Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Rick Blaine
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Rick Blaine »

Un mois qualitativement formidable, le plus impressionnant depuis des lustres.
On va garder Nolan en tête, mais derrière Sautet se taille la part du lion:

1. Interstellar (Nolan)
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2. Une Histoire Simple (Sautet)
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3. Nelly et Mr Arnaud (Sautet)
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4. Un Cœur en Hiver (Sautet)
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5. Sorcerer (Friedkin)
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6. Les Croix de Bois (Bernard)
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Le mois complet:
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Films découverts ou redécouverts :

Interstellar, de Christopher Nolan (2014) : 9,5/10

Une Histoire Simple, de Claude Sautet (1978) : 9/10

Nelly et Mr Arnaud, de Claude Sautet (1995) : 8,5/10
Un Coeur en Hiver, de Claude Sautet (1992) : 8,5/10
Le Convoi de la Peur (Sorcerer), de William Friedkin (1977) : 8,5/10
Les Croix de bois, de Raymond Bernard (1932) : 8,5/10

Garçon !, de Claude Sautet (1983) : 8/10
Bob le Flambeur, de Jean-Pierre Melville (1956) : 8/10
Oblivion, de Joseph Kosinski (2013) : 8/10

Le Héros (Nayak), de Satyajit Ray (1966) : 7,5/10
L'aîné des Ferchaux, de Jean-Pierre Melville (1962) : 7,5/10

Taxi de Nuit, de Serge Leroy (1993) : 7/10
Le privé (The Long Goodbye), de Robert Altman (1973) : 7/10
Deux Hommes Dans Manhattan, de Jean-Pierre Melville (1959) : 7/10
Quelques jours avec moi, de Claude Sautet (1988) : 7/10
Un Mauvais Fils, de Claude Sautet (1980) : 7/10

Démineurs (The Hurt Locker), de Kathryn Bigelow (2008) : 6,5/10

Les 3 Crimes de West Memphis (Devil's Knot), d'Atom Egoyan (2013) : 6/10

Sans sommation, de Bruno Gantillon (1973) : 5/10

Les Enfants terribles, de Jean-Pierre Melville (1950) : 3/10

Films revus : Hors compétition :

Vincent, François, Paul Et Les Autres..., de Claude Sautet (1974) : 10/10

La Grande Ville (Mahanagar), de Satyajit Ray (1963) : 9,5/10

Drug War (Du zhan), de Johnnie To (2012) : 9/10
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Mon film du mois :

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aelita
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par aelita »

Bilan du mois de décembre

Un bon mois (mais qui ne battra pas de records) avec 40 films vus (dont 13 sorties salles 2014)
Et c'est une œuvre sensible, pudique et émouvante qui remporte le titre. Ce qui donne :

Film du mois Love is strange (Ira Sachs), suivi de :
2. J'ai tué ma mère (Xavier Dolan)
3. L'Oranais (Lyes Salem)
4. Les Tsiganes montent au ciel (Emil Loteanu)
5. '71 (Yann Demange)

Tous sixièmes : Carla's Song (Ken Loach), L'inexorable enquête (Phil Karlson), Othello (Orson Welles), J'accuse (Abel Gance) et La Partition inachevée (Goran Paskaljevic).

Mention spéciale Deux films sortis récemment , et qui sont en fait la réunion de courts ou moyens métrages plus ou moins anciens, et un film de 1969, tourné pour la télévision allemande, et inédit en salles jusqu'à maintenant. Soit :
Cavalier express (Alain Cavalier), 8 courts métrages tournés entre 1982 et 2011.
Les Ascensions de Werner Herzog (deux moyens-métrages de 1976 et 2014 -sortie salles le 3/12, vu en avant-première)
Baal (Volker Schlöndorff) tourné en 1969, présenté à la télé allemande en 1970, invisible pendant plus de 40 ans, et présenté tout récemment en salles.
Dernière modification par aelita le 30 nov. 14, 20:15, modifié 1 fois.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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nobody smith
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par nobody smith »

ça sera aussi pour moi Interstellar en film du mois mais il prend la tête en grande partie faute de concurrent sérieux. J’ai pourtant hésité à faire passer devant L'opération Diabolique mais je me suis rendu compte qu’en dépit de ses défauts, j’ai ressenti une plus vive émotion dans le film de Nolan que dans celui de Frankenheimer.

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"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

Film du mois de Novembre 2014


1. Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)


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2. Gueule d'Amour (Jean Grémillon, 1937)


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3. Marie-Jo et ses 2 Amours (Robert Guédiguian, 2002)


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Mes découvertes en détail :
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La tête contre les murs (Georges Franju, 1959)
Ce qui devait marquer les débuts derrière la caméra de Jean-Pierre Mocky devint le premier long-métrage de Franju : un éclairage sur les conditions d’internement psychiatrique, la réalité des méthodes de guérison, l’élimination des individus considérés comme dangereux car n’obéissant pas aux normes acceptées par la société. Et pour souligner un peu plus la violence feutrée de cette oppression institutionnelle, le combat idéologique entre deux docteurs, l’un partisan d’une médecine autoritaire, l’autre défendant une approche libérale. On était donc en droit d’attendre un cri de révolte, et pourtant le film a tendance à ennuyer : sa facture dépassionnée déçoit, ce qu’il donne à comprendre est franchement court, et sa neutralité esthétique résonne presque comme un manque d’engagement. Le comble. 3/6

