Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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daniel gregg
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Re: Le cinéma muet

Message par daniel gregg »

Alligator a écrit :Fièvre (La boue) (Louis Delluc, 1921)

http://alligatographe.blogspot.com/2011/11/fievre.html

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Dans le cadre du Cinémed, chaque année la Cinémathèque de Paris consacre une soirée à faire découvrir aux Montpellierains quelques "trésors" de son catalogue. Cette année, c'est la ville de Marseille qui est à l'honneur et sert de prétexte avec deux films rares, celui de Moholy-Nagy "Marseille, Vieux Port" et celui-ci, "Fièvre", aka "La boue", parce qu'il se déroule dans un bouge de la ville phocéenne.

Après une instructive introduction où l'on nous apprend que le premier titre, "La boue" a été censuré parce que trop péjoratif et immoral, qu'Eve Francis était la compagne de Louis Delluc et que cet artiste avait un large éventail d'occupations (théâtre, roman, scénario, réalisation, etc.), la projection put commencer avec l'accompagnement au piano d'un musicien dans la salle. C'était la première fois que je voyais un film dans ces conditions du temps du muet. Je n'ai pas assez d'oreille pour apprécier ce privilège à sa juste valeur.

Malheureusement, le film de Louis Delluc ne m'a pas plu. Il s'agit d'un mélodrame comme il s'en faisait beaucoup à l'époque.

Les compétences dramaturgiques de Delluc se font excessivement sentir : les effets de mise en scène sont parfois très lourds.
Eve Francis joue de façon grandiloquente. Elle n'est pas la seule mais chez elle, c'est peut-être le plus éclaboussant.
Les maquillages sont forcés, surlignés. Le trait est partout gras. L'histoire elle même n'est pas à l'économie, mais appuie sans arrêt ses éléments d'assise.

J'ai suivi ce film par conséquent en attendant une lueur, quelque chose qui pouvait justifier toute cette outrance, cette pompe, mais même la fin ne parait pas donner quelque raison à ce pathos manifeste. Symbolisme et caractérisation soulignés des personnages semblent avoir été les pièces maitresses de cette œuvre.

A mon grand désarroi (j'espérais découvrir un cinéaste avec enthousiasme), je suis resté insensible à cette rhétorique du geste.
J'avoue ne pas être connaisseur du mélodrame muet, néanmoins j'ai trouvé de nombreuses qualités à ce film, notamment cette tension crescendo jusqu'à l'explosion de violence finale, inéluctable et comme cathartique tant les personnages semblent impuissants à se défaire d'un passé opressant.
A cet égard, les flash-backs sont amenés de façon très moderne sans fondu ni effets ostentatoires de mise en scène.
Le travail de Louis Delluc est d'ailleurs exemplaire qui parvient à respecter les trois unités avec une véritable sobriété dans la dramatisation, (Eve Francis ne thêatralise son jeu qu'à la toute fin) renforçant par là l'atmosphère pesante et crasseuse de ce bouge où l'on voit une galerie de personnages pittoresques préfigurant le réalisme poétique des années 30.
Vu à partir d'une copie d'une durée de 39', le film étant visible sur Youtube avec une durée de 29', on peut supposer qu'il est proposé en version accélérée (26 images/s ?).
The Eye Of Doom
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Re: Le cinéma muet

Message par The Eye Of Doom »

Le Dernier des Mohicans Maurice Tourneur & Clarence Brown 1920

Vu dans une copie tres médiocre éditée par Alpha Home Entertainment (en existe 'il une meilleure ?).
Le film est assez fidèle au roman et a été tourné principalement en extérieurs.
J'avoue ne pas avoir grand chose à en dire sinon que la scene de furie indienne est surprenante par sa sauvagerie (meurtres d'enfants !) et que l'idylle entre cette jeune femme de haute société taciturne et Uncas le Mohican a du paraitre bien scandaleuse dans l’Amérique des années 20 (même si l'acteur Alan Roscoe est bien peu typé) .
Wallace Beery est méconnaissable dans le role du méchant Magua.
Le film se laisse voir sans déplaisir mais sans non plus d’intérêt majeur.
joe-ernst
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Re: Le cinéma muet

