Angst - Schizophrenia (Gerald Kargl - 1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Coxwell
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Message par Coxwell »

NICOLAS mag a écrit :vu enfin le film
sorte de documentaire d'un fais divers
c'est froid, méthodique et déstabilisant
tronche de cuir a écrit : C'est un film autrichien qui date de 1983
ah je croyais le film allemand du coup la filiation avec Haneke est fortement intéressante
La caméra est accrochée à l'acteur lui-même par le biais, je crois, d'une espèce de harnais; donnant l'impression que c'est le décor qui bouge autour de celui-ci. C'EST IMPRESSIONANT A VOIR.
c'est essentiellement au debut du film et pour debuter un film ça te place direct dans un univers particulier (le mot est faible, certains rejeteront direct), techniquement c'est quand même mieux utilisé dans Requiem for a dream
C'est aussi un film qui soulève pas mal de questions sur la nature humaine et sur les limites de la justice.
au final c'est carrément un film militant, le film denonce l'incompétence de la machine judiciaire

conclusion: un film phare dans la lignée des Haneke et d'Henry qui est de la même periode (mais trop gratuit pour être honnête)
Comment l'as tu vu ?
julien
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Message par julien »

Zbigniew Rybczynski, le co-scénariste du film est également un réalisateur trés intéressant issu du court-métrage d'animation. On lui doit quelques vidéo-clips à l'esthétique trés particulière, teintés parfois d'un humour étrange... comme celui du groupe allemand, Propaganda : P Machinery.

La musique du film, composé par Klaus Schulze est également une belle réussite.

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Nicolas Mag
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Message par Nicolas Mag »

Coxwell a écrit :Comment l'as tu vu ?
sur VHS
si tu veux je peux te la vendre vu que je m'en suis fais une copie sur dvd :wink:
mannhunter
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Message par mannhunter »

julien a écrit :La musique du film, composé par Klaus Schulze est également une belle réussite.
comme celle de "Next of Kin" (jamais sortie en cd,hélas! :( ) :wink:
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Il y a encore 4-5 jours j'ignorais l'existence de ce film. En fait, je suis tombé par hasard dessus à la tv (diffusé pendant encore quelques jours sur CINE CINEMA CULTE en vm sous le titre "Schizophrenia"). J'avais loupé le début ce soir-là, mais le visuel si particulier m'a scotché à l'écran pendant 5 bonnes minutes. Ce fut un petit choc à ce moment-là, et j'ai tout de suite eu envie de le voir plus tard, mais en entier cette fois.
Je viens de le terminer.

SPOILERS

Sans être une déception disons que le film, sur moi, a ses limites. Il y a d'abord la forme, incroyable, avec ces mouvements de caméras, ces angles bizarres, ces travellings. C'est vrai, on se demande comment cela a été fait. J'aimerais beaucoup voir des photos de tournage...
Le parti-pris du film, qui raconte l'histoire du point de vue du tueur, est de montrer l'action d'une façon décalée. Nous ne sommes pas dans un esprit normal, donc le réalisateur choisit une imagerie originale, jamais classique. Il me semble, mais j'en suis presque sûr, qu'il n'y a aucun plan normal dans le film (même les gros plans du chien dans la voiture doivent être filmés au grand angle).
On a donc des angles accentués, démesurés, des contre-plongées extrêmes (le travelling dans la prison, par exemple), ou ces plans accrochés au sujet dont la silhouette ne bouge pas tandis que c'est le décor autour de lui qui défile (procédé dont a parlé TDC en début de topic, procédé qu'on a vu et revu depuis dans des films ou des clips, mais jamais utilisés sur une telle longueur, et surtout - c'est la première fois que je le vois, et j'aimerais bien savoir comment il a fait ça - en y ajoutant un travelling circulaire). Le gars doit être sanglé de tous les côtés, je ne sais pas, en tout cas c'est visuellement impressionnant.

J'ai souvent pensé à Hitchcock dans l'utilisation des plans en plongée. Le maitre du suspense usait de cette technique, surtout dans des pièces closes, positionnant la caméra dans un angle du plafond et faisant du spectateur un observateur silencieux de l'action. J'ai un peu retrouvé cette nuance ici (observation distante par rapport au personnage dans les plans larges par exemple, les déplacements dans la rue ou dans le restaurant) en même temps qu'une proximité avec lui clairement montrée comme anormale (l'utilisation d'angles originaux accentue son psyché dangereux). On utilise aussi la voix off, qui nous ouvre effectivement les portes de ce cerveau fou, en rappellant quelques faits biographiques officiels (racontés en début de film), et en commentant l'action sous nos yeux. On peut aussi noter qu'hormis cette voix off le film ne bénéficie de presque aucun dialogue, ajoutant à l'atmosphère particulière. Dans cette optique on peut encore signaler un décor austère (ville en hiver, lumière froide, maison presque vide).
Le film insiste bien sur l'état mental du gars. Et ses actions vont dans ce sens. Comme le rappelle TDC, il fantasme sur des projets meurtriers en même temps qu'il en commet. Il élabore des plans, motivé par ses pulsions, mais on n'oublie pas qu'il est fou. Ce n'est pas un tueur professionnel, mais quelqu'un qui boit quand il a soif, en quelque sorte. Ici il a envie de torturer, mais ses idées arrivent trop vite dans sa tête et le plus souvent il gère très mal la situation. C'est une sorte de panique, mais plus certainement une preuve flagrante de son manque de jugement, de sang froid, quand il est submergé par ses fantasmes et ne contrôle plus grand chose. C'est pour cela qu'il se fait prendre à chaque fois.

