Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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cinephage
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Message par cinephage »

Un bon mois avec 45 films vus ce mois-ci. Triomphe de l'animation, avec Coco au sommet du podium.

En mention spéciale, une mini-série d'animation évoquée par ailleurs, Over the Garden Wall. Aussi inventive qu'originale et, surtout, touchante (beaucoup d'émotion à la fin), cette mini-série tient du chef d'oeuvre en son genre.

Derrière, quelques titres se partagent la part du lion :
Hunt for the Wilderpeople, de Taika Waititi, dont il est facile de comprendre pourquoi Hollywood l'a fait venir, et que je recommande aux fans de Sam Neill.
Puis Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, de Martin McDonagh (les panneaux de la vengeance), qui m'a saisi autant par la performance de ses comédiens que par sa logique en emboitement qui détourne les codes du film d'enquête.

Pour évoquer en vrac mes autres découvertes que je recommande fortement :
Bad Boy Bubby, de Rolf de Heer (1993), un film dérangeant au départ, mais qui parvient à dépasser son postulat de départ pour construire un personnage cinématographique fascinant.
Mister Vampire 3, de Ricky Lau (1987), précurseur de fantômes contre fantômes, drôle, débordant d'idées, et certainement le plus inventif des films de cette série.
La Cordillera / El Presidente, de Santiago Mitre, que je recommande aux amateurs de thrillers politique, un film porté par Ricardo Darin qui est autant le portrait fictif d'un politique redoutable qu'une réflexion politique pertinente sur le statut des pays d'Amérique du Sud.
Memories, Kôji Morimoto, Tensai Okamura & Katsuhiro Otomo (1998), un film composé de 3 sketches de science-fiction, chacun très inventif et visuellement superbe, dans des registres suffisamment différents pour éviter toute répétition.
Ikarie XB 1, de Jindrich Polák (1963), récit est-européen d'un voyage spatial, aux motifs visuels fascinants, à l'intrigue qui séduira les amateurs de Star Trek et autres récit du genre. Très intéressant et bien plus qu'une simple curiosité.
Le monde perdu, de Harry Hoyt (1925), un récit d'exploration à l'ancienne (A.C.Doyle), qui allie dinosaures, séquences comiques et intrépides reporters... On se s'ennuie pas une seconde, le film est vif et très sympa. Sans doute une bonne approche du cinéma muet pour les enfants.
Darkest Hour, de Joe Wright, où la mise en scène inventive du réalisateur britannique est modérée au service d'un récit historique dominé par une interprétation remarquable de Gary Oldman et une belle série de phrases historiques qu'on redécouvre avec bonheur.
Coming home, de Hal Ashby (1978), film sur le douloureux retour de la guerre du Viet-Nam, et plaidoyer pacifiste, illustré par une bande originale qui abonde en classiques de la période, et très bien joué par le triangle Jane Fonda-Jon Voight-Bruce Dern.

Un mois dominé, donc, par les sujets politiques, et les relations hommes-femmes au crible de l'ancien monde (Barbarella, A boy and his dog, les grandes manoeuvres, pour les titres les plus significatifs).
Je garde quelques belles images en tête, le bus de Priscilla folle du désert, sur le toit duquel Guy Pearce fait voler ses voilages extravagants dans le vent, les magnifiques décors de la belle et la bête, version Juraj Herz, certains plans incroyablement beaux de Zardoz (on m'avait prévenu pour le kitsch, mais la photo du film est vraiment superbe), et le très sexy générique d'ouverture de Barbarella, d'un érotisme mémorable.
Musicalement, je ne résiste pas au plaisir de partager Potatoes and Molasses, titre phare de Over the Garden Wall...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
aelita
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Message par aelita »

