Maniac (2013) - Franck Khalfoun
Orange Studios, 2013 (FR)
BD-50, Zone B
2.35, couleurs
1080p, AVC, débit vidéo moyen : 35003 kbps
English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2735 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit / DN -4dB)
English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 919 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit / DN -4dB)
French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3625 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit / DN -4dB)
French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1600 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit / DN -4dB)
STF, forcés
Evacuons tout d'abord la triste partie éditoriale. A la base, l'édition Blu Ray de Maniac devait contenir le CD de la BO, être Zone Free, et on pouvait espérer avec sous titres amovibles. Evidemment, c'était trop beau pour être vrai, et quelle ne fut pas ma surprise (comme beaucoup d'autres) de me rendre compte à la réception du titre que le CD de la BO n'était plus d'actualités sans que ça n'est été communiqué, et que les sous-titres français (assez moches, même si la traduction est bonne) sont forcés.
On peut supposer des économies de budget pour le CD, et la volonté d'empêcher les anglo-saxons d'importer le BR FR pour avoir la version non censurée présentée ici. C'est dommage. Heureusement, il subsiste un making of de 66 min, plutôt pas mal du tout, et contenant de très nombreuses images du tournage.
Cela étant, le Blu Ray est techniquement largement à la hauteur.
Du point de vue Video, le seul problème du Blu Ray est une tendance au banding / postérisation. Le film utilise en effet un paquet de distorsions visuelles rendant l'image floue au 1er plan, mais aussi beaucoup d'éclairages directs dans le cadre. Ces 2 situations tendent à générer du banding (exacerbé par mon équipement, qui plus est). Hormis ce point, la photo travaillée du film est bien rendue, avec des scènes sombres ne subissant jamais de noirs bouchés, ni de bruit ou de compression dans les zones sombres. La définition est omniprésente, pour un excellent rendu visuel global.
La partie sonore n'est pas en reste, avec un mixage travaillé bien retranscrit en 5.1 : la spatialisation est constante, rendant très bien le film en vue subjective (le mixage plaçant les sons par rapport au champ de vision à l'écran, et la respiration semblant être au centre du champ sonore). La VO est dynamique, et capable de jolies choses, comme à la 11e minute lorsqu'un larsen vient nous vriller les tympans. Jolie reprise des basses, aussi, notamment côté musical.
La VF est globalement identique, bien qu'elle semble sonner un chouia moins sourd que la VO.
A noter qu'il y a une différence notable d'encodage entre les VO et les VF, ce qui tend à pointer des choses étranges en amont. En théorie, à sources "identiques", débits audio identiques. Si seule les dialogues diffèrent, les débits devraient donc être très proches, sauf qu'ici, il y a un écart de 30%.
Image : 9/10
Son (VO 5.1) : 9/10
Film : 8/10
Il y a une grande tristesse mélancolique dans ce remake de Maniac, probablement le résultat d'une combinaison de changements souvent efficaces mais parfois casse gueules.
Evacuons les évidences, le choix d'Elijah Wood en remplacement de Joe Spinell envoie le film dans une toute autre direction que le document guerilla urbaine de Lustig. Dans ce Maniac 2013, on se situe plus dans une démarche arty (parfois trop) que dans un ensemble ultra cheap mais vraiment glauque.
Du coup, ce que Maniac perd d'un côté, il le gagne d'un autre : là où Spinell incarnait l'horrible devant la caméra, avec son physique de gros porc suant, l'équipe Aja / Khalfound / Wood place l'horrible dans la caméra.
Nous ne sommes plus spectateurs de l'acteur, mais spectateurs de l'action.
Pour autant, ce n'est pas tant ça qui formalise les points les plus intéressants de Maniac, mais plutôt l'écriture abstraite d'un schizophrène patent, essayant tant bien que mal de se rapprocher d'une certaine normalité. Au milieu de tout cela, les meurtres n'apparaissent plus tant choquants que profondément attristants, faisant le plus souvent de nous les spectateurs d'une folie incontrôlée créant une véritable pitié pour ce nouveau Frank Zito.
Et c'est là que le choix de Wood fait sens : créer un personnage plus proche du spectateur lambda, et plus éloigné d'un certain cliché de l'asocial type. Qui plus est, les traits physiques de Wood en font un type plus à même de pouvoir (essayer de) séduire des nanas ci et là, que ce soit pour assouvir ses pulsions comme pour essayer, donc, d'avoir une relation normale.
C'est aussi là la principale limite du film : tant que celui ci reste assez abstrait dans ces personnages, il est très efficace à générer une ambiance profondément triste, que ce soit à coup de flashbacks, de nappes musicales mélancoliques, ou d'une histoire d'amour forcément vouée à l'échec. Mais plus le film avance, et plus le script essaie de donner une épaisseur à ses personnages, mais avec des ficelles grosses comme un bras : que ce soit le petit ami et ses 3 répliques débiles, le voisin qui ne passera que 30 secondes, ou le déclenchement du climax qui tient plus de l'évacuation express que le véritable confrontation, le dernier tiers du film patine pas mal (heureusement, ça ne dure pas, la fin étant toute proche).
Au final, avec son ambiance bien foutue, le film réussit à générer une pitié pour son personnage principal. On peut facilement se sentir aussi mal pour ses victimes que pour lui (anecdote : vu aujourd'hui : Colorado de Sergio Sollima, dans lequel un personnage explique à Lee Van Cliff "la victime n'est pas toujours du côté du canon du revolver"). C'est probablement ça, la force de Maniac 2013 : rester efficace, sans rien réinventer, mais en allant dans une direction complètement différente de l'original.
Reste donc les limites béantes d'écriture, dès qu'il s'agit de dépasser les personnages et visuels symboliques.