Les films documentaires

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Les films documentaires

Message par Flol »

Quelqu'un a-t-il déjà entendu parler de ce film ?
The Killing of America

Un film jamais sorti, jamais distribué, jamais diffusé, apparemment trop violent et trop choquant. Ça vous parle ?
Et je me rends compte qu'il est disponible sur le Tube :

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Jeremy Fox
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Re: Les films documentaires

Message par Jeremy Fox »

Sur le chemin de l'école : Pascal Plisson 2012

Au Kenya, au Bengale, dans les montagnes de l'Atlas et en Patagonie, le cinéaste filme des enfants se rendant à leurs écoles respectives. Pour la plupart c'est à chaque fois une véritable aventure, les jeunes kenyans par exemple devant traverser à pied la savane en évitant éléphants et autres animaux sauvages. Autant dire que le danger est là à chaque buisson et qu'ils risquent quotidiennement leur vie pour aller s'éduquer.

L'idée était certes intéressante surtout pour faire se rendre compte aux jeunes occidentaux à quel point certains sont capables de tout braver pour accéder à l'éducation, mais à mon avis c'était plutôt idéal pour un sujet du 13 heures, pas nécessairement étiré comme ça pour le grand écran sur 74 minutes. Non pas que ce soit ennuyeux (d'autant que les paysages traversés sont magnifiques) mais ce n'est guère captivant non plus une fois que l'on a compris les finalités. La façon de monter le film ne m'a pas forcément convaincu non plus. J'aurais préféré plus de sobriété à la Depardon en fait ; on se serait sans doute senti plus proches des enfants filmés qui jouent parfois trop devant la caméra. Tout à fait honorable mais guère passionnant.
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Re: Les films documentaires

Message par bruce randylan »

En ce moment, la cinémathèque organise une rétrospective sur François Reichenbach, documentariste désormais oublié (les séances sont presque désertes :cry: ) mais qui connu quand même son heure de gloire entre prix du court-métrage à Cannes, Prix Louis Delluc, palme d'or et un oscar du meilleur du meilleur documentaire ! :o

Son nom m'intriguait depuis quelques temps puisqu'on le croisait dans les filmographies de Chris Marker (qui écrivit le commentaire de l'Amérique insolite) et d'Orson Welles (avec qui il co-réalisa Vérités et mensonges).

Sur les 5 séances que j'ai pu faire, il y a au moins un incroyable chef d'oeuvre : Houston Texas (le prix d'une vie, retour à Houston) datant de 1979

Reichenbach avait déjà filmé la cité en 1956 dans Houston Texas[/b, un court-métrage (sympathique) de 10 minutes évoquant la naissance fulgurante de la ville grâce aux découvertes des champs de pétrole. Il y revient plus de 20 ans plus tard pour suivre les policiers en patrouille alors que la ville est considérée comme la plus dangereuse des USA à cause de son nombre considérable de décès par armes à feu. C'est à ce moment qu'un policier se fait abattre par un homme en fuite. Le cinéaste saute sur l'occasion pour suivre la progression de l'enquête et rencontrer ainsi le coupable, un jeune adulte blanc qui n'a presque connu que les centres de redressement et la prison. Cet homme désemparé et paumé sait parfaitement que c'est la peine de mort qui l'attend.

C'est avant tout le regard de Reichenbach qui frappe. Il colle au plus près des policiers, ne cherche jamais à faire oublier sa présence sans imposer sa caméra et se pose comme un témoin sans jamais juger ce(ux) qu'il filme. Sans commentaire de sa part, on comprend qu'il se passionne pour cette affaire, pas pour sa dimension sensationnelle mais pour ce qu'elle évoque de la société américaine et des personnes qu'elle met en place. Il cherche à comprendre le fonctionnement de la police, comment enquête la police et surtout ce que ressent le présumé coupable.

