Pulsions - Dressed to Kill (Brian De Palma - 1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jordan White
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Pulsions - Dressed to Kill (Brian De Palma - 1980)

Message par Jordan White »

Je me pourléchais les babines en découvrant ce De Palma que je n'avais encore jamais vu et quelle désillusion. L'intérêt s'est effiloché au fur et à mesure que le film avançait et d'une première partie incroyable de virtuosité j'ai suivi une seconde partie plombée par une réalisation beaucoup plus pépère, et à vrai dire chiante. Presque sans intérêt, si ce n'est des éclats de génie qui parsèment le long-métrage sans le hisser à la hauteur des débuts ( la séquence de poursuite dans le métro au milieu d'un rythme trop lent), qui est ce que De Palma sur la forme comme dans le fond a sans doute fait de mieux avec Carrie, qui est pour moi son meilleur film.
Michael Caine m'a paru transparent et la révélation des dernières minutes beaucoup trop prévisible, je parvenais à deviner sans difficulté ce qui allait se passer. Par contre je dois avouer que les vingt première minutes, dans le musée puis
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le meurtre d'Angie Dickinson
sont le morceau le plus intriguant, le mieux réalisé et celui dans lequel explose au grand jour l'obsession hitchockienne pour le suspens, le voyeurisme et la place du témoin, avec ce meurtre dans l'ascenceur à la chorégraphie bien pensée. Là je n'ai rien à redire, ça tient très bien la route, mais pour ce qui est du reste...Entre scénario nébuleux ( et cette histoire de transexuelle qui ne s'assume pas, je ne sais pas où il veut en venir), la description des personnages, même Nancy Allen est peu convaincante et ce n'est pas Keith Gordon qui rattrape le tir. Et la conclusion est une resucée de Carrie, dont il reprend presque plan par plan le final en travelling arrière.
Un des moins bons De Palma.
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harry callahan
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Message par harry callahan »

Un autre De Palma qui m'a moitié gonflé, moitié exaspéré ( vas y que je te reprends les trames d'Hitchcock, une fois qu'on a vite deviné quel film il repompait, le suspense fout le camp ). Je retiens deux très belles séquences, l'ascenseur et le métro, tout le reste c'est poubelle. Une photo de Michael Caine sur le tournage de Pulsions :

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John Constantine
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Message par John Constantine »

Jordan White a écrit :Entre scénario nébuleux ( et cette histoire de transexuelle qui ne s'assume pas, je ne sais pas où il veut en venir)
Il y a bien sûr un prétexte pour trucider des gens de manière classieuse et léchée, aux bords de l'exercice de style (mais quel exercice!) mais le film ne semble évoquer qu'un monde de gens en marge, d'outsiders - Gordon surdoué, Dickinson frustrée, Allen prostituée. BDP peint cyniquement un monde pas glop du tout, de fractures comme d'habitude chez lui, où on se raccroche difficilement aux personnages. Qd aux accusations de misogynie portées envers le film, c'est qd même une histoire de très forte insécurité masculine, où un type se cherche et fait des coupes.
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Battling
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Message par Battling »

Dressed to kill est l'un de mes trois De Palma favoris. Je l'avais vaillament défendu face aux attaques spécieuses de Francis Moury, mais je ne sais plus exactement où...
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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Je pense que tout le monde s'accorde à trouver l'exercice de style fascinant. Pour le reste, j'aime beaucoup la relation très bizarre entre le fils et Nancy Allen, à la fois bon enfant et incroyablement adulte. Les aberrations de l'intrigue ne sont pas pires que dans Body Double ou Raising Caïn (je mets Femme fatale de côté, même si je l'aime bien).
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Message par Ryo_Saeba »

:idea:
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Message par Max Schreck »

Allons, allons, Ryo. Modère tes pulsions...
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Message par Jake Scully »

Découvert dans une version française, avec image recadrée, et cassette de qualité pourrie (location vidéo). Et j'avais été moyennement emballé (forcément), je trouvais ça également un peu décevant pour rien cacher.

