Michael Cimino (1939-2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Watkinssien
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Re: Michael Cimino

Message par Watkinssien »

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shubby
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Re: Michael Cimino

Message par shubby »

Watkinssien a écrit :Michael Cimino est décédé !! :|

http://variety.com/2016/film/people-new ... 201808052/
...
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Rick Blaine
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Re: Michael Cimino

Message par Rick Blaine »

Watkinssien a écrit :Michael Cimino est décédé !! :|

http://variety.com/2016/film/people-new ... 201808052/
Tristesse. :(
ballantrae
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Re: Michael Cimino

Message par ballantrae »

Et merde!
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Flol
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Re: Michael Cimino

Message par Flol »

Il est donc temps pour moi de revoir The Year of the Dragon (ça tombe bien, j'ai le BR) et surtout The Deer Hunter, que je n'ai jamais réussi à apprécier à sa juste valeur (alors qu'au fond de moi, je sais que c'est un chef-d'oeuvre).
Et juste pour dire qu'il y a dans Heaven's Gate certainement le plan le plus stupéfiant que j'ai vu de ma vie :

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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par Jack Carter »

R.I.P à ce grand cineaste qui aura laissé son empreinte sur le cinema US de ces quarante dernieres années :cry:
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par Roy Neary »

Les artistes du Nouvel Hollywood qui me sont chers sont des septuagénaires, c'est une chose que j'ai bizarrement du mal à admettre. Là, je viens de me prendre cette réalité en pleine gueule.
L'un de mes cinéastes de chevet n'est plus. Une courte filmographie mais un marqueur essentiel du cinéma américain de la fin du XXème siècle. Grosse tristesse.
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Mosin-Nagant
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par Mosin-Nagant »

Je suis également très triste de cette nouvelle.
Michel Rocard passe encore ( désolé ) mais le réalisateur de "Voyage au bout de l'enfer", là, ça me fiche vraiment le bourdon.

Merci à Carlotta d'avoir collaboré avec lui pour les bluray, on a eu droit à de belles éditions grâce à ça.
Même s'il ne tournait plus, c'est une perte immense pour le Cinéma. On ne pourra plus jamais l'interroger sur ses films. Il était si secret.

J'ose pas imaginer ma réaction pour Spielberg, Scorsese, De Niro ou Eastwood. Se dire qu'un jour...
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Alexandre Angel
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Re: Michael Cimino

Message par Alexandre Angel »

Ratatouille a écrit :Il est donc temps pour moi de revoir The Year of the Dragon (ça tombe bien, j'ai le BR) et surtout The Deer Hunter, que je n'ai jamais réussi à apprécier à sa juste valeur (alors qu'au fond de moi, je sais que c'est un chef-d'oeuvre).
Et juste pour dire qu'il y a dans Heaven's Gate certainement le plan le plus stupéfiant que j'ai vu de ma vie :

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Oui, un des plus beaux plans du film, grandiose et angoissant, presque plus efficace dans la version courte, laquelle, parce que, de fait, heurtée, me semblait plus dure que la longue.
Tout ça pour dire que cette annonce de mort est un choc, même si il ne faisait plus rien depuis belle lurette. Et même si The Deer Hunter est son chef d'œuvre, je n'oublierais jamais l'exaltation provoquée par La Porte du Paradis en 1981, dans sa version courte, la seule existant à ce moment-là. J'avais été ravagé par ce monument complétement dingue que j'attendais à 15 ans comme une fresque spectaculaire à la David Lean et qui s'est révélée beaucoup plus sauvage, nerveuse et violente que je l'imaginais. La Porte du Paradis sentait le bois, l'air vif de la montagne, surprenait par sa sensualité (le petit déjeuner érotique qu'offre Isabelle Huppert à Kris Kristofferson), ses séquences étonnantes, qu'elles soient collectives (l'ouverture à Harvard) ou intimes (la scène avec le chasseur de loup) . Cimino inventait là un alliage inédit, mutant, faisant cohabiter western , superproduction démiurgique et contre-culture, osant des morceaux de bravoure presque illisibles à force de soulever de la poussière, mais tellement puissants dans leur affolant déploiement, un peu comme si le Salammbô, de Flaubert, venait visiter Anthony Mann.
Et cette musique de David Mansfield, si pastorale, si mélancolique.. Je n'y peux rien : Cimino, pour moi, c'est pour toujours La Porte du Paradis.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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shubby
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Re: Michael Cimino

Message par shubby »

Alexandre Angel a écrit :
Ratatouille a écrit :Il est donc temps pour moi de revoir The Year of the Dragon (ça tombe bien, j'ai le BR) et surtout The Deer Hunter, que je n'ai jamais réussi à apprécier à sa juste valeur (alors qu'au fond de moi, je sais que c'est un chef-d'oeuvre).
Et juste pour dire qu'il y a dans Heaven's Gate certainement le plan le plus stupéfiant que j'ai vu de ma vie :

