Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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Rockatansky
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Rockatansky »

Petit mois en quantité, 2 vainqueurs ex aequo Dernier train pour Busan et X Men Apocalypse, et une très bonne série avec la saison 1 de Narcos, le reste...


Spoiler (cliquez pour afficher)
Train pour Busan - Sang-Ho Yeon - 7,5/10
X-Men : Apocalypse - Bryan Singer - 7,5/10
Narcos - Saison 1 - 7/10
Karaté contre mafia - Ramon Saldias - 6/10
Samurai Cop - Amir Shervan - 5,5/10
31 - Rob Zombie - 5/10
Captain America : Civil War - Russo Bro - 5/10
Bastille day - James Watkins - 4,5/10
Blood Father - Jean-François Richet - 4,5/10
Le dernier dragon - Michael Schultz - 4,5/10
Lolo - Julie Delpy - 2,5/10
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
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Karras
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Karras »

Mon podium du mois de septembre qui a été assez faible en visionnage pour cause de voyage.
Image Son esthétique formelle m'a séduit, tiendra-t-il un second visionnage ?
ImageImage Deux films qui parlent de temps et de lieux, l'un pour se reconstruire l'autre pour retrouver ses racines.
Et aussi :
ImageImageImage
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Jack Carter
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Message par Jack Carter »

Karras a écrit :Image Deux films qui parlent de temps et de lieux, l'un pour se reconstruire l'autre pour retrouver ses racines.
Justement conseillé celui-çi à Jeremy Fox, etant à peu pres certain que ça va lui plaire.
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Jeremy Fox »

Noté :wink:
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Karras
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Karras »

Jack Carter a écrit : Justement conseillé celui-çi à Jeremy Fox, etant à peu pres certain que ça va lui plaire.
Oui je pense aussi. Je suggère aussi Oslo, 31 août avec également Anders Danielsen Lie l'acteur principal de Ce sentiment de l'été assez proche en terme d'ambiance.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Pas vu grand chose ce mois-ci donc par défaut, on va choisir une plutôt bonne surprise, Deux Jours à Tuer de Jean Becker.
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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

Film du mois de Septembre 2016


En tête de ce mois, deux grands et superbes films qui finiront sans nul doute dans mon Top 10 des sorties salles de 2016.
1. Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)


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2. Brooklyn Village (Ira Sachs, 2016)


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3. Junior Bonner (Sam Peckinpah, 1972)


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Mes découvertes en détails :
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Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)
Curieuse entreprise que ce coup de sonde donné par le cinéaste esthète au malaise contemporain, à une jeunesse minée par un sentiment collectif de détresse et de confusion. D’une certaine manière, le film permet à son auteur de tester ses propres limites : il éprouve sa tendance à l’abstraction, son goût des formes et des genres, sa faculté à élaborer des machines hybrides et sophistiquées, au contact d’une urgence et d’une angoisse qu’il se refuse à décrypter selon un mode strictement contextuel. Mais à trop fuir l’idéologie et le discours politique il finit par se les prendre en pleine face : en concluant sur un tract anti-flics primaire il se tire une balle dans le pied et, après la lourdeur de la métaphore consumériste, laisse planer des doutes sur sa maturité et son honnêteté intellectuelles. 4/6

Bianca (Nanni Moretti, 1984)
Titre trompeur, tant le personnage féminin n’est ici qu’un fantôme et le véritable sujet du film son auteur. Après une idée comique utilisée pendant une demi-heure (la description d’une école ultra-moderne où la névrose infantile des professeurs le dispute à l’outrecuidance des élèves), la trame zigue-zague entre plusieurs emprunts patauds (notamment à Fenêtre sur Cour), plusieurs registres plus ou moins hétérogènes (du policier à la comédie de mœurs) pour dresser le portrait d’un homme en état de scission permanente, névrotique, lâche, vaguement compulsif, animé par une rigueur inquisitoriale et une totale intransigeance morale. La relative mise en ordre des matériaux ne compense pas l’impression d’inachevé qui émane de ce film sincère mais bien trop brouillon et approximatif. 3/6

Le syndicat du crime 2 (John Woo, 1987)
On reprend les mêmes et en recommence, en recourant aux artifices scénaristiques les moins scrupuleux si besoin (Chow Yun Fat était mort à la fin du premier : on lui invente un frère jumeau). Plus que jamais le cinéaste travaille en plein et en délié, en pause et en accélérations, selon une espèce de forme sinusoïdale où le calme et la tempête sont indissolublement liés. Il élargit également sa narration en développant une structure dramatique qui oscille entre Hong Kong et New York, multiplie intrigues et personnages secondaires, accentue une logique d’inflation qui voit une situation impossible se résoudre en huis-clos hystérique (le carnage final, grand moment de délire) et pousse le dosage du sentimentalisme jusqu’au seuil du mélodrame noir. Le tout est à la fois sincère, généreux et grotesque. 4/6