En le revoyant via l'achat du DVD, je l'ai trouvé brillament mis en scène (sa séquence d'ouverture au ralenti -faux-début comme on retrovue dans Body Double- ; sa musique magnifique signée Donnaggio ; le jeu de Dickinson, Caine, Allen... ; la scène de l'ascenseur ; la caméra qui enregistre les allers et venues des patients ; le split-screen ; le métro ; etc.) bref, aujourd'hui, ce n'est peut-être toujours pas le grand amour entre ce film et moi, mais j'admire sa virtuosité.

Ce n'est quand même pas un navet. ;)
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harry callahan
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Message par harry callahan »

Max Schreck a écrit :Je pense que tout le monde s'accorde à trouver l'exercice de style fascinant.
Tout le monde sauf moi, dans ce cas.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Je ne suis absolument pas d'accord avec Jordan et Harry Callahan.
Pulsions exerce sur moi une véritable fascination. Reprocher d'abord au film de trop s'appuyer sur Hitchcock revient à mettre au panier (ou "poubelle" selon Harry :wink: ) 95% des films de De Palma depuis 1973. Je crois qu'on a tous en tête, depuis très longtemps, que Brian ne se borne pas à s'inspirer du maître anglais mais qu'il considère les oeuvres de ce dernier comme un genre en soi et qu'il travaille dessus comme une sorte de post-moderniste.
Le scénario de Pulsions apparaît en effet tarabiscoté et finalement ne reposer que sur un seul noeud dramatique déjà pas piqué des vers. Mais comme John, je pense que ce n'est qu'un prétexte pour faire le portrait de personnages extravagants et névrosés pour la plupart. Il y a une chose qui est assez vite évacuée ou presque (d'où le renvoi à la structure de Psychose), c'est la profondeur dramatique et donc l'aspect tragique de l'histoire source d'émotions comme dans Blow Out, Carrie ou Obsession par exemple. Ici, on est plus dans l'exploration perverse et ludique d'êtres en marge avec un regard quasi entomologiste mâtiné de psychanalyse volontairement second degré.
Quant à la mise en scène de la seconde partie, je ne la trouve pas pépère du tout. On change de sujet d'observation et on passe de la position de celui qui est regardé à celui qui regarde (je ne sais pas si je me fais comprendre là :lol: )
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John Constantine
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Message par John Constantine »

Roy Neary a écrit :Je crois qu'on a tous en tête, depuis très longtemps, que Brian ne se borne pas à s'inspirer du maître anglais mais qu'il considère les oeuvres de ce dernier comme un genre en soi et qu'il travaille dessus comme une sorte de post-moderniste.
Exactement. Une fois qu'on admet cela, qu'il considère les motifs hitchcokiens - la douche, la fenêtre sur cour, le double - comme des figures à retravailler dans un sens plus pervers (en ensanglantant, ou en mettant à nu l'artifice comme pour Body Double), et en jouant sur le sentiment de déjà-vu (ce qui est le propre du post-modernisme), les accusations de plagiat, photocopie deviennent stériles.
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harry callahan
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Message par harry callahan »

Vous pouvez me sortir toutes les explications techniques que vous voulez, j'ai vu quand même un certain nombre de films de De Palma, et s'ils sont pour la plupart, comme vous le dites, largement influencés par Hitchcock, il n'y a que pour Pulsions et Obsession que ça m'a vraiment gonflé. Les personnages, j'ai du mal à m'intéresser à eux si je sais ce qu'il va leur arriver ou ce qu'ils vont faire parce que je l'ai déjà vu dans un autre film. Alors, qu'on leur mette un nez rouge ou une perruque blonde, qu'un avocat devienne médecin ne change rien à ça.

