Le cinéma russe

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Re: Le cinéma russe formaliste

Message par Anorya »

C'est déjà pas mal vu la rareté du bidule ! :lol: :wink:
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bruce randylan
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Re: Le cinéma russe formaliste

Message par bruce randylan »

Sinon le DVD ruscisco existe :wink:
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Anorya
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Re: Le cinéma russe formaliste

Message par Anorya »

Trop cher pour moi. :D :mrgreen: :arrow:
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Anorya
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Re: Notez les films naphtas - Décembre 2009

Message par Anorya »

Agonie (Elem Klimov, 1975)
(L'agonie, Raspoutine)

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Tourné en 1975 par Elem Klimov ("Requiem pour un massacre" aka "Come and See") à l'occasion des cérémonies du 60e anniversaire de la Révolution, cette grande fresque de 2h23, ne sortit finalement que 10 ans plus tard. Accusé à l'époque de véhiculer une image jugée "trop sympathique" du tsar Nicolas II, le film fut totalement relégué aux oubliettes pendant un temps. Force est de constater aujourd'hui que surtout, Klimov évite le piège du manichéïsme (envers le tsar comme Raspoutine) et que sa vision globale intègre totalement toute l'histoire de la Russie à un tournant des plus radical. Intelligemment et avec un rare souci de reconstitution historique, Klimov alterne images d'archives en noir et blanc avec passages en couleurs de la fiction, démontrant que l'agonie de tout un peuple (les images de massacres reviennent constamment) est liée à un certain parallèle avec une noblesse coupée de tout quand elle n'est pas véritablement décadente avec l'ascension d' un certain moine fou, mystique et volontiers lubrique, Raspoutine (saluons au passage le jeu halluciné d'Alexei Petrenko, digne d'un Klaus Kinski, portant le film sur ces épaules, constamment entre folie et sincérité). Tous seront autant bourreaux involontaires que victimes (Raspoutine a plus que conscience qu'on exige de lui constamment un miracle et il se pose constamment en souffrant la question de savoir si il n'est pas un charlatan ou un saint incompris, laissant au spectateur le soin de choisir par lui-même) dans le creuset de l'Histoire.


Contrairement à Requiem pour un massacre, constamment en mouvement (grâce à la steadycam mais aussi le propos en lui-même); ici le film semble plus apaisé, naviguant en des eaux plus troubles. Certains plans font constamment penser à la peinture et les décors baroques et le jeu halluciné de l'acteur principal étonnent et surprennent constamment. Le travail du son comme la musique, élegante, sont des plus indéniables. On pourra évidemment ressentir quelques longueurs du fait qu'il faut un peu connaître l'histoire de la Russie à ce moment, qu'il y a un nombre incroyable de personnages (et que les sous-titres défilent très vite et n'affichent parfois pas tout)... Bref, que celà demande un effort constant du spectateur pour ne pas être largué mais si l'on s'accroche à ce film/documentaire exigeant, le voyage n'en est que plus passionnant. Pas un grand film au contraire d'un autre mais une curiosité assez intéressante pour contenter ceux que le cinéma russe et son esthétisme n'effraie pas (et n'irrite pas).
En somme je rejoins le propos de Bruce. ;)

4/6.
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Donatien-Aldonze
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Re: Le cinéma russe formaliste

Message par Donatien-Aldonze »

The Ascent (Voskhozhdeniye, Larissa Shepitko, 1977)

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Hiver 42. L'armée allemande poursuit son avancée sur le front russe. De nombreux villages sont tombés sous le joug nazi. Un bataillon de soldats rouges, débordé, est contraint de se replier en désordre. Pour assurer son ravitaillement, deux soldats sont envoyés chercher des vivres dans un village... Commence un long périple dans la steppe, sous la menace incessante des fusils allemands...

Le film, réalisé par l'épouse de Klimov, est dans la lignée des grands films de guerre russe. La mise en scène, alternant longs panoramiques et gros plans très expressifs semblants sortis tout droit des films muets de Kozintsev et Trauberg, illustre remarquablement cette odyssée lugubre de deux hommes aux tempéraments opposés perdus parmi les ruines fumantes des villages et les forêts gelées. Le film conte la métamorphose de l'un et la déchéance de l'autre. Seul petit reproche : le propos est parfois trop démonstratif dans son exposition des dilemmes moraux des deux hommes (la parabole christique du chemin de croix...). Malgré cette réserve, le film est vivement recommandable!
Donatien-Aldonze
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Re: Le cinéma russe formaliste

Message par Donatien-Aldonze »

Le destin d'un homme (Sudba Cheloveka, Sergei Bondarchuk, 1959)

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L'histoire d'un père de famille entrainé dans les horreurs de la guerre 39/45. Il connaitra l'enfer des camps de concentration, l'exode, les massacres... Le premier film de Bondarchuk, acteur alors très populaire en Russie soviétique et qui se lance ici dans la réalisation en brisant un tabou stalinien : le traitement des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Deux séquences sont très explicites : celle du médecin juif secourant les blessés et la longue séquence (quasi-muette) de l'arrivée dans le camp de concentration. Le film est parfois un brin mélodramatique mais toujours imaginatif visuellement. Plusieurs séquences sont très réussies : l'attente des prisonniers dans l'église désaffectée, le retour du père dans son village dévasté... Bref, j'ai trouvé le film passionnant! :D
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Jeremy Fox
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Jeremy Fox »

