Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Major Tom
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Major Tom »

AtCloseRange a écrit :On l'a déjà expliqué 20 fois (donc 21 pourquoi pas...) mais ce n'est pas une question de qualité ou de hiérarchisation.
Juste 2 choses qui n'ont rien à voir et donc pas grand chose à faire ensemble.
Il me semble qu'on était parti sur le principe qu'on pouvait tout à fait les mentionner ici mais quand on commence à les intégrer dans des tops, ça n'a pas beaucoup de sens.

PS: y a pas eu Loft Story dans le classement des Cahiers à l'époque?
J'étais peut-être absent les 20 précédentes fois (je n'ai plus le temps de venir souvent), ou j'ai peut-être oublié. :oops: Mais pas étonnant que ça te dérange ; ce n'est pas toi qui considères qu'un doc n'est pas un film, ou que ça n'a rien à faire dans les films du mois parce que tu confonds "cinéma" et "fiction" ? :) Alors oui, une série, j'imagine à quel point ça doit t'agacer... :mrgreen:
Je reste uniquement sur le cas de Twin Peaks (qui n'est pas Loft Story) : c'est réalisé par un grand cinéaste, ça ressemble vraiment à du cinéma, et c'est même passé sur grand écran à Cannes... ça devrait suffire.
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Premier jour du mois, et ça pourrait être déjà plié :

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origan42
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Message par origan42 »

Major Tom a écrit : J'étais peut-être absent les 20 précédentes fois (je n'ai plus le temps de venir souvent), ou j'ai peut-être oublié. :oops: Mais pas étonnant que ça te dérange ; ce n'est pas toi qui considères qu'un doc n'est pas un film, ou que ça n'a rien à faire dans les films du mois parce que tu confonds "cinéma" et "fiction" ? :) Alors oui, une série, j'imagine à quel point ça doit t'agacer... :mrgreen:
Je reste uniquement sur le cas de Twin Peaks (qui n'est pas Loft Story) : c'est réalisé par un grand cinéaste, ça ressemble vraiment à du cinéma, et c'est même passé sur grand écran à Cannes... ça devrait suffire.
Et il me semble (je n'ai pas vérifié, peut-être que je me trompe) que beaucoup de monde a mentionné P'tit Quinquin dans ses comptes rendus du mois, il y a quelque temps... Mais je n'ai pas vu de protestations...
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origan42
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Message par origan42 »

Boubakar a écrit :Premier jour du mois, et ça pourrait être déjà plié :

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8) 8)
Mon film de l'année 2005.
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Film du mois

1 Barberousse de Akira Kurosawa

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2 Remorques de Jean Grémillon

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3 Mother de Darren Aronofsky

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4 Evolution de Lucille Hadzihalilovic

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5 La soif de la jeunesse de Delmer Daves

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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Film du mois de septembre


1. Casanova, un Adolescent à Venise (Luigi Comencini, 1969)


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2. La Maison et le Monde (Satyajit Ray, 1984)


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3. All or Nothing (Mike Leigh, 2002)


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Mes découvertes en détail :
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Le prince étudiant (Ernst Lubitsch, 1927)
À première vue, tous les ingrédients d’un charmant conte de fées sont réunis dans l’histoire de ce prince-héritier qui s’enamoure d’une jeune aubergiste dans la pittoresque bourgade Mittleuropa où il a été envoyé pour parfaire ses études. Idylle bientôt contrariée par le devoir et les exigences de la raison d’état. Chantre proverbial des séductions de l’hédonisme, Lubitsch se laisse cette fois aller à la douce-amertume d’une romance peu à peu gagnée par le désenchantement. Les heureuses gambades dans les champs fleuris n’auront été qu’une parenthèse, les camaraderies scellées par les pintes de bière qu’un sursis de liberté, et la fonction du jeu roi se referme sur son destin sous les clameurs d’une foule inconsciente de son vague à l’âme. Un film mineur mais exécuté avec assurance et habileté. 4/6