Expliquez moi aussi pourquoi dans ce cas, j'adore Blow out, L'impasse, j'aime beaucoup Scarface, Carrie ( souvenirs lointains ), Body double, Outrages, et peut être d'autres que j'oublie. Pour certains de ces films, je vois la référence à Hitchcock, ça ne me gêne ni ne m'influence pas plus que ça. Pour les deux autres, il y a de jolies scènes, mais l'histoire ne m'intéresse plus au bout de 20 - 30 minutes.
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Message par Jake Scully »

harry callahan a écrit :Expliquez moi aussi pourquoi dans ce cas, j'adore Blow out, L'impasse, j'aime beaucoup Scarface, Carrie ( souvenirs lointains ), Body double, Outrages, et peut être d'autres que j'oublie. Pour certains de ces films, je vois la référence à Hitchcock, ça ne me gêne ni ne m'influence pas plus que ça. Pour les deux autres, il y a de jolies scènes, mais l'histoire ne m'intéresse plus au bout de 20 - 30 minutes.
Je pense que c'est parce que ces films que tu cites sont soit : moins marqué par le côté hitchcockien (quasiment pas dans L'Impasse et dans Outrages) ; soit ils détournent presque les références hitchcockiennes, font plus "second degré" comme Body Double ou Phantom of the Paradise. Quant à Carrie, il a une esthétique bien à lui, plus proche d'un Phantom of the Paradise justement, et même si certaines scènes rappellent fortement Hitchcock (et la musique avec les violons!) elles sont mieux intégrées dans le film et le spectateur les digèrent mieux. Le problème avec Pulsions est que De Palma se prend peut-être trop au sérieux avec la grammaire hithcockienne je pense, et on remarquera qu'il y a beaucoup moins d'humour dans ce film qu'on ne peut en trouver dans un autre De Palma, moins d'humour donc moins de recul.
C'est ça qui m'a également un peu déçu.

Après, reste la superbe mise en scène...
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Message par John Constantine »

harry callahan a écrit :Les personnages, j'ai du mal à m'intéresser à eux si je sais ce qu'il va leur arriver ou ce qu'ils vont faire parce que je l'ai déjà vu dans un autre film. Alors, qu'on leur mette un nez rouge ou une perruque blonde, qu'un avocat devienne médecin ne change rien à ça.
Les situations sont à la fois déjà vues et distordues: ce n'est pas non plus le Psycho de Van Sant avec "photocopie" [ce qui n'est même pas le terme approprié car couleur + autres acteurs brouillent la copie]. Comme chez Woody Allen, Fassbinder, James Bond, un slasher, un Sirk, le plaisir vient précisément du fait qu'on connaît la partition mais que le jazzman est tout à fait libre de varier dessus, ajouter des notes... BDP n'est pas donc un cas isolé: il prend les mots "douche", "voyeur" et les décline.

Prenons la douche de Psychose: Harry, tu ne peux pas dire que les persos font ce qui a déjà été vu, parce qu'entre la douche-ventouse de Phantom, le meurtre dans l'ascenceur dans Pulsions/Les incorruptibles, la douche finale de Body Double ou le crime sans douche à la fin de Blow Out, c'est pas la même chose... mais avec un air familier. Comme écouter Thelonious Monk déconstruire un standard. Distorsion: je peux comprendre qu'on n'aime pas cela mais c'est tout un pan du cinoche, depuis les variations du western-spaghetti sur les conventions du genre au plaisir de grapiller des bouts d'Alien dans Blade II.
Pour certains de ces films, je vois la référence à Hitchcock, ça ne me gêne ni ne m'influence pas plus que ça. Pour les deux autres, il y a de jolies scènes, mais l'histoire ne m'intéresse plus au bout de 20 - 30 minutes.
Une histoire de goût... mais Pulsions nage dans les mêmes eaux que Body Double en terme de variation sur un air très connu. A moins que tu aimes Frankie goes to Hollywood?
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harry callahan a écrit :Expliquez moi aussi pourquoi dans ce cas, j'adore Blow out, L'impasse, j'aime beaucoup Scarface, Carrie ( souvenirs lointains ), Body double, Outrages, et peut être d'autres que j'oublie. Pour certains de ces films, je vois la référence à Hitchcock, ça ne me gêne ni ne m'influence pas plus que ça. Pour les deux autres, il y a de jolies scènes, mais l'histoire ne m'intéresse plus au bout de 20 - 30 minutes.
Peut-être parce que, comme je le disais plus haut, Pulsions est un film plus malin et intellectualisé (dans sa façon de jouer avec des figures hitchcokiennes) et accorde moins d'importance aux émotions ?
Autre question qui me turlupine : ne pas adhérer à Obsession quand on aime Blow Out, j'y vois comme une contardiction.
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