Le film insiste aussi sur le manque de cohérence de la justice. Dès l'introduction on nous signale que malgré ses comportements particuliers, il n'a pas été admis en hôpital psychiatrique mais directement envoyé en prison, d'où on le voit sortir en début de film, absolument pas guéri (on a très vite compris cela). C'est un psychopathe qui, sitôt sorti de prison, ne pense qu'à remettre ça. Et pourtant, la conclusion du film nous dit qu'il n'a finalement pas été reconnu irresponsable de ses actes pour cause de folie, et qu'il n'a pas été envoyé en asile, mais en prison à perpétuité. Echec confirmé des institutions. Le film est inspiré d'une histoire vraie, en plus...

Globalement, je suis content de l'avoir vu mais j'avoue avoir été très vite lassé par le procédé visuel, pertinent mais finalement peut-être trop visible. (La forme plus importante que le fond?). Ca ne m'a pas empêché de suivre l'action jusqu'au bout, toujours intrigué par ce qui pouvait se passer. Ce n'est donc pas le choc attendu (il sera vite oublié, je pense, pour ma part) mais le film est à voir au moins une fois.
bronski
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Message par bronski »

Le (court) trailer du film:

Art Core
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Message par Art Core »

Moi aussi je suis loin d'adorer ce film très lassant sur la longueur car beaucoup trop répétitif et mécanique. En même temps cette froideur est le propos même du cinéaste mais ça ne m'a pas tellement emballé. La photo viscéral de Zbigniew Rybczynski aide à faire passer le malaise mais ça n'a pas été suffisant loin de là.
Sergius Karamzin II
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Message par Sergius Karamzin II »

Un film incroyable.
Il sort bientôt en DVD.
Malheureusement, la version sera tronquée, le prologue placé sans doute en bonus, car Kargl a eu maille à partir avec les familles des victimes du tueur dont il s'est inspiré. De plus, il condamne aujourd'hui la violence excessive du film et cherche à l'estomper.
J'ai peur que la director's cut soit une déception.
irreversible
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Message par irreversible »

Petite info pour ceux qui n'ont pas vu le film ou ceusses (!!) qui voudraient le revoir : le film est disponible en VOD sur CanalPlay (moi je l'ai par la Freebox, je ne sais pas si c'est disponible autrement) pour 0,99 euros !!!
"Je fais du cinéma parce que je ne veux pas mourir." Andrzej Zulawski
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Message par irreversible »

J'oubliais de préciser qu'il est dispo sous le nom de Schizophrenia et non de Angst et qu'il est malheureusement en VF...
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Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Sergius Karamzin II a écrit :Un film incroyable.
Il sort bientôt en DVD.
Malheureusement, la version sera tronquée, le prologue placé sans doute en bonus, car Kargl a eu maille à partir avec les familles des victimes du tueur dont il s'est inspiré. De plus, il condamne aujourd'hui la violence excessive du film et cherche à l'estomper.
J'ai peur que la director's cut soit une déception.
cinecinema culte diffuse le film avec le prologue, alors que le film etait passé il y a un an ou deux sur Cine polar cut, le film commençant par les plans de la prison.

tu as plus d'info sur cette sortie dvd ?
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Sergius Karamzin II
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Message par Sergius Karamzin II »

Fatalitas a écrit :
Sergius Karamzin II a écrit :Un film incroyable.
Il sort bientôt en DVD.
Malheureusement, la version sera tronquée, le prologue placé sans doute en bonus, car Kargl a eu maille à partir avec les familles des victimes du tueur dont il s'est inspiré. De plus, il condamne aujourd'hui la violence excessive du film et cherche à l'estomper.
J'ai peur que la director's cut soit une déception.
cinecinema culte diffuse le film avec le prologue, alors que le film etait passé il y a un an ou deux sur Cine polar cut, le film commençant par les plans de la prison.

tu as plus d'info sur cette sortie dvd ?
ça se prépare en ce moment. Sortie prévue dans quelques mois.
Nicolas Mag
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Re: Angst - Schizophrenia (Gerald Kargl - 1983)

Message par Nicolas Mag »

UP 5 ans plus tard :shock:


Le film se prepare à sortir en dvd (edition 2 dvd - master restauré) et bluray le 4 juillet chez Carlotta. A l'epoque c'etait Studio canal qui devait le sortir mais ça ne s'est jamais fait. A verifier aussi la version du film vu que la 1ère partie du film posé problème à cause des images d'archives.
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Re: Angst - Schizophrenia (Gerald Kargl - 1983)

