Le Seigneur des anneaux (Peter Jackson - 2001/2003)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Quel volet emporte votre préférence?

la Communauté de l'anneau
22
18%
les Deux tours
14
12%
le Retour du roi
11
9%
la trilogie est une oeuvre indivisible
41
34%
je n'apprécie guère cette saga
32
27%
 
Nombre total de votes : 120

Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23920
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

AlexRow a écrit :Mais de plus en plus au fur et à mesure que j'ai rencontré des personnes impliquées dans un projet cinématographique et/ou artistique et que je me suis mis à prendre en considération les conditions de la création.
Le fait est que le cinéma est un art pour lequel l'argent est un véritable déterminant, et qu'il est souvent nécessaire de prendre en compte les éléments de production pour appréhender le processus créatif dans sa globalité, et l'apprécier à sa juste mesure.

Des enjeux promotionnels peuvent imposer à un réalisateur un casting, une limite budgétaire imposer un décor, un collaborateur, dont le réalisateur tentera, certes, de tirer le meilleur, mais il n'empêche que réfléchir au film, l'examiner sous un angle critique, peut nécessiter la prise en compte de tels éléments, parce qu'ils ont pu constituer un champ de bataille majeur pour le réalisateur lors du processus de création du film, au même titre que le découpage, la lumière ou certaine séquence que l'on trouve réussie.

Par exemple, savoir que tel comédien impose contractuellement que son visage soit vu pendant 40% du film peut aider à comprendre qu'on le voit autant, et permet d'admirer la façon dont un réalisateur peut parvenir à se jouer de pareille contrainte.

Si New Line a choisi d'en faire un élément de promotion, le "combat" qu'a mené Peter Jackson pour tourner les trois films en un, pour tourner avec une équipe qu'il connait, pour avoir un casting qui évite les stars trop encombrantes, pour que les créateurs graphiques qui ont permis d'entretenir la flamme des fans soient associés au projet, ce combat, à mon sens, n'est pas un à-coté dans le processus de création de cette oeuvre, et, si, comme mon beau-fils, on peut apprécier le film en tant que tel, sans se soucier de telles considérations, je crois tout de même que l'ampleur du "combat" artistique pour permettre à ce projet d'exister tel quel contribue grandement à l'appréciation que l'on est en droit d'émettre quand veut le juger.

Parce qu'autant on peut associer Jackson à son chef opérateur pour tel superbe plan, à ses comédiens pour telle séquence de jeu, à ses animateurs pour la réussite d'un effet, c'est à lui seul (étant entendu que ses producteurs ont eu l'intelligence de lui céder) que revient le mérite d'avoir défendu la forme finale de ce film. Et c'est donc l'une de ses grandes réussites, à mon sens.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
Ender
Machino
Messages : 1153
Inscription : 6 janv. 07, 15:01
Localisation : Mizoguchigrad

Message par Ender »

Strum a écrit :Merci.
Je t'en prie.
J'ajoute que juger des films à l'aune des défis techniques et financiers qu'ils représentent et les penser avant tout en tant que résultats d'un effort peut faire oublier de réflechir à la pertinence/l'intérêt esthétique/poétique/politique du résultat.
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23920
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

Ender a écrit :J'ajoute que juger des films à l'aune des défis techniques et financiers qu'ils représentent et les penser avant tout en tant que résultats d'un effort peut faire oublier de réflechir à la pertinence/l'intérêt esthétique/poétique/politique du résultat.
C'est vrai en général, mais ici, ces défis n'ont été mobilisés qu'en vertu de l'intérêt esthétique du film et de son respect de l'oeuvre originale. Il est donc permis de penser que le choix de relever ces défis participe de la réussite artistique globale du film et ne peut être éludé comme anecdotique, ou parallèle aux qualités purement esthétiques de celui-ci.
La beauté globale du film découle aussi de son unité d'ensemble sur les trois films, unité due aux conditions de tournage imposées par Jackson.

