Henry King (1886-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

The Eye Of Doom
Régisseur
Messages : 3079
Inscription : 29 sept. 04, 22:18
Localisation : West of Zanzibar

Re: Henry King (1886-1982)

Message par The Eye Of Doom »

Curieux film que ce Capitaine de Castille.
Film d'aventure de plus de 2h sans action ( ou si peux surtout sur la 1ère moitié).
Recit de la conquête du Mexique par Cortes qui s'achève dans un élan lyrique douteux.
J'ai dit plus haut les qualités plastiques et de mise en scene du Cygne Noir, que j'ai trouvé indéfendable d un point de vue du discours. On les retrouve ici : mise en scene fine et enlevée, très belle photo, décors à la hauteur (a l'exception des temples qui font carton pâte), bonne direction d'acteurs avec un casting inspiré. La qualité, le savoir faire et les moyens sont la.
Bon et alors? j'ai trouvé le film plutot intéressant dans son ambiguïté voire sa schizophrénie.
La première partie est classique dans son intrigue mais souvent originale dans son déroulement. Apres une mise en route sans surprise ( rencontre entre de Vargas et Catana) le recit s'accélère avec l'arrivée surprenante de Juan Garcia dont on ne sait s il s'agit d un simple aventurier ou d'un criminel,
Spoiler (cliquez pour afficher)
puis l'altercation lors du diner, l'arrestation, la lâcheté du vieil ami de la famille et enfin la mort brutale de la sœur.
On a l'impression que le monde propret et coloré de de Vargas n'est que le vernis recouvrant un monde pourri : féroce ( la chasse a l'homme), intrigant et douteux (le personnage de Cobb), totalitaire ( la puissance maléfique de l'inquisition). C'est presque Twin Peaks....
La seconde partie est encore plus curieuse.
Nos "Heros" partent pour le nouveau monde afin de tenter d'y mener une nouvelle vie ou d y faire fortune.
Or le film jusqu'a sa fin vas s'acharner à démontrer que ces immigrants/conquérants seront incapables de faire autre chose que reproduire les pires maux de l'ancien continent.
Nos Heros s'engagent, on ne sait pas vraiment pourquoi, dans l Armée de Cortes. Ils aurait pu s'installer, faire commerce, ... Non ils deviennent soldats par soif de l'or ou atavisme social.
Spoiler (cliquez pour afficher)
La belle Catana qui a quitté l'Espagne pour ne plus être une souillon d'auberge se retrouve à faire la cuisine et servir les hommes: aucun changement. Même apres avoir épouser de Vargas, rien ne change à son status.
Cortes est décrit comme un personnage charismatique et meneur d hommes mais aussi et surtout comme un aventurier avide et sans morale. La reponse goguenarde qu'il fait au émissaires démontre qu'il n a pas d autre ambition que piller. C'est de plus un traitre politique puisqu il bafoue l'autorité officiel de Cuba.
C'est sans ambiguïté une belle fripouille.

Dans ce contexte, le fait que l'on nous épargne les episodes sanglants de cette pseudo conquête, semble volontaire, comme pour démontrer encore plus l'aveuglement voire la bêtise des différents acteurs de cet événement "historique".
Ils sont pourtant conscient de ce qui se joue:
Spoiler (cliquez pour afficher)
le prêtre supplie les hommes de renoncer à leur soif de l'or, fait une dernière prière sur la tombe des premiers morts mais part quant même le sourire aux lèvres avec la troupe. Catanas avec son enfant dans les bras salue la maison ou à elle a connue le bonheur (tres belle scene) pour suivre son homme qui part vers une mort probable. de Vargas est finalement le plus stupide du lot : c'est un homme cultivé, généreux, il connaît et respecte les indiens mais par sa fierté de soldat il va cautionner et contribuer à cette œuvre injustifiable.
Contrairement aux forumeurs dont j'ai pu lire les commentaires dans ces pages, je pense que le discours de Cortes à la fin doit être vu comme du second degré.
Il dit simplement que l'histoire est en train de se dérouler et il exhorte ses "troupes" à y participer. Le film a montré les causes véritables injustifiables de cette action, le caractere "civilisé" des autochtones, l'humanisme voire la noblesse de cœur de certains des protogonistes, ...
Rien n'y ferra : le nouveau monde ne sera bâti que par des aventuriers sans foi ni loi et sur la base des plus bas instincts de l'ancien continent. Seul peut être le tyrannisme de la religion semble être resté de l'autre côté de l'océan.

Vision terrible et pour moi non ambigüe que ce discours et cette image finale.
Un film in fine profondément pessimiste sur la nature humaine et la grande histoire.

Sorti trois ans après la guerre, on pourrait presqu'y voir le portrait d'un peuple peu regardant emporté vers une guerre de conquête atroce par un tyran promettant un monde nouveau pour mille ans.

