Tim Burton

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Votre film préféré de Tim Burton ?

PEE WEE'S BIG ADVENTURE
4
2%
BEETLEJUICE
13
6%
BATMAN
9
4%
EDWARD SCISSORHANDS
88
39%
BATMAN RETURNS
31
14%
ED WOOD
46
20%
MARS ATTACKS!
9
4%
SLEEPY HOLLOW
13
6%
LA PLANÈTE DES SINGES
1
0%
BIG FISH
11
5%
CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE
3
1%
 
Nombre total de votes : 228

Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Tim Burton

Message par Flol »

jacques 2 a écrit :
Ratatouille a écrit : Okay donc Pee Wee's Big Adventure, ça existe pas.
Eh oui, l'onanisme au cinéma, cela ne se pardonne pas ... :fiou:
Tu parles, je pense que la grande majorité des médias français ne sont même pas au courant de cette affaire. C'est juste que ce film est souvent totalement oublié dans sa filmo.
Il n'est certes pas dénué de défauts, mais je l'ai toujours trouvé jubilatoire (même si je conçois qu'il faut s'habituer au perso de Paul Reubens).
monfilm
Machino
Messages : 1242
Inscription : 19 août 08, 05:09

Re: Tim Burton

Message par monfilm »

Ce Pee Wee est de ces films dont je ne cesse de me souvenir trop bien pour le revoir.
ImageImage
Tout le reste est dérisoire.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Tim Burton

Message par Demi-Lune »

Ratatouille a écrit :Okay donc Pee Wee's Big Adventure, ça existe pas.
Tiens ben je l'ai découvert le mois dernier celui-là, dans le cadre du cycle Burton sur Arte. J'ai été surpris de voir finalement une identité burtonienne plus affirmée que ce que je pouvais penser a priori (premier long, commande, personnage déjà établi, etc). Au début, j'ai vécu la découverte comme un truc totalement hallucinatoire. Le réveil de Paul Rubens, j'en croyais pas mes yeux, j'avais l'impression d’être tombé dans une dimension parallèle. "Ha-ha!" Putain ce rire nasillard hante mes nuits, depuis. Finalement, quand on se prête au jeu, Pee-Wee s'avère plutôt pas mal.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Tim Burton

Message par Flol »

Et à chaque fois je le revois (1 fois par an minimum), je n'en reviens pas de toutes les scènes un peu déviantes, finalement pas du tout destinées au public visé, qui parsèment le film.
Celle-là, par exemple, me fait hurler de rire, tout en me mettant un peu mal à l'aise tellement c'est chelou (le regard libidineux du mec juste après cette scène) :

Image
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Tim Burton

Message par Demi-Lune »

Ah oui mais c'est clairement un film tendancieux, Pee-Wee.
Ton gif me rappelle le gag hilarant avec la voiture qui tombe pendant des plombes dans le vide. :lol:
Mr-Orange
Assistant(e) machine à café
Messages : 142
Inscription : 22 janv. 13, 17:10

Re: Tim Burton

Message par Mr-Orange »

Je vois que Pee Wee a des avis plutôt positifs par ici.
Je ne partage pas du tout cet enthousiasme...
Je ne suis habituellement pas un adepte du style burtonien, n'aimant comme valeur sûre que Beetlejuice (j'ai vu Ed Wood et Batman dans ma jeunesse, j'avais bien aimé mais je ne m'en souviens pas trop) mais alors là Burton pour son premier film n'y va pas de main morte et j'ai failli casser ma télé tellement ça m'était insupportable.
Le rire de Paul Reubens vous hante, moi il m'a tellement agacé que j'étais en colère durant toute la séance.
Du coup, à cause de ce rire tout aussi horripilant que le jeu de son acteur, j'ai manqué d'objectivité pendant tout le film, mais ça ne me donne plus envie de continuer avec ce réalisateur qui n'est vraiment pas fait pour moi.
Nouveau sur ce site.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Tim Burton

