Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Boubakar
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Boubakar »

Pour une fois, j'ai bien galéré à choisir entre Arrietty, Le bagarreur et Le prête-nom.

Mais, histoire de ne pas proposer que des films américains dans mes films du mois, et aussi pour la sublime musique de Cécile Corbel, je choisis l'anime :

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Rick Blaine
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Rick Blaine »

C'est The front, film marquant de Martin Ritt, qui sera mon film du mois.
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Suivent Même La Pluie, de Icíar Bollaín et L'Africain, excellent divertissement de Philippe de Broca qui a su tirer le meilleur parti des remarquables décors à sa disposition.

le mois complet:
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Films découverts ou redécouverts :

Le Prête-nom (The Front), de Martin Ritt (1976) : 8,5/10

Même la Pluie (También la lluvia), de Icíar Bollaín (2010) : 8/10
L'Africain, de Philippe de Broca (1983) : 8/10

Le crime, c'est notre business (The Split), de Gordon Flemyng (1968) : 7,5/10
La Guerre des Rose (The War of the Roses), de Danny de Vito (1989) : 7,5/10

The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson (2014) : 7/10
Le Gendarme de Saint-Tropez, de Jean Girault (1964) : 7/10
Dillinger est mort (Dillinger è morto), de Marco Ferreri (1969) : 7/10
Les Frères Siciliens (The Brotherhood), de Martin Ritt (1968) : 7/10

Usurpateur (Todos tenemos un plan), de Ana Piterbarg (2012) : 6,5/10
Commando pour un homme seul (When Eight Bells Toll), d'Etienne Périer (1971) : 6,5/10
American Bluff (American Hustle), de David O. Russell (2014) : 6,5/10

La Poursuite dura sept jours (The Command), de David Butler (1954) : 5,5/10
Le Dossier Noir, d'André Cayatte (1955) : 5,5/10
Le Loup-garou (The Wolf Man), de George Waggner (1941) : 5,5/10

La Guerre des abîmes (Raise the Titanic), de Jerry Jameson (1980) : 5/10

Je Hais les Acteurs, de Gérard Krawczyk (1986) : 4/10

Films revus : Hors compétition :

Le Viager, de Pierre Tchernia (1972) : 7,5/10

Le Secret Du Rapport Quiller, de Michael Anderson (1966) : 6,5/10
Hitchcock
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Message par Hitchcock »

Encore un excellent mois, beaucoup plus porté sur le cinéma d'aventures hollywoodien que je connais en fait très mal. J'ai ainsi découvert une dizaine de films avec Stewart Granger (grâce à l'intégrale de TCM), deux films de Michael Curtiz dont un termine sur le podium et quelques séries B de bonne facture (Quand la Marabunta gronde, Le secret des Incas). Les westerns ne sont également pas en reste : un Boetticher/Scott termine dans le top 5, sinon petite déception au niveau des grands réalisateurs du genre (Curtiz et Walsh). C'est également le mois de ma grande (re)découverte du cycle Dietrich/Von Sternberg dont je connaissais seulement trois films jusqu'à présent. Von Sternberg place donc un film sur le podium et trois dans le top 10. L'occasion également de revoir quelques grands classiques du cinéma : Le Trésor de la Sierra Madre, Le Grand Sommeil ou encore Johnny Guitare...

Film du mois :
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Scaramouche de George Sidney (1952)
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2. Agent X-27 de Josef Von Sternberg (1931)

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3. L'Aigle des Mers de Michael Curtiz (1940)

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4. L'Aventurier du Texas de Budd Boetticher (1958)

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5. Shanghai Express de Josef Von Sternberg (1932)

6. Samson et Dalila de Cecil B. DeMille(1949)

7. Les Combattants de Thomas Cailley (2014)

8. Le Prisonnier de Zenda de Richard Thorpe (1952)

9. Blonde Vénus de Josef Von Sternberg (1932)

10. Le Cheik de George Melford (1921)

11. La Femme et le Pantin de Josef Von Sternberg (1935)

12. Steamboat Round the Bend de John Ford (1935)

13. La Femme de l'année de George Stevens (1942)

14. Un jour à New York de Stanley Donen & Gene Kelly (1949)

15. La Maison dans l'ombre de Nicholas Ray (1952)

16. La Vie d'un honnête homme de Sacha Guitry (1953)

17. La Femme modèle de Vincente Minnelli (1957)

18. Le Testament du Docteur Mabuse de Fritz Lang (1933)

19. Moby Dick de John Huston (1956)

20. What Price Glory de John Ford (1952)

Prix complémentaires :
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Réalisateur du mois :
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Josef Von Sternberg

Redécouverte du mois :
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Docteur Mabuse le joueur de Fritz Lang

Prix d'interprétation masculin :
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Mel Ferrer dans Scaramouche

Prix d'interprétation féminin :
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Marlene Dietrich dans Agent X-27
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Harkento
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Message par Harkento »

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Hitchcock a écrit :Image
Scaramouche de George Sidney (1952)

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2. Agent X-27 de Josef Von Sternberg (1931)