La belle équipe (Julien Duvivier, 1936)
Avec Le Crime de Monsieur Lange, voici sans doute la cristallisation la plus explicite des aspirations du Front Populaire. Mais sous un vernis vaguement rousseauiste, derrière l’histoire de ces cinq amis chômeurs qui montent une ginguette et donnent forme à leur utopie en mariant travail et plaisir, se développe un concentré d’amertumes, d’abord en contre-chant discret puis en mélodie majeure. La fête a beau diluer les barrières sociales, le vin délier les langues et dégourdir les jambes, la mélodie de l’accordéon se marier aux arbres du bord de l’eau, l’amitié finira par se briser sur l’action de la garce absolue interprétée par Viviane Romance – du moins dans la version originale voulue par Duvivier. Le film a vieilli mais son déroulement mélodramatique, à la fois pastoral et unanimiste, conserve un certain éclat. 4/6

Bronco Billy (Clint Eastwood, 1980)
La névrose et les affrontements urbains des années 70 cèdent ici la place à un acquiescement souriant au carnaval de la vie, à une philosophie simple mais aimable qui fleure davantage le crottin de cheval que la poudre à canon. Se contentant de bâtir un rôle propre à satisfaire ses rêves adolescents, le héros-titre est le moteur spirituel d’une petite troupe excentrique qui réenchante l’Histoire à sa manière en permettant à chacune des ethnies, des minorités et des parias qui la composent de coexister fraternellement. Ce show est un monde où chacun peut jouer son personnage et où l’on vient à la fin saluer face caméra sous un chapiteau en forme de manteau d’Arlequin – celui de l’Amérique de l’après-Vietnam. D’où le charme d’un film-ballade drôle et nonchalant, un peu roublard mais tout à fait attachant. 4/6

Chérie, je me sens rajeunir (Howard Hawks, 1952)
Des singes faisant tourner bourrique, Grant grimé en Indien qui scalpe le soupirant de sa femme, Marylin Monroe en ravissante idiote… On ne s’aventurera pas trop en affirmant que, derrière l’incongruité de l’argument et la fantaisie des situations, le cinéaste s’amuse ici des multiples inhibitions de l’âge adulte et du désordre social causé par le retour en enfance. De là à y lire un éloge de l’idiotie et de l’irresponsabilité, il y a un pas. Le mieux est encore de se réjouir de l’humour un peu régressif de cette tranche de burlesque garantie sans sous-texte intello, sorte de version comique de Benjamin Button qui culmine dans une dernière demi-heure assez désopilante, tant en convenant que l’on n’y trouve pas la précision infaillible, le rythme débridé et la jubilatoire drôlerie des plus grandes comédies hawksiennes. 4/6

Louisiana story (Robert Flaherty, 1948)
Chantre de la nature et de l’écologie, Flaherty accepte la commande de la Standard Oil et, alors qu’il devait tourner un film ouvertement industriel, contourne le dilemme en centrant le point de vue sur le regard émerveillé d’un jeune garçon. Car celui-ci accepte l’intrusion du progrès dans son quotidien édénique, transformant le monstre d’acier qui s’élève et se meut silencieusement au milieu du bayou en un animal fabuleux qu’il faut dompter comme les sauriens du marais. Montrant l’interpénétration pacifiste et utopique de deux univers, le vieux monde patriarcal, agraire, archaïque, naturel, et celui technologique de la machine et du pétrole, le film opère leur harmonieuse conciliation par une vision humaniste supérieure et grâce à l’esprit de jeu et de poésie, à la foi d’un enfant, de l’enfance éternelle. 4/6

Une nouvelle amie (François Ozon, 2014)
En guise de bon gros fuck à la manif pour tous, le cinéaste fait son Laurence Anyways, le corse d’une généreuse louchée d’Almodóvar (fétichisme queer et coloré, cocasserie théâtrale des récitals en boîtes de nuit) et le roule dans une problématique érotico-morbide à fort coefficient hitchcockien. Tant de références pourraient lui être fatales, mais on a compris depuis longtemps que son cinéma, s’il carbure aux effets de reconnaissance, en tire également son identité et ses principes de lecture. C’est aussi le paradoxe de cette variation sur le caractère mouvant de l’identité sexuelle, des places genrées et des désirs minoritaires, qui cultive une ambiguïté labile et incertaine tout en l’énonçant avec une clarté rationnelle, presque pédagogique, qui lui laisse assez peu d’ombre et de mystère. 4/6

Le paradis (Alain Cavalier, 2014)
Le dernier bricolage mi-expérimental mi-espiègle d’Alain Cavalier fait bien de ne pas durer plus de soixante-dix minutes : au-delà, la curiosité clémente aurait eu vite fait de se transformer en ennui poli. Si un certain talent est sans doute nécessaire pour parvenir à relier sans trop de dégâts ces agrégats d’images disparates, ces associations de jouets et de faux poèmes, ces plans de nature banals ou de bibelots sans valeur, ces confessions et récits mythologiques murmurés d’une voix chevrotante, il faut bien convenir que l’ensemble donne, comme Irène, une étrange impression d’inachèvement en mode aléatoire. Mais c’est sans doute précisément le but recherché par le ciné-vidéaste, qui s’amuse à relire un quotidien minuscule à l’aune du conte et de la fable. Curieux objet. 3/6

