Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Brody
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Message par Brody »

Premier prétendant :

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Eh oui, parce que c'est excellent, délirant, excessif, ironique, mais aussi subtil dans son regard, magistralement monté, que la forme sert le fond, que les 3 heures passent à toute vitesse, que Scorsese pète la forme et que diCaprio est impérial. Yeah !
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Flavia
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Message par Flavia »

Ca se bouscule pour le film du mois, nouveau candidat - Zero Dark Thirty

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Passionnant.
Abronsius
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Message par Abronsius »

Pour le moment :

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Frances
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Message par Frances »

Abronsius a écrit :Pour le moment :

Secrets and Lies / Mike Leigh
Vu à sa sortie, j'en garde un très bon souvenir. :D
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Mes films du mois :
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Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
Abronsius
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Message par Abronsius »

Frances a écrit :
Abronsius a écrit :Pour le moment :

Secrets and Lies / Mike Leigh
Vu à sa sortie, j'en garde un très bon souvenir. :D
Mon paquet de mouchoirs n'a pas aimé les dernières vingt minutes.
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Et pour moi ce sera pour l'instant

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Julie Delpy aura vraiment été ma grosse révélation de ces derniers mois
Génial celui-là, le deuxième volet est très en-dessous malheureusement. Par contre d'elle en plus austère La Comtesse est excellent et Le Skylab est vraiment une des meilleures comédies française de ces dernières années pour moi tu as de quoi faire encore !
Tout à fait d'accord avec Profondo. Le second est à éviter (en tous cas vraiment pas à la hauteur du premier qui était tiré vers le haut grâce à un absolument génial (et trop rare) Adam Goldberg. Le Skylab est assez sympathique, séquences nostalgie des étés d'enfance en famille (avec tata paulette et tonton Auguste) à la campagne dans les années 70, les papiers-peints à fleurs, Joe Dassin et Claude François (dont il est question d'ailleurs). Et un super casting (avec Bernadette Lafont et Emmanuelle Riva).

Autres films plus anciens à ne pas rater avec la Delpy : Trois couleurs Blanc et La passion Béatrice.
Et puis un très beau second rôle dans Broken Flowers.
Dernière modification par Supfiction le 6 janv. 14, 21:38, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit : et La passion Béatrice.

Il me semblait bien l'avoir déjà vu mais comme c'est selon moi le plus mauvais Tavernier, je l'avais oublié.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Et Europa, Europa, un film trop oublié à mon goût (tiens, j'aurais dû le mettre dans mon top 100 alternatif).
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Europa, Europa oui!
(je savais que j'en avais oublié un d'important dans la Delpy filmo mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus).

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Et puisqu'on en est à faire l'inventaire Julie Delpy, même si c'est H.S., j'aime beaucoup son (unique) album, ultra confidentiel mais très réussi et à son image (et dont est extrait d'ailleurs A Waltz For A Night chanson pour Jessie à la fin de Before Sunset).

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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Supfiction a écrit :

Et puisqu'on en est à faire l'inventaire Julie Delpy, même si c'est H.S., j'aime beaucoup son (unique) album, ultra confidentiel mais très réussi et à son image (et dont est extrait d'ailleurs A Waltz For A Night chanson pour Jessie à la fin de Before Sunset).

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Ah oui un petit bijou son disque beaucoup écouté aussi quand j'étais en pleine euphorie de la découverte Before Sunrise/Before Sunset ! Hormis A waltz for a night on entend aussi le titre An ocean apart lors des génériques de début et de fin de Before Sunset.



D'ailleurs elle a composée elle-même le très beau score de La Comtesse.
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Thaddeus
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Message par Thaddeus »

Avec près d'une semaine de retard...