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3. L'Aigle des Mers de Michael Curtiz (1940)
Sans doute le plus beau podium du mois de septembre !! :D
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Bogus
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Message par Bogus »

nobody smith a écrit :

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+1 Très beau film, drôle et extrêmement émouvant par moments (ex: la scène où elle retourne chez ses parents et retrouve sa mère et sa soeur, le jeune Nicolas Cage qui voit son rêve partir en fumée, la fin...).
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Jeremy Fox
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Jeremy Fox »

Harkento a écrit :
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Hitchcock a écrit :Image
Scaramouche de George Sidney (1952)

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2. Agent X-27 de Josef Von Sternberg (1931)

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3. L'Aigle des Mers de Michael Curtiz (1940)
Sans doute le plus beau podium du mois de septembre !! :D
Oui, pas mal du tout :fiou:
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Federico »

Jeremy Fox a écrit :
Harkento a écrit :
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Sans doute le plus beau podium du mois de septembre !! :D
Oui, pas mal du tout :fiou:
Bien d'accord. :)
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Bogus
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Message par Bogus »

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D'abord L'Année du dragon, sublime polar mélodramatique de Micheal Cimino émaillé de scènes de fusillades hallucinantes


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et sur le fil j'ajoute La Vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier où l'on suit pendant quelques jours des hommes et des femmes qui essaient de reprendre le cours de leur vie au lendemain de la guerre. Du bon cinéma français comme j'aime, scénar' bien écrit avec de très bons dialogues, des acteurs formidables, Philippe Noiret (décidément l'un des plus grands) et Sabine Azéma (décidément j'adore cette actrice) en tête. La mise en scène classique de Tavernier sert admirablement cette histoire d'amour tout en pudeur doublée d'une satire grinçante de l'armée avec notamment les pérégrinations du capitaine Perrin à la recherche du soldat inconnu.
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Karras
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Message par Karras »

Mon podium découverte du mois :
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

3 films quasiment à égalité ce mois-ci.

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Days of Heaven de Terrence Malick.

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La Resa dei Conti (aka The Big Gundown, aka Colorado) de Sergio Sollima

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Saint Laurent de Bertrand Bonello
"Give me all the bacon and eggs you have."
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Message par Tom Peeping »

J'ai vu en septembre

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*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais

The Matador (Stephen Higgins & Nina Gilden Seavey, 2008) **
Entre 2003 et 2005, le quotidien d'un matador espagnol de 21-23 ans, David Fandila, dit El Fandi (né en 1981). Les séquences avec sa famille montrent le gamin qu'il est resté, celles dans les arènes le showman (un peu trop) qu'il est devenu. Il est aujourd'hui le plus important des matadors d'Espagne. Le doc est un peu "La corrida pour les nuls" mais les scènes où la caméra mobile suit l'homme et la bête au combat sont impressionnantes. BR US

Simon Killer (Antonio Campos, 2012) *
Un étudiant américain paumé (Brady Corbet) de passage à Paris rencontre une hôtesse de bar et plonge avec elle dans une spirale destructrice. Cette pure étude de caractère, crue et étouffante, exploite les images hors focus du Paris nocturne et la musique alternative pour évoquer un cas psychiatrique borderline. C'est assez réussi et les acteurs sont excellents mais il manque un véritable enjeu scénaristique pour que le film décolle. BR UK

Richard III (Laurence Olivier, 1955) ***
Laurence Olivier adapte en 2h40 la pièce de Shakespeare et s'approprie le rôle du Duc de Gloucester qui s'empare par la ruse et le meurtre du trône d'Angleterre avant de tomber de cheval. Un triomphe de mise en scène qui hybride cinéma et théâtre, semblant comme animer des miniatures médiévales dans un splendide Technicolor. Olivier, fabuleux, est le Richard III définitif, un méchant archétypique inoubliable. Un chef-d'oeuvre. BR UK

Keep the lights on (Ira Sachs, 2012) **
Inspiré par la vie privée du réalisateur, la chronique de dix ans de la relation d'un couple gay à New York, dont l'un des partenaires a une addiction à la drogue. Un film intimiste, sensuel et douloureux, qui se concentre sur le point de vue de l'avatar de Sachs (interprété par le danois Thure Lindhardt, très bon). Ca pourrait être n'importe quel couple, gay ou hétéro car les thèmes abordés sont universels. De toute évidence le réalisateur aime Bergman. BR UK

The look of love / A very englishman (Michael Winterbottom, 2013) 0
Paul Raymond (1925-2008) fut l'homme le plus riche de Grande-Bretagne grâce à ses clubs de Soho et ses magazines érotiques. Le film raconte son histoire de 1960 à 1992 entre ses affaires, ses aventures et son échec avec sa fille. Steve Coogan est bon dans le rôle et les showgirls peu vêtues mais tout est dans la surface, la réalisation est amorphe et j'ai laissé tomber au bout de 45 minutes. A mille lieues de l'excellent "Larry Flynt" de Forman. BR Fr