Nuit et brouillard du Japon (Nagisa Ōshima, 1960)
Lors du mariage entre deux militants d’un groupe d’étudiants communistes, les invités remuent leurs souvenirs et se livrent à un grand lavage de linge sale : l’occasion pour chacun de tenter d’éclaircir certaines zones d’ombre, d’exorciser de vieilles rancœurs, à défaut de solder les comptes. Construit sur de sinueux plans-séquences, le film analyse des attitudes contradictoires mais complémentaires (intellectuel-activiste, sceptique-fanatique, passionné-froid, conformiste-hérétique), mesure l’écart entre les positions dogmatiques et les exigences de l’engagement pour mieux refléter la conscience d’une génération en révolte. Aucun mouvement politique n’a de force s’il n’entraîne une subjectivité authentique : tel est le sens de cette réflexion amère et touffue sur le devenir de l’idéal révolutionnaire. 4/6

Comancheria (David Mackenzie, 2016)
Comme d’autres habiles transfuges du vieux continent se frottant aux genres-étalons du cinéma américain, Mackenzie se cherche pas à effacer les signes de reconnaissance inhérents à son matériau et flatte sans s’en cacher la propension du public à jouir d’un ensemble d’archétypes formels et thématiques auxquels il apporte, à défaut de nouveauté, une appréciable vigueur. La réussite humble mais réelle de ce polar westernien tient donc à la manière dont il se défausse de toute modernité sans apparaître archaïque pour autant et à dépasser les éléments folkloriques auquel il recourt (le marshall fatigué baragouinant dans son accent texan, les rednecks taiseux ou sanguins, les diners country et les vastes plaines poussiéreuses…) pour aménager un espace au commentaire social et à l’ambigüité psychologique. 4/6

Numéro deux (Jean-Luc Godard & Anne-Marie Miéville, 1975)
Godard découvre la vidéo et, s’amusant comme un petit fou, entérine l’effacement du cinéma par le programme, substitue à la cohérence d’un propos intelligible la morose prolifération du zapping et du chevauchement audiovisuel. Des dizaines d’écran télé rapportent le quotidien sordide d’un couple de prolétaires aliénés par leur condition, tel un documentaire ultra-laid et vaguement trash où des réflexions sur le viol social sont jalonnées d’inserts expérimentaux infantiles et de flasques saillies porno gonzo. Ce qui se voudrait une approche analytique du nouveau média dominant se résume, par cet art du nombrilisme abscons dont le cinéaste a le secret, aux états d’âme glauques d’un ouvrier qui l’ouvre pour ne rien dire et d’une chieuse qui n’arrive plus à chier. Tout cela est vraiment passionnant. 1/6

Frantz (François Ozon, 2016)
Ce qui aurait pu donner matière à une quête d’identité fertile en non-dits et en secrets élusifs devient, par son absence de trouble et d’aspérités, un portrait de femme placé sous le signe exclusif de la retenue. Parce qu’aucune de ses notes ne dissone par rapport aux autres, qu’il substitue à l’ambigüité attendue une transparence qui lime les enjeux jusqu’à leur faire perdre une part de mystère, qu’il privilégie une esthétique élégante et feutrée en accord avec son classicisme délicat et la pudeur sereine de ses sentiments, le mélodrame affiche tous les signes extérieurs d’une maturité conquise. On peut toutefois en regretter un certain manque d’engagement, de surprise et finalement d’intensité, tout en constatant encore à quel point Ozon est un infaillible pourvoyeur de jeunes talents féminins. 4/6

L’élégie d’Osaka (Kenji Mizoguchi, 1936)
Entre la cruauté d’un trajet observé froidement jusque dans l’abîme et la complainte affligée de qui ne peut accompagner ses personnages sans verser une larme, le cinéaste s’approprie un équilibre de ton et de registre qu’il ne cessera de perfectionner par la suite. Il raconte comment une jeune standardiste devient la maîtresse de son patron afin d’aider financièrement son père et son frère puis, après voir essuyé l’ingratitude des siens, est amenée à se prostituer en s’enferrant dans une spirale infernale. Mais si, en dénonçant l’exploitation de l’héroïne par ses amants et sa famille, en désignant l’argent et le sexe comme les vecteurs d’une déchéance sans rémission, le film annonce certaines constantes thématiques de l’auteur, il reste moins tenu, poignant et accompli que les réussites à venir. 3/6

