L'étrangleur de Boston (Boston Strangler)/Carlotta
Bon, commençons par dire que le
wow! effect produit par le disque des
Inconnus dans la ville ne se reproduira pas ici.
Bien sûr, le style documentaire utilisé par Fleischer et son DP Richard Kline n'invite pas à s'extasier devant les visuels, d'autant que les flous artistiques et mises au point hasardeuses se réclamant d'une prise de vue "sur le vif" rendent l'ensemble délicat à appréhender. De plus, quand Fleischer usait du Cinémascope en 2.55 sur le film de 1955, on a ici affaire à du Panavision 2.35 et à cette pellicule qui sera typique des années 70, le film étant par ailleurs à la pointe de la modernité (avec
L'Affaire Thomas Crown concernant l'utilisation du split screen). La contrepartie étant une perte évidente de définition sur les plans truqués (et en sus du split screen, on a droit à une pléthore de ralentis, zooms, et autres fondus... ce qui n'aide pas). Les prises de vue en décors extérieurs réels, la lumière blafarde et le ton hivernal du film entérinent une impression de malaise diffus, qui trouvera son terrible apex entre les 4 murs d'une pièce blanchâtre.
En sachant cela, il faut tout de même admettre que Carlotta a produit un disque relativement bien encodé, sans gros soucis de compression, offrant un grain très cinéma et une gestion stable des couleurs. Les noirs ne sont pas très profonds, la définition donc peine sur certains plans, mais tout me porte à croire que ces défauts sont intrinsèques au film et à son type de production et que le travail d'encodage a été bien fait. A moins d'une grande restauration par la Fox, je doute qu'on aie beaucoup mieux.
A noter une piste son en VO assez intéressante car usant vraiment et de manière immersive des effets de stéréo, avec un mixage intelligent (portée du son, points de vue variables, intériorisation), ici retranscrit avec juste un peu de souffle, une bonne clarté dans les dialogues et surtout un environnement de bruitages très bien pensé.
Les suppléments m'ont moyennement convaincu. Friedkin rabâche encore plus que sur le disque précédent, et sur l'autre doc le fils de Fleischer et l'actrice Sally Kellerman n'ont pas grand chose de bien intéressant à nous raconter. Heureusement que l'on profite des propos du chef op Richard Kline, qui garde l'œil alerte, se remémore les méthodes de tournage et les volontés de Fleischer de prendre le train de la modernité en marche.
L'un dans l'autre, une édition respectueuse, au transfert sans éclat mais sans défauts de process digital, bénéficiant d'un assez bon mix en VO.
Quant au film, grand-père du film de tueur en série, il fonctionne comme au premier jour (j'étais content de voir son effet sur des personnes ne l'ayant jamais vu, ça marche toujours très fort) et la transition du film d'investigation en étude psychiatrique reste toujours aussi exceptionnelle.
Bon, qui se lance pour nous sortir
New Centurions,
Compulsion!,
The Don is Dead et autres pépites de la carrière de leur prolifique metteur en scène? C'est pas tout ça, mais on prend goût à la qualité hein...