Gueule d’amour (Jean Grémillon, 1937)
En même temps que Renoir et juste avant Carné, Grémillon humanise le mythe de Jean Gabin en lui offrant une fragilité, une proximité émotionnelle qu’il aura rarement l’occasion d’exprimer avec une telle latitude durant sa carrière. Glissant de la frivolité à la gravité, mêlant au plus grand réalisme des élans de jeu portés par une authentique poésie, l’acteur trouve ici l’un de ses plus beaux rôles. Mais il ne doit pas faire oublier tout le reste, et notamment les pupilles de chat et le visage acéré de Mireille Balin, la beauté allusive d’une mise en scène qui rend sensible le poids d’une passion tragique, la verve de répliques tour à tour suaves ou vénéneuses, et l’inexorabilité d’une spirale dramatique dictée par le mépris et l’humiliation sociale, dont seules les vertus de l’amitié resteront préservées. 5/6

Quintet (Robert Altman, 1979)
Le monde est en proie à une nouvelle ère glaciaire, les cadavres sont bouffés par les chiens, l’humanité survit entassée dans une cité-ghetto, et les élites se livrent à un jeu mortel censés leur procurer le grand frisson. Toujours concerné par le rituel et la peinture de rapports hypocrites que gèrent des règles strictes, Altman se plaît à démonter les mécanismes du pouvoir clérical et à exalter les vertus du combat solitaire. Dans cette œuvre à la distribution cosmopolite, où les personnages portent des noms qui renvoient aux pièces philosophiques de Shakespeare (Essex, Ambrosia, Vivia, Deuca…), les structures de cristal, les miroirs, les rideaux de stalactites, les vitres frangées du givre participent d’un discours crypté, énigmatique, qui tente d’interpréter la vie pour rejoindre la métaphysique. 4/6

Je n’ai pas tué Lincoln (John Ford, 1936)
Ford est à cette époque en pleine évolution vers la maturité et voit son style s’épanouir, son idéologie "lincolnienne" s’exprimer sans détours, ses sujets (petits ou grands) se hausser peu à peu à la dimension épique et être passés au même pressoir d’idéalisme familier et chaleureux. Toutes ces caractéristiques semblent concentrées au sein d’une évocation historique aux vertus presque documentaires, qui emprunte à des registres divers allant du film du procès au prêche humaniste, en passant par le récit carcéral. C’est une très bonne pioche, car l’assurance de la mise en scène, rompue à l’efficacité dramatique, se double d’une vigueur sincère dans la dénonciation de l’injustice révoltante dont fut victime le personnage principal. Un beau film grave sur l’humilité, la loyauté et la persévérance. 4/6

La panthère rose (Blake Edward, 1963)
Découvrir aujourd’hui ce célèbre pastiche policier, dont le thème de Mancini et le personnage animé se sont presque substitués à tout le reste dans l’imaginaire collectif, c’est avoir conscience que l’on a dix wagons de retard. Quelque part, la surprise et le plaisir sont d’autant plus grands. Parce que, entre La Main au Collet et les comédies loufoques des années 30, l’intrigue gagne en cocasserie à mesure qu’elle se déroule. Et parce que si le casting a des atouts à faire valoir (de la plus belle femme du monde au plus catastrophique inspecteur de l’écran), la précision des situations absurdes et des gags hérités du slapstick n’est pas en reste, entre un quiproquo génialement chorégraphié autour d’un lit et une party (déjà) aux saillies désopilantes (le zèbre a manqué de me faire clamser de rire). 4/6

Temps sans pitié (Joseph Losey, 1957)
Avant même le générique, Losey montre le meurtrier de l’histoire et tue tout le suspense attendu, qui jouera donc ailleurs. Son ambition est manifestement de réaliser un film noir à la dynamite, débordant de force physique, sur le modèle d’En Quatrième Vitesse et de La Dame de Shanghaï. D’un point de vue politique, il cherche aussi à stigmatiser la corruption d’une société pourrie, sa désagrégation tant matérielle que morale. Mais si tout ce qui se rapporte au mouvement d’horlogerie interne est bien mené, si l’enchaînement rapide des séquences et les jeux de croisement des personnages maintiennent l’intérêt, c’est dans son portrait de père en faillite, alcoolique en quête de rédemption auquel Michael Redgrave offre une belle épaisseur, que cette course contre la montre est la plus convaincante. 4/6

