J'adore le cinéma muet. Je le trouve bouleversant de beauté, j'y trouve une forme de pureté et de luminosité, de sobriété qui me touche énormément. Et j'aime à la folie la lumière des films muets, cette lueur irradiante qui caresse les visages, qui redessine les contours... Souvent, je trouve que l'histoire gagne en force ; l'ascèse imposée par l'absence de sons renforce l'expressivité...
Sinon, mes films muets préférés ne sont pas originaux. J'aime sans restriction les Chaplin, Keaton, Murnau, Lang. Les Rapaces est un film hallucinant, tout comme l'Inconnu. Dans Loulou, Louise Brooks est tout simplement fascinante.
En fait, le film que j'aurais le plus envie de citer n'est pas exactement un film muet, mais j'y trouve vraiment toutes les "qualités" d'un muet. Dans le sublime Extase, on dirait vraiment que le son et les dialogues ont été rajoutés, ils sont complètement superflus... C'est vraiment l'image qui crée le film. Je me le rappelle vraiment comme un film muet.
- Seriez-vous lâche. Je connais vos griffes puissantes. Accrochez-les dans la vie. Défendez-vous! Effrayez la mort.
- Belle, si j'étais un homme, sans doute je ferais les choses que vous me dites. Mais les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir.
Les amours de Diane et Chico, puisant force et énergie solidaire dans leur relation précaire et initialement presque passive offrent à Borzage l'occasion de se livrer à l'une de ses peintures de couple les plus frémissantes d'émotion. Ces amours recèlent une dimension puissamment allégorique, empreinte d'une fois naïve mais ô combien universelle, celle de la foi en soi et en celui de son partenaire plus qu'en celle d'une entité tierce et salvatrice,et qui débouche sur une sacralisation de l'union dans le mariage dont est exempte toute notion de convention sociale ou religieuse.
Parce qu'il sait transfigurer et sublimer ces artifices romantiques qui le plus souvent me sont totalement étrangers, au besoin en recourant à l'emphase la plus assumée et revendiquée (cf le déchirement des deux couples lors de l'incorporation des hommes pour la guerre) son film me touche et me bouleverse plus que je ne saurais l'exprimer.
La mansarde du couple au septième étage d'un vieil immeuble parisien dénué de tout réalisme architectural est ici associée au septième ciel. Ce septième ciel ne s'atteint qu'en s'extirpant à force de volonté physique (une longue ascension faite d'escaliers et d'échelles) d'une misère aveuglante. Force est de constater que ce sublime mélodrame possède aussi la saveur du paradis. Il en a la saveur et la plastique du songe évanescent, est empreint de la pureté presque virginale et lumineuse émanant de cet exquis et si étrange petit bout de femme de Janet Gaynor, mais ne se goûte qu'une fois balayés les obstacles de la vie: un des plus admirables mélodrames certes, mais en même temps.un remarquable récit d'initiation et d'apprentissage.
Bref, plus de dix ans après, une redécouverte ensorcelante.
Rhaaaaaa je rêve de le voir, ce film !!!!
À quelle occasion l'as-tu vu ?
Vu à la Cinémathèque (salle de Chaillot) samedi dernier.
Je complète l'avis de Beule (que je partage entièrement) en pointant l'influence évidente de ce film sur deux films de Sun Yu, vus également à Chaillot lors de la rétro Chine de cette hiver : Du Sang sur le Volcan et L'Aube (1932 pour les deux). Sun Yu reprends, en les amplifiant, les mouvements de caméra ascentionnels dans les escaliers, prétexes aussi chez lui à la description des habitants de l'immeuble délabré et surpeuplé où viennent s'installer les deux couples, pendants des héros de Seventh Heaven. Il a du aussi être marqué par les prises de vue en plongée (vues de la rue depuis la fenêtre) qu'il réutilise de manière saisissante dans Du Sang sur le Volcan notament. Enfin il développe de manière personnelle cette idée du couple face à l'adversité en y ajoutant les thématiques des paysans obligés de quitter leur campagne pour la grande ville (Shangai) et de l'engagement révolutionnaire. Les correspondances entre ces films (il faudrait y ajouter l'influence également de L'Aurore de Murneau sur les films de Sun Yu) sont passionnantes et m'ont fait encore plus apprécier le chef d'oeuvre de Borzage.