Film de décembre 2013


1. La Jalousie (Philippe Garrel, 2013)

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2. Première Désillusion (Carol Reed, 1948)

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3. Point Limite Zéro (Richard C. Sarafian, 1971)


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Mes découvertes en détail :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Première désillusion (Carol Reed, 1948)
Les perspectives semblent ici déformées, toujours sous le règne de la menace ou de l’émerveillement. L’impression est renforcée par le cadre du film, une grande demeure victorienne et son un escalier en spirale autour duquel vont se développer les mystères et les faux-semblants, s’attiser les tensions et les dangers. Tout en effets de contraste, troubles indécis, partages de l’ombre et de la lumière, le film est un formidable exercice de démontage d’une cristallisation enfantine. Les faits ou leurs apparences y sont perçus et interprétés par un jeune héros à la fertile imagination : le mensonge est l’ultime recours pour ne pas trahir, les histoires d’adultes vécues comme des contes de fées, et la compréhension du drame une première initiation vers la lucidité – faire tomber l’idole, apprendre un peu de la cruauté des relations humaines. 5/6

Le jardin des Finzi-Contini (Vittorio De Sica, 1970)
La jeunesse est éphémère, sa beauté transitoire et volatile. Mais il suffit que la tragédie la frappe de plein fouet pour qu’elle acquière une dimension éternelle, comme photographiée, figée hors du temps dans l’intensité de son bonheur. Le jardin des Finzi-Contini, enclave de sérénité où les jeunes gens se livrent à de blanches partis de tennis tandis que le fascisme gronde dans le monde extérieur, ne résistera pas au mal qui couve. De Sica évoque la montée de l’antisémitisme, la lente propagation du poison idéologique, les manifestations du danger rampant en des images lumineuses, limpides, pour mieux faire éprouver la douleur de la perte et celle d’un passé à jamais révolu. Lorsque le malheur longtemps tenu à distance vient briser les trajectoires, ne reste que le souvenir d’une insouciance rendue plus poignante encore par le cauchemar de l’Histoire. 5/6

Casse-tête chinois (Cédric Klapisch, 2013)
Évidemment la facture de ce troisième volet souffre d’automatismes et de gimmicks un tantinet prévisibles : le savoir-faire a remplacé la fraîcheur et la spontanéité. Bien sûr on peut s’agacer des leçons de vie et de la philosophie béate façon Marc Lévy qui se loge dans les interstices du divertissement. Mais le plaisir de retrouver ces personnages et de les voir mûrir, l’efficacité radieuse et sans faille de ce vaudeville new-yorkais viennent aisément à bout des réserves. Sans surprise mais très agréable, superficielle mais séduisante, la comédie, simple, rythmée et (un peu trop) dans l’air du temps, puise dans les éternelles indécisions sentimentales de ses personnages suffisamment de punch et de situations désopilantes pour assurer un (très) bon moment. 4/6

La jalousie (Philippe Garrel, 2013)
La propension irritante du cinéaste à multiplier les affectations et les tics auteuristes a ici totalement disparu. Sa caméra hypersensible s’abandonne cette fois, avec une tendresse inédite, à la vérité intérieure d’êtres qui vibrent, aiment et souffrent. En soixante-dix sept minutes cristallines, dont l’épure et la simplicité atteignent directement au cœur, Garrel fait dialoguer la cruauté d’un sentiment contradictoire, ambigu, constamment réversible, avec les trésors d’affection qui poussent chacun à se relever du chagrin, aller de l’avant, ne pas désespérer. L’angoisse quotidienne de l’abandon rôde, l’inquiétude matérielle menace la solidité de l’amour, mais l’attention d’une sœur, le sourire d’une fillette, sa complicité fusionnelle avec son père les éclairent d’une lumière profondément touchante. 5/6

Au feu, les pompiers (Miloš Forman, 1967)
Bienvenue au bal des pompiers annuel, celui d’une petite ville isolée en plein hiver et à peine réchauffée par les cocasses travers de ses habitants. Les lots de tombola se font chouraver, l’élection de miss Pompiers peine à trouver ses candidates, la fête est bientôt avortée par l’appel de la sirène… En étendant aux dimensions d’un long métrage la description d’un rituel collectif, sans faire venir aucun personnage particulier au devant de la scène, Forman signe une farce politique en forme de parabole (le sort de l’individu est prisonnier de l’incohérence des décisions collectives). Mais, malgré la liberté de sa composition, la satire est trop caricaturale pour être vraiment mordante, et son efficacité comique pas toujours très probante. 3/6

