Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24538
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Commissaire Juve »

villag a écrit :....pour info, je suis né à 15 kms à vol d'oiseaux d' Oradour, et je me souviens encore de cette apres midi ou, vers l'est le ciel etait tout noir de fumée pour la raison que vous pouvez imaginer; j'avais 3 ans et 6 mois....!
Oh ? :o

Mais ça ne me surprend pas plus que ça. Il paraît que l'amnésie infantile concerne tous les souvenirs entre 0 et 3 ans, mais, perso, un de mes plus vieux souvenirs (un doigt brûlé sur une coquille d'escargot) remonte à mes 2 ans et demi (plus deux trois visions éparses).
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Flol »

riqueuniee a écrit :(et effectivement, la scène du meurtre de sa femme et de sa fille est montrée non comme un flashback, mais par ce que le personnage de Noiret "reconstitue" -et sans doute correspondant à la réalité).
Scène que j'aurais d'ailleurs pu citer dans le topic des traumas d'enfance.
volfoni49
Stagiaire
Messages : 1
Inscription : 29 mars 13, 00:21

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par volfoni49 »

Alors c'est ça LE grand classique du cinma français ? Le film qui a reçu le césar du meilleur film en 1976 et son réalisateur celui du césar du meilleur réalisateur.
Le moins qu'on puisse dire est que je m'attendais à autre chose.
A vrai dire, au moment où j'ai su que le film ne durait qu'1h45 (générique compris) j'ai eu un mauvais pressentiment. Celui qu'il ne devait pas s'agir du chef d'oeuvre que l'on m'avait présenté et que ce long métrage acclamé à sa sortie avait sans doute mal vieilli.
C'est la première fois que le voyais ce soir, lors de sa diffusion sur une chaine généraliste. Je dois dire que je n'ai pas tellement accroché à ce film mi mélo (les flash-back sont d'une lourdeur extrême) mi vendetta/western sur fond de dénonciation des horreurs nazis. Le pathos dont fait preuve le film le condamne irrémédiablement à la case films mineurs sur des sujets pourtant graves. NOiret, grand acteur et Romy Schneider sont sous-utilisés et mal dirigés.
Les allemands sont de vraies caricatures de salauds comme on en faisait dans ces années-là.
Au delà de ces simples considérations de forme, c'est l'apologie qui est faite dans ce film de la vengeance personnelle qui me met le plus mal à l'aise. Mettre en scène la douleur irréparable d'un homme a quelque chose de profondément émouvant mais légitimer par la suite sa transformation en bête assoiffée de vengeance a quelque chose de profondément dérangeant.
Je suis viscéralement pacifiste, non violent, totalement opposé à la Loi du Talion (chère à notre ami Commissaire Juve) et donc opposé à la barbarie comme solution idoine. Le cinéma est une discpline artistique qui se doit de tirer vers le haut et non de flatter les instincts les plus vils comme c'est le cas ici.
Enrico se loupe ici dans les grandes largeurs et diffuse un message nauséabond proche de ce qu'il croit dénoncer : le fascisme.
A vomir.
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par AtCloseRange »

Moi, c'est bien simple: en dessous de 2 heures, je ne regarde même pas...

Sinon, bienvenue! :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99493
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Jeremy Fox »

A vrai dire, au moment où j'ai su que le film ne durait qu'1h45 (générique compris) j'ai eu un mauvais pressentiment. Celui qu'il ne devait pas s'agir du chef d'oeuvre que l'on m'avait présenté et que ce long métrage acclamé à sa sortie avait sans doute mal vieilli.

:shock:

AtCloseRange a écrit :Moi, c'est bien simple: en dessous de 2 heures, je ne regarde même pas...

