Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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cinephage
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Re: Le cinéma muet

Message par cinephage »

someone1600 a écrit :Intéressant ce texte, meme si on ne connait pas l'endroit. Merci cinephage. :wink:
Oui, on part d'un cas particulier, c'est vrai (je ne connais pas grand chose de la Virginie moi non plus), mais c'est une façon assez concrète de parler de ces coins reculés, où le cinéma était aussi vu, finalement.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Major Dundee
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Re: Le cinéma muet

Message par Major Dundee »

cinephage a écrit :
someone1600 a écrit :Intéressant ce texte, meme si on ne connait pas l'endroit. Merci cinephage. :wink:
Oui, on part d'un cas particulier, c'est vrai (je ne connais pas grand chose de la Virginie moi non plus), mais c'est une façon assez concrète de parler de ces coins reculés, où le cinéma était aussi vu, finalement.
Texte tout à fait passionnant, merci cinephage 8)
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Jack Carter
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Re: Le cinéma muet

Message par Jack Carter »

le 29 octobre, chez l'editeur allemand Filmmuseum

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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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ex-beldvd man
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Re: Le cinéma muet

Message par ex-beldvd man »

La sortie a été annoncée pour le mois d'août, puis septembre, maintenant fin octobre... :cry:
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lupinnipul
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Re: Le cinéma muet

Message par lupinnipul »

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The Toll of the Sea (1922) de Chester M. Franklin

Tragédie d'amour...Certes la ligne générale est des plus basiques (on peut même laisser dire sans s'offusquer que ce n'est qu'une transposition chinoise de l'intrigue de Madame Butterfly) mais le scénario de Frances Marion se déroule avec beaucoup de justesse - je veux dire par là qu'il n'y a à aucun moment des traces de pathos dégoulinant, le caractère mélo n'est pas appuyé. Sa prévisibilité est effrayante, les évènements prennant à chaque fois la plus mauvaise tournure, malmenant la jeune et fragile héroïne jusqu'à une apothéose des plus terrifiantes.
Il y a très peu de mouvements et d'effets dans l'interprétation, même si parfois des larmes coulent dans des postures dignes des plus belles icônes catholiques, tout est extrêmement contenu, et c'est principalement de cette contenance - il y a une sorte d'abnégation "absolue" chez Fleur de Lotus - que découle la puissance de ce récit magnifique.
Au surplus, aucun amoureux du cinéma ne restera insensible aux couleurs de The Toll of the Sea. Car oui, ce film de 1922 est en couleurs ! C'est d'ailleurs le premier film à utiliser le procédé Technicolor en bichrome (deux couleurs: le rouge et le vert) avec le principe de la synthèse soustractive. Le résultat est absolument stupéfiant. Une décennie avant que le procédé trichrome ne vienne s'imposer, les couleurs sont extrêmement mélancoliques et possèdent déjà un peu de cette flamboyance si particulière qui fera la renommée de la firme américaine dans les années 40 et 50. Sur le photogramme, certes divers degrés de verts et de beiges (un peu "délavée" la flamboyance sur cette image là, j'en conviens...des tonalités que n'aurait pas renié Alphonse Mucha) mais dans de très nombreux autres plans, il y a tout un monde de pourpres et de roses dans les feuillages...Les intertitres, quasiment tous accompagnés de motifs peints, sont d'un kitsch sublime. J'ai beaucoup beaucoup aimé !
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Re: Le cinéma muet

Message par allen john »

Jack Carter a écrit :le 29 octobre, chez l'editeur allemand Filmmuseum

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presence de sta.
Nous ne sommes pas le 29 octobre, mais j'ai l'objet en mains. STA, oui, et nombreux bonus: en Allemand non sous-titré (Les souvenirs de Mark Sorkin, en audio seulement), ou avec sous-titres Anglais. Der andere Blick (L'autre oeil) est un documentaire de dimension impressionnante, et l'extrait de Pabst wieder sehen (Revoir Pabst) est entièrement consacré à la restauration impossible de La rue sans joie. un livret, sobre come d'habitude chez l'éditeur, propose un historique en Allemand de cette restauration, en commençant par l'histoire du film et de sa censure, ainsi qu'un texte plus court, en Anglais qui en reprend les grandes lignes.
Et comme c'est La Rue sans joie, cauchemar entre tous des restaurateurs du monde entier, quelques extraits impossibles à replacer dans la nouvelle version sont donnés en bonus dans le disque 2. Avant même de s'attaquer au film, l'un de mes films préférés, justement, on peut déja dire qu'on a entre les mains un DVD d'un grande qualité, qui fera certainment couler beaucoup d'encre, et que je vous conseille d'acheter séance tenante... ah oui, mais zut, c'est la crise, et il n'est pas donné, surtout avec les frais de port à 16 Euros.
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Xavier
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Re: Le cinéma muet

