Cinéma de Chine continentale

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Best
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Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

Voilà un petit post pour rendre hommage au cinéma de Chine continentale, qui recèle de films magnifiques, au travers deux de mes plus gros coups de coeurs (dispo en DVD HK).

Spring Subway (Zhang Yi Bai) - 2002

Réalisateur encore peu connu, Zhang Yi Bai mérite pourtant que l’on s’intéresse de près à lui. Récemment auteur de l’une des trois histoires de About Love (2005) présentées sous la forme de moyens métrages, il continue ainsi de mettre à profit les qualités entrouvertes dans le film qui nous concerne aujourd’hui, Spring Subway (2002), où il explore avec talent le quotidien de la vie amoureuse. Dans ce film, c’est au travers de quelques individus menant une vie tout ce qu’il y a de plus banale qu’il nous entraîne dans les tumultes de l’amour, pour au final nous offrir ce qui s’avère pour moi une nouvelle très belle découverte du cinéma de Chine continentale. En effet, on suit avec intérêt ce chevauchement de petites histoires habitées par un mélange de mélancolie, de tristesse et de joies simples, avec pour toile de fond une histoire d'amour mise en danger par le temps qui passe et la lassitude qui s'en suit.

En premier lieu, Spring Subway nous invite à partager le quotidien d’une relation en l’apparence déjà consumée entre Jian Bin et son amie Xiao Hui. Une liaison qui attend désespérément de prendre un nouveau virage pour s’envoler à nouveau vers un bonheur autrefois si présent et communicatif. Un peu comme quand la flamme de la passion s'éteint et attend désespérément d'être ravivée. Dans un même élan, le réalisateur évoque par l’intermédiaire de nombreuses petites histoires qui se croisent et s’entremêlent, le désespoir, la solitude, la recherche de l’âme sœur, ou tout simplement les balbutiements de l’amour. On voit alors évoluer sous notre regard charmé un panel de personnages attachants, dans ce monde ordinaire fait de petites habitudes et autres banalités. Tout cela pour nous exposer à la vision d’une vie dans laquelle chacun d’entre nous peut se retrouver.
Ames errantes, cœurs solitaires à la recherche d’une épaule sur laquelle s’appuyer, de quelqu’un a qui se confier. Des hommes et des femmes égarés dans un quotidien qui ne nous sera pratiquement jamais dévoilé, mais que l’on devinera sans peine grâce aux fragments d’informations que représenteront par exemple ces quelques mots lâchés au détour d’une brève conversation. Une existence dont l’on décèlera la teneur au travers d’une attitude, d’un geste hésitant en l’apparence insignifiante mais dont le réalisateur aura réussi à saisir l’essence même.
L’auteur a choisi comme point commun à la plupart de ces personnages un lieu où l’on se croise tous les jours sans pour autant se connaître. Un endroit où vivent en chacun, à l’abris du regard de l’autre, bonheurs et désespoirs. Ceux d’une journée écoulée, ceux d’une vie passée ou à venir. Un lieu symbolique, personnification du quotidien et où se tisse une toile de relations et d’expériences qui n’est autre que le métro.

Le réalisateur fait preuve de beaucoup de tendresse à l’égard de ses personnages, auxquels il apporte une attention toute particulière. Ce regard protecteur et plein de sensibilité a pour effet de nous faire partager leurs émotions sans que l’on ressente le besoin de les connaître dans leurs moindre recoins. Cette part très importante de mystère joue elle aussi un rôle majeur dans notre rapport avec chacun. Quelques instants suffisent pour que l’on se retrouve attaché à eux, et que l’on espère qu’ils trouvent le bonheur, même l’espace d’un instant. Car on prend rapidement conscience que la gentillesse et la sincérité qui se lisent sur leurs visages, contrastant avec cette souffrance intérieure, sont d’une réelle authenticité.

