Oui, mille lieues en dessous.andrino a écrit :ceci dit, et pour rester dans le western, en dehors de ces chefs d'oeuvre reconnus, je recommande ce petit bijou de desinvolture et de digression qu'est TWO RODE TOGUETHER, pas son meilleur film, mais quel bonheur que de contempler Widmark et Stewart devisant assis au bord d'une rivière; c'est à mille lieues d'un Leone, c'est magnifique!
Les Cheyennes (John Ford - 1964)
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J'ai vraiment apprécié "Two rode together", même si il patit de beaucoup de faiblesses... Cela dit, ses principales forces sont :
-Une mise en scène pas Fordienne pour un sous, certes, mais justement (une fois n'est pas coutume), je trouve qu'elle fonctionne (certains diront même qu'il n'y en a pas).
-Un James Stewart cabotin, mais très touchant, et son duo avec Widmark est très bon, à défaut d'être mythique.
-Une thématique assez poussée, avec une désinvolture parfois consternante mais intéressante.
Le principal défaut ? Ford a l'air de s'en fiche et ça se voit quand même...
-Une mise en scène pas Fordienne pour un sous, certes, mais justement (une fois n'est pas coutume), je trouve qu'elle fonctionne (certains diront même qu'il n'y en a pas).
-Un James Stewart cabotin, mais très touchant, et son duo avec Widmark est très bon, à défaut d'être mythique.
-Une thématique assez poussée, avec une désinvolture parfois consternante mais intéressante.
Le principal défaut ? Ford a l'air de s'en fiche et ça se voit quand même...
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Je cherchais justement des avis sur ce film...
Perso, je trouve aussi l'épisode James Stewart complètement décalé et carrément "mouche dans le potage". La rupture de ton est assez particulière, et, à ce moment, j'ai eu le sentiment que le film partait carrément en vrille (tout part en vrille dans cette séquence : les images, la musique...) Comme si Ford s'amusait à casser ses jouets.
Sinon, y a un côté fuite des Juifs d'Egypte dans ce film !
Sur un plan purement géographique : dommage que Ford ne sorte pratiquement pas de l'Utah et du Colorado... ça nuit à la crédibilité du voyage des Cheyennes vers le nord (d'autant qu'ils avaient été déportés en Oklahoma et qu'ils ont fini dans le Montana ; la neige arrive assez tard dans l'histoire). Quant au Dakota tourné dans l'Utah, heu... On reconnaît bien là, l'amour des Américains pour la géographie !
Incidemment : les plans tournés en transparence à la fin sont hideux (c'est hitchcock qui les a tournés ? )
Perso, je trouve aussi l'épisode James Stewart complètement décalé et carrément "mouche dans le potage". La rupture de ton est assez particulière, et, à ce moment, j'ai eu le sentiment que le film partait carrément en vrille (tout part en vrille dans cette séquence : les images, la musique...) Comme si Ford s'amusait à casser ses jouets.
Sinon, y a un côté fuite des Juifs d'Egypte dans ce film !
Sur un plan purement géographique : dommage que Ford ne sorte pratiquement pas de l'Utah et du Colorado... ça nuit à la crédibilité du voyage des Cheyennes vers le nord (d'autant qu'ils avaient été déportés en Oklahoma et qu'ils ont fini dans le Montana ; la neige arrive assez tard dans l'histoire). Quant au Dakota tourné dans l'Utah, heu... On reconnaît bien là, l'amour des Américains pour la géographie !
Incidemment : les plans tournés en transparence à la fin sont hideux (c'est hitchcock qui les a tournés ? )
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Peut etre, mais il y a quand même dans ce film une scène tres fordienne: le bal, avec tout l'humour, la tendresse, l'amour qu'il porte à ses personnages, même ceux dont il se moque...;pas le meilleur Ford, c'est vrai, mais celui que j'ai toujours plaisir à voir et revoir....!Julien Léonard a écrit :J'ai vraiment apprécié "Two rode together", même si il patit de beaucoup de faiblesses... Cela dit, ses principales forces sont :
-Une mise en scène pas Fordienne pour un sous, certes, mais justement (une fois n'est pas coutume), je trouve qu'elle fonctionne (certains diront même qu'il n'y en a pas).
-Un James Stewart cabotin, mais très touchant, et son duo avec Widmark est très bon, à défaut d'être mythique.
-Une thématique assez poussée, avec une désinvolture parfois consternante mais intéressante.