La première partie retranscrit bien cette sorte d’excitation à être sur le terrain, à suivre la progression de l'affaire, à décrire le caractère de l'inspecteur (un homme plutôt posé et compréhensif ; loin de l'image de cowboy réactionnaire qu'on s'image pour le Texas). La forme est alors très cinématographique avec son blues à la Muddy Waters signé JJ Milteau tout en respectant les codes du documentaire télévisuel.
Mais quand on se rapproche de l'arrestation du suspect en fuite, qu'on en dessine le portrait, le cinéaste prend conscience de ce que impliquera l'issu du procès.
Le style change alors, il se fait plus hésitant et beaucoup plus ému. Intimidé et ému par la rencontre, Reichenbach n'arrive pas à poser des questions au meurtrier quand il parvient à se trouver dans le même pièce que lui. Il parvient seulement à lui demander ce qu'il ressent, tandis que ce dernier, effondré, entre fragilité et stress, ne parvient pas à trouver les mots non plus.
Le cinéaste part en recherche des membres de sa famille pour se renseigner sur sa nature. Les réponses oscillent entre les tardifs "on n'a jamais su lui donner de l'amour" et les glaçants "je fiche qu'il soit exécuté. C'est mérité pour un tel déchet".

Là où le cinéaste se montre fort, c'est que son film n'opte jamais pour une démarche unilatéral. Dès qu'il sent qu'on pourrait prendre en pitié l'assassin (et c'est facile tant il ressemble à un oiseau apeuré), il contre-balance immédiatement avec un témoignage qui vient rappeler la nature du jeune homme, ses récidives perpétuels et tout simplement la mort d'un policier (la comparaison d'une avocate avec une souris dans une maison qu'on est forcé de tuer est tétanisante, cynique... et malheureusement pertinente). A l'inverse, il peut aussi glisser un interview du père de sa victime qui déclare lui pardonner (sa femme à côté possède un visage plus fermé qui indique qu'elle ne partage pas son point de vue)

Le spectateur est ainsi livré face à sa propre vision des faits, à ses convictions, sa moralité... qui sont remises en question perpétuellement.
Une grande oeuvre intelligence et d'une humanité bouleversante porté par "don't take you gun to town" de johnny Cash qui revient en ritournelle.

Les mains tremblantes, le yeux rouges et les cheveux hirsutes de ce future condamné à mort me sont désormais inoubliable.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: Les films documentaires

Message par Helena »