Attardons nous à présent quelques instants sur la relation évoquée plus haut entre nos deux âmes sœurs mises à l’épreuve du temps. Si la passion a disparue, la colère ou la violence n’ont jamais fait leur apparition, et l’on sent que chacun souffre de cette absence de communication. On se dit alors qu’ils ne trouvent tout simplement pas les mots pour exprimer ce qu’ils désirent au plus profond d’eux même. Car les sentiments sont encore palpables, et les souvenirs heureux toujours présents. Cette envie que tout redevienne comme avant, sans pour autant arriver à changer le cours des choses, est particulièrement frappante. Au cours de cette douloureuse période ou chaque mensonge semble ouvrir une plaie supplémentaire, chacun sera amené à partager quelques moments privilégiés avec celui ou celle auprès duquel ils se sentent bien, apaisés, comme rassurés, et avec qui ils peuvent tout oublier l’espace d’un instant. Des amis ou de simples connaissances avec qui une vie commune serait tout sauf inenvisageable. D’où une question lancinante qui se pose alors. Leur relation sera t’elle mise en péril ou au contraire sera-ce le point de départ du renouveau espéré ?

Ici, point besoin de longs discours. L’essentiel de nos émotions passent par le ressenti et trouvent leur raison d’être dans l’ambiance douce amer qui habite le film. Cette atmosphère dans laquelle nous plonge la réalisation fluide et inspirée de Zhang Yi Bai dans laquelle j’ai cru reconnaître par moments la virtuosité rencontrée au travers des films de Fruit Chan (Made in Hong Kong, Durian Durian) et Shunji Iwai (Swallowtail Butterfly, Love Letter). Ou encore cette faculté à filmer la souffrance liée au temps qui passe si présente dans les films de Wong Kar Wai (Chungking Express, In the mood for love). Ce qui donne un résultat pas encore totalement maîtrisé, mais qui recèle une force brute digne des plus grands et laisse augurer un futur radieux pour le réalisateur.

Pour finir, un mot sur la performance des acteurs, pleine de justesse et de sincérité et où l’on décèle un talent certain. Au travers de ce jeu où les dialogues se font rares et où beaucoup passe par la gestuel, on ne peut que saluer leur prestation.

Un film que je vous encourage à découvrir sans plus tarder, pour que vous puissiez vous aussi partager l’espace d’un instant privilégié la souffrance et la joie de ces quelques êtres si peu connus et pourtant tellement proches.

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Postmen in the mountains (Huo Jianqi) - 1999

Je suis encore tout retourné par tant de sensibilité, de simplicité et d’émotions. Un pure chef d’œuvre. Un film d'une infinie tendresse qui s'attarde sur la naissance sur le tard de relations entre un père et son fils, au cours d’un long parcours effectué dans le cadre de leur travail de facteur ... Le départ de l’histoire est simple. Le père effectue là son dernier trajet en tant que facteur attitré d’une région montagneuse situées au cœur d’une province chinoise, accompagnant pour l’occasion son jeune fils de 24 ans dans sa première tournée. Ce scénario d’une étonnante simplicité permettra entre autre au récit d’évoquer avec beaucoup d’affection l’histoire d’un passage de témoins entre deux générations ... Cette tournée sera accomplie au beau milieu de décors somptueux, dans une nature foisonnante qui cache des villages reclus où vivent des personnes d'une simplicité et d'une gentillesse sans égale.

