Cinéma de Chine continentale

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Blue
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Message par Blue »

Je sais pas si vous l'avez remarqué, mais il y des DVD de grands classiques mainland prévus en zone 1 pour le 8 mai, dont notamment - allez, osons - l'un des plus grands mélodrames de tous les temps, le mythique "Spring in a small town" de Fei Mu !
L'éditeur, "Cinema Epoch", m'est inconnu.
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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Une jeunesse chinoise - Summer Place - Lou Ye ( 2006 )

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Pendant 90 minutes, on est porté par une grâce de tous les instants où la péllicule tout entière vibre avec son actrice Lei Hao et à la moindre de ses émotions dans un ballet perpetuellement en mouvement où le montage et le travail de la caméra sont époustouflant de liberté et d'insoucience. En plus d'un portrait trés juste sur la jeunesse chinoise plein d'espoir au moment ( 1989 ), le cinéaste offre quelques scènes d'une sensualité rare où l'actrice s'avère subjuguante tandis qu'une multitudes de scènes délivrent une sensibilité inoubliable composées de morceaux pop entrainant et de plans tout aussi beaux et suspendus que les émotions y sont complexes.

Puis l'histoire, la grande, rattrape les petites et avec beaucoup de talent, le réalisateur parvient à faire comprendre les enjeux politiques sans qu'a aucun moment un quelquonque discours soient prononcés.

Malheureusement, la fin de ces manifestations signent la séparations des personnages et la fin de l'innoncence et de la fraicheur pour donner place à une mélancolie inconsolable qui fleurte cependant avec le hors-sujet de l'idée initiale. L'intrigue se perd entre l'Allemagne et la Chine, les personnages s'engluent dans des états d'âmes parfois superficiels et creux avant de retoucher par quelques rares moments où le sublime renait.
Mais le résultat est là, les personnages continuent de fleurter entre eux alors le public flirte avec l'ennui.

Mais les 90 minutes initiales méritent sacrement qu'on fasse le déplacement et m'ont donner enve de découvrir son 1er film Suzhou River qui traine dans mes vhs.
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gnome
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Message par gnome »

bruce randylan a écrit :enve de découvrir son 1er film Suzhou River qui traine dans mes vhs.
Comme moi et tu m'as donné envie de découvrir celui-là aussi... :D
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Blue
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Message par Blue »

gnome a écrit :
bruce randylan a écrit :enve de découvrir son 1er film Suzhou River qui traine dans mes vhs.
Comme moi et tu m'as donné envie de découvrir celui-là aussi... :D
"Suzhou River" est déjà un grand classique de la 6ème génération. Une des meilleures relectures de "Vertigo", avec la sémillante Zhou Xun et le trop rare Jia Hongshen. Incontournable.

A voir aussi son "Purple Butterfly" avec Zhang Ziyi, film qui divise parceque trop imparfait, mais perso j'avais bien aimé.
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Message par bruce randylan »

Après quelques séances à la cinémathèque

Les anges du boulevards ( Malu Tianshi - 1937 - Yuan Muzhi )
Pas le chef d'oeuvre attendu, mais un trés bon film à la réalisation trés moderne ( montage nerveux, rapide mouvement de caméra ) pour une histoire qui mélange comédie et drame social. Ca repelle même avec quelques années d'avance le néo-réalisme avec en plus un mélange des genre plutot réussis ( on a même droit à un karaoké sur les chansons de l'héroine :shock: ).
L'histoire qu'on dit inspiré par L'heure Surprême ne reprend au final que quelques points et détails du films de Borzage.
Dans l'ensemble, le film dégage une bonne impression de fraicheur, voire de spontannéité grace à ses acteurs qui ont l'insouciance de la jeunesse. Seul la soeur austère de l'héroine évolue dans un autre registre ( une sorte de beauté froide à la Garbo ).
L'humour assez plaisant prend souvent le pas sur le gravité et le mélo ce qui donne une conclusion assez surprenante mais un peu trop précipité pour émouvoir.
Trés joli découverte cependant.

