Neil Jordan

[Demi-Lune]

Le dvd français est-il de bonne qualité, d'ailleurs ?

Si l'on en croit Devildead, le zone2 français n'est pas fameux : master fatigué, couleurs faiblardes. Le son a l'air plus satisfaisant. Il y a apparemment quelques suppléments, sous la forme de textes à lire (comme au bon vieux temps des premiers dvd Universal pourris). Bref, cela n'a pas l'air folichon.
J'ai, personnellement, vu le film avec le dvd anglais (Special Edition paru chez Granada), qui lui, propose une image relativement propre (quelques points blancs mais rien de dramatique), mettant bien en valeur la photo complexe du film. Comm' audio de Neil Jordan en prime, mais pas de VF ni VOSTF - que des sous-titres anglais, ce qui peut être par endroits fastidieux, j'en ai fait les frais.

rêve et réalité (les 2 se confondant en permanence)

Etrange que tu dises ça car, perso, j'ai plutôt tendance à voir le film comme un immense rêve de Rosaleen depuis sa chambre (tout est d'ailleurs fait pour qu'on le comprenne bien : il y a de nombreux retours, au sein de la trame fantastico-XVIIe siècle, sur le visage endormi de la jeune femme, dans sa chambre). Ce qui rend le finale (intrusion du loup, donc du rêve, dans la réalité) d'autant plus mystérieux.

[Chrislynch]

Butcher Boy



Synopsis

Flanqué d'un père alcoolique et d'une mère dépressive, le jeune Francie Brady se réfugie dans un monde secret, naïf poétique et violent, peuplé d'Indiens et de cow-boys. Il passe le plus clair de son temps avec Joe, complice de ses jeux et de ses mauvais tours, dont les victimes favorites sont Mrs Nugent, hautaine voisine et son maladif rejeton. Sa solitude va s'aggraver à la mort de ses parents qui disparaitront l'un après l'autre jusqu'à donner à ses rêves et ses visions un caractère de plus en plus noir.

Avis

L’angoisse infantile et sa descente en enfer psychologique. Bien que la narration projette une profonde noirceur, le cinéaste ne manque pas de maintenir la distance par sa mise en scène. La névrose finit par se transformer à l’écran en tragédie burlesque. Il évite aussi la résolution freudienne simpliste (c’est la faute à papa et maman) en agrandissant son champ d’analyse psychologique. La société, par son intolérance, son égoïsme, son hypocrisie en prend pour son grade et n’est pas innocente du drame qui se joue. Cela rappelle les thèmes abordés dans « Orange mécanique ». Même si la comparaison s’arrête là avec le chef-d’œuvre de Kubrick - Neil Jordan se situant moins dans l’obsession analytique - on peut quand même déceler une même intelligence narrative. Le gamin qui interprète le personnage central est tout à fait extraordinaire.

[mannhunter]

BYZANTIUM, le nouveau Neil Jordan qui a été présenté hier au PIFFF de Paris, sera distribué en dvd et blu ray le 2 Janvier 2014 chez Metropolitan.

[Flol]

En parlant de Neil Jordan, quelqu'un a-t-il vu son film précédent Ondine, avec Colin Farrell et une sirène ?
Etant plutôt très client du cinéma de Jordan, il serait peut-être temps que je le voie un jour.

[AtCloseRange]

J'ai vu. Un Neil Jordan mineur mais pas déplaisant. ça rejoint ses thématiques habituelles aux limites du conte et du fantastique.

[mannhunter]

En parlant de Neil Jordan, quelqu'un a-t-il vu son film précédent Ondine, avec Colin Farrell et une sirène ?
Etant plutôt très client du cinéma de Jordan, il serait peut-être temps que je le voie un jour.

Selon Boulgakov (qu'on ne voit plus le forum ), c'est un film très sympathique.

[Anorya]

BYZANTIUM, le nouveau Neil Jordan qui a été présenté hier au PIFFF de Paris, sera distribué en dvd et blu ray le 2 Janvier 2014 chez Metropolitan.

