Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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7swans
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par 7swans »

Joshua Baskin a écrit :Le premier Lake placid était très sympa.
Oui, une bien belle surprise (surtout que je n'en attendais rien).
Mais le talent de faiseur de Steve Miner + le scénario malin de David E Kelley (créateur d'Ally McBeal) + un casting savoureux typique des 90s (Bill Pullman, Bridget Fonda) = bonne surprise.
(Mais on avait déjà du en parler sur le topic du film).
Dernière modification par 7swans le 30 juil. 17, 22:10, modifié 1 fois.
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Joshua Baskin
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Joshua Baskin »

7swans a écrit :
Joshua Baskin a écrit :Le premier Lake placid était très sympa.
Oui, une bien belle surprise (surtout que je n'en attendais rien).
Mais le talent de faiseur de Steve Miner + le scénario malin de David E Keller (créateur d'Ally McBeal) + un casting savoureux typique des 90s (Bill Pullman, Bridget Fonda) = bonne surprise.
(Mais on avait déjà du en parler sur le topic du film).
Bridget Fonda, elle me manque <3<3 <3
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AtCloseRange
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par AtCloseRange »

Joshua Baskin a écrit :
7swans a écrit :
Oui, une bien belle surprise (surtout que je n'en attendais rien).
Mais le talent de faiseur de Steve Miner + le scénario malin de David E Keller (créateur d'Ally McBeal) + un casting savoureux typique des 90s (Bill Pullman, Bridget Fonda) = bonne surprise.
(Mais on avait déjà du en parler sur le topic du film).
Bridget Fonda, elle me manque <3<3 <3
tout ça, c'est la faute de Danny Elfman.
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G.T.O
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par G.T.O »

1 - Boat People - Ann Hui

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2 - Housekeeping - Bill Forsyth

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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Film du mois de juillet


1. La Fille à la Valise (Valerio Zurlini, 1961)


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Claudia, Claudia, Claudia, Claudia, Claudia... :oops:


2. Été 93 (Carla Simon, 2017)


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3. Les Conquérants (Michael Curtiz, 1939)


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Mes découvertes en détail :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Un été 42 (Robert Mulligan, 1971)
La chronique estivale est le genre par excellence des initiations adolescentes. Souvent désopilante avec ses trois garçons en vacances qui multiplient bavardages, facéties et chamailleries, qui éprouvent leurs premiers émois, expérimentent découvertes et approches sexuelles avec cette gaucherie, cette maladresse un peu rude caractérisant un âge où l’on est grossier en affichant un mélange de naturel et de provocation, celle-ci fait de la minceur de son sujet un atout pour mieux capter l’indicible sentiment qui taraude à la remémoration d’un temps enfui. Le soin apporté à la photographie, le charme insidieux dispensé par le décor et le climat, la mélancolie diffuse qui s’en exhale ajoutent encore à la délicatesse de son trait. Quant à Jennifer O’Neill, elle l’illumine de sa subjuguante beauté. 4/6

Air Force (Howard Hawks, 1943)
Deux ans avant John Ford et ses superbes Sacrifiés, le cinéaste se penche sur la guerre du Pacifique et puise même à son origine : l’attaque de Pearl Harbor, vécue par l’équipage du bombardier Mary-Ann. Si le conflit contre les Japonais explique et justifie sans doute l’engagement idéologique du propos, s’il motive une certaine propension à l’emphase qui culmine dans la bataille aéronavale conclusive (libératoire sur le plan cathartique), l’œuvre n’en demeure pas moins assez remarquable par la sobriété et le réalisme chaleureux avec lesquels elle décrit l’héroïsme sans gloire de soldats devenus en quelques heures des combattants. L’individu y est perçu comme un élément du groupe en action : grand principe hawksien par excellence, qui fournit une belle densité humaine à ce film de guerre quintessentiel. 4/6