Rétrospective Asquith en mars/avril 2015 sur TCM (j'ai loupé celui-là). Certains ont pu être rediffusés après.
Effectivement Ikarie XB 1 c'est très bien . Film vu l'an dernier lors d'une ressortie salles. Le film était présenté comme une sorte de prédécesseur de 2001 l'odyssée de l'espace (sans doute essentiellement visuellement). J'ignore si Kubrick connaissait le film et si on peut donc le considérer comme une influence...
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Demi-Lune
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Message par Demi-Lune »

cinephage a écrit :Memories, Kôji Morimoto, Tensai Okamura & Katsuhiro Otomo (1998), un film composé de 3 sketches de science-fiction, chacun très inventif et visuellement superbe, dans des registres suffisamment différents pour éviter toute répétition.
J'avais été très déçu, perso. Les deux premiers segments sont vraiment anecdotiques (le second avec le contaminé est par ailleurs bien lourdingue). Par contre le Otomo est un petit chef-d’œuvre de l'animation.
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Message par Jack Carter »

aelita a écrit :J'ignore si Kubrick connaissait le film et si on peut donc le considérer comme une influence...
Si, et je crois qu'il s'en est inspiré, ou du moins, se l'etait fait projeté lors de la preparation de 2001.
.
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Merci :wink:
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cinephage
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Message par cinephage »

Demi-Lune a écrit :
cinephage a écrit :Memories, Kôji Morimoto, Tensai Okamura & Katsuhiro Otomo (1998), un film composé de 3 sketches de science-fiction, chacun très inventif et visuellement superbe, dans des registres suffisamment différents pour éviter toute répétition.
J'avais été très déçu, perso. Les deux premiers segments sont vraiment anecdotiques (le second avec le contaminé est par ailleurs bien lourdingue). Par contre le Otomo est un petit chef-d’œuvre de l'animation.
Si le sketch comique est effectivement anecdotique, je ne boude pas mon plaisir d'avoir bien ri pendant une grosse partie de son déroulement, et puis le comique s'accomode bien du format court.
En revanche, pas d'accord sur le premier sketch, qui est un véritable moment de space opera, grandiose et visuellement magnifique, et qui m'a certainement plus séduit encore que le Otomo, qui est certes une fable à portée plus universelle, mais où la SF s'efface un peu derrière la métaphore...
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aelita
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Message par aelita »

Jack Carter a écrit :
aelita a écrit :J'ignore si Kubrick connaissait le film et si on peut donc le considérer comme une influence...
Si, et je crois qu'il s'en est inspiré, ou du moins, se l'etait fait projeté lors de la preparation de 2001.
.
Merci. Ca m'avait semblé tout de même trop "apparenté" (en ce qui concerne la direction artistique) pour que ce ne soit qu'une coïncidence.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Harkento
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Message par Harkento »

Un seul gros coup de coeur pour le mois de janvier avec 34 films vus. Sinon, j'ai vu plein de films très sympathiques.
Mon Top8 de Janvier :

1. Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi)
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2. Antoine et Antoinette (Jacques Becker)
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3. Baby Cart II : L'enfant massacre (Kenji Misumi)
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4. Pentagon papers (Steven Spielberg)
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5. Partie de campagne (Jean Renoir)
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6. J.S.A. (Park Chan-Wook)
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7. White God (Kornél Mundruczó)
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8. Godzilla (Ishirô Honda)
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Mais aussi : Mélodie pour un meurtre (Harold Becker), Baby Cart IV : L'âme d'un père, le coeur d'un fils (Buichi Saitô), Powder (Victor Salva), Iron Sky (Timo Vuorensola), Oslo, 3 août (Joachim Trier), Fantômes en fête (Richard Donner) & Mortelle randonnée (Claude Miller)
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Message par Max Schreck »

Mois de janvier qui m'a correctement comblé, avec un tiercé de tête plutôt riche en émotions, mais aussi quelques vraies déceptions (DeBlois, Sollima).


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1. The Outsiders - the complete novel (Coppola), bouleversant de beauté et de poésie

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2. Lorenzo's oil (Miller), puissant

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3. Microbe et Gasoil (Gondry), charmant


Films découverts
Insidious (Wan), vraiment mauvais, d'une désolante pauvreté d'imagination
Au bout du conte (Jaoui), ça se suit joliment, mais les éléments de conte de fée plombent davantage le film qu'ils ne lui apportent
How to train your dragon 2 (DeBlois), j'apprécie les prouesses techniques et l'effort fait sur le registre de l'émotion, mais ne peux me départir de l'impression d'une suite un peu forcée
Welcome (Lioret), bon film, honnête et bien ficelé, que j'aurais néanmoins aimé plus vibrant
Profils paysans 3, la vie moderne (Depardon), 3e volet qui ne conclut pas vraiment mais qui complète le tableau (un peu triste) de cette poignée de destins
Citta' violenta (Sollima), désespérément vide

