Atlantic City (Louis Malle - 1980)
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Atlantic City (Louis Malle - 1980)
Pendant que l'on détruit des immeubles magnfiques à Atlantic City pour édifier des casinos, quelques personnages atypiques et en marges, ce que l'on appelerait communément des "perdants" ont l'occasion de réaliser leur rêve, façon aussi pour un réalisateur français de se frotter au thème éternel du rêve américain...
C'est tout bonnement le film attachant par excellence, où se dégagent mélancolie, amertume et bonheur. Une oeuvre profondément attachée à ses personnages et à ses décors, montrant avec nostalgie les derniers soubresauts mythologiques d'une société gagnée par la corruption et le spectacle creux. Burt lancaster et Susan Sarandon sont très émouvant même si le scénario est un peu mou, qu'il manque un petit quelque chose qui aurait pu rendre le film réellement unique, fort, l'impression de passer à côté d'un vrai chef d'oeuvre (mais c'est souvent le cas avec les films du metteur en scène je trouve). A noter que c'est Anne Pritchard, la future "production designer" de "Snake Eyes" qui officie... Et en revenant sur les lieux presque vingt ans plus tard, il est évident que De Palma avait le film de Louis Malle en tête lors de ses scènes en extérieur.
C'est tout bonnement le film attachant par excellence, où se dégagent mélancolie, amertume et bonheur. Une oeuvre profondément attachée à ses personnages et à ses décors, montrant avec nostalgie les derniers soubresauts mythologiques d'une société gagnée par la corruption et le spectacle creux. Burt lancaster et Susan Sarandon sont très émouvant même si le scénario est un peu mou, qu'il manque un petit quelque chose qui aurait pu rendre le film réellement unique, fort, l'impression de passer à côté d'un vrai chef d'oeuvre (mais c'est souvent le cas avec les films du metteur en scène je trouve). A noter que c'est Anne Pritchard, la future "production designer" de "Snake Eyes" qui officie... Et en revenant sur les lieux presque vingt ans plus tard, il est évident que De Palma avait le film de Louis Malle en tête lors de ses scènes en extérieur.
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Re: "Atlantic City" de Louis Malle
Un des plus beaux films de Louis Malle à mon goût, derrière Le feu follet et aux côtés de Vanya 42ème rue.
Atlantic City évoque avec délicatesse et tendresse un lieu que Malle filme avec passion. Même si parfois le rythme est hésitant, au travers de quelques détours narratifs, il reste toujours cette douloureuse et poignante impression d'une terre en friche, vestige des rêves et des illusions. Et malgré toutes les déceptions, le regard du cinéaste vibre par la recherche d'un accomplissement, d'une liberté. Les protagonistes vont toujours vers quelque chose, quelqu'en soit le prix.
L'interprétation de Susan Sarandon et Burt Lancaster permet de hisser le film vers des hauteurs remarquables. Sarandon joue à merveille une femme idéaliste rongée par l'amertume, prête à saisir sa chance. Elle assume ses contradictions, entre le besoin d'une tendresse et des aspirations individuelles. Sally est un personnage est entier, ambigu, ce qui le rend si touchant, dès la première séquence exprimant une séduction trouble et sensible.
Burt Lancaster est lui, magistral. Il parvient avec une aisance folle à construire un rôle, dont le passé coulerait de source. Lou est un homme qui a vécu, a souffert, a aimé : il porte les aspirations d'un repos, d'une assise. D'où encore un puits de contradictions, puisqu'il se retrouve bouleversé par la nécessité de protéger celle dont il est tombé amoureux.
A la fois témoin puis acteur du récit, il apporte à Atlantic City son âme et sa maturité.
Atlantic City évoque avec délicatesse et tendresse un lieu que Malle filme avec passion. Même si parfois le rythme est hésitant, au travers de quelques détours narratifs, il reste toujours cette douloureuse et poignante impression d'une terre en friche, vestige des rêves et des illusions. Et malgré toutes les déceptions, le regard du cinéaste vibre par la recherche d'un accomplissement, d'une liberté. Les protagonistes vont toujours vers quelque chose, quelqu'en soit le prix.
L'interprétation de Susan Sarandon et Burt Lancaster permet de hisser le film vers des hauteurs remarquables. Sarandon joue à merveille une femme idéaliste rongée par l'amertume, prête à saisir sa chance. Elle assume ses contradictions, entre le besoin d'une tendresse et des aspirations individuelles. Sally est un personnage est entier, ambigu, ce qui le rend si touchant, dès la première séquence exprimant une séduction trouble et sensible.
