Panorama du polar à la française
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- Beule
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Panorama du polar à la française
Alors qu'il semble se dégager une (quasi )unanimité autour du Convoyeur mais qu'il est aussi beaucoup question des différentes influences digérées par Boukhrief (Margo et son cross-over Carpentero-Beckerien ), avec notamment la mise en avant d'un héritage seventies que j'avoue peiner à déceler, en tout cas dans le strict cadre du cinéma français, je serais curieux de connaître les références des forumeurs en matière de polar français. Et quelles seraient selon vous, si tant est qu'elles existent, les inspirations les plus éloquentes de BouKhrief et de Besnard?
Pour ma part j'avoue rester assez rétif aux tentatives de variations tissées autour de transpositions des modèles importés (films de casse, de serial-killer). Même l'assez récent Scènes de crime , vers lequel se porte ma préférence, n'offre selon moi qu'un contre-exemple à moitié abouti dans la mesure où il ne parvient pas à préserver son identité jusqu'au bout - la césure offerte par la convention bâclée de la résolution de l'intrigue criminelle.
Je reste plus sensible à l'articulation de drames criminels autour de faits divers plus ou moins crapuleux, propice aux descriptions obsessionnelles et à la mise à nu de la misère et des déviances humaines dont la plus belle expression serait pour moi Max et les ferrailleurs de Sautet, admirable fusion des codes du cinéma de genre qu'il avait repris à ses débuts (Classe tous risques et L'arme à gauche) et de l'univers de collusion sociale qu'il explorerait par la suite.
Ou a-contrario, j'apprécie la reprise des codes propres à l'imagerie du gangstérisme ou de l'univers policier lorsque ceux-ci s'inscrivent dans une imagerie presque patrimoniale, celle de la méticuleuse peinture de milieu appréhendée sous l'angle du quotidien, qu'elle s'exprime sous un prisme documentariste (L627), sous celui d'une idéalisation empathique qui toutefois ne néglige pas le point de vue moral (les peintures du milieu parisien fin de cycle des années 50), ou sous l'angle du romantisme noir et désenchanté dont Sur mes lèvres d'Audiard serait un peu l'héritier.
Au regard de ces différents courants, j'ai clairement beaucoup de difficultés à isoler quelque influence notoire pour l'éclatante réussite de Boukhrief (croisement du Salaire de la peur pour la subsistance dans un enfer humain et de Melville pour le fonctionnement en vase-clos? )
Petite sélection perso à travers les âges pour finir:
La tête d'un homme (Duvivier / 32)
L'assassin habite au 21 (Clouzot / 42)
Quai des orfèvres (Clouzot / 47)
Entre onze heures et minuit (sans doute le chef-d'oeuvre de Decoin / 48)
Leur dernière nuit (Lacombe / 53)
Touchez pas au grisbi (Becker / 54)
Du rififi chez les hommes (Dassin / 55)
Bob le flambeur (Melville / 56)
Max et les ferrailleurs (Sautet / 71)
Série noire (Corneau / 79)
Police (Pialat / 85)
L 627 (Tavernier / 92)
et Le convoyeur, donc.
Des maîtres oubliés ou méconnus?
Pour ma part j'avoue rester assez rétif aux tentatives de variations tissées autour de transpositions des modèles importés (films de casse, de serial-killer). Même l'assez récent Scènes de crime , vers lequel se porte ma préférence, n'offre selon moi qu'un contre-exemple à moitié abouti dans la mesure où il ne parvient pas à préserver son identité jusqu'au bout - la césure offerte par la convention bâclée de la résolution de l'intrigue criminelle.
Je reste plus sensible à l'articulation de drames criminels autour de faits divers plus ou moins crapuleux, propice aux descriptions obsessionnelles et à la mise à nu de la misère et des déviances humaines dont la plus belle expression serait pour moi Max et les ferrailleurs de Sautet, admirable fusion des codes du cinéma de genre qu'il avait repris à ses débuts (Classe tous risques et L'arme à gauche) et de l'univers de collusion sociale qu'il explorerait par la suite.
Ou a-contrario, j'apprécie la reprise des codes propres à l'imagerie du gangstérisme ou de l'univers policier lorsque ceux-ci s'inscrivent dans une imagerie presque patrimoniale, celle de la méticuleuse peinture de milieu appréhendée sous l'angle du quotidien, qu'elle s'exprime sous un prisme documentariste (L627), sous celui d'une idéalisation empathique qui toutefois ne néglige pas le point de vue moral (les peintures du milieu parisien fin de cycle des années 50), ou sous l'angle du romantisme noir et désenchanté dont Sur mes lèvres d'Audiard serait un peu l'héritier.
Au regard de ces différents courants, j'ai clairement beaucoup de difficultés à isoler quelque influence notoire pour l'éclatante réussite de Boukhrief (croisement du Salaire de la peur pour la subsistance dans un enfer humain et de Melville pour le fonctionnement en vase-clos? )
Petite sélection perso à travers les âges pour finir:
La tête d'un homme (Duvivier / 32)
L'assassin habite au 21 (Clouzot / 42)
Quai des orfèvres (Clouzot / 47)
Entre onze heures et minuit (sans doute le chef-d'oeuvre de Decoin / 48)
Leur dernière nuit (Lacombe / 53)
Touchez pas au grisbi (Becker / 54)
Du rififi chez les hommes (Dassin / 55)
Bob le flambeur (Melville / 56)
Max et les ferrailleurs (Sautet / 71)
Série noire (Corneau / 79)
Police (Pialat / 85)
L 627 (Tavernier / 92)
et Le convoyeur, donc.
