L'étrangleur de Rillington Place (Richard Fleischer - 1971)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2366
- Inscription : 10 mai 03, 10:20
L'étrangleur de Rillington Place (Richard Fleischer - 1971)
10 Rillington Place (L’Etrangleur de Rillington Place) de Richard Fleischer - 1971
Le toujours étonnant Richard Fleischer s'attaque au scalpel au cas criminel qui a fait tomber la peine de mort en Grande-Bretagne : celui de John Reginald Christie, pervers sexuel et tueur en série des années 1940-1950. Christie anesthésiait chez lui (dans une petite maison ouvrière du 10 Rillington Place, Londres) des femmes auxquelles il proposait divers services médicaux (du soin de rhume à l'avortement), les violait, les tuait et cachait leur corps dans le jardin, les murs, sous le plancher… Un jeune couple (Tim & Beryl Evans) avec un bébé loue pour son malheur un deux-pièces dans la maison…
Après Compulsion (1958) et L’Etrangleur de Boston (1968), 10 Rillington Place est le troisième volet de la «true crime trilogy» de Fleischer. C’est le meilleur (à mon avis) de ces trois excellents films, le plus éprouvant aussi. Fleischer choisit le parti-pris de la sobriété dans une mise en scène à la limite du documentaire et une gamme de couleurs d’une tristesse absolue qui reflète l’horreur froide de l’histoire et la détresse des personnages. La reconstitution des meurtres et de leurs conséquences est présentée dans leur ordre minutieux, selon une logique de machine infernale muée par la perversité de Christie et la naïveté d’Evans : le sentiment de malaise qui envahit le spectateur dès la première scène ne se relâche plus durant les 110 minutes du film. Une véritable plongée dans les abysses de l'âme humaine.
Richard Attenborough (méconnaissable en papy psychopathe, menteur et mythomane) et le jeune John Hurt (formidable en père de famille illettré, menteur et mythomane lui-aussi) incarnent leurs deux personnages à la perfection. A eux deux, ils transmettent au spectateur toute la palette des émotions, de l’abattement à la rage, de l’incompréhension au cynisme : un magnifique duel d’acteurs. La situation du personnage d’Evans, irrespirable, fait penser à celle d’une mouche prise dans une toile d’araignée. Le jeu de Hurt pendant la scène de son procès devrait être étudié dans tous les cours d’art dramatique.
Aucun effet gratuit dans ce film courageux et pionnier, à mille lieux des films popcorn de serials-killers actuels. Aucun moralisme non plus : seulement la narration épurée d'un enchaînement terrible de circonstances et d’un cas exemplaire d’erreur judiciaire. L'ensemble des scènes et dialogues est tiré des témoignages d'époque et des transcriptions des deux procès (Evans et Christie). Le fait de savoir que Fleischer a réalisé son film sur les lieux-mêmes des crimes, juste avant que l’impasse de Rillington Place ne soit démolie, fait, quand on y pense, froid dans le dos.
NB : Le film présente la version telle qu'elle est racontée dans le livre essentiel sur l'affaire Christie : 10 Rillington Place de Ludovic Kennedy (qui a d'ailleurs été consultant sur le tournage). Aujourd'hui encore, les avis des spécialistes divergent sur la responsabilité possible d'Evans dans le meurtre de sa femme et de sa fille.
Excellente critique du film par Lourcelles dans son «Dictionnaire du Cinéma».
Excellent DVD Z2 UK avec commentaires de John Hurt et interview d'Attenborough. Pas de stf malheureusement.
Quelqu'un a vu ce diamant noir ?
Le toujours étonnant Richard Fleischer s'attaque au scalpel au cas criminel qui a fait tomber la peine de mort en Grande-Bretagne : celui de John Reginald Christie, pervers sexuel et tueur en série des années 1940-1950. Christie anesthésiait chez lui (dans une petite maison ouvrière du 10 Rillington Place, Londres) des femmes auxquelles il proposait divers services médicaux (du soin de rhume à l'avortement), les violait, les tuait et cachait leur corps dans le jardin, les murs, sous le plancher… Un jeune couple (Tim & Beryl Evans) avec un bébé loue pour son malheur un deux-pièces dans la maison…
Après Compulsion (1958) et L’Etrangleur de Boston (1968), 10 Rillington Place est le troisième volet de la «true crime trilogy» de Fleischer. C’est le meilleur (à mon avis) de ces trois excellents films, le plus éprouvant aussi. Fleischer choisit le parti-pris de la sobriété dans une mise en scène à la limite du documentaire et une gamme de couleurs d’une tristesse absolue qui reflète l’horreur froide de l’histoire et la détresse des personnages. La reconstitution des meurtres et de leurs conséquences est présentée dans leur ordre minutieux, selon une logique de machine infernale muée par la perversité de Christie et la naïveté d’Evans : le sentiment de malaise qui envahit le spectateur dès la première scène ne se relâche plus durant les 110 minutes du film. Une véritable plongée dans les abysses de l'âme humaine.