Message par Xavier »

Je suis en train de mettre en ligne sur Youtube le Cabinet du docteur Caligari (génial film de Robert Wiene, 1920) que j'avais accompagné en 2004, je ne disposais que d'un piano droit mais c'est une séance dont j'étais assez content et qui a été enregistrée de façon plutôt correcte sur mini-disc. (pour les plus anciens, on a beaucoup parlé de ce film et du problème de l'accompagnement musical dans les premières pages de ce topic)
Par la suite il fallu bien synchroniser cette bande-son avec l'image du DVD. (donc l'image est ici excellente)
J'ai dû couper le film en 9 parties, en essayant de ne jamais couper la musique.
Voici donc l'intégralité du film avec mon accompagnement: (ça c'est la 1ère partie du film, si les autres parties n'apparaissent pas à droite vous pouvez les retrouver facilement, toutes mes vidéos sont ici )
allen john
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Re: Le cinéma muet

Message par allen john »

La rue sans joie

Dans le chaos qui a suivi la débâcle de 1918, le cinéma n’a pas été le dernier a se faire le reflet des inquiétudes populaires aussi bien que des hésitations des classes bourgeoises. Malgré la richesse, pour ne pas dire la pléthore, aussi bien de films que de talents que de styles et genres explorés durant ces années d’or, on retient surtout un mot, un film, et ses conséquences plus ou moins comprises. Vrai, Le Cabinet du docteur Caligari a bien été une révolution, l’explosion d’un nouveau genre, mais l’insistance des critiques a nommer tout ce qui vient d’Allemagne « film expressionniste » lui donne une importance inattendue, et une paternité qui n’a rien de concret : après la vague de cinéma « Expressionniste » née immédiatement de l’effet Caligari (Lui ont emboîté le pas Wegener et son Golem par exemple, en atténuant considérablement l’expressionnisme de ses costumes, et en refaçonnant l’extrême exagération des décors, ou encore dans un autre genre Le cabinet des figures de cire, de Paul Leni, en 1923), d’autres films ont exploré d’autres voies : Nosferatu, film fantastique, tourné en décors naturels, ou encore la trilogie du Kammerspiel, autour des scénarios de Carl Mayer pour Murnau et Lupu-Pick sont encore des films d’un autre genre. Et Lang ? Si le cinéaste s’est toujours déclaré avoir été à la base de Caligari, il faut reconnaitre que son cinéma en ces années charnières (Je parle ici des années 1919-1923) est dominé par le feuilleton (Mabuse, Die Spinnen), par un certain sens du mélodrame(Das wanderne Bild, Die vier un die Frau) et par une version toute personnelle des déformations de l’expressionnisme (Der müde Tod/Les trois lumières), ce qu’on peut d’ailleurs aussi dire du Lubitsch de La poupée, et de la Chatte des montagnes … Au milieu de ce qui est un kaléidoscope de formes, de genre, d’expérimentations dont les meilleurs exemples sont encore à venir, apparait un cinéaste qui va d’abord se livrer à sa propre vision des formes expressionnistes : Der Schatz (Le trésor) est en 1923 un film très marqué par Le cabinet du docteur Caligari, qui nous conte une intrigue assez proche des drames paysans de Murnau, mais dont le cadre volontiers distordu et le jeu volontiers outré de certains acteurs renvoie à cette tendance décidément envahissante du cinéma Allemand… Et pourtant, on verra, encore aujourd’hui, des critiques qui mettent tout cela dans le même panier : même des films aussi éloignés de l’expressionnisme que Loulou (Pour rester chez Pabst ) ou Tartuffe (Pour saluer le plus grand selon moi de tous ces cinéastes) se verront ainsi esampiller "expressionistes" par facilité, de façon aussi stupide que ces gens qui vous demandent, vous qui venez sur ce forum vous savez de quoi je parle, si vous ne regardez que du cinéma en noir et blanc ou si vous aimez les autres genres (à ce sujet, le terme de « naphtaliné » m’énerve autant sinon plus, mais s’il vous plait ne me jetez pas à la rue :roll: ). Voila pourquoi je me suis amené à me demander ce qui peut bien rattacher Die freudlose Gasse (la rue sans joie) de Georg Wilhelm Pabst à l’expressionnisme. Parce que sinon, je pense qu’il vaudrait mieux aller chercher du coté du mélodrame, ou même à un hypothétique « naturalisme », puisque sans surprise, au-delà de quelques décors stylisés, qui n’ont que peu de points communs avec les décors totalement faux et esquissés du fameux film de Robert Wiene, au-delà du jeu outrancier et en roue libre de quelques moments-clés de la performance de Valeska Gert, au-delà enfin de la noirceur de l’ensemble, du tournage en studio ou de l’utilisation du clair-obscur (Presque tout le film se passe de nuit, dans une seule rue), on est bien loin de l’expressionnisme, en effet. Mais le film est une somme. Loin de la rigueur paralysante des expériences de Mayer, qui souhaitait se passer notamment des intertitres, ou de la mégalomanie d’un Lang qui souhaitait construire (Metropolis) ou reconstruire (Mabuse, Die Nibelungen) des mondes, Pabst se repose sur des acquis dans lesquels on peut voir une certaine tradition populaire du cinéma, également incarnée par Lang à cette époque avant qu’il ne reconstitue le Walhalla en studio… on peut aussi y voir soit l’influence de Stroheim, soit un conception simultanée à celle du grand cinéaste Américain, qui à cette même époque s’investissait dans un cinéma romanesque et fleuve : La rue sans joie, avec ses 15 personnages dans un lieu unique, égrène quelques jours de ces destins croisés, et se rapproche d’un Greed à l’Allemande : il partage avec lui, et avec L’argent de L’Herbier, un autre chef d’œuvre du muet, le thème de l’argent justement ; mais chacun des ces trois films a su prendre une route différente. En tout cas, voici définie pour ce film exceptionnel de Pabst une place qui dépasse bien sur le cinéma Allemand, et qui renvoie plutôt à l’idée qu’on se ferait d’un cinéma muet Européen, dont il serait bien sur l’un des fleurons, expressionniste… ou pas.

