Andrzej Wajda (1926-2016)
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Andrzej Wajda (1926-2016)
Je me souviens aujourd'hui d'un film que j'ai vu à sa sortie, (ouh lala déjà 18 ans ) de ce réalisateur Andrzej Wajda qui ne m'avait pas laissé insensible du tout, bien au contraire.
CHRONIQUE DES EVENEMENTS AMOUREUX
de Andrzej Wajda (1986)
avec Paulina Mlynarska, Piotr Wawrzynczak, Bernadetta Machala, ...
j'aimerais beaucoup refaire connaissance avec ce réalisateur , et notamment avec ce film .
Quels sont les films de Wajda qui ont votre préférence ? et que pensez vous de lui ?
CHRONIQUE DES EVENEMENTS AMOUREUX
de Andrzej Wajda (1986)
avec Paulina Mlynarska, Piotr Wawrzynczak, Bernadetta Machala, ...
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Kanal et Cendres et diamant sont les deux films de Wajda qui m'ont fait le plus d'effet. Deux films de guerre poignants entre réalisme brutal et expression baroque. Deux grandes oeuvres.
Je conseille aussi ses deux films historiques anti-stalinien L'homme de marbre (surtout) et L'homme de fer. Et sa belle fresque La terre de la grande promesse d'une grande beauté picturale.
J'aime bien son Danton, un film animé d'une belle énergie (selon mes souvenirs) et montrant une intéressante opposition entre Robespierre et Danton (avec deux superbes interprétations de Wojciech Pzoniak et Gérard Depardieu).
Je reste partagé sur son Korczak à cause de ses part-pris oniriques, mais je ne suis pas d'accord sur les accusations d'antisémitisme. La mise en scène et la photo sont remarquables (c'est là qu'on a découvert le talent de Janusz Kaminski, que Spielberg a engagé après avoir apprécié son travail).
Je conseille aussi ses deux films historiques anti-stalinien L'homme de marbre (surtout) et L'homme de fer. Et sa belle fresque La terre de la grande promesse d'une grande beauté picturale.
J'aime bien son Danton, un film animé d'une belle énergie (selon mes souvenirs) et montrant une intéressante opposition entre Robespierre et Danton (avec deux superbes interprétations de Wojciech Pzoniak et Gérard Depardieu).
Je reste partagé sur son Korczak à cause de ses part-pris oniriques, mais je ne suis pas d'accord sur les accusations d'antisémitisme. La mise en scène et la photo sont remarquables (c'est là qu'on a découvert le talent de Janusz Kaminski, que Spielberg a engagé après avoir apprécié son travail).
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Le dernier, La Revanche(2003) est l'adaptation d'une pièce de théatre du XVIème siècle d'un dramaturge polonais qui fait penser très fort à Molière. C'est esthétique, drôle, léger, très divertissant, et on y voit un Roman polanski particulièrement étonnant y interpréter avec maestra l'un des premier rôles.
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Egalement une adapatation des Possédés qui m'avait bien plue (en 87... je pourrais tempérer mon jugement ayant lu le roman depuis).
Sinon sans conteste, mes préférences vont vers Cendres et diamants et Korzack avec une Wojtek Pszoniak ahurissant (à noter une scène finale assez contestable).
Mes autres souvenirs sont trop flous, je peux juste citer des noms comme Le Bois de bouleaux ou Le Chef d'orchestre.
Sinon sans conteste, mes préférences vont vers Cendres et diamants et Korzack avec une Wojtek Pszoniak ahurissant (à noter une scène finale assez contestable).
Mes autres souvenirs sont trop flous, je peux juste citer des noms comme Le Bois de bouleaux ou Le Chef d'orchestre.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Oui, Korzack a été accusé d'antisémitisme à sa sortie pour avoir montré des comportements peu reluisants de certains Juifs du guetto sans avoir pris la peine de relativiser leur portée face à la monstruosité nazie. Tu ajoutes la fin "onirique" taxée de révisionnisme et tu obtiens un cocktail détonnant.
J'ai trouvé toutes ces accusations bien exagées et certains devraient arrêter de hurler au loup à chaque fois.
La scène onirique finale a une justification dramatique dans le sens où elle fait référence à un conte cité dans le film et qui a son importance dans la relation de Korzack aux enfants. Cela dit, on peut se sentir gêné par cette fin, ce qui est mon cas.
J'ai trouvé toutes ces accusations bien exagées et certains devraient arrêter de hurler au loup à chaque fois.
La scène onirique finale a une justification dramatique dans le sens où elle fait référence à un conte cité dans le film et qui a son importance dans la relation de Korzack aux enfants. Cela dit, on peut se sentir gêné par cette fin, ce qui est mon cas.
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Je vois à quoi tu fais allusion sur la fin.
En même temps c'est presque la même que "L'enfance d'Ivan", en fait ?
ça me gêne moins quand c'est onirique que la fameuse scène de la douche bien dans le réel de Schindler. Ce qui n'empêche que Schindler est un très bon film.
