Ghost Kung fu comedy

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Abracadabra (Peter Mak - 1986)

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Un puissant fantôme a été emprisonné dans un miroir. 30 ans plus tard cet esprit compte bien se venger en s'attaquant à la fille de l'homme qui l'a enfermé

Passé une excellente ouverture virevoltante et bourrée d'idées pour mettre hors d'état de nuire une bande de fantômes, le film propose en réalité assez peu de kung-fu. C'est donc avant tout une ghost comedy qui se différencie du lot avec une grosse influence de Romero, et surtout le jour des mort-vivants. Le film n'est absolument pas gore (à part à la rigueur un maquillage sur la tête d'un zombi se mettant à fondre) mais le déplacement de la horde des fantômes et l'atmosphère souterraine évoquent fortement le film sorti un an plus tôt. Autre influence notable : celle de Dario Argento avec des éclairages très colorées et très vif (euphémisme) qui parsèment une partie des décors du monde de l'au-delà. C'est même vraiment kitsch par moment mais ça donne des plans assez graphiques.
Dans l'ensemble, le film est avant tout une comédie qui joue beaucoup sur les décalages et les fausses surprises. C'est malheureusement le seul vrai recours humoristique qui tourne ainsi rapidement en rond... Il doit y avoir une bonne dizaines de séquences où un des héros se déguisent en monstre pour effrayer ses amis ou qu'un vrai spectre sur le point d'attaquer voit son plan anéanti par une quelconque maladresse.
Il y a tout de même son lot de scènes sympathiques comme le taxi fantôme même si la double chute n'est absolument pas réaliste. Il faut dire que dans leur volonté d'en donner toujours plus, les auteurs partent dans tous les sens et que certaines séquences arrivent d'on ne sait où (la scène dans cimetière ou celle de la piscine). Autant dire qu'il n'y a aucune narration ; seulement une succession de passages plus ou moins inspirées, drôles ou répétitifs. Le perdant est donc le rythme dangereusement sinusoïdale
Mais la dernière demi-heure qui se déroule dans le monde des morts est plus nerveuse et dynamique. C'est bricolée mais il y a une belle volonté de soigner la forme et d'originalité (les sèches cheveux, les décors, l'éclairage, l'invisibilité). Et on s'y ennuie pas :)

Sinon, il faut bien aimé le look 80's des fringues et coiffures :P

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Profondo Rosso
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par Profondo Rosso »

L'Exorciste chinois de Sammo Hung (1981)

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Cheung est un homme courageux mais un naïf qui ignore que sa femme le trompe avec son patron. Ce dernier est un riche marchand sans scrupule qui décide de se débarrasser de son employé gênant. Il décide donc de louer les services d'un puissant sorcier taoïste corrompu. Heureusement, son collègue qui n'est pas de son avis, entreprend d'aider Cheung à se défendre contre les maléfices qui le hantent dans la nuit.

Après la mort de Bruce Lee le kung fu pian connu un certain déclin faute de successeur digne (et de l'avalanche de mauvais clone du Petit Dragon), laissant le champ au wu xia pian dans le cinéma martial hongkongais. Le renouveau viendrait de l'émergence des Lucky Star, ce groupe d'artistes martial formé à l'Opéra de Pékin où l'on trouverait entre autre des futurs grande stars comme Sammo Hung, Jackie Chan ou Yuen Biao. La bande ne tombera pas dans le piège de singer Bruce Lee (même si Jackie Chan se perdra brièvement dans une Nouvelle Fureur de vaincre de sinistre mémoire) mais au contraire renouvèlera le genre en croisant leur extraordinaire compétence martiale à leur sens du spectacle en offrant un mélange détonant de kung fu et de comédie à leurs films. Jackie Chan partira ainsi de production de kung fu classique matinée d'humour farfelu avant de faire évoluer cette veine en l'inscrivant dans des grands genres classiques comme le polar avec Police Story (1985) ou le film d'aventures avec Le Marin des mers de chine (1982). Sammo Hung évoluera de la même manière mais il se démarque du classicisme (voir de l'aseptisation) d'un Jackie Chan par un sérieux grain de folie où tout sera forcément plus outrancier dans les chorégraphies déjantées (le mémorable Prodigal Son (1982)), l'humour cantonais bas du front (le génial film d'aventures Shanghai Express (986)), la violence et le machisme (le film de commando Eastern Condors (1987)). Forcément l'un des sous-genres les plus populaires du cinéma hongkongais 80's ne pouvait naître que de son cerveau malade avec la ghost kung-fu comedy qui croise donc arts martiaux et surnaturel en exploitant génialement tout le folklore populaire fantastique chinois.

