Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Rubrique consacrée aux Blu-ray de films tournés à partir de 1980.

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Mosin-Nagant
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Mosin-Nagant »

Oui, on est d'accord. Bien sûr, je ne cautionne pas les sales méthodes d'Amazon.
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Libération
Dans la peau d’un forçat d'Amazon
Par Gurvan Kristanadjaja — 5 octobre 2018 à 19:36

Le géant du e-commerce est plus que jamais présent dans la vie des consommateurs. Comment le vivent les milliers de chauffeurs-livreurs sous-traitants qui doivent acheminer jusqu’à 200 colis par jour ? Entre indifférence des clients, complications d’accès aux foyers et précarité de l’emploi, «Libération» s’est glissé parmi eux.

Une matinée de juin, notre téléphone clignote. Amazon nous informe que notre colis est «livré en sécurité». Rentré chez nous, pressé comme à Noël de déchirer le carton, on monte les marches de notre escalier quatre à quatre. Pour tomber nez à nez avec notre colis, posé au sol devant la porte d’entrée. Un paquet en carton de près d’un mètre de long et d’une trentaine de centimètres de hauteur censé être «caché» sous notre paillasson moitié moins large. Absurde. Il est visible de tous ceux qui passent dans la cage d’escalier. Et à la portée de toute personne voulant s’en emparer.

Abonné Amazon Prime depuis un an, un service qui permet entre autres aux clients d’être livrés en un jour ouvré (voire le soir même dans certaines villes) en illimité, on sait que la rapidité est imposée par l’entreprise, entraînant une frénésie de livraisons. Après recherches, faute de numéro de téléphone, impossible de retrouver le chauffeur pour avoir des explications sur ce paquet laissé à la vue de tous.

On se rabat sur le service communication d’Amazon pour en savoir plus. Qui nous explique que la livraison dite du «dernier kilomètre» (comprenez du dépôt au client) n’est pas vraiment le cœur de métier de la multinationale. Une entité à part, Amazon Logistics, a bien été créée il y a six ans avec pour objectif d’améliorer «l’expérience client» dans ce domaine. Mais la livraison reste sous-traitée à des entreprises spécialisées, comme TNT ou Chronopost. Amazon assure aussi veiller à ce que les employés «exercent dans de bonnes conditions». Et qu’ils ne subissent pas de pression trop importante.

Début septembre, on a candidaté à une dizaine d’offres d’emploi pour un poste de chauffeur-livreur en CDI. Il a suffi d’une recherche sur la plateforme le Bon Coin pour en trouver. On a, bien entendu, sciemment oublié de mentionner notre activité de journaliste. Deux jours plus tard, le téléphone sonne. Au bout du fil, un homme nous tutoie d’emblée : «J’ai vu ton CV, t’es toujours intéressé ?» Nous acquiesçons.

«Un peu dans le même sac»
Il décline les conditions : «C’est pour un CDI, payé 1 300 euros net. Après, ça peut évoluer si tu livres beaucoup de colis, je ne suis pas fermé à ça.» Seule condition à l’embauche : réaliser une formation de trois jours avec des chauffeurs déjà en poste. Première surprise : elle est non rémunérée et aucun contrat n’est signé. Il faut en revanche transmettre par mail une carte d’identité et un permis valide. Si les deux parties s’entendent à la fin de la «formation», un premier CDD de trois mois sera signé. Puis un CDI.

L’homme au bout du fil, Christophe (1), se justifie de procéder ainsi : «Tu sais, je vais te dire honnêtement, on est un peu dans le même sac. Moi, je ne suis qu’un sous-traitant de sous-traitant. En gros, Amazon sous-traite son activité de livraison à des dizaines de grosses entreprises. Elles ont des filiales dédiées qui, elles aussi, sous-traitent à des centaines de petites entreprises, donc nous. Et c’est là qu’on t’embauche. Donc je préfère faire ça, parce que livreur Amazon, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air.»

