Top David Cronenberg

[Père Jules]

Mise à jour de mon top. J'ai vu hier soir Scanners et ça confirme ce que je pensais: Cronenberg n'a jamais été aussi bon que dans les années 80.

[julien]

Ça on t'a pas attendu pour le savoir. Après La Mouche, il s'est pris la grosse tête et a voulu faire des films pour la critique. Il a sabordé son art en quelque sorte.

[Père Jules]

Ça on t'a pas attendu pour le savoir.

[Demi-Lune]

Ça on t'a pas attendu pour le savoir. Après La Mouche, il s'est pris la grosse tête et a voulu faire des films pour la critique. Il a sabordé son art en quelque sorte.

Étant en désaccord total avec toi, je me demande au passage si les tenants de cette lecture (Cronenberg qui aurait fait un pacte faustien avec la reconnaissance critique au détriment de la qualité de son œuvre) ne se laissent pas abuser par la dichotomie organique/psychologique qui existe dans sa filmo. Toi même tu parles d'un "après" La Mouche. Jusqu'à La Mouche inclus, Cronenberg œuvre dans le cinéma de genre pour développer ses thématiques sur le corps et l'être par le prisme horrifique, organique. Cela donne toutes ces incroyables et inoubliables séquences gore que nous connaissons - encore qu'il faudrait ne pas être trop schématique puisque Dead Zone manifestait déjà les prémices de la nouvelle approche de Cronenberg, et que l'imbrication psychique/physique émaille déjà ces développements de première période. A partir de Faux-Semblants qui est en effet un tournant évident, le cinéaste poursuit son étude sur les dérèglements cette fois-ci intériorisés de l'être, avec des approches identitaires, psychologisantes, et résolument moins physiques ou physiologiques. Il y a encore certaines images viscérales dans ses films des années 1990, mais celles-ci marquent vraiment, néanmoins, un renouvellement formel et méthodologique. Par conséquent, je trouve toujours infondé ce reproche d'une trahison de Cronenberg pour les beaux yeux de l'intelligentsia critique dans la mesure où son œuvre demeure régie par une cohérence absolue (exception faite potentiellement des Promesses de l'ombre) et que le délaissement du gore, et du cinéma de genre (qui je crois cristallise le fond du reproche), ne traduisent pour moi en rien un renoncement, mais simplement une nouvelle manière d'aborder des centres d'intérêt inchangés et qui avaient connu dans les années 1970-80 un aboutissement incomparable. Paradoxalement, en voulant revenir dans la série B trash avec eXistenZ, Cronenberg tombera pour la première fois dans le piège de la redite.

[hellrick]

Je viens de revoir Faux Semblants, j'en profite donc:

Immense chef d’œuvre :
- Videodrome

Excellent
- La mouche
- Dead Zone

Très bien:
- A history of violence
- Faux-semblants

Fort bon
(même si je suis un peu déçu si je compare au roman )
- Crash

Bien:
- Les promesses de l’ombre
- Chromosome 3
- Scanners
- eXisentz
- M. Butterfly

Plutôt sympa
- Frissons
- Rage

Bof, c'était quand même bien chiant:
- Le festin nu

Pas vu:
- Spider (je devrais)
- Fast Company (ça ne m'intéresse pas)
- Dangerous Method (j'attend le dvd)

[julien]

Il a fait cet opéra aussi d'après La Mouche qui était complètement fade tant sur le plan scénique que musical. Là aussi j'ai l'impression qu'il a voulut se donner bonne conscience auprès d'une certaine intelligentsia. Il avait là justement une formidable opportunité de détourner les conventions d'un genre complètement guindé et d'en faire un spectacle hors norme. Malheureusement, il a fait au contraire une œuvre totalement consensuelle et passéiste au possible. Non pour moi, il est vraiment out.

[Watkinssien]

[Par conséquent, je trouve toujours infondé ce reproche d'une trahison de Cronenberg pour les beaux yeux de l'intelligentsia critique dans la mesure où son œuvre demeure régie par une cohérence absolue (exception faite potentiellement des Promesses de l'ombre)

Ah dès que tu peux le placer ce film de Cronenberg, tu le places, hein ? (Film qui est absolument cohérent dans l'oeuvre de Cronenberg, au passage, à mon humble avis...

[Demi-Lune]

Film qui est absolument cohérent dans l'oeuvre de Cronenberg, au passage, à mon humble avis...