La fièvre monte à El Pao (Luis Buñuel, 1959)
Film mal-aimé, considéré par l’auteur lui-même et beaucoup de ses admirateurs en parent pauvre. On peut trouver ce traitement injuste tant s’y manifeste vigoureusement la conscience politique d’un cinéaste à mi-chemin de Brecht et de Camus – même s’il n’est jamais meilleur que lorsqu’il transcende le réel au lieu, comme ici, de s’y plier. Dans une archétypale dictature fasciste, un jeune idéaliste ruse, finasse, conseille, nuance, transige, calcule ses stratégies sans s’apercevoir qu’il fait le jeu du pouvoir établi qu’il entend renverser. Parce qu’il est le contraire d’un Machiavel, il finira par comprendre que le sang du sacrifice est le seul critère de la pureté d’une révolte. Telle est la morale de cette œuvre amère, pessimiste, engagée contre toutes les formes de tyrannie, d’opportunisme et de résignation. 4/6

La vengeance d’une femme (Jacques Doillon, 1990)
L’une est un buisson roux de ressentiment, une calculatrice froide que la douleur a rendu implacable ; l’autre une proie candide qui s’effraie de son propre inconscient, vulnérable et soumise. Entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel, elles s’affrontent en une suite d’échanges âpres et introspectifs. Leurs armes : les mots. Et derrière eux, les sentiments. La haine se mêle à la séduction et l’ambigüité à la passion, comme si les deux femmes formaient les deux faces d’une même personnalité en lutte contre elle-même. Dans ce huis-clos bergmano-fassbinderien à la sourde cruauté, ce jeu mortel et toujours recommencé autour de la manipulation-culpabilisation, l’inflation verbale fait partie des règles, l’amour est fautif, personne ne sort innocent. Et l’austérité se trouble lentement d’un insidieux poison. 4/6

Barbara (Mathieu Amalric, 2017)
Parce qu’elle était une longue dame brune, osseuse et intellectuelle, que sa sophistication insolente inscrivait de plain-pied ses manières de diva dans le parcours de son existence, Barbara la chanteuse ne pouvait être incarnée que par Balibar l’actrice. L’évidence est telle que le cinéaste les confond dans un jeu de miroirs démultipliés, un mise en abîme perpétuelle qui fuit l’embaumement du biopic et ne laisse plus s’exprimer que la fascination fétichiste d’un metteur en scène pour son insaisissable sujet. À la fois portrait-patchwork et mosaïque de textures, d’images, de temporalités imbriquées les unes dans les autres, l’œuvre témoigne indéniablement de la rencontre entre un désir de filmer et une présence désirée, mais peine aussi à se défaire de sa complexion théorique, un brin artificieuse. 4/6

Daisy Clover (Robert Mulligan, 1965)
Devenue star après en avoir longtemps rêvé, une étoile née d’un miracle s’aperçoit qu’elle n’est que la marionnette d’un producteur cynique, froid et exagérément cruel. Sous des dehors de superproduction aux trois quarts déserte, Mulligan réalise un film de silence, d’angoisse, d’ombre et de glace, qui refuse le confort du "coulé" narratif propre au récit mythique traditionnel. Quelques Cadillac-corbillards glissent le long d’avenues vides, la légende d’Hollywood paraît conservée dans d’immenses studios comme dans un columbarium, et Daisy, esclave du rôle qu’on lui a forgé, devra trouver la force de s’évader de sa cage dorée, de cette cage de verre où elle se double vocalement avant de s’écrouler, anéantie, devant son image géante. Belle prestation, quasi autobiographique, de Natalie Wood. 4/6

Montparnasse 19 (Jacques Becker, 1958)
Avec cette évocation des derniers mois de Modigliani, Becker, reprenant un projet de Max Ophüls, délaisse la fresque facile, ne cède pas à la tentation de recréer un monde pittoresque et substitue aux lieux communs une réflexion un peu austère sur la solitude de l’artiste, son amour passionné de la peinture, la conscience de son talent et le doute destructeur que distille en lui l’échec public. C’est bien un personnage qui l’intéresse et quelques êtres l’entourant, deux femmes, un ami, et vers l’extérieur du halo, un marchand de tableaux quasi symbolique, le dépouillant à la fin de son œuvre comme un croque-mort. Si le refus de toute emphase est louable, si la volonté de tenir la même note mineure lui offre sa singularité, le film manque hélas de ces qualités essentielles que sont la fièvre et la passion. 3/6

