Chantal Akerman (1950-2015)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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phylute
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Chantal Akerman (1950-2015)

Message par phylute »

CHANTAL AKERMAN
Née le 6 Juin 1950 en Belgique (Bruxelles).
Elève à l'INSAS en 67-68.
Elle voyage aux Etats-Unis dès l’âge de 18 ans, avec 50 dollars en poche et dix mots d’anglais, et côtoie le milieu underground new-yorkais (Jonas Mekas, Bob Wilson) qui va influencer la part expérimentale de ses films.
Alterne documentaires et films, s'interesse à la danse, les arts plastiques, la comédie musicale…

Longs et courts-métrages (réalisation et scénario)
Saute ma ville (CM,1968) ; L’Enfant aimé ou je joue à être une femme mariée (CM,1971) ; Hôtel Monterey (1972) ; La Chambre (CM,1972) ; Hanging Out Yonkers (1973) ; Le 15/8 (CM,1973) ; Je, tu, il, elle (1974) ; Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) ; News From Home (1977) ; Les Rendez-vous d’Anna (1978) ; Toute une nuit (1982) ; Les Années 80 (1983) ; Paris vu part… vingt ans après (1984, sketch J’ai faim, j’ai froid ) ; New York, New York bis (1984) ; Golden Eighties (1986) ; La Paresse (1986) ; Le Marteau (CM,1986) ; Mallet-Stevens (1986) ; Letters Home (1986) ; Seven Women, Seven Sins (1987) ; Histoires d’Amérique (1988) ; Trois strophes sur le nom de Sacher (1989) ; Les Trois dernières sonates de Franz Schubert (1989) ; Nuit et jour (1991) ; Contre l’oubli (1991, participation) ; D’Est (1993) ; Un divan à New York (1995) ; Chantal Akerman par Chantal Akerman (1996) ; Sud (1999) ; La Captive (2000) ; De l’autre côté (2002) ; Demain on déménage (2004)

Télévision
Dis-moi (CM,1980) ; Un Jour Pina m’a demandé (1983) ; L’Homme à la valise (1983) ; Lettre d’un cinéaste (CM,1984) ; J’ai faim, j’ai froid (1984) ; Family Business : Chantal Akerman Speaks About Film (1984) ; Le Déménagement (1993) ; Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles (1994) ; Le Chêne et le roseau (1994)


Jeanne Dielman, 23 Quai du commerce, 1080 Bruxelles
Belgique, France
Avec : Akerman Chantal, Bical Yves, Decorte Jan, Doniol-Valcroze Jacques, Seyrig Delphine, Storck Henri
Image : Mangolte Babette
Jeanne Dielman raconte par le détail le quotidien d’une mère au foyer, occasionnellement prostituée. Sa vie est circonscrite à un appartement sordide de la banlieue Bruxelloise. Elle est l’incarnation de toutes ces femmes emprisonnées, dont la cellule est familiale, dont le corps est exploité par une société masculine. Jeanne Dielman s’abandonne dans des gestes quotidiens, répétitifs, qui lui permettent de s’abstraire de son être afin de ne pas sombrer dans la folie. Durant 3 heures 20, en de longs plans fixes (les célèbres dix minutes d’épluchure de patates) Chantal Akerman décrit méticuleusement ces trois jours au cours desquels la forteresse que s’est bâtie Jeanne va se désagréger et ou le drame va surgir. Grand film emblématique du statut féminin, magnifiquement écrit et composé, précis jusqu’à l’angoisse, Jeanne Dielman est une œuvre éprouvante et indispensable.

