Berberian Sound Studio - Peter Strickland
BD-50, Zone B
1.85, couleurs
1080p, AVC, débit vidéo moyen : 26000 kbps
Italian-English / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 2304 kbps / 24-bit
Italian-English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 3335 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
STA uniquement sur les dialogues en Italien, amovibles
Film très récent, et pourvu d'une photographie travaillée, Berberian Sound Studio est édité dans un Blu Ray anglais qui ne faiblit pas. Que ce soit au niveau du contraste, de la restitution de la photo, ou du niveau de détails, on a affaire à une belle édition côté technique, si ce n'est une légère tendance au banding (confirmée via screenshots de blu-ray.com). Du bon boulot, qui permet de visionner confortablement le film, surtout vu sa distribution foireuse dans les salles françaises...
La partie sonore est probablement plus intéressante. Pour un film sur les effets sonores, Berberian Sound Studio possède, logiquement, un mixage sonore très travaillé et très bien rendu ici. Si la spatialisation et l'utilisation des enceintes arrières est assez timide, l'ensemble ne manque pas pour autant de pêche ni de dynamique. Le caisson n'est pas non plus en reste, même si le film l'utilise avec parcimonie.
Image : 9/10
Son (5.1) : 9/10
Film : 9/10
A la fois objet théorique, mais aussi follement improbable et divertissant, Berberian Sound Studio fait partie de ces petites perles qui sortent discrètement, sans faire de bruit, mais qui finissent logiquement par avoir leur dossier dans Positif.
Berberian, c'est le giallo des coulisses, le film d'horreur sans mort ni meurtre ni sang. A l'opposé de tout graphisme, Berberian sculpte suggestivement à contre-lumière sa galerie de personnages, dont les frustrations de la vie quotidienne se cristallise autour d'un film d'horreur (film dans le film) dont on verra jamais rien, sauf un générique (rouge sang et rappelant le Suspiria d'Argento, notamment grâce à une bande son ramenant directement au film), et une narration factuelle du contenu afin d'aider à effectuer la post synchronisation du film.
Mais le vrai film d'horreur, ne serait-ce pas plutôt celui de Gilderoy, protagoniste perdu dans un endroit, une culture, une langue qu'il ne comprend pas ? Ce qu'il y a d'amusant et hautement divertissant, c'est précisément cela : en déplaçant le regard de l'écran aux coulisses, Strickland y déplace aussi les actions : l'horreur, c'est ne plus réussir à faire chauffer de l'huile sur une poêle. Pourquoi ? Parce que ce bruitage est censé soutenir une scène où une jeune femme, supposément une sorcière, se fait enfoncer un tisonnier rougeoyant dans le vagin, façon Fulci ou Bava... L'insoutenable, dans Berberian, ce n'est donc pas cette violence, ce sont ces choux-fleurs tour à tour poignardés ou noyés et ces pastèques éclatées à coup de masses, ces femmes à qui on vrille les tympans pour les faire crier juste, ces notes de frais perdues dans l'administration du boui-boui qu'est le fameux Berberian Sound Studio.
Pourtant, porté par une durée courte (1h30 au compteur), un rythme lancinant mais avec uniquement de rares "temps morts" (appellation somme toute relative au sein d'un film où il ne se passe tout de même pas grand chose), mais surtout une mise en scène léchée et travaillée, le film prend et perd rarement de sa superbe. Et quand, dans un espèce de délire final complet, le film bascule dans le film dans le film dans le film pour ses 25 dernières minutes, il y a (pour peu que l'on adhère) de quoi jubiler comme un gosse. Est-ce notre protagoniste qui perd la boule ? Se fantasme héros d'un film italien ? Rêve tout simplement ? Il faut bien avouer : peu importe. Berberian Sound Studio, c'est avant tout un hommage à la fabrication d'un film, aux hommes de l'ombre et tout ce qui peut graviter autour, du petit artisan honnête au réalisateur imbu de lui-même. A une nuance près : ici, le projectionniste est ganté de cuir, comme un assassin. Mais alors, qui est la victime ? Nous, les personnages, ou le film lui-même ?