Nana (Jean Renoir, 1926)
L’auteur a mis toute sa fortune dans cette dispendieuse adaptation de Zola. Manifestement influencé par les Folies de Femmes de Stroheim, il tire la satire du second Empire vers la cruauté, opérant une analyse de la déchéance psychologique et sociale qui prend une femme comme agent de la contagion et préfigure sa double conception du plan : théâtre et biologie. La noirceur du propos est redoublée par le caractère monumental des décors, la présence plastique des étoffes, le jeu outré et truculent des acteurs, et s’il y a ratage ici (simple hypothèse et non fait établi), c’est que Renoir devait en passer par cette entreprise folle pour goûter véritablement au fruit défendu et s’assurer que son désir le portait bien vers celui-ci – car nul ne peut en être certain qui ne l’a goûté jusqu’à l’amertume. 4/6

La maison et le monde (Satyajit Ray, 1984)
Derrière ce titre, un double scénario amoureux (comment un petit maharadja jette sa femme dans les bras d’un ami devenu leader nationaliste) et politico-social (les soubresauts tragiques du Bengale sur fond de scissions raciales et communautaires). Portant la litote et la métonymie à leur plus haute vertu, l’auteur travaille chaque tendance comme chambre d’amplification de l’autre et fait du conflit d’idéologies le miroir métaphorique d’une rivalité sentimentale. Superbement achevé sur le plan plastique, avec ses intérieurs nocturnes qu’éclairent les lampes à pétrole, ses bleus feutrés, ses orangés flamboyants puisés à la source du brasier intime et dictés par la vibrante rigueur de la mise en scène, l’œuvre procure l’émotion conjointe de la rencontre et de la découverte, que seul permet le regard le plus clair. 5/6

Casanova, un adolescent à Venise (Luigi Comencini, 1969)
Des sacristies aux alcôves, de la vocation ecclésiastique à sa joyeuse défroque, le cinéaste raconte la jeunesse du célèbre libertin, son apprentissage à la pauvreté, aux pouvoirs du paraître, de la séduction et du langage. Rien ne vient jamais trahir la crédibilité de ce XVIIème minutieusement reconstitué, de cette Venise déchiffrée avec la même direction qu’une toile de Guardi, de Tiepolo ou qu’un chapitre des mémorialistes du temps. Aucune image n’est gratuite dans cette chronique allègre et truculente où les expériences humaines sont évoquées sans que le problème de l’existence n’y soit soulevé, et dont chaque instant révèle une intelligence sensible à la beauté dans ce qu’elle a de périssable, au désir dans ce qu’il révèle du rapport à la vie, à la vérité des masques, du spectacle et de l’illusion. 5/6
Top 10 Année 1969

Le dingue du palace (Jerry Lewis, 1960)
Dans un silence tendu, religieusement observé par un public admiratif, un golfeur s’apprête à exécuter le putt final. Après deux minutes de manipulation, le héros muet et maladroit actionne le flash de son appareil photo, faisant alors manquer son coup au champion. Ceci est un gag, dont on ne sait ce qui l’emporte de la pauvreté ou de la prévisibilité. Si certaines idées s’élèvent un peu au-dessus de la médiocrité, le premier film de Lewis témoigne de curieuses limites. C’est une loi d’airain que la réception du burlesque par le spectateur se joue à quitte ou double : à titre personnel, pas un début de sourire n’est venu émailler cette suite disloquée de saynètes brouillonnes empilées au petit bonheur, où le fondu au noir vient systématiquement sceller une chute improbable, et dont il ne retombe aucun débris solide. 2/6

La cité des dangers (Robert Aldrich, 1975)
Des années 50 aux années 70 le film noir a muté, et ce polar désabusé, languide, d’une secrète tendresse, qui s’applique à désamorcer toute tension dramatique, se situe avec précision dans l’évolution du genre. Le héros n’est plus détective privé mais officier de police, l’univers corrompu et sulfureux où il progresse s’expose en pleine lumière (comme dans Chinatown), et le cadavre d’une jeune fille trouvé sur la plage ne résulte pas d’un meurtre mais d’un suicide, phénomène tout naturel de la société contemporaine. La sensibilité pathétique de l’œuvre est à trouver dans les à-côtés de l’intrigue, la célébration du couple par-delà la peinture d’une conscience morale en crise, la rencontre pudiquement embellie entre Burt le super-mâle et l’exotique Belle-de-jour, tous deux en proie à bien des fêlures. 4/6