Films revus (Hors compétition)
Gone with the wind (Selznick), un regal cinématographique, même si dramaturgiquement pas toujours convaincant
Summer of Sam (Lee), du très bon cinéma
Azur & Asmar (Ocelot), splendide et franchement pas loin du chef-d'œuvre


Séries TV
The Killing (version danoise) (S.1), une efficacité malheureusement diluée par sa durée démesurée qui finit par rendre tout le projet artificiel
Homeland (S.5), extraordinaire récit d'espionnage aux moments forts
Show me a hero (S.1), en cours...
The Office U.K. (S.1), en cours...
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Jack Carter a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Cool aussi pour le Leroy et le De Broca.

Quant au Asquith cité deux fois de suite un peu au-dessus, il commence à m'intriguer. Rappelez moi par quel biais peut-on le voir ?
Evasion (son titre français) est passé sur TCM lors de l'integrale Asquith en 2016 je crois, donc soit un enregistrement ou recupéré sur le net, soit un dvd UK, je pense. Pour enfoncer le clou, il faiait partie de mes decouvertes naphtas 2016.
Vu dans cette édition UK https://www.amazon.co.uk/Young-Lovers-D ... ung+lovers

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Pas de sous-titres malheureusement mais c'est assez simple à suivre pas d'accent rédhibitoire ou de vocabulaire trop compliqué :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Profondo Rosso a écrit :
Pas de sous-titres malheureusement mais c'est assez simple à suivre pas d'accent rédhibitoire ou de vocabulaire trop compliqué :wink:
Ah oui mais non ; sans sous titres anglais, ce n'est pas possible pour moi. Merci quand même :wink:
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Joshua Baskin
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Message par Joshua Baskin »

Un mois marqué par 2 grandes déceptions qu'ont été les découvertes des cinémas de Borowczyk et du jeune Damien Manivel (le Parc). Egalement pas mal de films ne dépassant pas les 6 sur 10. Heureusement, je me suis rattrapé en fin de mois, néanmoins, aucun vrai grand film.

Mon top :

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Il Posto (Ermanno Olmi)

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Bernie(Richard Linklater)

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Smashed(James Ponsoldt)

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Moonlight (Barry Jenkins)
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AntonChigurh
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Message par AntonChigurh »

Un très bon début d'année pour ma part avec 28 films vus dont 22 découverts pour la première fois ainsi que 2 séries découvertes...

Pas de naphta' par contre :oops: , étant né dans les années 90 ma culture cinématographique est pour ainsi dire complètement "à faire" ou presque mais depuis que je consulte les forums et cie il ne se passe pas une journée sans que je n'ajoute un ou plusieurs films à ma liste IMDb de ceux à me procurer et regarder un jour 8) .

Voici les 10 films qui m'ont marqué ce mois-ci (découverts comme redécouverts) ainsi que les 2 séries :

L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford-Andrew Dominik
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Lost In Translation-Sofia Coppola
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Traffic-Steven Soderbergh
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The Strangers-Na Hong-jin
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Take Shelter-Jeff Nichols
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Eternal Sunshine of the Spotless Mind-Michel Gondry
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Les Huit Salopards-Quentin Tarantino
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Wind River-Taylor Sheridan
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Mississippi Burning-Alan Parker
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Blade Runner-Ridley Scott
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Quarry
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Freaks And Geeks
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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Film du mois de janvier


1. Pentagon Papers (Steven Spielberg, 2017)


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2. Liaisons Secrètes (Richard Quine, 1960)


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3. Deux Filles au Tapis (Robert Aldrich, 1981)


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Superbe mois, avec trois films presque chacun supérieurs à tout ce que j'ai pu voir sur l'année 2017.


Mes découvertes en détail :
Spoiler (cliquez pour afficher)
La piste de Santa Fé (Michael Curtiz, 1940)
Au diable la véracité historique des faits pourvu que la fiction y gagne en ferveur dramatique. Loin d’airain du cinéma, particulièrement lorsqu’il est produit par Hollywood et servi par les vedettes de son âge d’or. Autour d’Errol Flynn, fringant officier émoulu de West Point, Ronald Reagan compose un Custer idéaliste et Raymond Massey fait vivre un John Brown fanatique, halluciné, convaincu de mener sa croisade abolitionniste au nom de Dieu. Au sein d’un western alerte et spectaculaire dont les composantes formelles ne sont jamais prises en défaut, ce personnage féroce mû par la plus noble des causes fournit l’assise d’une captivante réflexion sur les excès de tout engagement, de tout combat révolutionnaire, lorsque crépitaient les étincelles qui allaient mettre le feu au brasier de la guerre de sécession. 4/6

