Jeremy Fox a écrit :la séance a beau avoir été désagréable, ce qu'il m'en reste maintenant est une forte envie de le revoir et l'impression de l'avoir aimé. Absurde mais pourtant sincère.
Détail bizarre et amusant, mais le même sentiment m'avait traversé lors de la découverte en salle d'INLAND EMPIRE. Amusant car j'ai lu des comparaisons entre les deux films somme/monstres quelques pages plus loin... Au final j'ai revu le Lynch cinq ou six fois en salle tellement la chose m'avait hypnotisée. Pas certain que le Malick ai la même destinée, mais tout ça n'a pas d'importance, plus besoin de revoir un film jusqu'à la moelle pour en prendre toute la substance.
Dernière chose puisque j'ai ouvert mon post de citation, pendant la vision du Malick, une musique incandescente m'a rappelé La double vie de Véronique. J'ai appris grâce à vous que Preisner faisait partie de la distribution ! Bref à ce moment du film, je me disais tout goguenard qu'en terme de "grand" film métaphysique, on ne pouvait pas aller plus loin que le Kieslowski.
Je me disais...
Dernière modification par lermontov le 21 mai 11, 13:08, modifié 1 fois.
Il n'y a aucun plan qui vient de HOME. Non mais.
Ce n'est qu'une poignée de critiques qui ont comparés la photographie du film avec le doc de Yann Arthus Bertrand. Et surtout pour le plan du Grand Prismatic Spring.
Sinon, Malick nous montre l'infiniment grand et le quantique comme deux visions qui au final, nous dévoilent une beauté similaire. Qu'on regarde là-haut ou en bas, les mêmes formes persistent alors que la composition diffère. (voir Nébuleuse de l’Hélice et comparer avec avec le Grand Prismatic : le film nous montre les deux). Si cela n'est pas fait pour nous interpeler... Encore une fois je regrette vraiment que le passage de la soupe primitive soit si cours. Mais tout de même très intense.
Les stock-shot ça me gonfle pas mal, et ce serait surtout très décevant venant de la part de Malick, lui qui bosse des années et des années juste dans la préparation d'un de ses projets.
Pour ceux qui iront le revoir sous peu, vérifiez lors du générique final, il parait que c'est indiqué à ce moment là. Je suis resté jusqu'au bout, mais je n'ai pas fait attention. J'étais noyé dans mes pensées, comme estomaqué suite à la vision de cette oeuvre atypique.
Et j'ai beaucoup apprécié les passages de la naissance de la vie sur terre (à l'inverse des deux greluches qui ricanaient derrière moi), j'aurai aimé en voir davantage d'ailleurs.
Ce serait utopique de songer à ce que le film sorte plus tard dans une version bien plus longue, pour le marché vidéo ? Ou Malick ne touchera plus à ce montage le considérant comme parfait ?
lermontov, je crois que tu as évoqué un peu plus haut la scène ou "la mère se rince les pieds avec un tuyau d'arrosage"... c'est peu de chose mais de mémoire, il ne s'agit pas de la mère, mais d'une voisine ! Je m'en souviens car j'avais effectivement ressenti un trouble devant cette scène, comme si la naissance des premiers émois charnels, érotiques (bon ok, je suis foot fetish... ça aide ), étaient portés sur une représentation volontairement confuse et donc assimilable à la mère, à dessein.
Je ne sais pas si d'autres ont eu cette impression... ?
Oui idem pour moi.
Le pied est une symbolique très érotique et il traverse les siècles. Il y a même des références bibliques le concernant.
Et la confusion sur le spectateur n'est pas infondée puisque l'on voit au moins 3 plans mettant en avant les pieds féminins (Association du pied, de la féminité et de l'eau) : la mère qui rince ces pieds avec le jet d'eau de l'appareil d'arrosage , puis la voisine avec le tuyau d'arrosage, puis la fin Sean Penn qui tombe à genoux sur la plage face à sa mère (on peut pas faire plus Christique )et lui touche les pieds. Que de symboles et de métaphores.
De plus concernant la voisine et la mère, le physique est similaire, la gestuelle aussi, il n'y a que les cheveux qui sont différents. et le visage n'est jamais montré ou pas clairement.
Certains étaient confus aussi sur le plan où Jack se balade au crépuscule et observe la vie d'autres couples et se rend compte que ce n'est propre à sa famille. Des spectateurs pensaient que c'était chez lui qu'il regardait.
Mon intérêt pour la science me conduit à croire en l'existence d'un Créateur et l'intérêt que je porte aux religions m'en éloigne...