Message par Flol »

Mr-Orange a écrit :Je vois que Pee Wee a des avis plutôt positifs par ici.
Je ne partage pas du tout cet enthousiasme...
Je ne suis habituellement pas un adepte du style burtonien, n'aimant comme valeur sûre que Beetlejuice (j'ai vu Ed Wood et Batman dans ma jeunesse, j'avais bien aimé mais je ne m'en souviens pas trop) mais alors là Burton pour son premier film n'y va pas de main morte et j'ai failli casser ma télé tellement ça m'était insupportable.
Le rire de Paul Reubens vous hante, moi il m'a tellement agacé que j'étais en colère durant toute la séance.
Du coup, à cause de ce rire tout aussi horripilant que le jeu de son acteur, j'ai manqué d'objectivité pendant tout le film, mais ça ne me donne plus envie de continuer avec ce réalisateur qui n'est vraiment pas fait pour moi.
Pee Wee est quand même hyper particulier dans sa carrière, ça reste une commande. Certes, une commande dans laquelle il aura réussi à mettre sa patte de temps en temps (les clowns, les dinosaures en stop-motion, Godzilla, la transformation de Large Marge là aussi en stop-motion), mais le personnage de Pee Wee est quant à lui une création totale de Paul Reubens.
Après, c'est clair qu'il faut s'accoutumer à ce personnage, son rire chelou et sa gestuelle surmaniérée (voire totalement gay) peuvent exaspérer...mais perso il me fait marrer (cette scène de danse sur fond de "Tequila" est mythique dans mon panthéon personnel).
Et effectivement, si tu n'aimes pas les personnages légèrement excentriques, je doute que Burton soit fait pour toi (si un jour tu vois Charlie and the Chocolate Factory, tu risques de mourir littéralement devant ta télé).

PS : et bienvenue, sinon.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Tim Burton

Message par Profondo Rosso »

Batman (1989)

Image

Enfant, le milliardaire Bruce Wayne vit ses parents assassinés par un voleur. Il se jura de venger leur mort en se lançant dans une bataille à vie contre le crime organisé. Pour cela, il se crée un personnage costumé nommé Batman, et cache cette identité derrière celle d'une image de playboy. Gotham City est contrôlée par le parrain Carl Grissom. En dépit des efforts du fraîchement élu procureur de district Harvey Dent et du commissaire James Gordon, la corruption de la police demeure conséquente. Le reporter Alexander Knox et la photo-journaliste Vicki Vale commencent à enquêter sur les agissements du justicier habillé en chauve-souris, alors que ce dernier n'est aux yeux des médias et des policiers qu'une rumeur confuse propagée chez les criminels.

La réussite artistique et le triomphe commercial du magnifique Superman (1978) de Richard Donner avait rendu viable à l'époque la possibilité d'adaptation de comics dans des productions ambitieuses et c'est tout naturellement qu'il fut envisagé de transposer Batman sur grand écran dès le début des années 80. Mais entre le souvenir encore trop vivace de la série tv parodique des 60's et les atermoiements quant à la direction à adopter (reprendre mécaniquement la structure du film de Richard Donner pas adapté pour Batman, adopter une tonalité sombre et sérieuse fidèle aux comics ou reprendre la suite loufoque de la série) le projet s'enlise lentement dans l'enfer du development hell. Ce qu'il manque au projet c'est une vraie vision, ce qui sera le cas grâce à la sortie des comics The Dark Knight Returns et The Killing Joke (signé Frank Miller et Alan Moore) dont le succès valide une vision plus sombre et torturée de l'univers de Batman et contribuera à l'embauche de Tim Burton à la réalisation.

