Henry King (1886-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Tancrède
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Tancrède »

Profondo Rosso a écrit :
Tancrède a écrit : parce que sinon je suis d'accord avec la citation; ce parti-pris de l'auteur ne remet d'ailleurs nullement en cause la justesse du film.
Sur ce que j'ai mis en gras tu vas dans mon sens même si tu ne seras pas d'accord sur le mot "idéalisation" et c'est c'est ce qui diffère de notre appréciation du film sur ce point précis. Sur ce ton ton agressif n'incite pas vraiment à l'échange (on peut vraiment discuter sans ce rentrer dans le lard gratuitement hein) je vais donc en rester là je risquerai encore de dire n'importe quoi.
je ne rentre pas dans le lard gratuitement, je me défends face à des bêtises que tu m'imputes faussement.
je n'ai jamais dit :
1. qu'il y avait "idéalisation"
2. et surtout que cette pseudo-idéalisation était une "grande qualité" mince!
De toute façon, je pense que réfléchir les deux films sur Jesse James en terme binaire "idéalisation/condamnation" est stérile. C'est un débat sans intérêt qui ne dit rien de la qualité des films.
Le brigand bien-aimé, c'est l'histoire d'un brave homme dont le soulèvement contre la compagnie des trains est montré comme légitime mais qui sombre ensuite dans le banditisme. Ce n'est ni de l'"idéalisation" ni de la "condamnation".
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Profondo Rosso
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

Tancrède a écrit : je ne rentre pas dans le lard gratuitement, je me défends face à des bêtises que tu m'imputes faussement.
je n'ai jamais dit :
1. qu'il y avait "idéalisation"
2. et surtout que cette pseudo-idéalisation était une "grande qualité" mince!
De toute façon, je pense que réfléchir les deux films sur Jesse James en terme binaire "idéalisation/condamnation" est stérile. C'est un débat sans intérêt qui ne dit rien de la qualité des films.
Le brigand bien-aimé, c'est l'histoire d'un brave homme dont le soulèvement contre la compagnie des trains est montré comme légitime mais qui sombre ensuite dans le banditisme. Ce n'est ni de l'"idéalisation" ni de la "condamnation".
Et c'est sur ce point précis qu'on est pas d'accord, puisque sans parler d'idéalisation, il y a une mise en valeur, une certaine forme de glorification et héroïsme qui se dégage des actes de Jesse James chez King et qui est remise en cause dans le film de Lang (et encore plus dans le Ray que j'ai maté entre temps) rien que le fait d'en faire un brave type sans histoire constamment entraîné par les évènements (ce qui n'est pas tout à fait le cas dans la réalité) le montre. Dans le cadre du film de King ça se tient mais je n'y adhère pas complètement et préfère l'approche d'un Lang ou d'un Ray voilà tout. Il n'est pas question de vision binaire glorification/condamnation mais en tout cas de deux vision toute différentes, ayant vu les deux (voir 3) films dans la foulée c'est un point que j'ai voulu soulever quand même.
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Ann Harding
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Ann Harding »

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Ramona (1936, Henry King) avec Loretta Young, Don Ameche, Pauline Frederick et Jane Darwell

1870, en Californie, Ramona (L. Young) a été élevée par la Señora Moreno (P. Frederick) comme sa fille. Elle tombe amoureuse d'un Indien, Alessandro (D. Ameche). On lui révèle alors qu'elle est la fille d'une squaw...