Agora (Alejandro Amenábar, 2009)
Après le film criminel, le fantastique, le mélodrame, le réalisateur s’attaque au péplum de tradition hollywoodienne, à deux titres : récit d’une grande ampleur narrative couvrant sur de nombreuses années des soubresauts méconnus de l’Antiquité, et métaphore permanente du monde contemporain, de ses peuples et de leurs conflits. Sur le modèle de La Chute de l’Empire romain, il montre comment la décadence d’une ville livrée à des guerres intestines préfigure la fin d’une civilisation, d’une société en ébullition dont les us, les religions et les croyances diverses sont remises en cause par la majorité chrétienne grandissante. Propos ambitieux que motive un louable plaidoyer pour la libre pensée, mais un peu gâché par les semelles de plomb d’un cinéaste confondant trop souvent lyrisme et grandiloquence. 4/6

Mes petites amoureuses (Jean Eustache, 1974)
S’il suffisait d’une certaine austérité de la mise en scène, d’un refus systématique de l’accessoire, d’un découpage rigide refermé sur chaque séquence, d’une direction d’acteurs contraignante avec des comédiens qui disent faux ou parlent de façon monocorde, d’une prédilection pour les moments creux de la vie, alors ce film serait bressonnien. S’il fallait se satisfaire de la vision rugueuse d’une France rurale sans tension ni drame, d’un intimisme parfois goguenard et parfois désespéré, parfois attendri et parfois suicidaire, on pourrait songer à Pialat. Mal assuré, peu rigoureux, trahissant bien des défauts qui sont autant de maladresses et de ruptures dans l’unité du récit, cette chronique estivale des premières atteintes de l’âge adulte témoigne cependant d’un charme et d’une sensibilité personnels. 3/6

Song to song (Terrence Malick, 2017)
En s’aventurant dans un ésotérisme liturgique affranchi de la moindre pesanteur affective, le précédent long-métrage marquait une crise dangereuse. Ce film-ci la résout en grande partie, fondé sur l’élément crucial à toute entreprise cinématographique accomplie : un centre de gravité émotionnel. L’expression de Malick tient plus que jamais de la fragmentation poétique et de la polyphonie intérieure, pensées intimes et sensations fugaces fondues en un même flux spiritualiste, une même mélodie obsessionnelle du toucher, du murmure, de l’évanescence, de la béatitude contrariée. Mais la clarté émanant de cette initiation sentimentale répond d’une nécessité beaucoup plus sensible, pleinement en accord avec la fragilité d’êtres amoureux mais inquiets et fébriles, bien revenus parmi les hommes. 4/6

Les Vikings (Richard Fleischer, 1958)
Si cette spectaculaire épopée vieillit bien, c’est parce qu’à la manière des bois et des vins elle travaille en quelque sorte sur elle-même : bien qu’elle relève du classicisme hollywoodien à une époque déterminée, elle filtre et dépose avec le temps ses propres défauts – quoique visible, la lie ne trouble pas la dégustation. Dans un Moyen-âge élastique où les traits de paganisme nordique et de cruauté (au sein des deux camps) comptent moins que les ripailles et les exploits sportifs, Fleischer adopte une respiration large et contemplative, scandée de contractions, assume un style opératique dont la théâtralité tragique se métamorphose en une sorte de nécessité vitale. La beauté baroque et picturale des plans, la violence des compositions, le souffle âpre du récit en rehaussent encore la sève légendaire. 4/6

À toute épreuve (John Woo, 1992)
Dernier film réalisé par l’auteur avant sa carrière américaine, ce polar de crime-fiction se déroule quelques semaines avant la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Plus intéressé à mettre en scène des conflits de forces physiques que des débats d’idées, Woo glisse subrepticement son histoire entre les balles, et décline sa figure canonique du brothers in arms en la faisant évoluer (les deux hommes sont pour une fois du même et bon côté de la loi). Si son approche psychologique et émotionnelle a la subtilité d’un hippopotame, difficile de nier que sa caméra-sulfateuse organise le chaos avec une grande dextérité, jusqu’à l’hécatombe conclusive dans un hôpital ravagé par les projectiles, les cadavres et les explosions, véritable nef des fous où sévit une même violence absurde de la morgue à la nursery. 4/6