Image

Peu familier de l'univers des super-héros, Burton trouvera chez Miller et Moore matière à exploiter mais c'est surtout par son interprétation du personnage que Burton rendra son Batman si marquant. Pour Burton, Bruce Wayne n'est qu'un pantin, une coquille vide rongeant son frein en journée dans l'attente d'endosser le costume de Batman la nuit venue, sa vraie identité. Contrairement à la structure obligatoire désormais (et héritée du Superman de Donner en fait) pas de psychologie ou de longue introduction pour dépeindre les motivations du justicier que nous retrouvons d'emblée en action, l'agression précédant sa première apparition faisant d'ailleurs un mimétisme volontaire au trauma originel de Bruce Wayne. Burton use des codes du film d'épouvante avant un montage jouant sur la nature spectrale et fantomatique de Batman et lorsqu'il se dévoilera dans toute sa splendeur aux malfrats terrorisés, c'est à un pur instant d'épouvante gothique qu'on assistera. Avant d'être un super-héros, Batman est une anomalie, un monstre dissimulant un être torturé et schizophrénique. Burton retarde ainsi longuement l'apparition de Bruce Wayne (Michael Keaton, parfait) démasqué, être transparent ne surnageant pas au milieu des invités de sa propre réception alors qu'il semble lui-même et maître la situation dans la batcave. De même il semble bien plus sûr de lui lorsqu'il se présente d'un rageur I'm Batman à un criminel tremblant que lorsqu'il assume à peine être Bruce Wayne. La romance compliquée avec Vicky Vale (Kim Basinger) laisse alors entrevoir ce que pourrait être une existence normale mais un autre monstre est lâché en ville en la personne du Joker (Jack Nicholson), le forçant et replonger dans les ténèbres.

Image

L'idée discutable de lier les origines de Batman et du Joker est parfaitement vue dans cette optique, faisant de Gotham City un asile à ciel ouvert engendrant des freaks. Théâtre de la folie, Gotham City adopte ainsi une étouffante esthétique gothique par la mise en scène opératique de Burton et la photographie ténébreuse et sophistiquée de Roger Pratt servent à merveille les décors d'Anton Furst. Les jeux d'ombres sont somptueux et les perspectives étourdissantes tout en gardant sous le budget faramineux une dimension artisanale (nous sommes dans une ère pré numérique avec trucages à l'ancienne alternant maquettes, matte painting...) dans ce qui est un splendide hommage à l'expressionnisme allemand voire même au gothique Universal (le final entre Frankenstein et Le Fantôme de l'Opéra).

ImageImage

Si Burton aura réussi à avoir la mainmise sur la tonalité du film et exprimer la nature profonde de son héros, le déroulement du scénario assez bancal (les 45 premières minutes étant exceptionnelles) laisse deviner tous les compromis que dû faire le jeune réalisateur dont c'était le premier gros film notamment la décision étrange de faire pénétrer Vicky Vale dans la batcave. Jack Nicholson aussi génial d'assurance et de narcissisme (I didn't ask répond-il lorsque sa maîtresse le félicite de son allure impeccable) en gangster Jack Napier exprime une folie à la fois macabre et loufoque en Joker, totalement imprévisible mais vampirisant sans doute un peu le film.

Image

Les moments grandioses ne manque cependant pas, la découverte de son nouveau "visage" nous emmène du côté du Cabinet du Docteur Caligari et l'apparition de ce pistolet au canon gigantesque exprime à merveille le bouillonnement de cet esprit dérangé. Le score trépidant de Danny Elfman (la marche de Batman est au moins aussi mémorable que le thème de John Williams pour Superman) exprimera mieux la dimension héroïque du Dark Knight que la mise en scène de Burton soignant les apparitions de son héros (et de ses gadgets le bat wing se fondant dans le clair de lune ou la batmobile arpentant Gotham c'est le grand frisson) mais peinant encore à le dynamiser dans l'action. Le spectacle s'avérera néanmoins inédit pour l'époque, le public faisant un triomphe au film pour une véritable batmania aux USA cet été là. Et le meilleur restait à venir avec une suite flamboyante. 5/6

Image
monfilm
Machino
Messages : 1242
Inscription : 19 août 08, 05:09

Re: Tim Burton

Message par monfilm »

Bon j'ai pas tout lu (juste la note :mrgreen: ) mais c'est vrai que ce coffret anthology pas cher permet une petite révision de 4 films qui me laissaient un mauvais souvenir.