Rendez-vous est pris quatre jours plus tard pour entamer notre formation. Le soleil vient tout juste de se lever sur la zone commerciale de Vélizy-Villacoublay (Yvelines), peu après 7 heures. Entre deux entreprises à l’architecture moderne, des dizaines de camions forment un étrange ballet. Certains chauffeurs en gilet jaune entrent sur un parking. Ils sont guidés par d’autres salariés en gilet orange qui beuglent des informations inintelligibles au mégaphone. Les chauffeurs ressortent quelques minutes plus tard, le coffre rempli de dizaines de colis Amazon pour faire la place à d’autres camionnettes. Garé quelques mètres plus loin en double file, Christophe nous invite à le rejoindre dans son véhicule. Sans badge, impossible pour nous d’entrer dans le dépôt.

Le briefing de notre formation illégale aura donc lieu dans sa voiture, entre dix coups de téléphone de «ses» livreurs. Il pointe du doigt les dizaines d’utilitaires au loin. «Si tu t’en sors bien, t’en auras un pour toi.» Une chose nous étonne néanmoins : elles ont toutes un immense logo Europcar ou Rent A Car accolé sur le flanc. Christophe, bas de jogging et baskets, précise : «Comme je t’ai dit, on est des sous-traitants au dernier échelon. Donc on n’a pas vraiment l’argent pour investir dans un parc d’utilitaires. On loue des véhicules à des entreprises de location, on a des forfaits moins chers.» On apprend dans la foulée que notre employeur a fondé sa société avec des amis. Ils travaillent à 100 % pour l’entreprise de livraison nationale Easy2Go, ou plutôt l’une de ses filiales, nommée Flash. Dont le plus gros client est Amazon, assure Christophe.

Pour nous mettre dans le bain, le jeune chef d’entreprise joue la carte de l’honnêteté : «Amazon nous met la pression. Si un chauffeur ne fait pas l’affaire, n’est pas efficace, ils nous appellent et ils nous disent : "Ton gars, là, il ne rentre plus chez nous." Et ils retirent son badge. Ce ne sont pas eux qui embauchent, donc ils s’en foutent, ils ne licencient pas. Mais nous, derrière, on n’a pas le choix… Donc si tu bosses bien, c’est donnant-donnant pour toi comme pour nous.» En attendant que ses chauffeurs sortent du dépôt, on se gare près d’une station-service et d’un parking Norauto. Un homme en chemise, pantalon de costard et ordinateur sous le bras, débarque à toute allure. Il scrute les camions de location, a l’air de prendre des notes sur son carnet. «Le patron de Norauto a appelé Amazon pour se plaindre que les chauffeurs stationnent là en attendant de récupérer leurs colis. Alors il a interdit de se garer là. Il est en train de prendre le nom de ceux qui le font quand même, pour les sanctionner», éclaire Christophe. Sur la sanction, il précise : «Il va leur retirer leur badge quoi, leur interdire d’entrer.» Comprenez, en langage de sous-traitant : les licencier.

«Comme de l’intérim»
Pour se défendre de créer une économie précaire, Amazon avance être à l’origine de milliers de CDI faciles d’accès. Ceux-là mêmes qui attendraient que l’on «traverse la rue». Rien que pour le dépôt de Vélizy-Villacoublay, ouvert depuis le 3 septembre dans d’anciens entrepôts Peugeot de 13 000 m2, près de 580 chauffeurs sont employés, indique Christophe. L’immense majorité en CDI. On a également pu lire dans les médias mi-septembre que «80 nouveaux» CDI seraient créés sur ce dépôt «d’ici 2020» afin de «dispatcher» les colis avec, pour finalité, d’irriguer le sud de la région Ile-de-France. Pour la multinationale, la dureté de la tâche serait donc compensée par l’assurance d’avoir un emploi stable. Sur ce point, notre employeur sous-traitant tient à ce que l’on ne se fasse pas d’illusions : «Oui, c’est un CDI. Mais le dépôt est ici en phase de test. Si ça ne fonctionne pas, en décembre ils le ferment.» Quid des CDI créés donc ? Silence gêné de notre interlocuteur. «Au mieux, ils les dispatchent sur d’autres dépôts. Au pire…»