San Mao, le petit vagabong ( San Mao liulangji - 1947 - Zhao Ming & Yan Gong )
Drôle de destin pour cette sorte d'Oliver Twist chinois. Difficulté de financement malgré sa pléaide de vedettes en guest stars, censure du pouvoir avant de parvenir à finir le tournage grace à la révolution avant de finir au oubliette à cause de la femme de Mao actrice à l'époque et désirant de faire disparaitre son passé.
On suit donc le quoditien misérable d'un vagabond qui tente de survivre tant bien que mal. Le plus dur étant évidement la nourriture. Trés mannichéen dans ses personnages secondaires ( le films est l'adaptation d'une BD satirique ), San Mao croise des bourgeois égoistes, des policiers insensibles, des pickpockets qui le manipulent...
La structure adopte donc la forme de plusieurs épisodes plus ou moins long plutot qu'une seule trame narrative.
C'est assez réussis dans l'ensemble avec un mélange humour-carricature/cruauté-réalité social qui donne lieu à quelles scènes excellentes comme celles de la parade le jour des enfants qui résument trés bien le propos du film.

Après, caricature oblige, le trait est assez marqué et les différentes intrigues sont assez prévisibles.
Ce qui n'est pas le cas de la fin celà dit. D'un coup, la révolution Mao éclate et tout le monde est heureux. Fin. :o
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Message par bruce randylan »

Shanghai d'hier et d'aujourd'hui ( Xinjiu Shanghai - Cheng Bugao - 1936 )
Film important historiquement puisqu'il fut l'une des premières comédie madi in china.
Le début du film est trés emballant. On découvre une demi-douzaine de famille à grand coups de caméra virtuose qui passe d'un étage à un autre, traverse les murs ou les fenêtres en même temps qu'elle brosse avec humour et pathos le portrait de différentes chinois(es) moyen(ne)s aux origines modestes.
Et puis passé 15-20 minutes, le film se recentre essentiellement sur un seul couple qui se prenne les bec pour des question financières. De ce fait, le film manque de respiration, de contre-points émotionnelles là où on attendait un film choral avec des seconds rôles savoureux et poignants. Malgré le duo d'acteur qui donne lieu à quelques scènes amusantes sur leur volonté de ne pas afficher tour à tour leur problèmes d'argent puis leur grande richesse, on commence à s'ennuyer à peu pendant qu'on regrette de ne pas voir les enjeux promis. La mise en scène même se fait plus pareisseuse, plus théatrale.
La conclusion renoue avec la veine initiale mais le retour de tous les personnages demeurent tout de même trop superficiel pour s'avérer satisfaisante.

Au final, le film est loin d'être mauvais ( on trouve un coté "Simpsons" dans le dessin du couple ) mais le début est tellement brillant qu'il parasite le reste du film. Vraiment dommage.

Fragilité, ton nom est femme ( Zimei Jie - Hong shen et Zheng Xiaoqiu - 1948 )
Avec un tel nom je m'attendais à un drame merveilleux, c'est tout juste un mélo nullissime.
Les clichés sont tellement nombreux qu'on à peine à les énumérer, les dialogues sont consternant, la musique s'emballe dès le moindre rebondissement et surtout les acteurs sont incroyables de nullité. Le comble avec Shu Xiuwen qui non seulement est assez moche mais joue tellement mal qu'elle parvient finallement à nous faire pleurer.
En gros c'est l'histoire d'une femme qui épouse un banquier après avoir touché beaucoup d'argent à la mort de son mari. Ce dernier plaque sa femme à moitié folle, son fils malade, se tape finallement la soeur de sa nouvelle épouse avant de claquer tout le fric parce que hein bon, il s'était marrier que pour le pognon.

Apparament, c'est une grosse rareté, je n'arrive même pas à le retrouver sur IMDB. Ce qui n'est pas grave vu le niveau de "la chose".