Autochtones : individus qui peuplent les contrées lointaines. Rapidement ils ne peuplent plus, ils fertilisent.
Citation de mémoire du grand Ambrose Bierce (Dictionnaire du diable).

Ps: un plan sur la fin m'a frappé. On voit de côté l' escalier d un des temples : il est couvert de tâches rouges impressionnantes sans que l'on sache si c est celui des sacrifiés au culte des idoles ou celui des indiens tombés sous les lames espagnoles. Encore une curiosité de ce film atypique.
J' aurais vraiment aimé en savoir plus sur l'ouvrage d'origine et le contexte de l'adaptation.
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: I'd Climb the Highest Mountain - L'épreuve du bonheur

Message par kiemavel »

Image
L'épreuve du bonheur - 1951
Production : Lamar Trotti / Scénario : Lamar Trotti et Henry King d'après le roman de Corra Harris / Photographie : Edward Cronjager / Musique : Sol Kaplan / Montage : Barbara McLean
Avec Susan Hayward (Mary Thompson), William Lundigan (William Thompson), Rory Calhoun (Jack Stark), Barbara Bates (Jenny Brock), Gene Lockhart (Jeff Brock), Lynn Bari ( Mme Billywith), Alexander Knox (Tom Salter)
Image
Au début du 20ème siècle, William Thomson, un pasteur méthodiste et Mary, une jeune citadine qu'il vient tout juste d'épouser, arrivent dans une petite commune rurale de Géorgie où William vient prendre en charge l'église locale. La pauvreté et l'isolement de la région, les problèmes quotidiens de la population locale mais surtout de grands drames personnels ou touchant toute la communauté, mettent en péril la foi et le mariage du couple. C'est «  l’épreuve du bonheur « …
ImageImage
Spoiler (cliquez pour afficher)
ImageImage
Un sublime Americana de plus pour ce spécialiste du genre. Henry King, avec le concours de Lamar Trotti pour le scénario, adaptait ici un roman partiellement autobiographique de Corra Harris qui fut l'épouse d'un pasteur itinérant de Géorgie. Henry King a respecté l'auteure puisque cette chronique familiale est racontée du point de vue de la femme d'un homme de foi au départ totalement étrangère au milieu rural auquel les époux s’intègrent et qui décrit aussi bien sa propre évolution en tant que femme et épouse, que la communauté au sein de laquelle son mari occupait une place centrale. Pour décrire les grandeurs et misères de cette Amérique rurale, Henry King et son équipe se sont transportés sur les lieux mêmes décrits par l’auteure, dans le nord de la Géorgie, une région de collines verdoyantes superbement mise en valeur. On découvre ces paysages au détour de séquences montrant les activités quotidiennes des habitants dont un grand nombre sont eux aussi authentiques puisque la population locale a été mise à contribution ; ces habitants apparaissant sans « ravalements hollywoodiens » et dans leur rusticité mais évidemment sans la moindre condescendance. Si Henry King veut manifestement faire l’éloge de ces vies simples des temps passés et s’il montre des évènements heureux ; chronologiquement, une fête de bienvenue, une longue séquence d'église (avec un très beau sermon sur le mariage) ou un pique-nique religieux dominical, pour autant il ne cache pas la rudesse de ces existences et les drames se succèdent sans que le réalisateur n'amène son film sur le terrain du mélodrame ou du récit édifiant. Ces drames peuvent atteindre toute la communauté (une épidémie mortelle) … un autre est plus personnel mais il va toucher indirectement toute la population (la mort d'un enfant au cours d’un pique-nique communautaire) et enfin, un drame intime va foudroyer William et Mary : la mort de leur enfant. Si ces drames n'entrainent pas de grands bouleversements au sein de la communauté, certains évènements (l'épidémie) vont ébranler les croyances, surtout celle de Mary, mais même William va sembler douter avant de retrouver bien vite son assurance.
ImageImage
Spoiler (cliquez pour afficher)
ImageImage
Henry King raconte cette histoire avec la même assurance ; et avec infiniment de douceur et de délicatesse. Il est comme son personnage principal : très humain, serein et sûr de lui. S’il survient des drames, il filme avant tout une population solidaire agissant ensemble (la pasteur et le médecin sont alliés et l’église sert même d’hôpital) et il montre à peine la douleur des survivants. Son genre, c’est plutôt la pudeur : durant l'épidémie, le buggy de William et Mary s’arrête sur le bord d’un chemin et ils observent de loin la procession menant au cimetière un enfant dont le cercueil est porté à l’épaule par son père. Ça dure 30 secondes et c’est le seul mort que l’on verra en dehors de leur propre enfant plus tard … Le réalisateur est bien aidé par William Lundigan que je n'avais jamais vu aussi convaincant et qui apporte une dignité et une conviction tranquille à sa représentation du prédicateur. Sa croyance profonde l'amène à vouloir convaincre ses administrés mais sans dogmatisme (un athée n'est pas ostracisé et pas plus le jeune paria de la communauté que William est même l'un des rares à défendre). Il s'efforce en douceur de revivifier la foi au sein de la communauté tout en tentant de resserrer les liens au sein des familles et d'apaiser les conflits. Dans son premier sermon, dans une séquence sublime, il va même aller jusqu'à forcer des couples peu enclins à manifester leur attachement à renouveler leurs liens en se rapprochant physiquement ce que manifestement ils ne faisaient plus.