Ukraine Is Not a Brothel de Kitty Green
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C'est la seconde fois que je vois ce documentaire et il est toujours aussi intéressant, touchant et il doit être vue selon moi. Déjà, techniquement, le film est superbement monté, c'est fluide, non chaotique, bref déjà pour la forme l’œuvre est irréprochable. On suit le parcours de quatre membres principaux du groupe: Inna Shevchenko, Sasha Shevchenko, Anna Hutsol et Oksana Shachko, même si les plus connues restent les deux premières femmes. Oui le Femen est un groupe complexe et justement aux nombreux paradoxes, mais quelle organisation aujourd'hui ne l'est pas? Le groupe des Femen en tout cas est ici très accessible, elles apparaissent comme elles sont vraiment et pas comme l'image que veut en donner les médias, du moins elle sont comme celles que je côtoie au quotidien. La réalisatrice propose en tout cas une très bonne introspection du groupe, elle a passée plus d'un an avec les filles, à Kiev. Le tout nous étant proposé d'une manière très accessible pour ceux et celles qui ne connaissent pas très bien le groupe... enfin je pense.On sent en tout cas que le sujet lui tient à cœur et c'est un documentaire possédant une vraie portée cinématographique. On sent que la réalisatrice a étudiée son cinéma, elle ne voulait pas proposer un quelconque documentaire sans message, qui s'oublie aussi vite que n'importe quelle documentaire classique et on peut dire qu'elle a vraiment réussie son coup pour mon plus grand plaisir. Si vous voulez trouver le DVD, il existe dans une version Italienne pour une vingtaine d'euros environs.
Kitty Green débute son œuvre de manière très spéciale, donnant un pu le ton du documentaire, c'est assez énigmatique, on y voit 'un homme portant un masque de lapin, symbole revenant souvent dans les manifestations/protestations du groupe. Elle enchaine directement avec une membre du groupe, montrant en quelque sorte les deux facettes de ce groupe, sa lutte principale, et ce qu'elles sont elles, ce qu'elles représentent aux yeux de beaucoup de monde, beaucoup de femmes. Notre Femen est magnifique et en même temps elle fait très femme fatale en quelque sorte, mais pas volontairement. Cette image qu'elle véhicule, c'est le mystère qui se dégage d'elle qui donne cette sensation. On voit très bien qu'elle ne porte rien sous ses vêtement et c'est ce qui donne cette sensation. En tout cas ce que nous montre la réalisatrice est certes nappé de mystère, mais pourtant c'est tout simple. Notre Femen rentre chez elle, assis dans un taxi après avoir fait son travail en quelque sorte. Elle va laver le texte écrit en peinture sur son corps, une autre chose très commune au groupe et qui bien que critiqué, fonctionne, enfin pour moi cela fonctionne vu qu'on en parle et ma foi utilisé les armes des ennemis afin de faire passer un message, ce n'est peut-être pas toujours reluisant, mais au moins c'est efficace. Le tout en cas est bien rythmé par le sublime Raspoutine de Boney M (bon là par contre je peux comprendre que vous n'êtes pas d'accord avec moi ^^) d'ailleurs toute la bande-son du documentaire, sans effacer ou être utilisé comme cache-misère fonctionne très bien et donne vraiment du rythme au documentaire.
La réalisatrice continue de présenter l'univers des filles en portant son regard sur le chauffeur qui conduit notre Femen chez elle. On nous montre également ce qui représente tout ce qui ne va pas via quelques petits éléments (la représentation de la religion, l'homme. Les hommes dominent la société et elles luttent contre ce système. Bref le cadre est exposé aux spectateurs, c'est simple, mais efficace.
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Ce que j'aime dans le documentaire c'est qu'on nous présente les femmes du groupe comme elles sont réellement, bien entendu la réalisatrice mélange ce qu'elle a eu l'occasion de filmer pendant tous ses mois, des femmes fragiles d'apparences, magnifiques ou laides selon les critères, mais fortes et belles pour leurs engagements. La réalisatrice mélange cela avec des scènes de protestations ou on voit bien que leur manière de faire dérange et donc on voit des scènes ou elles sont réellement maltraitées, non mais sincèrement il y a des moments elles sont littéralement en état de choc et cela justement ne choque pas les personnes responsables. Les répressions les plus violentes étant faites en Ukraine justement, ou je le rappelle elles peuvent connaitre un sort horrible si certaines d'entre elles y retournent, notamment être envoyés dans des prisons-camps digne de Guantánamo. "L'Ukraine est pas un bordel" contrairement à ce que peuvent penser les rustres, heureusement ce n'est pas le cas de tout le monde et je sais que sur ce forum les gens sont ouverts. La réalisatrice et les filles parlent en premier lieu de l'Ukraine et de la situation des femmes (qui malheureusement ne c'est pas arrangé avec le conflit qui détruit le pays) et de la situation des femmes, mais aussi celui des femmes en Russie, Pologne et autres pays à l'Est de l'Europe. C'est triste de voir que toutes n'ont pas les mêmes droits et quand je vois certaines images, je comprend mieux le choix de mes grands parents de ne pas rester à l'Est. J'aime mes origines, mais je ne sais pas si je me sentirai capable de lutter au quotidien comme c'est le cas de certaines femmes. Pour beaucoup les slaves sont des esclaves, combien de fois j'entends par semaine le fait que les femmes de l'Est sont des s*lopes, qu'elles sont bonnes, qu'elles aiment le sexe. J'ai même déjà eu l'occasion d'entendre qu'elles font de parfaites prostituées. Non mais sérieusement, est ce que les gens réalisent ce qu'ils disent ou pensent en affirmant de telles choses? Est ce qu'ils imaginent les conséquences? Je ne suis pas une experte en ce qui concerne tout ce qui est chiffre et autre, mais je sais qu'une grande partie des femmes devant se prostituer sont originaires de l'Est.
