Supfiction a écrit :Mais déjà, pourquoi ces quelques millenials choqués ne font pas la différence entre les personnages et ce que dit la série ?
C'est pas complètement WTF, stupide et que sais-je de penser que des jeunes qui ont été élevés dans une culture où justement on fait attention à ne froisser personne puissent s'étonner devant une série qui a 25 ans.
Perso, j'avais jamais vu
Autant en emporte le vent, et très sincèrement j'ai été un peu surprise du niveau de racisme du truc. Ça m'a pas empêchée d'adorer le film, les acteurs, le propos parfois très intelligent ; mais faut effectivement à un moment donné se remettre dans le contexte et se dire : bon, ok, voilà, c'était une autre époque et un autre endroit. Et je comprends qu'un jeune noir aujourd'hui aux States puisse assez mal vivre de mater ce film, même si je crois aussi fondamentalement qu'une oeuvre est forcément le produit d'un contexte particulier et qu'il ne sert à rien de censurer : il faut expliquer et comprendre le contexte, et rappeler quelques réalités (c'est pas parce qu'on aime le film qu'il faut nier qu'il est raciste), et en ce sens ça passe tout de suite beaucoup mieux.
Au-delà du contexte, y'a effectivement la question des personnages ; maintenant pour
Friends, reconnaissons un truc : le but est pas de condamner Ross, on est plutôt dans l'empathie pour ce mec qui vit un truc pas banal. A aucun moment on essaie de nous dire qu'il est homophobe et que ses réactions sont inappropriées. Et les scénaristes en ont fait un gimmick comique dans la première saison, genre à chaque fois qu'on voit Ross c'est "comment va ta femme lesbienne ?"... on peut pas dire qu'ils aient cherché à étoffer le truc ; c'est un ressort comique qui peut effectivement sembler un peu limite aujourd'hui même si, paradoxalement, c'est aussi la 1ère série qui donne une sorte de visibilité à des trucs comme la GPA ou l'homoparentalité.
Duke Red a écrit :
Et on retombe sur ce que je disais dans l'autre fil passé en Hors-Sujet : l'impression de voir émerger une société de pauvres petits choux hypersensibles, qui poussent les hauts cris dès qu'une remarque froisse leur cocon. Être adulte et vivre en société impliquent un travail sur soi, dans les deux sens ; ça nécessite de faire preuve de caractère, d'encaisser des choses qui peuvent paraître blessantes pour soi mais innocentes dans la bouche de ton interlocuteur (qui n'est pas télépathe et n'a pas lu ta biographie personnelle). T'es adulte, t'es grand, tu peux soit encaisser soit faire comprendre à la personne en face que tu n'as pas trop apprécié sa remarque, mais t'évites de jouer au gendarme qui se croit autorisé de déclarer ce qui peut être dit et ne pas être dit parce que ta petite sensibilité a pris un coup, à moins de vouloir passer pour l'empêcheur de tourner en rond.
Je trouve cet argument particulièrement injuste parce que je ne crois pas être un "petit chou hypersensible" quand je suis mal à l'aise parce qu'on commente mes seins, mon cul ou que sais-je.
Personnellement, je ne me permets pas de le faire avec les autres, je ne vois pas ce qui leur permet de le faire envers moi. Si quelqu'un te plaît, il y a une façon de le dire (t'évites de le balancer à ta subordonnée tard le soir quand y'a plus personne au bureau, par ex) ; et généralement, la bonne façon de faire, c'est jamais en faisant des blagues salaces sur le corps de l'autre. Bizarrement.
D'ailleurs, y'a des lois en France, et le harcèlement sexuel c'est bien aussi quand on est fréquemment ramené à des conversations grivoises, sans en avoir exprimé l'envie. Y'a une énorme différence entre faire une blague à la cantine avec un collègue avec qui tu t'entends bien (et bizarrement, il se retrouvera jamais accusé de harcèlement sexuel) et faire une remarque précise sur le corps de quelqu'un, avec un regard salace, et en répétant le truc, histoire d'être sûr qu'elle a bien compris que bon, tu veux te la taper.
J'ai connu un mec au taf qui adorait me dire "je vous laisse le choix dans la date" dès lors qu'on parlait de fixer une réunion, avec un regard libidineux, et qui s'est plusieurs fois frotté à moi quand j'ai eu le malheur d'être dans le local de la photocopieuse alors qu'il passait par là. Alors ouais, pardon d'être un "petit chou hypersensible", mais je crois pas que ce soit un comportement normal — et c'est à peu près tout ce qui a été dénoncé avec #MeToo ou #BalanceTonPorc. Mais faudrait peut-être écouter les meufs avant de commencer à vouloir défendre ses potes qui parfois, eh ouais, sont des gros porcs.