Et voici le visuel (merci Manny) :

[mannhunter]

Est-ce l'affiche d'origine?
Il y a peut-être des forumeurs ici qui l'ont découvert en salle hier..

[Anorya]

Joël qui l'a vu en même temps que moi confirmera mais oui ça se rapproche bien de l'affiche d'origine (enfin, ça en reprend une partie).

Il y a une variation même de cette image avec deux noms d'acteur en plus, c'est celle qui me sert de fond d'écran sur l'ordinateur où je travaille dans la journée.

[hellrick]

Joël qui l'a vu en même temps que moi confirmera mais oui ça se rapproche bien de l'affiche d'origine (enfin, ça en reprend une partie).

Il y a une variation même de cette image avec deux noms d'acteur en plus, c'est celle qui me sert de fond d'écran sur l'ordinateur où je travaille dans la journée.

C'est bien l'affiche avec laquelle le film avait fait l'ouverture du BIFFF cette année en présence de Jordan.

[Dunn]

J'adore Jordan, et mon film de vampire préféré est "entretien avec un vampire"…serais-je déçu de ce nouveau film?

[Anorya]

J'adore Jordan, et mon film de vampire préféré est "entretien avec un vampire"…serais-je déçu de ce nouveau film?

Il y a des risques. Hellrick pourra te le confirmer par son avis mais les deux films n'ont rien à voir.
Byzantium est plus atmosphérique et planant, recourant moins à la structure du conte à travers les siècles qui évoquait le parcours du vampire Louis et son acolyte Lestat. Ici on est plus dans la description d'un quotidien de femmes vampires dans le décor morne et brumeux des côtes de l'angleterre. Il y a bien sûr du flashback mais ça n'a plus rien à voir avec Entretien. Le ton lui-même évite l'ironie et l'humour noir qui caractérisait Entretien. Colqhoun avait écrit une belle chronique sur Byzantium au passage.

[Mama Grande!]

J'ai decouvert Entretien avec un vampire recemment et j'ai été happé par l'ambiance de conte de fées horrifique. Le meilleur rôle de Kirsten Dunst? Je ne trancherai pas mais son interprétation de femme coincée dans un corps d'adulte est impressionnante. Elle ajoute à l'horrifique le véritablement tragique, car elle est le personnage qui semble le plus souffrir de sa condition, et qui se réfugie dans la folie meurtrière pour combler son corps d'enfant.

Par contre je ne comprends pas pourquoi The Crying Game est resté dans les annales. La première partie est assez réussie mais la suite... J'ai eu l'impression qu'une fois le spectateur surpris, une fois ses attentes prises à rebours, le scénario ne savait plus trop quoi faire. On a surpris le spectateur...et après?

[nobody smith]

J’ai le sentiment que Jordan rate avec Prémonitions, ce qu’il réussissait sur le récent Byzantium. Dans la courte interview en bonus sur ce dernier, Jordan déclarait qu’il a demandé après la lecture du scénario à ce que celui-ci s’assume plus en tant que film d’horreur et n’hésite pas à ajouter la dose d’hémoglobine nécessaire. C’est assez enthousiasmant d’entendre de tels propos alors qu’une ribambelle de confrères déclament à quel point ils voulaient eux se situer au-dessus des banalités horrifiques. Une position pédante offrant très souvent des résultats désastreux. Prémonitions souffre ainsi quelque peu de son manque d’intérêt accordé à son orientation thriller. La connexion mentale avec le tueur en série et les rêves prédisant les futurs meurtres offraient d’intéressantes mécaniques de suspense. Mais le scénario ne les exploite guère. Le thriller devient plus une excuse et le film semble plus vouloir mettre l’accent sur l’étude des tourments de l’héroïne. En soit, je ne lui reprocherais pas ce choix mais il aurait justement fallu faire des choix plus radicaux pour qu'il fonctionne. En l'état, le déroulement de l'intrigue est fort laborieux et pas vraiment convaincant. Le portrait de l'héroïne ne m'a d'ailleurs jamais touché et je n'ai pas éprouvé la moindre empathie pour elle. Je pense cela dit que c'est surtout du à la prestation absolument catastrophique d’Annette Bening. D’ailleurs, au niveau du casting, Robert Downey Jr encore cocaïné à l’époque fait également fort dans son numéro de psychopathe. C’est d’autant plus dommage qu’il est gentiment inquiétant pendant toute la partie du film où il reste hors-champs. Le long-métrage ne m’apparaît en ce sens pas complètement raté ne serait-ce que pour sa réalisation. Avec la photographie de Darius Khondki et la production design de Nigel Phelps, Jordan déploie une ambiance assez dingue. L’œuvre est éblouissante dans ses visions oniriques empruntées aux contes (le village sous l’eau, l’usine de cidre où s’entasse des centaines de pommes, le spectacle d’enfant sur Blanche Neige). C’est très souvent d'une beauté hallucinante et ce travail aurait largement mérité d’être mis au service d’un scénario bien mieux fignolé.