La flamme sacrée (George Cukor, 1943)
Manchettes de journaux, extraits de bulletins radiophoniques, cliquetis des machines à écrire proclamant la mort de celui qui fut héraut de la démocratie et héros du pays en guerre… Deux ans après Citizen Kane, Cukor reprend le procédé de l’enquête éclairant une vie hors norme et plonge son reporter dans une broussaille d’éventualités obscures. Sur la trame des enjeux psychologiques veillent deux forces égales : d’une part la structuration de la montée en spirale des mystères, de l’autre l’équilibre de l’explicitation et des non-dits de l’intrigue, véhiculée par l’authenticité leurrante de la parole. Symptomatique d’une époque sous la menace du fascisme, le film, unique essai de politique-fiction de son auteur, reste néanmoins trop tributaire de ses intentions et du caractère édifiant de son discours. 4/6

Effi Briest (Rainer Werner Fassbinder, 1974)
Corsetant la moindre aspérité formelle, le réalisateur illustre avec un raffinement consommé l’histoire de cette Bovary de l’aristocratie que le conformisme de son milieu étouffe. Il s’efforce d’évoquer la préciosité calligraphique des vieilles photos à des fins d’atmosphère et recourt indifféremment au monologue, aux intertitres, aux fondus au blanc pour opérer les liaisons à l’intérieur d’un récit du désenchantement, de la mélancolie, de l’injustice institutionnalisée, de la solitude et de la mort, ces deux vérités amères qu’atteignent fatalement, dans la douleur et non par les voies de la lucidité, ceux qui comme Effi suivent la règle du jeu. Si son classicisme brouillé reste dans les limites du raisonnable, le film souffre d’une austérité dépassionnée qui dispense plus d’une fois les effets d’un bonne pilule soporifique. 3/6

Faute d’amour (Andreï Zviaguintsev, 2017)
Ce cinéma d’âpreté et de tourment vacille toujours au bord du désespoir. Dans une société russe devenue si cruelle qu’elle n’est plus capable d’aimer ses enfants, l’auteur impose aux personnages une rude épreuve. Elle, superficielle et fielleuse, incarne l’hédonisme imbécile des bourgeois ; lui, vaguement lâche et velléitaire, leur hypocrisie satisfaite. Sœur et frère en imperfection, sujets d’une haine transmise de génération en génération, ils sont malgré tout aptes à se reconstruire dans la douceur d’une nouvelle relation amoureuse. Et tandis que leur détresse dévoile une vraie douleur, ce qui aurait pu être une déplaisante charge tonnée depuis sa chaire par un prophète de malheur devient une déploration triste et sincère, formulée avec un sens toujours majestueux du cadre, du décor et de la lumière. 4/6

Un singe en hiver (Henri Verneuil, 1962)
La rencontre de Gabin et Belmondo, dans un village normand plein de figures pittoresques, a donné l’un de ces petits classiques du patrimoine populaire vaguement méprisés par la cinéphilie officielle sous prétexte qu’ils tombent avec complaisance dans la vieille ornière dorée du cinéma français. Le film est techniquement très correct, du drap soigné, bien coupé, bien repassé, bodygraph emballé par un chef de rayon à gros bagout (Audiard) qui se taille à coups de mots d’auteur la part du lion. Son savoir-faire éprouvé confère à la soulographie de ces roturiers de la muflée verve et cocasserie, malgré le conservatisme rance qui se devine derrière le discours de l’ex-fusilier marin, nostalgique du service effectué aux colonies et de ses sonneries, envois de couleurs, termes d’attaques et souvenirs de bordels. 4/6

Le redoutable (Michel Hazanavicius, 2017)
De l’échec de La Chinoise au tournage de Vent d’est, le cinéaste retrace avec une délectable ironie l’engagement et la radicalisation dogmatico-politique d’une icône culturelle vénérée entre toutes. Son sens du pastiche et de la dérision se fond idéalement dans ce détournement fantaisiste devant lequel on ne rit jamais grassement mais qui suscite le sourire de la connivence, le plaisir de la désacralisation, et où une élite intellectuelle confrontée à ses contradictions est sarcastiquement mise en boîte. Quant au grand numéro de Louis Garrel, il contribue à faire de ce JLG odieux et burlesque, détestable et touchant, immature mais d’un courage à la recherche et au renoncement qui suscite une certaine admiration, le formidable héros multi-face d’une comédie réjouissante mais plus amère qu’elle n’y paraît. 5/6