L'intrigue assez basique de vaudeville voit Cheung (Sammo Hung) modeste employé dupé par son épouse et son patron qui entretienne une liaison. Devenu trop encombrant pour les amants, ceux-ci engagent un moine taoïste pour s'en débarrasser et c'est donc une nuée de démons, revenants et autres vampires qui vont se déchaîner sur le malheureux. Sammo Hung nous plonge dans un premier temps dans cet environnement ou le surnaturel est justement naturel avec quelques moments d'humour où les premières manifestations de l'au-delà sont des fausses alertes tordantes, que ce soit un cauchemar de Cheung où une mauvaise blague de ces amis. Jouant sur la bêtise et la naïveté de son héros, l'intrigue le confronte ensuite malgré lui au malin dans des séquences où Sammo Hung équilibre brillamment humour et terreur. Les mines ahuries et la couardise de Cheung provoquent l'empathie immédiate, l'imagerie réellement inquiétante (presque toutes les scènes se déroulant dans des temples abandonnés au milieu de nulle part) lorgne vers la Hammer avec cette photo bleutée et sombre où se tapissent des menaces indicibles et l'aspect monstrueux et grotesques des créatures démoniaques suscite le dégout autant que le rire façon Evil Dead. La mise en scène de Sammo Hung trouve ainsi un entre-deux surprenant dans les scènes de veilles nocturne de Cheung où la montée en puissance des scènes, l'introduction savamment calculée de l'élément perturbateur fantastique et la confrontation déjantée provoque une hilarité teintée de frisson. Contre-plongées menaçante, jeu sur le hors-champ et peur du noir, tous les codes de l'horreur sont là pour finalement aboutir à un affrontement martial délirant où les aptitudes des démons causeront bien des soucis à Cheung. Là c'est un festival avec au programme zombie, démons sauteurs (puisque enterrés avec les chevilles attachées pour qu'il ne s'éloigne pas de leur tombe) fantômes hantant des miroirs... Certains moments sont totalement irrésistibles comme cette scène où Cheung doit partager sa couche avec un cadavre qui mime tous ses gestes dont il se moque bien à tort.

On retrouve le machisme légendaire de Sammo Hung avec le personnage de l'épouse, une affreuse mégère infidèle et fourbe incarnée avec jubilation par Lung Chan. Son côté traditionaliste ressurgit également avec la confrontation entre les deux moines taoïste, le mauvais bafouant ses préceptes en jetant des sortilèges pour de l'argent tandis que le bienfaiteur de Cheung les respecte. Les scènes de rituels sont prétexte à tous les excès avec en point d'orgue un mémorable affrontement final entre les deux moines juchés sur des échafaudages qui déchaînent l'enfer dans un spectacle impressionnant, inventifs et truffés de rebondissements. L'ensemble se conclut sur une chute au machisme si outrancier et improbable que cela en est tordant tant Sammo Hung semble capable de tout. Le film signe la naissance de la ghost kung fu comedy, un filon qu'exploitera Sammo Hung dans une suite ainsi que dans la saga des Mister Vampire (on croisera d'ailleurs ici son futur héros Lam Ching-ying dans un amusant rôle de policier) qu'il produit tandis que Tsui Hark recyclera tous ces éléments dans une veine plus romanesque pour son inoubliable Histoires de fantôme chinois (1986). 5/6
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par Tutut »

Il y avait déjà une tradition du film gore dans les années 70 et de sorciers aux sorts un peu bizarres (Black Magic, par exemple), Hung a ajouté plus de rythme et de la comédie.
Tsui Hark s'est surtout inspiré d'un grand classique de Li Han Hsiang avec Betty Loh Ti, The Enchanting Shadow.