Christmas (Abel Ferrara, 2001)
Vingt-quatre heures de la vie d’un couple de trafiquants de drogue new-yorkais, en pleine période de Noël. Mari, femme et complices papotent des cadeaux en dosant et empaquetant la dope, billets verts et poudres blanche sont palpés, détournés, évalués tandis que les guirlandes multicolores rutilent. Ferrara joue de la durée, de la répétition, de la dédramatisation, déshabille de son folklore la peinture du business, adopte un regard neutre et vif à travers lequel se lit néanmoins un bilan d’impuissance ethno-sociologique. Toute en glissements et scintillements, ellipses et trous d’air, la mise en scène flottante absorbe chimiquement l’urbain au gré des blackouts en fondus, faisant clignoter les reflets de la ville pour faire ressortir les yeux de l’héroïne, deux charbons noirs de colère qui crépitent dans la nuit. 4/6

Le saint (Satyajit Ray, 1965)
C’est un conte moral, comme Rohmer en a tourné de nombreux au cours de sa carrière, mais qui déplacerait les préoccupations sentimentales du cinéaste français sur un terrain plus politique. C’est aussi une œuvre inaboutie de n’avoir su fondre qu’en partie le discours idéologique qui le fonde en une forme esthétique convaincante. Ray tente d’y formuler un manifeste rationaliste et athée contre la religion, maléfique opium des intellectuels qui adorent (parce qu’il prétend avoir rencontré Platon, Jésus et Bouddha) un gourou soi-disant immortel. Lequel s’avère un véritable Tartuffe, gros, gras, le teint fleuri, l’un de ces imposteurs parcourant l’Inde en tête de gogos qu’il enivre de ses délires verbaux. La farce n’est pas dénuée d’un certain charme mais bien trop superficielle pour laisser une trace durable. 3/6

Le tombeur de ces dames (Jerry Lewis, 1961)
Si Le Dingue du Palace pouvait s’appréhender comme une étude inquiétante et austère du gag, sans le moindre artifice de scénario, celui-ci se présente sous un apprêt de civilisation qui le rend plus accessible. De pimpantes couleurs y soulignent outrageusement l’arbitraire d’un immense décor filmé en coupe, qui tient de la maison de poupée et de la ruche bourdonnante. Obligeant à gober les changements à vue, l’auteur substitue la dilatation du détail au raccord explicatif, torture sa création avec acharnement, traite les stéréotypes à l’acide pour mieux exorciser sans doute l’angoisse d’une rupture irrémédiable avec une société dont il ressent toutes les distorsions tératologiques, mais qu’il ne peut renier sans subir le châtiment de solitude. Ainsi l’éternel ado attardé devient-il le fou de notre royaume. 4/6

La valse dans l’ombre (Mervyn LeRoy, 1940)
Londres est un pont, du brouillard, un lampadaire ; la guerre une gare pleine de soldats ; l’amour une valse muette dans un cabaret où des chandelles sont mouchées une à une ; la mort une ligne dans un journal ; et le bouleversement intérieur suggéré par l’un des fameux haussements de sourcils de Vivien Leigh, trésor de ce superbe mélodrame. Il en va de même pour le cours du temps, qui suit élastiquement le rythme de l’émotion en une bousculade de scènes fortes, prouvant quel talent de l’ellipse la narration demande au conteur, et quelle rapidité d’enchaînement il suppose dans l’imagination de celui à qui on la conte. Loin du cabotinage, du pathos et du carton-pâte, le film aboutit ainsi à une sorte d’épure poignante, où l’intelligence et la sensibilité ne cessent de se prendre mutuellement le relais. 5/6