Les rapports entre ces deux êtres très attachants sont le thème principale du film. Ils sont traités avec une justesse et une tendresse qui touche au sublime, et atteignent directement nos cordes sensibles. Très motivé à l’idée d’exercer ce métier, le bonheur se lit sur le visage souriant du fiston, de même que dans son regard plein de vie. Le père, lui, a crée des liens très forts au cours de ses innombrables allé-retour précédents, multipliant les rencontres inoubliables avec une foule de gens qu’il revoit ici pour la dernière fois avec une mélancolie évidente. Envahit par les souvenirs, et heureux de revoir une fois encore ceux avec qui se sont crées ces amitiés, mais aussi ces jeunes enfants qu’il a vu grandir, ces paysages familiers ... Des émotions qui transparaissent sur son visage usé par la vie, mais plein de gaieté à la vue de son fils qui à son tour commence à créer des liens amicaux, affectifs, voir même plus (il a lui même rencontré sa femme sur ces chemins sinueux), avec certaines personnes qu’il sera amené à revoir régulièrement. Ici, pas besoin de s’attarder des heures sur ces relations pour les rendre intenses, joyeuses et pleines de promesses pour le futur. Quelques instants suffisent : un simples échange de regard, quelques mots partagés, un sourire sincère. Ces émotions palpables sont l’immense point fort de ce film à la fois contemplatif et tellement vivant. Une qualité indéniable pour une oeuvre qui sait également être drôle, usant à merveille de petites touches d’humour subtiles et touchantes.

Visuellement, c’est une parfaite réussite. L’eau qui ruisselle, le vent caressant les herbes hautes, des moulins qui tournent calmement, un couché de soleil où une lune qui brille ... pas besoin d’artifices pour capter notre attention et nous faire ressentir de belles et sincères émotions. La musique, essentielle dans ce type de production, tient quand à elle parfaitement son rôle et berce agréablement nos oreilles durant les 1h30 du film.
Apaisant, reposant, et tellement humain, ce film brille par sa réalisation sans faille, sa mise en scène impeccable, mais surtout par la beauté de ses images. Le nombre de plans laissant pantois est à ce titre particulièrement réjouissant, et rend le périple de ces deux hommes encore plus plaisant à suivre. L’espace de cet ultime trajet, véritable passage de témoin, la compréhension et le respect du fils envers son père et cette vie de facteur si particulier, qu’il ne connaissait jusque là qu’à travers les départs de son paternel, va s’approfondir ... et leur distance passée se combler de la plus belle des manières. Le regard que porte ce dernier sur son fils est à ce titre très touchant, et porte même plus d’une fois la larme à l’œil. A la fois protecteur et conseiller, il peut enfin tenir son rôle de père, avant de laisser son fils prendre son envol. Et attendre à son tour son retour au sein du foyer familial. Comme son fils par le passé.

Il est intéressant de signaler que le film évoque aussi l’importance du facteur aux yeux des habitants de ces contrées éloignées. Toujours accueilli chaleureusement, il est celui qui brise les distances et maintient un lien précieux avec l’extérieur. Porteur aussi bien des bonnes que des mauvaises nouvelles, le père a conscience de l’importance de sa tâche, et prend très à cœur ce qui est bien plus qu’un simple travail à ses yeux. Une philosophie qu’il transmet à son fils de part son attitude, et que ce dernier absorbe avec admiration. La scène où le père se précipite pour stopper l’ensemble des quelques lettres subitement envolées, sous le regard paralysé de son fils, est à ce titre très évocateur. Plus saisissant encore, il sera aidé par son fidèle chien, qui se jettera pour happer la dernière lettre. Comme si lui aussi avait saisit avec le temps l’importance de leur mission.

Et comment finir sans relever la remarquable interprétation des deux acteurs principaux, qui transmettent toute la justesse de leurs émotions à leurs personnages, étant ainsi pour beaucoup dans la réussite de ce film qui ne laisse pas indifférent.

Je ne connaissait pas le réalisateur chinois, HUO Jianqi. Il signe ici mon coup de cœur de l’année.

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About Love (Ten Shimoyama / Yee Chih yen / Zhang Yi Bai) - 2005

About Love se présente sous la forme de trois moyens métrages portant sur le thème de l’amour, accomplis chacun par un réalisateur de nationalité différente : Ten Shimoyama (Japon), Yee Chih yen (Taiwan), à qui l’on doit le joli Blue gate crossing et Zhang Yi Bai (Chine), découvert avec le superbe Spring Subway.