Oui, j'ai cru aussi à une blague :lol: Enfin j'espère encore que c'en est une sinon ça voudrait dire que je ne regarde et n'apprécie surtout que des navets !
homerwell
Assistant opérateur
Messages : 2502
Inscription : 12 mars 06, 09:57

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par homerwell »

volfoni49 a écrit : Les allemands sont de vraies caricatures de salauds comme on en faisait dans ces années-là.
Tu peux nous éclairer sur les allemands qui ont perpétré des massacres type Oradour sur Glane ?
Avatar de l’utilisateur
Père Jules
Quizz à nos dépendances
Messages : 16894
Inscription : 30 mars 09, 20:11
Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Père Jules »

On dirait du jacques2.
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17064
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Watkinssien »

On dirait du Neuhoff mélangé à du Bégaudeau...
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par hellrick »

volfoni49 a écrit : Au delà de ces simples considérations de forme, c'est l'apologie qui est faite dans ce film de la vengeance personnelle qui me met le plus mal à l'aise.
légitimer par la suite sa transformation en bête assoiffée de vengeance a quelque chose de profondément dérangeant.
NON :mrgreen:

Noiret, The Exterminator, même combat :fiou:
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24538
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Commissaire Juve »

Cela dit, j'en ai revu la dernière partie hier soir et... j'ai compris pourquoi je n'avais pas ce titre dans ma collec. C'est un film qui vieillit mal, je trouve.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Alphonse Tram
Réalisateur
Messages : 6926
Inscription : 7 juil. 03, 08:50

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Alphonse Tram »

Commissaire Juve a écrit :Cela dit, j'en ai revu la dernière partie hier soir et... j'ai compris pourquoi je n'avais pas ce titre dans ma collec. C'est un film qui vieillit mal, je trouve.
Ah tient ? Curieux. Je trouve que c'est un vrai classique au contraire.
30 ans plus tard on peut effectivement tenter une nouvelle présentation, tester de nouvelles idées, mais en l'état, non, c'était un bon film et il le reste.
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 14743
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Zelda Zonk »

Je ne peux pas être très objectif sur ce film, car il y a Romy, toujours aussi belle.
C'est donc très bien. :mrgreen:
Ca me fait ça pour tous les films où elle apparaît.

Sinon, dans le court débat qui a suivi avec J.B Thoret (j'aime beaucoup ce gars), j'ai été très content car il a mentionné la référence évidente à Il était une fois la Révolution, de Leone, dans plusieurs scènes.
Or au cours du film, c'est la première fois que je le remarquais. Ca m'a sauté aux yeux dans la scène où Noiret découvre les cadavres dans la chapelle. On a là un plan séquence comparable à celui de la Révolution, dans les grottes, mais quand même beaucoup moins maîtrisé (celui de Leone doit durer pas loin d'une minute).
Léo Pard
Machino
Messages : 1134
Inscription : 29 sept. 10, 18:33

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Léo Pard »

Malheureusement, le film a fait un gros flop en audience : 1,9 million de téléspectateurs (7,3 % de part de marché). Cela peut en partie s'expliquer par l'intervention d'Hollande, mais ça fait encore un film naphta qui risque de ne plus être diffusé sur les chaînes gratuites (à part peut-être Arte). :?
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par riqueuniee »

C'est surtout qu'il est multi-diffusé. Il est passé sur F3 en septembre 2010, et sur Classic il y a 6 mois. En plus, il est facilement trouvable en DVD...
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Le Vieux Fusil (Robert Enrico - 1975)

Message par Demi-Lune »

J'ai également découvert le film hier soir, et sans surprise, je suis réservé.