Grégoire (1), chef de dépôt dans une grande ville française, confirme : «Ce métier, c’est comme de l’intérim. Car ta boîte peut fermer du jour au lendemain.» Lui en sait quelque chose, l’entreprise qui l’employait avec trois autres chauffeurs a mis la clé sous la porte. La société de transport donneuse d’ordre, Easy2Go (la même qui pourrait nous employer à Vélizy-Villacoublay), a perdu l’appel d’offres avec Amazon aux dépens d’une autre. Résultat, les myriades d’entreprises dans son giron dédiées à la livraison Amazon ont dû fermer en moins de dix jours. La société titulaire du nouveau marché en a bien repris quelques-unes, dont celle de Grégoire. Mais pas suffisamment pour éviter à des dizaines de livreurs en CDI de perdre leur emploi, plaide le chef de dépôt. Contacté, Easy2Go n’a pas souhaité répondre à nos questions et a transféré notre demande directement à Amazon.

«Le dimanche, un jour normal»
Le chauffeur responsable de notre formation est un grand homme longiligne d’une trentaine d’années originaire d’Afrique francophone. Moussa (1) est arrivé en France en 2013. Il est, selon Christophe, «le meilleur chauffeur» de son parc. Voilà un an qu’il travaille pour Amazon, ce qui en fait l’un des plus anciens aussi. Il touche aujourd’hui 1 500 euros net. Moussa nous attend sur un parking un peu plus loin du dépôt. Avec, dans le coffre de sa fourgonnette de location, 120 colis. «Ça fait normalement 82 points d’arrêt», précise-t-il. Avant qu’on monte, Christophe, notre futur employeur, ajoute une dernière chose : «Concernant les horaires, moi je te paye pour sept heures. Maintenant, si tu n’as pas terminé au bout de sept heures, c’est pour toi. Sauf si le retard vient d’Amazon, là je te paye en heures supplémentaires. Tu verras, il y a des jours où tu termineras à 14 heures. D’autres à 20 heures, surtout quand tu débutes. Je peux te demander de travailler le dimanche aussi, mais c’est payé comme un jour normal.» Moussa nous toise, amusé : «Bon, tu as bien compris que ce n’était pas les 35 heures.»

Son camion démarre à toute berzingue en direction de Boulogne-Billancourt, secteur de livraison de la journée. Au pare-brise, un téléphone fourni par Amazon sert de GPS et de terminal pour vérifier les colis. Ici, on ne se fie pas à la feuille de route, mais au sacro-saint terminal. Pour nous mettre dans l’ambiance, Moussa confie rapidement avoir été agressé en banlieue parisienne il y a quelques jours. Plusieurs jeunes l’ont repéré et frappé pour prendre sa cargaison. «C’est fréquent dans certaines zones. Ils repèrent les camions Europcar et les volent», explique notre formateur. Il s’en est tiré avec plusieurs jours d’ITT (incapacité totale de travail) mais a précipité son retour au travail. Amazon ne lui en a pas tenu rigueur, à condition qu’il porte plainte.

Au bout de quinze minutes de route, le fourgon s’arrête une première fois. Moussa en ouvre la porte latérale. Dans le coffre, la centaine de colis est répartie en plusieurs grands sacs en tissu. Les plus gros paquets sont mis à part, à l’arrière du camion. Le terminal indique dans quel sac il faut prélever les colis pour livrer à l’adresse indiquée. On quitte le camion avec douze paquets. En montant les escaliers de la résidence au trot, on croise des livreurs Chronopost. Pas pressés, ils nous interrogent : «Vous êtes d’où pour aller à cette allure ?» «Amazon», lui rétorque Moussa. «Ah ouais, mais vous êtes au-dessus là. Amazon, c’est le "turfu" [futur, ndlr]», plaisante l’un des deux jeunes hommes.