La dame de tout le monde (Max Ophüls, 1934)
Le reflet est une constante de l’œuvre du cinéaste, qui regorge d’appliques murales, de rétroviseurs, de médaillons, de cristaux étincelants, caractéristiques d’un monde ne renfermant qu’alouettes à piéger. Mais le plus fascinant des miroirs que pût souhaiter d’apprivoiser sa caméra, pour en réfracter le meilleur et le plus durable, c’est peut-être la caméra elle-même. Voilà pourquoi cette commande tournée en Italie mais pleinement appropriée par l’artiste prend-elle pour cadre le cinéma, ses pompes et ses œuvres. En racontant l’histoire pathétique d’une starlette meurtrie par un amour désaccordé, abîmée par d’injustes scandales et victime malgré elle de son innocence, il cisèle un mélodrame dont la minutie formelle n’égale que la subtilité d’émotion. Une très belle réussite injustement méconnue. 5/6

Junior Bonner (Sam Peckinpah, 1972)
Sans changer d’optique ni de thématique, le réalisateur ponctuellement apaisé arrache son héros à l’attraction nostalgique du passé et à la contemplation complice de la mort. Traînant la patte de prime en prime, de bain de foule en bain de foule, son Jr Bonner est une rodeoman errant, de bref passage dans sa famille, qui affirme tranquillement sa victoire sur le conformisme et l’argent. Avec le talent rare qui consiste à voir les choses à hauteur d’homme, Peckinpah relit à sa manière les Misfits de Huston en en troquant l’amertume par un jeu nonchalant de discrétion et de mutisme. La force et la subtilité des liens qui unissent les personnages, la chaleur humaine, la bonté, l’humour qui émanent de cette chronique de l’intégrité contribuent à en faire l’un des ses films les plus beaux et émouvants. 5/6

Fahrenheit 451 (François Truffaut, 1966)
En s’emparant de la dystopie totalitaire inventée par Bradbury, fondée sur les idées d’une civilisation excessivement technocrate et d’un bonheur collectif obligatoire, Truffaut dénonce avec une sorte de fureur sarcastique et contenue la dictature d’une inquisition fantôme qui résorbe peu à peu, au nom d’une nécessaire uniformité du corps social, toute velléité individualiste. Anarchiste avisé, il fait l’apologie de la résistance rusée contre une autorité abêtissante et traite son sujet comme les rebelles narguent la dictature : il préfère au larmoiement pathétique, à l’homélie lourdaude ou au grand prêche solennel sur les dangers du progrès matériel une série d’élusions, de litotes, d’émondages, de dissonances qui, dans ses meilleurs moments, entraînent la fiction vers une rêverie bachelardienne des éléments. 4/6

Mariage à l’italienne (Vittorio De Sica, 1964)
Comédie à l’italienne surtout, mais hélas pas de la meilleure eau. Engagés dans une mauvaise pente manifeste, De Sica et Zavattini racontent sur vingt ans les perpétuelles volte-face amoureuses d’une prostituée napolitaine et d’un fils de famille veule qui n’assume jamais leur relation. Ce qui aurait pu être une satire sarcastique des bases morales de ce monde petit-bourgeois et du mariage qui en est le centre se réduit à une suite de résidus néo-réalistes coloriés en rose, rapiécés à coups de petits chantages sentimentaux maladroits et truffé de clichés assez éculés de roman-photo. L’ensemble recourt régulièrement à une vulgarité d’almanach flirtant avec la grivoiserie, une sensiblerie de mélo qui , malgré quelques instants d’émotion réelle, laisse une tenace impression de verre à moitié vide. 3/6

L’ange de la vengeance (Abel Ferrara, 1981)
Une jeune couturière muette, bien secouée par deux viols successifs, devient une nettoyeuse étonnamment sexuelle et abat au 45 tous les hommes qu’elle croise sur son chemin. D’une certaine manière Ferrara développe l’argument de Répulsion, mais à l’inverse de la Carol de Polanski, névrosée-passive, son héroïne transforme sa phobie du masculin en agressivité active. Coulant une situation archétypale de série B dans la forme hiératique d’un cérémonial barbare (avec un mémorable carnage déliro-hallucinatoire en point d’orgue), le film, quelque part entre Godard, André Breton et Clovis Trouille, est une longue vision paranoïaque au sein d’un Manhattan onirique et cauchemardesque, dont la laideur crue tend à dépasser l’impression de vérisme pour atteindre une forme particulière d’abstraction. 4/6