D'abord, j'aimerais dire que relire le topic est très amusant. On y voit jacques2 prophétiser Django Unchained. :D

J'ai trouvé Le vieux fusil plus intéressant par son aspect de curiosité dans le paysage cinématographique français (conjuguer la "qualité française" à du cinéma d'exploitation à la Peckinpah/Winner) que pour son décorticage du processus de vengeance.
C'est, comme toujours, un sujet éminemment casse-gueule, et qui aboutit sur une démonstration que je trouve au mieux maladroite à partir du moment, déterminant, où la séquence de la mise à mort de Romy Schneider et de sa fille sont montrées frontalement par le réalisateur en dépit de la cohérence de la narration. Je m'explique : il aurait suffi qu'Enrico en reste à la découverte visuelle, par Noiret, du cadavre ensanglanté de sa fille et du cadavre carbonisé de Schneider. Le spectateur aurait été sollicité dans son imagination et aurait de toute façon compris et mesuré la portée du massacre qui s'est produit en angle mort. On n'en aurait pas plus vu que Noiret, mais l'effet de dévastation et d'horreur aurait été le même. Malheureusement, Enrico choisit à ce moment-là, et pour la seule fois du film, de quitter le point de vue de Noiret et de s'aventurer dans un flash-back totalement factice : Noiret "s'imagine" arbitrairement ce qui s'est passé et ce choix de mise en scène, qui n'est évidemment pas neutre, rompt avec la suggestion de "l'après" pour balancer au visage du spectateur la violence de "l'avant" dont le caractère abominable va émotionnellement le conditionner à épouser la future vengeance. Le procédé est similaire à ceux de Quentin Tarantino : la mort de Schneider est si horrible, que celle des Allemands, au moins aussi cruelle, satisfait le spectateur grâce à leur caractère cathartique (l'officier commandant, qu'on se réserve pour la fin, devant bien sûr périr de la même façon). Rien ne justifie ce flash-back puisque Noiret n'était pas présent, si ce n'est pour édifier le spectateur et lui causer un traumatisme visuel qui le hantera chaque fois que Noiret va buter un Allemand : œil pour œil, merde. Alors que si Enrico n'avait rien montré, il aurait préservé une forme d'ambiguïté qui, sans être hypocrite (quand on voit un corps carbonisé, on a pas besoin d'un dessin pour comprendre ce qui s'est passé), serait restée viable car elle aurait suivi avec un certain recul l'entreprise méthodique de Noiret. Bref, je trouve vraiment regrettable l'intrusion de ce flash-back cherchant mécaniquement la connivence du public car il obscurcit du coup l'attitude d'Enrico face à la vengeance de son personnage.
De même, les autres flash-back semblent sonner comme autant d'électrochocs mémoriels pour Noiret au cas où sa détermination vacillerait : qu'il suffise de montrer les heures perdues de bonheur et le sourire de Romy, pour que le retour au présent galvanise et le personnage, et le public, pour le prochain face-à-face mortel.
Le fait que le film s'inspire tacitement d'un événement aussi atroce que celui d'Oradour-sur-Glane ne le met pas à l'abri de toute remise en perspective morale... encore une fois, ce n'est pas un gros mot, ce n'est pas sale, ce n'est pas prendre le parti des méchants. Ce n'est pas faire l'autruche bien-pensante. Il s'agit simplement de regarder ce que propose le film. Car c'est justement ce qui est, à mon sens, dérangeant : par son pouvoir de réinvention, le cinéma offre finalement ici la possibilité fantasmatique de se venger et de se purger de cette barbarie en servant, sur un plateau d'argent, à une victime collatérale les tortionnaires responsables de cette tuerie historique. Là encore, on n'est pas si éloigné des débats récents sur Tarantino : réécrire, revisiter l'Histoire pour châtier. Je continue de trouver cela problématique.
Cependant Le vieux fusil me semble quand même plus intéressant dans la mesure où son historicité est rationalisée, ce qui crée une proximité émotionnelle. Phnom&Penh avait raison de parler de mélo, au fond. C'est ce qui distingue Le vieux fusil du premier vigilante venu. Incidemment, la tragédie humaine subie par le personnage de Noiret est suffisamment forte pour questionner, en notre for intérieur, notre propre conscience. C'est juste dommage qu'Enrico aiguille bien notre point de vue avec ce fameux flash-back.
Répondre