A part l'idée qu'un corps peut résumer une vie (avec la métaphore des tatouages), j'ai franchement du mal à discerner l'esprit de Cronenberg dans ce téléfilm amorphe et déjà vu, qui reste certes pas mal mais très en-deçà de ce que j'attends de la part d'un auteur de cette trempe.
Naomi Watts méritait mieux que ça !

[Harkento]

Ça on t'a pas attendu pour le savoir. Après La Mouche, il s'est pris la grosse tête et a voulu faire des films pour la critique. Il a sabordé son art en quelque sorte.

Étant en désaccord total avec toi, je me demande au passage si les tenants de cette lecture (Cronenberg qui aurait fait un pacte faustien avec la reconnaissance critique au détriment de la qualité de son œuvre) ne se laissent pas abuser par la dichotomie organique/psychologique qui existe dans sa filmo. Toi même tu parles d'un "après" La Mouche. Jusqu'à La Mouche inclus, Cronenberg œuvre dans le cinéma de genre pour développer ses thématiques sur le corps et l'être par le prisme horrifique, organique. Cela donne toutes ces incroyables et inoubliables séquences gore que nous connaissons - encore qu'il faudrait ne pas être trop schématique puisque Dead Zone manifestait déjà les prémices de la nouvelle approche de Cronenberg, et que l'imbrication psychique/physique émaille déjà ces développements de première période. A partir de Faux-Semblants qui est en effet un tournant évident, le cinéaste poursuit son étude sur les dérèglements cette fois-ci intériorisés de l'être, avec des approches identitaires, psychologisantes, et résolument moins physiques ou physiologiques. Il y a encore certaines images viscérales dans ses films des années 1990, mais celles-ci marquent vraiment, néanmoins, un renouvellement formel et méthodologique. Par conséquent, je trouve toujours infondé ce reproche d'une trahison de Cronenberg pour les beaux yeux de l'intelligentsia critique dans la mesure où son œuvre demeure régie par une cohérence absolue (exception faite potentiellement des Promesses de l'ombre) et que le délaissement du gore, et du cinéma de genre (qui je crois cristallise le fond du reproche), ne traduisent pour moi en rien un renoncement, mais simplement une nouvelle manière d'aborder des centres d'intérêt inchangés et qui avaient connu dans les années 1970-80 un aboutissement incomparable. Paradoxalement, en voulant revenir dans la série B trash avec eXistenZ, Cronenberg tombera pour la première fois dans le piège de la redite.

Complètement d'accord avec toi ! Au fil des années, ça aurait été triste que Cronenberg aborde ses thèmatiques avec toujours la même approche visuelle !!! Heureusement qu'il a évolué, qu'il vieillit et qu'il ne fait plus la même chose qu'avant. Si sa mise en scène n'avaient pas justement évoluée, on lui aurait reproché à coup sûre de faire toujours le même film. Crash et Spider - film post-la mouche - sont pour moi des films très proches de son auteur ; avec Spider, il va d'ailleurs de plus en plus s'orienter vers les métamorphoses/transformations internes, psychiques - en témoigne son dernier film. Et c'est pour cela qu'il emprunte désormais la voix du récit classique, car il a tellement fait ses preuves par le passé (années 70 et surtout 80) et tellement innové dans la forme et la représentation qu'il n'a plus a prouver son génie à qui que ce soit.

[locktal]

Pour moi :

Chefs d'oeuvre :
- Crash
- Videodrome

Très grands films :
- Le festin nu
- Faux semblants
- A history of violence

Grands films :
- Chromosome 3
- Rage
- Frissons
- La mouche
- Dead zone

J'aime beaucoup :
- Spider
- Les promesses de l'ombre
- Existenz

J'aime bien :
- Scanners
- A dangerous method

J'aime assez :
- Stereo
- Crimes of the future
- M. Butterfly

Pas vu :
- Fast company

[El Dadal]

RAaaaaaaahhhh. On devrait bannir quiconque utilise l'adjectif "organique" pour qualifier le ciné de Cronenberg!

Crash, si c'est pas du cinéma terminal, je sais pas ce qu'il vous faut les gens. C'est et intellectualisé et intériorisé et physique et viscéral (la fusion du métal et du corps humain poussant le cerveau à son paroxysme de perversité, d'abandon et de sacrifice), à mon sens, toute son œuvre tendait vers ce point limite.