Sincère, léger, réaliste dans son approche des choses, un peu triste aussi, About Love offre le reflet du quotidien de quelques expatriés qui surmontent la barrière de la langue pour tisser des relations et trouver un peu de chaleur dans un pays nouveau. Des rencontres qui donnent vie à une amitié puis instaurent une complicité et débouchent sur un amour naissant. Un cheminement simple et ici parfaitement décrit dans le cours laps de temps imparti à chaque réalisateur. Ces êtres côtoyés l’espace d’une brève tranche de vie forcement un brin nostalgique n’en sont que plus humains et leurs histoires justes et touchantes. Chacune d’entre elle est traitée tout en simplicité et avec une finesse qui transparaît dans chaque scène. On partage des moments tantôt intimes, souvent drôles grâce à ces petits rien qui font toute la différence, ce qui donne un résultat d’une sensibilité revigorante.
Pour chaque segment, une approche classique mais néanmoins très efficace avec une mise en place rapide et réussie de personnages, juste ce qu’il faut pour nous les rendre sympathiques et donner à leurs petites histoires une saveur toute particulière. Des histoires suffisamment différentes pour ne pas donner une impression de déjà vu et préserver ce sentiment de découverte. L’intérêt reste ainsi aussi présent que les émotions sont approfondies.

Visuellement agréable grâce notamment à une belle photographie, joliment mis en scène et réalisé avec beaucoup de souplesse, autant dire que About Love est une réussite à mettre au crédit de ce trio gagnant.

Beaucoup d’affection donc pour ces quelques tranches de vie amoureusement menées.


Riding Alone for Thousand of Miles (Zhang Yimou) - 2005

Comme à son habitude, Zhang Yimou nous offre entre deux grosses productions un retour aux sources bien agréable avec Riding Alone for Thousand of Miles, une aventure humaine axée sur le thème des relations père/fils. A travers une histoire plaisante à suivre mais qui ne renouvellera pas pour autant le genre, le réalisateur nous entraîne une nouvelle fois dans le cadre rurale d'une province chinoise où se déroulera la quasi totalité de son film.

Celui-ci a pour trame principale la solitude et la souffrance d'un père Japonais ayant des difficultés à exprimer ses sentiments, ce qui lui aura notamment valut de se brouiller avec son fils Kenichi, dont il apprend subitement par sa fille qu'il est désormais gravement malade. Se rendant à son chevet, son fils refuse une fois encore de le voir. Peu après, suite au visionnage d'une cassette dévoilant la passion de celui-ci pour l'opéra chinois et la promesse qu’il avait faite à un artiste locale d'assister à sa performance, Takata se verra offrir une ultime occasion de lui prouver son amour. Il décide donc de se rendre en Chine pour filmer cette pièce. Mais une fois sur place, des difficultés inattendues et à priori insurmontables se dressent sur sa route. Ne parlant pas la langue et ne pouvant compter que sur l'aide de l'interprète de l'agence de voyage et du guide local ayant déjà croisé la route de Kenichi lors de ses précédents voyages, il mettra tout en oeuvre pour arriver à ses fins et réaliser le souhait de son fils. Comprenant un peu mieux ce dernier en vivant au cœur ce qui était son univers, il profite également de ce périple pour faire le point sur lui même et revenir sur ce qui aura mené à cette situation.

Si le film est plutôt bien mené, il connaîtra une baisse de régime évidente en plusieurs moments, entraînant quelques périodes d'ennui polis atténués par la belle performance des acteurs. Mais surtout, une histoire parallèle viendra judicieusement se greffer à la trame principale et redonner pour l'occasion un souffle nouveau au film, nous amenant ainsi jusqu'à son terme sans que l'on décroche définitivement. On suit donc tranquillement l'histoire de cet homme, partageant ses tourments et les pensées mélancoliques qui habitent son esprit. Sans être bouleversé, on est touché par la sincérité de ses sentiments et l'on ressent sans peine les difficultés que présentent pour lui l'expression des émotions et des désirs les plus simples. Ce qui nous permet de le comprendre un peu mieux et de se sentir proche de lui, sans pour autant faire preuve d'une réelle empathie. A la fois triste et joyeux dans son déroulement, notamment lors de son très beau final, Riding Alone for Thousand of Miles est une oeuvre touchante qui se laisse voir sans déplaisir et possède surtout cet indéniable atout de ne pas verser dans l'excès.