Lektionen in Finsternis / Lessons of darkness / Leçons de ténèbre (Werner Herzog, 1992) **
Pas exactement un doc mais une capture lyrique des images des feux du Koweit après la Première Guerre du Golfe. Le survol en hélicoptère de Koweit City puis du désert ravagé par les traces du conflit, le pétrole et ses puits en feu font partie de ce qu'Herzog a fait de plus exaltant. Le tout sur la musique de Wagner, Pärt, Grieg, Mahler... C'est presque de la science-fiction, c'est beau et c'est terrible. C'est aussi germaniquement romantique. BR US

The boys from Brazil / Ces garçons qui venaient du Brésil (Franklin J. Schaffner, 1978) *
Très déçu à la revoyure. Une idée prometteuse (Mengele, réfugié au Paraguay, a créé des enfants clones d'Hitler que d'anciens nazis ont implantés dans tous les pays occidentaux). Mais hélas, la morne platitude de la réalisation et le surjouage grossier des vieux Gregory Peck et Laurence Olivier plombent le film qui a aucun moment ne s'élève au niveau de l'excitant thriller qu'il aurait du être. Une occasion ratée, un classique avorté. BR UK

Maps to the stars (David Cronenberg, 2014) ***
Derrière la comédie hystérique sur la faune d'Hollywood se cache un drame - presqu'une tragédie classique - d'une terrible lucidité sur le poison mortel des secrets de famille. Plusieurs personnages, tous formidablement joués (Julianne Moore, Mia Wasikowska), s'y croisent et s'y brisent sur un excellent scénario d'une subtile violence psychologique et physique qui appartient en plein à Cronenberg. Une fable où le soleil de L.A. se révèle un trou noir. BR Fr

The gang's all here / Banana split (Busby Berkeley, 1943) ***
Peu de musicals ont une intrigue plus légère que celui-ci mais l'exubérant délire Technicolor des numéros musicaux, la caméra virevoltante de Berkeley et la présence de la tornade Carmen Miranda le portent au Panthéon des films d'insouciance. Une vingtaine de minutes flanchent au milieu mais pour le reste, il suffit de se laisser emporter. Et puis Eugene Pallette, Edward Everett Horton, Charlotte Greenwood et Alice Faye quoi ! BR UK

Wrath of the Titans / La colère des Titans (Jonathan Liebesman, 2012) 0
La suite du "Choc des Titans" (Leterrier, 2010) est toute aussi mauvaise. Persée, Andromède et quelques autres descendent au Tartare pour délivrer Zeus des griffes de Chronos. Certains décors et visuels CGI sont spectaculaires mais le scénario inepte, qui accumule scènes de baston individuelles et collectives, ruine tout début d'intérêt. Pas de magie, pas de poésie, pas de grandeur. La mythologie grecque rendue conne et vulgaire. BR 3D Ital

Kean ou Désordre et génie (Alexandre Volkoff, 1924) **
Passées les longues vingt premières minutes (des scènes statiques de Roméo et Juliette), le film change de rythme et le dynamisme de la mise en scène (notamment deux formidables séquences : le tigre et la taverne), la beauté de la photo et surtout le charisme d'Ivan Mosjoukine, omniprésent à l'écran dans le rôle de l'acteur britannique, l'emportent. Jusqu'à l'interminable agonie du personnage. Romantique, comique, dramatique : un muet solide. DVD Z1 US

The Tillman story (Amir Bar-Lev, 2010) **
Le charismatique footballeur américain Pat Tillman stoppa sa carrière en 2002 pour s'engager dans l'armée. Lorsqu'il a fut tué en Afghanistan le 22 avril 2004, la machine de propagande militaire et politique de Bush décida d'en faire un héros. Mais sa famille, découvrant que sa mort ne s'était pas du tout passée comme annoncé, se lança dans un bras de fer pour que la vérité éclate. Un très intéressant doc sur les eaux troubles du mensonge d'Etat. BR US

The Galapagos affair : Satan came to Eden (Dayna Goldfine & Dan Geller, 2013) ***
Un doc sur le (mélo)drame qui s'est déroulé sur une île déserte des Galapagos entre 1929 et 1934. Un couple d'allemands qui s'y était réfugié pour fuir la société y fut rejoint par un autre couple puis par une baronne excentrique et ses deux amants. La cohabitation tourna à la déflagration. Illustrée par les photos et les films amateurs qu'ils firent eux-mêmes sur place, leur histoire évoque Defoe, Nietzsche et Agatha Christie. Fascinant. DVD Z1 US

Nous ne vieillirons pas ensemble (Maurice Pialat, 1972) **
Des scènes de la relation abusive d'un couple illégitime dont l'homme (Jean Yanne, encore une fois révoltant dans un rôle basé sur Pialat lui-même) est ce qu'on ne nommait pas encore un pervers narcissique. Marlène Jobert est étonnamment convaincante dans celui de la maîtresse en amour et souffrance. Le film n'est pas dans mes favoris de Pialat mais il reste un morceau passionnant du cinéma adulte des années Pompidou. BR Fr