Deux filles au tapis (Robert Aldrich, 1981)
Deux catcheuses et leur manager sur les routes peu reluisantes de l’Amérique profonde… Parce que nul n’a jamais sacré Aldrich arbitre du tact et de la finesse, on aurait pu redouter que les manchettes de ces dames allaient constituer autant de crimes contre le bon goût. Or ce film incroyablement généreux frappe par son homogénéité, son harmonie, sa sérénité, surprenantes sur un sujet déambulatoire et musclé qui semblait favoriser les cahots. Il rafraîchit surtout les thèmes de la réussite et du succès en les faisant porter par un trio infiniment attachant qui tente à la force du poignet de se faire une petite place au soleil : son rêve de consécration, nul doute que l’auteur le fait sien et le sublime en un rêve de spectacle, jusqu’à un final chamarré et pailleté où jaillissent les larmes de l’euphorie. 5/6
Top 10 Année 1981

Les aventures de Pinocchio (Luigi Comencini, 1972)
Les adultes ont de la chance d’avoir quelquefois des enfants pour parfaire leur éducation. C’est la leçon que donne Comencini avec cette histoire d’un apprentissage manqué, celui de la marionnette par la fée, et d’un apprentissage réussi, celui du père par son enfant. Développant une comedia dell’arte composée de règnes parallèles, de classes et de sous-classes, inversant la morale sermonneuse et conformiste de Collodi, il fait de Pinocchio une incarnation de la liberté anarchique face à un monde inaccompli, rétrograde et béatement inepte. Quant à la gageure que constitue l’oscillation d’un réalisme sans pitié, géographiquement très situé (la Toscane, pays battu des vents), à la féérie la plus classique, avec son arsenal de magiciens, de vergers des miracles et de contrée des merveilles, elle est bien tenue. 4/6

Seule sur la plage la nuit (Hong Sang-soo, 2017)
À Hambourg, un compositeur de musiques pour enfants dit de ses pièces qu’elles ont l’air simple mais que plus on les regarde de près plus elles semblent compliquées. Ce pourrait être une bonne définition d’un art dont l’apparente limpidité des plans dissimule un récit élaboré, en louvoiement perpétuel entre réalité et hypothèse, poésie et rêverie, rétention et effusion. L’adagio de Schubert scande ce nouveau chapitre du journal intime partagé avec la muse Kim Min-hee, voix secrète d’une mélancolie qui infuse les réflexions murmurées sur le vieillissement, la perspective de la mort, les regrets lancinants, les douleurs irréparables. En créant de l’incertitude, des possibles, des coïncidences, des perspectives irrésolues, Hong saisit avec une sensibilité toujours accrue l’évidence paisible du désarroi amoureux. 5/6

M (Joseph Losey, 1951)
Paraît-il peu enclin à remaker un grand classique de l’écran, Losey s’en acquitte fort honorablement. Entre deux plans qui revendiquent son admiration pour le film de Lang, il en glisse d’autres qui cartographient la psychopathologie de l’assassin et, bien que fidèle au scénario original, s’en démarque en éclairant avant tout la névrose quasi sociale du meurtrier d’enfants, victime de la nécessité impérieuse pour tout homme de se montrer viril au sein d’une Amérique en quête de leadership mondial. D’où le principe d’une mise en scène soucieuse d’angles et de lumière, qui souligne la conductibilité du mal et la propriété anacyclique du crime, jusqu’à ce que le tueur, égaré entre ordre et désordre dans la vastitude sa folie, ne soit plus qu’un corps recroquevillé à mi-pente d’une rampe de parking souterrain. 4/6

Cent mille dollars au soleil (Henri Verneuil, 1964)
Les paysages désolés du Sahara, une poignée de camionneurs traînant leur passé de bourlingue, quelques poids lourds engagés dans une éprouvante course-poursuite, et voici définies les données éprouvées d’un divertissement dans la pure tradition du cinoche français du samedi soir. Schéma carré, efficace : le premier baroudeur fuit avec le magot, le second cherche à le rattraper, le troisième ferme pépère la marche en sauvant toujours la mise du précédent. Mieux vaut ne pas trop penser à l’âpreté existentielle du Salaire du Peur afin d’apprécier ce divertissement viriliste pour ce qu’il est : un film d’aventures fertile en péripéties et en bons mots, une odyssée pétaradante à forte odeur de gaz, d’essence et de sable chaud, où amitié et filouterie flirtent pour s’assortir finalement en un éclat de rire dérisoire. 4/6