ImageImage
Spoiler (cliquez pour afficher)
ImageImage
Si William est donc montré comme quelqu'un de déterminé, mais gentiment opiniâtre, et sachant faire preuve de tolérance, c'est aussi un jeune homme plein d'énergie. Henry King sait illustrer sa jeunesse, sa "modernité", sa juvénilité (par deux fois, on le voit défier le "paria" dans des courses de buggy dans une version 1910 de la course de voitures des 50's) ou encore sa virilité. Dans son couple, la sensualité n'est pas occultée. Une séquence nous montre mari et femme occupés à leurs taches, lui labourant le jardin, elle étendant du linge. Soudain, lorsque William arrive à la hauteur de son épouse, il s'arrête brusquement, saisi Mary par derrière, la bascule en arrière et l'embrasse fougueusement. « Ce n'est pas ainsi qu'un prêtre embrasse » se défend faussement Mary … William pourra aussi se montrer naïf, imprévoyant et impétueux et dans ce cas, c'est Mary qui lui remettra les pieds sur terre (en lui conseillant de ne pas se couper du plus riche fermier, par exemple). La citadine, née dans une grande ville du sud, avait pourtant été montrée comme un peu perdue à son arrivée. Progressivement, la jeune femme qui apprend à être une femme du sud sachant tenir une maison (ses mensonges au sujet de son expérience en la matière est sujet de plaisanterie dans le couple) et soutenir son époux va prendre de l’assurance. Il faut bien dire que cette vision du rôle de la femme agacerait plus d’une spectatrice d’aujourd’hui … mais nous étions en 1951 et Henry King était un modèle 1886. Ceci explique cela … Du coup, même si la narratrice est bien Mary (la voix off de Susan Hayward est presque omniprésente), bien souvent ses propos se résume à « mon mari a dit ; mon mari a fait ». Pire, parfois elle confesse ses « fautes ». Au moment où leur enfant meurt, le couple se retrouve brièvement en péril par l'arrivée d'une autre citadine, l'élégante Mme Billywith (Lynn Bari) une riche femme malheureuse en ménage qui sous couvert de quête spirituelle (le commentaire des écritures) a en réalité des vues sur William. Or, Mary attribue cette crise «  au péché le plus grave qu'une femme puisse commettre contre son mari : j'ai cessé de m'occuper de mon apparence ». Féministe s’abstenir … Heureusement, lors de l’explication entre les deux femmes, le réalisateur s’en sort royalement en amenant la séquence vers le tragi-comique.
ImageImage
En dehors des plus ou moins grands drames, William doit aussi faire face à des problèmes communs à toute communauté humaine : la résolution des conflits personnels … Ainsi il va s’efforcer de faire accepter Jack Stark (Rory Calhoun), un jeune homme marginalisé qui souhaite épouser Jenny (Barbara Bates), sa petite amie de longue date malgré le refus catégorique du père de cette dernière (Gene Lockhart). Ou encore la réintégration dans la communauté d’une famille marginale. En l’occurrence, c’est la personnalité du père de famille, Tom Salter (Alexander Knox), un athée, ancien étudiant de l'Université de Harvard, qui marginalise cette famille qui subit ses principes (là aussi la femme semble soumise). En ce qui concerne ce personnage, il faut la aussi s’accrocher un peu car si la parole de l’athée est respectée (plusieurs dialogues bien écrits donnent la parole à l’athée contre le « curé »), le personnage - jamais montré autrement qu’un bouquin à la main (et pas la bible) - et tirant la gueule - est ultra caricatural. Les athées ne sont vraiment pas marrants … et ils ne croient pas plus en Dieu qu’au père Noël (… d’ailleurs ce fourbe de pasteur passe par les enfants pour l’amadouer) … Alors évidemment la colère divine s’abat sur la famille ! Je ne dévoile pas la suite des évènements et notamment les surprenantes images finales mais la morale du King semble être : «  se conformer ; ou souffrir des conséquences « . Dur. Et pourtant, c’est tellement beau que je n’arrive pas à en vouloir à Henry. Sur le moment, j’ai eu l’impression de voir un de ses 3 ou 4 plus beaux films. Avec un peu de recul, les idées un petit peu moisies font contrepoids … mais néanmoins je ne peux que conseiller ce film sublime car au final c'est bien ce qu'il est. Vu en vost.
Spoiler (cliquez pour afficher)
ImageImage
ImageImage
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99489
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Henry King (1886-1982)