Boccace 70 (1962)
Le programme commandé aux trois cinéastes consistait en des moyens-métrages d’une demi-heure dont le thème commun est l’étude de la sexualité dans les différentes classes sociales. Aucun réalisateur n’a respecté la durée et tous ont fait dévier le sujet vers la notion plus large d’érotisme en livrant des exercices de style parfaitement reconnaissables.
  • La tentation du docteur Antonio (Federico Fellini)
    Dans ce qui constitue le meilleur sketch, le plus inventif et débridé, Fellini reprend la figure de vamp d’Anita Ekberg à des dimensions géantes pour mieux régler ses comptes avec le moralisme hypocrite des bien-pensants. Mené tambour battant au son de la ritournelle de Rota, le film orchestre une escalade délirante à l’onirisme désordonné et réfléchit sur la fonction de l’image en tant que dispositif stimulant le désir collectif. Féroce et jouissif. 5/6

    Le travail (Luchino Visconti)
    Visconti se penche en toute logique sur les petits scandales d’une aristocratie décadente et, faisant évoluer son registre vers celui de la légèreté, traite de la dimension marchande des rapports charnels au sein d’un jeune couple d’oisifs. Le film doit tout à son actrice : Romy Schneider, en tout point magnifique, le traverse comme une tornade de charme, d’énergie et de sensualité, l’infléchissant même sur le fil d’une note bienvenue de gravité. 4/6

    La loterie (Vittorio De Sica)
    Concoctée par De Sica et située cette fois dans le milieu paysan, la conclusion du triptyque trouve une tonalité farcesque et gentiment grivoise en dressant le portrait d’une communauté chauffée par la mise en jeu de la loterie foraine – rien d’autre que la mégabombe du village, j’ai nommé la caliente Sophia. La comédie ne porte pas à conséquence mais elle est suffisamment cocasse et épicée pour faire passer un bon moment. 4/6
L’homme au complet blanc (Alexander Mackendrick, 1951)
Un modeste inventeur met au point la formule du tissu inusable et insalissable, provoquant ainsi l’union sacrée du Capital et du Travail. S’il fait la part belle au numéro d’acteur (Alec Guinness, naïf et doux), le film garde la recette de bien des comédies britanniques de l’époque : un point de départ absurde poussé jusque dans ses conséquences les plus logiques. Sans verser dans la démonstration ou la revendication, il renvoie dos à dos capitalisme carnassier et prolétariat myope et dispense une pensée étrangement désabusée selon laquelle tout progrès est voué à être étouffé par des intérêts divergents mais aussi frileux les uns que les autres. Propos acerbe, adouci par la poésie lunaire qui émane des tribulations de cet homme trop désintéressé pour la société, au costume brillant dans la nuit. 4/6

Marie-Jo et ses 2 amours (Robert Guédiguian, 2002)
Des nus et des bateaux : tout le projet du film le plus tragique et douloureux du cinéaste pourrait se résumer à ces deux motifs. Les premiers, hommes et femmes, valent pour l’humanité toute entière ; les seconds, petits ou grands, symbolisent leur destin voyageur, leur besoin d’aller voir ailleurs, leurs pulsions de vie et de mort. Dans l’écrin indigo de la cité aux mille ressacs, une femme blessée d’amour porte en elle ce goût de peau et de larmes qui lui corrode le cœur. Souffrir en aimant encore ou aimer en souffrant encore… Dilemme éternel exploré à même la chair, romance sans issue pour un mélodrame poignant qui ne flamboie pas, remplace les violons par des chansons à deux francs six sous et juxtapose la félicité la plus solaire et la détresse la plus vive. Les acteurs sont au diapason, superbes. 5/6

On murmure dans la ville (Joseph L. Mankiewicz, 1951)
Film un peu étrange, difficile à identifier, fertile en morbidité (le cadavre d’une belle jeune femme présenté en cours d’anatomie) et en mystère (le compagnon taciturne revenu d’entre les morts). En pleine période maccarthyste, le réalisateur s’élève contre le poison de la rumeur publique et affirme sa croyance au talent individuel, à l’éclat et à la joie, autant que son hostilité au culte de l’argent, au conformisme, à la mesquinerie et à l’envie. Il renonce à ses savantes constructions narratives au profit d’un mélange de mélodrame et de comédie dont l’originalité se fonde sur la puissance du faux, du mentir-vrai qui engendre le doute et apporte aussi le remède au scepticisme comme on peut en juger par l’intrigue amoureuse. Mais l’ensemble est presque trop indéfini pour trouver une vraie cohérence. 3/6

Lifeboat (Alfred Hitchcock, 1944)
La propagande est ici torpillée en bonne et due forme comme le bateau d’approvisionnements au début du film. Un groupe de sept survivants (dont un sosie de Susan Sarandon et un d’Ellen Page), microcosme de l’Amérique de l’après-Pearl Harbor, recueille un capitaine nazi qui va dès lors jouer un double jeu. La situation, minimale et propice à tous les enjeux, est exploitée en un huis-clos flottant dont la clarté psychologique se nourrit d’ambigüité et de cruauté (un nourrisson et sa jeune mère meurent au bout de dix minutes). Analysant le désarroi d’une nation face à un ennemi intelligent et conquérant, Hitchcock sonde les notions de civilisation, de sauvagerie, de trahison, d’individualisme, de cohésion, les densifie avec une prodigieuse maîtrise, et démontre que chez lui le réputé mineur peut avoir un goût de grand cru. 5/6


Et aussi :