Les Rendez-vous d'Anna
France, Belgique
Avec : Clément Aurore, Griem Helmut, Noël Magali, Zischler Hanns, Massari Léa, Cassel Jean-Pierre Image : Penzer Jean Décors : Graaf Philippe Son : Morelel Henri Montage : Sandberg Francine Musique : Morelle Henri
Compagnie : Hélène Films, Paradise Films Bruxelles, ZDF Mainz
Comme Jeanne Dielman, ce film suit pas à pas une femme pendant trois jours. Mais à l’enfermement dans un appartement succède un voyage à travers trois pays. Chantal Akerman se raconte toujours beaucoup dans ses films mais évite toujours les écueils d’un narcissisme stérile. C’est une réalisatrice nomade, sa filmographie étant un va et vient constant entre l’ancien et le nouveau continent, rempli de questionnements sur le passé, les racines (voir Histoires d’Amérique en 1988), le souvenir. Ainsi Anna, à son image, est une cinéaste parcourant l’Europe à la recherche de son identité culturelle.. Elle erre de gares en hôtels, de trains en appartements, elle est une page blanche sur laquelle les inconnus rencontrés au cours de ses vagabondages vont inscrire leurs histoires, reflets à partir desquels elle va tenter de bâtir la sienne.

Histoires d’Amérique
Belgique, France
Avec : Amitin Mark, Balint Eszter, Balint Stefan, Baltz Kirk, Bartenieff George, Bastiani Billy, Beck Isha Manna, Brandt Max, Brenner Maurice, Buntzman David, Chris Marilyn, Don Carl, Malina Judith
Ces Histoires d’Amérique sont l’évocation par des juifs immigrés de Pologne et de Russie de leurs souvenirs et de leur passé. Pogrom, déportation, mais également histoires d’amours et anecdotes. On s’immerge ainsi dans la diaspora juive à travers des saynètes, tout à tour amusantes et émouvantes, le plus souvent improvisées par les comédiens. Chantal Akerman est issue d’une famille juive ayant du quitter son pays après la première guerre mondiale. Sa mère fut déportée à Auschwitz. Elle raconte souvent que son enfance fut bercée par les litanies des offices de synagogues. En quête d’elle même et de son passé, elle a toujours désiré parler du peuple juif (elle a réalisé un documentaire sur Isaac Bashevis Singer). Avec ce film, elle nous en offre un portrait rare et touchant.

Nuit et jour
France, Belgique, Suisse
Scénario : Bonitzer Pascal, Akerman Chantal
Avec : Londez Guilaine, Langmann Thomas, Négret François, Colchat Nicole, Laroche Pierre, Crahay Christian, Fonteyn Luc, Laroche Sandrine, Comeliau Yves, Bolzan Olindo, Duret Nicole, Léonard Violette, Kankonda Cecilia
Jack et Julie vivent un amour passionné et exclusif. La nuit venue, Jack fait le taxi, Julie erre dans la cité nocturne. Elle rencontre Joseph, qui prend le taxi de jour, et c’est le coup de foudre. Jack le jour et Joseph la nuit vont partager l’amour total de Julie. Chantal Akerman a l’immense talent de faire passer ces courants amoureux, ces sentiments contrariés, uniquement par le biais de l’image et des allégories. On pense à L’écume des jours quand dans le deux pièce de Jack et Julie, noyau de leur amour, les voisins viennent s’immiscer dans leur cocon au moment où Joseph apparaît, ou encore lorsque l’on abat une cloison alors que leur passion s’érode. La métaphore a toujours été le meilleur moyen de décrire la passion amoureuse, et cette figure de style prend toute sa valeur dans ce film beau et triste.

Sud
Belgique, France
Chantal Akerman a déclaré avoir entrepris ce film en réaction à Gummo (d’Harmony Korine en 1997) « vision trop désespérante et inhumaine de l’Amérique ». Elle décide alors de montrer le sud des Etats-Unis, celui de Faulkner et Baldwyn. C’est alors qu’advint le meurtre raciste de James Byrd, un jeune homme noir traîné par une voiture sur plusieurs kilomètres. La cinéaste réalise alors ce documentaire, véritable Blues, complainte languissante d’une communauté afro-américaine, sacrifiée à l’autel de la bêtise humaine dans ce qu’elle a de plus abject . Ce Blues est fait de silence (celui d’un racisme omniprésent, mais tu, caché) et de bruit du vent. De paysages portant la marque des supplices passés (les arbres tordus sous le poids des pendus du KKK) et présents (ce travelling, long jusqu’à l’insoutenable, suivant la route au long de laquelle James Byrd fut assassiné). Le film est ponctué de témoignages racontant l’esclavage, la ségrégation, la haine, les meurtres. Mais au-delà des mots et des paysages, ce sont les visages, les silhouettes, qui nous plongent si profondément dans ce sud, convergence de beauté et d’abjection.