Un film à voir. Pas inoubliable mais suffisamment sensible, émouvant et dépaysant pour que l'on ne regrette aucunement de s'y être attardé.


Suzhou river (Lou Ye) - 2000

Parmi la nouvelle vague de cinéastes chinois à découvrir, Lou Ye (Purple Butterfly) trouve assurément sa place avec cette oeuvre captivante qu’est Suzhou river. En effet, l’histoire d’amour passionnée qui nous est racontée au travers des quatre personnages principaux du film est tout simplement magnifique.

Un vidéaste et une jeune femme dénommée Meimei vivent une relation amoureuse. Un jour, elle commence à se faire de moins en moins présente, ce qui ne manque pas d’interroger le vidéaste par qui nous est contée cette histoire. Celle-ci est par ailleurs le sosie d’une autre femme, Moudan, dont était tombé amoureux un livreur du nom de Mardar, et qui vivait avec elle une belle histoire ... avant qu’elle ne disparaisse. Celui-ci va alors tout mettre en oeuvre pour la retrouver.

L’histoire peut paraître un peu compliquée de prime abord, mais les évènements s’enchaînent finalement de fort belle manière et les rebondissements rencontrés au gré de l’évolution du film se trouvent être adroitement amenés. Suzhou river dresse ainsi le portrait de personnages très humains dans leurs réactions et leurs attitudes, dont le quotidien amoureux révélera son lot de hasards et de fortunes diverses. Ils nous sont présentés avec tendresse et voient leurs sentiments approfondis avec une réelle authenticité. Sans que l’on s’attache forcement beaucoup à eux, forcer de constater que l’on suit leur histoire avec un intérêt prononcé, la faute notamment à une construction réussie et à la grande part de mystère qui habite le film. Ces personnages mélangent insouciance et conscience de la réalité, mais aussi une joie de vivre et une tristesse particulièrement parlante. Et ce qui est certains, c’est qu’ils sont tous touchés en plein cœur par l’éternelle mélancolie qui habite la plupart des histoires d’amour passionnées.

Filmé caméra à l’épaule dans un style accrocheur, inventif et plein de liberté, Suzhou river est un nouvel exemple d’une réalisation s’inspirant fortement de Wong Kar Wai, qui nous envoûte au détour d’un plan, d’un regard lancinant ou d’un mouvement de caméra. Il bénéficie également d’une belle photo en totale adéquation avec l’atmosphère enivrante du film.

Encore une belle découverte, et les promesses de futurs films je l’espère tout aussi réussis.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Il est dommage que ce topic fasse un bide. :?
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Message par Best »

Roy Neary a écrit :Il est dommage que ce topic fasse un bide. :?
A défaut de pouvoir en discuter je me dits que si un jour quelqu'un fait une recherche sur le forum pour un de ces 2 films il tombera sur mon post :mrgreen:

Sinon merci à toi, le post ne sera pas resté à zéro réponses 8) :D :wink:
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Message par Best »

Ayant retrouvé le post de Gromit sur Postmen in the mountains, je me permet de le copier dans ce topic.
Gromit a écrit :POSTMEN IN THE MOUNTAINS (Nashan naren nagou)

Film chinois de Huo Jianqi (1999)

Avec Liu Ye et Ten Rujun

Un postier travaillant en montagne arrive à la retraite.Il passe le flambeau à son fils et part avec lui pour une dernière tournée afin de lui apprendre le parcours.