Par ailleurs, certains ici semblent oublier que le monsieur à fait ses premières armes avec des films-monde extrêmement théoriques. J'en veux pour exemples Stereo et Crimes of the Future. Il n'a pas attendu Faux Semblants pour ça... A Dangerous Method peut dès lors être perçu comme une nouvelle tentative de cerner les mêmes vieilles thématiques, mais via un prisme encore différent, celui de la véracité historique. Le cadre dicté devient le vrai sujet du film (mais pas comme dans Spider -seul film de sa carrière que je considère "froid"-, où c'était aux procédés cinématographiques d'en révéler le vrai contenu).

[Watkinssien]

Film qui est absolument cohérent dans l'oeuvre de Cronenberg, au passage, à mon humble avis...

A part l'idée qu'un corps peut résumer une vie (avec la métaphore des tatouages), j'ai franchement du mal à discerner l'esprit de Cronenberg dans ce téléfilm amorphe et déjà vu, qui reste certes pas mal mais très en-deçà de ce que j'attends de la part d'un auteur de cette trempe.
Naomi Watts méritait mieux que ça !

En parlant de Naomi Watts, son rôle n'est pas aussi insignifiant que cela... Le choix de l'actrice et de sa blondeur et le métier de son personnage sont utilisés consciemment comme une incarnation de l'antidote qui parvient à "soigner" un monde tentaculaire et vicié, aux codes extrêmement établis. Le personnage de Mortensen, mi-ange, mi-démon, prend cas qu'il peut arriver à ne pas se perdre grâce à l'innocence et à la pureté de cette sage-femme... Rien que cette allégorie conductrice me permet de voir le cinéaste Cronenberg à l'oeuvre, en plus de la violence graphique, en plus des tatouages (qui, lors de la splendide séquence de combat dans le bain turc, sont abîmés par des armes blanches, donc sont annulés et démontrent la fausse vie du personnage du héros)... Et la mise en scène à la fois frontale, glaciale, élégante, capable aisément de varier les tons, surpasse tout téléfilm de luxe...

[julien]

Crash, si c'est pas du cinéma terminal, je sais pas ce qu'il vous faut les gens. C'est et intellectualisé et intériorisé et physique et viscéral (la fusion du métal et du corps humain poussant le cerveau à son paroxysme de perversité, d'abandon et de sacrifice), à mon sens, toute son œuvre tendait vers ce point limite.

C'est nul de chez nul Crash. Un alignement de platitudes et des acteurs complètement à côté de la plaque, filmés à un rythme de gastéropode arthritique. Le type même de cinéma que les universitaires de première année adorent interpréter parce qu'ils y retrouvent pèle mêle, toutes les symboliques freudiennes les plus rabattus. Libido, Eros, Thanatos, Pulsion de Mort et tutti quanti.

[Thaddeus]

Je suis bien évidemment en tout point d'accord avec les démonstrations de Demi-Lune, Harkento et autres El Dadal concernant l'évolution passionnante de la carrière du bonhomme... mais est-il besoin de le préciser ?

Le choix de l'actrice et de sa blondeur et le métier de son personnage sont utilisés consciemment comme une incarnation de l'antidote qui parvient à "soigner" un monde tentaculaire et vicié, aux codes extrêmement établis. Le personnage de Mortensen, mi-ange, mi-démon, prend cas qu'il peut arriver à ne pas se perdre grâce à l'innocence et à la pureté de cette sage-femme...

Le problème pour moi est justement que ce personnage (comme la plupart des autres) ne se définit que par sa fonction, que tu expliques parfaitement bien d'ailleurs. Elle n'est qu'un véhicule d'intentions, elle symbolise une "notion" dans le film (comme Cassel en symbolise une autre, Mueller-Stadt également, et même Mortensen en sa qualité de carrefour tectonique des différentes lignes de force du récit et de ses enjeux). Mais à aucun moment je n'ai l'impression de sentir le personnage vivre au-delà de ce qu'il est censé représenter (l'innocence/la bonté/la pureté). Or j'aime quand les personnages se distinguent par leur nature et le caractère évolutif de celle-ci, et non par leur simple fonction. Chose sur laquelle Cronenberg a toujours été très fort dans ses autres films.
Après, je ne sais pas, je suis peut-être passé complètement à côté...

[Watkinssien]

Non, je ne pense pas que tu sois passé à côté... C'est seulement ce concept de personnage d'incarnation, particulièrement chez celui incarné par Naomi Watts, que tu ne préfères pas, on va dire...Je peux comprendre cet aspect d'ailleurs.