2046 (Wong Kar Wai, 2004)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Requiem
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2046 (Wong Kar Wai, 2004)

Message par Requiem »

Voilà, c'est ci que vous balancez toutes les photos et révélations que vous voulez, moi je m'en cogne, ça me permet de lire le topic sur Cannes sans craintes. A vous ! :wink:
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Brice Kantor
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Message par Brice Kantor »

Bon bah revoilà le dossier de presse du film au pitch le plus extraordnaire de l'Histoire du cinéma.

http://www.ocean-films.com/2046/presse.htm
Majordome
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Message par Majordome »

Mac Lean a écrit :Bon bah revoilà le dossier de presse du film au pitch le plus extraordnaire de l'Histoire du cinéma.

http://www.ocean-films.com/2046/presse.htm
2046, année de fin de la période de transition pour Hong-Kong.
Article teasing très intéressant dans télérama.
Jordan White
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Message par Jordan White »

La photo a l'air très belle et les décors soignés.
Je dirai même que ça l'air d'être un monument plastique, mais je ne dis cela qu'à la vue de quelques images, et je ne sais pas ce que cela peut donner au niveau émotion, si c'est un film qui reste à la surface des choses où qui nous fait rentrer dans une ambiance délicate et un climat travaillé.
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Brice Kantor
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Message par Brice Kantor »

Majordome
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Message par Majordome »

La projection de presse a été annulée car le film n'était toujours pas prêt. Le cinéaste est attendu pour la fin de la journée avec la version finale à projeter à 19H... mais rien n'est sûr !!! :)
Infos entendues ce matin sur France-Inter.
Brice Kantor
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Message par Brice Kantor »

Pour pas que Requiem lise, je met ça là donc :)

Applaudissements de 10 minutes à la fin du film, mais... disont que oui c'est partagés même si je pense que certains ont du beaucoups appréciés.

Visiblement l'aspect S.F suturiste est juste un léger background et l'ensemble serait assez proche d'une mosaïque puzzle proche des "Cendres du temps". Ce qui ne serait pas pour me déplaire. Gong li n'aurait qu'un petit rôle, et Maggie ne ferait que passer.

Finalement parvenu dans les délais, in extremis, pour sa présentation au 57e Festival de Cannes, le film "2046" du réalisateur hong-kongais Wong Kar-wai a reçu jeudi soir un accueil favorable, mais partagé.

Une partie des spectateurs de la séance officielle, à 19h30 dans la grande salle du Palais des festivals, et des journalistes dans la séance de presse, à la même heure dans une autre salle, ont applaudi et trouvé le film d'une grande qualité et d'une extrême beauté.

Une autre partie des festivaliers, cependant, ont été un peu déçus par certaines longueurs, un montage parfois surprenant (mais il ne s'agit sans doute pas de la version définitive), et s'interrogeaient sur la capacité du film à décrocher la Palme d'or, samedi soir.

A l'issue de la séance officielle, "2046", en présence de l'équipe du film, a été applaudi une petite dizaine de minutes. Depuis le début du Festival, ce sont "Fahrenheit 9/11" de l'Américain Michael Moore et "Carnets de voyage" du Brésilien Walter Salles qui ont reçu les plus belles ovations du public.

Les séances de presse du jeudi matin et de l'après-midi de "2046" avaient été annulées, la livraison des bobines du film ayant pris du retard, ce qui a encore alimenté sur la Croisette les rumeurs sur la longueur du tournage, qui s'est étalé sur plus de quatre années, et sur les multiples changements de scénario.

"2046" est une sorte de puzzle, d'une grande beauté visuelle, avec une dominante des couleurs verte et rouge, et une grande présence musicale: comme dans "In the Mood for Love" il y a quatre ans, des airs d'opéra ou des chansons d'amour italiennes ou américaines des années 60.