Bien que le cinéaste, avec son goût pour les histoires situées dans les bordels ou qui en viennent (Voir à ce sujet L’Atlantide, L’opéra de quat’sous, Le journal d’une fille perdue et Loulou, excusez du peu), passe pour un dur à cuire, La rue sans joie, à la base, est un mélo. Mais contrairement à bien des œuvres du genre, qu’elles soient signées Griffith, Borzage ou Stroheim, ce film est choral : je sais, il y a un phénomène de mode derrière ce genre passe-partout, mais force est de constater qu’avec sa rue Melchior, ses personnages et leurs destins qui s’y croisent, le qualificatif est très approprié : le film nous conte, en quelque jours, la vie d’une rue à Vienne en 1921, en pleine inflation galopante, à travers les vies entrecroisées de quelques protagonistes : des petites gens, interprétés notamment par Asta Nielsen, Greta Garbo, des bourgeois ou assimilés (Henry Stuart, Agnes Esterhazy), les deux incontournables « notables » de la rue, un boucher interprété par Werner Krauss et la propriétaire d’une boutique de mode (Valeska Gert) qui se transforme la nuit en une boite de nuit très en vue, à l’intérieur de la quelle les jeunes filles qui veulent s’en sortir trouvent toutes à qui parler. Le boucher utilise également ces méthodes, en permettant aux jeunes femmes sans le sou de coucher avec lui contre de la viande. Un personnage joue un peu le fil rouge, Canez, un diplomate étranger interprété par Robert Garrison, qui oscille de bouge en bordel, tout en se frottant à l’essentiel de la bonne société, en étant à certains moments le principal suspect d’un meurtre, et à d’autres le protecteur du personnage interprété par Asta Nielsen. Les intrigues tournent autour de la pauvreté, vue de trois points de vue différents : les pauvres et très pauvres, qui n’ont pas d’argent ou sombrent dans les ennuis suite à de mauvais choix ; les bourgeois, qui sont conscients de la fragilité de leur statut, et qui tentent d’en avoir toujours plus, ou d’asseoir mieux leur position, et enfin les deux brigands qui régissent ce petit monde, l’un en fournissant la viande, l’autre en procurant du plaisir. Ces deux personnages sont très impliqués dans la structure de l’ensemble, classiquement construit en 9 actes, suivant l’habitude du cinéma Allemand et Scandinave. Krauss joue un rôle de premier plan dans le premier acte, servant l’exposition du film, en établissant clairement les conditions dans lesquelles vivent les pauvres gens, victimes d’un odieux profiteur ; il revient au dernier acte pour fournir un point d’orgue salutaire à tout le film, et on l’apercevra entretemps plus qu’on ne le verra, lors par exemple de ses visites au « Salon » de Frau Greifer, dont il est bien sur un client assidu. De son coté, la Greifer est très présente tout au long du film, ne serait-ce qu’en raison de sa mainmise sur le vice local, mais aussi parce que son lieu de rendez-vous est incontournable, et qui plus est la « boite de nuit » est au rez-de-chaussée de l’immeuble ou vivent Garbo et sa famille. Garbo et Nielsen sont par ailleurs les héroïnes du film : l’une jamais nommée(Nielsen) s’enfuit de sa famille, lasse de la pauvreté, et effrayée de n’avoir d’autre destin que de devoir coucher avec le boucher pour avoir le droit de manger. En chemin, elle va devenir la maitresse de Canez, le témoin-clé d’un meurtre dans lequel son vieux fiancé Egon est trempé, et une figure sacrificielle importante de l’intrigue. De son coté, Garbo incarne Grete, la fille d’un fonctionnaire qui a cru s’élever en jouant en bourse, a perdu son travail, et voit dépérir ses deux enfants. La plus grande va donc , suite à son licenciement (Elle s’est refusée à son patron) se tourner vers la Greifer afin de subvenir aux besoins de sa famille. Au-delà de l’absurde de la situation (Elle quitte son emploi la tête haute, mais va échouer dans la prostitution quand même.), le personnage est très soigné, et sa descente aux enfers, moins contrôlée que celle d’Asta Nielsen, donne une légitimité mélodramatique au film. Une autre intrigue, autour d’Egon, et d’une jeune fille de bonne famille qui lui dit ne pouvoir l’accepter que lorsqu’il aura fait la preuve de pouvoir à n’importe quel prix devenir riche, se greffe plus ou moins sur ces éléments, et va fournir l’essentiel de la partie « policière » du film : une jeune femme de la haute société a été assassinée lors d’un rendez-vous amoureux à coté de chez la Greifer. Or on sait, et Asta Nielsen le sait aussi, que Henry Stuart (Egon) était son amant. Voilà les grandes lignes d’un script qui malgré la multiplicité des sous-intrigues, coule tout seul et maintient l’intérêt du début à la fin. La multiplicité fait d’ailleurs tout passer, et on a tellement de mélodrames potentiels, qu’on se situe tout de même en plein symbolisme : voici un monde en crise, qui ne va pas pouvoir échapper au final, aux flammes de l’enfer…