Les larmes du Yangzi ( Yijiang chunshui xiang dong liu - Cai Chusheng et Zheng Junli - 1947 )
Véritable film culte en chine où il battit des reccords d'entrées, c'est un mélodrame fleuve de 3h10 qui suit le destin d'une famille durant et après l'invasion du Japon dans les années 30-40.
L'histoire est trés forte grace à l'évolution du personnage masculin qui va renié toutes ses valeurs ( morales, éthiques, familliales et bien sur patriotiques ) pour devenir un capitaliste sans âme allant jusqu'à oublier sa femme, son fils et ses parents. De plus point de redemption à la clé et ne compter pas trop sur un happy-end. Cette rigueur dans le scenario est trés louable ce qui fait que les 190 minutes ne sont pas une corvée à avaler, je dirais même que ça passe plutot bien même si le film est trés imparfait.
A commencer par une dernière demi-heure qui sombre dans l'hystérie ridicule digne d'un mauvais bollywood. Ca pleure, ça hurle, ça tape, ça crie, ça pleurniche, ça cabotine, ça fait des gros yeux etc... En plus il faut se taper une nouvelle fois Shu Xiuwen qui offre une prestation nanardesque des plus embarrassantes.

Ensuite on sent que le film a du subir de nombreuses coupes lors de son remontage en 1955 quand on voit son découpage approximatif bourré de faux raccord et de fondus enchainé même à l'intérieur d'une scène dialogué. C'est regrettable car d'autres passages sont d'une fluidité et d'une précision limpide.

Après ça marche dans l'ensemble, le principe de mêler grande et petite histoire fonctionnant souvent à coup sur. Comme la narration jouit d'un bon rythme, d'un lyrisme assez fort, d'un aspect visuel soigné et d'un casting honorable ( excepté Shu Xiuwen donc ) on peut comprendre aisement pourquoi le film est considéré comme un chef d'oeuvre. Après il est conseillé de ne pas craindre les ficelles énormes du mélo pour apprécier ce film inégal mais efficace.
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Message par bruce randylan »

Le jour se lève ( Richu - Yue Feng - 1938 )
La seule bonne idée ( involontaire ) est la géniale mise en abime de l'héroine se suicidant avec des somnifères, sublime parabole de la condition des spectateurs devant ce sommet d'ennui. :lol:

Non, je suis méchant, il y avait une autre agréable surprise, le film ne durait pas 130 minutes comme l'indiquait le programme mais seulement 100 :fiou:

Un rêve rose ( fenhongse de meng - Cai Chusheng - 1932 )
On retrouve les auteurs des larmes du Yangzi ( l'un derrière la caméra, l'autre devant ) pour se mélodrame trés convenu où une nouvelle fois il est question d'un homme qui abandonne sa famille, attiré par une autre femme qui lui causera sa ruine financière.
Sans être vraiment passionnant, ça passe encore assez bien grace à des acteurs pour une fois sobres ( surtout que le film est muet !! ) et une mise en scène plutot appliquée avec un cadrage et une photo des plus soignée heureusement bien déservie par la seule copie décente projetée dans ce cycle. POur le reste, c'était à la limite du regardable avec des taches, griffures, moississures, perte de luminosité, saute d'image qui agressent constament l'écran sans parler des 3/4 des plans flous !
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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

Un petit complément.

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Cerf-volant bleu, Le (Tian Zhuangzhuang)

Un film d’une haute importance historique qui nous apprend beaucoup sur une période trouble de l’histoire de la chine, aidé en cela par une histoire à laquelle chaque personnage participe avec beaucoup d’humanité.

Country Teacher (Hoh Kwan)

Rarement les craintes et les espoirs des acteurs d’une profession aussi nécessaire que peu considérées, n’auront trouvé un échos si juste et sensible. Ces derniers sont amenés à dispenser leurs cours dans des endroits reclus, représentés ici même par les campagnes chinoises et leurs magnifiques paysages. Quel plaisir que cette heure et demi passée à côtoyer des personnages profonds et attachants, marqués par les aspérités de la vie et de brefs moments de joie et de solidarité. Leur quotidien et leurs aspirations, de même que les drames rattachés à leurs histoires respectives, et bien souvent communes sous nombre d’aspects, sont autant d’éléments qui auront su me toucher, et faire de cette tranche de vie un excellent moment.