Message par Jeremy Fox »

Trop alléché ! Lamar Trotti au scénario en plus !
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Henry King (1886-1982)

Message par Alexandre Angel »

Je le confonds avec une autre americana d'Henry King que je n'ai pas vue non plus : Wait till the sun shines, Nellie.
Quoiqu'il en soit, merci Kiemavel!
Tiens, je vais me faire un cycle Henry King...
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Henry King (1886-1982)

Message par kiemavel »

Alexandre Angel a écrit :Je le confonds avec une autre americana d'Henry King que je n'ai pas vue non plus : Wait till the sun shines, Nellie.
Quoiqu'il en soit, merci Kiemavel!
Tiens, je vais me faire un cycle Henry King...
Merci ... J'ai évoqué aussi ce film 2 pages en arrière : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p2371254
C'est aussi un de mes Henry King préféré, même si j'ai aujourd'hui l'impression que L'épreuve du bonheur est encore meilleur. Sur la même page, présentation d'un autre Americana : Le médecin de campagne qui est moins passionnant. Dans cet esprit, l'un des impérissables doit être le très beau State Fair (1933).

De mon coté, j'ai encore sous le coude (DVD espagnol) : Little Old New-York (mais ça n'est pas un Americana) et ses deux derniers films (jamais vus)
francesco
Accessoiriste
Messages : 1630
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Henry King (1886-1982)

Message par francesco »

C'est rigolo le hasard ! Tu publies ça juste le jour où je poste mon top 25 pour les 50's .. et le film de King en question (dont on ne parle pas beaucoup habituellement, tellement il a été rare) y figure :D
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Henry King (1886-1982)

Message par kiemavel »

francesco a écrit :C'est rigolo le hasard ! Tu publies ça juste le jour où je poste mon top 25 pour les 50's .. et le film de King en question (dont on ne parle pas beaucoup habituellement, tellement il a été rare) y figure :D
Oui, j'ai vu ça. Le film de King ne figurerait probablement pas dans le mien mais il en est proche. D'ailleurs ton top est énervant car il y a 6 ou 7 films qui me sont inconnus et il y a même deux films dont je ne connaissais même pas le metteur en scène : Alberto Gout :fiou:
francesco
Accessoiriste
Messages : 1630
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Henry King (1886-1982)

Message par francesco »

Ce sont deux grands classiques du "Rumbera", un mélange de film noir, de musical et de mélodrame mexicain des années 50 dans lequel se sont illustrés Alberto Gout et Ninon Sevilla. Il faut aimer (moi j'adore).

Encore une des choses que je dois à DVDclassik, puisque je ne m'y serais sans doute jamais intéressé sans le forum !
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: Over the Hill

Message par kiemavel »

Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Maman - Over the Hill (1931)
Scénario : Tom Barry et Jules Furthman d’après un poème de Will Carleton / Production : Fox Film / Photographie : John Seitz / Musique : George Lipschultz

