Pierre Granier-Deferre (1927-2007)

[Alexandre Angel]

Voilà ses 4 meilleurs films y compris donc Adieu poulet

Alors là, j'ai rien compris, je pensais que tu étais du même avis que Demi-Lune!

[Rockatansky]

Paradoxalement, Adieu Poulet est le seul que j'ai vu à la télé dans les années 80, je me rappelle pas avoir vu passer ces films (au vu de la filmo).

Et pourtant il revenait souvent dans les programmes : j'ai le souvenir d'avoir vu plusieurs fois, dans la seconde moitié des 80', le fort malsain Une étrange affaire avec un Piccoli grandiose, même que c'est un pléonasme.
Et puis ces classiques que sont La Veuve Couderc et Le Chat..

Des films comme Le toubib, Le fils, L'étoile du Nord passaient aussi puisque je les ai vu à ce moment là.

[Alexandre Angel]

Le toubib

Ça, ça doit être redoutable, non?

[Rockatansky]

Je me souviens juste de la fin qui m'a marqué, mais c'était assez mauvais.

[Jeremy Fox]

Voilà ses 4 meilleurs films y compris donc Adieu poulet

Alors là, j'ai rien compris, je pensais que tu étais du même avis que Demi-Lune!

Ben non voyons

[Jeremy Fox]

Le toubib

Ça, ça doit être redoutable, non?

J'ai trouvé que ça avait plutôt bien vieilli. Ce qui n'est pas le cas du film avec Souchon ou de la plupart de ses films post-une étrange affaire.

[moonfleet]

Une étrange affaire qui tope à 189€ sur le Net !!

Il serait ben temps de le rééditer, siouplait Studiocanal

[Kevin95]

En revanche, tout ce qu'il a fait après Noyade interdite - je signe d'ailleurs volontiers pour une revoyure, même si j'ai le souvenir d'un truc tout de même sacrément mou - me semble être complètement tombé dans l'oubli. Des titres à classer pour la plupart au lourd dossier "Films français des 30 dernières années devenus invisibles".

Le début de carrière n'est pas non plus en tête de gondole. Le Petit Garçon de l’ascenseur (1962), Les Aventures de Salavin (1964), Paris au mois d'août (1966) ou Le Grand Dadais (1967) sont totalement sortis des radars.

[cinéfile]

Quelque temps aprèsUne Etrange Affaire, il y avait réalisé L'Ami de Vincent (toujours d'après un roman JM Roberts) qui est assez épatant et peu connu aussi. J'avais dégoté le DVD sur un coup de bol, il y a 2-3 ans.

[Major Tom]

En revanche, tout ce qu'il a fait après Noyade interdite - je signe d'ailleurs volontiers pour une revoyure, même si j'ai le souvenir d'un truc tout de même sacrément mou - me semble être complètement tombé dans l'oubli. Des titres à classer pour la plupart au lourd dossier "Films français des 30 dernières années devenus invisibles".

"Mou", "mou", disons qui prend son temps et puis il y a tout de même Elizabeth Bourgine, Marie Trintignant, Gabrielle Lazure et Anne Roussel. Comme pour Adieu poulet, le film est porté par un duo, cette fois nettement moins complice, celui de Philippe Noiret / Guy Marchand (rôle qui lui valut un César), et le reste du casting (qui compte aussi Suzanne Flon, Andréa Ferréol parmi les "dingues", ou Stefania Sandrelli) nous assure de passer un bon moment dans ce thriller bizarroïde à la plage...



Pour Adieu poulet, voici ce que Veber raconte dans ses mémoires et qui est intéressant pour comprendre Granier-Deferre :

Granier-Deferre était un homme foncièrement gentil et s'il nous arrivait d'être en désaccord, c'était toujours sur le rythme du film. J'avais tenté, en écrivant Adieu poulet de serrer l'action au maximum, mais ce n'était pas dans le tempérament de Granier. Même pour un polar, il ne recherchait pas l'efficacité à tout prix, et trouvait mon travail trop tiré au cordeau. Il prétendait l'humaniser en le dérythmant, en le jouant moins tendu.
On comprenait mieux Granier quand on savait qu'il avait passé une grande partie de sa jeunesse cloué sur un lit. Des problèmes de santé l'avaient conduit à subir plusieurs opérations chirurgicales, et pendant des années, il n'avait vu le monde qu'à travers une fenêtre dans laquelle il ne devait pas se passer grand-chose. Il en avait gardé un regard particulier sur la vie, qui donnait beaucoup de charme à certains de ses films, mais qui me paraissait un peu rêveur pour Adieu poulet.

Nous sommes partis travailler à La Colombe d'Or à Saint-Paul-de-Vence et un jour, nous nous sommes sérieusement accrochés sur une scène. C'était un des moments les plus violents du film et Granier me proposait de l'atténuer un peu en détournant un instant la caméra pour filmer un envol de mouettes. Je ne suis déjà déjà pas fou des mouettes en temps normal mais, là, j'ai commencé à ne plus les aimer du tout. Le ton de la discussion s'est mis à monter jusqu'au moment où quelqu'un a glissé un bout d epapier sous la porte.
C'était un message de Simone Signoret, notre voisine de palier, qui nous écrivait : "J'entends tout."
Je savais qu'elle s'ennuyait un peu dans l'oisiveté de La Colombe et qu'elle ne détestait pas se pencher sur la vie des autres. Je suis donc allé frapper à sa porte, elle m'a ouvert dans son été habituel, Casque d'Or et gueule de bois, et je lui ai dit :
- Si vous entendez tout, on se fera une joie de vous avoir avec nous.
Elle ne s'est pas fait prier et s'est installée à notre table de travail, entre Granier et moi, comme un arbitre de tennis. Nous avons repris la discussion et elle s'est mise effectivement à arbitrer, disant : "Il a raison", quand elle estimait que l'un ou l'autre avait marqué un point.