Metropolitan (Whit Stillman, 1990) - 4/6
'71 (Yann Demange, 2014) - 4/6
Quand vient la nuit (Michaël R. Roskam, 2014) - 5/6
La prochaine fois je viserai le cœur (Cédric Anger, 2014) - 4/6
Love is strange (Ira Sachs, 2014) - 5/6
Trains étroitement surveillés (Jirí Menzel, 1966) - 4/6
Night call (Dan Gilroy, 2014) - 4/6
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Films des mois précédents :
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Octobre 2014 - Zardoz (John Boorman, 1974)
Septembre 2014 - Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Août 2014 - Le prix d'un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014 - Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014 - Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014 - Léon Morin, prêtre (Jean-Piere Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014 - Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014 - Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 2014 - 12 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013 - La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013 - Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013 - L'arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013 - Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013 - La randonnée (Nicolas Roeg, 1971) Top 100
Juillet 2013 - Le monde d'Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013 - Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013 - Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013 - Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013 - Chronique d'un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 - Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013 - L'heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 - Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 - Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 - Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 - Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 - Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 - Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 - Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 - Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 - L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 - L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 - Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 - Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 - L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1967) Top 100
Octobre 2011 - Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 - Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 - Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 - L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
Dernière modification par Thaddeus le 25 mars 17, 21:39, modifié 1 fois.
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Message par semmelweis »

nobody smith a écrit :ça sera aussi pour moi Interstellar en film du mois mais il prend la tête en grande partie faute de concurrent sérieux. J’ai pourtant hésité à faire passer devant L'opération Diabolique mais je me suis rendu compte qu’en dépit de ses défauts, j’ai ressenti une plus vive émotion dans le film de Nolan que dans celui de Frankenheimer.

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Perso,j'aurai mis Seconds en premier! :mrgreen:
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Message par semmelweis »

Un mois de novembre dont la quantité aura dominée la qualité malheureusement. Il aura été l'occasion de poursuivre l'exploration de la saga Exorciste dont l'évolution reste décevante ( même si le Boorman me reste beaucoup à l'esprit). La reprise de l'ensemble de la saga Bourne aura été sympathique et divertissante. Le nouveau Nolan m'aura laissé de glace et ne me permet pas de me réconcilier avec le cinéaste. Le début de la saga de Riddick aura montré un travail de passionné qu'il reste à creuser. Ce mois est surtout marqué par la découverte de John Boorman à travers l'exorciste 2 mais surtout Zardoz, une oeuvre atypique au coeur des seventies dont la réflexion métaphysique et anthropologique laisse impressionné. Le cinéaste belge Roskam montre un début de filmographie passionnante , sans oublier un film français sur la French Touch qui désarçonne...

FILM DU MOIS

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Zardoz,John Boorman

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The Drop,Michael R.Roskam

3/
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Eden,Mia Hansen-Love

Récapitulatif du mois:

Film découverts
Magic in the moonlight,Woody Allen(Ciné) 5/10
Samba,Eric Toledano, Olivier Nakache(Ciné) 4/10
John Wick,David Leitch,Chad Stahelski(Ciné) 6/10
Exorcist II: The Heretic,John Boorman(DVD) 6,5/10
The Exorcist III: Legion,William Peter Blatty(DVD) 4/10
Big Bad Wolves,Aharon Keshales et Navot Papushado(Blu Ray) 5,5/10
Fury,David Ayer(Ciné) 6,5/10
Bande de filles,Celine Sciamma(Ciné) 5,5/10
Dark Touch,Marina de Van(DVD) 6/10
Zardoz,John Boorman(DVD) 8/10
La prochaine fois je viserai le coeur,Cédric Anger(Ciné) 6/10
The Drop,Michael R.Roskam(Ciné) 7,5/10
Une nouvelle amie,François Ozon(Ciné) 6/10
Interstellar,Christopher Nolan(Ciné) 5,5/10
Eden,Mia Hansen-Love(Ciné) 7,5/10
The Gang,André Van Duren(DVD) 5/10
Pitch Black,David Twohy(Blu Ray) 6,5/10
The Exorcist:The Beginning,Renny Harlin(DVD) 2/10
The Bourne Legacy,Tony Gilroy(Blu Ray) 5,5/10

Films revus:
Insomnia,Christopher Nolan(Blu Ray) 6/10
The Texas Chainsaw Massacre,Tobe Hooper(Ciné) 8,5/10
The Prestige,Christopher Nolan(Blu Ray) 7,5/10
The Bourne Identity,Doug Liman(Blu Ray) 6,5/10
The Bourne Supremacy,Paul Greengrass(Blu Ray) 6,5/10
The Bourne Ultimatum,Paul Greengrass(Blu Ray) 7/10

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manuma
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par manuma »

Top 5 du mois

1. QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS - Stéphane Brizé (2012)
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2. MONEYBALL - Bennett Miller (2011)
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3. INTERSTELLAR - Christopher Nolan (2014)
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4. SUNDAY BLOODY SUNDAY - John Schlesinger (1971)
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5. THE SCALPHUNTERS - Sydney Pollack (1968)
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AtCloseRange
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par AtCloseRange »

manuma a écrit :LADIES AND GENTLEMEN, THE FABULOUS STAINS - Lou Adler (1981) : 5/10
Quelques mots sur celui-là?
Que ça me décide à le regarder. Est-ce qu'être fan hardcore de Diane Lane suffit?
Tom Peeping
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Tom Peeping »