Ce n'est pas le seul coin du monde évidemment, mais beaucoup viennent de ce pays. Je ne sais pas si certains d'entre vous ont déjà eu l'occasion de se rendre en Russie, quand tu pars dans la nuit dans ce qu'on appelle les artères (donc en périphéries des autoroutes, on peut acheter des femmes pour la nuit ou être abordé pour savoir à combien on se vend. C'est une expérience vraiment horrible.
Bref, ici, la réalisatrice nous montre le combat essentiel de notre groupe en présentant ce dont je vous parle précédemment, les origines en quelque sorte de ce mouvement vient des troubles de l'Est, sauf que les problèmes en question sont bien plus importantes, car internationales.
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C'est touchant en tout cas de voir les filles au quotidien et même amusant car cela donne une autre vision des filles et du combat, surtout que la réalisatrice présente un personnage de l'ombre, un personnage très controversé, mais qui pour moi, même s'il a eu une influence, n'est en rien représentatif des origines du groupe, du financement par exemple. Victor Svyatski intervient à plusieurs reprises durant le documentaire, interrompant d'ailleurs à plusieurs reprises les filles dans ce qu'elles veulent dire, je dois dire que cela m'a agacée car ils représentent de nombreuses choses que je n'apprécie pas réellement chez cette personne. Ces propos sont d'ailleurs vraiment étranges vu qu'en soit ils déforment en partie le combat des filles et surtout ils dénigrent le groupe, alors qu'il est en partie derrière, c'est illogique, après c'est peut-être moi qui n'arrive pas à comprendre ou il veut en venir ce qui est possible.L'influence patriarcale est le thème principal et ce pourquoi les filles luttent, elles n'en veulent pas et on peut les comprendre, comme vous dites en France, le changement c'est maintenant. Ici la réalisatrice montre réellement pourquoi la lutte des filles est nécessaire pour faire avancer les choses. Vous pouvez juger qu'elles s'éparpillent un peu trop, que par moment elles peuvent manquer d'arguments, mais pour moi les actes sont plus importants que les mots et on peut dire quand même qu'elles agissent de manière radicale, notamment en France depuis quelques temps contre le FN.
Il y a aussi quelques contradictions aux yeux des gens quand certaines des Femen montrent ce qu'elles font dans leur vie, comme par exemple du strip-tease. Je ne vois pas en quoi faire du strip-tease serait en contradiction avec du féminisme, surtout quand c'est dans le domaine de l'art et pas dans un bar bordélique. Les gens n'arrivent pas à faire la différence, je suis danseuse et strip-teaseuse, je suis féministe, membre du Femen dans mon coeur, bref je veux dire que c'est peut-être contradictoire en soit, mais tu fais avec ce que tu as, et comme beaucoup de femmes du groupe, elles ont des diplômes, ce ne sont pas filles idiotes, peut-être que certaines le sont, mais comme dans tous les groupes. Je sais qu'avoir des diplômes ne veut pas dire qu'on est intelligent, qu'on a du génie, mais ce que je veux dire c'est que le groupe a des femmes intelligentes en son sein et que même si le travail de certaines peuvent être en contradiction avec le combat du Femen, c'est provisoire et si certaines pouvaient faire autrement, et bien ce serait le cas... mon dieu j'ai l'impression de militer sur le forum ^^, ce n'est pas le cas, je vous rassure. Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas de contradiction quand on connait le contexte et qu'on les connait elles.
Je pense que la partie la plus éprouvante du documentaire reste le moment ou certaines filles racontent comment elles ont été arrêtés, dépouillé de leurs biens et de leurs identités, physiquement abusés par ces gens qui sont censés représentés l'autorité, des protecteurs, couverts d'essence et d'autres produits qu'on ne citera pas et obligés de fuir le pays à travers une forêt de froid glacial la nuit. Dit ainsi cela peut sembler très cinématographique, mais c'est la vérité et c'est horrible que cela peut arrive encore aujourd'hui à certaines femmes en Europe et même dans le monde en général.
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La réalisatrice apporte beaucoup en tout cas à cette oeuvre, elle montre tous les aspects e ce groupe et de ses membres, comme je l'ai dit, on les voit dans leur intimité (on les voit prendre des douches, c'est tout con, mais ça permet de désexualisé les femmes du groupe, de montrer que ce ne sont pas seulement des bimbos (ce qui représente même pas la moitié du groupe à travers le monde) et que ce sont des femmes comme les autres.
Elle joue aussi beaucoup sur l'ambiance avec ses musiques, et en dehors de Boney M qui montre via Raspoutine le combat, notamment l'utilisation de Zoe Barry et Jed Palmer pour ne citer qu'eux. Cela confère à la fois un côté authentique au documentaire et une véritable ambiance.
Bref j'espère que cela vous donnera envie de découvrir le documentaire en tout cas, moi j'ai encore passée un bon moment et j'espère que les gens qui verront ce documentaire auront une autre vision de qui sont les Femen.
10/10
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hellrick
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Re: Les films documentaires

