Le cinéma russe

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Le cinéma russe

Message par bruce randylan »

La graine magique ( Fiodor Filippov & Valentin Kadorchnikov - 1941)
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Une fois n'est pas coutume, ce film nous amène du côté du conte de fée avec un croisement entre Le Haricot magique, les 5,000 doigts du Dt T et le magicien d'oz. Ca s'adresse fortement au enfant mais la direction artisitique très expressionniste et graphique risque d'attirer le regard des plus grands. Les décors sont excellents, avec un esthétisme studio qui fait penser à du Tim Burton ou Henry Selick. C'est très bien mis en valeur avec de jolis cadres et quelques mouvements de caméra virtuose.
C'est très rudimentaire, mais à l'instar des costumes des créatures maléfiques bricolées et presque ridicules, leur impacts visuel est assez réussis et se raccroche immédiatement à des figures enfantines.
C'est assez génial tant que le film présente de nouveaux décors et personnages mais ça a un peu tendance à tourner en rond durant le dernier tiers dont les péripéties et l'univers n'apportent plus grand chose d'inédit, reproduisant même certains aventures deux fois (la graine attaquée par en-dessous).

C'est ce qui est étonnant, c'est que me film peut se voir comme un pur conte de fée pour enfant avec monstres, évasion, professeur loufoque, magie etc... comme il peut se voir comme un manifeste forcément communiste alors en guerre. Il y a vraiment pas mal de références : invasions extérieures, esclave devant s'affranchir de ses maîtres, valoriser la terre et ses racines, armes surpuissances...
Celà dit, ce n'est pas si prononcée et le film peut s'apprécier au premier degré, un peu comme le Baron de Munchhausen produit par la UFA.

Dernier détail curieux, Serguei Eisenstein est crédité pour avoir supervisé le projet. Je me demande quelle est sa part d'influence sur la réalisation. Reste que le premier tiers possède quelques cadrages et effets de lumières très travaillés qui pourraient porter sa trace. Mais ce n'est que de la pure spéculation.


Mashenka (Yuli Raizman - 1942)
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La jeune Mashenka, fonctionnaire dans un service de télégraphe, rencontre un chauffeur de taxi. Amoureux l'un de l'autre, ils ne l'osent se l'avouer ce qui créent plusieur malentendus d'autant que la guerre approche.

Encore une superbe découverte que ce mélodrame dont la première moitié est un petit miracle de justesse et de sensibilité, portée par une Valentina Karavayeva rayonnante et radieuse dans le rôle principale. La relation entre les deux personnages centraux est très belle, pleine de délicatesse, d'observation et d'une pudeur contenue.
On vibre en même temps que ces derniers quand ils apprennent à se connaître et que leur timidité enfouisse leur sentiments pour mieux développer une complicité. Le film possède une poésie et une douceur (un peu idéalisée dans l'attachement "noble" de tous les hommes envers Mashenka) qui réchauffent immédiatement le cœur.
Si les acteurs y sont pour beaucoup, Yuli Raizman à la réalisation mérite d'être loué pour son aisance à rendre son film extrêmement vivant par sa capacité à réussir les scènes de groupe. L'effervescence autour de bureau où travaille l'héroïne est particulièrement brillante comme le sont les séquences dans le foyer pour hommes, la soirée où les amoureux se brouille ou encore la taverne sur le front. Il parvient ainsi à à créer un pleine proximité avec ses personnages et rendre existant tous les seconds rôles.
L'alchimie du film se construit ainsi dans l'alternance des scènes en tête à tête et les moments où ils sont noyés dans la foule, devant changer leur comportement quitte à emprunter une posture qui contredisent leur sentiment.
Ainsi la seconde moitié qui se déroule durant la guerre évite en bonne partie les situations conventionnelles du mélodrame et du film de propagande en restant centré sur des figures humaines, loin des champs de bataille, des ennemis (invisibles) et autres sacrifices. On regrette presque que certaines péripéties ne soient pas plus développés tant leurs potentiels ne manquent pas de magie à l'instar de cette lettre que les soldats apprennent par cœurs et se transmettent à tour de rôle en espérant qu'elle croisera son destinataire ou Mashenka finissant par devenir presque une icône populaire. De jolies idées qui résument bien l'humanisme du scénario et du cinéaste, mais un peu écourtée voire précipitée du dernier tiers ; sans doute à cause de la guerre elle-même et des conditions de tour puisque le film ne dure qu'une 1h15.
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Alexandre Angel
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Re: Le cinéma russe

