Major Tom a écrit :Toutefois, j'ai beau chercher, excepté la tête de Cassavetes qui tombe par terre dans Furie, je ne vois pas de violence filmée au ralenti chez lui. Le ralenti sert au suspens qu'il y a avant, mais pas pendant ses scènes de violence, très cut en général... Demi-Lune, tu confirmes?
Toute la séquence de fusillade dans l'escalier de la gare, dans
Les Incorruptibles, est filmée au ralenti. De même que le pic de
L'Esprit de Caïn, sous la pluie, à l'hôtel. C'est peut-être dans
Femme fatale qu'il y a le plus de ralentis.
Mais c'est vrai que dans l'ensemble, De Palma se sert très peu du ralenti pendant l'acte de violence. Quand on considère sa filmo dans son ensemble, on y trouvera peu de plans au ralenti qui montreront des gerbes de sang exploser, éclabousser. C'est au contraire souvent très sec et brutal. Le ralenti chez lui est plutôt un système qui dramatise une action, comme lorsque John Travolta court pour sauver Nancy Allen à la fin de
Blow Out. On dirait qu'il est englué dans ce ralenti, comme s'il ne pouvait pas, de toute façon, arriver à temps. C'est pareil avec la fin d'
Obsession. La ralenti magnifie la scène et apporte toute la mesure émotionnelle de ces retrouvailles... si Bujold et Roberston ne couraient pas l'un vers l'autre au ralenti, une partie de l'émotion de la scène tomberait à l'eau, ça irait trop vite et on serait frustré. Il me semble qu'en général, c'est chez De Palma une figure stylistique qui apporte un focus particulier sur une situation qui n'est pas extraordinaire en soi, souvent pour qu'elle en soit sublimée (c'est par exemple le ralenti dans les douches des filles de
Carrie, ou l'ouverture subjective de
L'Impasse, le feu d'artifices de
Blow Out) voire pour qu'elle suscite le malaise et suggère le danger (comme quand Montana observe sa sœur avec un type au Babylon Club, ou le flash-back mental de
Mission : Impossible).
En fait, on peut parfois croire qu'il y a ralenti, alors que la façon de filmer repose simplement sur une certaine lenteur calculée. Comme l'ouverture sous la douche de
Pulsions ou le baiser de
Body Double. Le parachèvement de ceci, c'est le casse à la CIA dans
Mission : Impossible. Il y a là une forme de lenteur ritualisée, comme chez Hitchcock qui jouait parfois là-dessus mais n'utilisa, je crois, aucun ralenti durant toute sa carrière, mis à part celui sur le visage de Grace Kelly s'approchant dans
Fenêtre sur Cour.