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Malgré cet aspect, le symbolisme se colore fortement de naturalisme ; d’abord, le boucher qui offre son début et sa fin au film, ce petit roi local, permet à Krauss de composer une silhouette à la Stroheim, picaresque et vulgaire en diable. Et puis, le film baigne dans une reconstitution contemporaine dans laquelle on évite les toilettes trop belles pour les jeunes femmes pauvres, il y a d’ailleurs un jeu essentiel autour du vêtement : n’oublions pas que la reine-maquerelle des lieux est modiste, cet élément aura de l’importance. Le discret décor parfois impressionniste se pare malgré tout d’un certain réalisme, et on voit que l’escalier tordu (Qui monte au septième ciel ?) est authentique malgré ses aspects caligariens, lorsqu’à plusieurs reprises les prostituées le gravissent, seules ou accompagnées. Et puis, même si le film est situé à Vienne en 1921, on imagine que la rue Melchior aurait bien pu être à Berlin en 1925… Mais là ou Lang, par exemple, situe ses films dans une réalité à peine déformée, force est de constater que dans Le Docteur Mabuse, on ne va dans les milieux populaires que lorsque les héros s’encanaillent ; ici, on ne quitte pas la rue Melchior, et dès qu’on y est en pleine nuit, on y croise la file des gens qui attendent le lendemain en faisant, à tout hasard, la queue chez le boucher. Et là, on revient au symbolisme…