J'ai vu The tree of life hier au cinéma, en VOSTF et dans de très bonnes conditions, et il est clair que c'est un film qui ne peut laisser indifférent...
Malick semble se jouer du temps et de l'espace, raccordant dans un même mouvement, par touches fugitives qu'on pourrait qualifier d'impressionnistes (tout est toujours en mouvement, les choses sont en constante instabilité) l'infiniment grand et l'infiniment petit, pour un poème élégiaque, parfois pompier (mais cela ne m'a pas trop gêné, sauf peut-être la toute fin, et encore...) mais d'une indéniable puissance visuelle et sensorielle. J'ai également trouvé le choix des musiques adapté, notamment le magnifique Lacrimosa de Preisner qui accompagne la séquence cosmique...
Les souvenirs semblent se dessiner également par petites touches, comme un peintre avec un pinceau, apparaissant et disparaissant au gré de la mémoire de Jack... Cela m'a fait un peu penser au Miroir de Tarkovski... Le montage semble jouer par associations d'idées, par correspondance, il est le liant, le connecteur, raccordant les branches et le tronc, les racines et les feuilles, l'homme et l'univers, le ciel et la terre, le terrestre et le divin,...
La partie narrative m'a bouleversé : en des plans très brefs, à hauteur d'enfant pourrait-on dire, Malick nous fait ressentir, comme si c'était la première fois, la joie de la naissance et les premiers pas dans la vie, la jalousie naissante entre frères, le rapport au père et à la mère, la rebellion face au poids de l'autorité, puis l'apprentissage progressif de la conscience (comme effectivement dans la scène magnifique des dinosaures) et de l'éveil au monde, le poids de la culpabilité, la compassion, le désir de pardon,...
La toute dernière partie m'a déconcerté, avec cette plage mentale qui rassemble pour l'éternité tous les souvenirs de Jack, comme pour répondre à la prière incessante des protagonistes. J'ai trouvé sur le coup cette fin un peu too much, mais...
Alors que je pensais assister à une oeuvre parfaitement construite, j'ai vu un film fragile, sur le fil du rasoir, un film d'une audace constante, quitte à perdre les spectateurs en route...
Il est en tout cas extrêmement difficile de parler de ce film juste après une première vision, tant il trotte dans la tête, tant il hante et continue de hanter. Mes mots maladroits sont peu de choses pour expliquer le ressenti, mais je brûle de le revoir.
Je précise que je suis athée et que les critiques sur le côté secte ou catéchisme me semblent à côté de la plaque...
Dernière modification par locktal le 21 mai 11, 16:09, modifié 3 fois.
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
locktal a écrit :Il est en tout cas extrêmement difficile de parler de ce film juste après une première vision, tant il trotte dans la tête, tant il hante et continue de hanter. Mes mots maladroits sont peu de choses pour expliquer le ressenti, mais je brûle de le revoir.
Exactement pareil. J'en sors juste, et je suis bien incapable d'en parler précisément.
J'avoue avoir une certaine admiration pour celles et ceux qui en ont fait des critiques constructives, parce que pour ma part, c'est surtout une suite d'adjectifs qui me vient à l'esprit : vertigineux, prodigieux, hypnotisant, sacrément casse-gueule, abstrait, radical, mais passionnant.
Honnêtement, qui aujourd'hui est capable de nous offrir un tel poème cinématographique ? J'ai vraiment eu la sensation d'assister à quelque chose d'immense (le big bang et la création du monde...j'avais l'impression de la vivre, de la ressentir), et d'une ambition totalement démesurée. Quelque chose de rare, en tout cas...à laquelle je ne cesse de repenser depuis que je suis sorti de la salle (certaines séquences, et en particulier toute la partie cosmique, risquent de rester bien longtemps dans mon esprit).
Rien que pour ça => film du mois !
Jericho a écrit :Certains disent que Malick a piqué, pour les besoins de son film, des plans issus du documentaire Home de Yann Arthus Bertrand.
Visiblement c'est vrai mais je voulais savoir si c'est juste une poignée ou si c'est bien plus conséquent ?!
Je ne sais pas combien de plans sont tirés de Home, mais ce film est bien crédité en toute fin de générique...ce qui confirme bien que certaines images en sont issues.
Étrange que Yann-Arhus Bertrand n'en parle pas sur son blog, facebook ni site officiel.