Dunkerque (Christopher Nolan, 2017)
Du film de guerre et de la page d’histoire reconstituée, Nolan ne retient qu’une épure de gestes et de situations. Il choisit d’éclater son récit sur trois blocs fictionnels distincts, systématisant un dispositif de montage parallèle qui traduit son obsession pour l’élasticité du temps mais s’avère assez contre-productif sur le plan de l’intensité dramatique : la tension se voit trop souvent désamorcée au profit d’une sorte d’hystérie narrative mal contrôlée. Reste que cette tentative d’hybridation entre minimalisme figuratif et amplification des effets, qu’accentue encore un refus obstiné de toute approche psychologique et politique, transmet dans ses meilleurs moments l’expérience d’une immersion au cœur d’une prison à ciel ouvert, mouroir implacablement verrouillé par le sable, le ciel et la mer. 4/6

Le monde selon Garp (George Roy Hill, 1982)
Du jour où il naquit, Garp fut un être à part, un innocent en proie à toutes les absurdités du monde. L’étrange animalier que composent les êtres partageant son existence laisse émerger plusieurs dragons : une mère indépendante et féministe, un premier amour (bientôt une épouse), une amie d’enfance (les mille facettes du destin en un seul visage), un transsexuel (ancienne armoire à glace et femme par choix)… Du best-seller consacré de John Irving, le cinéaste parvient à extraire le sentiment d’inquiétude et de précarité qui est celle de toute vie humaine. Il fait fructifier un vrai sens du romanesque et témoigne avec bonheur d’une inspiration mélancolique, chaleureuse et picaresque, où se devine à chaque trait satirique le vitriol du verbe, et à chaque image réussie la force du mot. 4/6

Élégie de la traversée (Alexandre Sokourov, 2001)
Une homme tente de se souvenir, agence un flux de pensées et de réflexions désordonnées, sa voix off inscrivant la fiction dans l’après d’un évènement indatable. Le commentaire, qui fait succéder des bloc temporels toujours bornés par la coupe du plan, invoque des images étrangères, décolorées, précaires, cotonneuses, brouillées par les flocons de neige striant le paysage, envahies par la brume, rongées par l’obscurité, et dont la spectralité semble comme prélevée aux abords des limbes d’un monde informe, toujours menacé d’effacement. Méditation chuchotée sur le passé, l’angoisse, l’énigme des lieux, la présence-absence des êtres et des choses, l’héritage de la création artistique (la déambulation devant les tableaux annonce L’Arche Russe), ce moyen-métrage dispense une singulière fascination. 4/6

La grande pagaille (Luigi Comencini, 1960)
8 septembre 1943, l’armistice est signé entre Badoglio et les alliés. S’ensuit une extrême confusion pendant laquelle un officier, faute d’ordres précis, se voit contraint d’abandonner ses hommes. Dépassé par les évènements, il refuse de se mêler aux partisans qui luttent contre les Allemands ou aux fascistes continuant de combattre à leurs côtés. Sous couvert de décrire la désillusion des soldats transalpins démobilisés, Comencini en fait des héros malgré eux, l’un donnant sa vie pour une Juive, les autres se mêlant aux libérateurs de Naples. Tantôt caustique et cinglant, tantôt doux et attendri, toujours bienveillant, il multiplie les épisodes burlesques (certains sont d’un goût contestable, d’autres inventifs), et filme ces pauvres hères comme autant de paumés emportés par le désarroi d’une époque. 4/6

Rue de l’estrapade (Jacques Becker, 1953)
Becker retrouve le couple vedette d’Edouard et Caroline et orchestre, dans le même registre, une autre comédie-ballet vaudevillesque multipliant les entrées et sorties, les clés, les grilles et les paliers. Il offre la juste description de ce que peut connaître en 1953 une jeune femme bourgeoise hors de son mariage, dans le Vème arrondissement des étudiants ou le XVIème de la haute couture : le désir d’un bohème qui rêve de la montrer à ses parents, le déshabillage subtil et pervers d’un couturier homosexuel qui se sert d’elle pour sa façade ou pour une scène de ménage. Une fois de plus, sa façon d’assembler son petit monde comme un puzzle personnel contre la montre, de bricoler la machinerie cinématographique avec autant d’élégance que de légèreté, séduisent. À l’image d’Anne Vernon, assez délicieuse. 4/6