J'ai vu en novembre

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*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

Monkey shines / Incidents de parcours (George A. Romero, 1988) **
La fin traîne un peu mais l'histoire de ce juriste tétraplégique auquel un ami scientifique apporte un petit singe malin et jaloux pour l'aider aux tâches quotidiennes est originale et prenante, notamment grâce à l'étonnante performance de l'animal. Le grand-guignol fait partie du charme et on a parfois l'impression d'un avatar de "Misery" (1990), où Kathy Bates serait jouée par un ouistiti. Un thriller fantastique Eighties qui a bien tenu le coup. BR US

Guardians of the galaxy / Les gardiens de la galaxie (James Gunn, 2014) 0
J'aurais pu mettre * pour ce que j'ai vu de l'univers visuel et de la 3D, formidables. Mais je me suis arrêté au bout de 52', assoupissements inclus. La faute à l'incurie repoussante d'un scénario ne reposant que sur des vannes qui tombent à plat et des citations autosatisfaites. Ce genre de produit est le pire de ce qu'Hollywood en est venu à fabriquer : de la connerie à budget ou, comme disait l'autre, de la merde dans un bas de soie. BR 3D UK

The day the Earth caught fire / Le jour où la Terre prit feu (Val Guest, 1961) **
Quand la Terre est déviée vers le Soleil après des tests atomiques américains et soviétiques, le changement climatique et la possible fin du Monde provoquent la stupeur. Presqu'entièrement vu depuis la rédaction d'un quotidien (le Daily Express) mais utilisant aussi les décors naturels de Londres, un très bon film britannique de science-fiction, adulte et bavard, dont certaines images ont pris avec le recul un aspect prémonitoire. BR UK

Au pan coupé (Guy Gilles, 1967) **
Le temps qui passe et les souvenirs qu'il sème, l'amour et son refus, la disparition et le deuil et surtout le mal de vivre et la mélancolie : les thèmes obsessionnels de l'oeuvre de Guy Gilles s'accordent dans ce moyen-métrage (68') aux images pictoriales et au montage alternant le passé et le présent. Patrick Jouané est le jeune anti-héros douloureux mais c'est Macha Méril, dans le beau rôle de son amoureuse meurtrie, qui illumine le film. DVD Z2 Fr

Drum / L'enfer des Mandingos (Steve Carter, 1976) **
Cette variation sur l'excellent "Mandingo" de Richard Fleischer (1975) reprend le même acteur (le boxeur Ken Norton) dans le rôle d'un musculeux esclave vendu à un propriétaire du Sud (Warren Oates). La vie de la plantation y tourne entièrement autour des désirs sexuels entre maîtres et esclaves. Un film d'exploitation à budget, camp, sexy et vulgaire, plein de l'outrance des personnages et des situations. Avec un beau final cathartique. BR US

Seven wonders of the World / Sept merveilles du monde (Tay Garnett, Paul Mantz, Andrew Marton, Ted Tetzlaff & Walter Thompson, 1956) ***
Le meilleur travelogue Cinerama que j'ai vu. Les Sept Merveilles ne sont qu'un titre car il y a plein de de sites qu'on visite, des ponts de New York au Vatican (Pie XII), du Taj Mahal à Rio, du désert d'Arabie à Benares. Le tout est suprèmement Fifties, folklorique (les Geishas, la danse du Cobra...) et d'un colonialisme aux commentaires impossibles : "L'Afrique ne compte que 5 millions d'occidentaux pour 200 millions de noirs". J'en redemande. BR US (magnifique restauration, format Smilebox)

Ronal Barbaren / Ronal le Barbare (Kresten Vestbjerg Andersen, Thorbjorn Christoffersen & Philip Einstein Lipski, 2011) **
Un film d'animation danois, heroic-fantasy irrévérencieusement potache, sur un maigrichon qui tente de sauver, avec un copain obèse et une ado hyperactive, sa tribu de barbares culturistes et narcissiques capturée par un ennemi maléfique. Les grossièretés fusent comme les blagues sexuelles et le pastiche SM de The Lord of the Rings est plutôt amusant. La réalisation est efficace, les visuels aussi. Le genre de film vraiment rafraîchissant. BR 3D Fr

Night of the Demon / Rendez-vous avec la peur (Jacques Tourneur, 1957) **
Un psychologue américain (Dana Andrews) débarque en Angleterre pour une convention sur le paranormal et se frotte à un mystérieux sataniste. Un film fantastique d'atmosphère, à la photo de Film Noir, dont les scènes très réussies (le coup de vent, la forêt la nuit, la séance, l'intrusion dans le manoir...) compensent des dialogues un peu longs. Je me souvenais d'une apparition ridicule du démon : il y en a deux et elles ne le sont pas. BR Fr

Au biseau des baisers (Guy Gilles, 1959) **
A Alger, le temps d'un dimanche d'été et d'une balade en scooter à la plage, l'amour d'un couple d'adolescents se fissure sereinement. Un court métrage de 18' où le soleil éclatant et les accords lyriques du piano s'ombrent d'une mélancolie douce sur la fugacité des émotions et du temps qui passe. Cet essai frais et plein de charme montre une Algérie française qui s'effaçait et le talent prometteur d'un jeune réalisateur qui allait monter à Paris. YouTube