L'histoire reprend le personnage interprété par Tony Leung, un écrivain qui, dans une chambre d'hôtel de Hong Kong dans les années 60, écrit un livre de science-fiction sur un train en route vers 2046. Mais c'est un train dont il est le seul voyageur, et dans lequel ses souvenirs reprennent le dessus. 2046 fait référence implicitement à l'année qui précèdera le 50e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine: "pourquoi ne peut-on redevenir comme avant?", fait dire à l'écrivain (mais il parle de ses amours) Wong Kar-wai, né à Shanghai et qui émigra à Hong Kong à l'âge de cinq ans.

2046 est aussi le numéro de la chambre d'hôtel voisine de celle de l'écrivain, dans laquelle une jeune prostituée sera l'une des femmes de sa vie. Le personnage est interprété par Zhang Ziyi, star montante du cinéma chinois qu'on a vue dans "Tigre et dragon", "Hero" et "House of Flying Daggers" présenté mercredi à Cannes hors-compétition.

En revanche la sublime Gong Li, que le dossier de presse pouvait laisser supposer rôle féminin principal, n'a qu'un rôle secondaire, de quelques minutes. De même, la plupart des spectateurs des deux séances de jeudi soir ont eu du mal à apercevoir dans le film la présence de l'inoubliable partenaire de Tony Leung dans "In the Mood for Love", Maggie Cheung, annoncée dans le dossier de presse en "participation exceptionnelle".

L'histoire raconte la vie amoureuse de l'écrivain et les rencontres avec les femmes qui ont marqué sa vie, dans cet hôtel ou dans ses souvenirs: la jeune prostituée, une joueuse professionnelle, la fille du patron de l'hôtel, etc.

Selon toute vraisemblance le montage définitif du film n'aura pas lieu avant sa sortie publique, prévue (sous réserves) pour le 27 octobre en France, selon la revue spécialisée "Le Film Français". En attendant, "2046" passera l'épreuve de l'appréciation du jury cannois présidé par Quentin Tarantino: Palme ou pas Palme, palmarès ou pas palmarès? Réponse samedi soir. AP

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Vic Vega
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Message par Vic Vega »

Mac Lean a écrit : Visiblement l'aspect S.F suturiste est juste un léger background et l'ensemble serait assez proche d'une mosaïque puzzle proche des "Cendres du temps".
Ce qui ne serait pas étonnant vu que l'avis de Tournesol correspond plus ou moins à que j'ai pu ressentir lors de mon premier visionnage des Cendres du Temps. D'un autre côté, les échos festivaliers d'un film plastiquement superbe mais froid auraient tendance à se rapprocher de mon impression sur In the Mood for Love. Inutile de dire que je préfèrerais que ce soit le premier cas.
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Je me dois de poster ce message ici et maintenant... cf. mon nombre de posts ! 8)
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Message par DannyBiker »

Enzo a écrit :Je me dois de poster ce message ici et maintenant... cf. mon nombre de posts ! 8)
Sauf que maintenant, tu ne pourras plus poster avant la disparition du topic au risque de rendre ton post incompréhensible.

Un suisse de moins, un !
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Bon...
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Message par Ouf Je Respire »

2049, la suite de 2046? :arrow:
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Message par Brice Kantor »

Pas de gros spoilers, mais attention si vous voulez ne pas trop en savoir sur le film

2046" de Wong Kar-waï était certainement le film le plus attendu de la compétition au 57ème festival de Cannes. Après plusieurs rebondissements, le long métrage a finalement été projeté jeudi soir mais il est cependant vraisemblable que la version montrée au Palais des festivals ne représente pas le montage définitif. Car "2046" laisse le sentiment diffus d'un film incomplet malgré une mise en scène d'un raffinement extrême et deux actrices somptueuses, Gong Li et Zhang Ziyi.
Comme toujours avec Wong Kar-waï, rien n'est simple en effet. La projection de presse était à l'origine prévue jeudi matin. En raison d'un retard dans l'acheminement de la copie, selon un communiqué du festival, le film n'a finalement été montré à la presse que dans la soirée.