Unité Ogami Ittô
Withdrawing in disgust is not the same thing as apathy.
vic a écrit :Vu à la Cinémathèque (salle de Chaillot) samedi dernier.
Naaaaan ? Alors là je suis dégoûté, j'ai le programme de la cinémathèque, mais je n'avais pas vu qu'il était prgrammé. Une seconde projection est prévue ?
vic a écrit :Vu à la Cinémathèque (salle de Chaillot) samedi dernier.
Naaaaan ? Alors là je suis dégoûté, j'ai le programme de la cinémathèque, mais je n'avais pas vu qu'il était prgrammé. Une seconde projection est prévue ?
je ne le vois pas
Sinon il y a un programme "Révisons nos classiques". Dans le genre "je n'ai rien vu " ça se pose là. Bien envie d'y aller régulièrement
-Kaonashi Yota- a écrit :
Naaaaan ? Alors là je suis dégoûté, j'ai le programme de la cinémathèque, mais je n'avais pas vu qu'il était prgrammé. Une seconde projection est prévue ?
je ne le vois pas
Non effectivement. Il était programmé dans le cadre du cycle consacré à Paris vu par... de la manifestation Paris Ciné. A la cinémathèque, c'est déjà terminé.
Beule a écrit :Non effectivement. Il était programmé dans le cadre du cycle consacré à Paris vu par... de la manifestation Paris Ciné. A la cinémathèque, c'est déjà terminé.
Ce qui me saoule, c'est que j'avais bien regardé le programme de Paris Ciné, et je n'avais pas vu L'Heure suprême dessus...
Pour l'instant que je n'ai vu qu'un seul film muet, L'Aurore, et je l'ai vu cette semaine, c'est donc dur de me prononcer, mais j'ai pris beaucoup de plaisir a la vision de ce film
tite bouh a écrit :Pour l'instant que je n'ai vu qu'un seul film muet, L'Aurore, et je l'ai vu cette semaine, c'est donc dur de me prononcer, mais j'ai pris beaucoup de plaisir a la vision de ce film
Si tu veux je pourrais te prêter Metropolis de Fritz Lang et Nosferatu de F.W. Murnau. J'ai aussi Le Cuirassé Potemkine et La Ligne générale de S.M. Eisenstein (deux films sur un DVD), Folies de femme et Maris aveugles de Erich Von Stroheim, et Les Chasses du comte Zaroff de Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack.
Spongebob a écrit :
Si tu veux je pourrais te prêter Metropolis de Fritz Lang et Nosferatu de F.W. Murnau. J'ai aussi Le Cuirassé Potemkine et La Ligne générale de S.M. Eisenstein (deux films sur un DVD), Folies de femme et Maris aveugles de Erich Von Stroheim, et Les Chasses du comte Zaroff de Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack.
Les chasses du Comte Zaroff n'a rien d'un muet cela dit
Spongebob a écrit :
Si tu veux je pourrais te prêter Metropolis de Fritz Lang et Nosferatu de F.W. Murnau. J'ai aussi Le Cuirassé Potemkine et La Ligne générale de S.M. Eisenstein (deux films sur un DVD), Folies de femme et Maris aveugles de Erich Von Stroheim, et Les Chasses du comte Zaroff de Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack.
Les chasses du Comte Zaroff n'a rien d'un muet cela dit
Ah désolé, et pourtant il me semblait que... non j'ai confondu avec la précédente adaptation.
Spongebob a écrit :
Si tu veux je pourrais te prêter Metropolis de Fritz Lang et Nosferatu de F.W. Murnau. J'ai aussi Le Cuirassé Potemkine et La Ligne générale de S.M. Eisenstein (deux films sur un DVD), Folies de femme et Maris aveugles de Erich Von Stroheim, et Les Chasses du comte Zaroff de Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack.
Belle collection, Breezy possede également Nosferatu, c'est normal c'est le moins cher, me dit-il derriere