Message par Alexandre Angel »

Petite question Bruce.
Comment sont les copies de tout ces films? (y compris les muets de l'autre topic)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le cinéma russe

Message par bruce randylan »

Très belles dans l'ensemble. Ce sont souvent des restaurations qui avaient été faîtes pour de précédentes rétrospectives comme à Locarno en 2000 et qui ont très peu tournés depuis.
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Alexandre Angel
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Re: Le cinéma russe

Message par Alexandre Angel »

Merci, Bruce, tes commentaires sont précieux! Vivement ceux de 2018!!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le cinéma russe

Message par bruce randylan »

Merci :D
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Message par bruce randylan »

Volga, Volga (Grigori Alexandrov - 1938)

Un maire, bureaucrate aigri, considère ses habitants trop dénués de talent pour proposer leur participation aux Olympiades musicales de Moscou. Mais ses administrés font tout pour démontrer leur talent dans les chansons... Même si une dispute au sein d'un couple crée une rivalité interne au village.

Troisième découverte du cinéaste après l'enthousiasmant Les joyeux garçons et le plus posé mais agréable Le printemps. Volga, Volga est plus proche du premier sans en retrouver pour autant la virtuosité technique tout en demeurant très inventif malgré tout. La première moitié est d'ailleurs formidable et irrésistible avec son tempo soutenu entre le cartoon et le dynamisme burlesque d'un Zazie dans le métro (enfin presque). Ca va très vite, les personnages sont assez farfelus et les situations font mouches avec ce couple de postiers bloqués sur un embarcadère alors que le maire (ridicule) cherche à tout prix à récupérer sa lettre le plus tôt possible. Il y a un petit côté satirique bien vu par ailleurs qui s'accommode bien de l'humour assez absurde comme cette conversation par téléphone avec le cocher à l'autre bout de la rue.

Inévitablement, le film ne peut tenir une telle cadence et s’essouffle un peu avec la course entre les deux bateaux sur la Volga (qui rappelle cette fois davantage Steamboat around the bent de John Ford) avant de ramer un peu plus lors du final qui peine à redémarrer via cette sous-intrigue un peu inutile autour de la compositrice à retrouver. Mais les acteurs assurent le show avec fraîcheur, les chansons sont très sympathiques, voire entraînante pour les plus rythmées, et même quand le scénario ne suit pas toujours Alexandrov essaie de toujours maintenant le rythme à flot, parfois artificiellement.
Mais c'est sûr que je préfère la longue présentation mené tambour battant et bourré d'originalité.

Assez curieux de découvrir du coup son précédent musical, Le cirque, que j'avais raté en mars dernier.


Les assassins prennent la route (Vsevolod Poudovkine & Yuri Tarich - 1942)
Je salivais un peu à l'idée de découvrir ce film interdit par la censure soviétique et tiré de nouvelles de Bertold Brecht. La présence de Fridrikh Ermler crédité à la direction artistique dans le générique d'entrée a encore fait encore grimper mes attentes. Je ne sais pas quel influence il a eu sur la conception du film mais le film opte l'une de ses thèmes à savoir le parti pris de faire un portrait des ennemis ou personnages de méchants, donc des allemands, tour à tour bourreaux et victimes des nazis. C'est sans doute cette volonté de dépeindre des allemands sous un regard plus humain qui a déplu à la censure.