Le roman d'Helen Hunt Jackson, publié en 1884, a déjà été adapté trois fois à l'écran (en 1910 par Griffith avec Mary Pickford) quand la XXth Century Fox décide d'en faire une version parlante et en couleurs. Lorsque le tournage commence, Henry King se demande encore si il va utiliser le nouveau procédé Technicolor Trichrome. Mais, à la vue des rushes, il se décide rapidement. Son opérateur William V. Skall travaille pour la société Technicolor (comme Jack Cardiff en Grande-Bretagne) et sur le plateau, il doit composer avec un consultant couleur de la Sté. Celui-ci voudrait repeindre les roses rouges qui entourent la maison construite pour le tournage à Warner Hot Springs (Californie). Il s'y oppose et décide de filmer le décor tel qu'il est avec ses arbres fruitiers et ses fleurs. Cette petite anecdote montre le pouvoir exorbitant (et pas toujours avisé) des consultants Technicolor et le challenge que le nouveau procédé pose aux réalisateurs. Ramona est l'un des premiers films en Technicolor tourné en extérieurs, le premier étant The Trail of the Lonesome Pine (La Fille du Bois Maudit, 1936) de Henry Hathaway sorti quelques mois auparavant. Il existe maintenant un superbe DVD de ce dernier film qui permet d'apprécier pleinement les possibilités du procédé trichrome en extérieur. Par contre Ramona n'a toujours pas fait l'objet d'une publication, ni en VHS, ni en DVD. Je suis fascinée de constater que les couleurs des premiers longs métrages respectent un code qui semble hériter des teintages du cinéma muet. Les intérieurs sont éclairés avec des lampes à incandescence qui donnent des couleurs chaudes (jaune-orangé et rouge) alors que les extérieurs ont des couleurs froides (bleu nuit ou vert) grâce aux éclairages par les lampes à arc. C'était précisément les couleurs des teintages à l'époque du muet où les intérieurs sont en général ambré et les extérieurs nuit bleutés. En tous cas, les couleurs pétantes ou criardes que l'on voit dans bon nombres de comédies musicales des années 50 ne sont le reflet que du goût des studios pour une explosion sans retenu des couleurs plutôt que le reflet d'un procédé qui est déjà très fidèle. Dans ce film, King ne cherche pas (comme Hathaway d'ailleurs) à surcharger l'image. Il filme la nature telle qu'elle est. Sur la belle copie que j'ai pu voir à la Cinémathèque, on pouvait discerner toutes les nuances des délicats imprimés floraux des robes à crinoline de Loretta. Elle est souvent vêtue de bleu assorti à la couleur de ses yeux tandis que sa chevelure noire de jais avait des reflets bleus. Au-delà de l'intérêt pour la couleur, le film est un beau plaidoyer pro-indien à une époque (les années 30) où ils se font rares. Il est étonnant de constater que les cinéma muet dans les années 10 et 20 semble être plus favorables aux 'Native Americans' que ces fougueuses années 30 où ils ne sont souvent que des sauvages dangereux. Il est difficile de qualifier le film de western car ses thèmes le rattache plus à l'Americana ou au mélodrame, bien qu'il se déroule en Californie en 1870. Le destin tragique de Ramona et Alessandro rappelle comment les colons américains s'emparèrent des terres des Indiens de Californie sans autre forme de procès. Si ils résistaient, ils recevaient une balle dans la peau. Le film a le mérite de montrer les différents types de préjugés raciaux qui avaient cours à l'époque. La Señora Moreno désire faire de Ramona, une jeune fille blanche de bonne famille tout en méprisant le sang indien qui coule dans ses veines. Par contre, la bonne fermière du Tennessee (jouée par Jane Darwell) n'a de préjugés que contre les païens. Lorsqu'elle découvre qu'Alessandro et Ramona sont baptisés et catholiques, elles les acceptent comme ses égaux. Certes, le film tourne dangereusement au mélo dans la dernière partie. On peut regretter aussi le Happy End qui n'apporte rien au film, sauf une certaine satisfaction pour les producteurs. Néanmoins, j'ai redécouvert Ramona avec beaucoup de plaisir malgré ses petits défauts. Loretta Young est pleine de fraîcheur face à un Don Ameche assez fadasse. Henry King eut beaucoup de peine avec lui lors du tournage. Il venait de la radio et il était incapable de bouger en disant ses répliques. Avec beaucoup de patience et de gentillesse, il a réussi à le faire sortir de sa coquille. Dans les rôles secondaires, c'est un grand plaisir de reconnaître Pauline Frederick que j'avais tant aimé dans Smouldering Fires (1924, C. Brown) et la bonne Jane Darwell en maîtresse femme au grand coeur. On ne peut qu'espérer que la Fox sortira un jour un DVD d'une copie restaurée de ce joli film. La copie que j'ai vue était belle, mais présentait les défauts habituels des vieux tirages: un léger liseré bleu et rouge dans certaines scènes qui montrent un décalage entre les négatifs durant le tirage.
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Jeremy Fox
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :Adieu jeunesse, Remember the day (1941)

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Une vieille institutrice vient à la rencontre d'un de ses anciens élèves, candidat à la Présidence. Elle se rappelle l'année où elle l'a eu dans sa classe et a rencontré son mari.

