Les films documentaires
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Re: Les films documentaires
Ici c'est à l'américaine, ils en font trois tonnes comme si une vidéo recadrée était une pièce d'Histoire.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
- Jeremy Fox
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Re: Les films documentaires
Reprise dès aujourd'hui en salles grâce à Carlotta de The Endless Summer de Bruce Brown.
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Re: Les films documentaires
Je suis d'accord avec toi concernant les qualités de documentaire qui passe à toute vitesse, malgré les 3 heures. Il existe une sorte de suite sur l'édition Z1 chez Criterion, où on apprend que plusieurs membres des familles des jeunes hommes sont décédés en quelques années, soit à cause de rixes, de trafics de drogues...Colqhoun a écrit :Hoop Dreams | Steve James
Hoop Dreams, c'est l'histoire de deux gamins qui passent leur temps à faire du basketball et qui se retrouveront embarqués dans la danse des sélections, des tournois inter-écoles et autres transactions absurdes pour des gamins de leur âge. Mais Hoop Dreams c'est aussi une bonne dose de questionnements sur les inégalités, l'éducation, les valeurs de l'Amérique, la séparation des classes et grosso modo tout ce qui se trouve entre ces deux kids et leur rêve: rejoindre la NBA.
Couvrant une période de quasiment 8 ans, le film retrace, en un peu moins de 3 heures, une bonne partie de la vie de Arthur Agee et William Gates, chacun essayant de rejoindre de bonnes écoles (comprendre, des écoles majoritairement blanches) pour pratiquer leur sport favori à un plus haut niveau. Ce sera le début d'une longue période de victoires, de miracles, de frustrations, de défaites et autres blessures.
On suit alors non seulement les deux basketteurs, mais aussi leurs familles respectives, leurs entraîneurs (dont celui de St-Joseph Highschool qui ne manque pas de faire penser au personnage de Al Pacino dans Any Given Sunday: un italo-américain fou furieux, complètement possédé par son amour du sport), leurs potes. Et parce que ces familles vivent dans des quartiers clairement défavorisés (comme le tristement célèbre quartier de Cabrini Green, dans lequel fût tourné Candyman), on y retrouve tous les problèmes inhérents à ces endroits. Le père de l'un des deux garçons fera d'ailleurs un peu de temps en prison pour trafique de drogue et braquage. Beaucoup de misère, mais des personnages hauts en couleurs, fascinants et surtout très attachants. La triste destinée de certains d'entre eux ne fera que ramener toute cette histoire dans une réalité bien souvent trop douloureuse.
Hoop Dreams est le témoignage d'une histoire de volonté, qui poussera ces deux garçons hors d'un chemin qui semblait déjà tout tracé pour eux et qui les amènera à se réaliser pleinement. Immense découverte, dont les 3 heures passent à une vitesse folle.
Heureusement, William Gates et Arthur Agee s'en sont bien tirés.
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Re: Les films documentaires
Le pays des sourds : Nicolas Philibert 1992
10 ans avant le superbe Etre et avoir, Nicolas Philibert avait déjà procédé de la même manière avec les sourds et malentendants de toutes générations qu'avec les élèves de maternelle de son grand succès public, à savoir les filmer pendant une longue période et parfois les interroger sans jamais émettre de commentaires ni jugements. Au début on se dit que ça va être difficile de suivre le langage des gestes durant 90 minutes puis au fur et à mesure on s'intéresse et on s'attache aux différentes personnes suivies pour se retrouver à la fin du film sans avoir vu le temps passer. Preuve d'une sacré réussite même si la thématique n'est pas censée captiver tout le monde.
10 ans avant le superbe Etre et avoir, Nicolas Philibert avait déjà procédé de la même manière avec les sourds et malentendants de toutes générations qu'avec les élèves de maternelle de son grand succès public, à savoir les filmer pendant une longue période et parfois les interroger sans jamais émettre de commentaires ni jugements. Au début on se dit que ça va être difficile de suivre le langage des gestes durant 90 minutes puis au fur et à mesure on s'intéresse et on s'attache aux différentes personnes suivies pour se retrouver à la fin du film sans avoir vu le temps passer. Preuve d'une sacré réussite même si la thématique n'est pas censée captiver tout le monde.