Une version de La Mouette de Tchekov par Youli Karassik filmée en 1972 ; c'est Pierre Charrel (que je remercie au passage pour sa toujours passionnante collaboration) qui a écrit la critique du film et a testé le DVD sorti chez Potemkine
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Demi-Lune
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Demi-Lune »

Boris Godounov (Sergueï Bondartchouk, 1986)

En portant à l'écran la pièce de Pouchkine, on pourrait croire que Bondartchouk se soit à nouveau lancé dans un projet ardu et colossal. En fait, l'acteur/réalisateur m'a semblé surtout chercher à faire son Ivan le Terrible à lui. La construction évoque pas mal le classique d'Eisenstein, de même que la fidélité au texte de Pouchkine qui rattache Boris Godounov à la même théâtralité solennelle. Les deux œuvres, en s'intéressant à deux tsars emblématiques du XVIe siècle, dessinent par ailleurs les contours d'une âme et d'une Histoire russes tourmentées et graves, où le meurtre et l'intrigue reviennent comme des cancers invincibles.
Cela dit la comparaison s'arrête là car si les cadrages et la rythmique du montage d'Eisenstein tiraient son film vers le drame opératique, le Boris Godounov de Bondartchouk s'avère beaucoup plus austère. C'est même très chiant, pour tout dire - et c'est un admirateur des 7 heures monumentales de Guerre et Paix qui écrit ça. OK, il y a quelques plans ou mouvements de grue impressionnants, les décors et les costumes de cette époque sont toujours aussi fastueux, mais ça ne contrebalance pas à mes yeux la pompe monolithique de cette adaptation cérémonieuse et arthritique, dénuée de vie à l'image de l'interprétation compassée de Bondartchouk dans le rôle-titre. La rencontre avec Pouchkine n'aura pas été aussi heureuse que celle avec Tolstoï. 2h20 très longues, il a fallu que je me force pour les terminer. Grosse déception.
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poet77
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par poet77 »

Cela fait des mois, voire des années, que j'envoie des messages aux éditeurs de DVD pour leur suggérer la publication de films de Constantin Lopouchanski, en particulier Lettres d'un homme mort et Le visiteur du musée.
Aucun résultat, aucune suite jusqu'à présent... C'est à désespérer...

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Demi-Lune
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Demi-Lune »

Le destin d'un homme (Sergueï Bondartchouk, 1959)

Un drame de Seconde Guerre mondiale côté soviétique intéressant, qui atteste que dès sa première réalisation, Bondartchouk savait déjà faire montre d'une maîtrise formelle et technique certaine. On compte plusieurs plans remarquables, comme ce travelling latéral qui suit les prisonniers en file indienne transporter des pierres au bord du ravin de la carrière, ou ce plan de fuite caméra sanglée au torse façon Mean Streets ou Angst. En outre, l'histoire, en s'intéressant aux prisonniers de guerre soviétiques sur le front allemand et leurs conditions de captivité, sort des sentiers battus et bat le fer d'une Histoire encore chaude. Bref, tout ça c'est très bien mais perso, j'ai eu du mal à m'impliquer émotionnellement dans ce récit de survie. Le héros du film, Sokolov, traverse tellement d'épreuves que son parcours finit par être vraiment improbable quand bien même ce soit cette "increvabilité" qui intéressait manifestement l'auteur de la nouvelle, Cholokhov, pour délivrer une morale humaniste, confiante. Reste que le personnage de Sokolov, que Bondartchouk interprète toujours aussi neutrement, peine à susciter une véritable empathie, ce qui fait que l'aspect mélo ne fonctionne pour moi que très ponctuellement... c'est surtout dans les 10 dernières minutes que ça frémit, en fait. Au final, Le destin d'un homme est une œuvre intéressante mais à mon sens beaucoup moins aboutie que d'autres films d'internement comme Empire du Soleil ou Le Pont de la rivière Kwaï.
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Jeremy Fox
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Jeremy Fox »

Aujourd'hui sur le site, critique de La commissaire de Aleksandr Askoldov sorti aux Editions Montparnasse.
bruce randylan
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par bruce randylan »

Anna Karénine (Alexandre Zarkhi - 1967)

Ca fait des années que le DVD Ruscisco traînait chez moi et j'ai profité de son passage à la cinémathèque pour le découvrir directement sur grand écran et en 70 mm :D

Une copie d'exploitation d'une belle propreté mais malheureusement assez fragile qui n'a pas rendu la projection évidente avec 40 minutes de retard et une pellicule qui a cassé à 4 reprise et qui a même brûlé à un moment. :?
Pour le reste, le confort visuel est quand même impressionnant avec en plus une bande-son tonitruante ! :D