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Oui, un des plus beaux plans du film, grandiose et angoissant, presque plus efficace dans la version courte, laquelle, parce que, de fait, heurtée, me semblait plus dure que la longue.
Tout ça pour dire que cette annonce de mort est un choc, même si il ne faisait plus rien depuis belle lurette. Et même si The Deer Hunter est son chef d'œuvre, je n'oublierais jamais l'exaltation provoquée par La Porte du Paradis en 1981, dans sa version courte, la seule existant à ce moment-là. J'avais été ravagé par ce monument complétement dingue que j'attendais à 15 ans comme une fresque spectaculaire à la David Lean et qui s'est révélée beaucoup plus sauvage, nerveuse et violente que je l'imaginais. La Porte du Paradis sentait le bois, l'air vif de la montagne, surprenait par sa sensualité (le petit déjeuner érotique qu'offre Isabelle Huppert à Kris Kristofferson), ses séquences étonnantes, qu'elles soient collectives (l'ouverture à Harvard) ou intimes (la scène avec le chasseur de loup) . Cimino inventait là un alliage inédit, mutant, faisant cohabiter western , superproduction démiurgique et contre-culture, osant des morceaux de bravoure presque illisibles à force de soulever de la poussière, mais tellement puissants dans leur affolant déploiement, un peu comme si le Salammbô, de Flaubert, venait visiter Anthony Mann.
Et cette musique de David Mansfield, si pastorale, si mélancolique.. Je n'y peux rien : Cimino, pour moi, c'est pour toujours La Porte du Paradis.
Amen !
Joli :)
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Alexandre Angel
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par Alexandre Angel »

Merci Shubby :cry:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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ballantrae
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par ballantrae »

Moi aussi, je me rappellerai toujours comme de repères essentiels de la découverte à la tv de Deer hunter un mardi soir, de l'attente fébrile de Year of the dragon (vu je ne sais combien de fois en salles l'année de mes 15 ans , arpenté en tous sens via la BO, l'affiche, le roman, les textes critiques) et enfin de la découverte en salle de Heaven's gate en 1988 ou 1989 de la version longue trois fois en une semaine, persuadé d'avoir vu l'un des plus beaux films du monde.
20 ans sans tourner et maintenant il est mort: la punition est plus que rude!
Immense tristesse.
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Thaddeus
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par Thaddeus »

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Le canardeur
Un premier film assez curieux, hétéroclite et iconoclaste, assez absurde et fort distrayant, qui oscille entre plusieurs tonalités et plusieurs régimes narratifs et prône une certaine forme d’amitié virile à laquelle Eastwood, briscard classieux, et Bridges, tout feu tout flamme, apportent un concours savoureux. Ni vrai film de braquage ni pur road-movie, pas tout à fait drôle ni complètement dramatique, cette balade picaresque et tendre dans les grands espaces américains est un peu tout cela à la fois, mariant l’initiation sentimentale et le désenchantement avec une sensibilité singulière. Y transparaissent déjà certaines constantes thématiques du réalisateur : son goût des affirmations énergiques et des personnages mystérieux, son culte de la nature, son intérêt pour les situations paradoxales. 4/6

Voyage au bout de l’enfer
L’ampleur, l’épaisseur romanesque, le lyrisme qui se déploient ici retrouvent la puissance harmonieuse des plus grands films : l’Amérique et l’Asie, la nature et le monde industriel, la chasse et la guerre, l’individualisme et la solidarité, le deuil et l’espoir y sont indissolublement liés, par la vertu d’une mise en scène d’une rigueur et d’un classicisme admirables. C’est l’histoire du déracinement, de la perte de ce qui représentait un foyer, de la destruction de tout ce qui a un jour généré l’amitié, de la destinée tragique et de la blessure irrémédiable. Loin de se complaire dans la description des horreurs du conflit, Cimino se borne à évoquer celles-ci au cours de séquences aussi brèves qu’éprouvantes, précédées de splendides échappées bucoliques, d’une scène de mariage digne de celle du Parrain, et clôturées par un hymne d’espoir bouleversant. 6/6
Top 10 Année 1978

La porte du paradis
Une valse grandiose lors d’une cérémonie à Harvard, puis l’étourdissante ronde en pantins des prolétaires : on pourrait dire que ces deux séquences sublimes constituent les plus belles scènes de danse de l’histoire du cinéma. Vers la fin, le motif circulaire sera encore réactivé, et la danse deviendra macabre lorsque les immigrants assiégés seront massacrées par les milices qui les encercleront. Entre temps, une immense fresque épique, tourbillonnante, spectaculaire et intimiste à la fois, d’une grande audace structurelle, ayant assimilé un héritage oublié et transcendant un apport perdu depuis King Vidor. Elle se fait tombeau des rêves d’une nation et des mythes fondateurs de l’Ouest : on y voit le riche tuer le pauvre, une majorité dominée par une minorité, et les valeurs pionnières démystifiées avec une cinglante amertume. 6/6
Top 10 Année 1980