Message par hellrick »

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Un bon moment avec même un happy end pour retracer la carrière d'Anvil, éternel has been du heavy metal. Constat assez lucide (notamment la copine qui dit "quand on sort 13 albums, qu'on a 30 ans de carrière et qu'on a du mal à avoir 100 personnes à un concert c'est pathétique) mais avec un happy end (ouf) et puis ils sont plutôt sympas nos Spinal Tap en vrai.

Cela dit le manque de chance et de support des médias n'expliquent pas tout, faut quand même avouer que leur musique est souvent basique et générique (enfin j'ai pas les 15 albums non plus mais de ceux que j'ai c'est pas non plus la gloire)
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Re: Les films documentaires

Message par Federico »

bruce randylan a écrit :En ce moment, la cinémathèque organise une rétrospective sur François Reichenbach, documentariste désormais oublié (les séances sont presque désertes :cry: ) mais qui connu quand même son heure de gloire entre prix du court-métrage à Cannes, Prix Louis Delluc, palme d'or et un oscar du meilleur du meilleur documentaire ! :o .
C'est bien triste mais ne m'étonne hélas pas. Le documentaire reste le parent pauvre et oublié du cinéma alors que le genre a produit d'innombrables pépites et ce dès l'âge du muet. Aujourd'hui, seul le nom de Michael Moore (et peut-être Raymond Depardon) peut parler au grand public.
A voir aussi, l'impressionnant La sixième face du pentagone que tournèrent Reichenbach et Chris Marker en 1967 lors des manifestations contre la guerre au Vietnam :
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Rockatansky
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Re: Les films documentaires

Message par Rockatansky »

hellrick a écrit :Image

Un bon moment avec même un happy end pour retracer la carrière d'Anvil, éternel has been du heavy metal. Constat assez lucide (notamment la copine qui dit "quand on sort 13 albums, qu'on a 30 ans de carrière et qu'on a du mal à avoir 100 personnes à un concert c'est pathétique) mais avec un happy end (ouf) et puis ils sont plutôt sympas nos Spinal Tap en vrai.