[nobody smith]

Bien que je ne le découvre qu’aujourd’hui, La Compagnie Des Loups est un film très cher à mon cœur. Ça me renvoie à l’époque où Canal + envoyait sa revue mensuelle récapitulant la programmation de la période. Il y avait notamment la grille des programmes proposant pour chacun des films un résumé et quelques notes sur l’équipe agrémenté d’une photo. A une époque pré-internet, c’était une véritable mine d’information à mes yeux et c’était là mon seul accès à des films que ma mère ne m’aurait jamais laissé regarder (la note sur The Thing m’a ainsi obnubilé pendant très longtemps). C’est dans une de ses revues que j’étais tombé tout petiot (j’estime ça autour de 2-3 ans) sur une image effarante où un museau de loup sort de la bouche d’un homme. Comme pour la jaquette de La Belle et La Bête de Cocteau (que je n’ai également visionné qu’hier), je faisais de véritables fixettes sur cette photo et était capable de la contempler pendant des heures. Je pense qu’elle a profondément participé au développement de mes goûts pour le fantastique et l’horreur. Pourtant, si j’ai pu retrouver l’origine de cette image il y a quelques années, ça n’est qu’aujourd’hui que je l’ai enfin vu.

Pour revenir à ce que je disais plus haut sur Prémonitions, La Compagnie Des Loups a lui cette radicalité qui manquait à ce dernier. On est là dans un pur film cauchemardesque désireux de traduire les émotions de son héroïne. En conséquence, le film ne s’enferme pas dans une linéarité narrative qui aurait pu brimer son ambiance. Ça peut perturber tant on flirte à la limite du film à sketch mais je suis totalement amoureux de la structure avec ses histoires au sein du rêve. J’aime cette idée que l’héroïne appréhende l’éveil de sa sexualité par le prisme du conte qui est justement la mine de renseignement sur la question auquel elle a le plus directement accès. Si le vieillissement des effets spéciaux est indéniable (c’est clair que c’est assez misérable comparé à des choses comme Le Loup-Garou De Londres), l’esthétisme du film demeure incroyable pour les yeux et hypnotisant dans sa symbolisme avec ses images de pureté pervertie (les pantins devenant des géants bien flippants, la maison de poupée remplie de rats, la tête décapité surgissant d’un seau de lait). La fin m’apparaît également ingénieuse dans ce sens que le personnage du rêve et celui de la réalité n’accepteront pas leur inévitable évolution de la même manière, l’interprétation et la compréhension des histoires qu'on nous conte n'étant jamais aisée. D'ailleurs, le fait que la plupart des histoires soit raconté par Angela Lansbury ne me laisse pas indifférent, tant je l’ai toujours considéré comme une seconde grand-mère.

Spoiler (cliquez pour afficher)

Je ne parle pas du choc lorsqu’elle se fait violemment décapitée. Mon petit cœur en saignait

Une fois n'est pas coutume, le film va au-delà de l’idée que je m’en faisais et s’avère une expérience assez forte dont la richesse devrait accroître au fil des visions.