Richard Attenborough (méconnaissable en papy psychopathe, menteur et mythomane) et le jeune John Hurt (formidable en père de famille illettré, menteur et mythomane lui-aussi) incarnent leurs deux personnages à la perfection. A eux deux, ils transmettent au spectateur toute la palette des émotions, de l’abattement à la rage, de l’incompréhension au cynisme : un magnifique duel d’acteurs. La situation du personnage d’Evans, irrespirable, fait penser à celle d’une mouche prise dans une toile d’araignée. Le jeu de Hurt pendant la scène de son procès devrait être étudié dans tous les cours d’art dramatique.
Aucun effet gratuit dans ce film courageux et pionnier, à mille lieux des films popcorn de serials-killers actuels. Aucun moralisme non plus : seulement la narration épurée d'un enchaînement terrible de circonstances et d’un cas exemplaire d’erreur judiciaire. L'ensemble des scènes et dialogues est tiré des témoignages d'époque et des transcriptions des deux procès (Evans et Christie). Le fait de savoir que Fleischer a réalisé son film sur les lieux-mêmes des crimes, juste avant que l’impasse de Rillington Place ne soit démolie, fait, quand on y pense, froid dans le dos.
NB : Le film présente la version telle qu'elle est racontée dans le livre essentiel sur l'affaire Christie : 10 Rillington Place de Ludovic Kennedy (qui a d'ailleurs été consultant sur le tournage). Aujourd'hui encore, les avis des spécialistes divergent sur la responsabilité possible d'Evans dans le meurtre de sa femme et de sa fille.
Excellente critique du film par Lourcelles dans son «Dictionnaire du Cinéma».
Excellent DVD Z2 UK avec commentaires de John Hurt et interview d'Attenborough. Pas de stf malheureusement.
Quelqu'un a vu ce diamant noir ?
... and Barbara Stanwyck feels the same way !
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
Oui j'aime énormément ce film et j'apprécie que Fleischer ait fait une oeuvre très différente formellement de son Etrangleur de Boston (que j'aime encore plus d'ailleurs). La violence sourde et le malaise persistant tout le long du film sont deux aspects qui frappent tout de suite le spectateur. La méthodologie emplyée est celle d'une reconstitution minutieuse, presque distanciée, mais celle-ci est comme parasitée de l'intérieur par des sensations et des sentiments malsains et profondément dérangeants parfaitement véhiculés par des comédiens en état de grâce.
-
- Producteur Exécutif
- Messages : 7321
- Inscription : 23 oct. 04, 12:29
- Contact :
-
- Ophely, no soucy
- Messages : 2541
- Inscription : 2 juil. 04, 14:32
- Localisation : RIP !!!
- Jack Griffin
- Goinfrard
- Messages : 12389
- Inscription : 17 févr. 05, 19:45
Je n'ai pas vu Compulsions mais 10 rillington place est en effet une espéce d'antithèse de l'étrangleur de boston bien qu'il se termine tout deux un peu de la même manière (la respiration du tueur qu'on entend au générique). Le caractère hétéroclite du précédent film fait place à une impressionante épure, au niveau des couleurs ,des décors dans lesquelles ont ressent une très grande solitude. C'est un film presque déserté, peut être encore plus abstrait que The Boston Strangler malgré cet aspect documentaire et l'absence d'effet dans la mise en scène. J'ai été une fois de plus encore très surpris par le cinéma de Fleischer, qui était un touche à tout vraiment brillant.