Cela dit le manque de chance et de support des médias n'expliquent pas tout, faut quand même avouer que leur musique est souvent basique et générique (enfin j'ai pas les 15 albums non plus mais de ceux que j'ai c'est pas non plus la gloire)

C'est également ce que j'ai ressenti, le docu est sympa, mais sa volonté de nous faire croire à un groupe de métal mythique qui n'a juste pas eu de chance était un peu limite, mais les personnages sont attachants.
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Re: Les films documentaires

Message par Jeremy Fox »

En avril 1968, Dominique Benicheti commence le tournage d'un court métrage documentaire, Cousin Jules, qui s'attache au quotidien d'un couple de paysans de Bourgogne. Passionné de technique, il le tourne en 35mm Techniscope et en son stéréophonique, ce qui pour l'époque est une véritable prouesse au regard de l'économie du film. Il tournera finalement pendant cinq années ce qui deviendra au final un long métrage récompensé par le Prix Spécial du Jury au Festival International du Fillm de Locarno. Une oeuvre importante du cinéma documentaire étonnamment tombée dans l'oubli. Sa réédition ce mercredi dans une magnifique copie numérique restaurée est enfin l'occasion de redécouvrir cette oeuvre somptueuse portée par des images en scope rappelant le travail des peintres du XIXème siècle.
La News de la reprise en salles

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Re: Les films documentaires

Message par locktal »

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A la folie (Wang Bing, 2013, sortie cinéma 11 mars 2015)

Une expérience éprouvante qui décrit frontalement le quotidien des détenus d'un hôpital psychiatrique de la région du Yunnan en Chine, dont on ne ressort pas indemne. Wang Bing plonge le spectateur durant 3h47 dans l'enfer de cet hôpital, où les hommes vivent dans des conditions extrêmes (pas de douches, pas de WC), un peu à la manière du grand documentariste américain Frederick Wiseman (pas de voix off, pas d'intrusion du cinéaste, pas d'interviews), permettant ainsi une immersion totale.

D'ailleurs, Wang Bing ne sort quasiment jamais du premier étage de l'hôpital, ce qui donne l'impression au spectateur de côtoyer vraiment ces individus en marge, et les seuls écarts à ce dispositif rigoureux sont totalement justifiés, ce qui permet d'élargir notre regard et d'ancrer le film dans une Chine à deux vitesses, en pleine reconstruction, mais qui laisse sur le bord du chemin de nombreuses personnes qui ne rentrent pas dans les "normes". Il filme les gestes dans les moindres détails, qu'ils soient utiles ou inutiles, mais donnant toujours une identité et une dignité à celui qui l'effectue : d'ailleurs on finit par ne plus distinguer l'utile de l'inutile, on voit juste des hommes qui persévèrent, qui résistent, qui protestent, même si cela doit les mener nulle part.

Si au début, il semble que les scènes s'enchaînent de manière un peu chaotique, tout le film s'éclaire au fur et à mesure jusqu'au terrible texte final, qui remet en question tout ce qui a été montré auparavant. Wang Bing ne porte pas de jugement et regarde ces laissés pour compte avec humanisme et sans pathos.

Dans cet univers clos, proche de l'univers carcéral, des histoires finissent par se tisser entre les détenus et nous touchent par leur simplicité. Là un couple qui s'enlace à travers les grilles, ici un jeune homme qui court à perdre haleine à travers les couloirs de l'étage, sans but, mais qui continue à avancer coûte que coûte, même pour aller nulle part,... Et des liens se révèlent, des rapprochements, des complicités font leur apparition, jusqu'à un plan final tétanisant qui fait écho au premier plan du film mais qui montre une évolution, peut-être même une révolution.

A la folie s'inscrit parfaitement dans l'oeuvre déjà magistrale de Wang Bing (A l'ouest des rails, Fengming - Chronique d'une femme chinoise, Le fossé, Les trois soeurs du Yunnan) et en constitue le logique prolongement. C'est un cinéma du mouvement, de l'homme en marche, envers et contre tout...
Bref, c'est un film tétanisant, qui malgré sa longueur, sa radicalité et son absence de concession, mérite absolument d'être découvert, et qui assoit définitivement Wang Bing comme l'un des plus grands documentaristes contemporains !
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Re: Les films documentaires

Message par Jeremy Fox »

Après la chronique du Cousin Jules repris récemment dans les salles, un portrait du cinéaste Dominique Benichetti par Cédric Thomas.