Il est difficile d'évoquer Wong Kar-waï sans parler en même temps de son acteur fétiche Tony Leung, qui a joué dans huit de ses films. Il obtint le Prix d'interprétation masculine à Cannes en 2000 avec "In the Mood for Love". "2046" est un numéro de chambre d'hôtel qu'occupent de jolies jeunes femmes. Dans la chambre à côté, la "2047", Chow Mo Wan (Tony Leung, qui reprend son personnage d'"In the Mood for Love"), un journaliste, les voit arriver et entreprend de les séduire. Chow est aussi écrivain. Dans son roman, quelque part dans un futur peuplé d'androïdes féminins, un train fait route vers 2046. Ses passagers sont en route pour retrouver des souvenirs perdus. Aucun n'en revient, sauf lui qui veut changer.

Par rapport à "In the Mood for Love", puisque la comparaison vient immédiatement à l'esprit, le traitement, les dialogues, le scénario sont plus rudes. Finie l'exquise sensualité de la caméra qui promenait son regard amoureux sur Maggie Cheung. Le regard du cinéaste est moins enrobé de maniérisme. Toutes les scènes censées se situer dans le fameux train baignent dans une lumière écrasante qui avale tout, qu'elle soit rouge vif ou bleu abyssal. En opposition totale sont les séquences à Singapour et à Hong Kong dans les années 60, dans des décors rendus somptueusement miteux, qui donnent la furieuse impression d'être l'exact reflet des états d'âme des protagonistes. Ces décors où volètent quelques éclairages artificiels acidulés, on les avait déjà dans "In the Mood for Love", mais ils faisaient d'autant plus ressortir la beauté irradiante de Maggie Cheung. Quatre ans plus tard, les personnages s'y fondent.

SAUVAGERIE

Alors que l'on attendait surtout Gong Li - réduite en une icône de noir et de rouge - pour succéder à Maggie Cheung, c'est en fait Zhang Ziyi ("Tigres et Dragons") qui tient la vedette. Mais Chow et Bai (Zhang Ziyi) sont occupés à attiser leurs feux mutuellement. Le cinéaste est très clair à ce sujet : fini l'élégante retenue d'une relation impossible d'"In the Mood for Love" pour tomber dans la sauvagerie d'une liaison consommée puis brûlée par les aptitudes au marivaudage du partenaire masculin. Que la relation sexuelle ait lieu ou non ne fait d'ailleurs pas grande différence et la douleur se trouve toujours en bout de course.

Douleur que l'on peut tenter de résorber par exemple en écrivant un roman comme "2046" où la femme est une androïde, donc peu susceptible de souffrir ou de faire souffrir. La maîtrise de Wong Kar-waï est époustouflante, on le savait déjà, et là encore sa mise en scène est d'un raffinement extrême. Elle mêle élégamment le dessin animé (la scène d'introduction du voyage vers 2046 est une animation en noir et blanc) à la pellicule argentique classique. Aucun plan, aucun cadrage n'est insignifiant. Quant aux dialogues, leur ossature a été travaillée au scalpel et il n'en reste plus que la moelle.

On pouvait pourtant légitimement ressentir une petite déception à l'issue de la projection - et de fait, "2046" n'a pas été le triomphe annoncé - en raison du sentiment diffus d'un film incomplet. Il est bien possible que Wong Kar-waï ait filmé bien plus que les deux heures montrées sur la Croisette et que l'oeuvre définitive soit encore en travaux.

Europe1
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Message par Philip Marlowe »

Bonne critique du Monde (à survoler pour ceux qui ne veulent pas trop en savoir).
"2046" : amours à contretemps dans une chambre d'hôtel
LE MONDE | 21.05.04 | 14h44
Retour à Cannes de Wong Kar-wai, réalisateur de "In the Mood for Love", qui n'avait reçu qu'un prix technique en 2000 avant de connaître un succès exceptionnel à sa sortie en salles. Arrivé in extremis sur la Croisette, le nouveau film du Chinois est en piste pour la Palme.
Film chinois de Wong Kar-wai avec Tony Leung, Zhang Ziyi, Gong Li, Takuya Kimura, Faye Wong, Maggie Cheung. (2 heures.)