Le film tourne autour de ces relations entre enfants et institutrice mais également sur les convenances d'une époque avec les amours interdites entre une institutrice et un collègue, mais également l'éveil de l'amour chez un jeune garçon, car il est bien question de cela, même si cela est tourné en crise de jalousie. Le film n'est pas une comédie enfantine, mais décrit le quotidien d'une institutrice en 1916-1917, avec ses portraits d'enfants qui s'attachent à leur maîtresse, mais aussi cette histoire d'amour qui semble impossible de par les convenances de l'époque mais aussi des aleas de celle-ci.
Claudette Colbert illumine l'écran comme souvent et forme avec John Payne, un joli couple. Celui-ci apparaît bien moins fâlot que dans d'autres films de la FOX. Douglas Croft est charmant en jeune Dewey tout comme Ann Todd adorable petite chipie. Henry King sait trouver le ton juste pour que le film ne sombre pas dans le mélo larmoyant et réalise un très joli film, même si la fin est convenue et attendue.
Une très jolie découverte.

Revu ; entièrement d'accord avec ce qui est dit ci-dessus sauf que je trouve John Payne parfait comme souvent (je le préfère même à Joel McCrea dans le même style de rôle). Et je ne change rien à mon précédent avis

Une vieille institutrice vient attendre le discours d'investiture du futur président des USA. Flash back sur la vie de ces deux personnes qu'apparemment tout sépare et qui pourtant se sont cotoyées quelques 20 ans auparavant, la vielle dame ayant été l'institutrice du futur président.
Très jolie tranche d'Americana traitée avec une très grande discrétion et avec la sensibilité toute particulière d'Henry King. 'L'histoire' de l'amitié (amour) d'un jeune élève d'une dizaine d'années pour son institutrice (Claudette Colbert), celle de l'amour de cette dernière pour un de ses collègues, ce qui risque de provoquer le scandale à cette époque (début du siècle) un peu guindée, celle enfin de la vie de tous les jours d'une petite ville américaine comme il y en existe des milliers. Peu de progression dramatique mais une attention toute particulière à ce quotidien décrit une grande justesse. Pas de cris, de larmes, de pleurs, juste la vie de tous les jours.
John Payne et Claudette Colbert sont excellents et le film touchant par sa simplicité.
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Cathy »

J'ai toujours eu un faible pour Joel McCrea, alors que John Payne, ouais bon c'est fade :fiou: , même si ici bien dirigé, il n'est pas mal :) !
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Joe Wilson »

La colline de l'adieu

Un film limpide et sensible dans l'évocation de la naissance d'un amour. Henry King dévoile, comme souvent dans son oeuvre, de la délicatesse et de la discrétion quand il observe la perception d'une intimité. Et l'interprétation renforce ces impressions : Jennifer Jones et William Holden forment deux présences qui s'ouvrent et s'affirment peu à peu, vers un idéal extrêmement intense dans sa pureté et sa simplicité. Jones exprime alors une dignité sereine, le symbole de la colline étant suffisamment marquant pour la porter toute une vie.
Les aspects politiques peuvent apparaitre maladroits, notamment par l'intermédiaire de seconds rôles trop uniformes, mais ils n'éclipsent jamais la beauté radieuse du récit et des décors.
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Profondo Rosso
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

Le Soleil se lève aussi (1957)

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Paris, 1922. Jake Barnes vit à Paris depuis sa démobilisation de la guerre 14/18 et il est journaliste au « New York Herald ». Un soir, il se rend à un bal musette où il retrouve des amis dont le romancier Robert Cohn. Arrive Lady Brett Ashley qui n’est pas une inconnue pour Jake. Elle fut son infirmière à l’hôpital pendant la guerre où ils tombèrent amoureux mais suite à sa blessure contractée sur le champ de bataille, Jake est devenu impuissant. Depuis, ils entretiennent une amitié amoureuse. Pour tenter d’oublier cette déconvenue Brett multiplie les aventures.

The Sun also rises est la seconde adaptation d'Heminghway que signe Henry King après la semi réussite des Neiges du Kilimandjaro (1952) visuellement superbe mais narrativement boiteux et porté par un Gregory Peck peu convaincant en simili double de l'écrivain. Cette seconde tentative bien plus maîtrisée et portée par une distribution exceptionnelle va donner un mélodrame superbe.

