Encore une bonne surprise dans ce cinéma populaire français des années 60 si souvent mésestimé.
« Les Bonnes causes » de Christian Jaque (1962), une histoire de meurtre machiavélique ourdi par une jeune bourgeoise qui se débarrasse de son vieux mari malade et qui laisse accuser à sa place son infirmière. Un juge honnête qui croit encore à la justice des hommes et un grand avocat cynique et talentueux vont s’affronter sans pitié autour des deux jeunes femmes. D’autant plus férocement que l’avocat en question est l’amant de la jeune bourgeoise…
Si on a un peu peur au début (l’intrigue met un peu de temps à se mettre en place), on se laisse peu à peu embarquer par cette histoire aux multiples rebondissements et aux personnages bien dessinés. Les dialogues de Jeanson y sont pour beaucoup, et les acteurs, plutôt bien dirigés, font le reste.
Certes, les détracteurs peuvent toujours juger le film un poil trop bavard et la mise en scène un peu trop statique, mais telle quelle, l’histoire se suit avec un réel plaisir et le suspense dure jusque dans les dernières minutes
On retrouve cette fois Bourvil en juge d’instruction humain, trop humain. Ce n’est pas forcément sa meilleure performance, mais l’humanité et le talent de l’acteur font à nouveau tout passer. Quand à Marina Vlady, elle hérite d’un rôle de garce intégrale comme on n’en fait plus. Mais le vrai intérêt du film en réalité est Pierre Brasseur. Dès qu’il apparaît à l’écran, on ne peut plus décrocher. Totalement à l’aise dans son personnage de grand avocat du barreau de Paris, l’acteur a un charisme incroyable et une présence à l’écran digne des plus grands. Il y a entre autres une séquence d’anthologie au cours de la reconstitution du meurtre. Un témoin surprise sorti de la manche du juge (Bourvil) prouve de façon irréfutable la culpabilité d’un des personnages présent sur place. Devant ce témoignage soudain et inattaquable, l’avocat (Brasseur) est totalement pris au dépourvu avant d’entamer un long contre-interrogatoire qui va finalement faire basculer la situation. Je trouve (et je pèse mes mots) que cette scène vaut largement les grandes scènes de genre du cinéma américain. Miraculeuse alchimie des dialogues d’un Henri Jeanson inspiré et d’un Pierre Brasseur époustouflant qui trouve là l’un de ses meilleurs rôles.
Enfin, comme LCJ « les films du collectionneur » ne fait pas très bien son boulot (aucun supplément à part un quizz et des filmographies incomplètes), j’amène donc mon propre bonus : deux minutes d’interview de Bourvil et Brasseur pendant le tournage, le tout sous le regard amusé de Marina Vlady. La complicité de ces trois-là fait plaisir à voir.
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