Ce film est une excellente surprise ! Plein de délicatesse, de tendresse, souvent teinté d'émotion et parsemé d'humour, il fonctionne à deux niveaux.
D'une part, la relation entre un père et un fils qui n'ont jamais eu le temps de se connaître vraiment dû aux longues tournées du père, régulièrement absent un mois entier et repartant à peine revenu. Leur découverte mutuelle se fera aux fil des jours, sans mots superflus, sans effusions, par petites touches.
Ensuite, la confrontation du fils, "moderne pragmatique", avec une Chine des montagnes figée dans ses traditions. Une très belle scène peut ainsi être lue à plusieurs niveaux : dans un des villages traversés, le père apporte invariablement une lettre à une vieille femme aveugle. Cette lettre, émanant de son fils parti travailler dans une de ces nouvelles régions économiques dont la Chine tire sa fierté, c'est lui, le facteur, qui l'a écrit et qui la lit car le fils de la vieille semble l'avoir oublié depuis longtemps. Comment ne pas y voir là cette Chine à deux vitesses que, vue d'Occident, nous ignorons, préférant la croire toute entière bâtie sur le modèle shanghaien et roulant au rythme d'une croissance annuelle pharamineuse ? L'oubli, l'abandon en arrière de ses populations rurales mais aussi le mensonge : celui que le fils du facteur, prenant le relais de son père, assène à la vieille en lui faisant croire que son fils (la "Nouvelle Chine") viendra un jour la chercher et l'amènera à la ville.
Le réalisateur parsème son film de quelques visions de flash-back toujours bienvenues et renforçant sans les surligner les liens entre la mère et le père.
Tout coule dans ce film paisible, au même rythme que la vie en montagne, autrement dit d'un pas naturel, sans heurt et en harmonie. Les paysages extérieurs du Hunan sont tout simplement magnifiques et les deux acteurs principaux sont aussi pour beaucoup dans l'impression d'humanité extrême qui se dégage du film.
Liu Ye (le fils) débutait là une carrière prometteuse qu'il a confirmé par la suite en jouant pour Stanley Kwan ("Lan Yu"), dans le succès international "Balzac et la petite tailleuse chinoise", aux côtés de Shu Qi dans le joli "Foliage" (inédit chez nous) ou deux fois avec Zhang Ziyi ("Purple Butterfly" et "Fleur de Jasmin").
Quant à Ten Rujun, il décrocha pour sa performance le Coq d'Or du meilleur acteur (Oscar chinois), le film étant également élu à cette occasion meilleur film, ainsi que meilleur film étranger à Tokyo et à Montréal. Des récompenses amplement méritées.

Vraiment un très joli film à découvrir !

Film disponible en DVD (import Asie, toutes zones) ou VCD (qualité de l'image assez mauvaise et s-t mandarin et anglais parfois difficiles à lire).

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AlexRow
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Message par AlexRow »

Je suis passé à côté de ce topic. Merci, Best, de nous initier à ce cinéma qui reste assez méconnu, cela me tente vraiment :)
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Message par Best »

Plutôt que de créer un nouveau Topic, je continue sur celui là étant donné que l'on reste dans un domaine très similaire et qu'une partie est dû au réalisateur de Spring Subway.

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About Love (Ten Shimoyama / Yee Chih yen / Zhang Yi Bai) - 2005

About Love se présente sous la forme de trois moyens métrages portant sur le thème de l’amour, accomplis chacun par un réalisateur de nationalité différente : Ten Shimoyama (Japon), Yee Chih yen (Taiwan), à qui l’on doit le joli Blue gate crossing et Zhang Yi Bai (Chine), découvert avec le superbe Spring Subway.