Yves Saint Laurent (Jalil Lespert, 2014) *
Un biopic terriblement académique qui n'entre à aucun moment dans le processus créatif de Saint Laurent ou le contexte de son époque mais qui ne fait qu'accumuler les épisodes de progression professionnelle et de désagrégation personnelle. Pierre Niney est surprenant de mimétisme mais cela ne suffit pas. Le beau rôle est donné à Pierre Bergé (Guillaume Gallienne) en amant gardien du temple. Un film "autorisé" plat et convenu. BR Fr

Salon Kitty (Tinto Brass, 1976) **
Trois avant son "Caligula", Tinto Brass revisitait l'Allemagne nazie par le petit trou (de la lorgnette) : un cabaret-bordel de Berlin où les dignitaires du régime sont espionnés. Beaucoup de fesses et de svastikas, de champagne et de bottes. Le début promet puis le scénario s'enlise mais le mauvais goût, la déco clinquante, la musique, Helmut Berger en SS et surtout l'inimitable Ingrid Thulin en Madame font que j'ai regardé tout ça bouche bée. BR US

The immigrant (James Gray, 2013) *
En 1921 (on a plutôt l'impression que c'est 1905), une jeune femme polonaise arrivée à Ellis Island tombe sous la coupe d'un souteneur. Un mélodrame volontairement retenu, imbu de lui-même, qui offre à Marion Cotillard (excellente comme toujours) un rôle accablé avec accent. Joaquin Phoenix semble faire une démonstration de Method Acting. Et la photo uniformément jaune tape sur le système. Beaucoup pour pas grand chose. BR Fr

Le week-end / Un week-end à Paris (Roger Michell, 2013) **
Loin d'être la romcom que le titre pourrait laisser penser, ce film sur le week-end parisien d'un couple de sexagénaires anglais (Lindsay Duncan et Jim Broadbent, excellents) se révèle être l'observation incisive de deux remises en question et de l'angoisse du temps qui passe. L'humour est bien présent mais c'est pour mieux rehausser la tristesse amère du propos. Ca pourrait être l'avant-dernier chapitre de la trilogie des "Before" de Richard Linklater. BR UK

Under the skin (Jonathan Glazer, 2013) **
Scarlett Johansson casse son image hollywoodienne et brille dans cet étrange film de SF, hybride de road movie existentiel et d'art project de galerie. Mais à trop vouloir trouver une approche originale (et ça, le film l'est vraiment) pour raconter son histoire, la pose s'installe hélas, avec l'ennui corollaire. C'est un film arty, c'est un film prétentieux, c'est aussi un film sensuel avec des images qui s'impriment en profondeur. Under your skin. BR UK

Warm bodies / Warm bodies - Renaissance (Jonathan Levine, 2013) 0
Dans une ville post-apocalyptique, un jeune zombie en voie de réhumanisation s'éprend d'une jeune fille. Ca part d'une idée originale et sympathique mais cet hybride de romcom et d'horreur, évidemment inspiré des "Twilight", est tellement formaté pour les ados (avec les bons sentiments et l'accompagnement musical obligés) que j'ai fast-forwardé du milieu à la fin. Mais bon, je suis plus vraiment la cible client, alors je dis rien. BR UK

Calvary (John Michel McDonagh, 2013) *
Dans un village côtier près de Sligo, la semaine fatidique d'un prêtre et de quelques habitants malmenés par la vie. Ce film sombre sur la dynamique cyclique du Mal ne tient pas ses promesses, la faute à une écriture et des personnages trop affectés. Brendan Gleeson est (comme à son habitude) excellent en soutane et les images des paysages de l'ouest irlandais sont magnifiques. Un sujet intéressant affaibli par les artifices de son traitement. BR UK

Le feu dans la peau (Marcel Blistène, 1954) *
Dans une ferme de Haute-Provence, le désir et la frustration s'exacerbent en huis-clos. Un film à papa qui, pour l'époque, pousse au maximum de ce que la décence permettait. Il y a des déshabillages et des empoignades, on y parle de soutien-gorge et de cocufiage et les dialogues sous-entendent une sexualité généreuse. Giselle Pascal, Raymond Pellegrin (très bon) et la petite allumeuse Nadine Basile s'y donnent la réplique, le feu au cul. DVD Z2 Fr

The normal heart (Ryan Murphy, 2014) *** Mon film du mois
Larry Kramer adapte sa pièce autobiographique de 1985 dans ce film HBO qui raconte, de 1981 et 1984, la réponse d'un petit groupe d'activistes gays de New York face à l'irruption du sida et au silence des pouvoirs publics. Enragé et bouleversant, il montre en face la mort qui se propage dans la communauté gay, la détresse et la colère dans son sillage. Avec des acteurs formidables, dont Mark Ruffalo, remarquable dans l'avatar de Kramer. BR US.
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Père Jules
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Message par Père Jules »

43 films vus et donc, sans surprise, le couronnement de La maman et la putain.
Pour le reste, un Klaus Kinski complètement allumé, un Harvey Keitel en quête de rédemption, un Chow Yun-Fat dur à cuire et un Ben Gazzara alcoolisé et poète.