avec Mae Marsh (Ma Shelby), James Dunn (Johnny), Sally Eilers (Isabel), James Kirkwood (Pa Shelby), Edward Crandall (Thomas), Joan Peers (Susan), Olin Howland (Isaac), Claire Maynard (Phyllis)
ImageImage
Cette chronique d’une famille américaine fait immanquablement penser à Make Way For Tomorrow (Place aux jeunes), le film de Leo McCarrey sorti 6 ans plus tard. Même si les sources littéraires sont différentes, les similitudes sont si grandes qu’il est difficile de croire que les scénaristes du film et/ou McCarey n’avaient pas vu celui de Henry King. La grande différence, c’est que l’abandon progressif des parents (ici seulement une mère une fois celle ci devenue veuve) ne vient que dans une seconde partie puisque Over the Hill fait moins le portrait d’un couple à la fin de sa vie que celui d’une mère à deux époques de la sienne. Le film est donc construit en deux parties. Une première montre les jours pauvres mais heureux lorsque les enfants sont encore de jeunes adolescents. L’aube se lève sur un clocher et l’on entend le coq chanter … Dans le jardin d’une maison isolée, une poule appelle ses poussins … La chatte rentre à la maison et y retrouve ses chatons … La mère, levée avant toute sa famille, prépare le petit déjeuner pour son mari, ses fils Johnny, Isaac et Thomas, 3 garçons turbulents et querelleurs, et leur soeur Susan.
ImageImage
Cette scène d’ouverture est limpide. Henry King a voulu avant tout faire le merveilleux portrait d’une mère viscéralement dévouée à sa famille. Il ne lâche pas Mae Marsh, en cela il ne fait que suivre le moteur de la famille, le personnage le plus actif et surtout le plus attentionné car Ma ne lâche pas ses enfants du levé au couché. Ce film aurait ainsi pu s’appeler « l’amour d’une mère » tant le réalisateur scrute les faits et gestes plus qu’ils n’enregistre les mots, rares car Ma est bien trop occupée par les besognes quotidiennes pour prendre le temps de beaucoup s’exprimer. Cette mère tendre peut se montrer à l’occasion énergique avec ses turbulents fils, plus tendre avec sa fille Susan et, en tout cas, attentive à tout. Ces gestes simples d’un mère filmés comme rarement je l’ai vu éveille forcément des souvenirs en chaque spectateur qui retrouve des traces de sa propre relation avec sa mère tant ce que montre Henry King est universel. Si la charge émotionnelle est si forte dans la seconde partie du film, c’est parce que cette mère poule est progressivement abandonnée de différentes manières par ses enfants alors qu’elle avait toute sa vie cherché à préserver l’unité de sa famille malgré la pauvreté puis les tragédies qui s’étaient succédées à partir de l’incarcération de Johnny, le meilleur de ses fils ; puis la mort de son mari, l’éloignement volontaire de Johnny à sa libération de prison et enfin son abandon par ses autres enfants.
ImageImage
Dans cette deuxième époque, lorsque ses enfants se seront éloignés, Ma va encore profiter des rares moments de retrouvailles pour exprimer son amour pour ses enfants, surtout avec son fils le plus loyal. On a sans doute rarement montré une mère saisissant son fils avec une telle force et une telle émotion après une longue séparation. Une mère embrasser son fils emprisonné à travers la grille d’un parloir ou encore une scène de retrouvailles aussi bouleversante que celle du retour de Johnny après sa libération. Il revient à la maison au moment où Ma semble en passe de perdre la raison. Elle est allongée, absorbée dans une rêverie où elle revoie ses enfants adolescents chahuter dans la pièce vide qu’elle occupe dorénavant … et c’est Johnny qui survient à l’improviste et qui la sort de ce rêve.
ImageImage
ImageImage
En dehors de ce lien privilégié entre une mère et son fils, Henry King est évidemment aussi attentif aux autres membres de la famille. Il esquisse les différentes personnalités, les liens familiaux, la situation économique de la famille avec une simplicité et une économie de moyens qui renforce le sentiment d’authenticité et de naturel. À l’évidence, cette famille ne roule pas sur l’or mais à aucun moment il n’est question de leurs difficultés économiques, simplement, par petites touches et sans avoir recours aux dialogues, Henry King nous montre tout. Le règlement d’une dette de 16 dollar 83 cent contractée chez un épicier remboursée -cent par cent- par Ma nous renseigne sur leur pauvreté. Le réalisateur qui montre presque toujours le père couché ou assis, en tout cas toujours occupé à lire, nous renseigne sur la paresse de cet homme perpétuellement au chômage et en attente d’un emploi offert par l’état bien moins usant et mieux payé que celui qu’il pourrait prendre à la tannerie locale. S’il est sévère avec ses fils (il lui arrive de les dérouiller) il est tendre et attentionné avec sa femme mais il a un énorme poil dans la main … et lorsqu’il se décide à agir, cela tourne à la catastrophe. Une nuit, il emprunte le camion de son fils Johnny pour transporter de l’alcool pour le compte d’un trafiquant local et la soirée tourne au cauchemar. C’est ainsi que Johnny se retrouve en prison à la place de son père … Ce passage par le film criminel n’est qu’un aparté, de même que le passage « carcéral » mais ce sont les premiers évènements qui conduiront à l’abandon de Ma, même si le détachement des liens familiaux n’est pas la conséquence directe du drame survenu cette nuit là.
ImageImage
En l’absence de Johnny, qui fini par être libéré de prison mais qui est contraint de partir en compagnie d’Isabel, sa fiancée de toujours, Ma cherche aide et soutien auprès de ses autres enfants mais elle est repoussée par tous. Par Susan parce son mari Ben a fait de mauvaises affaires et parce que leur appartement est trop exigu ; disent-ils. Par Thomas, le peintre vivant dans un appartement new-yorkais luxueux, parce que Phyllis, sa jeune et riche maitresse ne veut pas de Ma chez elle. Quant à Isaac, le pasteur, malgré ses prêches, c’est encore le pire … et de loin. Il est d’ailleurs surprenant que Henry King ait fait de ce personnage de religieux, le plus repoussant des enfants … Pour comparer une nouvelle fois avec le film de Leo McCarey, Over the Hill est tout de même moins subtil en ce qui concerne le portrait des enfants, même si à une exception près ceux ci ne sont pas non plus montrés comme des monstres. Le film de Henri King va moins loin dans les portraits individuels, dans l’étude des caractères, dans l’analyse des diverses raisons qui entrainaient progressivement l’abandon des vieux parents. Over the Hill est en revanche plus fort sur les personnages eux mêmes, sur les émotions engendrées et il surpasse le film ultérieur en raison de l’interprétation - peut-être datée mais bouleversante - de Mae Marsh qui pour certains critiques trouva là son meilleur rôle. James Dunn (Johnny) et Sally Eilers (Isabel) sont également très biens, tandis que Claire Maynard (Phyllis), la fiancée de Thomas, crève l’écran par sa beauté.
ImageImage
Coeur de pierre s’abstenir … mais les autres - qu’elle soit encore là où pas - vont pleurer leur mère. Un très beau Henry King de plus. 7,5/10. Vu en vost anglais
kiemavel
Assistant opérateur
Messages : 2231
Inscription : 13 avr. 13, 09:09