Les conquérants (Michael Curtiz, 1939)
Simplicité de l’argument et clarté de l’action, perfection du rythme et homogénéité du style. Tout le brio du cinéaste s’exerce dans ce western exemplaire, qui revisite librement la légende de Wyatt Earp et illustre, près d’un quart de siècle avant Ford et son Liberty Valance, l’instauration d’une société civilisée sous l’égide de la loi, de la démocratie et de la presse. Une fois encore, difficile d’expliquer la plénitude d’un tel cinéma, qui relève d’un équilibre harmonieux entre l’élément romanesque et la fulgurance du geste (avec une homérique bataille de saloon en point d’orgue), entre la vivacité de l’esprit et la limpidité du propos, entre le sobre charisme de l’interprétation (Flynn, Havilland, Cabot, Travers) et l’achèvement technique d’une mise en scène brillant des mille feux du Technicolor. Un bonheur. 5/6

Maman Küsters s’en va au ciel (Rainer Werner Fassbinder, 1975)
Ouvrier sans histoires, Hermann Küsters a brutalement tué son patron avant de se suicider. En racontant comment le désarroi de sa veuve est exploité par la presse à sensation puis successivement récupéré par le très bourgeois parti communiste et par un groupuscule anarchiste, Fassbinder démontre que les instruments de la libération sont aussi ceux de l’oppression. Il ne pose pas le problème en termes de vérité et de mensonge (chacun a ses bonnes raisons), mais analyse à la faveur d’un développement dramatique d’une parfaite logique et d’une grande simplicité le cheminement de l’asservissement social à l’aliénation politique. Pas de discours positif ni d’engagement défini ici, mais un voyage à travers les idéologies données comme telles : tantôt moyens de vivre, tantôt illusions déçues. 4/6

Explorers (Joe Dante, 1985)
D’un postulat de SF (trois geeks surdoués reçoivent en rêve les instructions pour construire un vaisseau spatial), le cinéaste accouche d’une déroutante concoction qui se laisse aller à la plus invraisemblable fantaisie. Le merveilleux y est désamorcé à mi-course tandis que la boîte à savons intergalactique les conduit à rencontrer deux pachydermes déformés d’un vert pomme particulièrement seyant, gentils patapoufs lobotomisés par la télévision américaine et ne sachant communiquer qu’en imitant Bugs Bunny, Tarzan, W.C Fields, Groucho Marx ou Bob Hope. Difficile de définir où s’arrête la cocasserie de la satire et où commence la vulgaire insipidité de la caricature : farce bâclée et infantile ou premier film expérimental pour moins de dix ans, Explorers est une sorte de monstre, de phénomène de foire. 3/6

La femme aux deux visages (George Cukor, 1941)
Parce que son époux, sorti du sérail bourgeois new-yorkais, la trompe avec une artiste du même milieu, une prof de ski éprise de simplicité et de vie montagnarde s’invente une sœur jumelle pour le piéger et le reconquérir. Il lui offre ainsi deux femmes différentes, l’une sportive, l’autre mondaine, situation propice à un enchaînement de stratagèmes et de quiproquos que l’auteur, maître-queux de ce type d’imbroglios, se régale à faire fructifier. D’où une comédie dont l’essence même du genre – la transformation des apparences – est le propos. Car l’homme perce le jeu et y entre, lui donnant une nouvelle dimension, jusqu’à ce que chacun comprenne que l’héroïne n’a pas besoin d’être deux puisqu’elle est, à elle seule, toutes les femmes. Esprit, légèreté, drôlerie, et un couple Garbo-Douglas à la fête. 4/6