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La maman et la putain (Jean Eustache, 1973) Image
Elle (Blake Edwards, 1979) Image
Fitzcarraldo (Werner Herzog, 1982) Image
Les dents de la mer (Steven Spielberg, 1975) Image
Bad Lieutenant (Abel Ferrara, 1992) Image
A toute épreuve (John Woo, 1992) Image
Conte de la folie ordinaire (Marco Ferreri, 1981) Image
Intérieurs (Woody Allen, 1978) Image
Tous les matins du monde (Alain Corneau, 1991) Image
King of New York (Abel Ferrara, 1990) Image
P'tit Quinquin (Bruno Dumont, 2014) Image
L'Apollonide (Souvenirs de la maison close) (Bertrand Bonello, 2011) Image
Allô... Brigade spéciale (Blake Edwards, 1962) Image
Cet obscur objet du désir (Luis Buñuel, 1977) Image
Ridicule (Patrice Leconte, 1996) Image
M15 demande protection (Sidney Lumet, 1966) Image
Inferno (Dario Argento, 1980) Image
Le fantôme de la liberté (Luis Buñuel, 1974) Image
Violette et François (Jacques Rouffio, 1977) Image
Les espions (Henri-Georges Clouzot, 1957) Image
Comme la lune (Joël Séria, 1977) Image
Paiement cash (John Frankenheimer, 1986) Image
Diplomatie (Volker Schlöndorff, 2014) Image
La vie de bohème (Aki Kaurismäki, 1992) Image
Echec à l'organisation (John Flynn, 1973) Image
Tonnerre (Guillaume Brac, 2013) Image
Maps to the Stars (David Cronenberg, 2014) Image
Julie pot-de-colle (Philippe De Broca, 1977) Image
La gifle (Claude Pinoteau, 1974) Image
Mad Detective (Johnnie To & Wai Ka-Fai, 2007) Image
Real (Kiyoshi Kurosawa, 2013) Image
Ténèbres (Dario Argento, 1982) Image
Les petites fugues (Yves Yersin, 1979) Image
Vingt mille ans sous les verrous (Michael Curtiz, 1932) Image
The Garden of Words (Makoto Shinkai, 2013) Image
Trois jours à vivre (Gilles Grangier, 1958) Image
Holy Motors (Leos Carax, 2012) Image
Les visiteurs (Jean-Marie Poiré, 1993) Image
Le monde perdu: Jurrasic Park (Steven Spielberg, 1997) Image
Les diables (Ken Russell, 1971) Image
La carapate (Gérard Oury, 1978) Image
La machine à découdre (Jean-Pierre Mocky, 1986) Image
Le roi des bricoleurs (Jean-Pierre Mocky, 1977) Image
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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Film du mois de Septembre 2014


1. Un, Deux, Trois (Billy Wilder, 1961)


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2. Mange tes Morts (Jean-Charles Hue, 2014)


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3. Dressé pour Tuer (Samuel Fuller, 1982)


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Mes découvertes en détail :
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La rivière (Tsai Ming-liang, 1997)
Lee Kang-sheng n’aurait pas dû plonger dans cette rivière polluée pour figurer un noyé lors du tournage d’un film. Depuis il est pris d’une douleur qui lui tord le cou, le terrasse, le désarticule. On tente pour le soigner toutes les méthodes possibles, son corps est violenté, percé, martyrisé, mais rien n’y fait. Fidèle à son style mutique, Tsai filme le jeune homme, son père adepte de moites étreintes homosexuelles dans les cabines de saunas, sa mère frustrée fréquentant un amant qui la rabroue, au sein d’un Taipei liquide, silencieux, où les bouffées d’angoisses alternent avec des traits de burlesque fugace. Il faut savoir accepter les lenteurs de l’exercice, son opacité, sa scénographie très tranchée, pour pouvoir en apprécier le propos mélancolique sur l’irréparable douleur des solitudes urbaines. 4/6

Les espions (Henri-Georges Clouzot, 1957)
Pour Clouzot la mécanique dramatique semble plus importante que les motivations psychologiques, peut-être parce qu’il ne croit pas à une finalité rationnelle des comportements humains. Son goût de l’absurde n’a jamais été mieux exploité que dans ce film authentiquement kafkaïen, qui voit le quotidien d’un directeur de clinique inéluctablement investi par des êtres étranges, des actes illisibles, des enjeux indéchiffrables : tout un monde cynique, obscur et vaguement inquiétant à travers lequel transparaît l’angoisse de l’homme qui constate qu’il n’est plus qu’un objet. Huis-clos à la frontière du fantastique, l’œuvre retourne comme une crêpe à chaque nouvelle bifurcation, dispense une morale grinçante et désabusée, et constitue sans doute le jalon le plus injustement méconnu de l’auteur. 5/6

Enemy (Denis Villeneuve, 2013)
Ce film a déjà été réalisé par Kieślowski, sur un pendant féminin : c’était La Double Vie de Véronique. L’affirmation est certes abusive tant le registre anxiogène convoqué ici s’en éloigne et tant l’inspiration, bien moins spirituelle, en diffère. Bonne surprise : là on l’on pouvait redouter une énième polanskerie lynchoïde, Villeneuve évite les effets de manche, déjoue les attentes formelles (malgré l’image jeune pisse obligée) et ne cherche pas à emberlificoter son public pour lui prouver crânement qu’il est le plus malin. Tirant le meilleur parti du décor urbain de Toronto, l’atmosphère engourdie et opaque de ce thriller mental laisse filtrer une angoisse très contemporaine liée à la dépossession de soi, au refus de l’engagement conjugal, qui lui confère sa singularité relative mais appréciable. 4/6