Le film est découpé en 5 sketch plus ou moins longs où ce sont les plus courts qui s'imposent comme les plus intéressants.
On y croise un duo de sentinelles en patrouille, tellement apeurés qu'ils tirent sur le premier bruit suspect, abattant un simple voisin qui ouvrait ses volets. Assez virulent dans sa façon de ridiculiser les sbires d'Hitler mais pour le coup trop précipité pour marquer.
Le second présente avec un cynisme percutant un duo de SA distribuer des rations dans des taudis et qui représentes moins que les "cotisations" qu'ils étaient venus prélever la semaine précédente... et ils en profitent pour arrêter ceux qui leur paraissent suspect de ne pas se montrer trop enthousiastes !
Le troisième, très prenant, détaille la paranoïa progressive d'un couple de bourgeois dont l'enfant fait partie des jeunesses hitlériennes et qu'ils soupçonnent de rapporter leurs écarts de langage. Ils ne tardent pas à devenir terrifié par leur progéniture.
Le 4ème aurait pu être pas mal mais sonne trop redondant avec le précédent. Cette fois un homme marié revient après un long séjour chez les officiers nazis et il provoque immédiatement sa famille pour mieux tester leurs réactions, les menaçants indirectement de les dénoncer. Bien que prévisible, ça ne manque cela dit pas de tension dramatique et la chute reste quoiqu'il en soit glaçante.
J'avoue avoir oublié la cinquième et dernière partie mais elle était trop longue, beaucoup plus conventionnelle dans sa critique des allemands avec un découpage en deux actes très maladroites, juste pour introduire in-extremis des soldats russes, ici un vaillante et experte snipeuse. Cette épisode à rallonge finit par lasser et on sort de la séance assez déçu et lessivé.
Le film a ses qualités pour l'ambiance souvent sombre et oppressante, ainsi qu'un son ambition bienvenue de coller à une certaine véracité sociale (le film se vante d'adapter fidèlement et scrupuleusement les textes de Brecht), mais les histoires sont mal équilibrés et trop répétitives. En les regardant isolé, ça doit sans doute mieux passé, excepté la dernière qui a vraiment tout de la concession à la pure propagande.
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Re: Le cinéma russe

Message par bruce randylan »

Les paysans (Fridrikh Ermler - 1935)
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On retourne à la campagne et dans les kolkhoze où une crise frappe des éleveurs de porcs, contraints d'envoyer à la mort leur animaux pour s'acheter des provisions. Certains en profitent pour remettre en cause la direction politique, créant notamment des tensions dans un couple aux idées opposés.

Comme l'expliquait Bernard Eisenschitz lors de sa présentation de la séance, Ermler est peut-être le seul cinéaste soviétique à s'intéresser aux dissidents ou aux ennemis des communistes et à leur donner une parole qui n'est jamais ridiculisée, diabolisée ou même instrumentalisée. Il pouvait ainsi montrer des figures du capitalisme davantage pathétique que perfide dans Les débris de l'empire. C'est encore le cas ici, où la seconde partie est centrée sur un assassin qui conserve une réelle dimension humaine.
Ce frappe d'ailleurs c'est l'équilibre du mélange des genres : des scènes drôles et décalées (la compétition gastronomique) s'enchaînent à des moments de violences froides (la mort de l'épouse) entre deux touches plus documentaristes, un soupçon de propagande, du drame psychologique et du film noir.
Les paysans conservent pourtant une belle homogénéité par des glissements progressifs généralement habiles, car toujours centrés sur une communauté et donc ses personnages.
Le film est par contre un peu moins viscéral dans sa réalisation que les Débris de l'Empire, avec quelques soucis de rythme dans le premier tiers (le temps de mettre en place l'univers, la crise porcine n'étant au final qu'un McGuffin).
Mais son interprétation gagne en nuance en avançant et l'atmosphère se fait de plus en plus sombre pour culminer dans une dernière demi-heure très prenante et passionnante.

Chose incompréhensible et terriblement frustrante en revanche, Eisenschitz lors de ses 20 minutes de présentations a surtout vanté les mérités de deux films plus tardifs de Ermler (Le tournant décisif et un Citoyen) tout en disant qu'ils ont décidé de ne pas les diffuser dans ce cycle ! :?
La cinémathèque a pourtant une copie du premier et quand bien même elle ne serait plus trop en état, les films furent diffusés il y a peu à Lisbonne.
Les choix de programmation sont à ce titre très étranges : ils ne voulaient pas montrer les Débris de l'empire car il y avait eu un ciné-concert il y a une dizaine d'année dans je sais plus quel opéra parisien mais ils ont choisi de rediffuser Katka petite pomme que la Cinémathèque l'avait montré au printemps et déjà présenté par Eisenschitz qui avait encore longtemps digressé sur le Citoyen. Un peu comme si on nous expliquait que Ophuls a fait deux chefs d’œuvres absolus avec Madame De et Lola Montés, mais qu'il faudrait se contenter de Sans Lendemain ou La divine.


Quelques mots sur la fête de Saint Iorguen (Iakov Protazanov - 1930) qui est une satire religieuse assez drôle où un évadé et son complice se font passer pour des saints pour lors d'une grande procession.
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Il y a pas mal de bonnes choses dans le scénario qui se révèle amusant à plusieurs reprises, notamment lors du prologue (le tournage d'une superproduction biblique projeté devant des officiels de l'Eglise qui réclament plus de miracles et moins de blabla) ou les tractations entre prêtres et hommes d'affaires. Sauf que la trop grande part du récit accordé à la cérémonie même de Saint Iorguen finit par créer de gros problèmes de rythme. Comme si Protazanov profitait de l'occasion pour verser dans la pure imagerie chrétienne sous la barbe des communistes, alternant premier degré et détournement malicieux.

