The swimmer - Réalisé par Frank Perry (terminé par Sydney Pollack) / 1968 :
En rendant visite à ses voisins, Ned Merrill décide de rentrer chez lui à la nage: de piscine en piscine. De là, il rencontre son voisinage et se découvre un peu plus à chaque passage.
La carrière de Burt Lancaster est le modèle type de la carrière réussie, plurielle, s'adaptant à son époque, indubitablement équilibrée (entre cinéma commercial et oeuvres plus personnelles), sachant choisir de grands cinéastes (Robert Aldrich, Robert Siodmak, John Sturges, Fred Zinnemann, John Huston...) comme de jeunes loups bourrés de talent (John Frankenheimer, Sydney Pollack, John Cassavetes...). En regardant
The swimmer, c'est tout cela qui vient en tête... Aujourd'hui, ce film ressemble fort à l'un de ces chefs-d'oeuvre oubliés, un brin formalistes mais tellement humains. Raconter en quelques lignes tout ce que comporte
The swimmer serait trop difficile, je n'y arriverais pas. Disons simplement qu'il s'agit d'un itinéraire unique, très sensible, à la fois symbolique et très intimiste. Burt Lancaster interprète un homme brisé, mais cela on ne le sait que plus tard, dans le prolongement du film. D'abord tout sourire, campé sur le sol de tout son corps puissant, Lancaster vieilli de minutes en minutes, laissant dévoiler la folie qui le hante, les artéfacts de la vie qui l'ont mis à terre. Cet homme, en réalité, est fou à lier, ou plutôt est devenu fou à lier. On devine peu à peu son existence devenue minable... mais n'a-t-elle pas toujours été comme cela ? Difficile, malgré les défauts du personnage (et son passé discutable, mais ô combien "vrai"), de ne pas le prendre en pitié, surtout dans les dernières secondes, dans ces derniers plans, imprimés pour longtemps dans ma mémoire, bref, ces quelques images horribles, inhumaines, porteuses de tout un symbole psychanalytique détruit et voué au néant. Plus le film s'installe dans mon esprit, et plus chaque élément fait sens (la progression diégétique, le choix des piscines...), chaque choix artistique se renforce. La mise en scène pourra énerver, c'est selon... de même qu'une musique très belle, mais trop présente. Et pourtant, voilà un film ovniesque, sans réel équivalent encore aujourd'hui. Un film terrible, un film magnifique, un drame inoubliable.
Le sujet sur le papier était casse gueule... Mais Lancaster prouve encore une fois son statut d'icône hollywoodienne de génie. Disons-le, sa carrière est l'une des plus complètes jamais effectuées.