L’année du dragon
Le romantisme de l’échec et la sensibilité baroque de Cimino trouvent à s’exprimer une nouvelle fois dans cet admirable polar crépusculaire, jalonné d’impressionnants morceaux de bravoure, qui poursuit la réflexion désabusée menée par le cinéaste sur l’envers du rêve américain à travers l’intégration manquée de certaines minorités. Ni film anti-chinois ni film raciste, il détruit la vision rassurante d’une nation idéalisée et invite à parcourir un brin de chemin vers des lendemains qui ne chanteront pas de sitôt. Conçu comme un véritable ballet esthétique, mené par un Rourke saisissant dans un rôle ambigu d’ange exterminateur, alimentant la fureur de sa volonté de nettoyage, cette œuvre convulsive sur la fascination du mal et l’équivocité de la justice impose une fois de plus le talent hors norme de son auteur. 5/6
Top 10 Année 1985

Le Sicilien
Utopiste ardent, il souhaitait faire de la Sicile un état américain et rendre leurs terres aux paysans (qui n’en voulaient pas). Il était beau, il était fier et faisait même tomber en pâmoison les duchesses américaines… Cimino romantise Giuliano en homme de foi capable de traduire ses convictions en actes. Seule la réalité des faits l’arrêtera, lui qui pensait pouvoir renverser la triple alliance de l’Église, de l’aristocratie et de la Mafia, et qui s’apercevra n’être qu’un pion dans une stratégie qui le dépasse. Sans toujours échapper à l’emphase gratuite, le cinéaste fait couler le sang et la musique, claquer les drapeaux rouges au vent, virevolter les ressorts du romanesque. Son film est un beau livre d’images, emporté mais imparfait, généreux mais schématique, un peu terni par Lambert et son regard de teubé. 4/6

Sunchaser
Dénonciation du yuppism, voyage doublement initiatique, western moderne au regard pro-indien, donc politiquement correct, ce road movie utopique et étrangement archaïque ancre une ligne dramatique éprouvée (l’opposition entre deux hommes qui se détestent mais apprennent à se connaître et finissent dans les bras l’un de l’autre) au sein d’une philo-mystique new-age assez problématique, le comble du vaseux étant atteint par l’éternelle scène traumatique originelle. Reste le brio inné du cinéaste à filmer les éléments américains, le montage en legato soutenu, le rythme imposé par une caméra perpétuellement en mouvement, autant de qualités démontrant que Cimino reste un filmeur ultra-doué, mais que sans scénario original son génie naturel ne peut que s’estomper dans la brume des cimes. 4/6


Mon top :

1. Voyage au bout de l’enfer (1978)
2. La porte du paradis (1980)
3. L’année du dragon (1985)
4. Le Sicilien (1987)
5. Le canardeur (1974)

Même si ses derniers films sont moins réussis, le parcours de Cimino reste celui d’un météore fulgurant, digne peut-être de quelques géants qui lui sont contemporains : Coppola, Scorsese, Kubrick. Romanesque, lyrique, entièrement portée sur la démythification des icônes américaines, son œuvre est d’une grande importance.
Dernière modification par Thaddeus le 14 janv. 19, 21:59, modifié 2 fois.
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John Anderton
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par John Anderton »

Sale nouvelle, je viens de voir ça sur Facebook... :cry:
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Demi-Lune
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Re: Michael Cimino (1939-2016)

Message par Demi-Lune »

Pour moi, prononcer le nom de Cimino est synonyme de grandeur, jusque dans ses films les moins aboutis. Parce que le mec avait le Cinéma dans les veines, et que ce don irriguait 25 fois par seconde chaque plan qu'il composait. Même sur un "petit" film comme Sunchaser, qui du coup devient involontairement au méta sur son film testamentaire, la caméra est insatiable de mouvements purement cinématographiques, à ce point grisants que faire un film paraît si simple, et que toute concurrence est balayée. L'art de Cimino comme une chorégraphie, ce motif du mouvement de la danse qui reviendra dans nombre de ses films. Je ne sais pas, par ailleurs et de façon aussi paradoxale que complémentaire, si un cinéaste a mieux filmé les grands espaces américains que lui. Cimino est le trait d'union entre le cinéma classique et l'émotion du cinéma européen, le fils spirituel d'Anthony Mann et Visconti, un monument à l’œuvre et à la trajectoire aussi fascinantes que celles d'un Coppola ou un Kubrick. Je suis personnellement très ému par sa disparition car il est un de mes héros du cinéma, un de cette génération bénie qui aura élevé le septième art à des hauteurs que l'on continue d'observer avec admiration et mélancolie. J'aurais aimé lui témoigner toute ma gratitude pour avoir créé, accompagné et sublimé les destinées dramatiques de Michael, Nick, Stan, Steven, Axel, Linda et Angela, de James Averill, Nathan Champion et Ella Watson, de Stanley et Connie White et Tracy Tzu, que ces personnages sont parmi les plus chers à mon cœur. J'aurais aimé lui dire que certains de ses plans m'obsèdent comme au premier jour, et qu'ils figurent parmi les beaux, les plus puissants, les plus évocateurs que je connaisse. J'aurais aimé lui dire que c'est avec des films comme les siens que des passions se forgent, et que quelle que soit la frustration de ne pas voir plus de films avec sa griffe, il pourra toujours se targuer d'avoir fait le plus grand film des années 1970. J'aurais aimé lui dire qu'il est dans la légende. So long, maestro.
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