Et puis nous abordons aussi brièvement la sortie en salles de Edgar Morin, chronique d'un regard
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Re: Les films documentaires

Message par Jeremy Fox »

Un documentaire naphta et même muet chroniqué par Olivier Bitoun : L'épopée de l'Everest de John Baptist Lucius Noel, sorti en DVD chez UFO.
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Pas de rubrique documentaires ?

Message par lucifershalo »

Pas d'amateurs de documentaires?
connaissez-vous un forum qui parlerait des documentaires en Blu-Ray et DVDs ?
Principalement des docus Nature (BBC World et autres), scientifiques et astronomie
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Re: Les films documentaires

Message par 7swans »

Frénésie de rangement, je copie/colle ici mon avis sur le dernier documentaire de Ben Hopkins :

Pas mon film du mois, impossible de détrôner Une Histoire Immortelle d’Orson Welles, bien partie pour survoler l’année, mais gros coup du cœur pour le documentaire de Ben Hopkins : Hasret.

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Plongée au cœur d’Istanbul, ce film documentaire en poupée russe, vient interroger les mythes d’une ville aux multiples visages, mystérieuse à bien des égards, envoutante, vampirisant les esprits créatifs, jusqu’à la déraison. Le documentaire commence par une étude sociologique, historique de la ville, sa gentrification et son urbanisme, s’aventurant dans des quartiers loin de la carte postale, mais se transforme progressivement en fantasme nocturne, en poésie vénéneuse, en un conte plein de fantômes, d’amour perdu et de folie destructrice. Toujours avec cet humour anglais typique du bonhomme.
Le documentaire et la fiction se mélangent pour mieux décrire, faire ressentir, l’aura, l’atmosphère d’une ville multiculturelle à l’histoire chargée de sens et surtout de mythes.
Les 30 dernières minutes sont absolument fascinante.

S'il y a des curieux, la BA :


Ben Hopkins sur son film :
It’s as if I was painting the city on canvas, starting with a photographic image and slowly degrading that into a much more abstract painting.
‘Well, it’s a documentary about Istanbul, but it’s also a documentary about the process of making a documentary. I’m lucky in that I have a body of work that is well-regarded, which allows me to do films like this.
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Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Re: Les films documentaires

Message par Kevin95 »

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REWIND THIS ! (Josh Johnson, 2013) découverte

Projet cousin d'Adjust Your Tracking à l'ambition similaire : titiller la fibre nostalgico-geek de la VHS. Même forme, même reprise d'artefacts du support pour faire pleurer le trentenaire, mêmes intervenants et parfois de mêmes extraits et de mêmes anecdotes. Dur de différencier les deux à priori, mais si le film de Dan M. Kinem et Dan M. Kinem se concentrait exclusivement sur le monde cocasse et flippant des collectionneurs, tous plus ou moins célibataires, le film de Josh Johnson vise un champ un peu plus large que celui des diggers et vise à faire l'Histoire de la consommation de film à domicile. Entre deux nerds, des spécialistes précisent les bouleversements engendrés par ce type de rapport au film, les dégâts quant au ration original des métrages (reste un nostalgique hardcore et de mauvaise foi avouant préférer les version 4/3 de Pat Garrett and Billy the Kid) ou l'origine de certaines sautes (une séquences boobs et les vidéos ne tiennent plus). Plus intéressant que les sempiternelles historiettes de collectionneurs, le film se conclut sur la question de l'immatérielle et sur le devenir du patrimoine cinématographique. Pas con donc, faut juste passer la séquence avec le Ed Wood du pauvre qui passe son temps à hurler à la caméra et qu'on rêve d'embrasser avec une pelle.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Rockatansky
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Re: Les films documentaires

Message par Rockatansky »

J'avoue que même en ayant grandi cinématographiquement avec la VHS que je n'ai aucune nostalgie de ce support à la qualité déplorable
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