Démons à ma porte, Les (Jiang Wen)

Une belle histoire, des personnages atypiques, et un humour noir des grands jours font de ce film un grand moment de cinéma, surtout que la mise en scène est un petit régal et que le contexte historique est des plus intéressant.

Getting Home (Zhang Yang)

Coup de cœur pour ce film attachant au possible, d’une simplicité rare, et qui nous touche par la tendresse et l’émotion qui émane de la grande majorité de ses scènes. L’acteur principal est remarquable de justesse. Superbe !

In the heat of the sun (Jiang Wen)

Entre chronique sociale adolescente et tranche de vie, on suit le parcours d’un jeune garçon et de sa bande d’amis, le sourire aux lèvres et le cœur porté par l’enthousiasme et la nostalgie qui se dégage de l’ensemble.

Nuan (Huo Jianqi)

Que dire si ce n’est que les paysages, déjà sublimes, sont magnifiés par une réalisation et un sens du cadre étonnant. Comment ne pas être touché par cette histoire d’une simplicité et d’une beauté sans faille. Que faire si ce n’est souligner l’admirable performance des acteurs. Il suffit de se laisser aller, emporté par un tourbillon de sentiments tous plus humains les uns que les autres.

Sorgho rouge, Le (Zhang Yimou)

Beauté de tous les instants pour la rétine, histoire à la thématique douloureuse et peu approfondie en apparence mais très intéressante à suivre, tout cela avec sur le devant de la scène la magnifique Gong Li. Sa réussite réside aussi dans les personnages qui transmettent leurs émotions sans avoir à s’épancher en paroles. Tout se fait le plus naturellement du monde. On appelle ça le talent.

Vivre ! (Zhang Yimou)

Une grande fresque humaniste et attachante, doublée d’un scénario intelligent, de personnages approfondie qui nous paraissent de suite comme très attendrissants, et que l’on retrouve dans des situations poignantes amenées par l’histoire. La réalisation est elle aussi à la hauteur et la beauté est omniprésente sous nos yeux. Du grand et beau cinéma.
Dernière modification par Best le 5 déc. 09, 20:48, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

La rivière sans balises, de Wu Tianming

Dans les campagnes chinoises, trois hommes sont chargés de convoyer du bois par radeau. Durant leur périple, ils seront amenés à évoquer les souvenirs passés ainsi qu’à affronter les dures réalités du quotidien sous le régime communiste …

Avec cette rivière sans balises, Wu Tianming a contribué à donner au cinéma chinois ses lettres de noblesse. Oeuvre engagée, elle possède de nombreux atouts dans sa manche lui permettant de servir au mieux son propos. Tandis que la beauté des images relaxe les yeux et fait ressortir toute la splendeur des paysages, les thèmes abordés ainsi que la critique non voilée du régime communiste apportent une réflexion bienvenue. Par l’entre mède de l’histoire de ces hommes et de ces femmes, le réalisateur fait part de son incompréhension face à l’injustice qui touche les plus démunis. L’absence de reconnaissance et la dureté physique de leur travail est également évoquée, images à l’appui. En même temps, la solidarité exprimée en de nombreuses occasions souligne la nécessité de faire front ensemble contre les difficultés de la vie, surtout lorsque les hommes au pouvoir se complaisent à jouer avec celle de tout un chacun. Cette tendance prononcée de l’autorité en place à faire ce que bon lui semble sous des prétextes fallacieux est d’ailleurs fermement condamnée par le réalisateur.

