Supfiction a écrit :...On a jamais peur une seconde, on est simplement surpris (et encore, quand on ne voit pas venir les trucs une heure à l’avance), d’autant plus que les personnages sont creux ou inexistants (comme souvent, euphémisme, chez Carpenter). Bref on se moque totalement de ce qui leur arrive. Comme je le disais j’ai bien aimé la photo et l’esthétique typique de l’époque mais pour le reste, c’est pour les fans hardcore de Carpenter dont je ne fais pas partie évidemment.
Loin de moi l'idée de te convaincre mais c'est précisément tout l'intérêt de ce que cherche à faire ici Carpenter. Il ne s'agit pas de jouer sur la surprise ( c'est une fausse piste pour ce film) mais bien sur la lente et prévisible trajectoire d'une menace. On la voit envahir l'espace, des lieux. Ce n'est pas un film qui joue sur la rapidité mais plutôt sur son contraire; la lenteur. La vitesse avec laquelle elle se déploie, la beauté abstraite de sa manifestation (brouillard phosphorescent) et de sa propriété invasive. Le point de départ et d'arrivée sont connus. Tout le génie de Carpenter consiste à ne pas créer une suspense sur le point d'arrivée ou de vouloir créer une intrigue imprévisible. Mais bien de mettre en scène une abstraction: l'essence d'une action. Un
fatum, une invasion inéluctable. A faire de sa progression un enjeu de mise en scène. A vouloir filmer un intervalle entre deux points. A observer la déperdition énergétique d'un plan, d'une scène comme dirait Thoret, à la suite de Deleuze. C'est un peu la même idée abstraite qui, déjà, animait la mise en scène d'
Halloween, filmer une entité abstraite, "the shape", présence invasive particulièrement pacificatrice
.