Ne reculant devant aucun sacrifice j'ai donc tout vu et... gerbe.

Les deux films de Burton s'en sortent pas trop mal. Mais ça reste pour moi l'anthology qui en fait trop. Je ne parle même pas des Schumacher qui même avec la meilleure volonté possible pour se taper du nanar sont insupportables. Oui j'ai tenté... en accéléré quasi intégralement pour la seconde moitié du dernier. Bref pour revenir à Burton qui mettait en place sa mécanique il y avait encore de l'invention pour tenter des choses plus ou moins réussies. Keaton continue de me souler et le cabotinage de Nicholson drôle au début devient abrutissant comme celui de De Vito pour la suite. Heureusement il y a Basinger et Pfeiffer. Donc rien à faire pour moi, ce cinéma de l'excès ne me convient pas.Je préfère encore l'abus de sérieux de Nolan mais force est de constater que malgré tout ces deux Batmans représentaient encore la partie créative de la carrière de Burton à une époque où, contrairement à aujourd'hui, ça fonctionnait bien. Bon le choix de Prince est une cata. Un des trucs les plus mauvais qu'il produit et qui coince le film dans ce que les 80's avaient de plus détestables.
ImageImage
Tout le reste est dérisoire.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Tim Burton

Message par Profondo Rosso »

Batman, le défi (1992)

Image

Abandonné à la naissance à cause de sa difformité, le surdoué et richissime héritier Oswald Cobblepot grandit dans les égouts de Gotham City parmi une troupe de saltimbanques et se fait appeler "Le Pingouin". Des années plus tard, il s'associe à l'homme d'affaires Max Shreck pour corrompre les habitants de Gotham et devenir maire. Le justicier masqué Batman, alias Bruce Wayne, tente de les arrêter. Entretemps, Selina Kyle, timide secrétaire effacée de Shreck, découvre la preuve des intentions peu louables de son patron. Ce dernier tente de l'assassiner. Selina jure d'obtenir vengeance...

Au sortir du triomphe de Batman, Tim Burton est peu enclin à s'atteler à la suite que lui réclame la Warner et préfèrera signer le plus personnel Edward aux mains d'argent (1990) à la Fox. Pour attirer son wonderboy le studio décide alors de lui laisser une entière liberté artistique pour ce second volet, ce qui convaincra Burton qui souffrit des contraintes imposées notamment par le producteur Jon Peters. Désormais également producteur, Burton va orienter ce Batman Returns dans une voie encore plus macabre et ténébreuse par la grâce du script de Daniel Waters qui s'était fait remarquer avec le teen movie en forme de comédie noire Fatal Games (1990).

Image

Dans Batman, Burton avait confondu la folie de Batman et celle de son ennemi le Joker, chacun étant finalement le créateur de l'autre et laissant s'exprimer ses névroses dans son double costumé. Le réalisateur va plus loin encore dans Batman Returns, la monstruosité de ses ennemis offrant un reflet à la sienne pour notre héros masqué. Le Pingouin est ainsi tout comme Bruce Wayne un orphelin, son abandon initial guidant toutes ses actions et sa soif de reconnaissance tout comme la soif de justice est le leitmotiv de Batman. Pour Selina Kyle (Michelle Pfeiffer), ce sera une quête revancharde envers le mépris des hommes qui s'incarnera dans la sulfureuse Catwoman. Les trois personnages se confondent ainsi, tour à tour héros, paria ou indéchiffrable aux yeux d'une opinion aveugle et changeante. Burton montre finalement bien plus d'empathie et de compassion pour ses freaks que pour les humains au sein desquels on trouve le vrai monstre en la personne du manipulateur Max Schrek (Christopher Walken).