Mais j'avais été bouleversé par Korczak.
En même temps c'est presque la même que "L'enfance d'Ivan", en fait ?
ça me gêne moins quand c'est onirique que la fameuse scène de la douche bien dans le réel de Schindler. Ce qui n'empêche que Schindler est un très bon film.
Mais j'avais été bouleversé par Korczak.
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Tout à fait d'accord. Mais j'ai ressenti une gêne tout de même dans le final du film de Wajda.Sergius Karamzin a écrit : ça me gêne moins quand c'est onirique que la fameuse scène de la douche bien dans le réel de Schindler. Ce qui n'empêche que Schindler est un très bon film.
Mais je tombe des nues en entendant que certains ont parlé d'antisémitisme
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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L'Homme de marbre (Wajda, 1977)
Excellent ! Bien sûr on pense à Citizen Kane mais c'est très différent. Il y a beaucoup de niveaux de lecture très imbriqués. On cherche un personnage (un "héros ouvrier" fabriqué par la propagande du régime) à partir de bandes d'actualités cinématographiques de propagande (films d'époques avec inserts par Wajda qui fait du faux film de propagande), de reportages télé, de rushes ainsi que d'interviews de témoins.
L'enquêtrice est une jeune cinéaste qui réalise son film de fin d'études (pour la TV), interprétée par Krystyna Janda, absolument extraordinaire et éclatante à l'écran dans le rôle d'une jeune femme suractive et moderne. L'icône d'un monde qui s'émancipe en découvrant son passé et qui peut ainsi aller de l'avant (le film a toute une dimension psy, probablement). L'acteur qui joue le héros et son fils est très bon aussi.
Le film compare deux époques, la Pologne stalinienne des années 1950 qui s'industrialise et la Pologne moderne et industrielle de la fin des années 1970, qui semble plus libre mais où la censure d'État existe toujours, par la pression discrète et l'oubli. Le héros créé par l'image est déconstruit par l'image et révélé comme véritable héros mais pas au sens où le souhaitait le régime.
On voyage dans une Pologne qui garde les traces architecturales de son passé stalinien, dans une Pologne ouvrière, de sites industriels en sites industriels. Le film commence et se termine de la même façon, par un long travelling qui suit ou précède deux personnages dans un immense couloir, enfermement au départ, ouverture à la fin.
Je ne vais par tarder à regarder la suite, L'Homme de fer.
Le dvd est une édition polonaise, avec STF. Belle image mais en 4:3. Beaucoup de bonus (interviews de Wajda et des acteurs) mais non sous-titrés
Excellent ! Bien sûr on pense à Citizen Kane mais c'est très différent. Il y a beaucoup de niveaux de lecture très imbriqués. On cherche un personnage (un "héros ouvrier" fabriqué par la propagande du régime) à partir de bandes d'actualités cinématographiques de propagande (films d'époques avec inserts par Wajda qui fait du faux film de propagande), de reportages télé, de rushes ainsi que d'interviews de témoins.
L'enquêtrice est une jeune cinéaste qui réalise son film de fin d'études (pour la TV), interprétée par Krystyna Janda, absolument extraordinaire et éclatante à l'écran dans le rôle d'une jeune femme suractive et moderne. L'icône d'un monde qui s'émancipe en découvrant son passé et qui peut ainsi aller de l'avant (le film a toute une dimension psy, probablement). L'acteur qui joue le héros et son fils est très bon aussi.
Le film compare deux époques, la Pologne stalinienne des années 1950 qui s'industrialise et la Pologne moderne et industrielle de la fin des années 1970, qui semble plus libre mais où la censure d'État existe toujours, par la pression discrète et l'oubli. Le héros créé par l'image est déconstruit par l'image et révélé comme véritable héros mais pas au sens où le souhaitait le régime.
On voyage dans une Pologne qui garde les traces architecturales de son passé stalinien, dans une Pologne ouvrière, de sites industriels en sites industriels. Le film commence et se termine de la même façon, par un long travelling qui suit ou précède deux personnages dans un immense couloir, enfermement au départ, ouverture à la fin.
Je ne vais par tarder à regarder la suite, L'Homme de fer.
Le dvd est une édition polonaise, avec STF. Belle image mais en 4:3. Beaucoup de bonus (interviews de Wajda et des acteurs) mais non sous-titrés
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J'avais tout autant été géné que toi par ce plan final final même s'il trouve en effet sa place dans un film que j'avais trouvé admirable, juste et boulversant.Roy Neary a écrit :Oui, Korzack a été accusé d'antisémitisme à sa sortie pour avoir montré des comportements peu reluisants de certains Juifs du guetto sans avoir pris la peine de relativiser leur portée face à la monstruosité nazie. Tu ajoutes la fin "onirique" taxée de révisionnisme et tu obtiens un cocktail détonnant.
J'ai trouvé toutes ces accusations bien exagées et certains devraient arrêtere de hurler au loup à chaque fois.