Message par joe-ernst »

The Eye Of Doom a écrit :Le Dernier des Mohicans Maurice Tourneur & Clarence Brown 1920

Vu dans une copie tres médiocre éditée par Alpha Home Entertainment (en existe 'il une meilleure ?)
Oui :

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L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
bruce randylan
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Re: Le cinéma muet

Message par bruce randylan »

Pendant encore 4-5 jours, vous pouvez regarder le grand saut sur le replay d'Arté.
Il s'agit d'une délicieuse fantaisie muette d'Arnold Fanck, spécialiste des films de montagne ( l’extraordinaire l'enfer blanc du Piz Palu ) et des tournages en conditions extrêmes (le spectaculaire "SOS Iceberg" filmé sur la banquise).

Ici, c'est une comédie légère aux extérieurs magnifiquement photographiés où l'on retrouve une nouvelle fois Leni Riefenstahl qui joue comme d'habitude sans doublure (le début en impose) même si son personnage passe en retrait dans la deuxième partie.
Quant à la course de ski qui clôture le film, elle fait tout même presque 30 minute non stop, truffé de gags délirants et d'images saisissantes.
Cerise sur le gâteau, la restauration est sublime. :D

http://www.arte.tv/guide/fr/048346-000/ ... rte-header

ps : et pour mon plaisir personnel :mrgreen:
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Décidément Tarantino n'y connait rien en cinéma :P
puisqu'il semble attribuer tous les tous les mérites de l'ahurissant l'enfer blanc du Piz Palu à Pabst (dans inglorious bastards). Alors que Pabst a surtout tourné les intérieurs et a aidé Fanck à travailler la dramaturgie du scénario. D'autant qu'à l'époque où se déroule le film Fanck avait encore une certaine réputation
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Re: Le cinéma muet

Message par allen john »

bruce randylan a écrit : le grand saut
la restauration est sublime.
Oui, j'ai enregistré et regardé ça avec beaucoup de plaisir!
bruce randylan a écrit : ps : et pour mon plaisir personnel :mrgreen:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Décidément Tarantino n'y connait rien en cinéma :P
puisqu'il semble attribuer tous les tous les mérites de l'ahurissant l'enfer blanc du Piz Palu à Pabst (dans inglorious bastards). Alors que Pabst a surtout tourné les intérieurs et a aidé Fanck à travailler la dramaturgie du scénario. D'autant qu'à l'époque où se déroule le film Fanck avait encore une certaine réputation
...Et le mien également.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

Durant mon séjour à Londres, j'ai assisté à une séance très intéressante au BFI qui était un excellent pendant à la projection du Napoléon de Gance.

The 1913 Show au BFI (Londres) le 2 décembre 2013
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Suspense (1913) de Lois Weber