Fébrilité. Le film était annoncé à Cannes en 2002, puis en 2003. Terminé depuis quelques jours à peine, acheminé avec retard, 2046, dont rien n'avait filtré avant sa projection (ce titre énigmatique annonçait-il un film de science-fiction ?), a contraint l'organisation du Festival de Cannes à modifier les grilles de programmation du jeudi 20 mai. L'accès à la salle s'est opéré dans une certaine bousculade. Puis la lumière fut.

De science-fiction, Wong Kar-wai livre quelques plans. Une métropole de bande dessinée, jungle austère de gratte-ciel animée par une ligne de train à grande vitesse. Décor brut, sans fantaisie, tel un cellulo sans gouache. Puis une vue du subway de l'intérieur, tubulure de chrome et métal sur laquelle fonce un train vertigineux, vers un horizon sans fond. Enfin, un refuge improbable, où un homme, look rock, tente de convaincre une androïde, coiffure punk, de partir avec lui vers 2046. En vain. Yeux fixes, la fille ne répond pas.

PRÉMONITION EN TROMPE L'ŒIL

Ce prologue est un leurre. Une projection de l'esprit. Car le héros, Tony Leung, acteur fétiche de Wong Kar-wai, costumes sombres, moustache à la Jean Sablon, irréductible sourire d'enfant triste, est un écrivain qui noircit des pages où la prémonition est en trompe l'œil. Le train qui, dans son roman, fonce vers 2046 est en travelling arrière. Stylo en main, c'est à une mélancolique recherche du temps évanoui qu'il se livre, tentant par l'écriture de changer le cours d'événements passés. En vain. Film à la construction littéraire, songe ponctué de paragraphes poético-romantiques, 2046 dévide un subtil chaos de réminiscences, une litanie de souvenirs, de désirs, de rêves, d'occasions perdues.

2046 est le numéro d'une chambre d'hôtel. Le narrateur y retrouva jadis, par hasard, une fille des rues qu'il avait fréquentée dans une vie précédente. Il voulut s'y installer à son tour, il découvrit que la fille y avait été assassinée. Longtemps locataire du 2047, il hantera ce couloir d'hôtel, épiant le défilé des pensionnaires féminines, leurs relations avec des amants de passage, invitant lui-même ses conquêtes. Tout, dans ce ballet d'ombres et de lumières, ce jeu de voyeur, ces intrusions dans l'intimité, évoque le chassé-croisé des chastes amoureux de In the Mood for Love, ce joyau hypnotique que les jurés du Festival de Cannes avaient cru bon d'ignorer en 2000 (hormis un ridicule prix technique).

Nul changement de cap chez Wong Kar-wai. Si, à la différence de In the Mood for Love, où les deux personnages, mariés chacun de leur côté, se contentaient de frôlements et de désirs réprimés, 2046 explore l'empire des sens et les jeux de séduction pervers. La forme poétique est la même, hypnotisante, orchestrant le déplacement des corps sur un tempo lancinant, fixant les volutes de la fumée des cigarettes, cultivant une obsédante ritournelle de robes à motifs floraux, pull-over sans manches, chaussures à talons, airs d'opéra ou romances de crooners. Musique, vêtements flamboyants, répliques languides font écho aux d'états d'âme de ces maudits nés dans le culte de Nat King Cole ou des cha-cha-cha de Singapour.

Il s'agit encore de frustration, de rapprochements trop fugitifs. Que Tony Leung évoque le passage d'une jeune fille dotée d'un soupirant japonais aux émois épistolaires, celui de la joueuse de casino, mygale au gant noir, qui porte le même nom (Su Lizhen) que celui d'une femme aimée jadis, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, ou encore celui de la fille de la chambre d'à côté, farouche, éperdue, qu'il met sur la braise, toujours revient la fatalité des amours impossibles. 2046 fait le bilan de pudeurs malencontreuses, de jeux dangereux, de dérobades et d'approches non sincères. Pour la beauté du geste littéraire ou mû par un égoïsme cruel, le narrateur s'autorise toutes les lâchetés, se livre au trafic vénal, se retranche dans son abri. Il se "prête", ne donne rien, ne revient guère sur ses pas.