Re: State Fair

Message par kiemavel »

Image
La foire aux illusions - State Fair (1933)
Pour chacun des membres de la famille Frake, des fermiers vivant dans une ferme isolée proche de la petite ville de Brunswick dans l'Iowa, la semaine passée à la grande foire de l’état à Des Moines est la grande sortie annuelle. Les parents, Abe (Will Rogers) et Melissa (Louise Dresser) espèrent y réussir dans les concours culinaires et avicoles, tandis que leurs enfants Margy (Janet Gaynor) et Wayne (Norman Foster) espèrent y prendre du bon temps …
ImageImage
State Fair (1933) était la première des 3 versions cinématographiques du best-seller de Phillip Stong et la seule non musicale. Le film de Henry King donne deux grands rôles à deux des plus grandes vedettes de l’époque jouant sur des registres on ne peut plus différents : Janet Gaynor et Will Rogers ; dans un film où, encore une fois, le réalisateur se penchait sur cette Amérique rurale qui lui a fourni le cadre de tant de films. Ici, ce n’est pas la vie quotidienne dans un petit microcosme qui jouit d’une certaine routine apparente sur lequel il se penche, il montre ses personnages en dehors du petit monde fermé qu’ils ont toujours côtoyé, dans le cadre étranger de la foire. C’est l’événement annuel qui entraine la famille Frake dans un univers propice aux découvertes et aux changements et c’est pour eux la parenthèse qui permet de se libérer du quotidien et de s’ouvrir sur le monde avant un retour à l'isolement jusqu'à l'année suivante.
ImageImageImage
Cependant, à l'arrière-plan, presque inconsciemment, plus qu’une parenthèse, presque tous attendent de cette rupture festive qu’elle leur apporte durablement. Les parents ont l’espoir de gagner prestige et renommée auprès de leur communauté et aux enfants, la foire offre la possibilité - outre ses distractions - de faire l’expérience de la liberté loin du regard de parents trop occupés de leur coté. Et de fait, pendant une semaine, l’expérience de la foire annuelle va être un révélateur pour toute la famille. En dehors de la rêveuse Margy, leurs espoirs sont pourtant modestes. Pour les parents, la foire est donc l’occasion de voir leurs talents reconnus. Celui de Melissa, c’est son excellence culinaire et elle espère donc gagner les différents concours auxquels elle participe (préparation à base de viande hachée et pickles). Pour Abe, la foire est l’occasion de montrer le fleuron de son élevage : Blue Boy (1), son plus beau porc Hampshire, en espérant remporter le ruban bleu récompensant le meilleur éleveur de l’année. Pour leur fils Wayne, la foire doit lui fournir l’occasion de prendre sa revanche sur un forain (Interprété par Victor Jory) qui l’année précédente l’avait délesté de la totalité de son argent, c’est à dire 8 dollars. Pour le portraiturer, il suffit de dire qu’il a durant un an consacré secrètement tout son temps libre à s’entrainer à ce jeu d’adresse et en est devenu un expert. Quant à Margy, qui se moque de son frère lorsqu’elle le surprend en train de s’exercer, elle veut simplement sortir de la maison pour prendre enfin un peu de bon temps.
ImageImageImage
Leurs espoirs vont se concrétiser mais ça n’ira pas sans des-illusions, comme le titre français l’annonçait. Les illusions d’ Abel prêtent à sourire … et Henry King ne s’en prive pas. Lui qui le reste de l’année semble davantage choyer Blue Boy que sa propre famille, il se trouve bien embarrassé lorsqu’il s’aperçoit que malgré toute l’attention et les soins prodigués durant la foire (Abel reste des heures dans son box et dort presque avec lui) son champion semble si apathique qu’un éleveur rival le dira probablement malade. Or, ce n’est pas Abe qui va lui faire retrouver sa vigueur mais Esmeralda, une belle cochonne rousse (c’est la moins connue des belles rousses d’Hollywood) et ceci jusqu’au jour décisif du concours puisque c’est seulement lorsque la belle rouquine entre en piste à son tour que Blue Boy se montre à son avantage et emporte la mise. Comme quoi, même les cochons sont transcendés par l’amour ! Avec cette histoire de cochons, Henry King s’amuse puisque par deux fois, il filme les deux bovins (attention, y’a un piège) en champ-contrechamp en train de « converser ». Le metteur en scène est aussi visiblement très client de l’humour de sa star Will Rogers (je le suis moins). Les illusions de Ma sont évidement en rapport avec sa cuisine. Henry King raille gentiment sa rigueur et les principes de sobriété qu’elle affiche puisque se refusant d’abord à ajouter de l’alcool à sa préparation de viande haché, c’est dans son dos que son mari ajoute une bonne rasade d’eau de vie de pomme … avant qu’elle même, se ravisant, finisse de vider la bouteille de gnole. Et c’est évidement cette préparation abondamment arrosée d’alcool fort qui remporte le prix (il parait qu’une scène coupée montrait le président du jury malade).