En revanche la photographie est une nouvelle fois remarquable avec des scènes de foules très bien mises en valeur.
Le film a été tourné au début du parlant et alternent donc cartons et dialogues pour un résultat inégal, surtout dans les cadrages avec pas mal de têtes coupées :mrgreen:
Original et caustique donc mais l’exécution n'est pas parfaite.
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Profondo Rosso
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Re: Le cinéma russe

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Le Conte du tsar Saltan de Alexandre Ptouchko (1967)

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Le tsar Saltan choisit son épouse parmi trois sœurs. Tandis que la cadette devient tsarine, les deux aînées, pleines de jalousie, font tout pour lui nuire. Alors que le tsar est parti guerroyer, la tsarine met au monde le prince Gvidon. Avec l’aide du traître conseiller, les deux sœurs parviennent à se débarrasser de la mère et du fils en les jetant à la mer dans un tonneau. Naufragé sur l’île de Bouïane, le prince grandit à une vitesse déconcertante. Un jour, il sauve un cygne des griffes d’un aigle. Le cygne est en fait une princesse victime d’un sort, et va l’aider à faire justice.

Le Conte du tsar Saltan est l'avant-dernier film d'Alexandre Ptouchko, maître de l'imaginaire au sein du cinéma soviétique. Alexandre Ptouchko est une sorte d'alliance entre Walt Disney et Ray Harryhausen, sa poésie et ses visions extraordinaires s'étant exprimées à la fois au sein du cinéma d'animation et dans celui en prise de vues réelles. Il débute dans le cinéma muet où il se spécialise donc dans l'animation à travers sa maîtrise des marionnettes et signe son premier long-métrage parlant en 1932. Le succès arrive en 1935 avec une adaptation de Les Voyages de Gulliver avec des marionnettes et va diriger la section animation du studio Mosfilm. Durant la Deuxième Guerre Mondiale il se spécialise dans les effets spéciaux ce qui l’oriente vers le cinéma live à travers des adaptations de contes traditionnels russe. La Fleur de pierre (1946, inspiré des contes de l'Oural de Pavel Bajov) est ainsi une réussite récompensée d’un prix à Cannes et du Lion d’argent à Venise. Même s’il reste relativement confidentiel en occident, les amateurs de cinéma fantastique célèbreront des œuvres comme Le Tour du monde de Sadko (1953) ou encore Le Géant des steppes (1956), comptant parmi les plus belles réussites de Ptouchko. Le Conte du tsar Saltan arrive donc en fin de carrière et témoigne de la maîtrise à la fois technique et poétique acquise par le réalisateur.

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Le film est adapté d’Aleksandre Pouchkine et s’inscrit dans un cycle de contes en vers écrit entre 19830 et 1934 parmi lesquels on trouve Le conte sur la Princesse dormante, Le conte sur le pêcheur et le poisson et donc Le conte du tsar Saltan. Ces contes innovaient au sein de la littérature russe en étant les premiers à aborder des sujets populaires à travers cette tonalité poétique, ce qui leur donnait une dimension sophistiquée et accessible. Il reste donc de cela dans l’adaptation filmée (la version la plus célèbre en Russie restant l'opéra de Rimsky-Korsakov) qui à travers le rythme de ses dialogues en quatre vers (totalement respectés dans les sous-titres du Blu-ray Artus, ainsi que sur la vf) possède une sorte d’innocence surannée qui se marie pleinement aux images d’Alexander Ptouchko. L’histoire débute avec l’union du tsar Saltan (Vladimir Andreyev) avec une jeune femme (Larisa Golubkina) qu’il a choisi parmi trois sœurs qu’il observait en cachette, frappé par la beauté, la douceur et la nature humble de la cadette. Seulement les deux autres sœurs, jalouses, ne l’entendent pas de cette oreille et vont au côté du perfide conseiller (Sergey Martinson) multiplier les manigances pour séparer le couple.