Hardcore (Paul Schrader, 1979)
D’un côté un monde calviniste, clos, feutré, provincial ; de l’autre L.A., capitale nocturne du vice et de la violence, dont l’abjection débouche sur la mort. En racontant le périple d’un homme bigot et intransigeant au sein de cet univers urbain traversé de néons, de silhouettes, de trafics sordides, perçu par lui comme une fosse à luxure d’où s’échappe une odeur de soufre infernal, l’auteur n’échappe pas à une sorte de révulsion fascinée pour le sexe et la dépravation. Mais il fait assez brillamment le constat qu’il existe en Amérique des moralités si différentes que leur compréhension mutuelle est impossible, tout comme il donne matière à réfléchir sur les liens complexes entre la pornographie et le puritanisme, sur la théologie d’une image dominant tyranniquement les êtres qu’elle présente et anéantit. 4/6

Juste la fin du monde (Mika, 2016)
Où le réalisateur, en délit manifeste d’excès de confiance, fait involontairement glisser l’apocalypse familiale vers le freak show outrancier. Avec ce festival de rancœurs et d’incompréhensions familiales, huis-clos artificiel asséché de toute émotion où vocifèrent une poignée de pantins grotesques, il semble considérer la crédibilité des caractères et des situations comme un paramètre négligeable. Entre la mère immature, la sœur envappée et le connard fini de grand frère (ascendant fou furieux), les acteurs paumés se dépatouillent avec un texte étouffant, impuissants à éviter le naufrage vaguement contrôlé auxquels mènent l’hystérie généralisée et la vulgarité de la mise en scène, deux flash-black neuneus sur soupe musicale venant parachever l’embarras. C’est ce qu’on appelle une belle sortie de piste. 2/6

Thérèse (Alain Cavalier, 1986)
Ce n’est pas la sainte que le cinéaste, athée convaincu, cherche à cerner dans ce portrait de la carmélite de Lisieux. Affranchie des roses saint-sulpiciennes, sa Thérèse accomplit les tâches les plus concrètes : lessive, cuisine, couture, assistance aux plus âgées. Elles et ses sœurs ne sont pas de purs esprits exultant sous l’habit conventuel mais des créatures de chair et de sang à la recherche d’elles-mêmes, dont le quotidien est restitué par le minimalisme d’un art maniériste, un dépouillement radical du décor, une nudité janséniste que traduit un cyclo gris perle analogue au fond des toiles de Manet. Ainsi Cavalier tente-t-il, en fixant la densité des visages et des objets, de nouer un contact direct avec ce qu’il peut y avoir de plus mystérieux dans l’extase ou la soumission mystique aux yeux du profane. 4/6

Barfly (Barbet Schroeder, 1987)
Du bar à la piaule, de la piaule au bar : tel est l’unique trajet de ces épaves imbibées dont la démesure se joue dans le double sens d’une réduction de l’espace et d’une expansion au quotidien de leur sereine rage de vivre. Ce qui les lie et fait consister leur univers, ce sont les rites sociaux, privés et intimes qu’ils s’inventent pour ne pas se laisser absorber et détruire par les autres. Ils préfèrent s’enfermer dans le vertige de l’ivresse, le cercle nécessairement vicieux de leur passion, de leur cérémonie plus ou moins secrète, choisir leur mode de destruction qui est aussi leur mode de vie marginale. En transcrivant à l’écran la prose écorchée et éthylique de Bukowski, le cinéaste a su éviter le sordide et l’apitoiement pour privilégier une forme de poésie en accord avec la folie héroïque de ces êtres-anges. 4/6

La désenchantée (Benoît Jacquot, 1990)
Trois jours dans la vie de Beth, adolescente de dix-sept ans dont l’existence chahutée oscille entre une mère clouée au lit, un petit frère dont elle a la charge, un petit ami qui la déçoit et un oncle abject qui achète son corps en échange des ressources qui feront vivre sa famille. Un pied dans la fable, un pied dans la chronique, le film cherche l’équilibre après lequel court son héroïne, en suivant un itinéraire moral et géographique qui épouse les circonvolutions de sa carte du Tendre, ses désirs absolutistes perpétuellement contrariés par la réalité. Si la forme mouvante et l’absence de mysticisme en marquent la différence, il y a quelque chose de bressonnien dans ce portrait d’une chrysalide en voie d’émancipation : même ténuité gonflante, même affectation littéraire, même naturalisme artificieux. 3/6