Sincère, léger, réaliste dans son approche des choses, un peu triste aussi, About Love offre le reflet du quotidien de quelques expatriés qui surmontent la barrière de la langue pour tisser des relations et trouver un peu de chaleur dans un pays nouveau. Des rencontres qui donnent vie à une amitié puis instaurent une complicité et débouchent sur un amour naissant. Un cheminement simple et ici parfaitement décrit dans le cours laps de temps imparti à chaque réalisateur. Ces êtres côtoyés l’espace d’une brève tranche de vie forcement un brin nostalgique n’en sont que plus humains et leurs histoires justes et touchantes. Chacune d’entre elle est traitée tout en simplicité et avec une finesse qui transparaît dans chaque scène. On partage des moments tantôt intimes, souvent drôles grâce à ces petits rien qui font toute la différence, ce qui donne un résultat d’une sensibilité revigorante.
Pour chaque segment, une approche classique mais néanmoins très efficace avec une mise en place rapide et réussie de personnages, juste ce qu’il faut pour nous les rendre sympathiques et donner à leurs petites histoires une saveur toute particulière. Des histoires suffisamment différentes pour ne pas donner une impression de déjà vu et préserver ce sentiment de découverte. L’intérêt reste ainsi aussi présent que les émotions sont approfondies.

Visuellement agréable grâce notamment à une belle photographie, joliment mis en scène et réalisé avec beaucoup de souplesse, autant dire que About Love est une réussite à mettre au crédit de ce trio gagnant.

Beaucoup d’affection donc pour ces quelques tranches de vie amoureusement menées.
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Message par Best »

Je continue mon périple solitaire :mrgreen:


Riding Alone for Thousand of Miles (Zhang Yimou) - 2005

Comme à son habitude, Zhang Yimou nous offre entre deux grosses productions un retour aux sources bien agréable avec Riding Alone for Thousand of Miles, une aventure humaine axée sur le thème des relations père/fils. A travers une histoire plaisante à suivre mais qui ne renouvellera pas pour autant le genre, le réalisateur nous entraîne une nouvelle fois dans le cadre rurale d'une province chinoise où se déroulera la quasi totalité de son film.

Celui-ci a pour trame principale la solitude et la souffrance d'un père Japonais ayant des difficultés à exprimer ses sentiments, ce qui lui aura notamment valut de se brouiller avec son fils Kenichi, dont il apprend subitement par sa fille qu'il est désormais gravement malade. Se rendant à son chevet, son fils refuse une fois encore de le voir. Peu après, suite au visionnage d'une cassette dévoilant la passion de celui-ci pour l'opéra chinois et la promesse qu’il avait faite à un artiste locale d'assister à sa performance, Takata se verra offrir une ultime occasion de lui prouver son amour. Il décide donc de se rendre en Chine pour filmer cette pièce. Mais une fois sur place, des difficultés inattendues et à priori insurmontables se dressent sur sa route. Ne parlant pas la langue et ne pouvant compter que sur l'aide de l'interprète de l'agence de voyage et du guide local ayant déjà croisé la route de Kenichi lors de ses précédents voyages, il mettra tout en oeuvre pour arriver à ses fins et réaliser le souhait de son fils. Comprenant un peu mieux ce dernier en vivant au cœur ce qui était son univers, il profite également de ce périple pour faire le point sur lui même et revenir sur ce qui aura mené à cette situation.

Si le film est plutôt bien mené, il connaîtra une baisse de régime évidente en plusieurs moments, entraînant quelques périodes d'ennui polis atténués par la belle performance des acteurs. Mais surtout, une histoire parallèle viendra judicieusement se greffer à la trame principale et redonner pour l'occasion un souffle nouveau au film, nous amenant ainsi jusqu'à son terme sans que l'on décroche définitivement. On suit donc tranquillement l'histoire de cet homme, partageant ses tourments et les pensées mélancoliques qui habitent son esprit. Sans être bouleversé, on est touché par la sincérité de ses sentiments et l'on ressent sans peine les difficultés que présentent pour lui l'expression des émotions et des désirs les plus simples. Ce qui nous permet de le comprendre un peu mieux et de se sentir proche de lui, sans pour autant faire preuve d'une réelle empathie. A la fois triste et joyeux dans son déroulement, notamment lors de son très beau final, Riding Alone for Thousand of Miles est une oeuvre touchante qui se laisse voir sans déplaisir et possède surtout cet indéniable atout de ne pas verser dans l'excès.