Un beau soleil intérieur (Claire Denis, 2017)
Fébrile quinqua, Isabelle enchaîne à un rythme boulevardier les rencontres comme autant d’hypothèses, cherchant avec une opiniâtreté désespérée et un romantisme dolent celle qui pourrait remédier à une inquiétude balancée de déceptions en empêchements. Elle renvoie à une autre héroïne : celle du Rayon Vert, dont le parcours rime avec le sien, jusqu’à sa conclusion en guise de fol espoir. Explorant pour la première fois les sentiers sinueux de la comédie sentimentale (tendance dépressive), la cinéaste s’attèle à une cocasse mais pathétique anatomie des ratés du discours amoureux, à une épopée du désenchantement affectif qui analyse au gré des expériences le dérèglement invasif des comportements de séduction. La variété et le brio du prestigieux casting parachèvent le charme de l’ensemble. 4/6

All or nothing (Mike Leigh, 2002)
Ce n’est pas une vie, mais c’est leur vie. Celle du lumpen-prolétariat de l’Angleterre blairiste, dont le cinéaste poursuit la sociologie sans apprêts avec son film le plus sombre, âpre et désespéré avec Naked. Au contraire de beaucoup d’autres, lui ne cherche pas à dire mais à laisser dire, ne dérobe pas le quotidien de ces couches défavorisées mais s’y immerge, s’en imprègne, en éprouve toute la complexité versatile, toutes les nuances contradictoires. La violence des sentiments, des rapports humains et des liens affectifs, l’attachement viscéral à autrui, la détresse de chacun, tout concourt à dresser un tableau terrible et poignant, superbement interprété (on ne dira jamais assez la suprématie des acteurs anglais dans ce domaine), et fort peu attentif aux codes de représentation usuels de la comédie humaine. 5/6



Et aussi :

Petit paysan (Hubert Charuel, 2017) - 4/6
Good time (Josh & Ben Safdie, 2017) - 4/6
Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi, 2016) - 4/6
Upstream color (Shane Carruth, 2013) - 4/6
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Films des mois précédents :
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Août 2017La bonne année (Claude Lelouch, 1973)
Juillet 2017 - La fille à la valise (Valerio Zurlini, 1961)
Juin 2017Désirs humains (Fritz Lang, 1954)
Mai 2017Les cloches de Sainte-Marie (Leo McCarey, 1945)
Avril 2017Maria’s lovers (Andreï Kontchalovski, 1984)
Mars 2017À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)
Février 2017Raphaël ou le débauché (Michel Deville, 1971)
Janvier 2017La la land (Damien Chazelle, 2016)
Décembre 2016Alice (Jan Švankmajer, 1987)
Novembre 2016 - Dernières nouvelles du cosmos (Julie Bertuccelli, 2016)
Octobre 2016 - Showgirls (Paul Verhoeven, 1995)
Septembre 2016 - Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)
Août 2016 - Le flambeur (Karel Reisz, 1974)
Juillet 2016 - A touch of zen (King Hu, 1971)
Juin 2016 - The witch (Robert Eggers, 2015)
Mai 2016 - Elle (Paul Verhoeven, 2016)
Avril 2016 - La pyramide humaine (Jean Rouch, 1961)
Mars 2016 - The assassin (Hou Hsiao-hsien, 2015)
Février 2016Le démon des femmes (Robert Aldrich, 1968)
Janvier 2016La Commune (Paris 1871) (Peter Watkins, 2000)
Décembre 2015Mia madre (Nanni Moretti, 2015)
Novembre 2015Avril ou le monde truqué (Franck Ekinci & Christian Desmares, 2015)
Octobre 2015Voyage à deux (Stanley Donen, 1967)
Septembre 2015Une histoire simple (Claude Sautet, 1978)
Août 2015La Marseillaise (Jean Renoir, 1938)
Juillet 2015Lumière silencieuse (Carlos Reygadas, 2007)
Juin 2015Vice-versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen, 2015) Top 100
Mai 2015Deep end (Jerzy Skolimowski, 1970)
Avril 2015Blue collar (Paul Schrader, 1978)
Mars 2015Pandora (Albert Lewin, 1951)
Février 2015La femme modèle (Vincente Minnelli, 1957)
Janvier 2015Aventures en Birmanie (Raoul Walsh, 1945)
Décembre 2014Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970)
Novembre 2014Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)
Octobre 2014Zardoz (Sean Connery, 1974)
Septembre 2014Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014Le prix d’un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 201412 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013L’arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013La randonnée (Nicolas Roeg, 1971)
Juillet 2013Le monde d’Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013Chronique d’un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 – Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013L’heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 – Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 – Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 – Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 – Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 – Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 – Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 – Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 – Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 – Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 – L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 – L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 – Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 – Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 – L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1967) Top 100
Octobre 2011 – Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 – Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 – Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 – L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
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hansolo
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par hansolo »