Burt Lancaster est lui, magistral. Il parvient avec une aisance folle à construire un rôle, dont le passé coulerait de source. Lou est un homme qui a vécu, a souffert, a aimé : il porte les aspirations d'un repos, d'une assise. D'où encore un puits de contradictions, puisqu'il se retrouve bouleversé par la nécessité de protéger celle dont il est tombé amoureux.
A la fois témoin puis acteur du récit, il apporte à Atlantic City son âme et sa maturité.
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Re:
Je rejoins tout à fait cette assertion 4 ans après mon premier messageLord Henry a écrit :Ce qui donne tant de charme à ce film, c'est précisément que Louis Malle a su passer à côté du chef-d'oeuvre.
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Re: Atlantic City (Louis Malle, 1980)
Je me suis senti floué à la fin de ce film. J'ai le sentiment d'avoir assisté à une parfaite mise en place des ingrédients de l'histoire, de la caractérisation des personnages, de l'intrigue, d'une atmosphère ville nouvelle vivant sous perfusion de l'argent des casinos, de la musique choisie avec soin. La fin aussi est une merveille douce amère.
Mais entre temps, il y a cette relation presque aussi improbable dans son développement que la ville qui se transforme sous nos yeux et là, j'ai un peu décroché. J'aurais bien aimé assister à un flirt un peu plus subtil entre Lou et Sally.
On peut remarquer que Susan Sarandon est une illustration de la vague de population rentrante dans la ville alors que Lancaster est lui l'exemple de l'ancienne génération. Si l'argent les réunit, ils s'aperçoivent bien vite tous les deux que rien de bien concret ne peut accoucher de cette liaison. Il faudrait qu'un américaniste nous raconte ce qu'est devenue la ville ?
Et n'y-a t-il pas un peu du prince Salina dans le Lancaster d'Atlantic City ?
Mais entre temps, il y a cette relation presque aussi improbable dans son développement que la ville qui se transforme sous nos yeux et là, j'ai un peu décroché. J'aurais bien aimé assister à un flirt un peu plus subtil entre Lou et Sally.
On peut remarquer que Susan Sarandon est une illustration de la vague de population rentrante dans la ville alors que Lancaster est lui l'exemple de l'ancienne génération. Si l'argent les réunit, ils s'aperçoivent bien vite tous les deux que rien de bien concret ne peut accoucher de cette liaison. Il faudrait qu'un américaniste nous raconte ce qu'est devenue la ville ?
Et n'y-a t-il pas un peu du prince Salina dans le Lancaster d'Atlantic City ?
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Re: Atlantic City (Louis Malle, 1980)
Snake Eyes (1998), de Brian de Palma, se passe à Atlantic City, et je crois (je n'ai pas revu le film depuis sa sortie, donc ça date pas d'hier) que, même si ce n'est pas le sujet du film, il y a pas mal d'allusions au statut particulier de cette ville et à ce qu'elle était devenue à l'époque du film, près de vingt ans après Atlantic City.homerwell a écrit :Il faudrait qu'un américaniste nous raconte ce qu'est devenue la ville ?
Excellent film que j'ai d'ailleurs en DVD. Si je ne l'ai pas revu, c'est juste parce que j'en ai revu d'autres.
Toi aussi, tu es d'humeur à raconter des bêtises aujourd'hui?homerwell a écrit :Et n'y-a t-il pas un peu du prince Salina dans le Lancaster d'Atlantic City ?
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Re: Atlantic City (Louis Malle, 1980)
C'est l'effet que m'a fait le plan rapide ou l'on voit Lou et Grace bras dessus bras dessous sur les planches près du rivage. Sa période de gloire aura été brève, c'est déjà une fin de règne doublé d'un changement d'époque (Bugsy Siegel, Lucky Luciano et Al Capone ont disparu) et d'une mutation de la cité (les vieux quartiers vont tous être détruits, l'image de fin). Alors j'ai pensé au Prince Salina s'éloignant de dos dans une ruelle et seul.homerwell a écrit :Et n'y-a t-il pas un peu du prince Salina dans le Lancaster d'Atlantic City ?
Comme on dit, y-a pas de mal à se faire plaisir !
oui, et il faut dire que je suis inépuisable sur le sujet !Phnom&Penh a écrit :Toi aussi, tu es d'humeur à raconter des bêtises aujourd'hui?
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Re: Atlantic City (Louis Malle, 1980)
Revu ce soir ...
Beau car émouvant et habité (de plus en plus touché par les films qui parlent de la vieillesse au sens large : normal ...)
Susan Sarandon : magnifique - Burt Lancaster : la classe à l'état pur ...