À PILE OU FACE

Dans 2046, ni les hommes ni les femmes ne sortent du labyrinthe. Les unes passent. Elles résistent, monnayent leurs charmes, jettent leur venin, succombent. Elles ont parfois les meilleures cartes en main. L'amour se joue à pile ou face. Unilatéral. Impossible d'être "happy together". Tony Leung est perdant chaque fois qu'il croit pouvoir abattre un atout. Il est cynique chaque fois qu'il veut avoir le dernier mot. Il et elles aiment chaque fois trop tôt ou trop tard. Ils se désirent à contretemps, à contre-distance. En dissonances. Leurs gestes sont inconséquents, leurs plans sont éphémères. L'écrivain ne change pas de mine. Les femmes défilent, les femmes pleurent. Il y a trop de silences, trop de non-dits, trop d'orgueil après l'ivresse, devant les billets de banque, de chaque côté de la table du restaurant. Il est des réveillons de Noël à vous arracher l'âme.

Palme d'or en puissance, le sublime film de Wong Kar-wai vient de hausser d'un cran le niveau du Festival. Nous sommes là en présence d'un très grand créateur, dont les images marquent l'inconscient. Sa caméra imprime une sorte de danse, sa virtuosité esthétique fait sourdre une émotion instinctive. Tous les actes, même au comble du déchirement, paraissent doux, ralentis, figés par le temps, même lorsqu'ils laissent deviner une douleur extrême. S'il est des sanglots longs, jamais ici l'expression du chagrin ne s'éternise. La solitude perdure, la confusion des sentiments s'exacerbe.

Tout sursaut semble inutile. Comme si tout espoir se diluait dans le fondu enchaîné des destins, chacun des protagonistes étant abandonné à ses mémoires jaunies.

La mise en scène fugitive des attirances en faux-semblants rend bouleversante l'expression de ces désespoirs incandescents. Il y a quelque chose de durassien dans la manière dont Wong Kar-wai fait ressurgir des échos passionnels et rétros à doses de voix, de vertiges psychiques, de blessures intimes. La beauté de certains films policiers tient à la décision de leurs auteurs d'avoir tenu, pour accroître la tension et suggérer l'ineffable, à laisser la caméra derrière la porte. Ici, Wong Kar-wai, qui se revendique disciple d'Hitchcock, parle d'assassinat des cœurs en guettant l'infime des soupirs et l'écho obsessionnel des fulgurances étouffées.

Jean-Luc Douin
Bob Harris

Message par Bob Harris »

J'espère que ce film n'aura rien ce soir.

1) On n'engage pas Maggie Cheung si c'est pour la supprimer au montage final sans même avoir eu l'élégance de la prévenir.

2) Livrer les copies au dernier moment juste pour le plaisir de provoquer un "buzz" cannois, je trouve que c'est un peu puéril de la part de Wong Kar-Wai. Il savait que son film serait déjà selectionné à Cannes sans même l'avoir terminé, et il profite à fond de son statut de super-auteur alors que d'autres cinéastes aimeraient tellement montrer leur nouveau film à Cannes.

3) Quand on fait un film, il faut savoir prévoir un minimum de choses . Là, j'ai l'impression que Wong Kar-Wai a abusé de son temps, fait ce qui lui plaît, tourne des heures et des heures de pellicule en attendant que la magie opère, gaspille le tout, puis retourne des scènes encore et encore, comme si de rien n'était, etc... Au bout de QUATRE ans, tout cette volonté de perfectionnisme absolu devient extrêmement capricieux. On dirait que WKW adpote la position de l'enfant gâté. Et quand on pense que 2046 était attendu pour Cannes 2002, puis Cannes 2003, ça la fout un peu mal.

4) Pas de 4.
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