Boire et déboires (Blake Edwards, 1987)
"Fish out of the water" : le linguiste emploiera cette expression lorsque quelqu’un sort de son environnement pour se retrouver dans une situation rocambolesque. Le sociologue notera lui que le scénario du film relève d’une vague de fictions du détournement racontant les déboires d’un yuppie aux prises avec une fille dangereuse. Pétaradant entre l’hénaurme et le too much, la comédie laisse une portion plus que congrue à la surprise et à l’inattendu, d’autant qu’Edwards y décline ses agencements-types (fête guindée transformée en champ de bataille, huis clos autour d’un lit, d’une porte et de quelques fenêtres). Katharine Basinger et Bruce Grant mènent avec charme ce ballet burlesque des catastrophes, qui après avoir coché toutes les cases du conte romantique se clôt sur un happy end sans nuages. 3/6

Violent cop (Takeshi Kitano, 1989)
Sorte de variation étrange sur le Dirty Harry de Siegel, ce polar silencieux, très noir et extrêmement brutal analyse et illustre la violence d’un monde schizophrénique, dont la barbarie humaine jaillit sous le couvercle d’une civilité imposée, et où chacun suffoque par sa soumission volontaire à des règles immanentes. La narration est d’abord une qualité (d’action, de suspense, d’ossature du scénario) qui glisse vers la quantité tandis que les vides dramatiques grignotent les scènes. La mise en scène joue délibérément sur l’écrasement de la perspective, le collage des surfaces, l’aplat. Autant d’idées et de formes suivant une même route qui consiste à étudier les effets moraux produits par le chaos tacite de la société, par l’hostilité sourde d’un univers mort où les atomes perdus se déplacent en vain. 4/6

Toby Dammit (Federico Fellini, 1968) (segment d’Histoires Extraordinaires)
Adapter à l’écran le "long et raisonné dérèglement de tous les sens" d’Edgar Poe revient évidemment pour Fellini à faire œuvre de créateur authentique. Sur fond de crépuscule et d’eaux mortes tournoient ses zombies privilégiés, une faune exubérante placée sous le signe d’un vitriol goyaesque. Miasmes, vapeurs nauséeuses, touffeurs pestilentielles baignent une gamme tourmentée qui culmine avec le visage violet de Terence Stamp, Christ-beatnik d’épouvante et de dérision, avant que s’installe la tentation du saut définitif, seule issue possible au terme d’une course nocturne à travers un paysage halluciné. Brillant exercice de style donc, mais aussi mise à nu d’une réalité d’outre-tombe, d’où émergent la démence de l’alcool, la déchéance de l’artiste en marge, et le sourire inquiétant du diable en petite fille. 4/6

Sweet Charity (Bob Fosse, 1969)
Pour son baptême du feu, Fosse dispose d’un budget très confortable et reprend l’argument des Nuits de Cabiria : la boulotte et pathétique prostituée devient une entraîneuse pimpante et délurée à laquelle Shirley MacLaine, toute en sourires noyés de larmes, apporte les mines de son registre favori. L’auteur maîtrise ses moyens, axés sur une poignée de ballets à tomber par terre, et ordonne un spectacle aux artifices revendiqués (zooms, plans gelés, préciosités de l’image), qui dans ses meilleurs moments rappelle Fellini : l’atmosphère ténébreuse et excentrique du Pompei Club se souvient de La Dolce Vita et anticipe même sur le Satyricon. À condition de pas être allergique au sirop sentimental avec lequel flirte la dernière partie, le film parvient à titiller de fort agréable manière nos petits cœurs d’artichaut. 4/6


Et aussi :

Femmes femmes (Paul Vecchiali, 1974) - 4/6
Possession (Andrzej Żuławski, 1981) - 5/6
La fille à la valise (Valerio Zurlini, 1961) - 5/6
Été 93 (Carla Simón, 2017) - 5/6
Image