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Les acteurs sont impeccables, et la justesse de leur interprétation confère une force supplémentaire aux événements racontés. Les ressentis générationnels, entre conflits et complicité, sont abordés avec à propos. On peut citer comme plus parfait exemple les deux points de vue majeurs du film. D’un côté celui teinté de nostalgie illustré par « oncle » Lao pan et sa sagesse un brin désabusée, et de l’autre l’expression de la fougue de la jeunesse propre à Shigu. Une confrontation d’autant plus intéressante car liée par une histoire d’amour similaire.

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Entre insouciante bonne humeur, angoisses passagères et drames humains, ils suivent leur chemin, tout comme le radeau qu’ils dirigent de jour en jour. Ce supplément d’âme apporté par les personnages crée une chaleur ambiante fort agréable. Il ressort de cette aventure humaine que rien n’est jamais acquis, et que le désespoir guète toujours, dans l’attente de malmener les cœurs étourdis. Mais l’espoir n’est pour autant jamais totalement absent. Une rivière sans balise, tout comme peut l’être la vie de toute une frange de la population.

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Esthétique, bien réalisé, ce très beau film allie qualité du fond et de la forme, pour livrer au final une oeuvre importante du cinéma chinois. Pour toutes ces raisons et plus encore, un film à découvrir.

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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

Sky Lover, de Jiang Qingmin

Suite à un accident, le père d’un jeune sourd perd la vue. L’arrivée dans leur maison d’une femme muette transformera leur quotidien, et qui sait, leur avenir ...

Besoin de vous évader ? Laissez-donc votre esprit aux bons soins de cette sympathique production issue de la Chine continentale. A coup sûr, cette tranche de vie, sur laquelle voguent les émotions de personnages attendrissants, saura vous changer les idées.
Pour resituer les enjeux du film, il convient de préciser que sa base émotionnelle est construite sur deux axes majeurs, dont est absente toute critique du système politique. Le premier à tirer son épingle du jeu est certainement le plus intéressant. Il tient dans les rapports construits autour du handicap d’un père devenu aveugle suite à un accident, de son fils sourd, et d’une jeune femme muette. La complicité et les conflits passagers entre ces personnages sont l’un des principaux atouts du film, et m’aura plus ému que l’histoire d’amour un peu simplette sur laquelle se base l’essentiel du récit. Néanmoins, le fait qu’elle soit exempte de poncifs rédhibitoires joue en sa faveur et permet de ne pas s’en désintéresser. Concernant les rebondissements, le seul fait marquant, que je tairais pour ne pas spoiler l’histoire, sera l’occasion d’évoquer une réalité douloureuse humainement parlant. Un peu mince pour tenir en haleine ou pousser à une réflexion assidue, mais une intention louable qui mérite d’être soulignée.

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Malgré ces réserves, il demeure que l’on suit les tribulations des habitants de ce petit village le sourire en coin et le regard apaisé par tant de beauté. En effet, les paysages sont magnifiques et plutôt bien mis en valeur, tandis que la photographie a bénéficié d’un soin non négligeable.

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Posé et sans considérations politiques, ce film auquel on pourrait reprocher d’être trop lisse reste suffisamment sincère, bien interprété et appliqué pour que l’on reste sur une note d’ensemble positive.

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bruce randylan
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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par bruce randylan »

Postmen in the mountains ( Huo Jianqi - 1999 )
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Simple, beau, touchant.
Voilà une merveille histoire qui devrait rechauffer bien des coeurs en cette triste saison.

Le fils d'un facteur d'une province reculé de la Chine rurale prend la relève de son père. Celui-ci l'accompagne pour sa première tournée et qui sera donc son dernier périple. Plus de 100 kilomètres à parcourir à pieds en trois jours dans des chemins sinueux perdus en montagnes. L'occasion pour l'un de faire le bilan de sa vie et pour l'autre de découvrir un sens à la sienne. Dans les 2 cas, c'est l'occasion de faire enfin connaissance l'un avec l'autre après 20 années passées sur la route pour le plus agé des 2 hommes.