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On reste dans l’archétype du conte pour la notion du bien et du mal, qui s’illustre par le jeu expressif des méchants tandis que le couple royal fait preuve d’une confondante candeur (ce jeu enfantin faisant office de nuit de noce). Cette douceur se traduit également dans le travail sur les décors et la couleur. Ptouchko donne dans une forme d’épure et de démarcation qui se fait géométrique à travers certains cadrages, ou qui en tout cas exprime une démarcation par strates dans les somptueuses compositions de plan. La dimension féérique opère dans les lignes séparant les différents éléments de paysages, où les éléments réels se marient à d’autres plus factices. Le procédé n’est d’ailleurs pas figé, un plan d’ensemble nous montrant en début de film la vraie construction du décor du château du tsar tandis que plus tard lorsque d’autres espaces s’ajouteront, le ciel et la terre formeront des lignes horizontales réelles tandis que le château sera un matte-painting. C’est cette dynamique constante qui donne un côté à la fois rêvé et concret à l’univers du film, Ptouchko alternant brillamment espace chargé et couleurs outrées avec d’autres plus évanescents où dominent les teintes pastels dans des environnements abstraits.

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Cette séparation travaille la notion de croyance au sein du récit. Le tsar Saltan a perdu malgré lui femme et enfant et vit dans la torpeur d’une cour qui le manipule. La tsarine et son fils Gvidon (Oleg Vidov) exilés deviennent par leur bonté les protégés d’une Princesse Cygne (Kseniya Ryabinkina) qui leur façonne un monde à l’image de leur pureté d’âme. Les contours de ce monde magique sont plus incertains et surgissent par les grâces d’un effet visuel, d’une brume qui s’estompe et par la grâce des apparitions oniriques de la Princesse Cygne. La bonté de Gvidon l’a rendu digne de voir et de croire ces merveilles tandis que son père par sa culpabilité en est incapable, ne serait-ce que par la simple évocation verbale. Le film retrouve la notion répétitive des contes et travaille aussi par le montage et la narration cette notion de vers en chorégraphie de quatre pieds. Gvidon relance ainsi plusieurs fois son père par l’intermédiaire de marchands lui rapportant les prodiges qu’ils ont vu, que le tsar balaie d’un revers de la main en sollicitant d’autres prodiges que Gvidon demandera à la Princesse Cygne.
L’émerveillement est constant à travers des idées de trucages multiples où se déploie tout le savoir-faire de Ptouchko. Les marionnettes nous offre quelques prodiges avec cette écureuil musicien, les effets de fondus et rétroprojection sur les chevaliers surgis des eaux rappellent le travail de Ray Harryhausen, délesté de la volonté d’action de ce dernier mais uniquement celle de la sidération formelle. La naïveté et bienveillance constante de l’ensemble n’est jamais niaise et l’émotion fonctionne totalement lors de la superbe conclusion réconciliatrice. Un magnifique et inoubliable livre d’images. 5/6
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-Kaonashi-
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Profondo Rosso a écrit :Le Conte du tsar Saltan de Alexandre Ptouchko (1967)
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Le tsar Saltan choisit son épouse parmi trois sœurs. Tandis que la cadette devient tsarine, les deux aînées, pleines de jalousie, font tout pour lui nuire. Alors que le tsar est parti guerroyer, la tsarine met au monde le prince Gvidon. Avec l’aide du traître conseiller, les deux sœurs parviennent à se débarrasser de la mère et du fils en les jetant à la mer dans un tonneau. Naufragé sur l’île de Bouïane, le prince grandit à une vitesse déconcertante. Un jour, il sauve un cygne des griffes d’un aigle. Le cygne est en fait une princesse victime d’un sort, et va l’aider à faire justice.

Le Conte du tsar Saltan est l'avant-dernier film d'Alexandre Ptouchko, maître de l'imaginaire au sein du cinéma soviétique. Alexandre Ptouchko est une sorte d'alliance entre Walt Disney et Ray Harryhausen, sa poésie et ses visions extraordinaires s'étant exprimées à la fois au sein du cinéma d'animation et dans celui en prise de vues réelles. Il débute dans le cinéma muet où il se spécialise donc dans l'animation à travers sa maîtrise des marionnettes et signe son premier long-métrage parlant en 1932. Le succès arrive en 1935 avec une adaptation de Les Voyages de Gulliver avec des marionnettes et va diriger la section animation du studio Mosfilm. Durant la Deuxième Guerre Mondiale il se spécialise dans les effets spéciaux ce qui l’oriente vers le cinéma live à travers des adaptations de contes traditionnels russe. La Fleur de pierre (1946, inspiré des contes de l'Oural de Pavel Bajov) est ainsi une réussite récompensée d’un prix à Cannes et du Lion d’argent à Venise. Même s’il reste relativement confidentiel en occident, les amateurs de cinéma fantastique célèbreront des œuvres comme Le Tour du monde de Sadko (1953) ou encore Le Géant des steppes (1956), comptant parmi les plus belles réussites de Ptouchko. Le Conte du tsar Saltan arrive donc en fin de carrière et témoigne de la maîtrise à la fois technique et poétique acquise par le réalisateur.