Films des mois précédents :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Juin 2017Désirs humains (Fritz Lang, 1954)
Mai 2017Les cloches de Sainte-Marie (Leo McCarey, 1945)
Avril 2017Maria’s lovers (Andreï Kontchalovski, 1984)
Mars 2017À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)
Février 2017Raphaël ou le débauché (Michel Deville, 1971)
Janvier 2017La la land (Damien Chazelle, 2016)
Décembre 2016Alice (Jan Švankmajer, 1987)
Novembre 2016 - Dernières nouvelles du cosmos (Julie Bertuccelli, 2016)
Octobre 2016 - Showgirls (Paul Verhoeven, 1995)
Septembre 2016 - Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)
Août 2016 - Le flambeur (Karel Reisz, 1974)
Juillet 2016 - A touch of zen (King Hu, 1971)
Juin 2016 - The witch (Robert Eggers, 2015)
Mai 2016 - Elle (Paul Verhoeven, 2016)
Avril 2016 - La pyramide humaine (Jean Rouch, 1961)
Mars 2016 - The assassin (Hou Hsiao-hsien, 2015)
Février 2016Le démon des femmes (Robert Aldrich, 1968)
Janvier 2016La Commune (Paris 1871) (Peter Watkins, 2000)
Décembre 2015Mia madre (Nanni Moretti, 2015)
Novembre 2015Avril ou le monde truqué (Franck Ekinci & Christian Desmares, 2015)
Octobre 2015Voyage à deux (Stanley Donen, 1967)
Septembre 2015Une histoire simple (Claude Sautet, 1978)
Août 2015La Marseillaise (Jean Renoir, 1938)
Juillet 2015Lumière silencieuse (Carlos Reygadas, 2007)
Juin 2015Vice-versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen, 2015) Top 100
Mai 2015Deep end (Jerzy Skolimowski, 1970)
Avril 2015Blue collar (Paul Schrader, 1978)
Mars 2015Pandora (Albert Lewin, 1951)
Février 2015La femme modèle (Vincente Minnelli, 1957)
Janvier 2015Aventures en Birmanie (Raoul Walsh, 1945)
Décembre 2014Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970)
Novembre 2014Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)
Octobre 2014Zardoz (Sean Connery, 1974)
Septembre 2014Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014Le prix d’un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 201412 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013L’arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013La randonnée (Nicolas Roeg, 1971)
Juillet 2013Le monde d’Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013Chronique d’un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 – Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013L’heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 – Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 – Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 – Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 – Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 – Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 – Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 – Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 – Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 – Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 – L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 – L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 – Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 – Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 – L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1967) Top 100
Octobre 2011 – Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 – Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 – Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 – L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
7swans
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Message par 7swans »

G.T.O a écrit : 2 - Housekeeping - Bill Forsyth

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Forsyth + une affiche intrigante, ça donne envie.
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

Thaddeus a écrit :
Film du mois de juillet


1. La Fille à la Valise (Valerio Zurlini, 1961)


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Claudia, Claudia, Claudia, Claudia, Claudia... :oops:


2. Été 93 (Carla Simon, 2017)


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3. Les Conquérants (Michael Curtiz, 1939)


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Tu as excellent goût :)

Le Zurlini est dans mon Top 100 8)
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G.T.O
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par G.T.O »

7swans a écrit :
G.T.O a écrit : 2 - Housekeeping - Bill Forsyth

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Forsyth + une affiche intrigante, ça donne envie.
Ah mais vas-y. Y a un Bluray anglais. C'est plutôt entêtant sous ses dehors classiques. L'un des plus beaux coming of age les plus délicatement onirique que je connaisse, portés par de superbes acteurs, à commencer par Christine Lahti. Je soupçonne Daniel Clowes de s'en être inspiré. Photo automnale, la fin est splendide. C'est Jonathan Rosenbaum qui en disait le plus grand bien. Et j'oubliais : affiche magnifique. :wink:
Dernière modification par G.T.O le 31 juil. 17, 16:46, modifié 1 fois.
Anorya
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Message par Anorya »

gnome a écrit :
Anorya a écrit : L'empire des sens - Nagisa Oshima[/center]