La déesse (Satyajit Ray, 1960)
Pour avoir été révélée dans le rêve de son beau-père comme l’incarnation de Kali, la très jeune Doya est vénérée comme une déesse, littéralement statufiée parmi les fumées d’encens. Dépouillée de sa nature d’être mortel, sans défense, elle est dès lors sujette à une tension intérieure qui ne pourra aboutir qu’à la névrose puis à la dislocation de son identité. Plus didactique, légèrement moins lyrique qu’à l’accoutumée, Satyajit Ray cible et charge un sujet brûlant : la foi aveugle de la religion hindouiste, ses impulsions obscurantistes, ses superstitions délirantes. Prônant le rationalisme spirituel et l’émancipation de la femme, il cerne le poids de structures aliénantes et le stigmatise le long d’un récit de plus en plus étouffant, qui s’achève dans la désolation et la folie. 4/6

Le rêve de Cassandre (Woody Allen, 2007)
Si elle puise dans le pittoresque britannique, du côté des classes populaires, cette tragi-comédie serrée comme un café noir devient vite un pur jeu de l’esprit autour du dilemme et de la crise morale, mâtinée d’accents dostoïevskiens – un registre que le cinéaste maîtrise à la perfection. Scène après scène, suivant une logique criminelle inéluctable, il enserre les protagonistes dans une spirale sans issue et questionne le mécanisme corrupteur de l’argent, les limites de l’intégrité et de la liberté individuelles. Mon pote Ewan est parfait, Colin Farrell explore très subtilement les affres de la culpabilité, Sally Hawkins émeut en trois scènes, Hayley Atwell est une bombe à réveiller les morts. Il paraît que le film est considéré comme mineur ; personnellement des comme ça j’en mangerais bien tous les jours. 5/6

Infidèlement votre (Preston Sturges, 1948)
Pas facile à vivre, la jalousie pathologique. Un prestigieux chef d’orchestre en fait l’expérience, qui décide au beau milieu d’un concert d’assassiner son épouse infidèle. Le stratagème se met en place, l’homme échafaude son plan, passe à l’action quand soudain… retour en arrière. Nouvelle idée, autre piste, deuxième hypothèse. Par sa construction à opportunités variables, la comédie a sans doute compté parmi les plus neuves et audacieuses de son époque. Ne reste aujourd’hui que le déroulé d’une idée qui s’épuise vite, un humour burlesque mais un peu lourd cherchant à cataloguer la folie ordinaire en chargeant le ridicule des paranoïas amoureuses et du retour cinglant au réel. Le résultat est assez mou du genou et paradoxalement trop sage. 3/6

Le pirate (Vincente Minnelli, 1948)
L’art et la création, inspiration commune à beaucoup de héros de Minnelli, permettent de conjurer l’inquiétude des personnages. La représentation de l’hypnose mesure également le malaise de l’héroïne et autorise l’exploration de la zone vague qui la sépare du monde. Gorgée de rouge et de pourpre, saturant toutes les nuances de carmin et d’écarlate, l’œuvre témoigne d’une fantaisie insatiable, invente une fantasmagorie chatoyante qui tire sa force de la tension entre les désirs secrets et les volontés affichées des protagonistes, souvent déguisés, grimés, jouant la comédie. L’incandescence de ses numéros musicaux, la drôlerie de ses passages comiques (l’hilarante dispute à coup de mobiliers), son brio presque hystérique enchantent. 5/6

Le Hobbit : La désolation de Smaug (Peter Jackson, 2013)
Ça continue pareil, construit suivant le même patron, dans un format esthétique constitué de ces images virtuelles et de cette prose lourde qui commence à sentir sérieusement le réchauffé. Selon tous les avis ce second volet serait plus réussi que le premier. Il faut croire que j’étais mal luné car j’ai trouvé l’aventure assez informe, poussive, mal fichue tant dans sa narration que dans ses effets. Les péripéties se suivent et se ressemblent dans une logique d’inflation permanente qui fatigue plus qu’elle divertit, malgré quelques scènes réussies sauvant l’ensemble du désintérêt. Quant au roman, il est désormais bel et bien trahi : Legolas en grande tige jalouse, l’idylle entre Tauriel et le nain… Tolkien doit se retourner dans sa tombe. 3/6