L’odyssée de Charles Lindbergh (Billy Wilder, 1957)
Pour évoquer l’exploit d’un des plus grands héros américains de l’entre-deux-guerres, Wilder a choisi de ne pas recourir aux trompettes de la grande épopée ni aux conventions du biopic hagiographique. Aucune mention à la vie privée de l’aviateur, pas de détail périphérique, zéro dérivatif : juste une relation objective (par le style, non par le point de vue) de l’évènement et de ses préparatifs, dépourvue d’emportement, d’ironie et de sentimentalité. La force magnétique du film s’en voit décuplée, qui associe dans un même mouvement exaltant la grandeur d’une idée fixe, les moyens humains déployés pour la concrétiser, et la fascination exercée par les "décrochages" d’un récit qui épouse la solitude, la fatigue, l’engourdissement, les problèmes concrets de la traversée. Un spectacle totalement captivant. 5/6



Et aussi :

Victoria (Justine Triet, 2016) - 4/6
Brooklyn village (Ira Sachs, 2016) - 5/6
Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)- 5/6
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Films des mois précédents :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Août 2016 - Le flambeur (Karel Reisz, 1974)
Juillet 2016 - A touch of zen (King Hu, 1971)
Juin 2016 - The witch (Robert Eggers, 2015)
Mai 2016 - Elle (Paul Verhoeven, 2016)
Avril 2016 - La pyramide humaine (Jean Rouch, 1961)
Mars 2016 - The assassin (Hou Hsiao-hsien, 2015)
Février 2016Le démon des femmes (Robert Aldrich, 1968)
Janvier 2016La Commune (Paris 1871) (Peter Watkins, 2000)
Décembre 2015Mia madre (Nanni Moretti, 2015)
Novembre 2015Avril ou le monde truqué (Franck Ekinci & Christian Desmares, 2015)
Octobre 2015Voyage à deux (Stanley Donen, 1967)
Septembre 2015Une histoire simple (Claude Sautet, 1978)
Août 2015La Marseillaise (Jean Renoir, 1938)
Juillet 2015Lumière silencieuse (Carlos Reygadas, 2007)
Juin 2015Vice-versa (Pete Docter & Ronaldo Del Carmen, 2015) Top 100
Mai 2015Deep end (Jerzy Skolimowski, 1970)
Avril 2015Blue collar (Paul Schrader, 1978)
Mars 2015Pandora (Albert Lewin, 1951)
Février 2015La femme modèle (Vincente Minnelli, 1957)
Janvier 2015Aventures en Birmanie (Raoul Walsh, 1945)
Décembre 2014Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970)
Novembre 2014Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)
Octobre 2014Zardoz (Sean Connery, 1974)
Septembre 2014Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014Le prix d’un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 201412 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013L’arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013La randonnée (Nicolas Roeg, 1971)
Juillet 2013Le monde d’Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013Chronique d’un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 – Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013L’heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 – Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 – Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 – Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 – Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 – Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 – Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 – Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 – Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 – Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 – L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 – L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 – Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 – Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 – L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1967) Top 100
Octobre 2011 – Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 – Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 – Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 – L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
Dernière modification par Thaddeus le 5 mars 17, 11:23, modifié 1 fois.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

AtCloseRange a écrit :Pas vu grand chose ce mois-ci donc par défaut, on va choisir une plutôt bonne surprise, Deux Jours à Tuer de Jean Becker.
Ah, ça c'est une bonne surprise ! :)
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aelita
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Message par aelita »

Le mois d'octobre démarre très fort avec déjà un candidat sérieux au titre
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L'homme de la rue (Capra). Un film qui n'a pas pris une ride, bien qu'il soit très ancré dans son époque (la crise des années 30, la menace fasciste, le monde en guerre...). Il se révèle même d'une étonnante actualité par certains aspects.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Et ce regard final empli de défi face à ses adversaires de Gary Cooper est inoubliable !
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Un mois qui débute très fort


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hansolo
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Message par hansolo »

Jeremy Fox a écrit :Un mois qui débute très fort
Tu avais loupé ce bijou au ciné?
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

hansolo a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Un mois qui débute très fort
Tu avais loupé ce bijou au ciné?
Oui :wink:
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

:D :D
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manuma
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Message par manuma »

Pas de gros coups de cœur en septembre, juste 2 très sympathiques séries B alliant classe et caractère :

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et

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