Ressortie 4K. La claque. :shock:
Visuellement, la copie de Tamasa est une tuerie ! Le DVD d'Arte que j'ai fait immensément pâle à côté. Incroyable de beauté.
Et évidemment dans des conditions de visionnages plus qu'optimales ici, inutile de dire que ce film qui parfois par le passé m'ennuyait un peu, cette fois, je me le suis enfin pris dans la gueule. Bien sûr entre-temps j'ai pu me pencher sur la carrière d'Oshima, remarquer sa maîtrise technique fabuleuse du cinéma dans sa première période, de la nouvelle vague japonaise. Mais je n'étais jamais en phase avec les films, trop froids, trop politiques, parfois trop dans l'épate même (oui, on a compris que tu sais filmer et composer des cadres Oshima). Or à partir des années 70, la carrière du bonhomme prend un virage : plus d'épure, moins de charge politique dans le propos alors que sa carrière commence à avoir un retentissement mondial. C'est ce Oshima là qui me fascine (et ici derrière la mise en scène faussement classique, les cadres sont toujours admirablement bien composés. Et ces couleurs, bordel, ces couleurs !). Celui qui peut tout aussi bien dépeindre l'attirance d'un asiatique envers un occidental dans Furyo comme une relation sexuelle qui tourne ici à la folie. Personnage féminin complexe, homme féministe et beaucoup plus profond et généreux qu'on le pense derrière sa façade débonnaire, relation qui ne peut aller que dans un sens, l'impasse tragique. Inutile donc de dire que là où auparavant le final me laissait un peu les couilles dans le potage, là ça m'a bien fait déprimer. La magie du cinéma en somme, son but est atteint. :mrgreen: :|
Tu me donnes presque envie de redonner une énième chance à ce film qui pourtant me laisse toujours assez froid. :)
C'était aussi mon cas avant. ;)
Comme quoi une ressortie dans des conditions optimales, ça fait beaucoup.
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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Zelda Zonk a écrit :Tu as excellent goût :)
Ouais, je sais.

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Le Zurlini est dans mon Top 100 8)
Et on peut le trouver où, ce top 100 ?
Façon détournée de te demander de le poster dans le topic idoine, bien sûr.
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Demi-Lune
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Demi-Lune »

Thaddeus a écrit :
Zelda Zonk a écrit :Tu as excellent goût :)
Ouais, je sais.

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Ouais enfin, t'as mis 3/6 à Boire à déboires, hein. :P Là où tu es indulgent avec le nouveau suppo de Malick.
Et Possession qui n'apparaît même pas dans ton podium...
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Message par G.T.O »

Demi-Lune a écrit :
Thaddeus a écrit :
Ouais, je sais.

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Ouais enfin, t'as mis 3/6 à Boire à déboires, hein. :P Là où tu es indulgent avec le nouveau suppo de Malick.
Et Possession qui n'apparaît même pas dans ton podium...
T'es mal placé pour dire ça. Ok Thaddeus a gentimennt chié sur Zombie, Etat second...Mais toi tu mets Au soldat Rillette de Spielberg 9,5/10. Aucune crédibilité ! :mrgreen: Toi même tu sais gros !
Dernière modification par G.T.O le 31 juil. 17, 17:58, modifié 1 fois.
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Message par Thaddeus »

Demi-Lune a écrit :Ouais enfin, t'as mis 3/6 à Boire à déboires, hein. :P
Figure-toi que c'est un peu grâce à (à cause de...) toi que je l'ai regardé, car ça faisait un moment que je l'avais vu dans je ne sais plus lequel de tes classements (l'alternatif sans doute). Désolé mais je trouve que ça ne casse pas trois pattes à un canard, comme on dit. :mrgreen: Déroulement ultra-prévisible, situations assez convenues, gags souvent poussifs... Je concède que l'ex-jaloux qui harcèle les héros sans jamais lâcher l'affaire est drôle, et que le couple vedette fonctionne bien.
Et Possession qui n'apparaît même pas dans ton podium...
Je me suis tâté. Tous les mois c'est la même rengaine : quel(s) film(s) va passer à l'as ? Si j'avais constitué mon podium hier ou demain, il est fort possible qu'il y aurait figuré.
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

G.T.O a écrit : T'es mal placé pour dire ça. Ok Thaddeus a gentimennt chié sur Zombie, Etat second...
Ah bon, j'ai chié sur Etat second, moi ?
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par G.T.O »

Thaddeus a écrit :
G.T.O a écrit : T'es mal placé pour dire ça. Ok Thaddeus a gentimennt chié sur Zombie, Etat second...
Ah bon, j'ai chié sur Etat second, moi ?
Bah oui, imagerie st sulpicienne machin machin. J'ai dit gentiment, hein. :P
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