Image

Alors que Batman parvenait à conserver une touche lumineuse avec le personnage de Vicky représentant un ailleurs possible, Batman Returns est entièrement dévoué à ses créatures de la nuit et les scènes de jour sont bien rares. L'intrigue a beau se dérouler à la période de noël, c'est plutôt aux démons et merveilles d'Halloween qu'on pense ici notamment avec cette troupe de cirque malfaisante et la cour du Pingouin, Burton annonçant les atmosphères de L'Étrange Noël de monsieur Jack (1993). Dans ces ténèbres permanentes tous les rêves et cauchemars sont possibles, Burton orchestrant quelques-unes des plus belles séquences de sa carrière avec l'abandon du Pingouin nourrisson en ouverture ou bien évidemment la saisissante renaissance de Selina Kyle en Catwoman.

Image

La secrétaire godiche devient une amazone SM toute de latex à la sexualité agressive et imprévisible (passant de l'attitude enfantine à la violence la plus décomplexée voir ce moment où elle saute à la corde comme une fillette avant de faire exploser un magasin), pour elle-même et les autres. La schizophrénie déjà explorée dans le premier film s'étend ici à notre trio de monstres, le Pingouin reniant puis acceptant ce patronyme quand il aura admis qu'il ne serait jamais vraiment accepté, Selina Kyle étant partagée entre son attirance pour Bruce Wayne et la rage de Catwoman. De nombreux dialogues voit Batman admettre implicitement ce lien avec ses ennemis sans accepter leurs attitudes et la romance avec Selina Kyle entretient cette confusion, leurs bizarreries les attitrant l'un l'autre quand ils sont démasqués (la première apparition de Selina Kyle après sa transformation) et les échanges se confondant peu à peu entre leurs alias.

Image

Pour Burton, les monstres sont condamnés à être rejetés et Batman Returns en offrira avec Edward aux mains d'argent la plus belle dimension tragique. Monstrueux et poignant à la fois, le Pingouin se pensant accepté découvrira qu'il a été manipulé et cherchera à résoudre son mal-être par le chaos. Eternelle victime de la fourberie des hommes, Catwoman poursuivra sa quête vengeresse jusqu'à la folie tandis que Batman vacillera de sa ligne de conduite face au sacrifice qu'il doit y laisser. Le côté super-héroïque est nettement en retrait (Burton ne faisant pas preuve de plus d'intérêt ou de brio lorsque Batman est en action) au profit du pur film de monstres, les personnages affirmant leurs déviances le temps de séquences peu ragoutantes et bizarre (le Pingouin dévorant ses poissons cru, Catwoman gobant un oiseau) ou alors sexuellement troublantes (Catwoman affalée sur le lit du Pingouin, tout comme le léchage/baiser avec Batman).

Image

Le score de Danny Elfman est dans cet esprit, la marche tonitruante de Batman laissant place à la comptine de noël déréglée, au thème tragique du Pingouin ou à celui diablement torturé de Catwoman, une des très grandes réussites du compositeur. La subtilité de Michael Keaton fait merveille dans ce second volet où il approfondit les failles de son héros plus vulnérable et finalement hormis le glacial Christopher Walken il n'y a pas de vrai méchant dans Batman Returns, juste des êtres anormaux en quête d'identité. A ce petit jeu Michelle Pfeiffer offre la prestation la plus incandescente de sa carrière et est absolument inoubliable. Elle est l'âme de cette magistrale suite, soulignée par une dernière image des plus évocatrices. Burton s'affranchit totalement du comics pour tout simplement signer un grand film. 6/6

Image
Avatar de l’utilisateur
Spongebob
David O. Selznick
Messages : 12783
Inscription : 21 août 03, 22:20
Last.fm
Liste DVD
Localisation : Pathé Beaugrenelle

Re: Tim Burton

Message par Spongebob »