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hellrick
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par hellrick »

Tutut a écrit :Il y avait déjà une tradition du film gore dans les années 70 et de sorciers aux sorts un peu bizarres
Dont le sommet (ou le pire selon les sensibilités) doit-être l'indispensable THE BOXER's OMEN :mrgreen:
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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bruce randylan
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Sans oublier les très sympathiques 7 vampires d'or de Roy Ward Baker :)
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par Tutut »

Boxer's Omen dans le genre portnawak... :D
Il y avait aussi un duel de sorciers, mais je ne me souviens plus du titre du film, dans une histoire d'un homme qui part en voyage en Thailande, passe la nuit avec une jeune femme et retourne chez lui sans demander son reste. Elle se venge avec l'aide d'un sorcier et le jeune homme doit se défendre par l'intermédiaire d'un autre.

Les 7 vampires d'or était assez inégal, mais sympa, d'ailleurs à la même période il y avait une coproduction US-HK pour Cleopatra Jones.
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Vampire VS vampire (Lam Ching Ying - 1989)

Plusieurs nonnes chrétiennes arrivent dans une province isolée chinoise pour y construire une église, créant des tensions avec le prêtre taoïste locale. Au même moment, un puissant esprit maléfique est réveillé.

Le moins qu'on puisse dire que c'est que Lam Ching Ying est la figure incontournable de la Ghost Kung-fu comedy, son John Wayne en quelque sorte. Il était donc logique qu'il passe lui-même à la réalisation pour apporter sa pierre à l'édifice.
Malheureusement, il manque cruellement de rigueur et le film passe totalement à côté de son sujet à cause d'un scénario partant dans tout les sens et ne développant rien, ni histoire, ni personnage, ni folklore. Il y avait pourtant de quoi être alléché par cette opposition entre les Vampires hong-kongais et ceux de l'occident, personnifié par un pseudo Dracula avec chauve-souris et Cie.

Au lieu de ça, il faudra se contenter d'une succession de séquences décousues qui donne à la chanteuse Maria Cordero l'un de ses rôles les plus importants (sans pousser la chansonnette), interprétant la Mère supérieure. Quant à la présence du méchant démoniaque, il est introduit par une sous-intrigue maladroite avec un duo d'arrivistes cupides. L'opposition entre les deux croyances n'aboutit sur pas grand chose au final si ce n'est une scène amusante où Lam Ching Ying tente de cacher sa nudité.

Celà dit et malgré un un gros ventre mou au milieu, le film reste plaisant pour ses scènes d'actions très réussies chorégraphiées par le duo Stephen Tong et Lee Chi Git qui allait signées tout deux le fabuleux Magic Cop (avec Lam Ching Ying à l'affiche). Le début est typique du genre avec un peu de kung-fu et pas mal de magie et incantation, bien que sans grande originalité.

Les 20-30 dernières minutes sont d'un bien meilleure niveau avec quelques passages plus neuf avec l'arrivée de ce Dracula bis. Ca commence par une séquence de suspens fort bien troussé où les nonnes se font attaqués par une horde de chauves-souris qui tentent de rentrer dans la pièces où elles se trouvent. Un bon découpage et un bon sens de l'espace donnent à la séquence une intensité plutôt inhabituelle d'autant qu'elle dure assez longtemps. La suite est un long affrontement contre le vampire occidental d'une force et d'une puissance redoutable, réduisant le décor en miette. Ce long final est découpé en différent actes qui regorgent d'idées vraiment sympathique et réalisé avec une efficacité toute hong-kongaise. Ca donne quelques moments vraiment réjouissants comme l'attaque nocturne avec un chouette passage sur un pont suspendu, la mise à sac de la maison alors que le soleil se lève et le dénouement dans la forêt.

Malgré les défauts et les problèmes de rythme, ce dernier tiers rend ce petit représentant tout à fait recommandable.
Le dvd hong-kongais Fortune Star est dans la bonne moyenne. :)

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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Vampire's breakfast (Wong Chung - 1986)

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Plusieurs personnes sont retrouvées mortes au cours d'une même nuit. Un journaliste est persuadé que l'agresseur est un vampire, ce que la police refuse de croire. Il décide donc de mener l'enquête d'autant qu'il est tombé sous le charme d'une jeune femme ayant été témoin d'une étrange apparition.