Une fois arrivé au pied de l’immeuble, notre formateur décline sa technique pour livrer rapidement : «Amazon ne veut pas qu’il y ait trop de retours. Il faut livrer le plus possible, et aller vite. Alors, quand il y a un gardien, tu lui donnes les colis. S’il n’y a pas de gardien, on a acheté au marché noir des clés universelles. Elles ouvrent toutes les boîtes aux lettres.» Dans son local, la porte ouverte, le concierge flaire l’entourloupe : «Il faut sonner, hein. Si tu n’arrives pas à livrer, après tu viens me voir.» Puis, agressif, se pose en victime collatérale du système Amazon : «Les résidents laissent les colis quinze jours ici, ils en ont rien à foutre. Moi, j’ai 400 personnes dans la résidence je ne suis pas payé pour ça. A chaque colis Amazon, ils disent : "Laissez chez le gardien." Et bah le gardien, il est pas là.» Avant de temporiser, comme pour s’excuser : «Ils en ont rien à foutre de vous, je sais. Mais de moi non plus, ils en ont rien à foutre.» On sonne à l’interphone plusieurs fois. Aucune réponse. A l’aide d’un badge permettant de déverrouiller les portes d’entrée, on pénètre dans le hall. Lors de son agression, Moussa s’est aussi fait voler son trousseau de clés universelles. Impossible aujourd’hui de livrer les gros colis dans les boîtes aux lettres, tout devra se faire en main propre. «Ça va être long, je le sens», prévient Moussa. Grâce à un voisin, nous pénétrons dans l’immeuble. Direction le deuxième étage, où un résident doit réceptionner deux colis volumineux. Nous frappons. Aucune réponse. «Dans ce cas-là, t’essayes de les donner à un voisin», explique notre formateur. A la porte d’à côté, un «c’est qui ?» résonne dans le hall. «C’est Amazon, on a un colis pour votre voisine mais elle n’est pas là», crie Moussa. Toujours à travers la porte, la voisine répond : «Ah non, mais je ne la connais pas, moi. Je ne lui parle jamais, désolée.» Et Moussa de s’étonner : «C’est comme ça, ils vivent à côté mais ont peur de se parler…» Il tente plusieurs fois d’appeler la cliente, qui ne répond pas. Nous repartons avec le colis, que nous livrerons plus tard.

Dans l’immeuble d’à côté, le gardien accepte volontiers de réceptionner les six paquets de ses résidents. «Bientôt, il n’y aura plus que des colis Amazon, il faut bien se mettre à la page», dit l’homme, l’air circonspect par le ballet quotidien de livreurs. Dans le bâtiment voisin, il faut livrer un gros carton. Le client répond à l’interphone. Nous montons au quatrième. La porte est déjà ouverte, il apparaît en slip et en peignoir, une clope à la main. Moussa rit : «Parfois, ils sont même quasiment nus, je préfère sonner, laisser le colis devant la porte et partir. J’ai peur d’avoir des problèmes, qu’on m’accuse de harcèlement alors que j’ai juste livré un colis».

On prend le Pouls de la France
Les cinq prochaines livraisons sont décrites comme «faciles» par Moussa. Elles sont adressées à des clients sur leur lieu de travail. Au mieux, le service accueil des bureaux les prend en charge. Au pire, il faut monter dans les étages. Mais il n’y a pas à mener d’enquête de voisinage pour livrer le paquet, comme dans les résidences privées. «Ça nous fait gagner beaucoup de temps», dit notre formateur. Au fil des livraisons, on s’en rend compte : lorsque l’on transporte des colis Amazon, on prend le pouls de la France. Avec plus de 100 millions de clients «Prime» dans le monde, la multinationale vampirise une grande partie du marché. Se faire livrer un disque, un livre, un ordinateur ou de l’antipuces pour chat pour le lendemain est simplissime. Résultat, de plus en plus de gens commandent chez Amazon. Celui qui passe sa journée en slip, celle qui vient d’accoucher, celle qui zieute par le judas, celui dont les pétards embaument la cage d’escalier, celle que l’on réveille de la sieste, celle qui a peur, celle qui propose le café, celui qui ne parle pas français, celle qui commande des colis tous les jours.