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Jugée très fidèle au premier roman d'Heminghway, le film dépeint un groupe de personnages associés à la "Génération Perdue", soit cette communauté d'écrivains et d'artistes américain égarés dans l'Europe de l'entre-deux-guerres dont Heminghway lui-même ou encore F. Scott Fitzgerald furent les chefs de file. Le terme n'a pas forcément une teneur tragique mais sert surtout à dénommer ce courant, cependant sous la caméra de King il revêt dès la scène d'ouverture une facette dramatique et nostalgique. Un panoramique et un fondu fait ainsi passer un plan d'ensemble du Paris contemporain à celui de 1922 où va se nouer le drame. Le dépit de cette génération perdue va s'incarner à travers le couple maudit formé par Brett Ashley (Ava Gardner déjà dans Les Neiges du Kilimandjaro et d'une autre fameuse version filmée d'Heminghway avec Les Tueurs) et Jake Barnes (Tyrone Power acteur fétiche de Henry King). Ils s'aiment d'un amour passionné depuis qu'elle fut son infirmière en temps de guerre mais sont condamnés à être séparés à cause d'une blessure l'ayant rendu impuissant. Depuis elle se console sans jamais avoir pu l'oublier dans l'alcool et les multiples conquêtes masculines tandis que lui assiste à la lente déchéance de sa bien-aimée sans pouvoir l'empêcher.

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Que ce soit le Paris festif et dansant des Années Folles ou le Pampelune surchauffé par la Saint Fermin, King crée une sorte de dichotomie entre le mental en lambeau de ses personnages et l'imagerie idyllique de cette Europe sources de plaisirs multiples. Car le drame de Jake et Brett est la source de bien d'autres avec les prétendants malheureux de celle-ci. Parmi eux un Errol Flynn bien loin du fringant héros des films d'aventures Warner dont la déchéance physique sied parfaitement à son personnage noyant son dépit dans les excès alcoolisés divers. Mel Ferrer est tout aussi bon en amoureux éconduit obsessionnel et faible de caractère, on en dira pas tant d'un Robert Evans passé à l'auto bronzant et peu crédible en jeune toréador. Il fut imposé à un Henry King pas convaincu par Darryl Zanuck qui eu alors la célèbre phrase "The kid stay in the pictures" pour couper court à toute discussion. Une phrase demeurée célèbre lorsqu'elle deviendra le titre de l'autobiographie (et du documentaire) de celui qui serait bien plus tard le patron de la Paramount et produirait entre autres Le Parrain.

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Spectaculaire et intimiste à la fois, la réalisation de King envoute de bout en bout. Le scope et le technicolor étincelant forment un sommet de flamboyance Hollywoodienne mais sous les visions grandioses (les longue et impressionnantes séquences de corrida, la Feria survoltée) le malaise n'est jamais loin tel ce flashback magnifiquement amené sur le passé radieux et tragique de notre couple qui se trouve et se perd dans le même temps après la terrible révélation. Tyrone Power si bon dans les personnages imposant et charismatique offre un contre-emploi magnifique avec ce héros contraint au rôle d'observateur et devant souffrir en silence. C'est pourtant bien Ava Gardner qui bouleverse totalement avec cette femme perdue, le regard en détresse et se raccrochant à un amour qui ne peut (du moins physiquement) lui être rendu. Elle irradie vraiment l'écran par sa beauté et sa fragilité la maintient à une échelle plus humaine qu'un Pandora, le film de King contribuant avec ce dernier et aussi La Comtesse aux Pieds Nus à l'association mythique Ava Gardner/Espagne. On signalera aussi une apparition remarquée d'une séduisante Juliette Greco (dont s'était entiché Zanuck) en début de film en jeune séductrice intéressée. La belle conclusion apaisée mais qui ne résout rien nous laisse définitivement dans ce sentiment mélancolique et résigné qui aura imprégné tout ce splendide film. 5/6

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bruce randylan
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par bruce randylan »

Ah tiens, c'est étonnant, ce film ci n'est pas réputé pour créer l'enthousiasme. Moi-même j'avais vraiment lutté pour tenir jusqu'au bout... Peut-être le plus faibles des King que j'ai vu jusque là (et j'ai vu Cette terre qui est mienne :| )
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Profondo Rosso
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