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Re: Les films documentaires
UP !
Vous avez vu le doc sur Stanislav Petrov hier soir ? (sur ARTE)
Le lieutenant-colonel soviétique qui n'a pas déclenché la riposte nucléaire à un tir de missiles américains annoncé par ses ordinateurs (nuit du 25 au 26 septembre 1983).
Si j'en parle, c'est que -- n'ayant pas de programme télé -- j'ai pensé tout du long que la partie contemporaine était une reconstitution avec des comédiens ! J'ai commencé à avoir un doute à partir de l'apparition de Matt Damon et Robert DeNiro. Et j'ai encore plus douté quand j'ai vu Kevin Costner le recevoir sur un tournage (edit : le tournage de "Coast Guards").
Enfin bref : étonnante / épatante la fictionnalisation du truc (parce que j'ai du mal à croire que ses cacas nerveux à répétition n'aient pas été mis en scène... idem pour les retrouvailles avec sa mère... d'autant qu'il y avait souvent une caméra filmant la caméra).
Vous avez vu le doc sur Stanislav Petrov hier soir ? (sur ARTE)
Le lieutenant-colonel soviétique qui n'a pas déclenché la riposte nucléaire à un tir de missiles américains annoncé par ses ordinateurs (nuit du 25 au 26 septembre 1983).
Si j'en parle, c'est que -- n'ayant pas de programme télé -- j'ai pensé tout du long que la partie contemporaine était une reconstitution avec des comédiens ! J'ai commencé à avoir un doute à partir de l'apparition de Matt Damon et Robert DeNiro. Et j'ai encore plus douté quand j'ai vu Kevin Costner le recevoir sur un tournage (edit : le tournage de "Coast Guards").
Enfin bref : étonnante / épatante la fictionnalisation du truc (parce que j'ai du mal à croire que ses cacas nerveux à répétition n'aient pas été mis en scène... idem pour les retrouvailles avec sa mère... d'autant qu'il y avait souvent une caméra filmant la caméra).
Dernière modification par Commissaire Juve le 8 août 18, 16:50, modifié 1 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Les films documentaires
Tu m'intrigues là...
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Re: Les films documentaires
J'ai oublié de dire que le Stanislas "contemporain" (encore plus tête de cochon que moi) était le vrai Stanislas. J'ai attendu 1h17 du mat pour vérifier sur le générique de fin.
Mais vous m'aviez peut-être compris.
N'empêche, on a failli tous y passer ce soir-là !
Mais vous m'aviez peut-être compris.
Qu'est-ce à dire ?Torrente a écrit :Tu m'intrigues là...
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Re: Les films documentaires
Que ça a l'air intéressant et que j'ai envie de découvrir ça
- Arn
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Re: Les films documentaires
Découverte hier soir de Grizzly Man (2005) de W. Herzog. Il se base sur des images filmés par Timothy Treadwell, le "Grizzly Man" qui est allé passé 13 été à vivre au milieu des ours en Alaska, jusqu'à mourir par l'un d'eux, avec sa compagne.
Film assez fascinant. Treadwell est un personnage difficile à cerner, entre egotrip, mise en scène de lui même, vrai sensibilité face à la vie sauvage. Alors quand on rajoute une couche de Herzog par dessus ça donne quelque chose d'encore plus "WTF", avec une série de témoignages souvent très étranges.
Ca donne vraiment un ton à part au film. Un autre point qui m'a marqué c'est que Herzog se permet de donner son point de vue, mais à deux reprises, et de manière très lapidaire : le vie c'est le chaos, et la civilisation c'est de la merde. En gros. Mais on le sent tout comme nous assez fasciné par Treadwell, quand bien même il est en désaccord avec sa vision des choses.
Et d'ailleurs plusieurs interview vont contre dire la démarche du Grizzly Man qui se posait en dernier rempart pour défendre les ours, en soulignant le fait que pénétrer leur environnement, les habituer à la présence humaine, refuser les contraintes du parc naturel, allait à l'encontre de sa démarche protectrice.