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L’une des principales forces du film, et la principale cause de la censure dont il a été victime, reste l’érotisme de La rue sans joie. Un érotisme assez particulier, fait d’un mélange de suggestion (Tous les actes sexuels du film sont bien sur hors-champ, depuis le viol « consenti » dans l’arrière boutique de la boucherie, entendu mais pas vu par Asta Nielsen, décidément un témoin en tous les domaines dans ce film, jusqu’à la possession de Nielsen par Canez, dont la face grimaçante emplit tout l’espace du cadre quand il s’approche d’elle.), de divers actes manqués (Le patron de Grete lui fait un chantage, un garçon de chez Greifer poursuit la jeune femme dont il est amoureux lorsqu’il l’aperçoit dans une robe très suggestive), et surtout de vêtements. Ces derniers, en effet, déclinent une sorte d’état des lieux des personnages quant à leur situation en matière de sexe ; au début du film, les deux jeunes femmes qui vont chez le boucher sont toutes deux habillées de vêtements noirs, bas noirs, chaussures simples. Elles n’ont aucune intention préalable d’avoir des rapports, mais l’une d’entre elles cédera au boucher, à la sauvette, et l’autre (Nielsen, donc) s’enfuira. Une fois revenue de tout, ele cède aux avances de Canez, qui symboliquement, lui donne une robe, dont il insiste qu’elle ne recouvre pas les épaules de la jeune femme, et les dévoile lui-même d’un geste ferme. Elle portera du reste un costume d’une grande sophistication, mais transparent : sorte de reflet de sa soumission, qui est en grand contraste avec l’absence d’émotions dont elle fait désormais preuve. De son coté, Grete a cru son père quand celui-ci lui a annoncé avoir gagné une fortune en bourse, elle a donc été chez Greifer pour s’acheter un manteau de fourrure ; à cause de ce dernier, son patron la prendra pour une fille facile, provoquant alors son licenciement après avoir tenté sa chance. Grete ne se départira jamais de ce manteau, le confondant avec sa dignité ; il aura pourtant été sa chute, et elle troque dans les dernières scènes contre un autre habit, également fourni par la Greifer : une robe très déshabillée, au dos nu, et qui lui dévoile une bonne partie des seins ; on sent d’ailleurs la jeune Garbo particulièrement gênée. Les prostituées, danseuses, et autres aperçues chez Greifer, dans les coulisses par Grete le jour de son « entrée en fonction » sont d’ailleurs toutes habillées, mais d’étoffes légères et parfois transparentes, de vêtements amples, et Valeska Gert elle-même porte une tunique échancrée : on le voit, les habits dévoilent plus qu’ils ne cachent, et accompagnent la déchéance de l’héroïne. Deux scènes ressortissent d’un érotisme plus classique, et donc moins habillé : l’une, sans doute perdue mais représentée par une photo, nous montre trois danseuses nues, dans un tableau vivant chez la Greifer. La scène serait anecdotique si elle n’était suivie immédiatement d’un plan ou Grete, dans sa fameuse robe, se contemple dans trois miroirs… Ce type d’écho est utilisé occasionnellement par Pabst pour donner du liant : ainsi, au plan de la foule qui applaudit à tout rompre les attractions proposées chez Greifer, Pabst fait-il suivre un plan de la foule qui se masse dehors en attendant des jours meilleurs. Dernière séquence « érotique » dont nous discuterons, le flash-back du meurtre, qui intervient vers la fin : Asta Nielsen a vu dans une pièce à coté de celle ou elle se tient, un couple : Egon, le jeune homme qu’elle aime, et Lia leid, l’une de ses maitresses. Celle-ci est vue de dos, et le dos est nu, et très éclairé : impossible au spectateur de regarder autre chose. Les plans qui suivent le départ d’Egon ne cadrent que le profil de la jeune femme qui se dénude(Elle enlève ses bijoux), elle est un buste à la blancheur diaphane… mais derrière elle, les mains d’une femme s’approchent, et un fondu au noir termine la scène : l’espace d’un instant, Pabst a joué avec la nudité, mais il s’est ravisé, et c’est la mort qui l’emporte. Le sexe pour échapper à la faim, la mort pour se venger du sexe, et au final le feu pour nettoyer tout ça.