ImageImage
Du coup, les parents de Margy et Wayne sont bien plus concernés par leurs propres activités sur la foire que par ce que leurs enfants sont en train d’y vivre. Et pourtant, la fête annuelle sera d’une bien plus grande importance pour les deux enfants de la famille car pour eux se présentera l'occasion de bouleverser leur avenir tout tracée puisqu’ils sont promis de longue date à des amis d’enfance même si Margy n’est pas encore certaine d'épouser son prétendant Harry (Frank Melton) qu’elle trouve maintenant trop sage et étriqué (il refuse de l’accompagner à cause de de son affaire de lait). Il est à l’image de son frère Wayne dont Margy se moque en prévoyant que sa propre fiancée Eleanor va se lasser de lui lorsqu’elle sera à l’université tandis que lui n’envisage pas d’autres vies que celle de fermier. Juste avant le départ pour la foire, elle va demander à son frère : « Buddy… Sometimes don’t you fell like you want to go away somewhere and just raise hell ? « … Et il lui répond qu’il ne comprend pas ce qu’elle veut dire ! Leurs illusions vont se croiser, même s’ils vont finir tout deux par revenir au point de départ, c’est à dire au mode de vie pour lequel ils étaient programmés du fait de leurs personnalités ou de leurs aspirations ; mais entre temps, ils vont vivre leurs véritables premières expériences amoureuses … et sexuelles car bien que le film ait été victime de la censure sur ce point, il est encore explicite que tout deux vivent leurs premières nuits d’amour durant la foire.
Le coup de foudre de Porky
Image
Wayne qui apparaît comme un garçon simple et naïf, voire un peu idiot (sa préparation pendant un an) va être totalement ébloui par l’exubérance de la foire et il va avoir une aventure avec Emily (Sally Eilers), une jeune trapéziste qui va probablement être dans sa vie une simple parenthèse, de celle qui laisse de formidables souvenirs (clairement, Emily est sa première maitresse et il passe 3 nuits avec elle) mais finalement peu de durables regrets même si le retour à Brunswick est bien triste. Car la jeune femme a fini par repousser Wayne bien qu’elle ait été séduite par sa gentillesse car elle sait qu’elle n’est pas une femme pour lui ; probablement pas la femme d’un seul homme ni une fermière qui s’ignore. C’est ce qu’elle tente de lui faire comprendre et au fond il le sait. Elle avait été aussi franche le soir de leur rencontre puisque c’est clairement elle qui fait le premier pas (mais cette première nuit n’a pas plu à la commission de censure qui a coupé cette séquence qui n’a jamais été rétablie. 2).
ImageImage
Quant à Margy, c’est parce qu’elle prend peur dans une montagne russe, qu’elle se jète dans les bras de Pat (Lew Ayres), son voisin de cabine. Bien que la jeune femme doute déjà de maintenir son engagement avec son fiancé qui ressemble plus à un ami d'enfance qu’à un véritable amoureux, Margy tient Pat à distance et ce dernier un peu blasé est d’accord pour qu’ils se voient durant ces 3 jours seulement en ami mais finalement … Pat est est le pendant masculin de Emily. Lui aussi est un citadin et son travail de journaliste est à milles lieues de l’univers de Margy. Il a lui aussi bien vécu et il avoue à Margy ses nombreuses conquêtes féminines. Si elle finit par le repousser malgré qu’il veuille l’épouser, c’est qu’elle ne veut pas lui imposer une vie qui ne lui conviendrait pas. Une fois encore, les personnages de Henry King font preuve d’une grande attention à l’autre et d’une grande compréhension … mais ils sont ici à la limite trop sages et les aventures de Wayne et Margy (la partie des parents appartient presque uniquement à la comédie) manque un peu d’émotions … sauf dans un final dont je ne dis rien. Par contre, le réalisateur parvient à donner l’illusion que ces quelques jours auront été décisifs pour les deux jeunes gens pour les faire passer à l’âge adulte avec une simplicité et une économie de moyens étonnants. Peut-être pas le plus bel Americana de King mais une réussite. 7/10
ImageImage
(1) Blue Boy avait réellement été primé à la foire d’état de 1932 à Des Moines où Henry King et son équipe avaient tourné les séquences de la foire sans les acteurs (et d’ailleurs les transparences sont assez vilaines). Le réalisateur avait prévenu Rogers que l’animal pouvait être agressif mais alors que King s’apprêtait à tourner la première scène entre son acteur vedette et Blue-Boy, son équipe retrouva l’acteur dans le box du cochon, endormi la tête appuyée contre son flan. Après le tournage, Blue Boy aurait parait-il fini dans une cantine scolaire de Californie.