La Captive
France
Scénario : De Kuyper Eric, Akerman Chantal d'après le roman "La Prisonnière" de Marcel Proust
Avec : Merhar Stanislas, Testud Sylvie, Bonamy Olivia, Rovère Liliane
Image : Lancelin Sabine Direction artistique : Marti Christian Décors : Shammas Janou Son : Hallaux Thierry de Montage : Atherton Claire Musique : Rachmaninov, Schubert
Production : Branco Paulo Compagnie : Gemini Films, Arte France Cinéma
Simon a l’obsession de tout savoir de sa compagne Ariane. Il l’épie sans relâche, la suit dans ses déambulations. Il bâtit sa vie autour d’Ariane, ne veut pas en perdre le fil. La découverte de ses secrets (fantasmés ou réels) et de sa vérité étant sa seul raison d’être. A travers Ariane, Simon veut découvrir qui sont les femmes. Seulement, elle est insaisissable, comme l’est intrinsèquement toute femme pour le sexe opposé. Simon poursuit ainsi une chimère : Ariane vit dans le hors – champ, s’incarne dans la voix off, est vue le plus souvent de dos, disparaît dans des points de fuite au fond de l’écran… Et dans sa quête stérile (il n’apprend rien sur Ariane) Simon devient le véritable prisonnier, aliéné par son assujettissement à son obsession, dépendant totalement d’elle et de ses secrets imaginaires.
On peut rapprocher Simon de Chantal Akerman, lorsque dans Jeanne Dielman elle veut toucher au secret de l’âme de son héroïne par l’observation sans relâche de ses faits et gestes.
L’interprétation désincarnée de Sylvie Testud et Stanislas Merhar (tous deux prodigieux) et les décors théâtraux ressemblants à des à-plats, rendent le film irréel et fantasmatique. Comme dans Nuit et jour Chantal Akerman fait d’abord passer les sentiments par l’image (la silhouette de Simon enveloppée par celle d’Ariane dans un film de vacance projeté sur grand écran, ou encore leurs ombres se mêlant lors d’une promenade amoureuse). Un film troublant et hypnotique.

Quand j'avais dit que le prochain de la série serait racoleur
:D
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Tu exagères là :shock: Tu vas finir par écrire pour Télé Z si tu continues !
Bob Harris

Re: Une bio, un bide présente : Chantal Akerman

Message par Bob Harris »

J'aime beaucoup le premier quart d'heure de La Captive, après ça devient assez ennuyeux.

J'ai aussi vu Sud en faisant avance rapide pendant les longs travellings de 10 minutes sur la route.

Bref, je ne suis franchement pas emballé à l'idée de voir d'autres films de cette Chantal.
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Je dois à la vision en salle des Rendez-vous d'Anna d'avoir été saisi d'un irrépressible fou-rire, qu'il m'a pourtant fallu contenir à grand-peine devant le sérieux imperturbable affiché par les autres spectateurs.
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Marcus
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Message par Marcus »

Connais pas du tout, mais j'aimerais bien sur commencer par Jeanne Dielman. Moyen de le voir?
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
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Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Un cinéaste minable.
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

marcusbabel a écrit :Connais pas du tout, mais j'aimerais bien sur commencer par Jeanne Dielman.
Il te suffit de te rendre 23 Quai du commerce, 1080 Bruxelles.
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phylute
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Re: Une bio, un bide présente : Chantal Akerman

Message par phylute »

Bob Harris a écrit :J'aime beaucoup le premier quart d'heure de La Captive, après ça devient assez ennuyeux.