bruce randylan a écrit :Ah tiens, c'est étonnant, ce film ci n'est pas réputé pour créer l'enthousiasme. Moi-même j'avais vraiment lutté pour tenir jusqu'au bout... Peut-être le plus faibles des King que j'ai vu jusque là (et j'ai vu Cette terre qui est mienne :| )
A réhabiliter ! Son autre adaptation d'Heminghway Les Neiges du Kilimandjaro m'avait paru très poussive mais là vraiment un beau film. Mais je peux comprendre qu'on décroche, le script s'attarde longuement sur l'ambiance festive et hédoniste avant de distiller lentement le désenchantement des personnages c'est très progressivement amené. Il y a pas de grand pic dramatique, c'est un désespoir diffus tout au long du film ce qui peut laisser de côté si on accroche pas mais pour moi ça a fonctionné. et formellement c'est vraiment somptueux... Après son mélo ultime à King ça reste La Colline de l'adieu :cry: rah Jennifer Jones !
Dernière modification par Profondo Rosso le 22 juil. 11, 14:24, modifié 1 fois.
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Ann Harding »

Je suis comme Bruce plutôt sceptique. J'ai vu le film plusieurs fois. Et la dernière vision, il y a qq années, ne m'avait guère emballé. J'avais trouvé tout cela fort lourd, malgré une belle distribution...
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par monk »

Profondo Rosso a écrit :Le Brigand bien-aimé (1939)

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4,5/6
Vu il y a quelques jours et je suis l'avis (quand même extrèmement positif) de Rosso. C'est un très grand film, très orienté mais pas si manichéen. Manque effectivement un peu d'approfondissement des accolytes pour gagner en puissance.
Quand au passé des frère James, leur capacité à tirer juste, à se battre sans crainte et à se mettre hors la loi m'a fait passer que s'ils sont très apprécié dans leur communauté, ils devaient quand même avoir un passif agité.
J'ai beaucoup aimé - entre autre, et pour ne pas paraphraser Rosso - la modernité du braquage du train ("que l'argent s'il vous plait, pas de bijoux, et n'oubliez pas d'attaquer la compagnie, elle est pleinement responsable") et la solitude du hors la loi (et son incapacité à fonder une famille).
Une très belle réussite donc, qui donne envie d'approfondir le mythe.

Ayant aussi adoré son Gunfighter j'ai donc enchainé avec Les Bravados, film dont je ne savais rien (merci à la Fox de spoiler comme des dingues sur la jaquette où l'histoire est racontée jusqu'à la fin !). Quel plaisir donc de découvrir cette chasse à l'homme dans des décors naturels magnifiques, avec un Gregory Peck obsédé jusqu'à la moelle par ses proies, perdant tout interet social au profit d'une concentration constante que rien ne vient ébranler. Le twist final amène à ce revenge movie une dimension supplémentaire, et au drame du pourquoi s'ajoute le drame du comment.
Autre très belle réussite, que je garde, elle aussi, évidement.

Juste un détail (?) qui m'a un peu gêné: Le ranch de Douglass ne semble vraiment pas très loin de la ville, Josefa arrive tranquillement chez Butler, le "voisin" de Douglass, à peine 6 Km de son ranch. Quand Dougkass arrive en ville justement, il est le parfait inconnue, sauf que le prêtre le connait bien, ce qui peut coroborer la proximité géographique. Mais quand on lui demande d'où il vient, il dit qu'il qu'il vient de Wynthrope, soit à presque 160 Km de là ! Quelqun peut m'expliquer ?
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Profondo Rosso
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

La Cible humaine (1950)

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Jimmie Ringo, qui tire plus vite que son ombre, mène une vie d'enfer. Les provocations incessantes lui interdisent de reprendre la vie commune avec sa femme Peggy. Et ils sont nombreux à vouloir sa peau.

Avec ce superbe et atypique western, Henry King réalisait une sorte de prolongement idéal des thématiques développées dans son Jesse James (1939). Dans ce dernier, s'il cédait bien volontiers à l'illustration du mythe avec les exploits flamboyant des frères James il n'en oubliait pas moins le revers de la pièce. La traque constante, la paranoïa et la violence omniprésente de cette vie de hors-la-loi venait obscurcir la tonalité excitante du récit avec en point d'orgue la légendaire mort de Jesse James tué par un de ses acolyte Robert Ford. Gunfighter étend à une intrigue entière cet aspect de Jesse James avec un sens de l'épure de la puissance dramatique soufflant.