Les 20-30 premières minutes sont assez enthousiasmantes avec un rythme soutenu qui nous plonge directement dans le cœur du sujet avec une série d'agressions nocturnes qui posent tout de suite l'ambiance avec une certaine efficacité (assez artisanale quand même). Aucune explication, des personnages à peine présentés, psychologie optionnelle, casting sympa (Kent Cheng, Wu Ma, Emily Chu...) et logique imparable : Si c'est un vampire, il va forcément se diriger une banque du sang... Coup de bol, il attaque justement celle où le journaliste est en planque. :mrgreen:
Cette séquence est d'ailleurs excellente, bien découpée, un certain savoir-faire dans l'enchaînement et quelques idées bien vues dans l'exploitation du décor.
Malheureusement ça sera presque le vrai climax d'un film qui patine sérieusement après ça. Il faut dire que face à des personnages pour ainsi dire inexistants, son scénario bricolé et un univers sans justification, Vampire's breakfast peine à passer la seconde et devient bien trop bavard et les séquences fantastiques/actions se limitent à quelques passages assez courts dont un final rapidement expédié.

Pour les acharnées du genre donc (d'autant que le DVD Fortune star n'est pas terrible).

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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

The evil cat (Dennis Yu - 1987)

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Le fils d'un chamane se prépare à affronter la neuvième (et donc dernière) incarnation d'un chat-démon qui vient de s'échapper de son tombeau et commence à enchaîner les cadavres.

Un représentant dans la bonne moyenne des représentants contemporains même si la partie kung-fu est presque inexistante. Avec la présence de Liu Chia-liang dans le rôle principal, on aurait pourtant pu s'attendre à un peu d'art-martiaux... En vain... Cela dit, avec ses pouvoirs démoniaques le chat-démon n'est pas avare de projections en tout genres pour des victimes qui s'offrent donc quelques belles chutes dignes d'intérêt.
D'ailleurs la réalisation n'a rien de déshonorante avec un découpage plutôt précis et efficace bien que dénuée du moindre génie. C'est du travail bien fait et c'est tout.
Ca suffit en tout cas à passer un agréable moment grâce à son rythme plutôt soutenu contrairement à beaucoup de ses confrères qui misent uniquement sur le début et la fin.
Ici, les scènes fantastiques s'enchainent assez rapidement avec pas mal d'attaques du vilain félin. Du coup, on se retrouve avec un peu de gore (gentil), un peu de suspens, quelques scènes fantastiques à base de sortilèges, des cascades en voiture et quelques combats. Dennis Yu (dont j'avais vu un pseudo fame très médiocre The musical singer) essaye de donner un peu de caractère avec une photo moins passe partout que la concurrence et des choix de décors qui sortent aussi de l'ordinaire. Ca fait toujours plaisir de voir des décors qu'on ne retrouvent pas dans des dizaines d'autres œuvres. Par exemple la fin proposes un cadre bien exploité.

Chose plutôt curieuse, le scénario est signé Wong Jing ! Si les 20-30 premières ne manquent pas blagues machos aussi inutiles que douteuses, le reste est assez "sobre" même si quelques seconds rôles apportent un peu d'humour (local). Cela dit, les acteurs cabotinent pas mal, surtout ceux qui se retrouvent être posséder par l'esprit du chat diabolique (avec les bruitages "miaow" indispensables :mrgreen: ). Par contre Liu Chia Liang a pas l'air très à l'aise à l'écran, ce qui peut se comprendre.

C'est pas le plus maitrisé du genre, c'est pas le plus inventif ni le plus barré, c'est pas le plus spectaculaire mais ça fait le job pendant 90 minutes :)



DVD Fortune star zone all VOST-anglais non restaurée pour changer mais qui passe pas trop mal.
Dernière modification par bruce randylan le 26 août 18, 15:54, modifié 1 fois.
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Doctor vampire (Jamie Luk - 1990)

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Lors d'un voyage au Royaume-Uni un chirurgien hong-kongais rentre par hasard dans un pub isolé où il a une aventure avec une compatriote travaillant sur place. Il ne se doute pas qu'il est tombé sur un repère de vampires et qu'il a été mordu. De retour chez lui, son comportement commence à changer.