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Le film est adapté d’Aleksandre Pouchkine et s’inscrit dans un cycle de contes en vers écrit entre 19830 et 1934 parmi lesquels on trouve Le conte sur la Princesse dormante, Le conte sur le pêcheur et le poisson et donc Le conte du tsar Saltan. Ces contes innovaient au sein de la littérature russe en étant les premiers à aborder des sujets populaires à travers cette tonalité poétique, ce qui leur donnait une dimension sophistiquée et accessible. Il reste donc de cela dans l’adaptation filmée (la version la plus célèbre en Russie restant l'opéra de Rimsky-Korsakov) qui à travers le rythme de ses dialogues en quatre vers (totalement respectés dans les sous-titres du Blu-ray Artus, ainsi que sur la vf) possède une sorte d’innocence surannée qui se marie pleinement aux images d’Alexander Ptouchko. L’histoire débute avec l’union du tsar Saltan (Vladimir Andreyev) avec une jeune femme (Larisa Golubkina) qu’il a choisi parmi trois sœurs qu’il observait en cachette, frappé par la beauté, la douceur et la nature humble de la cadette. Seulement les deux autres sœurs, jalouses, ne l’entendent pas de cette oreille et vont au côté du perfide conseiller (Sergey Martinson) multiplier les manigances pour séparer le couple.

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On reste dans l’archétype du conte pour la notion du bien et du mal, qui s’illustre par le jeu expressif des méchants tandis que le couple royal fait preuve d’une confondante candeur (ce jeu enfantin faisant office de nuit de noce). Cette douceur se traduit également dans le travail sur les décors et la couleur. Ptouchko donne dans une forme d’épure et de démarcation qui se fait géométrique à travers certains cadrages, ou qui en tout cas exprime une démarcation par strates dans les somptueuses compositions de plan. La dimension féérique opère dans les lignes séparant les différents éléments de paysages, où les éléments réels se marient à d’autres plus factices. Le procédé n’est d’ailleurs pas figé, un plan d’ensemble nous montrant en début de film la vraie construction du décor du château du tsar tandis que plus tard lorsque d’autres espaces s’ajouteront, le ciel et la terre formeront des lignes horizontales réelles tandis que le château sera un matte-painting. C’est cette dynamique constante qui donne un côté à la fois rêvé et concret à l’univers du film, Ptouchko alternant brillamment espace chargé et couleurs outrées avec d’autres plus évanescents où dominent les teintes pastels dans des environnements abstraits.

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Cette séparation travaille la notion de croyance au sein du récit. Le tsar Saltan a perdu malgré lui femme et enfant et vit dans la torpeur d’une cour qui le manipule. La tsarine et son fils Gvidon (Oleg Vidov) exilés deviennent par leur bonté les protégés d’une Princesse Cygne (Kseniya Ryabinkina) qui leur façonne un monde à l’image de leur pureté d’âme. Les contours de ce monde magique sont plus incertains et surgissent par les grâces d’un effet visuel, d’une brume qui s’estompe et par la grâce des apparitions oniriques de la Princesse Cygne. La bonté de Gvidon l’a rendu digne de voir et de croire ces merveilles tandis que son père par sa culpabilité en est incapable, ne serait-ce que par la simple évocation verbale. Le film retrouve la notion répétitive des contes et travaille aussi par le montage et la narration cette notion de vers en chorégraphie de quatre pieds. Gvidon relance ainsi plusieurs fois son père par l’intermédiaire de marchands lui rapportant les prodiges qu’ils ont vu, que le tsar balaie d’un revers de la main en sollicitant d’autres prodiges que Gvidon demandera à la Princesse Cygne.
L’émerveillement est constant à travers des idées de trucages multiples où se déploie tout le savoir-faire de Ptouchko. Les marionnettes nous offre quelques prodiges avec cette écureuil musicien, les effets de fondus et rétroprojection sur les chevaliers surgis des eaux rappellent le travail de Ray Harryhausen, délesté de la volonté d’action de ce dernier mais uniquement celle de la sidération formelle. La naïveté et bienveillance constante de l’ensemble n’est jamais niaise et l’émotion fonctionne totalement lors de la superbe conclusion réconciliatrice. Un magnifique et inoubliable livre d’images. 5/6
Merci pour ce message, ça donne très envie !
J'ai vu il y a un ou deux ans Sadko, très plaisant, assez surprenant visuellement.
Joie, le film est dispo en HD et avec sous-titres anglais sur la page youtube de MosFilms :
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Re: Le cinéma russe