Un film à voir. Pas inoubliable mais suffisamment sensible, émouvant et dépaysant pour que l'on ne regrette aucunement de s'y être attardé.
Helward
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Message par Helward »

L'as tu vu sur dvd (chinois) ? Beaver émettait des doutes quant à la qualité du support lui-même (fragilité). Mais, ton petit texte m'a donné envie de découvrir le film, malgré tes réticences. C'est un réalisateur qui m'enthousiasme de plus en plus (vu Epouse et concubines et Qiu ju).
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Message par Best »

Helward a écrit :L'as tu vu sur dvd (chinois) ? Beaver émettait des doutes quant à la qualité du support lui-même (fragilité). Mais, ton petit texte m'a donné envie de découvrir le film, malgré tes réticences. C'est un réalisateur qui m'enthousiasme de plus en plus (vu Epouse et concubines et Qiu ju).
Non je ne l'ai pas découvert à partir du DVD Zone 3. Par contre cinemasie n'a pas l'air de l'avoir trouvé mauvais techniquement : http://www.cinemasie.com/fr/fiche/video/9180/

En tout cas tu peux y aller, le film vaut d'être vu :wink:
Helward
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Message par Helward »

Best a écrit :
Helward a écrit :L'as tu vu sur dvd (chinois) ? Beaver émettait des doutes quant à la qualité du support lui-même (fragilité). Mais, ton petit texte m'a donné envie de découvrir le film, malgré tes réticences. C'est un réalisateur qui m'enthousiasme de plus en plus (vu Epouse et concubines et Qiu ju).
Non je ne l'ai pas découvert à partir du DVD Zone 3. Par contre cinemasie n'a pas l'air de l'avoir trouvé mauvais techniquement : http://www.cinemasie.com/fr/fiche/video/9180/

En tout cas tu peux y aller, le film vaut d'être vu :wink:
merci. :D
Les autres films que tu as chroniqué me font de même beaucoup envie, d'autant qu'en terme de cinéma chinois j'ai énormément de lacunes.
Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Spring Subway me dit bien(au fait, vos dvd hk vous les commandez où? Vous connaissez un site sûr? :oops: ).
Best, tu pourrais peut être renommer ton topic Cinéma de Chine continentale, ça n'en serait pas moins intéressant(et ça permettrait de défendre des films chinois sortis en France) :wink:
Jordan White
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Message par Jordan White »

Best a écrit :Je continue mon périple solitaire :mrgreen:
J'approuve mon cher Best, et tu sais ce que je pense de cet extraordinaire topic.
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AlexRow
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Message par AlexRow »

Jordan White a écrit :J'approuve mon cher Best, et tu sais ce que je pense de cet extraordinaire topic.
Nous sommes plusieurs à vraiment apprécier ce travail remarquable :wink:
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Helward
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Message par Helward »

Philip Marlowe a écrit :...au fait, vos dvd hk vous les commandez où? Vous connaissez un site sûr? :oops:
Yesasia, grand classique, très sérieux (renvoie d'un colis si perte, pas de frais de douane, port gratuit à partir de 25 $).
A part çà je ne connais que Dvdasian (site US), un peu cher tout de même.
Best
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Message par Best »

Philip Marlowe a écrit :Spring Subway me dit bien(au fait, vos dvd hk vous les commandez où? Vous connaissez un site sûr? :oops: ).
Best, tu pourrais peut être renommer ton topic Cinéma de Chine continentale, ça n'en serait pas moins intéressant(et ça permettrait de défendre des films chinois sortis en France) :wink:
Bonne idée. Je fait ça de suite.

Sinon comme site très sûr à l'étranger il y a Yesasia / http://global.yesasia.com/en/index.aspx

Et sinon beaucoup plus cher mais en france y'a musica par l'intérmédiaire du site de cinémasie.
AlexRow a écrit :
Jordan White a écrit :J'approuve mon cher Best, et tu sais ce que je pense de cet extraordinaire topic.
Nous sommes plusieurs à vraiment apprécier ce travail remarquable :wink:
Merci :wink:
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