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Le destin du film a été celui d’un grand nombre de films Européens, exportés, remontés, censurés… Aucune copie complète n’a survécu, et toutes les copies possédaient de sérieuses différences, avant cette restauration enfin « achevée » en 2009. Je mets les guillemets afin de rappeler que le destin de cette reconstruction est fragile : tout comme Metropolis, on ne sait pas jusqu’à quand cette version fera autorité ...
En attendant, on peut donc passer 2 heures 30 en compagnie de ce film, dont décidément je ne me lasse pas. On a le sentiment qu’en réduisant les ambitions d’un film à 15 personnages et à une rue, Pabst a un peu accompli le type de prouesse qu’aurait souhaité accomplir le Stroheim de Greed ou de Foolish Wives… ses acteurs, dans l’ensemble jouent assez juste, sauf Valeska Gert, mais le metteur en scène la laisse volontiers faire ses excentricités ; après tout le personnage doit avoir bien vécu pour en arriver là ou elle est ; les mimiques de Gert suggèrent une vie intérieure effrayante. Des deux actrices les plus remarquées de ce film, à savoir Nielsen et Garbo, celle qui est sur la pente descendante (Asta Nielsen, dans son dernier film) est éclipsée par le jeu instinctif de la deuxième. Chez Stiller, Greta Garbo était une poupée dans les mains de son metteur en scène, ici, Pabst en a fait une actrice, dont le beau visage triste nous aide à choisir une bonne fois pour toutes notre camp : ce film s’indigne et nous invite, nous enjoint à le suivre, et pour ma part, ça marche. Je sais que cette manipulation est d’un autre âge, mais j’y souscris, totalement et sans réserves. :mrgreen:

... Voila pourquoi j'aime Die freudlose Gasse.
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Re: Le cinéma muet

Message par lupinnipul »

... Voila pourquoi j'aime Die freudlose Gasse.
Wow, un grand merci allen john, pour ce commentaire riche, vivant, essentiel. Je ne suis malheureusement pas suffisamment argenté pour me payer cette édition qui me fait baver sur mon clavier mais j'ai une version (sans sous-titre) que je ne tarderais plus à visionner maintenant (un dico français/allemand sur les genoux). De plus, Loulou et le Journal d'une fille perdue sont mes deux films préférés, toutes périodes confondues et soyons juste (vu qu'en dehors du cinéma, je ne m'intéresse à pas grand-chose avec assiduité), mes œuvres favorites tous arts confondus. Mes deux trésors en somme. Je suis tout fou...
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Re: Le cinéma muet

Message par lupinnipul »

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Le sixième sens (El sexto sendido/1929) de Nemesio Manuel Sobrevila

Ouverture sur un intertitre intrigant:
Malgré les multiples systèmes philosophiques, nous ignorons la Vérité. Pour la connaître nous devons ajouter la précision de la mécanique à nos sens imparfaits. L'atrabilaire Kamus, mélange d'artiste, d'ivrogne et de philosophe, pense avoir découvert dans le cinématographe un Sixième Sens.
Ces quelques lignes sont très précieuses car pour le sens général du film, l'idée globale de Sobrevila, tout est posé/pesé dans ces mots.