Message par Profondo Rosso »

De rien tiens je ne savais pas pour la page youtube Mosfilm moi j'ai la très belle édition sortie récemment chez Artus. J'ai vu jusqu'ici Le tour du monde de Sadko également ainsi que Le Géant des steppes, ce serait cool que Artus poursuive les sorties autour de Ptouchko, vraiment une belle initiative de leur part.
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Message par moonfleet »

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C'est beau !!
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Message par The Eye Of Doom »

Ca a l’air superbe. Un bluray qcq part ?
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Re: Le cinéma russe

Message par Profondo Rosso »

The Eye Of Doom a écrit :Ca a l’air superbe. Un bluray qcq part ?

Oui ça vient de sortir chez Artus :wink:

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Re: Le cinéma russe

Message par Shinji »

Diffusion mercredi 13 mai à 20h55 de Faute d’Amour d'Andreï Zviaguintsev, suivi du documentaire "Il était une fois… Faute d’Amour" qui revient sur le film et la carrière du réalisateur :
https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2 ... guintsev-2

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Re: Le cinéma russe

Message par Profondo Rosso »

Le Géant de la steppe d'Alexander Ptouchko (1956)

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Avant de s’endormir pour toujours, le géant Svyatogor remet son épée à des pèlerins, leur ordonnant de la donner au preux qui sera digne de défendre sa terre. Alors que les Tougars pillent la région, les pèlerins remettent l’épée à Ilya, un paysan vivant à Mourom qui a les jambes paralysées. Grâce à une potion magique, Ilya retrouve ses forces et s’en va se battre contre l’envahisseur qui a enlevé son épouse Vassilissa. Il devra affronter mille dangers pour devenir le preux qui mérite gloire et immortalité.

Le Géant de la steppe est un des sommets d'Alexandre Ptouchko, maître du merveilleux russe qui y rassemble là toutes les caractéristiques de son œuvre. On y retrouve l'inspiration issue du folklore culturel et historique russe, la tonalité de conte et l'alliance parfaite de prise de vue réelles avec différentes techniques issues de son expérience première dans le cinéma d'animation et les effets spéciaux. Tout comme son classique Le Tour du monde de Sadko (1953) ou plus tard Le Conte du tsar Saltan (1967), Le Géant de la steppe a pour inspiration la byline, chant traditionnel et oral russe narrant les hauts faits de héros mythologiques ou issus de contes et légendes russes. Dans Le Géant des steppes, Ptouchko s'attaque à une de ses figures les plus emblématiques, Ilya Mouromets. Il s'agit apparemment du patronyme d'un héros russe bien réel mais dont l'aura a été amplifiée au fil des siècles, conférant à ses exploits veine mythique et nationaliste notamment après sa béatification au 17e siècle et la création d'une fête nationale lui étant consacrée les 19 décembre. Ilya Mouromets doit cette renommée à ses victoires sur les envahisseurs tougars (mélange des troupes Mongoles et d'autres peuplades asiatiques) qu'il repoussa, des origines surnaturelles de sa force et de sa connexion au peuple modeste, à l'inverse des nobles qui le trahiront.