On pénètre des open spaces de start-up où les employés travaillent en chaussettes et se déplacent en skate. En pleine réunion, ils ne lèvent pas les yeux sur l’homme au gilet jaune qui vient les livrer. Des entreprises où des joueurs de jeux vidéo ont pour métier de s’affronter en compétition. On constate aussi, un peu amusé, qu’un autre concours que celui du CAC 40 se joue entre certaines grandes sociétés : celui des halls d’accueil. Certains ont des statues de chien en marbre blanc, dans un autre c’est un serpent fait de boules d’inox, ailleurs des murs entièrement recouverts d’aluminium sur 10 mètres de haut ou encore des plafonniers en inox en forme de mouettes géantes. Mais une constante : seuls les agents d’accueil, de ménage et de sécurité parlent aux livreurs. Comme nous, ils prennent le monte-charge sans miroir et les labyrinthiques coursives blanches aux néons blafards pour accéder aux bureaux. On laisse les ascenseurs panoramiques et les couloirs en moquette aux salariés en costard. Les agents s’intéressent, «c’est votre premier jour ?» ; questionnent, «ça fait combien de temps que vous livrez ?» ; s’inquiètent, «ils ne vous regardent pas, c’est dur, même nous ils ne nous regardent pas.» On a l’impression, sous nos yeux, d’assister à la frénésie de deux mondes qui se côtoient sans vraiment se parler. Celui des cadres qui consomment, et celui des personnes employées pour leur rendre service. Les premiers doivent en prendre plein la vue dès le hall d’immeuble. Les seconds doivent être invisibles, pour ne pas déranger. Du clic à la livraison, tout s’opère par magie.

Depuis le début de la journée, Moussa, notre formateur, est malade. Il a des sueurs froides, de la fièvre probablement. Alors que la journée avance, il marche de plus en plus lentement. «Je suis vraiment faible», nous dit-il. Il doit pourtant continuer : personne ne peut le remplacer et il ne veut pas prendre le risque de rapporter des colis au dépôt. Il est presque 17 heures quand la tournée a été réalisée. Pour autant, la journée n’est pas terminée, Moussa tient à retourner livrer chaque colis qu’il n’est pas parvenu à remettre aux clients.

«Ce n’est pas qu’on nous sanctionne si on ramène des paquets. Mais ils vont nous les ajouter à la tournée de demain, du coup j’aurai plus de colis. Donc autant les livrer tous aujourd’hui», explique-t-il. A cette heure ne restent que les livraisons problématiques. Celles où la personne est injoignable car elle a renseigné un mauvais numéro ou une mauvaise adresse. Certains aussi nous demandent d’attendre une demi-heure, le temps qu’ils rentrent du travail, pour ne pas avoir à patienter jusqu’au lendemain pour se faire livrer. La journée se termine finalement à 18 h 30, après onze heures de travail sans aucune pause, et sans même avoir mangé un sandwich sur le pouce. Moussa rentre au dépôt fier, sans colis sur les bras. Il repartira demain pour une nouvelle tournée. Sans nous.

«Fantôme»
Au cours de cette enquête, nous avons été en contact régulier avec six chauffeurs issus de dépôts différents. Sur une période de trois semaines, la moitié nous a affirmé au moins une fois vouloir démissionner. Seul un l’a fait. Jérôme, livreur à Paris, a tenu cinq mois avant de quitter l’entreprise. «Je ne pouvais plus continuer, j’étais épuisé. Le rythme est infernal, il faut toujours être au moins à 200 % et c’est toujours de notre faute, quoi qu’il se passe. Maintenant, je vais prendre quelques jours pour me reposer et ensuite on verra», confie-t-il. Ils disent livrer entre 80 et 180 colis selon les jours. «Parfois, ça peut dépasser les 200, 220», constate un chef de dépôt. Un autre livreur de l’est de la France décrit aussi les pressions subies : «Amazon met en place un système de ce qu’ils appellent des "concessions". Une plainte d’un client pour un colis non reçu ou un mauvais comportement nous vaut une "concession". Au bout de dix ou douze, on est licenciés.»

Le problème, c’est que la livraison prônée par Amazon pousse les livreurs à déposer les paquets dans les boîtes aux lettres ou chez les voisins plutôt que de les remettre en main propre. Résultat, certains disparaissent et c’est la faute des chauffeurs. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à observer les milliers de plaintes quotidiennes à ce propos sur les réseaux sociaux. L’un des dirigeants d’une grande entreprise de transport sous contrat avec Amazon prophétise : «C’est une profession qui va disparaître à terme. Parce que c’est un travail de fantôme, ils ne sont pas reconnus. Les gens ne les regardent pas.» Certains ont tenté de lancer des débrayages dans leurs dépôts pour protester contre un nombre de paquets trop élevé, mais n’ont pas ou peu été entendus. De son côté, Amazon planche de plus en plus sur la robotisation de ses activités, la rumeur des livraisons par drones prenant corps ces dernières années.