-
- Lanternarius Asensioniste
- Messages : 1146
- Inscription : 6 mars 04, 18:19
10 RILLINGTON PLACE [L'étrangleur de Rillington Place]
Le master télédiffusé était doté d'une image trop lissée, à dominante jaune qui ne rend pas justice aux nuances colorimétriques de la copie chimique. Et quelques rémanences désagréables étaient aussi au rendez-vous. Le son mettait me semble-t-il trop en avant les dialogues par rapport aux effets sonores et à la musique, toujours par rapport à mon souvenir de la projection vue en salle.
Mais je conçois que pour ceux qui l'ont découvert hier soir pour la première fois, cela ait été une source de bonheur car le film est - comme je l'avais déjà écrit plusieurs fois ici-même - tout bonnement génial.
Mais je conçois que pour ceux qui l'ont découvert hier soir pour la première fois, cela ait été une source de bonheur car le film est - comme je l'avais déjà écrit plusieurs fois ici-même - tout bonnement génial.
"Felix qui potuit rerum causas cognoscere "
-
- Monteur
- Messages : 4876
- Inscription : 22 avr. 03, 14:12
- Localisation : Francilien
-
- Laspalès
- Messages : 17396
- Inscription : 13 avr. 03, 11:05
- Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
- Contact :
-
- Déçu
- Messages : 24390
- Inscription : 12 oct. 04, 00:42
- Localisation : dans les archives de Classik
-
- Stagiaire
- Messages : 98
- Inscription : 19 nov. 10, 12:02
Re: 10 Rillington Place (Richard Fleischer, 1971)
Le film est diffusé sur TCM le vendredi 20 janvier, en début de matinée (vers 8h je crois).
Un film glaçant, un peu desservi par son titre français inutilement racoleur, mais à ne surtout pas manquer.
Un film glaçant, un peu desservi par son titre français inutilement racoleur, mais à ne surtout pas manquer.
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 30344
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
- Localisation : En pause
Re: 10 Rillington Place (Richard Fleischer, 1971)
Attenborough est au-delà de l'exceptionnel, un tres grand film, l'un des meilleurs Fleischer pour ma part (et il en a fait, des grands films)
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
- cinephage
- C'est du harfang
- Messages : 23919
- Inscription : 13 oct. 05, 17:50
Re: 10 Rillington Place (Richard Fleischer, 1971)
En effet, je partage entièrement ton avis. Un film dur et marquant, très précis dans sa reconstitution de la vie du tueur du 10, Rillington Place, que je recommande moi aussi très fortement. Une des grandes réussites de R.Fleischer.bickle a écrit :Le film est diffusé sur TCM le vendredi 20 janvier, en début de matinée (vers 8h je crois).
Un film glaçant, un peu desservi par son titre français inutilement racoleur, mais à ne surtout pas manquer.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
- Père Jules
- Quizz à nos dépendances
- Messages : 16901
- Inscription : 30 mars 09, 20:11
- Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante
Re: 10 Rillington Place (Richard Fleischer - 1971)
Pas mieux. J'aime beaucoup Fleischer en règle général et ce film là figure dans mon top 5 de sa filmographie.
Le meilleur rôle d'Attenborough probablement.
Le meilleur rôle d'Attenborough probablement.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24136
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: 10 Rillington Place (Richard Fleischer - 1971)
De même, j'aime énormément Fleischer et c'est un de ses plus beaux films, d'une certaine manière l'aboutissement de son étude criminelle avec un immense Richard Attenborough. Le décor est notamment remarquable, dans son choix et son utilisation.
- Kevin95
- Footix Ier
- Messages : 18368
- Inscription : 24 oct. 04, 16:51
- Localisation : Devine !
Re: 10 Rillington Place (Richard Fleischer, 1971)
Et le jeu d'Attenborough et le plan final !!!cinephage a écrit :En effet, je partage entièrement ton avis. Un film dur et marquant, très précis dans sa reconstitution de la vie du tueur du 10, Rillington Place, que je recommande moi aussi très fortement. Une des grandes réussites de R.Fleischer.bickle a écrit :Le film est diffusé sur TCM le vendredi 20 janvier, en début de matinée (vers 8h je crois).
Un film glaçant, un peu desservi par son titre français inutilement racoleur, mais à ne surtout pas manquer.
Messieurs les éditeurs, c'est un ordre vous me sortez ce film en DVD tout de suite !
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)