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Alexandre Ptouchko entremêle profonde rigueur historique dans les décors et costumes (le film bénéficia d'une préparation de deux ans pour effectuer les recherches nécessaires à cette exactitude historique) et d'une grande fantaisie dans les péripéties tout en suivant fidèlement le déroulement de l'épopée d'lya Mouromets. Ces deux aspects s’alternent dès l'ouverture entre le flambeau héroïque transmis par le géant Svyatogor avec son épée, et l'attaque furieuse du village (qui semble avoir grandement inspiré l'ouverture du Conan le barbare de John Milius (1952)) d'Ilya (Boris Andreïev) par les tougars. Notre héros malade et paralysé de naissance assiste impuissant au carnage, avant de se voir confier l'épée par des pèlerins, ce qui va libérer sa force et le lancer sur sa destinée héroïque. La narration obéit à logique de conte mais aussi de la construction chantée des bylines, en étant constituées de grands blocs et tableaux figurant les étapes emblématiques du récit épique. Dès lors les personnages sont volontairement dénués de nuances et complexité pour constituer chacun des archétypes : Illya héros valeureux et pur, le chef des tougars (Choukour Bourkhanov) sanguinaire et cupide, les frères d'armes Dobrynia (Gueorgui Demine) et Aliocha (Sergueï Stoliarov) fidèles en amitiés, Vassilia (Ninelle Mychkova) l'épouse douce et aimante, le prince Vladimir (Andreï Abrikossov) au soutien versatile. Le jeu expressif des acteurs, le travail sur les costumes et la direction artistiques de qui les entourent participent à cette caractérisation se voulant plus évocatrice/symbolique que profonde. Alexandre Ptouchko s'inspire grandement de toutes l'iconographie russe existante sur lya Mouromets avec parfois certains tableaux repris à la quasi identique comme lors d'une des dernières scènes où Ilya, Dobrynia et Aliocha font face au champ de bataille avant l'ultime confrontation inspiré d'une peinture de Viktor Vasnetsov.

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Le Géant de la steppe se distingue des autres films de Ptouchko par sa démesure épique et son merveilleux au service d'un propos profondément nationaliste. Il s'agit de protéger la Russie mère-patrie contre les hordes barbares dans une approche totalement manichéenne, au point que lors d'une des premières projections officielles Khrouchtchev s'offusqua du traitement des tougars/mongoles désormais alliés. La versatilité et la corruption du pouvoir passe ainsi par la sophistication des architectures, le faste surchargé des intérieurs, quand les royaumes tougars baigne dans des environnements ténébreux et baroques, pétris d'ornements primitifs et inquiétants. La steppe et les grands espaces naturels représentent les lieux de liberté et de bonheur où Ilya peut savourer des amours paisibles et protéger la frontière en toute quiétude. Le Géant de la steppe est le premier film soviétique filmé en format large, le sovscope (équivalent du cinémascope occidental) même s'il fut en parallèle tourné aussi en format carré.

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Ptouchko en exploite à merveille les possibilités pour nous offrir d'envoutantes séquences contemplatives, renforcer l'aura surhumaine des protagonistes et surtout pour accentuer la grandiloquence de ses morceaux de bravoures. Tout son génie du trucage y passe pour nous offrir des séquences mémorables. Le maquillage, la maquette et les décors factices émerveillent lors de la confrontation avec Rossignol, une créature au souffle dévastateur dont le souffle va ployer les arbres, faire voltiger une nuée de figurants et détruire tout ce qu'il entoure. L'avancée des troupes tougars vers Kiev est aussi un grand moment où par un système de miroir et de collage, Ptouchko démultiplie leur nombre (déjà conséquent) pour faire envahir le cadre par une véritable armada. Le merveilleux peut néanmoins ressurgir sous la démonstration de force lors d'une scène où il revisite à sa manière et en live une séquence du Blanche-Neige de Walt Disney (ce dernier lui ayant écrit pour lui témoigner son admiration et l'inviter à Hollywood après avoir vu Le Nouveau Gulliver (1935)) quand Vassilia va enchanter les animaux le temps d'une chanson. Toute la poésie de Ptouchko et sa science de multiples techniques d'animations (marionnettes, stop-motion) est là, dans une pure candeur apaisée.

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La conclusion est un sommet de maîtrise avec cette licence poétique du conte dans la ruse qu'emploiera Ilya pour duper le chef tougar, la naïveté avec laquelle se résout un possible parricide et surtout la bascule dans la dark fantasy par le surgissement d'un impressionnant dragon à trois tête (dans toute leur vilénie les tougars maîtrisent bien évidemment la magie noire). Le découpage est virtuose, le dragon bénéficie d'un design intimidant en diable et d'une aspect alternant la construction grandeur nature (et très mobile) avec la stop-motion animée avec fluidité. Ptouchko en contemporain de Ray Harryhausen n'avait rien à lui envier sur ce type de séquence. Le Géant de la steppes est un incroyable livre d'images, plus belliqueux que les autres contes filmés de Ptouchko mais dont la portée sera grande, que ce soit par son immense succès en URSS ou par une vraie distribution internationale dont les Etats-Unis où il sera retitré, remonté et distribué par la société de production balbutiante de James B. Harris et Stanley Kubrick. 5/6

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