Au revoir la "ghost kung-fu comedy" et bonjour à la "vampire baston potache".
Les trois genres sont assez mal répartis avec une partie action reléguée aux seules 20 dernières minutes. C'est donc l'aspect comédie qui se paye la part du lion pour du bon gras qui tâche : le héros s'est fait mordre aux parties intimes par sa maitresse vampirique, un mort-vivant se ballade avec une érection et violera une infirmière (finalement entreprenante) et on trouve de nombreux quiproquos gratinés avec l'épouse jalouse du héros ou les collègues de ce dernier.

Ami de la finesse, passez votre chemin en fuyant. Par contre, pour les amateurs d'un humour de mauvais goût et absurde, il y a de quoi rire de quelques situations grotesques et bien débiles. C'est loin de faire mouche à tous les coups vous vous en doutez mais dans l'ensemble, on ne s'ennuie pas.
La petite originalité de ce Doctor vampire est plutôt de s'inspirer des mythes occidentaux en tournant le dos aux codes hong-kongais du genre qui se limite à une petite blague sur un costume des fameux gyonshi, les vampires sauteurs. Les codes du vampirisme sont donc repris ou détournés selon les bons vouloirs du scénario qui ne suit aucune logique. J'avoue ne rien avoir compris aux effets et conséquences dans la consommation de sang chez le héros. En tout cas ce dernier se prend de passion pour les capes noires et s'offre un repas gastronomique autour du sang (verre de "vin", infusion, amuse gueule...).
Même si les comédiens sont sympathiques et attachants (dont le plus connu est Shing Fui-on dans un second rôle assez drôle), qu'Ellen Chan ne manque pas de charme et qu'on s'y amuse un minimum, on regrette que le film ne s'emballe jamais d'où un rythme un peu métronome qui manque d'action.
Heureusement le dernier quart est quasiment de l'action ininterrompue. On n'y trouve pas de chorégraphie, plutôt des projections et chutes mais c'est soutenu et il y a quelques idées vraiment sympa et amusantes.

Pour quelqu'un comme moi qui raffole du genre, c'est une plaisante récréation qui joue la carte frivole (tout en restant soft). On est vraiment dans la seconde zone fauchée, ce qui lui donne aussi un petit attachant et rafraichissant.



Le DVD HK est sorti chez Fortune Star avec les caractéristiques habituels : VOSTA, 16/9 pour une copie non restaurée mais qui lui donne son p'tit charme rétro so 80's. De toute façon, vous en faîtes pas, c'est épuisé pour changer. :mrgreen:
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Return of the demon (Wong Ying - 1987)

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Scénario : Un démon est de retour.

J'ai un peu hésité à décrire davantage le synopsis mais non seulement le film se réduit à cet argument mais c'est surtout un peu le bordel. Si on rentre dans le détail, ça donnerait ça : plusieurs aventuriers (un peu pilleurs de tombes quand même) libèrent un démon maléfique en cherchant un trésor mystérieux. Heureusement pour eux, un moine taoïste et son assistant surveillent les lieux. Pour retrouver la trace du revenant, qui cherche à se réincarner, le moine s'administre un sort avec un chien pour posséder le même flair. Mais toute la troupe se fait arrêter par un maître d'art-martiaux qui les prend pour les responsables de la série des crimes sanguinaires dû au démon.
A ça, il faudrait rajouter un chien-garou, des séances de tortures absurdes, des vierges, une fantôme, un roue infernale, des zombies, une ombrelle et des oeufs bien-sûr. :mrgreen:

Le responsable de ce bordel n'est autre qu'un des noms les plus importants du genre, et l'un des plus méconnus, Wong Ying qui était un romancier à succès (plusieurs fois adapté par Chu Yuan) et aussi l'un des scénaristes incontournable de la Ghost Kung-Fu comedy : l'exorciste chinois, Swordman ou Mr vampire pour citer les plus célèbres. Il a aussi signé en tant que réalisateurs 3 films dont ce Return of the demon qui fut sa dernière mise en scène.
On voit que le Mr est plus scénariste que réalisateurs. Et encore, quand je dis "scénariste", je devrais dire qu'il est "concepteur d'idées débiles" car il en a à revendre et sait les développer à l'écran. Par contre, ça donne un résultat très curieux avec des séquences très longues qui auraient mérité d'être écourtées sur la table de montage. Ainsi la séquence de "tortures" avec les 2 héros attachés à un système de balancier est étirer au delà du raisonnable. Surtout qu'on revient vers eux quand le "chien-garou" se réveille.
Le montage manque donc de peps et de pêche... Par contre l'idiotie générale est assez délirante et on se marre très souvent ce qui annule le précédent problèmes. Wong Ying sait très bien tirer partie de tous ses décors et cherchent à en exploiter tout le potentiel pour une certaine idée de la générosité qui renforce son côté absurde tant le film est une association de séquences interminables sans progressions dramatiques. On ne comprend souvent rien à la raison d'être de certaines scènes (le personnage féminin cherchant à séduire l'assistant magicien ; la fantôme ; le caméo de Wu Ma...). Après tout ce n'est pas grave tant on se marre facilement malgré le niveau très inégal de l'humour. On peut passer de l'humour scato navrant (les héros boivent à tour de rôle du pipi de chien) et des situations tout droit sorti de Chuck Jones comme lors de la (longue) séquence port-nawak avec la pièce fermée et remplie d'oeufs.
A côté de ça, il y a bien-sûr un peu de gore et beaucoup de kung-fu. Pas forcément des chorégraphies mais beaucoup de projections, chutes, sauts et autres vols planés. C'est sans génie ni réelle inventivité mais c'est efficace, bien répartis et souvent fun.
Niveau casting, c'est un festival des seconds couteaux : les incontournables Shing fui on et Dick Wei ainsi que Emily Chu ou encore Nat Chan.

Le manque de rythme interne aux séquences l'empêche de se hisser au niveau d'un Nam Nai-Choi mais on s'en rapproche dans l'esprit. On retrouve d'ailleurs l'éphémère actrice Chui Sau Lai qui a joué à plusieurs reprises pour lui.

Amateur de délires bis volontairement idiot, ça devrait vous plaire. :D

Il était trouvable à une époque en VCD chez Fortune Star dans une copie malheureusement mal compressée.
Spoiler (cliquez pour afficher)
On trouve sur YT une copie de meilleure qualité !
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Operation Pink Squad 2 : The Hunted Tower aka Thunder Cops aka (Jeff Lau - 1989)

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Un mari jaloux est persuadé que sa femme - policière - le trompe en sortant tardivement à plusieurs reprises. Avec 3 collègues, elle se fait en réalité passer pour une prostituée passer les menottes à un trafiquant. Tout ce beau monde (ainsi que le malfrat en question) se retrouve dans un immeuble quasi désert alors qu'un esprit maléfique se réveille.

Une revigorante petite série B signée par l'un des spécialistes de la comédie locale. Avec assez peu de de réel combat ou même de magie, Jeff Lau ne livre pas l’œuvre du genre la plus folle ou tonitruante mais il soigne le tempo qui est plutôt soutenu avec une réalisation alerte et dynamique qui permet de faire correctement patienter le temps que la mise en place se termine (avec pas loin d'une dizaine de personnages mine de rien...). Oserais-je préciser que c'est loin d'être l'humour le plus fin ou sophistiqué, ni le plus féministe d'ailleurs ? Billy Lau confirme quoiqu'il en soit qu'il est loin d'être le comique le plus inspiré de l'ancienne colonie et il faut surtout compter sur les side-kicks pour que les gags fassent mouche. On peut à ce titre toujours compter sur Shing Fui On particulièrement à l'aise ici, comme Sandra Ng dans le rôle de l'épouse flic.
Par contre, une fois que la démone entre en jeu, le film maintient le cap avec bonne humeur. Mine de rien, le film fait preuve d'une certaine unité (temps et lieu), d'un sens de l'espace réfléchi et pas mal de situations aussi absurdes qu'idiotes ou bien décalées : la tête de la méchante séparé de son corps, traque à l'hélicoptère télécommandé, le running gag de l'ascenseur, devoir désigner un futur eunuque... Et comme quant on pense avoir fait le tour, Jeff Lau remet une pièce dans la machine pour 10 minutes de rab' avec une armée de morts-vivants. Assez généreux donc même s'il faut avouer que certaines péripéties peuvent tourner en rond, à l'image des héros qui passent souvent leur temps à courir dans les mêmes couloirs. Mais il y a suffisamment de bonnes idées pour qu'on passe outre ces astuces masquant sans doute un faible budget.

