Alambic a écrit :Demi-Lune a écrit :Le problème c'est que ses films les plus chiadés sur le plan formel sont aussi ses plus violents : Les frissons de l'angoisse, Suspiria, Inferno, Opéra... Et là on parle d'une violence bien plus sauvage et graphique que celle, suggestive, ambiante, de Massacre à la tronçonneuse, qui œuvre dans un tout autre registre d'horreur que les films d'Argento.
Oui, mais l'impact de cette violence, chez Argento, est très amoindrie par la forme, qui est fascinante. A la limite, un accès de sauvagerie va te faire détourner le regard.
Personnellement, je ne trouve pas du tout que les qualités formelles de ces films fassent écran à leur violence souvent barbare. Quand un pauvre gus se fait transpercer la gorge par un couteau de cuisine, pisse le sang de partout, et que le bout de l'instrument ressort dans sa bouche, ça reste insoutenable, que ce soit flamboyant dans le cadrage ou non. Quand une pauvre nana se fait trouer de coups de poignards, jusqu'à en voir son cœur, puis se fait défenestrer tout en étant pendue, le montage a beau être parfaitement gaulé, ça n'en demeure pas moins atroce et difficilement regardable. D'ailleurs j'en ai l'estomac noué rien que d'y repenser. Frances, il faut que tu saches où tu mets les pieds.
Après, c'est évidemment une question de sensibilité face à des images heurtantes, mais même si le giallo est un genre où les mises à mort sont "attendues" par le spectateur en connaissance de cause, il me semble que les films d'Argento en exacerbent la violence justement grâce au travail de réalisation, qui se caractérise souvent dans ces moments-là par des choix visuellement agressifs (que ce soit les couleurs pétaradantes, la durée des plans, leur échelle - les gros plans sur les yeux menacés d'aiguilles dans
Opéra retournent le bide - etc). Donc perso je ne dirais pas que l'impact de la violence est amoindrie par la forme, mais au contraire, que la forme rend cette violence encore plus extrême.