Au-delà de la gloire (Samuel Fulller, 1980)
Guerillero de la série B, fasciné par les êtres égarés dans leurs propres abîmes, Samuel Fuller raconte ici sa guerre : des plages d’Afrique au débarquement en Sicile, des côtes normandes aux Ardennes, il bâtit une chronique largement autobiographique, nourrie par son expérience de bidasse, qui refuse autant l’éloge de l’héroïsme que la dénonciation antibelliciste ou le message formaté. Qu’il chronomètre le massacre d’Omaha Beach avec la montre d’un cadavre ou mette en scène un accouchement dans un panzer, le cinéaste décrit avec une lucidité implacable la réalité de l’homme en état de guerre, décrit les soldats comme des pauvres types laminés par les servitudes de la vie de combattant. Son style rude et instinctif, mû par la rage de filmer, fulgure d’images tranchantes, baroques, dont les éclats poétiques dynamitent le diktat des modes et de la caméra-stylo. 5/6

A touch of sin (Jia Zhang-ke, 2013)
On peut reconnaître la maturité d’une œuvre à la façon dont elle commence à réfléchir sur elle-même, pratique l’autoréflexion, retravaille ses motifs de l’intérieur. D’une certaine manière le dernier film de Jia Zhang-ke en est à ce point, qui réorchestre le grand tableau moderne de l’Empire du milieu à la lecture distanciée des films de genre asiatiques. Fonctionnant comme la détente cathartique des laissés-pour-compte du capitalisme sauvage, gangrenée par une violence de plus en plus intenable, la fresque panoramique ose une choralité unanimiste et affiche autant d’ambition que de maîtrise, mais elle reste figée par l’artificialité et le symbolisme de son dispositif. En d’autres termes, le geste est beau mais un peu calculé, et même franchement inégal dans l’intensité de ses épisodes. 4/6

Riff-raff (Ken Loach, 1991)
Stevie est en pleine galère : un squat à trouver, pas de travail et comme seule référence un an de prison. Loach, quant à lui, est une fois de plus à son affaire, déroulant ses préoccupations sociales sans tomber dans la dénonciation aux grandes orgues, peignant simplement des êtres ordinaires, ni trop grands ni trop beaux, qui essaient tout bêtement de survivre. A la croisée du cinéma vérité et du documentaire fictionnalisé, il enregistre une somme de petits évènements anodins, comiques, douloureux, et souligne les problèmes sans apporter de solutions. Mais soudain Susan chante de sa voix fausse et hésitante With a little help for my friends, dans un pub acquis à sa cause, tous les problèmes s’envolent, et ne subsiste alors que le bonheur de l’instant. 4/6

Images (Robert Altman, 1972)
Cathryn est une épouse heureuse et épanouie qui écrit des contes pour enfants. Bientôt Cathryn est harcelée au téléphone par une femme dont elle ne connaît que trop bien la voix, puis lors d’un séjour de vacances se voit elle-même dédoublée, ubiquiste, ici et là-bas, comme extérieure à sa conscience. Visitée par un fantôme, Cathryn finit par confondre son mari et son amant, hier et demain, ce qu’elle voit et ce qu’elle imagine. Cathryn est schizophrène. Dans la droite lignée du Polanski de Répulsion, le film organise un cauchemar psychique qui épouse la logique morcelée de son esprit, reconstitue sa perception déréglée, instable, déroutante, le long d’une expérience étouffante entre raison et folie, normalité et psychose. Prix d’interprétation cannois mérité pour Susannah York. 5/6