Plynace wiezowce / Ligne d'eau / Floating skyscrapers (Tomasz Wasilewski, 2013) **
A Varsovie, les rudes conséquences de l'attirance mutuelle entre un nageur de compétition et un étudiant. Ce premier film à thématique gay sorti en Pologne bénéficie d'une bonne réalisation et de très bons acteurs. Son histoire, désespérée, qu'il faut replacer dans le contexte social et moral de la Pologne actuelle, a au moins vingt ans de retard sur les films à même sujet faits en Europe occidentale ou aux US. Une piqûre de rappel en sorte. BR UK

Europa report (Sebastian Cordero, 2013) *
Un petit film de SF du genre lost footage sur une mission spatiale de six astronautes disparue sur Europe, la lune glacée de Jupiter. Ce n'est pas le budget réduit qui pèche (presque tout se passe dans la cabine et le film est plutôt bien fait) mais le scénario qui accumule les dialogues simplistes, les fausses interviews qui sonnent artificielles et surtout, la fin et l'apparition de sa décevante créature. Dommage car il y avait tout pour faire bien mieux. BR Fr

Stalingrad (Fedor Bondarchuk, 2013) *
Pas du tout la grande fresque globale attendue mais la bataille de Stalingrad du point de vue d'une place de la ville, où russes et allemands se confrontent depuis deux bâtiments. Un film bizarre et foutraque (le début et la fin sont totalement hors propos) mais pas inintéressant, plein des ralentis putassiers des scènes d'action, de personnages sans épaisseur, de CGI, de romance et d'ambition dantesque. Le pendant russe au "Pearl Harbor" de Michael Bay. BR Fr

Das Cabinet des Dr. Caligari / Le cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1920) *** Mon film du mois
Peut-être le film le plus uniquement original de l'histoire du cinéma. Son histoire de folie, de meurtre et d'enlèvement et son scénario à surprises, qui ont ouvert la route à tant d'autres, sont intrigants en eux-mêmes mais c'est l'utilisation en profondeur des toiles peintes acérées comme décors expressionnistes qui le rendent, visuellement, inoubliable. Un hybride fascinant du cinéma, du théâtre, de la peinture et de l'Angst germanique. BR UK

Cloudy with a chance of meatballs / Tempête de boulettes géantes (Phil Lord & Chris Miller, 2009) *
Un jeune inventeur crée une machine à fabriquer de la junk food qui se détraque et fait pleuvoir à verse hamburgers, hot dogs, T-bones, ice creams, pancakes, donughts et Jell-O sur sa ville. L'amusante idée de se moquer de la frénésie de consommation alimentaire US est freinée par un scénario trop plat qui s'enlise sur la durée. C'est frustrant parce que la satire était bien trouvée et que l'animation dynamique et colorée est très chouette. BR 3D Fr

The pawnbroker / Le prêteur sur gages (Sidney Lumet, 1964) *
Un film douloureux sur la mémoire et les ravages de la culpabilité du survivant (un rescapé juif d'Auschwitz, prêteur sur gages à New York, s'est fermé à l'émotion et aux autres) dont le thème est traité, comme souvent dans le cinéma de l'époque, avec la main lourde et qui est cannibalisé par le jeu obscènement Actors Studio de Rod Steiger. Pas un mauvais film, loin de là, mais un film difficile à avaler. Formidables images des rues de Manhattan. BR US

Detachment (Tony Kaye, 2011) 0
Un écoeurant film à sujet sur un prof remplaçant (Adrien Brody en mode dépressif) envoyé dans une high school difficile de New York. Le suicide d'une élève, le pétage de plombs de la directrice, les provocations des jeunes à la dérive, les états d'âme des collègues, la rédemption de la petite pute, l'agonie du grand-père, les citations de Poe et de Camus : on a droit à tout ça. Avec en bonus, les maniérismes de la mise en scène. Nul. BR Fr

J'accuse (Abel Gance, 1919) **
Le cri de Gance contre la Grande Guerre. La célèbre dernière partie du film (au tournage commencé avant l'Armistice), symboliste et visionnaire - le retour des morts des tranchées - prend des accents hugoliens exaltants mais consomme sa rupture avec ce qui a précédé, un mélodrame plus banal. Le génial cinéaste, réussit néanmoins à donner un dynamisme aux trois heures de projection, aidé par son sens visuel et de bons acteurs tout en retenue. Ciné Concert à Pleyel (avec le nouvel accompagnement symphonique, lugubre et répétitif, de Philippe Schoeller)

Absences répétées (Guy Gilles, 1972) ***
Le lente extinction d'un jeune homme que rien ni personne n'arrivent plus à retenir à la vie. Suprèmement mélancolique mais pas sentimental pour un sou, un film adolescent au ton et à la forme très originaux, passant du N&B à la couleur, de l'image mobile à la photo et porté par des acteurs parfaits (Patrick Penn, Patrick Jouané, Nathalie Delon entre autres). Le mal de vivre et du temps qui passe y sont poussés à leur point d'incandescence. DVD Z2 Fr