Chaque année, la conservatrice du cinéma muet au BFI, Bryony Dixon, organise une séance composée de films réalisés il y a 100 ans. On peut y voir une sélection de bandes d'actualités, de court-métrages comiques et des longs métrages. C'est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir des petits bijoux d'il y a 100 ans.
Parmi les bandes d'actualité, il y avait une procession funéraire en l'honneur d'une suffragette, Emily Davidson, qui s'était jetée sous un cheval lors de la prestigieuse course du Derby. Une longue procession a traversé les rues de Londres avec une pompe que l'on aurait pu croire réservée aux membres de la famille royale. Une foule impressionnante était amassée sur les trottoirs et de nombreux hommes retiraient leur chapeau pour saluer le geste de la militante.
Une comédie britannique, Nobby The New Waiter, avec le comique Sam T. Poluski nous montre un serveur particulièrement maladroit qui chausse des patins à roulettes dans un restaurant. on pense immédiatement à Chaplin; mais il faut le reconnaitre, les acrobaties de Poluski ne sont pas au niveau du génial Charlie.
Puis, nous eûmes un fragment d'un grande production britannique intitulée The Battle of Waterloo avec l'Empereur qui restait calme face aux explosions et aux soldats qui chargeaient à dos de cheval. Il est difficile de se faire une opinion avec ce petit fragment de 5 min, le reste du film étant perdu. En tout cas, il offrait un contraste parfait avec la comédie suivante Pimple's Battle of Waterloo de et avec Fred et Joe Evans. Cette parodie annonçait déjà le comique farfelu et décalé des Monty Python. Napoleon est attaqué par une suffragette qui assomme tout le monde avec son panneau "Vote for Women"! Les chevaux étaient interprétés par des acteurs en costume de cheval et Napoléon prenait le train pour la France à Waterloo Station. Malgré un manque évident de moyens, avec des décors en carton pâte branlants, la parodie a conservée son pouvoir comique et on ne peut que sourire en voyant Napoléon tirer à pile ou face avec Wellington pour savoir lequel tirera le premier.
Parmi les pièces de resistance lors de cette présentation, il y avait un excellent film italien intitulé Tigris. Ce suspense criminel réalisé par un Vincenzo Denizot (qui fut un employé chez Gaumont) ressemble énormément aux sérials de Louis Feuillade par son scénario aux multiples rebondissements, la présence d'un maître du crime, son utilisation des extérieurs et des cascades sensationnelles. On y voit une voiture à cheval arriver directement sur la devanture d'un restaurant en en fracasser la vitre. Encore plus étonnante est cette cascade réalisée par un cascadeur particulièrement doué. Un homme gît ligoté sur une voie ferrée. Un train approche et va l'écraser. Dans un dernier sursaut, l'homme réussit à détacher ses mains et attrape les tampons du train qui arrive et se hisse à bord. Le résultat est bluffant.
La séance se clôturait par un des plus beaux courts-métrages de 1913 réalisée par Lois Weber aux Etats-Unis: Suspense. Ce film particulièrement bien vieilli grâce un montage et des angles de prise de vues incroyablement efficaces. Alfred Hitchcock n'a pas fait mieux par la suite. Sur un scénario très simple - une femme seule avec son enfant dans une maison isolée est attaquée par un rôdeur - Weber organise une série d'images composées avec un soin extrême, en particulier des contre-plongées très efficaces du visage de l'homme qui monte les marches et s'introduit dans la maison. En 10 min, on suit avec passion les démêlées de la femme avec son agresseur et en montage parallèle la course poursuite de son mari en voiture, parti pour la sauver. Une excellente soirée.
bruce randylan
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Re: Le cinéma muet

Message par bruce randylan »

Découvert lors du festival Toute la mémoire du monde à la cinémathèque :)

Ma l'amor mio non muore ! (Mario Caserini - 1913)

Le prétendant de la fille d'un colonel est contraint de voler des plans de défense situé chez son futur beau-père. Accablé de honte et destitué de ses fonctions, le colonel se suicide tandis que sa fille est condamnée à l'exil. Elle devient chanteuse d'opéra.

Premier long-métrage muet italien que je découvre après avoir été initié avec La Valigia dei sogni de Comencini, voilà une jolie découverte. Célèbre pour être le premier rôle au cinéma de la fameuse comédienne théâtrale Lyda Borelli, ce film a été bien évidement entièrement conçu comme un véhicule pour l'actrice. Celle-ci d'ailleurs travailla énormément sa gestuelle pour apporter plus de sophistication au cinéma qui ne brillait pas jusque là par sa qualité. Ce fut d'ailleurs un gros challenge pour elle puisqu'elle devait totalement s'affranchir de son style de jeu sur scène (qui passait beaucoup par sa voix).
A la sortie de Ma l'amor mio non muore !, les critiques furent élogieuses et il faut avouer que même 100 ans plus tard, son interprétation tient encore très bien la route. Excepté certains tics comme sa manière de passer sa main dans ses cheveux en faisant les gros yeux lors des moments de grandes surprises dramatiques, Lyda Borelli témoigne d'une réelle finesse et d'une palette d'une grande finesse, à la fois sobre, subtile et intense.