Au sujet de Lino Ventura :

Quand il n'aimait pas une scène, il disait : "C'est pas dans ma morphologie", ce qui pouvait se traduire pas : "Ça ne correspond pas à l'image que je veux donner de moi-même." Et je l'ai vu passer à côté de sujets exceptionnels parce que "c'était pas dans sa morphologie".
J'ai écrit Adieu poulet, un film tiré d'une Série noire de Jean Laborde. Le roman était basé sur l'histoire authentique d'un flic accusé de corruption. Il s'était fait entretenir par une prostituée et se justifiait en disant que c'était pour infiltrer le monde de la pègre. Les cadeaux de sa maîtresse, costumes sur mesure, gourmette en or, etc. lui permettaient de passer pour un voyou et de mener à bien son enquête.
Lino avait lu le livre et accepté le rôle. Les producteurs me confièrent l'adaptation et se montrèrent satisfaits de mon travail. Ce ne fut pas le cas de Lino qui refusa le scénario en disant : "Lino ne se fait pas acheter par une pute."
C'était le sujet du livre et il avait donné son accord, mais il faisait brusquement machine arrière et tout ce que j'avais pu écrire devenait caduc.
J'allai le voir pour tenter de le fléchir :
- Lino, ce n'est pas toi qui te fais acheter par une pute, c'est ton personnage.
Il a réfléchi un peu et reconnu avec bonne foi :
- T'as pas tort, là.
Et il a ajouté :
- Mais Lino se fait pas acheter par une pute.
- Lino, quand dans Le Rouge est mis de Gilles Grangier, tu abats à la mitraillette une trentaine de types, ce n'est pas toi qui les tues, c'est ton personnage, non ?
- Peut-être... mais Lino se fait pas acheter par une pute.

J'ai dû récrire le scénario en faisant des acrobaties pour que Lino reste intègre et je pense que la mouture qu'il a tournée est nettement moins bonne que celle qu'il a refusée.

Oui, au fait, pourquoi tant de haine? (précisons au Classikien de passage que Demi-Lune a mis 1,5/10 à Adieu Poulet)

Eh bien, parce que je trouve le film tout bonnement indigent. Ventura et Dewaere ne sont que de maigres consolations face au gâchis de ce film tout moche et mal ficelé, enchaînant les incongruités (une prise d'otages d'une rare stupidité, des vols planés wtf de bouddhistes dégagés manu militari par un Ventura en mode Stallone, la cascade automobile de service qui fait pitié, un gunfight affligeant dans un hôpital, une course-poursuite sur les toits et une grue aussi palpitante que celle, en déambulateur, d'OSS 117, etc) pour n'être finalement qu'insignifiant au regard de son pitch politique. C'est tout bonnement une certaine forme de cinéma franchouillard, démissionnaire sur tout et ne cherchant qu'à capitaliser sur ses "gueules" et sa gouaille, qui me fait horreur et qui a salement vieilli.

Je comprends mieux ton point de vue même sans y adhérer. Il doit peut-être faire partie de ces films français qu'il vaut mieux découvrir jeune (un peu comme certains polars de Belmondo), avant d'être gâchés par la maturité d'un cinéphile dont les connaissances empêcheraient d'apprécier des films relativement "mineurs". Quand tu compares la scène, un peu ridicule il est vrai (la seule que je n'aime pas trop dans ce film), où Lino vire violemment les bouddhistes à Stallone, qui n'existait même pas à l'époque -- un peu comme quand Manny compare les gros plans de visages dans Le Locataire aux films de Jean-Marie Poiré -- cela reste un point de vue d'aujourd'hui, donc. Comme toi, j'ai un peu plus de mal avec certains films découverts tardivement en sachant que je les aurais sûrement adoré adolescent. Pourtant celui-là, vu relativement tard, m'a beaucoup plu...

[Grimmy]

Parmi les très bons films du réalisateur, il y a " Le train".

[Roilo Pintu]

et puis le thème final de Sarde...

Effectivement superbe thème, que - sauf erreur - nous n'entendons pas dans le reste du film, et c'est bien dommage. Le reste de la musique n'étant pas particulièrement mémorable. Je n'ai pas trouvé d'édition de l'album, sauf justement le thème final sur une compilation Ventura

Très intéressant le témoignage de Veber.

[Major Tom]

et puis le thème final de Sarde...

Effectivement superbe thème, que - sauf erreur - nous n'entendons pas dans le reste du film, et c'est bien dommage. Le reste de la musique n'étant pas particulièrement mémorable. Je n'ai pas trouvé d'édition de l'album, sauf justement le thème final sur une compilation Ventura

Très intéressant le témoignage de Veber.

De mémoire, on l'entend une première fois lorsque Ventura et Deweare se retrouvent seuls dans le commissariat, peu avant la fin donc.

[Roilo Pintu]

Ah peut être alors.

[Major Tom]

Comme me l'a rappelé un camarade, vous oubliez qu'il y a dans Adieu poulet une séquence de poursuite qui annonce celle de Police fédérale Los Angeles. Eh oui, Demi-Lune.