Bref assez passionnant, avec des images superbes, juste dommage que la qualité de celle ci soit pas dingue (assez flou), mais bon c'est pas un docu animalier non plus
Film assez fascinant. Treadwell est un personnage difficile à cerner, entre egotrip, mise en scène de lui même, vrai sensibilité face à la vie sauvage. Alors quand on rajoute une couche de Herzog par dessus ça donne quelque chose d'encore plus "WTF", avec une série de témoignages souvent très étranges.
Ca donne vraiment un ton à part au film. Un autre point qui m'a marqué c'est que Herzog se permet de donner son point de vue, mais à deux reprises, et de manière très lapidaire : le vie c'est le chaos, et la civilisation c'est de la merde. En gros. Mais on le sent tout comme nous assez fasciné par Treadwell, quand bien même il est en désaccord avec sa vision des choses.
Et d'ailleurs plusieurs interview vont contre dire la démarche du Grizzly Man qui se posait en dernier rempart pour défendre les ours, en soulignant le fait que pénétrer leur environnement, les habituer à la présence humaine, refuser les contraintes du parc naturel, allait à l'encontre de sa démarche protectrice.
Bref assez passionnant, avec des images superbes, juste dommage que la qualité de celle ci soit pas dingue (assez flou), mais bon c'est pas un docu animalier non plus
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Re: Les films documentaires
Du pur Herzog, en somme.Arn a écrit :Un autre point qui m'a marqué c'est que Herzog se permet de donner son point de vue, mais à deux reprises, et de manière très lapidaire : le vie c'est le chaos, et la civilisation c'est de la merde
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Re: Les films documentaires
Un autre tabou qui saute avec ce soir la diffusion sur Arte du doc Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Eglise (M-P Raimbault et E.Quintin / 2018) à 20h50.
Entre les témoignages de victimes de prêtres pédophiles qui se libèrent et accusent et le bouquin Sodoma de F.Martel ( qui a enquêté sur la forte population homosexuelle chez les prélats du Vatican, alors que comme chacun sait, dans le discours officiel : les homos sont le Diable !! ), ça chauffe chez les cathos, et c'est très bien, cela permettra de faire le ménage sur leurs dogmes poussiéreux, dans un ou deux siècles peut-être.... il sera permis d'enfiler une capote
Sinon, merci à l'éditeur Blaq Out pour ce documentaire de l'Haïtien Raoul Peck, I'm not your negro, sur les luttes politiques et sociales des Afro-Américains, avec comme fil conducteur les écrits et propos de l'écrivain engagé James Baldwin.
Entre les témoignages de victimes de prêtres pédophiles qui se libèrent et accusent et le bouquin Sodoma de F.Martel ( qui a enquêté sur la forte population homosexuelle chez les prélats du Vatican, alors que comme chacun sait, dans le discours officiel : les homos sont le Diable !! ), ça chauffe chez les cathos, et c'est très bien, cela permettra de faire le ménage sur leurs dogmes poussiéreux, dans un ou deux siècles peut-être.... il sera permis d'enfiler une capote
Sinon, merci à l'éditeur Blaq Out pour ce documentaire de l'Haïtien Raoul Peck, I'm not your negro, sur les luttes politiques et sociales des Afro-Américains, avec comme fil conducteur les écrits et propos de l'écrivain engagé James Baldwin.
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Re: Les films documentaires
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Re: Les films documentaires
Une tribune pour le film documentaire : https://www.liberation.fr/idees-et-deba ... TKc59NNPbQ
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Re: Les films documentaires
Merci Arn,
En effet, il y a urgence. Depuis 2 ans, entre le doc du mardi soir dur France5 et celui de France2 dans la case Infrarouge, la conception et les formes sont presque au niveau de ZERO. Les sujets sont légitimes, malgré tout, dans les formes, dans le regard, c'est presque ... de la radio. Vous pouvez faire le test, vous baissez le contraste de votre ordi ou TV et vous écoutez ... bah un sujet de France Culture.