Des maîtres oubliés ou méconnus?
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Le poulpe c'est hors normes.Simone Choule a écrit :Ne pas oublier Guillaume Nicloux et se trois récents polars :
Le Poulpe, Une Affaire Privée et Cette Femme là.
Personnellement j'adore !
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En plus de Guillaume Nicloux déjà mentionné par Choule, on peut citer le superbe galop d'essai de Jacques Audiard, le superbement glauque Regarde les Hommes Tomber, ainsi que J'Irai au Paradis car l'Enfer est Ici. Entre le polar et la série noire, j'aimerais aussi mentionner deux grandes réussites de Claude Miller, Garde à Vue et Betty Fisher et Autres Histoires.
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Je ne connais que Le poulpe que j'avais trouvé effectivement bien réjouissant sous ses aspects un peu foutraques. Mais j'ai totalement occulté Cette femme là.Simone Choule a écrit :Ne pas oublier Guillaume Nicloux et se trois récents polars :
Le Poulpe, Une Affaire Privée et Cette Femme là.
Personnellement j'adore !
Kesako?
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Bencéça.Beule a écrit : Je ne connais que Le poulpe que j'avais trouvé effectivement bien réjouissant sous ses aspects un peu foutraques. Mais j'ai totalement occulté Cette femme là.
Kesako?
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+ Mortelle Randonnée.Swan a écrit :En plus de Guillaume Nicloux déjà mentionné par Choule, on peut citer le superbe galop d'essai de Jacques Audiard, le superbement glauque Regarde les Hommes Tomber, ainsi que J'Irai au Paradis car l'Enfer est Ici. Entre le polar et la série noire, j'aimerais aussi mentionner deux grandes réussites de Claude Miller, Garde à Vue et Betty Fisher et Autres Histoires.
On peut aussi citer Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll même s'il sagit plus d'un Thriller psychologique que d'un polar pur et dur.
Autre film français adapté d'une série noire : Baxter de Jerome Boivin. Culte !
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Outre les clasiques que vous venez de citer, j'aime beaucoup Extérieur nuit et Polar de Jacques Bral, deux films mal aimés mais vraiment audacieux je trouve.
Je rajoute Solo et quelques polars de Mocky (L'Albatros par exemple) et Pleins feux sur l'assassin de Franju.
Ce genre me manque beaucoup.
Je rajoute Solo et quelques polars de Mocky (L'Albatros par exemple) et Pleins feux sur l'assassin de Franju.
Ce genre me manque beaucoup.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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Oui.Simone Choule a écrit :+ Mortelle Randonnée.Swan a écrit :En plus de Guillaume Nicloux déjà mentionné par Choule, on peut citer le superbe galop d'essai de Jacques Audiard, le superbement glauque Regarde les Hommes Tomber, ainsi que J'Irai au Paradis car l'Enfer est Ici. Entre le polar et la série noire, j'aimerais aussi mentionner deux grandes réussites de Claude Miller, Garde à Vue et Betty Fisher et Autres Histoires.
On peut aussi citer Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll même s'il sagit plus d'un Thriller psychologique que d'un polar pur et dur.
Par contre en ce qui me concerne j'avoue que je ne garde pas de Betty Fisher le souvenir d'un film fonctionnant sur les codes d'un polar ni même d'un thriller psychologique.
Je viens de prendre connaissance du topic consacré à Cette femme là, et je pense que le simple nom de Balasko m'aura suffi à ne pas chercher à en savoir plus. Oui j'ai honte, surtout au regard de ce que je viens d'en lire Sorti en DVD depuis?
Il y a un titre qui m'avait fortement impressionné à l'époque, notamment parce que le tabou que représentait alors l'intégrité physique des enfants y était sérieusement malmené si je me souviens bien: c'est Mort un dimanche de pluie, de Joel Santoni avec Bacri, Garcia (Nicole) et un inquiétant Jean-Pierre Bisson. Je crains pourtant qu'il ne s'agisse d'un beau navet qui ne gagnerait rien à être revu. Confirmation, infirmation ? (après tout Jordan conseille bien Kamikaze dans la section TV )
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J'avais bien aimé Cameleone de Benoit Cohen (avec un Berroyer étonnant et des seconds rôles prestigieux, Seymour Cassel et un François Guérif que les lecteurs de polar connaissent bien : puisqu'il dirige l'excellente collection "Noir" chez "Rivages "). Les marchands de sable de Salvadori était sympa aussi, bien que pas transcendant je le concède.
J'aimerais qu'on se remette à produire des films du genre en tout cas
J'aimerais qu'on se remette à produire des films du genre en tout cas
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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Pas encore, mais ça ne saurait tarder.Beule a écrit :Je viens de prendre connaissance du topic consacré à Cette femme là, et je pense que le simple nom de Balasko m'aura suffi à ne pas chercher à en savoir plus. Oui j'ai honte, surtout au regard de ce que je viens d'en lire Sorti en DVD depuis?
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