Message par 7swans »

Nicolas Mag a écrit :UP 5 ans plus tard :shock:


Le film se prepare à sortir en dvd (edition 2 dvd - master restauré) et bluray le 4 juillet chez Carlotta. A l'epoque c'etait Studio canal qui devait le sortir mais ça ne s'est jamais fait. A verifier aussi la version du film vu que la 1ère partie du film posé problème à cause des images d'archives.
Une sacrément bonne nouvelle :D
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Demi-Lune
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Re: Angst - Schizophrenia (Gerald Kargl - 1983)

Message par Demi-Lune »

Vu.
C'est un peu l'Orange mécanique des années 1980, ce film. Je trouve que ce type de cinéma est toujours extrêmement difficile à manipuler, parce qu'en plus d'être casse-gueule son "intérêt" ne me saute pas toujours aux yeux. J'ai souvent du mal à me positionner sur le plan moral et ce n'est pas cette nouvelle tentative de pénétration dans la tête d'un psychopathe froid et déterminé qui viendra contrecarrer la donne.
Angst ne manque certes pas de points susceptibles de retenir l'attention. La mise en scène de Kargl est d'autant plus impressionnante que je doute que cette coproduction germano-autrichienne dispose d'un gros budget. Dès l'ouverture, c'est un festival de plans-séquences acrobatiques à la grue et d'effets stylistiques comme la caméra (que je suppose) arnachée au torse de l'acteur et le filmant de face, avec cette étrange impression de mouvement ; ou de très gros plans très dérangeants, tant on a le sentiment d'étouffer. Peut-être y a-t-il aussi de la Steadycam. Sur le plan visuel, ça ne ressemble sans doute pas à grand-chose de connu à cette époque, ou peut-être à Possession (1981) pour la caméra ultramobile et l'esthétique allemande grisâtre. Les plans à la grue sont souvent épatants de fluidité, même si on n'évite pas toujours quelques petits heurts ou approximations. Ce qui est intéressant, c'est cette manie de surélever la caméra comme pour écraser l'acteur dans son environnement, et le suivre longuement, telle une présence spectrale collée à ses pas. Apparemment Noé et Aronofsky se sont abreuvés au style technique du film et ça ne m'étonne pas, tant leur cinéma (enfin, je parle surtout de celui d'Aronofsky que je connais) peut être critiqué pour leur esbroufe visuelle. Au début, on se dit en effet que les plans chocs d'Angst n'échappent pas toujours à cet aspect d'ostentation un peu vaine, même si elle est remarquable. Mais on en vient à s'accoutumer au procédé qui fonctionne quand même (même si ça devient répétitif au bout d'un moment) car la réalisation ne se cantonne pas à deux trois plans démonstratifs : au contraire, elle fait de ces cadrages et travellings en lévitation un vrai système en soi, censé restituer tout le désordre mental et la perception de notre assassin. Cette proposition formelle possède en tout cas un véritable impact et l'incroyable malaise que dégage le film vient en partie de là, incontestablement.

Il vient aussi de la démarche quasi documentaire de la narration : totalement épuré, le scénario se résume à une pérégrination mortelle de deux jours sur un périmètre limité, pratiquement sans dialogues. Juste la voix-off du tueur qui nous raconte intérieurement sa petite vie forcément traumatisée dès l'enfance (poncif au mieux dispensable), et nous expose très calmement ses intentions méthodiquement meurtrières. Le film vire rapidement au huis-clos, et la séquestration et les lentes atrocités qui lui seront associées, rendent pour moi le film insoutenable (le meurtre au poignard dans le tunnel est probablement l'un des trucs les plus affreux que j'ai vus). Je sais que le but du film est d'édifier en jouant la carte du choc frontal, mais j'ai traversé le film, pourtant assez court, avec une envie lancinante de dégueuler similaire à celle que j'avais éprouvée pour le tueur en série Jean-Baptiste Grenouille, dans Le Parfum de Süskind. La manière dont le film nous fait suivre les pensées de ce type infâme (l'acteur est habité)... c'est globalement une expérience assez traumatisante. Clairement pas le genre de film que j'ai envie de revoir. Le fait est que c'est un type de cinéma choc où chacun se fait sa propre opinion, mais en l'occurrence je trouve quand même le propos un peu vain, en tout cas moins travaillé qu'un Étrangleur de Boston par exemple, qui posait de vraies interrogations. Ou un Orange mécanique. Angst dissèque la psyché d'un meurtrier en besoin viscéral de récidive, mais je ne sais pas si ça suffit à faire un film. Toujours cette complexité à me positionner sur cette question éthique... et à "évaluer" objectivement un tel film. Mais ça reste quand même un sacré uppercut, ça c'est indéniable.
Et la musique de Klaus Schulze, toute en synthés lugubres, renforce l'étouffement que procure le film.
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