Le principal défaut ? Ford a l'air de s'en fiche et ça se voit quand même... :wink:
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A propos du SOLEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE, Ford le citait toujours comme son préféré!Ethan a écrit :Grand admirateur de ford, je reconnais que Les Cheyennes n'est pas son meilleur mais où l'on trouve tout de même quelques splendeurs du maître....
Comme je ne crois pas avoir vu parlé des ces films, à mon avis sublimes: à voir "La dernière fanfare" avec Spencer Tracy sur la dernière campagne électorale d'un homme politique. Et surtout le bouleversant "Le soleil brille pour tout le monde" un des plus beaux de Ford à mes yeux.
Voilà 30 ans que je regarde les films de Ford et je découvre toujours quelque chose!
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Re: Les Cheyennes (John Ford - 1964)
C'est un film vraiment beau, touchant, plein d'émotion, extrêmement bien réalisé, avec une distribution parfaite (Edward G Robinson et Jimmy Stewart en guest-stars)...
Quelques longueurs tout de même, et surtout les scènes avec James Stewart, caricaturales et qui ralentissent le film.
17/20
Quelques longueurs tout de même, et surtout les scènes avec James Stewart, caricaturales et qui ralentissent le film.
17/20
- Jeremy Fox
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Re: Les Cheyennes (John Ford - 1964)
Le western du WE est Les Cheyennes chroniqué par un nouveau contributeur qui ne compte pas s'en arrêter là : Franck Viale. Nous l'en remercions. A cette occasion, notre top John Ford
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Re: Les Cheyennes (John Ford - 1964)
Cheyenne Autumn est tourné en 70 mm.
L'écran large a suscité chez Ford une tendance vers l'abstraction.
J'ai "maladroitement" relevé quelques figures formelles.
Le générique s'inscrit sur une série de quatre images, un cavalier indien devant de grands aplats de couleurs, de véritables monochromes.
Les trois premières couleurs sont automnales : le rouge, le jaune et l'orange. Ce sont les couleurs associées aux indiens.
La quatrième couleur est le bleu. C'est la complémentaire associée à la cavalerie.
Le ton est donné comme à l'en-tête d'une partition.
La butte de Monument Valley, Totem pole, est employée pour sa charge symbolique,
contre toute vraisemblance. Lors de la séquence d'ouverture, elle domine le camp indien : à l'est, au centre et à l'ouest.
Dans cette séquence Totem pole est découpé en trois masses distinctes.
Le chiffre trois se répète avec les trois chefs cheyennes réunis en triptyque pour un rituel.
Le film est placé sous le signe du sacré. La longue marche à venir
est une procession.
Totem pole est ensuite filmé depuis un autre angle, à travers une porte, en face de l'école.
Terre, air, eau et feu : Les quatre éléments sont récurrents dans le film. Pour regarder les
indiens depuis un autre de point de vue, le capitaine Archer s'assoit dans la poussière.
Une école dans le désert/ Une prison sous la neige.
La neige et le sable sont uniformes, la perspective est minimaliste.
Deux conversations : D'un côté l'espace ouvert, des poneys ferment l'espace.
De l'autre l'espace fermé, une toile s'ouvre.
Le peuple cheyenne se sépare et forme une ligne brisée.
Celle formée par la cavalerie est la plus minimaliste de la saga fordienne.
La tunique de Red Shirt fait l'effet d'une touche vive dans le clair-obscur.
Le récit ne peut plus avancer. John Ford Point donne sur un abîme, les nuages ferment l'horizon des Cheyennes.
Une limite : Deborah Wright est quaker. En dehors du capitaine Archer, les premiers à
prendre parti pour les indiens sont tous issus d'une minorité au sein de la majorité.
Ici, le shaman impose une limite, c'est celle de l'altérité.
L'institutrice ne sera jamais une indienne, son comportement est vécu comme une intrusion.
Derrière le bras se dresse un abîme, symbolisé par le hors-champ.
Deux reflets : Wyat Earp est le reflet inversé de sa légende.
Cette célèbre séquence loufoque se déroule devant le grand miroir du saloon, nous sommes face à l'image inversée de la tragédie.
L'image est également un reflet de Ford lui-même. C'est son image extérieure, médiatique.
L'autre reflet, est celui de Schurz sur le portrait de Lincoln. L'un s'inscrit sur l'autre.
C'est le reflet de Ford en artiste, son image intime.
Une série de transparences est précédée d'un étrange plan de cavalerie vu de dos.