Deux très beaux textes qui rendent parfaitement justice aux films de Burton. Moi qui les connait par cœur tu m'as donné envie de les revoir ! Bravo !
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Tim Burton

Message par Profondo Rosso »

Spongebob a écrit :Deux très beaux textes qui rendent parfaitement justice aux films de Burton. Moi qui les connait par cœur tu m'as donné envie de les revoir ! Bravo !
Merci :wink: Autant j'ai toujours adoré le second mais la revoyure m'a complètement fait réévaluer le premier que je n'avais pas revu depuis longtemps. Contrairement à monfilm je n'y trouve pas le côté 80's si envahissant (hormis la scène du musée les morceaux de Prince sont largement en retrait et pour les look ça s'arrête à quelque coiffure rien de gênant) et vu le formatage du film de super-héros maintenant ça détonne pas mal et fait bien plus confiance au spectateur en ne surlignant pas à l'excès, ça passe grandement par l'image.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18487
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Tim Burton

Message par Profondo Rosso »

Edward aux mains d'argent (1990)

Image

Edward n'est pas un garçon ordinaire. Création d'un inventeur, il a reçu un cœur pour aimer, un cerveau pour comprendre. Mais son concepteur est mort avant d'avoir pu terminer son œuvre et Edward se retrouve avec des lames de métal et des instruments tranchants en guise de doigts.

Après le triomphe de son Batman (1989), Tim Burton se trouve parmi les réalisateurs les plus en vus d’Hollywood et profite de ce pouvoir pour enfin réaliser Edward aux mains d’argent, projet qui lui tient à cœur depuis longtemps. La Warner souhaitant plutôt le voir s’atteler immédiatement à la suite de Batman montre peu d’intérêt pour Edward et fini par revendre les droits du film à la Fox qui laissera une totale liberté artistique au réalisateur.

Image

Edward aux mains d’argent est le film le plus personnel de Tim Burton. Dans chacune de ses œuvres de cette époque, Burton place un miroir de lui-même au centre de l’intrigue. C’est l’adolescente gothique incarnée par Winona Ryder dans Beetlejuice (1988) - Beetlejuice étant lui le mauvais génie qu’il aurait rêvé venir bouleverser son quotidien -, c’est toutes les créatures de la nuit asociales des deux Batman ou encore l’excentrique au talent tout relatif Ed Wood dans le film éponyme. Edward Scissorhands va plus loin puisque son héros est tout simplement le double du réalisateur, la trame enrobant dans une inspiration gothique (au croisement de Frankenstein, Le Bossu de Notre-Dame ou Le Fantôme de l’Opéra) l’adolescence solitaire d’un Burton trop différent de son environnement. A cette époque difficile, Burton aura exprimé ce mal-être dans un dessin représentant un homme avec des ciseaux à la place des mains.

Image

Ces ciseaux sont une métaphore de la timidité, de l’incapacité à communiquer et se fondre dans la masse pour Edward (Johnny Depp), être fragile que son créateur (Vincent Price dans son poignant dernier rôle) n’a pas eu le temps de doter de main avant de disparaître. Edward est donc un reclus apeuré par le monde extérieur mais qui ne demande qu’à s’y intégrer, cela étant signifié dès sa première apparition où il se cache puis se révèle à Dianne Wiest dans le manoir, cette dernière ayant auparavant aperçu les coupures de journaux qu’il collectionne. Pour Burton, le monde extérieur est symbolisé par cette banlieue pavillonnaire équivalente à sa Burbank natale et dont il croque avec férocité le conformisme d’abord dans des vignettes sans paroles. Sa caméra balaie ainsi les maisons à l’aspect uniforme dans de même couleurs criardes, la curiosité malsaine et le commérage où chaque femme se ruera sur son téléphone après avoir entraperçu cet inconnu hirsute traverser la ville et bien sûr le manège routinier et mécanique des maris quittant tous leur domicile en voiture au matin. Le portrait est plus corrosif encore lorsqu’il s’attarde plus précisément sur ce voisinage peuplé de mégères frustrées au maquillage criard, aux coiffures et tenues de mauvais goût et pour lequel le nouveau venu Edward constitue une attraction passagère qui les divertira un temps mais ne sera jamais vraiment des leurs. Kathy Baker dans une prestation génialement superficielle domine parfaitement ce défilé d’hypocrites.