Celà dit, le film ne repose pas que sur elle. La réalisation est également très surprenante. Uniquement constituée de plans fixes, Caserini en profite pour travailler la profondeur de champ et l'espace d'une manière assez virtuose. D'où des plans d'une durée (volontairement) inhabituelle où les personnages passent du fond de l'écran au premier plan (et inversement), parcours les différents recoin des pièces, sans oublier de nombreuses scènes où l'activité qu'on perçoit dans dans l'arrière plan enrichit la dramaturgie du moment. La façon dont les personnages évoluent dans le décor est particulièrement travaillé et révèle leur psychologie et leur rapport de force. Le découpage se fait donc à l'intérieur même des plans et, tout en étant statiques, le film ne manque pas de mouvements.
Certaines idées sont à ce titre brillantes dans cette gestion de l'espace comme le rideau se fermant après une représentation et qui vient uniquement masquer la loge où se trouve le nouveau fiancée de Borelli, laissant deviner que le théâtre va être un obstacle à leur relation.

En revanche, il est dommage que le même soin ne soit pas accordé au scénario qui manque terriblement de rigueur et qui part dans tous les sens, enchaînant tous les clichés du genre (à commencer par une fin mélodramatique prévisible). Entre les personnages qui disparaissent du récit, les parenthèses inutiles et les pistes inexplorées, il y a des moments où on se demande s'il y a encore un auteur quelque part.
Dans les reproches qu'on pourrait aussi formuler, il y a aussi une photographie assez plate avec sa lumière frontale et uniforme qui éclaire chaque séquence de la même manière (à part l'insert plus soigné des plans de défenses sur le bureau du colonel).

Mais le travail du cinéaste et de comédienne rend ce film très recommandable. D'ailleurs la nouvelle Brucette qui ne connait pas grand chose au cinéma et dont c'était le premier muet qu'elle découvrait a trouvé ça pas mal du tout (à part la musique, patchwork de différents air et chansons d'époques)
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Re: Le cinéma muet

Message par Frances »

Ils en ont de la chance les parisiens !

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http://www.paris.fr/accueil/culture/le- ... port_24330
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
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Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

Le titre est trompeur. La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé existe déjà au sein de Pathé, sans avoir de bâtiment. C'est en fait un endroit où il possible de faire des recherches sur toutes les productions Pathé des débuts à nos jours. Ce n'est donc pas dédié spécifiquement aux films muets, mais à toutes productions Pathé.
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Re: Le cinéma muet

Message par Frances »

Ah je ne savais pas. Merci d'apporter cette précision, Anne :wink:
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Re: Le cinéma muet

Message par feb »

joe-ernst a écrit :Kiki (1926), de Clarence Brown
Norma Talmadge dans une comédie, pourquoi pas. J’avoue avoir de la peine à la trouver crédible. Non pas qu’elle soit mauvaise, mais elle n’irradie jamais, comme si cela était contraire à sa nature. Du coup, on peine à la suivre, d’autant plus que le film n’est pas exempt de longueurs. Le scénario est cependant assez intéressant de par le fait que l’héroïne a peu de scrupules et qu’elle n’en paie pas le prix. Les autres acteurs sont des faire-valoir et peinent à faire exister leur personnage. Les décors et la mise en scène sont très bons, mais cela ne suffit pas pour faire un bon film…
Je rejoins mot pour mot cette critique de joe-ernst concernant ce film de Brown qui m'a un peu laissé sur ma faim. Talmadge et Colman m'ont semblé légèrement sous-exploités, pas forcément très en phase avec leurs personnages (je n'ai cessé de penser à Marion Davies pour le rôle de Kiki) et le film aurait mérité un petit coup de fouet à mi-parcours pour relancer un peu la machine.
Je me lance à la découverte de la filmo des soeurs Constance et Norma Talmadge (du moins ce qu'il en reste) et, même si cette première incursion n'est pas à la hauteur, je ne désespère pas en voyant les critiques, signées Ann Harding, des 2 Constance réalisés Sidney Franklin - Her Night of Romance et Her Sister from Paris - qui me semblent absolument délicieux.
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Sybille
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Re: Le cinéma muet

Message par Sybille »

J'ai déjà regardé Her night of romance, ça m'avait bien plu. Constance Talmadge y était plutôt charmante et sympathique d'après mes souvenirs.