Chaque plan pour Ford a un sens.
La transparence brise la perspective, la lumière décroche les personnages au premier plan.
C'est du collage. Ici le cinéma se fait minimaliste.
Une frise, des profils marqués, des silhouettes découpées sur des rochers, des indiens
enveloppés dans des couvertures... l'art de Ford se fait égyptien.
Du départ à l'arrivée, le lieu est le même, Monument Valley, le voyage est un retour vers
soi, vers le lieu de ses origines. Les Cheyennes, se meurent dans leur réserve, ils partent
rejoindre le lieu mythique de leurs ancêtres. La longue marche a débuté au lever du jour,
elle se termine au coucher.
L'écran large a suscité chez Ford une tendance vers l'abstraction.
J'ai "maladroitement" relevé quelques figures formelles.
Le générique s'inscrit sur une série de quatre images, un cavalier indien devant de grands aplats de couleurs, de véritables monochromes.
Les trois premières couleurs sont automnales : le rouge, le jaune et l'orange. Ce sont les couleurs associées aux indiens.
La quatrième couleur est le bleu. C'est la complémentaire associée à la cavalerie.
Le ton est donné comme à l'en-tête d'une partition.
La butte de Monument Valley, Totem pole, est employée pour sa charge symbolique,
contre toute vraisemblance. Lors de la séquence d'ouverture, elle domine le camp indien : à l'est, au centre et à l'ouest.
Dans cette séquence Totem pole est découpé en trois masses distinctes.
Le chiffre trois se répète avec les trois chefs cheyennes réunis en triptyque pour un rituel.
Le film est placé sous le signe du sacré. La longue marche à venir
est une procession.
Totem pole est ensuite filmé depuis un autre angle, à travers une porte, en face de l'école.
Terre, air, eau et feu : Les quatre éléments sont récurrents dans le film. Pour regarder les
indiens depuis un autre de point de vue, le capitaine Archer s'assoit dans la poussière.
Une école dans le désert/ Une prison sous la neige.
La neige et le sable sont uniformes, la perspective est minimaliste.
Deux conversations : D'un côté l'espace ouvert, des poneys ferment l'espace.
De l'autre l'espace fermé, une toile s'ouvre.
Le peuple cheyenne se sépare et forme une ligne brisée.
Celle formée par la cavalerie est la plus minimaliste de la saga fordienne.
La tunique de Red Shirt fait l'effet d'une touche vive dans le clair-obscur.
Le récit ne peut plus avancer. John Ford Point donne sur un abîme, les nuages ferment l'horizon des Cheyennes.
Une limite : Deborah Wright est quaker. En dehors du capitaine Archer, les premiers à
prendre parti pour les indiens sont tous issus d'une minorité au sein de la majorité.
Ici, le shaman impose une limite, c'est celle de l'altérité.
L'institutrice ne sera jamais une indienne, son comportement est vécu comme une intrusion.
Derrière le bras se dresse un abîme, symbolisé par le hors-champ.
Deux reflets : Wyat Earp est le reflet inversé de sa légende.
Cette célèbre séquence loufoque se déroule devant le grand miroir du saloon, nous sommes face à l'image inversée de la tragédie.
L'image est également un reflet de Ford lui-même. C'est son image extérieure, médiatique.
L'autre reflet, est celui de Schurz sur le portrait de Lincoln. L'un s'inscrit sur l'autre.
C'est le reflet de Ford en artiste, son image intime.
Une série de transparences est précédée d'un étrange plan de cavalerie vu de dos.
Chaque plan pour Ford a un sens.
La transparence brise la perspective, la lumière décroche les personnages au premier plan.
C'est du collage. Ici le cinéma se fait minimaliste.
Une frise, des profils marqués, des silhouettes découpées sur des rochers, des indiens
enveloppés dans des couvertures... l'art de Ford se fait égyptien.
Du départ à l'arrivée, le lieu est le même, Monument Valley, le voyage est un retour vers
soi, vers le lieu de ses origines. Les Cheyennes, se meurent dans leur réserve, ils partent
rejoindre le lieu mythique de leurs ancêtres. La longue marche a débuté au lever du jour,
elle se termine au coucher.
Dernière modification par Frank 'Spig' Wead le 15 févr. 15, 17:40, modifié 1 fois.
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Re: Les Cheyennes (John Ford - 1964)
Bravo pour cette analyse qui démontre la beauté aboutie de ce film.
Mother, I miss you