ImageImage

Le cynisme est évité grâce au personnage plein de candeur d’Edward et à la prestation à fleur de peau de Johnny Depp. Après Batman, le look du héros (lorgnant sur celui du chanteur des Cure Robert Smith dont Burton est fan) associera définitivement Burton au mouvement gothique et le visage inquiet et la gestuelle de pantin désarticulé de Depp exprime magnifiquement la fébrilité d’Edward. A l’aise, aimé et en confiance il est capable de véritable prodiges (les impressionnantes haies animalières, les amusantes séquences où il se mue en coiffeur hors-pair) mais devenant un danger malgré lui dès qu’il se sent menacé.

Image

Ses rares crises morales lui sont refusées et réveillent les préjugés de son entourage qui lui rappellent son statut de monstre. Un pont avec le monde normal semble pourtant possible avec le personnage de Winona Ryder (teinte en blonde pour l’occasion) qui illustre d’abord cette intolérance à l’échelle adolescente (il est d’ailleurs amusant de voir Anthony Michael Hall l’ado chétif et complexé chez John Hughes jouer les brutes épaisses ici) mais finit par être réellement touchée par la sensibilité d’Edward. Burton dépeint cette romance platonique avec une magie rare et sans un mot si ce n’est ce court échange résumant toute la problématique du récit :

Kim: Hold me.
Edward: I can't.


Image

Sinon cela passera par les regards significatifs où transparaît la complicité entre Johnny Depp et Winona Ryder en couple à l’époque, tel cette connexion qui se fait à travers un écran de télévision et bien évidemment celle de la danse sous la neige où la musique céleste de Danny Elfman et la mise en scène de Burton communient dans une grâce absolue. Peut-être la plus belle scène jamais filmée par le réalisateur avec la naissance de Catwoman dans Batman Returns (1992). La narration façon Il était une fois renvoie à cette dimension de conte où la conclusion exprime une féérie et une mélancolie inoubliable. Le chef d'oeuvre de Tim Burton. 6/6

Image
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Tim Burton

Message par Federico »

Profondo Rosso a écrit : le look du héros (lorgnant sur celui du chanteur des Cure Robert Smith dont Burton est fan) associera définitivement Burton au mouvement gothique et le visage inquiet et la gestuelle de pantin désarticulé de Depp exprime magnifiquement la fébrilité d’Edward.
Image
:uhuh:
A l’aise, aimé et en confiance il est capable de véritable prodiges (les impressionnantes haies animalières, les amusantes séquences où il se mue en coiffeur hors-pair).

Notamment avec le gros toutou hirsute dont il dégage la mèche (ma séquence préférée). :D
Le chef d'oeuvre de Tim Burton. 6/6
Oui. Ex-aequo avec Ed Wood.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
odelay
David O. Selznick
Messages : 13090
Inscription : 19 avr. 03, 09:21
Localisation : A Fraggle Rock

Re: Tim Burton

Message par odelay »

Hansel et Gretel, un court diffusé une seule fois le 31 octobre 83 sur le Disney Channel vient de refaire surface sur le net.
Un mec avait enregistré ça à l'époque. Une occasion unique de le voir avant qu'il ne soit plus dispo!




Esthétiquement tout est là. C'est bourré d'idées et on imagine qu'il a utilisé au maximum de peu d'argent qu'on lui avait sans doute accordé. La scène avec le bonhomme en pain d'épice est assez flippante je trouve.
Dernière modification par odelay le 17 août 14, 18:27, modifié 1 fois.
Répondre