Après il y a l'histoire de Carmen, Carlos et Leon. Quatre jeunes gens pique-niquent au pied d'un jeune arbre en fleurs, plus loin un autre domine le plan avec majesté. Ils ont un grammophone, Carmen danse sous les yeux admiratifs et joyeux de Carlos. Tandis que Leon, renfrogné, demande à son amie de descendre sa jupe sous ses genoux. Carmen est une jeune femme très vivante dont le visage longiligne et les yeux coquins inspirent autant l'amabilité que l'enthousiasme pour toutes choses. Carlos, lui, a l'air d'un golden boy avant l'heure, gai et frivole, il ne s'embarrasse point de détails et de convenances, la vie lui sourit, cela semble lui suffire. Quant à Leon, légèrement plus petit, les épaules tombantes, le visage sombre et fermé par d'indicibles névroses, habillé de lunettes et d'un costume austères, c'est ce qu'on appelle communément un triste sire. Tout un monde sépare ces deux hommes qui sont amis. Les extrêmes s'attirent, dit-on proverbialement. De Carlos, Carmen reçoit une bague, c'est un engagement. Son bonheur est immense, mais elle sera contrainte par son père de dilapider cette promesse d'avenir radieux. Pour être totalement juste, c'est surtout par bonté naturelle, une abnégation innée, qu'elle répondra aux désirs du paternel.
Deux mots sur ce père. En quelques plans sublimes où l'on voit cet homme usé arpenter son appartement le cigare aux lèvres, comme un lion en cage, se rongeant les sangs de ne pouvoir assister à la corrida faute d'argent, on comprend des années de détresse sociale et de solitude. Dans ce rôle très important, Faustino Bretano (totalement inconnu de mes services avant ce film) est absolument remarquable d'évidence et d'émotion. Son visage, de ceux que l'on croit connaître sans savoir d'où, possède une cinégénie stupéfiante et s'accommode avec la même aisance de la mélancolie et de la pétulance. J'espère retrouver ce Bretano, un jour. En outre dès ses premières scènes, de la fenêtre au perron règne un bel art du cadre, totalement affranchi des conventions mais très délicat. D'ailleurs, exceptées les séquences chez Kamus, soit environ un tiers du métrage, tout le film est d'une beauté comme on en voit une fois tous les quatre jeudis. Oui, exceptées les séquences chez Kamus, car chez lui c'est un tout autre film qui se joue.
Je m'épargne la balise spoiler et ne vous révèlerais pas comment, ni pourquoi, l'on en arrive chez le fameux Kamus. (Les plus perspicaces souligneront que je m'épargne aussi un paragraphe, mais bon, ça c'est une autre histoire.)
Un autre film donc, pas laid, loin de là mais plus brut, plus étrange, plus bouillonnant. Un film dans le film, que dis-je, pas un film, mais une multitude de films dans le film. Assisté de son jeune projectionniste (un adolescent agité qui ressemble à Falconetti et qui sera le prétexte à des scènes fabuleuses), Kamus va faire découvrir le cinématographe à Leon, ce qu'il appelle le sixième sens. Plus grand, plus vite, plus lentement...Kamus explique. Un art que certains ont pervertis en imposant leur point de vue ! prévient-il. Premières images: des ronds blancs dansent sur un fond noir. "Une symphonie en noir et blanc" dit Kamus, dubitatif. Effectivement, c'est plutôt primitif. L'instant d'après virevolte, des gros plans, des accélérations, des flous et des reflets... C'est Madrid, en quelques plans volés, montés à l'envers, ou surimprimés, des bâtiments, des voitures et beaucoup de figures anonymes. Kamus jubile. Les séquences sont posées comme une démonstration de l'impunité artistique. Selon le peu de renseignement que j'ai pu trouver sur Sobrevila, il faut y voir une pique à toute l'avant-garde et à Luis Bunuel en particulier. Visiblement c'est plutôt Walther Ruttmann (particulièrement ses Opus et son beau Berlin symphonie d'une grande ville) qui est visé, mais bon passons. Sobrevila, lui, se disait de l'après-garde. C'est un sarcasme rigolo, je trouve. Gageons que le génial trublion Isidore Isou aurait apprécié également.
Avec ses images Kamus démontre la surpuissance de son appareil, et par extension de son art, sur la vie. Il peut arrêter le temps, ou le remonter, et montrer ce que l'on ne peut pas voir. La vie des autres, la vie de Carmen avec son père miséreux, s'expose dans une sorte de sur-réalité, figée pour l'éternité. Leon est stupéfait, bouleversé. Par cette démonstration bouffie d'orgueil, dictée par une probable misanthropie et un alcoolisme certain, le cinéaste outrepasse sa fonction d'artiste et se positionne en divinité d'un nouveau genre. Fort heureusement, son mysticisme mégalo est doublé d'un côté bouffon très attendrissant, son penchant pour la dive bouteille est une circonstance atténuante, et fort heureusement cette vanité excessive ne restera pas impunie. Et après tout, pourquoi "fort heureusement" ? Cette théorie est-elle si folle ou si révoltante ? Notre société n'a-t-elle pas encouragé la canonisation des grands artistes. Murnau n'est-il pas Dieu ? Spielberg n'est-il pas Satan ? Et les grandes stars des tapis rouges n'ont elles pas des millions d'adeptes prosternés au premier sourire ?

El sexto sentido est de ces œuvres tristement vouées à l'oubli et qu'il faut d'urgence réhabiliter. Ce n'est pas un petit film de plus sorti des archives par des rats de cinémathèque bossus et myopes (et pourtant, le seul endroit où ce film semble être visible est ici: http://www.europafilmtreasures.fr/FT/27 ... xieme_sens - en aparté je vous invite tous à visiter de fond en comble ce site extraordinaire, c'est une mine de diamants, j'en reparlerais certainement), c'est une œuvre d'une grande richesse qui combine de nombreux genres (le mélodrame, le fantastique, le burlesque...) et qui sait bousculer les conventions narratives tout en restant limpide. C'est une œuvre d'une modernité extrême qui pose des théories extravagantes et invite à une méditation progressive, c'est aussi une œuvre imparfaite (certains y verront peut-être un exemple de fatuité ou un exercice de petit malin, je n'en doute pas un instant !) mais d'une liberté totale, et surtout c'est d'une poésie infinie. Ce film m'a accompagné plusieurs jours.
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Re: Le cinéma muet

