scène de l'entrée à l'église), mais bon, c'est pas très recevable. Cela dit, Pyramid Head pourrait bien faire revenir au thème de la culpabilité, alors en cherchant bien, passe encore. Mais cela reste balancé à la va-vite. De même que rien ne justifie en aucun moment le final complètement gore et délirant, mais surtout parfaitement inadapté. Et qu'ait été coupé le petit bout que l'on voit dans la bande-annonce où la voiture traverse le fantôme lors de l'accident initial (ce qui contredit légèrement les dires martelés de Gans sur l'absence absolue de coupes dans le film).

Cela étant dit, respectueux des jeux mais sans jamais les dépasser, pas si décevant que ça mais un peu en-dessous des espérances, Silent Hill se positionne quand même au-dessus d'une majorité des productions du genre. On va pas aller jusqu'à dire que c'est un film qui nécessite plusieurs visions, 2 suffisent amplement, pas besoin non plus de 15. Mais, s'en tenir à une seule ne permettra pas, selon moi, de s'en faire un avis convenable.

2ème note : 8/10
Gounou
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006) - les avis

Message par Gounou »

jacques 2 a écrit :Je crois (il en parle dans je ne sais plus quel bonus du blu ray) que, pour la sous intrigue avec Sean Bean, Gans n'a pas vraiment eu le choix : il a dû faire cette concession aux producteurs qui réclamaient ces retours à la réalité qui nuisent effectivement au film, on est bien d'accord ... :wink:
La vraie raison, selon Gans, c'est qu'on lui a refusé l'idée d'un univers quasi-intégralement matriarcal.
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Colqhoun
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Re: Silent Hill (Christophe Gans, 2006)

Message par Colqhoun »

Et c'est bien dommage.

Cela dit, il avait, sauf erreur, expliqué en interview qu'une fois finit son prochain film, il prendrait le temps de monter une édition dvd director's cut, pleine de bonus.
Du coup on peut espérer que cela arrive quand même prochainement.
Ça ferait plaisir.
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