Le film est ainsi assez impressionnant et particulièrement prenant dans sa première époque qui ne manque pas de tension dramatique avec quelques morceaux de bravoures techniques typiques du cinéma russe de cette époque : la scène du bal où Kitty se sent humiliée de pas attirer l'attention d'Alexis (capté dans de tourbillonnants panoramiques circulaires de plus en plus serré sur les visages des danseurs) ; la scène à l’hippodrome avec son montage s'accélère, la jalousie du mari d'Anna qui éclate avec les rumeurs à l'issu d'un opéra ou encore le plan séquence qui précède le mari traverser son appartement pour aller parler à Anna.
Dans ses moments, la mise en scène décuple véritablement les enjeux des séquences et apporte de ce fait une émotion toujours sur le point d'exploser. La musique oppressante de Rodion Shchedrin est pour beaucoup dans ce ressenti et les palpitations cardiaques collent aux effets de caméra comme les nombreux mouvement d’appareils accompagnant les personnages dans les dédales de couloirs. Cela crée une forte dilatation du temps qui entretient cette violence des sentiments.

Malheureusement j'ai trouvé la seconde moitié bien moins prenante. La narration y est bien plus décousue, bien plus précipitée. Ce manque de fluidité empêche à de nombreux moments de décoller. La magnifique séquence de la moisson (à la photographie ahurissante) arrive ainsi de manière totalement incongrue sans qu'on comprenne ce qu'elle vient faire à ce moment. je me suis demandé si cette partie n'avait pas subit de sévères coupes lors du montage tant la progression est hachée et l'évolution psychologique difficilement compréhensible (notamment autour du couple de Kitty). D'ailleurs, ce sont les séquences les plus longues et qui prennent leur temps qui s'avèrent le plus marquantes. Après cette impression provient peut-être des problèmes de projection qui ont fait terminé la séance assez tard.

Celà dit, la fin est belle et bien maladroite en étant bien mal amenée et la "chute" rate ainsi terriblement le coche. L'inverse de la version de Duvivier qui ne m'avait absolument pas marqué mais dont la dernière séquence était extraordinaire de lyrisme, de virtuosité et de noirceur.
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Chapichapo »

Les éditions Montparnasse ont édité en 2013 l'unique film du cinéaste Alexandre Askoldov intitulé "la commissaire".
Ce film tourné en 1967 a été interdit par l'union Soviétique et son relais Russe pendant 40ans.
Son sujet : une commissaire de l'armée rouge enceinte, termine sa maternité dans la maison d'une famille juive. Au contact de cette famille elle devient la femme qu'elle n'a jamais été bousculant momentanément son sens des priorités.
Ce film dont l'action se situe en 1927 a été interdit pour ses audaces formelles (séquence surréaliste de soldats fauchant une dune ensablée...) son contenu idéologique (flash forward de la déportation des juifs en 1941 sous le regard absent des populations Russes) ) et probablement la partition musicale de Alfred Schnitke tellurique et grinçante.
Adaptant une oeuvre de jeunesse de Vassili Grossman "Dans la ville de Berditchev", cette oeuvre est unique et mérite d'être découverte ,ne serait ce que par son destin maudit largement commenté par son réalisateur.
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Tutut »

La qualité des sous-titres français sur l'édition Ruscico de La Commissaire laisse vraiment à désirer, ce ne sera pas un mal.
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Demi-Lune
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Re: Le cinéma russe formaliste (et autre)

Message par Demi-Lune »

Chapichapo a écrit :Les éditions Montparnasse ont édité en 2013 l'unique film du cinéaste Alexandre Askoldov intitulé "la commissaire".
Ce film tourné en 1967 a été interdit par l'union Soviétique et son relais Russe pendant 40ans.
Son sujet : une commissaire de l'armée rouge enceinte, termine sa maternité dans la maison d'une famille juive. Au contact de cette famille elle devient la femme qu'elle n'a jamais été bousculant momentanément son sens des priorités.
Ce film dont l'action se situe en 1927 a été interdit pour ses audaces formelles (séquence surréaliste de soldats fauchant une dune ensablée...) son contenu idéologique (flash forward de la déportation des juifs en 1941 sous le regard absent des populations Russes) ) et probablement la partition musicale de Alfred Schnitke tellurique et grinçante.
Adaptant une oeuvre de jeunesse de Vassili Grossman "Dans la ville de Berditchev", cette oeuvre est unique et mérite d'être découverte ,ne serait ce que par son destin maudit largement commenté par son réalisateur.
Je me faisais une joie de l'avoir enfin chopé. Ben je me retrouve tout couillon car je n'y ai pas accroché. Bien sûr, quiconque apprécie le formalisme soviétique et ses audaces de mise en scène aura de quoi se mettre sous la dent avec le travail d'Askoldov. C'est au niveau de l'histoire que ça coince pour moi : la découverte de la maternité par cette soldate se révèle étonnamment bien peu intéressante. A l'inverse de la dynamique émotionnelle d'ouverture et d'humanisation qu'il est censé accompagner, le traitement est froid et distant, presque cryptique. Pour ma part, mon ennui fut, malgré la réal', malheureusement profond...
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