Jimmie Ringo (Gregory Peck) est un hors-la- loi chevronné dont la réputation de tireur invincible précède partout où il passe. Les provocations des as de la gâchette en quête de renommée font partie de son quotidien, à l'image d'une scène d'ouverture où il doit répondre aux provocations infantile d'un jeune blanc-bec. L'idée serait du film serait d'ailleurs venu au scénariste William Bowers suite à un échange avec le boxeur Jack Dempsey qui lui expliquait être sans cesse provoqué par des bagarreurs souhait se mesurer à lui. Cette du rapport de force permanent intégré au western va en constituer une des trouvailles les plus emblématiques avec le film de King. Une chose frappe ainsi d'emblée, c'est l'allure maussade de Gregory Peck, aux antipodes du tueur menaçant attendu (un des répliques récurrentes de ses futurs adversaires étant He doesn't look so tough). C'est avec une profonde lassitude qu'il sent venir ce énième et inutile duel où on devine en quelques minutes un homme usé par cette existence. Qu'on ne s'y trompe pourtant pas, l'issue violente et sèche montre le tueur impitoyable qu'il peut être. Gregory Peck (qui souffla le rôle à John Wayne qu'une vieille rancœur envers Harry Cohn fit décliner un rôle pourtant désiré) et son air commun est parfait dans le rôle, illustrant bien la contradiction de cet homme souhaitant désormais se fondre dans la masse mais épié de tous. Tout en creusant le sillon de Jesse James, King annonce ainsi nombre de futurs westerns amenés à démythifier l'Ouest où la légende plus grande que la réalité peut s'avérer un poids immense. Son parcours tumultueux ressurgit à tout instants par des rencontres fortuites où tout le monde semble le reconnaître et/ou avoir un compte à régler avec lui pour un passé dont il ne semble pas avoir le souvenir. Eastwood réutiliser cette facette (avec volontairement plus de panache dans son Josey Wales et dans un autre genre on pense aussi au Snake Plissken de New York 1997 caractérisé de la même façon dans son rapport aux autres.

La grande force du film demeure cependant l'étonnant resserrement qu'il offre dans son cadre et ses enjeux. Ringo décide ainsi de retrouver femme et enfant qu'il a abandonné depuis huit ans dans l'espoir fou de tout reconstruire mais les mêmes obstacles vont l'en empêcher. Henry King ose un traitement épuré et intimiste (le film pourrait être transposé sans difficulté en pièce de théâtre) où Gregory Peck exprime une vulnérabilité touchante au détour de très beaux moments tel les retrouvailles avec son épouse (Helen Westcott) ou la courte entrevue avec son fils. La chaleur émanant des échanges avec l'ancien compagnon d'armes devenu shérif (excellent Millard Mitchell) contribuent aussi grandement à l'émotion de l'ensemble. Henry King réalise un western en forme de vraie tragédie grecque dont la construction parfaite ne laisse aucun doute quant à l'issue inéluctable et le crescendo émotionnel des dix dernières minutes marque durablement tout en faisant preuve d'une vraie retenue et pudeur. Très beau western crépusculaire. 5/6
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Flavia »

Le chant de Bernadette - Henry King (1943)

Avec le carton d'introduction au film, "Pour ceux qui croient, aucune explication n'est nécessaire. Pour ceux qui ne croient pas, aucune explication n'est possible", le ton est donné et assez audacieux.

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Henry King réussit, par une mise en scène sublime, un film remarquable de justesse et de finesse sans jamais basculer dans la mièvrerie. S'il est aussi réussi, c'est surtout grâce à l'interprétation éblouissante, émouvante de Jennifer Jones qui porte le film sur ses épaules, de par son jeu elle est la grâce personnifiée, et les plans rapprochés sur son visage sont magnifiques. Ce film bénéficie aussi d'une grande richesse visuelle (lors des scènes d'apparition de la Vierge), d'une grande sobriété dans le traitement dans l'histoire, avec en accompagnement une magnifique partition musicale d'Alfred Newman. Les seconds rôles sont parfaits, Anne Revère est très juste dans le rôle de la mère tout comme Vincent Price excellent en procureur incrédule.
Il ne faut pas oublier un des personnages importants : la "dame de la grotte" interprétée par Linda Darnell, il semblerait que son nom ne soit pas crédité au générique.
C'est un film beau, sincère, que j'ai découvert aujourd'hui, évitant les pièges touchant un tel sujet, et porté littéralement par Jennifer Jones bouleversante et sublime dans ce rôle.


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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Jeremy Fox »

Pas mieux :wink:
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Flavia
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Flavia »

Le sujet me rebutait un peu, quelle découverte ! un film bouleversant.
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