Faux mouvement (Wim Wenders, 1975)
Deuxième volet du triptyque consacré par Wenders au mal-être de l’Allemagne des années 70. Plus littéraire que les autres, parfois lesté d’un certain verbiage métaphysique, il agit à l’image de ses protagonistes, réunis par hasard dans une équipée erratique sur les routes de la RFA : en larguant les amarres et en fuyant toute cimentation narrative. Entre haltes et promenades, des rives du Rhin aux faubourgs crépusculaires de Bonn, le road movie développe une réflexion quelque peu ésotérique sur la crise identitaire d’un pays, d’une époque, d’êtres velléitaires et sans idéaux tentés par l’engloutissement. Son attrait naît de sa plastique travaillée, du charme d’Hannah Schygulla et de la toute jeune Nastassja Kinski, d’une forme de poésie du désarroi faite d’humour laconique, de nonchalance et de mélancolie. 4/6

L’idéaliste (Francis Ford Coppola, 1997)
Même quand il adapte John Grisham, Coppola reste un cinéaste capable de transformer un pensum judiciaire en un film personnel au classicisme subtil. Un jeune avocat candide et honnête contre un as du bourreau flanqué d’une armada de collaborateurs cyniques, une famille modeste flouée par une gigantesque compagnie d’assurances : vieux schéma du combat idéaliste perdu d’avance. Et pourtant, telle une pierre noire parfaitement polie dont la surface comporterait néanmoins quelques accrocs, cette histoire cousue de fil blanc captive et nous implique par son sens du détail, sa rigoureuse minutie, la mise en lumière de ses seconds rôles (Mickey Rourke, Virginia Madsen, et même Teresa Wright !). Autant de qualités, discrètes mais réelles, rehaussant la portée d’un beau récit d’apprentissage. 4/6

Compartiment tueurs (Costa-Gavras, 1965)
Fort d’un solide bagage cinéphile, ayant suivi les cours de l’IDHEC et assisté René Clair ou Jacques Demy, Costa-Gavras témoigne pour son premier film d’une étonnante maîtrise de la caméra. Son style très nerveux, physique et toujours mobile, excelle à restituer une atmosphère tendue où la menace est omniprésente, dans les bars et les ruelles, les cages d’ascenseurs et les transports parisiens, tous ces lieux banals devenus les champs d’action d’un tueur insaisissable. Mené à un rythme haletant, offrant à un casting assez phénoménal l’occasion de briller dans les registres de l’inquiétante étrangeté (Denner, Piccoli), de l’innocence (le jeune couple Perrin-Allégret) ou de la cocasserie (presque tous les autres), le polar entretient un suspense qui nous empoigne sans discontinuer. De sacrés débuts. 5/6

Hurlements (John Dante, 1981)
Difficile de ne pas confronter cette variation lycanthrope avec Le Loup-garou de Londres, sorti au même moment. Et la comparaison ne lui porte pas préjudice car son approche horrifique s’avère peut-être plus entêtante que le second degré recherché par Landis. La conviction de Dante et l’amour qu’il porte d’évidence au genre qu’il revisite avec respect portent leurs fruits : tout en peaufinant scènes spectaculaires et passages obligés (les transformations à vue envoient du bois), il sait ménager le contre-pied (l’entame en mode polar urbain bien noir) et créer des personnages aptes à nous convaincre que leur vie ne compte pas pour du beurre. Son sous-texte politique rend même la conclusion étonnamment émouvante, d’autant que la maman d’Elliot est aussi jolie qu’impeccable. 4/6

La colline des potences (Delmer Daves, 1959)
Plus peut-être que dans n’importe quel autre western de Delmer Daves, les images savent ici donner corps aux valeurs intellectuelles et sentimentales du récit. Jouant sur les thèmes de l’Éden, de l’amour contrarié, des épanouissements individuels entravés par des passions ou des intérêts communautaires contradictoires, le film trouve une idéale harmonie entre l’expression des qualités des personnages et celle de leur part d’ombre (Gary Cooper y est loin d’être un saint). Il émeut surtout par sa douceur, son chant de la nature, sa construction narrative en forme de parabole, et par une poignée de séquences suspendues à une découverte, un élan : ainsi de la très belle révélation des yeux bleus de Maria Schell, ou encore de la générosité du dénouement, caractéristique de la morale du cinéaste. 4/6