(2) La première séquence dans la chambre de Emily a été coupée en 1935, pour une ressortie, et jamais restaurée. Juste avant de se mettre au lit, Emily disait expressément qu'elle n'épouserait pas Wayne, puis ils dialoguaient hors écran tandis que les images montraient le lit froissé et un déshabillé jeté au sol.
Rashomon
Machino
Messages : 1024
Inscription : 7 avr. 14, 14:16

Re: Henry King (1886-1982)

Message par Rashomon »

J'ai vu hier soir Les Neiges du Kilimandjaro et à l'encontre d'à peu près tout le monde ici j'ai beaucoup aimé, moins pour le fond que pour la forme, superbe (le tandem King-Shamroy fait une fois de plus des étincelles) Je pense ceci dit que ce film est une sorte de "crash test" pour qui veut se familiariser avec le réalisateur et savoir s'il est sensible à son style. King est à mon avis un cinéaste majeur mais qui filme en mineur: il y a de nombreux moments dans le film qui auraient donné lieu chez d'autres à des "scènes à faire" et à des torrents d'émotions, alors que lui va opter pour une approche beaucoup plus indirecte, contournée, à rebours de la préférence hollywoodienne pour la clarté et le spectacle. Souvent c'est la partition de Bernard Herrmann qui va évoquer les sentiments que King ne fait que suggérer. Cette approche se retrouve également dans le rythme de ses films, qui feraient presque passer John Ford pour John McTiernan, et le choix d'acteurs intenses mais peu démonstratifs comme Tyrone Power, Henry Fonda ou ici Gregory Peck. C'est ce qui fait son originalité mais peut aussi rebuter (je vois plusieurs personnes sur ce fil et ailleurs le qualifier d'ennuyeux) et conduire à ne voir en lui qu'un artisan anonyme (position majoritaire chez les critiques anglo-saxons)
La Rédac
Dream Team
Messages : 437
Inscription : 5 nov. 03, 15:33
Localisation : Dvdclassik Plaza

Re: Henry King (1886-1982)

Message par La Rédac »

La Chronique de David et Bethsabée et le test du Blu-Ray sorti cet été chez ESC.
Avatar de l’utilisateur
Boubakar
Mécène hobbit
Messages : 52249
Inscription : 31 juil. 03, 11:50
Contact :

Re: Henry King (1886-1982)

Message par Boubakar »

Jeremy Fox a écrit : 12 juin 14, 09:14 J'imagine qu'il n'existe que le DVD espagnol sans sous titres français de Tendre est la nuit à moins de ne pas avoir bien cherché ? Le petit texte de Cathy dans le topic film du mois m'a convaincu que ce film a tout pour me plaire.
Est-ce que tu as eu l'occasion de voir le film depuis ? Pour ma part, j'ai bien apprécié l'histoire, qui est celle d'un transfert entre une patiente sur le point d'être guérie et un psychiatre qui tombe amoureux, en récupérant ses névroses.
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18363
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Henry King (1886-1982)

Message par Kevin95 »

J'en rajoute dans les questions existentielles : je viens tout juste de finir le livre de Fitzgerald qui m'a doucement impressionné, dois-je redouter/espacer la vision de l’adaptation (vieux refrain "je suis déçu car dans le livre bla bla bla") ?
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99489
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Henry King (1886-1982)

Message par Jeremy Fox »

Boubakar a écrit : 31 janv. 21, 18:46
Jeremy Fox a écrit : 12 juin 14, 09:14 J'imagine qu'il n'existe que le DVD espagnol sans sous titres français de Tendre est la nuit à moins de ne pas avoir bien cherché ? Le petit texte de Cathy dans le topic film du mois m'a convaincu que ce film a tout pour me plaire.
Est-ce que tu as eu l'occasion de voir le film depuis ?
Non toujours pas :wink:
Répondre