J'ai encore le second à découvrir.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

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The Canadian (1926, William Beaudine) avec Thomas Meighan, Mona Palma, Wyndham Standing et Dale Fuller

Suite à la mort de sa tante, Nora Marsh (M. Palma) est obligée de quitter l'Angleterre pour aller vivre dans la ferme de son frère (W. Standing) dans les grandes plaines de l'Alberta, au Canada. Elle s'adapte difficilement à la vie rude des fermiers et a des altercations avec Gertie (D. Fuller), l'épouse de son frère. Elle décide d'épouser Frank Taylor (T. Meighan) un employé de son frère et part vivre dans une ferme isolée...

Ce film peu connu de William Beaudine est une vraie découverte. L'intrigue, tirée d'un roman de W. Somerset Maughan, ressemble étrangement à celle de The Wind (Le Vent, 1928) de Victor Sjöström. Réalisé deux ans avant le chef d'oeuvre de Sjöström, The Canadian a été tourné dans la région de Calgary au Canada. Le réalisateur William Beaudine est surtout connu pour ses deux films avec Mary Pickford, Little Annie Rooney (1925) et Sparrows (1926). Il montre ici qu'il était capable de réaliser un film intimiste reposant essentiellement sur ses deux acteurs principaux, Thomas Meighan et Mona Palma, qui jouent tous deux avec une grande subtilité leurs rôles. Le film suit la vie quotidienne difficile d'un paysan de l'Alberta où une soudaine tempête peut ruiner une moisson en une nuit. C'est aussi l'affrontement entre deux personnages que tout oppose. Nora la citadine n'a accepté d'épouser Frank que pour échapper à sa belle-soeur Gertie. Il ne comprend pas pourquoi elle se refuse à lui et il va lui imposer de force ses devoirs conjugaux, avant de le regretter amèrement. Dans l'atmosphère de huis clos de leur cabane en bois, Nora et Frank vont finir par se comprendre. Loin du lyrisme de Sjöström, le film avance par petites touches et ne cherche pas à introduire du suspense ou de l'action. Le décalage social entre Gertie et Nora est par exemple montrée par les gestes maladroits de Nora qui essuie ses couverts sur sa serviette avant de manger, ce qui met Gertie hors d'elle. Thomas Meighan, qui fut un des acteurs favoris de C.B. DeMille dans les années 1910, est un remarquable interprète, tout à fait moderne dans son détachement et son jeu minimaliste. Le film repose sur ses épaules, cependant, il ne tire pas la couverture à lui et laisse toute leur place aux autres acteurs, qui sont tous excellents. The Canadian est maintenant disponible chez Grapevine Video, dans une copie passable (tirée d'une copie 16 mm) qui permet de découvrir ce beau film.
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Re: Le cinéma muet

Message par 1kult »

Frances a écrit :Ils en ont de la chance les parisiens !

UNE FONDATION POUR LE CINÉMA MUET !
N'empêche, ça serait une belle idée... :roll:

Bon, sinon, j'ai vu The Spiders de Fritz Lang, il y a peu. Avis mitigé. Si le récit a plus ou moins consciemment inspiré Tintin (le premier et son Temple du soleil, le second et son Lotus bleu), la forme laisse quelque peu à désirer. Je veux dire qu'il y a quelques bizarreries narratives et formelles. Mais là où je suis mitigé, c'est que je crois savoir qu'il n'existe qu'une copie du film. de fait, on peut imaginer que ce que j'ai vu (une copie télé de 1 heure, puis une heure 20 pour ls deux épisodes) est dégradé, et que des collures ont donc été nécessaires. Il y a de très nombreux passages où on a l'impression que les cartons sont décalés (au lieu d'avoir un plan, puis un carton, puis un second plan, on a un plan, un carton, la fin très furtive de ce même plan, puis un second...).

Du coup, alors que j'étais plus habitué à une esthétique grandiose de Fritz Lang (Woman on the Moon, Metropolis, les 3 lumières, et les Nibelungen), là j'avais l'impression de voir un serial un peu trop classique et sage, alors que le matériau de base est très solide. Qu'en pensent les spécialistes ?
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Geoffrey Carter
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Re: Le cinéma muet

Message par Geoffrey Carter »

Ann Harding a écrit :The Canadian est maintenant disponible chez Grapevine Video, dans une copie passable (tirée d'une copie 16 mm) qui permet de découvrir ce beau film.
:D
Hâte de le découvrir.
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