Divorce à l’italienne (Pietro Germi, 1961)
L’histoire d’un baron sicilien qui jette sa femme dans les bras d’un amant et obtient de ce fait la permission de la société pour la tuer. Bouffi, placide, gominé et moustachu, périodiquement affecté d’un rictus de la bouche qui signifie tour à tour l’inquiétude, l’ennui, la satisfaction ou le plaisir, seul trait vivant dans un visage par ailleurs constamment fermé, Mastroianni est ce cocu volontaire qui, parce que la loi interdit le divorce mais est plus indulgente pour les crimes passionnels, ne trouve pas d’autre moyen de se débarrasser de sa gênante épouse. Traité avec une distanciation narquoise et une férocité souriante dans le style des romans-photos, le film est une sorte de Noblesse Oblige dans la cadre du Bel Antonio, trouvant toujours l’équilibre entre satire cruelle et humour débridé. 4/6

L’homme sauvage (Robert Mulligan, 1968)
L’argument, d’une simplicité minimaliste, est un développement naturel du thème de La Prisonnière du Désert : une Blanche captive des Indiens est retrouvée des années après avec un fils qu’elle a eu du chef de la tribu. L’éclaireur qui a organisé le sauvetage se décidant à emmener la mère et l’enfant dans son ranch du Nouveau-Mexique, leur périple s’achemine vers la tension d’un huis-clos tandis qu’ils sont assiégés par l’ennemi invisible lancé à leurs trousses. Avec ce western laconique, réduit à quelques situations exploitées de manière étonnamment concrète, Mulligan fait glisser l’antagonisme intellectuel vers un affrontement purement physique, se montre attentif au rapport des personnages à un espace vidé de tout au profit de la violence, et ose assumer le parti pris d’une singulière nudité narrative. 4/6

Pentagon papers (Steven Spielberg, 2017)
Entrepris et emballé en un temps record, s’inscrivant avec superbe dans une tradition journalistique américaine faite de vigilance et de revendication, le film parle haut et clair, revendique l’héritage de Capra, Lumet et Pakula pour ne plus faire entendre que la voix d’un auteur au faîte de ses moyens de conteur, de son brio de metteur en scène, de sa générosité de citoyen critique et engagé. Toute en transitions fluides, enchaînements inventifs, synergie fiévreuse, la mise en scène s’y fond prodigieusement avec le sujet, s’exerce tel un art grisant et dynamique de la pensée en actes, fulgure comme la foudre en explorant les mille enjeux d’un matériel thématique foisonnant, et rappelle une fois de plus où se situe la clé du vrai grand cinéma : dans la conjonction parfaite de l’image, du propos et de l’émotion. Spielberg est grand. 5/6

Raison et sentiments (Ang Lee, 1995)
Qu’il est parfois douillet de se laisser aller aux charmes simples des histoires compliquées, surtout quand on a la larme facile. En portant à l’écran le classique de Jane Austen, le cinéaste taïwanais n’en finit pas d’éprouver ses capacités d’adaptation à des contextes culturels très éloignés du sien. Il met l’accent à la fois sur les mœurs des classes aisées de l’Empire britannique (un monde régi par le mariage et l’argent) et sur l’apprentissage sentimental de deux sœurs parmi les collines moutonnantes du Devonshire. L’essentiel du conflit se situant à l’époque de la transition entre néo-classicisme et pré-romantisme, son point de vue raffiné et acerbe trouve une résonance idéale dans la délicatesse d’une superbe interprétation. On sort ému et heureux de ce film illuminé par une sorte de fatalité du bonheur. 5/6

Opéra (Dario Argento, 1987)
De film en film le cinéaste ne cesse de démonter le même mécanisme, comme un jeune homme bricoleur de son propre inconscient. Tirant le meilleur parti de son décor-titre, il pousse dans ses retranchements la maestria d’un style exercé aux marges de l’expérimentation, choisissant la caméra subjective en motif-phare, multipliant les prouesses pour faire éprouver au spectateur, comme les broches pointues placées sous ses yeux l’imposent à la jeune cantatrice, une sorte d’expérience transgressive du regard. L’argument étant d’une banalité de convention fort neutre et le scénario d’une rare indigence (le dernier quart d’heure franchit allègrement la frontière du ridicule), tout ici oblige faire le grand écart entre l’admiration que suscite la liberté créatrice et la gêne procurée par le creuset dans lequel elle s’affirme. 4/6