Au delà du défi financier, il y a un enjeu artistique dans cet "effort" (que par ailleurs, beaucoup de réalisateurs ne font pas).
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
AlexRow
The cRow
Messages : 25590
Inscription : 27 mars 05, 13:21
Localisation : Granville (50)
Contact :

Message par AlexRow »

Merci Cinéphage.
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti" (Albert Camus)

Mes visionnages
Avatar de l’utilisateur
Ender
Machino
Messages : 1153
Inscription : 6 janv. 07, 15:01
Localisation : Mizoguchigrad

Message par Ender »

cinephage a écrit :
Ender a écrit :J'ajoute que juger des films à l'aune des défis techniques et financiers qu'ils représentent et les penser avant tout en tant que résultats d'un effort peut faire oublier de réflechir à la pertinence/l'intérêt esthétique/poétique/politique du résultat.
C'est vrai en général, mais ici, ces défis n'ont été mobilisés qu'en vertu de l'intérêt esthétique du film et de son respect de l'oeuvre originale. Il est donc permis de penser que le choix de relever ces défis participe de la réussite artistique globale du film et ne peut être éludé comme anecdotique, ou parallèle aux qualités purement esthétiques de celui-ci.
La beauté globale du film découle aussi de son unité d'ensemble sur les trois films, unité due aux conditions de tournage imposées par Jackson.

Au delà du défi financier, il y a un enjeu artistique dans cet "effort" (que par ailleurs, beaucoup de réalisateurs ne font pas).
Certes, le choix de Jackson de fournir une vision grandiose qui tente de restituer l'imaginaire visuel du roman est louable, et le rendu à mon sens globalement réussi. L'erreur critique à mon sens est de se concentrer plus sur la teneur de ce travail que son résultat à l'écran, et d'avancer qu'un effort sincère et conséquent fourni par une équipe de cinéma suffit à plaider en la faveur d'un film.
Nomorereasons
Dédé du Pacifique
Messages : 5150
Inscription : 29 mai 07, 20:19

Message par Nomorereasons »

AlexRow a écrit :
Strum a écrit :Je te taquinais
moi aussi, bien sûr.
Alex Row a écrit :Tu as compris le message.
Strum a écrit :
Ender a écrit : Sinon, je pense qu'à partir du moment où les conditions de création sont à tel point mises en avant, il est difficile de ne pas en tenir compte, et c'est vrai, ça peut biaiser le jugement sur le film, en même temps que ça permet de penser l'oeuvre dans des contextes plus larges (économique, technique, etc.).

Merci.
Ender a écrit :
Strum a écrit : Merci.

Je t'en prie.
Alex Row a écrit :Merci Cinéphage.
Quelle courtoisie, j'en suis confondu! Je n'ai vu aucun des épisodes du Seigneur des Anneaux mais si ces films suscitent de tels débat aussi civilisés que savants, je vais de ce pas combler mes lacunes. :D
Avatar de l’utilisateur
AlexRow
The cRow
Messages : 25590
Inscription : 27 mars 05, 13:21
Localisation : Granville (50)
Contact :

Message par AlexRow »

On n'est pas des bêtes :mrgreen:
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti" (Albert Camus)

Mes visionnages
Avatar de l’utilisateur
Boubakar
Mécène hobbit
Messages : 52281
Inscription : 31 juil. 03, 11:50
Contact :

Message par Boubakar »

AlexRow a écrit :On n'est pas des bites :mrgreen:
Encore en pleine (Ma)trix ? :?
Nomorereasons
Dédé du Pacifique
Messages : 5150
Inscription : 29 mai 07, 20:19

Message par Nomorereasons »

Boubakar a écrit :
AlexRow a écrit :On n'est pas des bites :mrgreen:
Encore en pleine (Ma)trix ? :?
Pas mal! Mais rappelle-toi tout de même ce vers de Paul-Jean Toulet qui défend idéalement les quelques (trop rares, et fugitifs) instants de grâce de ce forum:
"Prends garde à la douceur des choses,"
(issu de En Arles)
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Message par Strum »

cinephage a écrit :C'est vrai en général, mais ici, ces défis n'ont été mobilisés qu'en vertu de l'intérêt esthétique du film et de son respect de l'oeuvre originale. Il est donc permis de penser que le choix de relever ces défis participe de la réussite artistique globale du film et ne peut être éludé comme anecdotique, ou parallèle aux qualités purement esthétiques de celui-ci.
Tu me permettras de trouver cet argumentaire similaire à celui des bonus des dvd.