Goupi mains rouges (Jacques Becker, 1943)
Entre retournements de situations, cadavre ressuscité, rivalités amoureuses, Becker décrit une communauté paysanne à la manière d’un vaudeville, en rupture de l’imagerie de retour à la terre des années Pétain. Il flirte avec un fantastique noir qu’il refuse néanmoins au profit de portraits cocasses et chaleureux, peint le milieu rural avec une exactitude presque vériste, en exalte certains aspects tout en se montrant particulièrement féroce et critique sur d’autres. Petit bijou de fluidité, de verve, d’écriture, qui stimule les zygomatiques tout en inoculant une drôle d’amertume, cette chronique d’un clan terrien rongé par les querelles et l’obsession de l’argent fait en outre flamboyer les numéros d’acteurs (on retiendra particulièrement un Le Vigan déchaîné en colonial paludéen et assassin). 5/6

Dressé pour tuer (Samuel Fuller, 1982)
C’est presque un sujet de moyen-métrage, dont la littéralité fait fi de toute engraissage et de tout développement inutile. Qualité rare, bien sûr : Fuller travaille au corps la minceur aride de son point de départ et en tire une fable saisissante sur la domestication, la nature, la marge séparant la civilisation de la sauvagerie, à l’épreuve de nos conceptions morales. Seul lui importe le duel lent, long et cruel entre l’homme et l’animal, dont il note la progression imprévisible et surprend les sensations viscérales. La philosophie, la psychologie des comportements, il s’en moque, fixé exclusivement sur la tension et l’action des forces qui s’affrontent, sur l’efficacité brute d’une mise en scène refusant la scène à faire, construite sur des stimuli, et dont pas un plan ne traîne pour rien. Un modèle d’intensité et d’intelligence. 5/6

Une leçon d’amour (Ingmar Bergman, 1954)
À ceux convaincus qu’il ne sait faire que de l’austérichiant, Bergman se montre ici capable d’au moins deux choses : faire rire (eh oui) et filmer le bonheur, le vrai. Il s’expose à la limite de l’artifice, des effets d’annonce et de la mise en condition, mais sa joie communicative est celle d’un auteur s’abandonnant aux délices d’un registre qu’il croyait hors de sa portée. Tel un laboratoire de la légèreté, où un couple doit cesser de jouer la comédie pour se retrouver, le film préfigure Les Fraises Sauvages sur un mode enjoué, vaudevillesque, plein de réparties savoureuses et proche des sommets américains du genre. Gunnar Björnstrand, rusé, sympathiquement volage, très drôle, et Eva Dahlbeck, avec sa sophistication princière de Darrieux nordique, brillent d’une complicité taquine assez formidable. 5/6

Le vent de la plaine (John Huston, 1960)
Inversant les données de La Prisonnière du Désert pour en faire le support d’une réflexion antiraciste sur les tiraillements entre la vraie et la fausse filiation, sur les liens du sang et ceux de la famille, le film offre son lot de belles images inédites : la vieille dame jouant du Mozart sur son piano devant une maison perdue au milieu de nulle part, le retranchement final où se déchaînent les flammes, et surtout les apparitions fantomatiques de Kelsey, cavalier de l’Apocalypse, prophète de malheur et chantre des puissances infernales. Reste un message confus voire maladroit, dont l’ambigüité plus ou moins volontaire dispense tantôt le trouble (l’inceste n’est pas loin entre Burt et Audrey), tantôt le malaise (le choix semble bien fait entre préservation familiale et massacre d’Indiens sanguinaires). 4/6

Attaque ! (Robert Aldrich, 1956)
La guerre dépeinte par Aldrich le contestataire, sans fleurs ni couronnes ou compromis. Soit une entreprise absurde mise entre les mains de lâches, de badernes et d’imbéciles nommés par calcul politique, mus par leur unique intérêt personnel, et dont les décision criminelles sont convertes par la hiérarchie militaire – le film préfigure d’un an Les Sentiers de la Gloire. Les quelques digressions explicatives ou flambées d’humanisme démonstratif sont digérées aussi sec par le rouleau compresseur de la mise en scène, brutale, cruelle, qui entretient l’attente éprouvante de l’action puis la relâche en plongeant le spectateur au cœur de la boue et de la colère, du courage ou de la trahison. Rarement le cinéma américain aura été aussi offensif vis-à-vis de l’armée, de ses intrigues, de son hypocrisie. 5/6

3 cœurs (Benoît Jacquot, 2014)
Devant une histoire aussi banale et rebattue de triangle amoureux, on se demande si la démarche de Jacquot relève de la plus inconsciente témérité ou au contraire d’une paresse quasi démissionnaire. Et s’il faut saluer sa volonté de traiter de manière aussi inactuelle le drame sentimental, avec ses coups du destin et ses déchirements intimes, le truffaldisme recherché flirte parfois dangereusement avec le roman-photo pour mémères (les ponctuations narratives avec la voix-off du réalisateur, ouille). Mais le film se relève quasi miraculeusement de ces écueils et de ses faiblesses, d’abord parce que le récit ne s’appesantit jamais et qu’il parvient à donner corps à ses personnages, ensuite et surtout parce que la qualité de l’interprétation cimente des enjeux que l’on se surprend à trouver plutôt touchants. 4/6