Road-movie pédestre, postmen in the mountains est le genre de film touché par la grace qui puise ses émotions dans sa simplicité et son épurement. Aidés par des paysages et une photographie magnifiques, le réalisateur offre une multitude de scènes plus touchantes les unes que les autres pour gamme d'émotion très riches toujours pudiques ce qui les rend d'autant plus précieuses : des fausses lettres écrites par le facteur lui-même pour apporter un peu de tendresse à une grand-mère aveugle sans nouvelle de son fils, ingénieur dans une grande ville ; un village entier qui abandonne pour une fois les travaux agricoles pour venir rendre hommage à l'ultime tournée de leur postier, une mère ( et épouse ) qui attend le retour de ses 2 hommes sur un pont, un fils qui se rend compte du poids de la fatigue de son père, ce même père qui s'emeut des premiers émoi amoureux de sa progéniture et puis surtout cette séquence boulversante où le fils porte son père sur ses épaules pour traverser une rivière.
Une scène de quelques minutes qui résume miraculeusement toutes les thématiques du film ( passage à l'âge adulte, l'importance de la nature, le passage de flambeau entre 2 génération, la fuite du temps, la découverte mutuelle de cette même chaire qui était pourtant des inconnus l'un pour l'autre.

Postmen in the mountain m'a apporté l'une des plus belle lettre d'amour qu'on m'ait jamais envoyé. Un poème d'une humanité et d'un émotion comme on en lit trop peu souvent.
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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

bruce randylan a écrit : ...

Postmen in the mountain m'a apporté l'une des plus belle lettre d'amour qu'on m'ait jamais envoyé. Un poème d'une humanité et d'un émotion comme on en lit trop peu souvent.
Très bel avis.

Il n'y a pas que le film à être touché par la grâce :D
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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

Magnifique découverte avec Sunflower de Zhang Yang. Il se classe d'office parmi les plus beaux films chinois vu ces dernières années. Une chronique familiale axée sur la relation père-fils d'une grande sensibilité, et remarquable de maîtrise. La mise en scène est parfaite, le sens du cadre étonnant, la réalisation discrète, les plans à tomber, la photo sublime, ... Du tout bon, d'autant que le Zone 1 est d'excellente qualité !

Quelques avis : http://www.cinemasie.com/fr/fiche/oeuvre/sunflowerch/

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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Mama Grande! »

Suzhou River

Je me suis enfin décidé à voir ce film tant acclamé qui, étrangement, ne m'attirait pas plus que ça. Et c'est une heureuse surprise! Tout d'abord la forme: tourné avec 3 yuan, avec une image granuleuse, Lou Ye filme à fleur de peau les sentiments de ses personnages et arrive à nous rendre bouleversant de simples petits détails, comme une attitude, un regard...comme Wong Kar-wai en son temps, sauf qu'on n'a pas l'impression de voir une copie du cinéaste de HK. Dans un Shanghai pollué et pluvieux, Lou Ye fait naitre de la poésie. Grâce à cette légende urbaine de la sirène qu'on a envie de croire. Grâce à la beauté de son actrice. Grâce à sa narration touffue, ses nombreuses scènes casse-gueule à la première personne qui nous plongent dans ce que voit le narrateur, sans nous dire si on est dans le vrai, ou dans le fantasme. Mais surtout, en tant que relecture de Vertigo, Suzhou River arrive à se démarquer et même à tenir le haut du panier, ce qui n'est pas rien. L'histoire de sosies et de disparition ressemble en effet au chef-d'oeuvre de Hitchcock. Mais Lou Ye ne se contente pas du clin d'oeil cinéphilique et reprend à sa manière l'essence-même de l'histoire. De l'histoire comme métaphore du cinéma. Finalement, le couple de Suzhou River n'a-t-il pas projeté dans l'histoire d'amour racontée ici ses envies, ses désirs, l'histoire d'amour aventureuse qu'ils rêveraient d'avoir, au lieu de leur vie terne? Suzhou River est un film d'amour sur le cinéma, une déclaration sincère et émouvante au septième art. A voir absolument.