Major Tom a écrit : ... Alors oui, une série, j'imagine à quel point ça doit t'agacer... :mrgreen:
Je reste uniquement sur le cas de Twin Peaks (qui n'est pas Loft Story) : c'est réalisé par un grand cinéaste, ça ressemble vraiment à du cinéma, et c'est même passé sur grand écran à Cannes... ça devrait suffire.
Je partage le scepticisme d ACR:
qu'une série soit réalisée par un grand réal, ça n'en fait pas un film.
À la qualité n'a rien a faire la dedans ; ça a mis tellement de temps pour faire admettre au grand public que
Série ≠ "Cinéma au rabais" que ça me semblerait être une régression de maintenant établir que "Série de qualité" = Cinéma (à ce compte là on fait quoi des films de qualité discutable ? ... Outre que ce sera toujours subjectif)
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reuno
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par reuno »

Mon film du mois de septembre. Et peut être même de l'année...

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Suivi de près par :

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Gounou
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Message par Gounou »

AtCloseRange a écrit :On l'a déjà expliqué 20 fois (donc 21 pourquoi pas...) mais ce n'est pas une question de qualité ou de hiérarchisation.
Juste 2 choses qui n'ont rien à voir et donc pas grand chose à faire ensemble.
Ton explication c'est que "ça n'a rien à voir et donc pas grand chose à faire ensemble" ? Je comprends que la question revienne régulièrement... :)

Le simple constat de la récurrence de cette question prouve qu'il y a bien une confusion. Et si je pense qu'il y a bien cinéma (TV ou pas) et série (TV ou pas), il faut bien avouer que sur certains cas, les lignes se touchent plus qu'un peu.
A l'aire de la SVOD et de la confusion des genres, qu'est-ce qui définit une série :
- la façon dont elle est pensée à l'écriture (comme une succession feuilletonesque ou comme un tout découpé a posteriori) ?
- sa durée (mais il y a des exemples de films aux durées telles qu'ils sont diffusés en plusieurs parties, comme une mini-série) ?
- plus définitif alors, le mode/lieu de diffusion ? La salle de cinéma serait alors le seul lieu où l'on voit des films de cinéma ? Le débat enflammé autour de Netflix prouve bien que ça n'est plus du tout implicite.

Bref, oui, la question reste pour moi intéressante surtout, comme Major Tom, après le visionnage cette année d'une "série" qui retourne bien toutes ces questions.

Et s'il s'agit juste de protéger le temple des tops de fin d'année...
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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

Gounou a écrit :Bref, oui, la question reste pour moi intéressante surtout
Je sors d'un débat épuisant sur cette question, et n'ai aucune intention de remettre le doigt dans l'engrenage. Je me limiterai donc prudemment à exposer ma conception. Pour moi, la différence entre film et série tient à une seule chose, mais qui est absolument fondamentale : le format de diffusion, donc l'expérience de spectateur. Un film est conçu pour être découvert en one-shot. C'est un tout indivisible et autonome qui ne peut s'appréhender que si l'immersion émotionnelle et intellectuelle s'effectue sur le temps intégral de sa projection. Parce que le temps court du récit, les jeux qui se bâtissent de son début à sa fin, le principe de captation ne sauraient fonctionner autrement. Il ne viendrait à l'idée de personne de faire part de ces impressions d'un film en l'arrêtant toutes les cinq minutes, en le jugeant au fur et à mesure, sans tenir compte du fait que ce film ne s'estime que dans sa globalité. Pour cette raison, le court-métrage est un film de la même manière que le récit-fleuve de 3h30. Évidemment, lorsqu’on dépasse une certaine durée, il est physiquement difficile de ne pas faire de pause lors de la projection. S’enquiller les 7h de Satantango d’une traite me semble ardu. Il n’empêche qu’il n’y pas dans ce dernier un générique de début et un générique de fin en plein milieu, pour indiquer au spectateur que c’est la pause, qu’il pourra voir la suite dans une semaine, et qu’en attendant il peut se fabriquer ses conjonctures, délibérer sur son impressions, faire le point. Il ne viendrait à personne l’idée de juger, de noter, de discuter de la première partie du film de Béla Tarr avant d'en voir la seconde (ou alors, cet avis aurait une valeur zéro). A l'inverse, la découverte d'une série s'effectue par tranches éloignées. Entre deux épisodes, on vit sa vie, on oublie l'expérience de la fiction. On la juge et en discute en cours de route, avec des jours intercalés entre chaque morceau, période de latence pendant laquelle l'expérience et l'immersion sont suspendues. Tout le reste, et particulièrement les considérations d'ordre qualitatif, sont hors-sujet. La dissociation entre film et série ne joue pas sur des caractéristiques de langage interne (il y a sans doute beaucoup plus de différences formelles et structurelles entre Hiroshima mon amour et La poursuite infernale, qui sont tous les deux des films et n'ont rien d'une série, qu'entre un film de Lynch et une série de Lynch), mais sur le format de diffusion, l'expérience de spectateur. Ce n'est pas une question de contenu mais seulement de contenant, en quelque sorte.
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Gounou »