Un, deux, trois (Billy Wilder, 1961)
Au moment du tournage, le mur de Berlin s’érige et la situation géopolitique ne prête pas franchement à rire. Accordé aux notes échevelées de Khatchatourian, le cinéaste choisit pourtant de fondre le communisme soviétique et le capitalisme yankee dans un même bouillon de folie burlesque, un jeu de manipulation proprement étourdissant mené par un James Cagney déchaîné. Un-deux-trois, tac-tac-tac, la charge satirique frappe très fort et dans toutes les directions, désigne comment tout s’achète et se corrompt, fait danser les trente-six chandelles d’un délire frénétique qui ne laisse pas un instant pour souffler, se remettre d’un gag dévastateur ou d’une répartie hilarante. Ce sens de la cadence, ce brio comique, ces jubilatoires principes d’inversion, de travestissement et de démontage sont à faire tourner la tête. 5/6

Lord Jim (Richard Brooks, 1965)
En adaptant Joseph Conrad, le cinéaste s’appuie sur une superbe ossature romanesque, riche d’enjeux et de dilemmes profonds. Mais il convient de rendre justice à la clarté et à l’inspiration attentive de sa mise en scène, qui utilise parfaitement l’ambigüité du visible puisque l’aventure se comprend aussi comme initiation et comme salut. Dans les temples, les nuits et la brume de la jungle cambodgienne où il tente d’échapper aux tourments de sa faute, un officier de marine hanté par la culpabilité continue de quêter auprès des autres et de lui-même une impossible rédemption et remonte à la source de son destin, de sa vocation, jusqu’à sacrifier sa vie pour son idéal. Une captivante réflexion sur la lâcheté, l’héroïsme, la grandeur d’âme, servie par un Peter O’Toole tout de force et de fragilité mêlées. 5/6

Le pont du nord (Jacques Rivette, 1981)
Une ex-terroriste tout juste sortie de prison rencontre une jeune marginale qui lutte au karaté contre des moulins à vent, un peu allumée mais sympa quand même. Avançant ou reculant selon le bon plaisir du hasard, elles errent dans une capitale faite de terrains vagues, de squares, de chantiers de démolition : un jeu de l’oie grandeur nature hanté par l’ombre d’une conspiration opaque – Paris nous appartient, bis. Chaque halte ou lieu de rendez-vous correspond à une case ; certaines sont piégées, d’autres recèlent des trésors, l’une d’entre elles signifie la mort. Tel un Ali baba de la pellicule, Rivette semble vouloir faire agir ce désordre comme un philtre enjôleur, avec lumière naturelle, deux sous pour budget et une bande de copains en guise d’équipe. Le charme agit, mais par intermittence seulement. 3/6

Model shop (Jacques Demy, 1969)
Qui l’eût cru ? : pour son seul film américain, Demy parvient à inscrire ses motifs au sein des problématiques du Nouvel Hollywood, qui lui sont pourtant totalement étrangères. En trente six heures d’une déambulation sans consistance narrative, il esquisse le parcours d’un jeune velléitaire vers l’impératif du choix et la prise de conscience, capte l’esprit d’une époque contestataire usée par l’enlisement vietnamien, et dépeint Los Angeles d’un œil d’esthète, avec ses pylônes pétroliers pompant le pétrole dans un bruit permanent, ses rues bordées de palmiers, de façades luxueuses et de boutiques à néons. Fausse suite un peu amère de Lola, cette variation sur la peur de vivre ou d’aimer conjugue le raffinement chromatique à la désillusion d’un propos gagné par la mélancolie. Belle réussite. 5/6


Et aussi :

Hippocrate (Thomas Lilti, 2014) - 4/6
L'institutrice (Nadav Lapid, 2014) - 4/6
Mange tes morts (Jean-Charles Hue, 2014) - 5/6
Saint Laurent (Bertrand Bonello, 2014) - 4/6
Les chasses du comte Zaroff (Ernest B. Schoedsack & Irving Pichel, 1932) - 4/6
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Films des mois précédents :
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Août 2014 - Le prix d'un homme (Lindsay Anderson, 1963)
Juillet 2014 - Le soleil brille pour tout le monde (John Ford, 1953)
Juin 2014 - Bird people (Pascale Ferran, 2014)
Mai 2014 - Léon Morin, prêtre (Jean-Piere Melville, 1961) Top 100
Avril 2014L’homme d’Aran (Robert Flaherty, 1934)
Mars 2014 - Terre en transe (Glauber Rocha, 1967)
Février 2014 - Minnie et Moskowitz (John Cassavetes, 1971)
Janvier 2014 - 12 years a slave (Steve McQueen, 2013)
Décembre 2013 - La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
Novembre 2013 - Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013 - L'arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013 - Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013 - La randonnée (Nicolas Roeg, 1971) Top 100
Juillet 2013 - Le monde d'Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013 - Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013 - Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013 - Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013 - Chronique d'un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 - Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013 - L'heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 - Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 - Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 - Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 - Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 - Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 - Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 - Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 - Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 - L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 - L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 - Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 - Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 - L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1966) Top 100
Octobre 2011 - Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 - Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 - Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 - L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
Dernière modification par Thaddeus le 25 mars 17, 21:49, modifié 1 fois.
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AtCloseRange
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par AtCloseRange »

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5 It Felt Like Love (Hittman)

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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Supfiction »

Mes 3 plus gros plaisirs du mois :
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