Le poids de l’eau (Kathryn Bigelow, 2000)
Devant ce drame biscornu où l’intrigue d’une sorte de roman-photo contemporain s’entrelace à celle d’une tragédie criminelle plantée dans un décor insulaire à fleur de vent, en 1873, on pense à La Maîtresse du Lieutenant Français de Reisz. Son parti pris consiste à confronter deux récits amoureux à un siècle d’écart et observer les résonances, pertes et acquis d’une époque à l’autre : les sentiments de jalousie et de colère, les transformations du puritanisme et des rapports de couple, depuis l’arrivée des frustres migrants norvégiens en Nouvelle-Angleterre jusqu’aux mœurs plus ou moins libérées des Américains intellectuels et aisés d’aujourd’hui. Si le trouble, le mystère et l’ambigüité recherchés ne sont pas pleinement atteints, le film n’en reste pas moins intrigant et séduisant, à l’image de ses interprètes. 4/6



Et aussi :

Liaisons secrètes (Richard Quine, 1960) - 5/6
Les heures sombres (Joe Wright, 2017) - 4/6
3 billboards : Les panneaux de la vengeance (Martin McDonagh, 2017) - 4/6
La douleur (Emmanuel Finkiel, 2017) - 4/6
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Films des mois précédents :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Décembre 2017Lettre de Sibérie (Chris Marker, 1958)
Novembre 2017L’argent de la vieille (Luigi Comencini, 1972)
Octobre 2017Une vie difficile (Dino Risi, 1961)
Septembre 2017Casanova, un adolescent à Venise (Luigi Comencini, 1969)
Août 2017La bonne année (Claude Lelouch, 1973)
Juillet 2017 - La fille à la valise (Valerio Zurlini, 1961)
Juin 2017Désirs humains (Fritz Lang, 1954)
Mai 2017Les cloches de Sainte-Marie (Leo McCarey, 1945)
Avril 2017Maria’s lovers (Andreï Kontchalovski, 1984)
Mars 2017À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)
Février 2017Raphaël ou le débauché (Michel Deville, 1971)
Janvier 2017La la land (Damien Chazelle, 2016)
Décembre 2016Alice (Jan Švankmajer, 1987)
Novembre 2016 - Dernières nouvelles du cosmos (Julie Bertuccelli, 2016)
Octobre 2016 - Showgirls (Paul Verhoeven, 1995)
Septembre 2016 - Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)
Août 2016 - Le flambeur (Karel Reisz, 1974)
Juillet 2016 - A touch of zen (King Hu, 1971)
Juin 2016 - The witch (Robert Eggers, 2015)
Mai 2016 - Elle (Paul Verhoeven, 2016)
Avril 2016 - La pyramide humaine (Jean Rouch, 1961)
Mars 2016 - The assassin (Hou Hsiao-hsien, 2015)
Février 2016Le démon des femmes (Robert Aldrich, 1968)
Janvier 2016La Commune (Paris 1871) (Peter Watkins, 2000)
Décembre 2015Mia madre (Nanni Moretti, 2015)
Novembre 2015Avril ou le monde truqué (Franck Ekinci & Christian Desmares, 2015)
Octobre 2015Voyage à deux (Stanley Donen, 1967)
Septembre 2015Une histoire simple (Claude Sautet, 1978)
Août 2015La Marseillaise (Jean Renoir, 1938)
Juillet 2015Lumière silencieuse (Carlos Reygadas, 2007)
Juin 2015Vice-versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen, 2015) Top 100
Mai 2015Deep end (Jerzy Skolimowski, 1970)
Avril 2015Blue collar (Paul Schrader, 1978)
Mars 2015Pandora (Albert Lewin, 1951)
Février 2015La femme modèle (Vincente Minnelli, 1957)
Janvier 2015Aventures en Birmanie (Raoul Walsh, 1945)
Décembre 2014Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970)
Novembre 2014Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)
Octobre 2014Zardoz (Sean Connery, 1974)
Septembre 2014Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014Le prix d’un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 201412 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013L’arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013La randonnée (Nicolas Roeg, 1971)
Juillet 2013Le monde d’Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013Chronique d’un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 – Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013L’heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 – Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 – Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 – Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 – Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 – Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 – Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 – Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 – Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 – Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 – L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 – L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 – Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 – Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 – L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1967) Top 100
Octobre 2011 – Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 – Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 – Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 – L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
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Jeremy Fox
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Jeremy Fox »

8) Pour les trois.
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