The World

Dans la capitale millénaire chinoise, nous suivons Tao, une danseuse dans le parc d'attractions The World reproduisant les monuments du monde à échelle réduite, et son histoire d'amour hésitante avec Tai Sheng, un gardien. On devine qu'ils ont la trentaine, ou alors s'en approchent, et la famille de Tai Sheng commence à mettre la pression pour le mariage. Ont-ils vraiment envie de se marier? S'aiment-ils vraiment?
Still Life m'avait refroidi pour découvrir Jia Zhangke, the World me rassure. Même si un peu long par moments, ce film m'a dans l'ensemble captivé. Le décor, lourd de symbolisme, est un pari risqué. On est en droit de craindre un pamphlet lourd sur la mondialisation et ses laissés pour compte, sur la destruction des traditions au profit d'une uniformisation de la planète etc... Mais Jia Zhangke n'est pas un politicien, il préfère observer plutôt que juger. Après à chacun de se faire une opinion. Et il observe très bien. Son cinémascope HD laisse le champ à plusieus intrigues de se développer presque en même temps (Tao-Tai Sheng, l'histoire d'amour de sa collègue, les danseuses russes et leurs conditions de travail...), et ses plans pourtant minutieusement composés, visuellement à tomber sans être esthétisants, sont incroyablement vivants. Vivants comme seuls les grands cinéastes peuvent le faire. On observe ainsi ces histoires, comme témoin, plus que comme protagoniste impliqué: les personnages sont très peu psychologisés, nous ne savons presque rien de leur passé si ce n'est ce qu'ils veulent bien se raconter. Mais on les aime, on a envie qu'ils soient heureux, on est ému par leur histoire. Les hésitations de Tai Sheng sont montrés avec pudeur et sensualité. Son amour pour Tao, son désir et sa tendresse pour la styliste, tout ceci sans mélo ni excès de pudeur. L'histoire d'amitié avec la danseuse russe est aussi très émouvante. Au final, Jia Zhangke donne un instantané, que l'on veut croire fidèle, de Pékin/Beijing à l'heure de la mondialisation accélérée, à l'heure de l'explosion du portable, des flux de personne et d'information, à l'heure où les images du monde nous sont accessibles de partout et où le voyage perd de son attrait. Une sorte de tableau de cette époque.
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Re: Cinéma de Chine continentale

Message par Best »

J'ai retrouvé un vieil avis du très sympathique Shower, alors zou !

Shower (Zhang Yang)

Un film dont l'humanité est la caractéristique majeure n'est jamais pour me déplaire, et ce Shower ne déroge pas à la règle. Zhang Yang n'ambitionne à aucun moment de renouveler le genre, mais juste de faire passer un bon moment, entre rires et émotions. Minimaliste, le scénario a pour grande qualité d'éviter le pathos. Il joue la carte d'une bonne humeur teintée de mélancolie, tout en n'occultant jamais une part de tristesse sachant jouer de nos sentiments.
Les histoires qui font le quotidien de chacun nous sont racontées au travers de séquences habillement menées par des acteurs à l'interprétation impeccable. Ils donnent vie à ces gens tout ce qu'il y a de plus normaux, lesquels partagent par exemple le plaisir commun de profiter d'un bon bain, oubliant les tracas qui les hantent. Ils profitent ainsi de la bonne humeur ambiante, et nous aussi. L'occasion de disserter sur le quotidien et les petites histoires dont la teneur douce amère rythme leurs cœurs, et d'alimenter un récit sans grande relief, mais pas inintéressant pour autant. En résumé, tout y est plaisant, reposant, avec un regard attendrissant sur le passé. Ce même regard que l'on se force à rendre optimiste pour l'avenir.

Emouvant juste ce qu'il faut et porté par des personnages tous différents, légèrement décalé, tour à tour drôle et émouvant, Shower, malgré une certaine platitude par moments, ne manque pas de charme.
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