Rien de nouveau donc sinon que une page pour un film de cette trempe, c'est bien peu ... à moins que ce ne soit l'évidence qu'ont les grands films qui se passe de commentaires et de glose ...
Beau car émouvant et habité (de plus en plus touché par les films qui parlent de la vieillesse au sens large : normal ...)
Susan Sarandon : magnifique - Burt Lancaster : la classe à l'état pur ...
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Re: Atlantic City (Louis Malle - 1980)
Magnifique film dont j'avais écrit une critique il y a quelques années :
http://www.dvdclassik.com/critique/atlantic-city-malle
Il mériterait en effet plus de notoriété...
http://www.dvdclassik.com/critique/atlantic-city-malle
Il mériterait en effet plus de notoriété...
- Frances
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Re: Atlantic City (Louis Malle - 1980)
- Atlantic city (1980) de Louis Malle avec Burt Lancaster, Susan Sarandon, Kate Reid, Robert Joy, Michel Piccoli, Hollis McLaren.
La lumière chaude et vespérale qui baigne le film, les décors kitchs et surannés dans lesquels évoluent les personnages teintent le récit d’une douce nostalgie. La ville d’Altlantic City oscille entre passé et futur comme les protagonistes que l’on y croise: un couple de hippies - Chrissie (Hollis McLaren) et Dave (Robert Joy) - qui fantasme sur un avenir utopique, Lou (Burt Lancaster) un gangster minable et fatigué qui gobe des histoires grosses comme des baleines pourvu qu’elles alimentent son fantasme d’un passé plus glorieux, Grace (Kate Reid) une miss hypocondriaque figée dans un univers de Barbie qui tyrannise Lou pour se donner l’illusion d’exister. Sally (Susan Sarandon), une serveuse qui vend des crustacés aux clients d’un casino en rêvant de devenir croupière sur la côte d’Azur. Ici tout le monde fuit quelque chose ou court après un rêve tenace, une illusion perdue mais au bout du compte toute tentative d’échapper à la réalité s’avère vaine. Dans ce théâtre géant et métaphorique des existences passées ou futures les illusions ont le goût de la poussière. Celle qui s’élève de ces immeubles que la ville dynamise pour construire des casinos.
Burt Lancaster est formidable en vieux gangster de troisième zone reconverti en bookmaker minable. Les événements lui offrent une résurrection inattendue et une virilité inespérée. Littéralement régénéré il goûte le temps que durent les illusions, au plaisir d’être un caïd – celui qu’il aurait pu être s’il en avait eu le cran. Face à lui Susan Sarandon (Sally) sensuelle, volontaire et prête à tout pour fuir la médiocrité d'un quotidien banal. Sally qui rêve de lendemains meilleurs et voit, à tort sans doute, dans chaque homme qu’elle rencontre une opportunité à saisir.
Et en toile de fond une ville en mutation, comme un écho des individus qui l’habitent et qui devront s’adapter ou mourir.
8/10Et en toile de fond une ville en mutation, comme un écho des individus qui l’habitent et qui devront s’adapter ou mourir.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
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Re: Atlantic City (Louis Malle - 1980)
J'aime en effet beaucoup la façon dont la ville, qui donne son titre au film, est pour ainsi dire traitée comme un personnage à part entière du film, qu'on filme dans ses transformations et en pleine évolution.Frances a écrit :Et en toile de fond une ville en mutation, comme un écho des individus qui l’habitent et qui devront s’adapter ou mourir.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
- Frances
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Re: Atlantic City (Louis Malle - 1980)
Une idée géniale de Louis Malle qui se rend d'abord à Atlantic city et qui décide d'écrire un scénario en prenant la ville comme décor naturel pour y planter des personnages. Le cinéma de fiction s'invite sur la pointe des pieds sur le terrain du documentaire et nous offre un instantané d'une ville, d'un quartier aujourd'hui disparus. Deux autres exemple récents me viennent à l'esprit. Chicago calling de John Reinhardt tourné en extérieur à Los Angeles dans le quartier de Bunker Hill et Le chat de Granier deferre tourné à Courbevoie lors de la construction des premières tours de la Défense.cinephage a écrit :J'aime en effet beaucoup la façon dont la ville, qui donne son titre au film, est pour ainsi dire traitée comme un personnage à part entière du film, qu'on filme dans ses transformations et en pleine évolution.Frances a écrit :Et en toile de fond une ville en mutation, comme un écho des individus qui l’habitent et qui devront s’adapter ou mourir.
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Re: Atlantic City (Louis Malle - 1980)
Absolument pas accroché à ce film...
Souvenir très pénible, même.
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