Les contes de Canterbury (Pier Paolo Pasolini, 1972)
Rarement Pasolini fût aussi éloigné de l’art de générosité et d’harmonie auquel il aspirait sans doute. Principalement motivé par le goût de la bravade, il provoque ici en bonne et due forme l’ordre moral et toutes les polices du bon goût. C’est bien gentil mais il est assez difficile de retirer autre chose de ces contes polissons que des chairs lourdement étalées, des copulations paillardes, un humour gras à base d’accoutrements grotesques et de situations obscènes. Avec une combinaison singulière d’amateurisme et de maniérisme, le cinéaste brasse à pleine pâte érotisme de charcuterie et scatologie satisfaite : il vaut mieux replacer ce geste de mutinerie dans le contexte de sa genèse pour en apprécier (un peu) la subversion. 3/6

Stand by me (Rob Reiner, 1986)
Rob Reiner a su capter les beautés ensoleillées et la douce amertume de la superbe novella de Stephen King pour en faire peut-être l’une des chroniques parmi les plus justes, sincères et touchantes que l’adolescence a pu inspirer au cinéma. Récit initiatique en demi-teintes, constellé de références nostalgiques à l’Amérique rurale des années cinquante, le film fuit l’éloge de l’insouciance pour mieux faire transpirer, à travers les images limpides de ses champs fleurissants, de ses forêts giboyeuses, de ses voies ferrées menant à l’aventure, la cruauté du monde et la disparition inéluctable de l’innocence. Il exalte ainsi les vertus d’un sentiment plus fort que toutes les vicissitudes : l’amitié, envers et contre tout. 5/6

Tel père, tel fils (Hirokazu Kore-eda, 2013)
Les grand yeux interrogatifs de Keita, la détresse de sa mère lorsqu’elle apprend la méprise, la raideur maladroite de son père… Hirokazu fait à nouveau briller son sens de l’observation, s’efface derrière la vie de ses protagonistes pour en révéler le suc intime, la profonde vérité. La tendresse et la précision de son regard lui permettent de s’accommoder d’un traitement peut-être un plus timoré que d’habitude, comme si le sujet étouffait légèrement la sensibilité, et de pardonner aux défaillances d’un script qui, à partir de son mitan, accuse un coup de mou. Défauts véniels : l’universalité du propos, le tact avec lequel la douce chronique familiale interroge les liens filiaux ou de sang, le statut et la nature du père, ses doutes, ses hésitations, ses élans, fournissent une touchante émotion. 4/6

Un amour désespéré (William Wyler, 1952)
L’art de la litote, le sens de la retenue et l’idéal de mesure du cinéaste s’expriment à nouveau dans ce beau mélodrame, assez méconnu, qui traite des conventions sociales et du masque qu’elles obligent l’individu à porter. Le classicisme de Wyler joue ici d’un approfondissement de l’espace théâtral dont la pudeur est le véritable moteur. Il éclaire d’une triste lueur l’histoire de cette passion malheureuse, qui voit deux êtres d’origine, de classe et d’âge très différents s’engager dans une relation sans lendemain. Dénuée d’emphase, l’œuvre parvient à rendre compte d’une détresse sourde, de la cruauté du destin, et offre l’occasion de briller à Laurence Olivier, gentleman vieillissant pris par le démon de midi, et à Jennifer Jones, bien loin de l’outrance de Duel au Soleil. 4/6

La glorieuse parade (Michael Curtiz, 1942)
La vie de George Cohan, qui fut l’auteur de l’hymne des soldats américains pendant la première guerre mondiale, constitue un sujet assez redoutable de patriotisme, dont Curtiz ne cherche jamais à freiner les élans nationalistes. Tourné dans un contexte propice à l’exaltation de puissance et d’unité du pays, le film trouve dans l’énergie du montage et la séduction canaille de son personnage, fanfaron surdoué, héraut du spectacle chanté et dansé, un potentiel de séduction qui ne se réalise que par intermittences. La faute à une structure trop prévisible sur le registre de la biographie hagiographique, malgré la prestation survitaminée et multidisciplinaire de James Cagney. 3/6