Message par allen john »

lupinnipul a écrit :
Le sixième sens (El sexto sendido/1929) de Nemesio Manuel Sobrevila

Ce film m'a accompagné plusieurs jours.
Et ça ça donne envie, comme ton enthousiasme. Zut! quand je pense que ce film est passé sur Arte il y a quelques années, et que je l'ai loupé! la faute au muet du mois, aussi, à force de passer Le village du péché, on n'est plus aux aguets devant sa télé! Merci en tout cas pour cette piqure de rappel.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

Peter Pan (1924, Herbert Brenon) avec Betty Bronson, Mary Brian et Ernest Torrence
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J'ai découvert hier soir cette petite merveille de 1924: une adaptation de Peter Pan absolument magique! Herbert Brenon, un réalisateur d'origine irlandaise, faisait partie des plus grands réalisateurs du muet à Hollywood. On comprend pourquoi en voyant ce Peter Pan. Les effets spéciaux sont splendides et la petite Betty Bronson dans le rôle principal donne au jeune garçon, vitalité et charme. Et, il y a la photo signée James Wong Howe ! :shock: :o :D Pour une fois, le DVD Kino offre une très belle copie de ce film. Jetez un oeil sur les captures ci-dessus. Ce délicieux clair-obscur où Wendie (M. Brian) recoud l'ombre de Peter à droite ou encore, la petite fée Tinkerbell (Fée Clochette en français). Ernest Torrence est un superbe Captain Hook et le film regorge de scènes inoubliables. Si vous ne l'avez pas encore fait, découvrez vite cette version de la pièce de James M. Barrie, (qui parait-il avait adoré le film).
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Re: Le cinéma muet

Message par allen john »

Ann Harding a écrit :Peter Pan (1924, Herbert Brenon) avec Betty Bronson, Mary Brian et Ernest Torrence

J'ai découvert hier soir cette petite merveille de 1924: une adaptation de Peter Pan absolument magique! Herbert Brenon, un réalisateur d'origine irlandaise, faisait partie des plus grands réalisateurs du muet à Hollywood. On comprend pourquoi en voyant ce Peter Pan. Les effets spéciaux sont splendides et la petite Betty Bronson dans le rôle principal donne au jeune garçon, vitalité et charme. Et, il y a la photo signée James Wong Howe ! :shock: :o :D Pour une fois, le DVD Kino offre une très belle copie de ce film. Jetez un oeil sur les captures ci-dessus. Ce délicieux clair-obscur où Wendie (M. Brian) recoud l'ombre de Peter à droite ou encore, la petite fée Tinkerbell (Fée Clochette en français). Ernest Torrence est un superbe Captain Hook et le film regorge de scènes inoubliables. Si vous ne l'avez pas encore fait, découvrez vite cette version de la pièce de James M. Barrie, (qui parait-il avait adoré le film).
Très jolie version en effet, à laquelle je trouve un petit défaut: repris semble-t-il de la pièce, ce moment ou Peter-Betty fait appel au public pour raviver la pauvre Clochette... Les avis sont je crois partagés sur ce passage. Sinon, on peut aussi trouver le film dans une édition Française inattendue: je l'ai sur le disque 2 du Peter Pan (la première édition collector) de Walt Disney. La version y est intégrale, parfaitement rendue, mais dépourvue de chapitrage; en europe, Buena Vista est désormais distributrice de ce Peter Pan muet, pour des raisons bien compréhensibles; je ne m'en plaindrai pas d'ailleurs vu qu'au moins ils l'ont rendu disponible. mais je ne sais pas si on trouve encore cette édition spéciale.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

Tiens! Tu viens de répondre à l'une de mes interrogations sans le savoir. Les droits du film doivent appartenir à Walt Disney, ce qui explique sa présence sur le DVD du dessin animé. J'étais plutôt étonnée de voir une production Paramount muette disponible en DVD, vu la nullité de leur politique éditoriale en la matière. :mrgreen: En tous cas, l'équipe de Disney a dû sérieusement étudié le film car on y retrouve le même style pour les personnages, Hook en particulier.
En ce qui concerne, Betty Bronson qui fait appel au public pour ranimer Tinkerbell, je dois avouer avoir apprécié l'idée. Un clin d'oeil au public que j'ai aimé. :wink:
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Re: Le cinéma muet

Message par Jack Carter »

je remets la news içi :

20 Janvier 2010

Les Mysteres d'une ame (Pabst)
Fantome (Murnau)
La Montagne sacrée (Arnold Frank)
Michael (Dreyer)

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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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