Après de longues recherches, on a finalement trouvé le salarié responsable des livraisons dans notre quartier. Impossible de savoir s’il était bien à l’origine de la livraison de notre colis sous le paillasson. A le voir courir régulièrement, on a fini par sympathiser. Aussi parce qu’on sait désormais ce qu’il endure.

(1) Les prénoms ont été modifiés.








Moi, je veux bien payer un peu plus cher, si ça arrive nickel. Si ça peut faire souffler les employés, aussi.
Mais, "forcé" par mon goût de l'import, je suis toujours clients chez eux.

La Fnac a bien musclé son jeu, niveau ventes en ligne. Ils assurent, je trouve.
Après, je préfère toujours acheter en magasin, chez eux, dès que je peux.
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Florilège...

Message par Mosin-Nagant »

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Merci Zavvi ! Une édition épuisée, super fragile et pas donnée, envoyée dans une enveloppe à bulles...
C'est trop d'attention. Vraiment.
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Oh ! Amazon.co.uk, encore une enveloppe blanche ?! Comme c'est gentil.
Non, vraiment, vous aussi, fallait pas vous donner autant de mal.
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Arn
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Arn »

Tu laisses des commentaires dans ces cas là sur la fiche produit sur amazon ?
Si ça impact leur note, ils finiront peut être par réagir et arrêter de faire n'imp. Enfin je suis surement un peu naïf mais bon, en désespoir de cause.
epitomb
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par epitomb »

Il me semble qu’à une époque Amazon envoyait souvent un mail aux clients suite à leurs commandes pour évaluer la livraison et le conditionnement de l’envoi. Ils ne le font plus ce qui est dommage...
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tenia
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par tenia »

Mettre une mauvaise note pour l'envoi à un produit, ça ne sert à rien à part flinguer la note d'un produit qui n'a rien à voir (souvent) avec comment il a été transporté et faire chier les gens qui doivent composer avec trouze commentaires qui n'informent en rien de la qualité intrinsèque du produit.
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tenia
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par tenia »

Ca m'a surtout fait rire mais ça en ferait rager certains ici : j'ai reçu un colis Amazon FR avec le coffret Jean Vigo, Senses, Nickelodeon, Manding et Les garçons sauvages et littéralement aucun des 5 n'est dans un boîtier BR classique ni même simplement au format BR.
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par la_vie_en_blueray »

tenia a écrit :Mettre une mauvaise note pour l'envoi à un produit, ça ne sert à rien à part flinguer la note d'un produit qui n'a rien à voir (souvent) avec comment il a été transporté et faire chier les gens qui doivent composer avec trouze commentaires qui n'informent en rien de la qualité intrinsèque du produit.
Ou alors, le mec qui s'est gouré de produit et qui passe ses nerfs.

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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Pomponazzo »

tenia a écrit :Mettre une mauvaise note pour l'envoi à un produit, ça ne sert à rien à part flinguer la note d'un produit qui n'a rien à voir (souvent) avec comment il a été transporté et faire chier les gens qui doivent composer avec trouze commentaires qui n'informent en rien de la qualité intrinsèque du produit.
Non mais s'il y a la partie "notes" d'Az pour donner son avis artistique/technique sur les articles, de loin la plus visible, il y a aussi une section où on peut évaluer la qualité de service, y compris l'emballage. C'est dans les commandes effectuées.
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par tenia »

Pomponazzo a écrit :il y a aussi une section où on peut évaluer la qualité de service, y compris l'emballage. C'est dans les commandes effectuées.
Ah tiens, je n'avais jamais été voir. Merci pour l'info !
la_vie_en_blueray a écrit :Ou alors, le mec qui s'est gouré de produit et qui passe ses nerfs.
"Ils m'ont envoyé le BR, ca rentre pas dans mon lecteur DVD, 0/5"
J'ai lu ça hier encore sur le guide anglophone de Red Dead Redemption 2 (et qui a 2 commentaires sur 3 qui sont de gens qui se sont trompés). L'avis 1 étoile qui dit "han c'est pourri, c'est en anglais !". Et les réponses qui disent "bah oui, patate, t'as commandé l'exemplaire anglais, les photos montrent le texte en anglais, le titre du produit est en anglais, tu t'attendais à quoi ?" :lol:
Résumé en un seul commentaire : "La note de cette personne ne reflète pas la qualité du produit. Le problème vient de l acheteur et non du guide." :lol:
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Rick Deckard »