Thaddeus a écrit :Ce n'est pas une question de contenu mais seulement de contenant, en quelque sorte.
Je suis, personnellement, assez d'accord avec cette vision s'il s'agit de coller des étiquettes sur des produits. Reste le cas particulier.
Et pour moi, il est évident que les cas particuliers, les "vases communicants" vont (et commencent déjà à) se multiplier.
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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

Peut-être. Il n'empêche que selon cette définition (qui est la mienne et n'engage donc que moi), une oeuvre découpée en épisodes avec autant de génériques de début et de génériques de fin, dont la diffusion s'étale sur plusieurs semaines et dont la découverte par le spectateur (qui vient en discuter au fur et à mesure) est conçue pour être progressive, cette oeuvre-là donc, n'est pas un film mais une série. Peu importe les jugements sur l'esthétique, le langage, la construction, l'identité de l'auteur (fût-il prestigieux), la thématique, les qualités et autres considérations qui n'ont aucun rapport avec la choucroute. Or, ce topic s'appelle bien : commentaires à propos de votre "film" du mois, et non votre "série" du mois. :mrgreen:
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Gounou »

J'avais compris la première fois, mais merci quand même. :mrgreen:
Et je suis d'accord. Mais si seuls les génériques, découpages et modes de visionnage permettent de catégoriser, alors encore une fois ça me paraît un raisonnement un peu superficiel et obtus lorsqu'ils s'agit d'évoquer certains cas particuliers des deux grandes familles (surtout que ton "mode de diffusion hebdomadaire" est aujourd'hui caduque avec Netflix et le binge watching - qui permet par ailleurs de sucrer les génériques)
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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

De la même manière que certains regardent un film par quarts d'heure, ou du moins le saucissonnent en plusieurs segments, parce qu'ils le préfèrent ainsi (il en avait été question sur ce forum-même, me semble-t-il). Ce n'est pas cela qui, pour autant, transformera la nature du film visionné en série. La question ne porte pas sur les choix du spectateur mais sur la manière dont il été pensé et sur son mode de diffusion "théorique", avec tous les signaux qui permettent de le caractériser (le simple fait qu'il existe des épisodes bien différenciés, par exemple). Selon moi, bien sûr.
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Gounou »

Thaddeus a écrit :La question ne porte pas sur les choix du spectateur mais sur la manière dont il été pensé et sur son mode de diffusion "théorique"
Oui, mais justement moi je ne te parle pas de "choix de spectateur", mais de ce que certains créateurs de séries pourraient à l'avenir tirer comme parti du concept de binge watching, à la source c'est à dire à l'écriture (en commençant peut-être sur des formats relativement courts) ? Faudra-t-il alors persister à considérer le tout comme une succession d'épisodes distincts et évaluables indépendamment, parce que "c'est comme ça épicétou" ?
Je ne dis pas qu'il n'y a plus de distinction, qu'il n'y a plus d'étiquette, que Twin Peaks n'est pas une série (elle l'est de fait). Je dis que la question est intéressante et va revenir de plus en plus souvent à l'avenir.
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