August: Osage County / Un été à Osage County (John Wells, 2013) **
Un psychodrame familial dont le scénario (une famille réunie pour quelques jours en Oklahoma opère son grand déballage de haines et rancoeurs) est seul prétexte au numéro de ses actrices. Meryl Streep cabotine à outrance mais se reprend dans une grande scène, féroce, de déjeuner. C'est Julia Roberts qui l'emporte, secondée par Julianne Nicholson et Juliette Lewis. Un women's picture de tradition classique, genre over the top presque disparu. BR Fr

Les Misérables (Albert Capellani, 1912) ***
La première des ambitieuses adaptations romanesques de Capellani, en quatre époques et près de trois heures, suit (assez) fidèlement les épisodes du roman de Hugo et bénéficie d'un très bon casting (notamment Henry Krauss en Valjean, Mistinguett en Eponine et les enfants). La réalisation dynamique - pour l'époque - et les multiples décors retiennent l'attention sur toute la durée. Un excellent muet qui démontre l'importance du cinéaste. Ciné Fondation Seydoux-Pathé (avec un bon accompagnement au piano de deux élèves du Conservatoire en classe d'improvisation de Jean-François Zygel)
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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manuma
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par manuma »

AtCloseRange a écrit :
manuma a écrit :LADIES AND GENTLEMEN, THE FABULOUS STAINS - Lou Adler (1981) : 5/10
Quelques mots sur celui-là?
Que ça me décide à le regarder. Est-ce qu'être fan hardcore de Diane Lane suffit?
Déception en ce qui me concerne. Film de chef opérateur (Bruce Surtees), curieusement écrit et à peine réalisé. Maintenant, si tu as le bon goût de craquer sur Diane Lane, ça mérite en effet un petit coup d’œil.

Par ailleurs, le reste de la distribution vaut également le détour.
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Père Jules
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Père Jules »

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Au menu de ce mois de novembre, 33 films dont un bon tiers de films revus ou redécouverts. Comme d'autres, c'est le tout à fait immense Que le spectacle commence qui remporte à la palme, sans l'ombre d'une hésitation. Suivent la redécouverte d'un Mann sous haute inspiration "pakulienne", mon premier Atom Egoyan, un Welles gargantuesque et mes retrouvailles heureuses avec le 5ème épisode d'une série qui a connu son petit succès. Vivement décembre !

Le récap:

Fat City (John Huston, 1972) Image
Que le spectacle commence (Bob Fosse, 1979) Image
Police fédérale Los Angeles (William Friedkin, 1985) Image
Révélations (Michael Mann, 1999) Image
Les choses de la vie (Claude Sautet, 1970) Image
De beaux lendemains (Atom Egoyan, 1997) Image
Les flics ne dorment pas la nuit (Richard Fleischer, 1972) Image
Drug War (Johnnie To, 2012) Image
Miller's Crossing (Joel & Ethan Coen, 1990) Image
Falstaff (Orson Welles, 1965) Image
L'empire contre-attaque (Irvin Kershner, 1980) Image
Cabaret (Bob Fosse, 1972) Image
Clara et les chics types (Jacques Monnet, 1981) Image
Masculin, féminin (Jean-Luc Godard, 1966) Image
Showgirls (Paul Verhoeven, 1995) Image
Twin Peaks, Fire Walk with Me (David Lynch, 1992) Image
Dans la peau de John Malkovich (Spike Jonze, 1999) Image
Elégie de la bagarre (Seijun Suzuki, 1966) Image
Dracula (John Badham, 1979) Image
Détective bureau 2-3 (Seijun Suzuki, 1963) Image
Aliens - director's cut (James Cameron, 1986) Image
L'ombre d'une chance (Jean-Pierre Mocky, 1974) Image
Dredd (Pete Travis, 2012) Image
Le dernier samaritain (Tony Scott, 1991) Image
Le pion (Christian Gion, 1978) Image
Deux hommes dans la ville (José Giovanni, 1973) Image
Alliance cherche doigt (Jean-Pierre Mocky, 1997) Image
Le vélo de Ghislain Lambert (Philippe Harel, 2001) Image
Nestor Burma, détective de choc (Jean-Luc Miesch, 1982) Image
La folle histoire du monde (Mel Brooks, 1981) Image
Une chambre en ville (Jacques Demy, 1982) Image
La fleur du mal (Claude Chabrol, 2003) Image
Kingdom of Heaven (Ridley Scott, 2005) Image
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Harkento
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Harkento »

[center]Le Top 8 en affiche :[/center]
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Profondo Rosso
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Profondo Rosso »

Film du mois

1 Stella Dallas de King Vidor

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2 Interstellar de Christopher Nolan

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3 Elle est terrible de Luciano Salce

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4 Plus on est de fou de George Stevens

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5 Un mauvais fils de Claude Sautet

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6 The Kingdom of Dreams and Darkness de Mami Sunada

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Frances
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Frances »

Profondo Rosso a écrit :Film du mois

1 Stella Dallas de King Vidor

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Fan de Barbara Stanwyck J'ai très envie de découvrir celui-ci. Il existe en zone 2 ?
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
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