Mais alors dans ce cas les 150 millions de budget ils sont où à l'écran? (PItt, Penn, 10 min d'opéra cosmique...reste les 50 autres minute de cet opéra puisque d'après une interview d'un mec des SFX Malick avait demandé 1h d'images et il en gardé que 10....) Ça fait cher le film si le budget est vraiment d'autant de millions.
Mon intérêt pour la science me conduit à croire en l'existence d'un Créateur et l'intérêt que je porte aux religions m'en éloigne...
Je viens de coter le film (10/10).
Je suis retourné en salle, après une première expérience (cf. supra).
Cette fois-ci, enrichi de la première vision et de The Thin red line vu le lendemain, je suis entré en connaissance de cause dans l'univers de Malick et j'ai accepté de me laisser emporter sans réserves. Nous étions 17 dans la salle (séance du matin à prix réduit - mais j'ai un abonnement -, souvent pour les personnes âgées ou les enfants):pas de bruits de bouffe, de sachet. Un très grand silence. Personne n'est parti avant la fin.
L'émotion m'a submergé dès les premières secondes du film. J'ai pleuré à de nombreuses reprises et j'étais en larmes à la fin du générique.
J'ai perçu ce film, aujourd'hui - cela peut donc changer - comme le journal intime de Malick qui nous livre quelque chose de très profonds avec les maux/mots qui sont les siens: image, lumière, musique, voix off, spiritualité... et cela m'a touché au plus profond.
PS: Si Toscanini a repris un morceau 65 fois (dixit le film) et n'était pas satisfait, combien de fois Malick a-t-il dû tourner et retourner tant de scènes? Combien de fois les acteurs, y compris les enfants (extraordinaires, dix mille auraient été 'castés' pour choisir ceux qui joueraient) ont-il peaufiné tel pose, tel geste, tel dialogue ? Combien d'heures ont-elles été tournées et combien de fois Malick est-il repassé dans la salle de montage ?
Je suis frappé par les références à Inland Empire, tant The Tree of Life représente ma plus grosse déception en salles depuis le film de Lynch (avec la même mauvaise impression de l'enfermement d'un auteur dans son système).
Je me rappelle sinon d'un très bel article de Malick, en note d'intention à Badlands, où il s'en prenait à ce cliché éculé que la souffrance dans la vie rend les gens profonds et vertueux. Il me semble pourtant que c'est exactement le postulat de son dernier film. Mais là on va encore me dire que je n'ai rien compris, de la même manière que le Toi qui apparaît un sous-titre sur deux n'évoque aucune religiosité quelconque.
Désolé, mais là je suis un peu amer.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
MJ a écrit : Je me rappelle sinon d'un très bel article de Malick, en note d'intention à Badlands, où il s'en prenait à ce cliché éculé que la souffrance dans la vie rend les gens profonds et vertueux.
MJ a écrit :Je suis frappé par les références à Inland Empire, tant The Tree of Life représente ma plus grosse déception en salles depuis le film de Lynch (avec la même mauvaise impression de l'enfermement d'un auteur dans son système).
Je me rappelle sinon d'un très bel article de Malick, en note d'intention à Badlands, où il s'en prenait à ce cliché éculé que la souffrance dans la vie rend les gens profonds et vertueux. Il me semble pourtant que c'est exactement le postulat de son dernier film. Mais là on va encore me dire que je n'ai rien compris, de la même manière que le Toi qui apparaît un sous-titre sur deux n'évoque aucune religiosité quelconque.
Désolé, mais là je suis un peu amer.
Rien n'interdit de voir dans le Dieu du film un principe métaphysique (pour le point de vue de Malick et de Jack).
Le Dieu personnel, ça concerne la mère.
La multiplication des voix étant directement inspiré par Dostoïevski.
« Il n'y a que du désir et du social, et rien d'autre »
(Gilles Deleuze et Félix Guattari, L'Anti-Œdipe)
Beref a écrit :Rien n'interdit de voir dans le Dieu du film un principe métaphysique (pour le point de vue de Malick et de Jack).
Le Dieu personnel, ça concerne la mère.
La multiplication des voix étant directement inspiré par Dostoïevski.
Le principe romanesque des voix qui parlent, donnent une part de vérité mais se contredisent je le trouve dans La Ligne Rouge, dans Le Nouveau Monde. Ici TOUT concourt à soutenir le même propos.
Et soi-dit en passant, cette figure de la Mère qui est la grâce, la bonté et ce Père qui n'est que rigidité, Loi - bon, d'accord, c'est archétypal, mais quand même... Terrence devrait peut-être faire un tour sur le divan.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
), étaient portés sur une représentation volontairement confuse et donc assimilable à la mère, à dessein.
