Dans la foulée du premier opus, j’ai décidé de redonner une chance à ce
monde perdu. Je dois dire que j’ai décidé de mettre un peu d’eau dans mon vin... mais juste un peu. L’argument du film est pourtant enthousiasmant. Désireux d’éviter la redite, Spielberg abandonne l’émerveillement inhérent à
jurassic park et va s’orienter vers le film de monstre qu’il souhaitait à l’époque éviter à tout prix. Une belle promesse de cinéma d’aventure pour un film qui calque sa structure sur
king kong (je n’avait pas remarqué que le bateau transportant le T-rex était le S.S Venture) et faisant preuve de pas mal de décomplexion (l’anachronisme de la séquence du safari évoque
la vallée de Gwahi, OFNI où des cow-boys se frottent au fameux sauriens), allant même jusqu’à faire des blagues à la con (lorsque le bus défoncent le vidéoclub, on peut remarquer des affiches bidons de film avec Robin Williams et Tom Hanks, ainsi qu’une version du
roi Lear avec Schwarzenegger dans le rôle titre
). Si le rapport à la technologie n’a plus sa place, le sujet reste parfait pour évoquer la frontière entre modernité et primitivité en offrant quelques belles illustrations (le passage où les deux personnages féminins creusent un passage pour s’enfuir du hangar alors que les raptors font de même de leurs côtés pour entrer, le chasseur apprenant la peur de l’homme à un petit bestiau avant que celui-ci ne se venge en groupe, l’arrivée du T-rex en ville mis en parallèle avec des douaniers aux prises avec des immigrés récalcitrant).
Ça aurait du être très sympa surtout que contrairement à ce que je disais précédemment, Spielberg est loin d’être laxiste à la réalisation. Sa mise en scène reste remarquable dans sa recherche d’immersion et de spectaculaire, la photographie est excellente et John Williams réinvente brillamment sa partition. Mais qu’est-ce qui coince dans ce film ? Un sentiment de lourdeur peut-être. Lourdeur dans l’introduction (tout le monde a pointé du doigt les dialogues entre Hammon et Malcom) mais également dans tout le film dont le déroulement est fort pesant entre des personnages peu attachants (quelle idée d’avoir choisi le chaoticien plutôt que Grant l’aventurier pour mener l’équipe) et un enchainement pesant de péripéties. Car c’est là le grand problème : des scènes d’actions incroyablement bien filmés mais jamais bouleversantes à cause de leurs idées abracadabrantesques (jamais rien compris au passage de la glace suspendu danhs le vide) ou maigrement exploitées (le dernier acte très bancal, le T-rex se contentant de provoquer quelques accidents de la route et de bouffer le scénariste qui de toute façon ne méritait que ça). Toute la virtuosité de Spielberg et les fabuleux effets spéciaux ne peuvent m’enlever cette impression d’un film qui n’est absolument pas à la mesure de ce qu’il est censé offrir.