J'ai aussi vu Sud en faisant avance rapide pendant les longs travellings de 10 minutes sur la route.

Bref, je ne suis franchement pas emballé à l'idée de voir d'autres films de cette Chantal.
Tu adorerais l'épluchage de patate de Jeanne Dielman.
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Marcus
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Message par Marcus »

Lord Henry a écrit :
marcusbabel a écrit :Connais pas du tout, mais j'aimerais bien sur commencer par Jeanne Dielman.
Il te suffit de te rendre 23 Quai du commerce, 1080 Bruxelles.
Forcément, j'aurais dû réfléchir à 2 fois avant de poser la question... Ou La tourner autrement ... :lol:
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
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Re: Une bio, un bide présente : Chantal Akerman

Message par Bob Harris »

phylute a écrit :(les célèbres dix minutes d’épluchure de patates)
:lol: :lol: :lol:
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Message par phylute »

Simone Choule a écrit :Un cinéaste minable.
Une cinéaste !
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Message par Bartlebooth »

Ce que je préfère d'elle, ce sont les à côtés :

- Les Années 80, pré-making of (casting, répétitions...) de sa comédie musicale pâlichonne Golden Eighties, et bien plus intéressant que le produit fini.
- Un jour, Pina a demandé, remarquable documentaire sur le montage d'un spectacle de Pina Bausch.
- J'ai faim, j'ai froid, court métrage assez drôle narrant l'histoire d'un dépucelage.

Le reste...

Si son premier court, Saute ma ville, était plutôt amusant, les travaux d'expérimentation pure et dure qui suivirent, Hotel Monterey et News From Home sont d'un ennui mortel. J'ai toujours reculé devant Jeanne Dielman en raison de sa durée (trois heures vingt...). Les Rendez-vous d'Anna font naître l'envie irrépressible de coller une paire de gifles à l'exaspérante gourde amorphe qui en est l'héroïne. Je, tu, il, elle m'avait paru plus intéressant (et même assez flippant par moments dans sa mise en scène de l'incommunicabilité, comme on dit), mais j'ignore ce que j'en penserais aujourd'hui (et je ne tiens d'ailleurs pas spécialement à le savoir). D'Est a bonne réputation, mais j'ai trouvé très mortifère cette façon de filmer les gens.

Seuls se démarquent à mes yeux Toute une nuit, qui entrelace une dizaine de petites histoires tragicomiques au long d'une nuit à Bruxelles, et où l'on a le sentiment que les efforts de la cinéaste sont enfin payés d'effets (ce qui ne sera plus le cas dans Nuit et jour, dont les héros à la diction monocorde sont aussi passionnants à contempler que des barquettes de surgelés) ; et puis Histoires d'Amérique, pour les raisons très bien dites plus haut par Phylute. La tentative de reconversion d'Akerman dans un cinéma plus mainstream ne m'a pas paru bien convaincante : Un divan à New York est une comédie sentimentale "à l'américaine" cent fois plus conventionnelle que les films hollywoodiens contemporains du même genre, avec intervention d'un petit chien comme chez Disney... Après, je n'ai plus suivi.
Simone Choule
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Message par Simone Choule »

phylute a écrit :
Simone Choule a écrit :Un cinéaste minable.
Une cinéaste !
Les deux sont corrects.
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Marcus
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Chantal Akerman chez Carlotta (18/04/07)

Message par Marcus »

Carlotta sortira le 18 Avril un coffret de 5 films consacré aux années 70 de Chantal Akerman et contenant:
- Hôtel Monterey
- Je tu il elle
- Jeanne Dielman (sortira également à l'unité le même jour)
- News from home
- Les rendez-vous d'Anna

Prix: 49.99 euros.
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Message par cinephage »

Celui-là, il est pour moi !!! 8)
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