Y'a encore des gens qui achètent des guides de jeux vidéo ? Sur papier ?! :shock: Y'a plein de walkthrough gratuits sur le web ! En plus comme les jeux sont mis à jour très souvent, le guide papier est rapidement obsolète !
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Mosin-Nagant »

Rick Deckard a écrit :Y'a encore des gens qui achètent des guides de jeux vidéo ? Sur papier ?! :shock:
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Présent! :mrgreen:
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Torrente »

Quand on reçoit un produit (aussi) mal emballé d'Amazon, il faut systématiquement prendre 5 minutes de son temps (même précieux) pour chatter avec le SAV ou leur envoyer un mail.

Amazon, comme beaucoup de sociétés, fonctionnent au pourcentage de plaintes, en gros. Plus il y aura de retours négatifs plus ils seront enclins à faire évoluer la situation. Sans ça, rien ne bouge. C'est donc une démarche impérative pour que sa déception serve à quelque chose sur le long terme.
C'est un conseiller d'Amazon US et un autre d'Amazon Canada, quelques mois après, qui me l'ont fait remarquer donc ils prennent ça au sérieux et quand ils te disent "on fait remonter le problème au service concerné", ils le font vraiment. Après, s'il n'y a que 3 gus qui prennent le temps de se plaindre, bin forcément ça ne sert à rien... à part récupérer un bon d'achat de 5 balles... remarquez, c'est toujours ça de pris.
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Telmo »

Rick Deckard a écrit :Y'a encore des gens qui achètent des guides de jeux vidéo ? Sur papier ?! :shock: Y'a plein de walkthrough gratuits sur le web ! En plus comme les jeux sont mis à jour très souvent, le guide papier est rapidement obsolète !
C'est plus pour les vieilleries que c'est la mode, mais oui les guides continuent à être édités. Pour le confort de lecture, plutôt que basculer entre deux écrans, sans doute.
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par tenia »

Telmo a écrit :
Rick Deckard a écrit :Y'a encore des gens qui achètent des guides de jeux vidéo ? Sur papier ?! :shock: Y'a plein de walkthrough gratuits sur le web ! En plus comme les jeux sont mis à jour très souvent, le guide papier est rapidement obsolète !
C'est plus pour les vieilleries que c'est la mode, mais oui les guides continuent à être édités. Pour le confort de lecture, plutôt que basculer entre deux écrans, sans doute.
Totalement. Après, tous les jeux ne le méritent pas non plus, mais j'en ai pour quelques Final Fantasy, et c'était bien pratique.
Torrente a écrit :Quand on reçoit un produit (aussi) mal emballé d'Amazon, il faut systématiquement prendre 5 minutes de son temps (même précieux) pour chatter avec le SAV ou leur envoyer un mail.
Ah mais bien sûr. Je disais juste qu'il faut aussi le faire au bon endroit, et les commentaires produit ne l'est pas.
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Re: Blu-ray : mauvais plans et choses qui fâchent

Message par Torrente »

Oui oui, je ne disais vraiment pas ça pour toi. Au contraire, ta remarque était très pertinente. En gros, ce que je voulais dire c'est que, comme tu le soulignais, laisser un commentaire sur les fiches ne sert strictement à rien. Par contre, ça peut avoir un impact à long terme de se plaindre au SAV pour qu'ils fassent "remonter l'info' auprès du service concerné" :wink:

Le guide de soluce de Soul Blazer dans Joypad m'avait sauvé la vie (surtout ma santé mentale... parce que, bon, faire un jeu d'aventures totalement en japonais, alors que c'est son tout premier, c'était peut-être un peu présomptueux à 14 ans :lol: ).
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