A cela, j'aurais trois objections:

(i) d'autres films ont me semble-t-il mobilisé des artistes et des techniciens pour un intérêt et un résultat esthétiques autrement plus probants;

(ii) tu remontes à la genèse du film pour trouver les raisons qui le rendent beau à tes yeux ; pourquoi donc ce détour, ce qui est beau n'est-il pas exclusivement dans le film lui-même ? En quoi ces raisons devraient-elles rendre ce qui est beau dans le film plus beau encore ?

(iii) tu sembles dire qu'il faut juger un film en tenant compte de l'intention ayant présidé sa conception. Le tour de force promotionnel a consisté effectivement à faire croire que le film était une adaptation fidèle et minutieuse du livre, puisque faisaient partie de l'équipe artistique, des illustrateurs du livre, etc.... Là où le bât blesse, c'est que l'on ne juge pas habituellement un film à cette aune de la fidélité à un texte et que le SdA de Jackson n'est en réalité pas fidèle au livre de Tolkien, le film relevant d'un mimétisme de surface où les thèmes sont tronqués.

Bref, il n'y a rien ici qui me parait justifier que l'on traite le film de Jackson différemment d'un autre film.

Enfin, je ne peux m'empêcher de remarquer que tu utilises la sémantique de la quête (combat, défi), comme si la geste industrielle de la réalisation du film équivalait la geste mythique du SdA, comme si le combat de Jackson était digne de celui de Frodo. Evidemment, les deux n'ont en réalité strictement rien à voir, mais cette équivalence sémantique entretenue par la promotion du film tient quelque part du génie commercial.
Avatar de l’utilisateur
AlexRow
The cRow
Messages : 25590
Inscription : 27 mars 05, 13:21
Localisation : Granville (50)
Contact :

Message par AlexRow »

Strum a écrit :(i) d'autres films ont mobilisé des artistes et des techniciens pour un intérêt et un résultat esthétiques autrement plus probants;
Opinion ou vérité absolue ?
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti" (Albert Camus)

Mes visionnages
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Message par Strum »

AlexRow a écrit :Opinion ou vérité absolue ?
Tu connais déjà la réponse. :)
Avatar de l’utilisateur
AlexRow
The cRow
Messages : 25590
Inscription : 27 mars 05, 13:21
Localisation : Granville (50)
Contact :

Message par AlexRow »

Strum a écrit :
AlexRow a écrit :Opinion ou vérité absolue ?
Tu connais déjà la réponse. :)
Ben ça pose un problème, parce que ton argumentaire ne fait pas mention d'un avis personnel.
"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti" (Albert Camus)

Mes visionnages
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Message par Strum »

AlexRow a écrit :Ben ça pose un problème, parce que ton argumentaire ne fait pas mention d'un avis personnel.
Tout de même tu exagères. Il est évident qu'il s'agit d'un avis personnel.
Avatar de l’utilisateur
Ender
Machino
Messages : 1153
Inscription : 6 janv. 07, 15:01
Localisation : Mizoguchigrad

Message par Ender »

AlexRow a écrit :
Strum a écrit :
Tu connais déjà la réponse. :)
Ben ça pose un problème, parce que ton argumentaire ne fait pas mention d'un avis personnel.
Quoi qu'il en soit, il n'y a pas lieu ici de comparer les différents films qui auraient mobilisé un effort et des equipes techniques et artistiques aussi vastes, le propos étant plutôt de dire que pour d'autres films, ce n'est pas tant cet effort qui a été jugé que son résultat, et qu'il y a un phénomène marketing nouveau autour du Seigneur des anneaux à vendre, en partie, le film sur sa production.
Répondre