Le comble de la TV du "Service Public" (je ne parle pas d'Arte, la case La Lucarne est tjs de grande qualité) c'est l’obsession de proposez des co-prods sur des modèles de doc réalisé par des journalistes. Et il y a un truc qui manque, c'est le regard.
C'est la HONTE, il y a pas d'autre mots.
Je ne pense pas que cela change, par contre, merci TENK ; merci le festival Cinéma Du Réel cette année en ligne (ça commence vendredi).
En effet, il y a urgence. Depuis 2 ans, entre le doc du mardi soir dur France5 et celui de France2 dans la case Infrarouge, la conception et les formes sont presque au niveau de ZERO. Les sujets sont légitimes, malgré tout, dans les formes, dans le regard, c'est presque ... de la radio. Vous pouvez faire le test, vous baissez le contraste de votre ordi ou TV et vous écoutez ... bah un sujet de France Culture.
Le comble de la TV du "Service Public" (je ne parle pas d'Arte, la case La Lucarne est tjs de grande qualité) c'est l’obsession de proposez des co-prods sur des modèles de doc réalisé par des journalistes. Et il y a un truc qui manque, c'est le regard.
C'est la HONTE, il y a pas d'autre mots.
Je ne pense pas que cela change, par contre, merci TENK ; merci le festival Cinéma Du Réel cette année en ligne (ça commence vendredi).
- Kiké
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Re: Les films documentaires
Merci Stupfiction, je copie-colle :
De Humani Corporis Fabrica (2022) de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor
Documentaire filmé dans des hôpitaux parisiens proposant, sans aucun commentaire en off, de filmer ce qui se passe pendant des opérations, et notamment de filmer l'intérieur des corps avec des caméra d'une précision étonnante. Difficile de rester indifférent devant le caractère unique de ces images, toujours dans une lisière entre dégoût et fascination. Il y a par exemple un long plan fixe sur un oeil que l'on est en train d'opérer, je me demande si ça n'est pas encore plus insoutenable que la scène d'Orange Mécanique
Ce que j'ai particulièrement aimé : le contraste entre la précision incroyable des machines et le côté humain des chirurgiens, notamment à travers leurs commentaires, tantôt sérieux, tantôt colérique, tantôt comique. Pendant qu'une sonde avance dans les entrailles d'un corps opéré, les entendre commenter le prix du loyer à Paris ou craindre que le sang qui coule va ressembler aux chutes du Niagara, ça a quelque chose de très beau.
Au final, un documentaire très puissant sur ce que nous refusons généralement de regarder.
(Je me demande ce que penserait Cronenberg de tout cela)
(Disponible sur MUBI, en tout cas chez moi)
De Humani Corporis Fabrica (2022) de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor
Documentaire filmé dans des hôpitaux parisiens proposant, sans aucun commentaire en off, de filmer ce qui se passe pendant des opérations, et notamment de filmer l'intérieur des corps avec des caméra d'une précision étonnante. Difficile de rester indifférent devant le caractère unique de ces images, toujours dans une lisière entre dégoût et fascination. Il y a par exemple un long plan fixe sur un oeil que l'on est en train d'opérer, je me demande si ça n'est pas encore plus insoutenable que la scène d'Orange Mécanique
Ce que j'ai particulièrement aimé : le contraste entre la précision incroyable des machines et le côté humain des chirurgiens, notamment à travers leurs commentaires, tantôt sérieux, tantôt colérique, tantôt comique. Pendant qu'une sonde avance dans les entrailles d'un corps opéré, les entendre commenter le prix du loyer à Paris ou craindre que le sang qui coule va ressembler aux chutes du Niagara, ça a quelque chose de très beau.
Au final, un documentaire très puissant sur ce que nous refusons généralement de regarder.
(Je me demande ce que penserait Cronenberg de tout cela)
(Disponible sur MUBI, en tout cas chez moi)
You said it, man. Nobody fucks with the Jesus.
https://www.rayonvertcinema.org/
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