Pour les amateurs du genre en tout cas, ça mérite franchement un coup d’œil grâce à son rythme bien géré et les tronches du casting qui comprend aussi Suki Kwan, Sharla Sheung ou Wu Fung

Pour le principe, je mets la bande-annonce qui spoile à mort et est à moitié constituée de scènes d'actions conçues pour le montage international avec bastons entre gweilos et girls with guns :o . Elles sont en tout cas absentes du VCD hong-kongais qui vend le film sous le titre Thunder Cops qui n'a rien à voir avec Thunder Cops II même si on retrouve toujours Sandra Ng et Jeff Lau (et qui n'est donc la suite d'aucun film :mrgreen: )
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Bens1912
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par Bens1912 »

Pas trop fan du genre, je n'ai vu que SOS maison hantée - Bless this house (1988) de Ronny Yu. Assez sympa dans l'ensemble.
bruce randylan
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Re: Ghost Kung fu comedy

Message par bruce randylan »

Haunted cop shop (Jeff Lau - 1987)

Un moine bouddhique prévient un officier que le commissariat qu'il supervise est la cible d'un démon qui pourrait se manifester très prochainement. C'est sans compter un duo de policiers pas très finauds.

Avec son premier long métrage, Jeff Lau fait déjà preuve d'un belle maitrise dans un genre à qui il va donner quelques sympathiques titres avant logiquement de prendre son envol dans la comédie cantonaise.
Pour ses début derrière la caméra, il est accompagné au scénario par Wong Kar-Wai. Evidement, parler de scénario est un bien grand mot, auquel il faudrait davantage privilégier "successions de séquences". On est habitué du procédé dans ce type de production et pour le coup, il faut reconnaître que ce titre s'en sort plutôt bien ; il s'avère même moins inégal que la moyenne. On y trouve de nombreux moments savoureux, pour ne pas dire inspiré (à sa manière) dans des gags aussi crétins que d'un simplicité radicale : le walkman sur lequel tombe le fantôme, les différents déguisements, la manière de connaître la couleur d'une petite culotte ou les seins qui dépasse de la cachette où l'héroïne pense être à l'abri :mrgreen:
Il y a aussi quelques touches auto-parodiques (les personnages se demandent s'ils ne sont pas dans un film de Sammo Hung et si un moine ne serait pas Lam Ching-Ying) ou tout simplement WTF dont on ne comprend pas tout à fait la finalité comme le destin que connaît le chien policier :uhuh:
En tout cas, le rythme est soutenu, les comédiens s'en donnent à cœur joie, à commencer par le savoureux duo formé par Ricky Hui et Jackie Cheung, et le film alterne efficacement comédies de situation et quelques scènes fantastiques/action d'un bon standing. La séquence où Billy Lau est face à la première apparition d'un spectre est un régal de découpage et d'inventivité tout en rappellant à quel point le cinéma hong-kongais de cette période reste un modèle de fluidité. C'est aussi le cas de la seule scène vraiment "ghost kung-fu" au milieu du film avec Chung Fat en grande forme ou du final en 2 temps qui regorge d'idées sympa et originales qui s'amusent des codes : collier d'ail, cercueil, faisceau de lumière...



Seul ombre au tableau et qui n'est pas négligeable : les sous-titres anglais du DVD Fortune star sont parfois très, très courts et on rate régulièrement plusieurs dialogues, gags, explication qui nuisent à la compréhension. Le DVD est d'ailleurs non restauré, ce qui est toujours dommage pour ce type de production qui repose tout de même sur un certain esthétisme et direction artistique. Vivement que 88 films, Eureka ou Spectrum ressorte un blu-ray.

Il existe également une suite toujours signée Jeff Lau et avec les même comédiens, un peu moins bien côté mais qui restera sympa. Ca tombe bien je l'ai en VCD. :)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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