La scène onirique finale a une justification dramatique dans le sens où elle fait référence à un conte cité dans le film et qui a son importance dans la relation de Korzack aux enfants. Cela dit, on peut se sentir gêné par cette fin, ce qui est mon cas.
Je n'étais pas au courant de ses accusations antisémite que je trouve un peu à coté de la place.
Mon souvenirs de Cendres et diamants commencent à remonter à beaucoup d'années donc ça reste un peu flou mais je me rappele d'un aspect documentaire et romantique avec un aspect visuel super soigné pas si loin que ça de Orson Welles ( lumière stylisée, contre-plongée, travail sur la profondeur de champ ). Le héros avec sa coupe et ses lunettes m'avait fait une grosse impression.
J'avais vraiment adoré et le dvd devrait m'aider à rafraichir ma mémoire
Et donc ce soir découverte de Kanal
Et grosse claque pour un prétendant sévère au film du mois.
C'est une descente en enfer qui plonge au coeur de l'horreur, la folie, l'absurde et le fantastique.
La mise en scène dès le 1er plan(séquence ) est extraodinnaire. La caméra ne lache jamais ses personnages et les colle aux visages captant la fatigue qui les gagnent tout en installant une présence inquiétante.
Le climat oppressant prend à la gorge pour ne plus la lacher en serrant progressant pour finir proche de l'asphixie. Intense !
Je regrette juste l'évolution de certain personnages un peu trop rapide pour que la force soit à son maximun.
Il va falloir que je trouve le reste de sa filmographie mais je sens que celà ne va pas être évident
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Première piste, il y a un coffret Zone 1 avec 8 films sorti chez Vanguard Cinema. Les copies sont pas géniales, mais 16/9 et avec STF (un peu approximatifs), et puis y a pas trop le choix de toute facon.bruce randylan a écrit :Il va falloir que je trouve le reste de sa filmographie mais je sens que celà ne va pas être évident
Le coffret (dispos à l'unité aussi) contient les 3 du coffret Criterion ou Malavida et :
- Panny z Wilka / Les Demoiselles de Wilko,
- Krajobraz po bitwie / Paysage après la bataille
- Ziemia obiecana / La Terre de la grande promesse
- Czlowiek z marmuru / L'Homme de marbre
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Re: Andrzej Wajda
L'homme d'argent ( 1981 )
Le gouvernement communiste polonais "demande" à un journaliste - ancien militant révolutionnaire - d'enquêter sur le fils d'un leader mort lors de manifestation. Cet enquête devrait avoir pour résultat de décrédibiliser le jeune contestataire dont la voix prend de l'importance mais plus le journaliste croise ses proches plus il doute du bien fondé de la mission qu'on lui a confié.
C'est une excellente fresque dont la principale qualité est de ne pas noyer son propos dans un pamphlet purement politique mais présente une gallérie de personnages toujours bien écrits. Le film ne perd jamais de vu l'aspect humain des événements et donne ainsi plus d'âme au scénario ce qui permet de se passionner sans grosse réserve aux 150 minutes que dure cet palme d'or.
La réalisation est également très intéressante entre langage de pure reportage dans un construction très cinématographique. Flash-back, image d'archives et trame principale se mêle harmonieusement au gré d'une caméra très discrète qui capte plus qu'elle ne met en scène. Il s'y dégage autant un souffle romanesque ( qui tend presque vers le policier ) et le documentaire engagé. Visuellement par contre, je pourrai pas dire ce que vaut la photo, la découverte de ce film s'étant faite sur une vieille VHS en Vf.
bref, c'est fait avec autant d'intelligence que de passion. Celà dit je préfère tout de même le Wajda du début des années 60
Le gouvernement communiste polonais "demande" à un journaliste - ancien militant révolutionnaire - d'enquêter sur le fils d'un leader mort lors de manifestation. Cet enquête devrait avoir pour résultat de décrédibiliser le jeune contestataire dont la voix prend de l'importance mais plus le journaliste croise ses proches plus il doute du bien fondé de la mission qu'on lui a confié.
C'est une excellente fresque dont la principale qualité est de ne pas noyer son propos dans un pamphlet purement politique mais présente une gallérie de personnages toujours bien écrits. Le film ne perd jamais de vu l'aspect humain des événements et donne ainsi plus d'âme au scénario ce qui permet de se passionner sans grosse réserve aux 150 minutes que dure cet palme d'or.
La réalisation est également très intéressante entre langage de pure reportage dans un construction très cinématographique. Flash-back, image d'archives et trame principale se mêle harmonieusement au gré d'une caméra très discrète qui capte plus qu'elle ne met en scène. Il s'y dégage autant un souffle romanesque ( qui tend presque vers le policier ) et le documentaire engagé. Visuellement par contre, je pourrai pas dire ce que vaut la photo, la découverte de ce film s'étant faite sur une vieille VHS en Vf.
bref, c'est fait avec autant d'intelligence que de passion. Celà dit je préfère tout de même le Wajda du début des années 60
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"