Les lois de l’hospitalité (John G. Blystone & Buster Keaton, 1923)
Tout Keaton est ici, dans ce qui est peut-être son premier long-métrage de référence : le paysage intégré au récit, les milieux sauvages et naturels, les fleuves et les ravins, la passion pour le train, conquérant et révélateur de l’espace américain. Et tout est comme à l’habitude savamment détourné, transformé par un travail de réorchestration soumis à la vérité de l’irrationnel : les voies ferrées sont biscornues et élastiques, le seuil d’une porte transforme les règles de courtoisie en chasse à l’homme, les lois de l’espace sont redéfinies à la faveur d’un jeu subtil d’association d’idées et de gestes. Le formidable quart d’heure final fournit à cet égard suffisamment d’équations visuelles et de péripéties impossibles pour faire oublier la relative inégalité de ce qui le précède. 4/6

Sans fin (Krzysztof Kieslowski, 1985)
Kieslowski a toujours traqué l’invisible, éclairé les motivations et les comportements de ses personnages à la lumière d’une interrogation existentielle, voire métaphysique. Son questionnement se porte ici sur l’histoire d’une jeune veuve découvrant sur le tard l’amour qu’elle portait à son défunt mari – fantôme traversant le récit en d’étranges émanations d’outre tombe. L’inquiétude et le désarroi de cette héroïne engourdie pourraient toucher mais leur traitement sibyllin rend la trajectoire d’autant plus énigmatique qu’elle est comme parasitée par un regard critique sur les failles de la justice polonaise et les humiliations sociales des ouvriers. Maîtrisé, déroutant, le film intrigue davantage qu’il n’emporte l’adhésion. 3/6


Et aussi :

Koyaanisqatsi (Godfrey Reggio, 1983) - 4/6
All is lost (J.C. Chandor, 2013) - 4/6
L'arnaqueur (Robert Rossen, 1961) - 4/6
Point limite zéro (Richard Sarafian, 1971) - 5/6
Suzanne (Katell Quillévéré, 2013) - 5/6
Le géant égoïste (Clio Barnard, 2013) - 4/6
Le loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013) - 5/6
Le fanfaron (Dino Risi, 1962) - 4/6
Le printemps dans une petie ville (Fei Mu, 1948) - 4/6
Les diables (Ken Russell, 1971) - 4/6
Films des mois précédents :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Novembre 2013 - Elle et lui (Leo McCarey, 1957)
Octobre 2013 - L'arbre aux sabots (Ermanno Olmi, 1978)
Septembre 2013 - Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Août 2013 - La randonnée (Nicolas Roeg, 1971) Top 100
Juillet 2013 - Le monde d'Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013 - Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013 - Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013 - Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013 - Chronique d'un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 - Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013 - L'heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 - Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 - Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 - Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 - Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 - Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 - Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 - Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 - Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 - L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 - L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 - Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 - Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 - L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1966) Top 100
Octobre 2011 - Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 - Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 - Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 - L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
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Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :Que le spectacle commence (Bob Fosse, 1979) Image
:|

Parfois, j'ai quand même du mal à te suivre.
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El Dadal
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Message par El Dadal »

Ratatouille a écrit :
Demi-Lune a écrit :Que le spectacle commence (Bob Fosse, 1979) Image
:|

Parfois, j'ai quand même du mal à te suivre.
Et La Corde raide, un malheureux demi-point! Demi-Lune est demi-fou.
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Message par Flol »

Mais bon, il aime bien Dark Crystal. Et ça c'est cool.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

El Dadal a écrit :
Ratatouille a écrit : :|

Parfois, j'ai quand même du mal à te suivre.
Et La Corde raide, un malheureux demi-point! Demi-Lune est demi-fou.
Je l'aimais bien (Genevieve Bujold, quoi) mais c'est un peu vieillot aujourd'hui même si c'est un des rares films avec Les proies à exploiter cette facette d'Eastwood.
Enfin, ça mérite un peu mieux qu'un bout d'étoile.
Pour le Fosse, c'est un film de mon top 100 donc chef d'œuvre mais je peux comprendre que ce mélange de film musical et de noirceur puisse laisser à la porte.
C'est néanmoins le plus grand rôle de Scheider et rien que pour ça...
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