J'avoue ne pas être connaisseur du mélodrame muet, néanmoins j'ai trouvé de nombreuses qualités à ce film, notamment cette tension crescendo jusqu'à l'explosion de violence finale, inéluctable et comme cathartique tant les personnages semblent impuissants à se défaire d'un passé opressant.Alligator a écrit :Fièvre (La boue) (Louis Delluc, 1921)
http://alligatographe.blogspot.com/2011/11/fievre.html
Dans le cadre du Cinémed, chaque année la Cinémathèque de Paris consacre une soirée à faire découvrir aux Montpellierains quelques "trésors" de son catalogue. Cette année, c'est la ville de Marseille qui est à l'honneur et sert de prétexte avec deux films rares, celui de Moholy-Nagy "Marseille, Vieux Port" et celui-ci, "Fièvre", aka "La boue", parce qu'il se déroule dans un bouge de la ville phocéenne.
Après une instructive introduction où l'on nous apprend que le premier titre, "La boue" a été censuré parce que trop péjoratif et immoral, qu'Eve Francis était la compagne de Louis Delluc et que cet artiste avait un large éventail d'occupations (théâtre, roman, scénario, réalisation, etc.), la projection put commencer avec l'accompagnement au piano d'un musicien dans la salle. C'était la première fois que je voyais un film dans ces conditions du temps du muet. Je n'ai pas assez d'oreille pour apprécier ce privilège à sa juste valeur.
Malheureusement, le film de Louis Delluc ne m'a pas plu. Il s'agit d'un mélodrame comme il s'en faisait beaucoup à l'époque.
Les compétences dramaturgiques de Delluc se font excessivement sentir : les effets de mise en scène sont parfois très lourds.
Eve Francis joue de façon grandiloquente. Elle n'est pas la seule mais chez elle, c'est peut-être le plus éclaboussant.
Les maquillages sont forcés, surlignés. Le trait est partout gras. L'histoire elle même n'est pas à l'économie, mais appuie sans arrêt ses éléments d'assise.
J'ai suivi ce film par conséquent en attendant une lueur, quelque chose qui pouvait justifier toute cette outrance, cette pompe, mais même la fin ne parait pas donner quelque raison à ce pathos manifeste. Symbolisme et caractérisation soulignés des personnages semblent avoir été les pièces maitresses de cette œuvre.
A mon grand désarroi (j'espérais découvrir un cinéaste avec enthousiasme), je suis resté insensible à cette rhétorique du geste.
A cet égard, les flash-backs sont amenés de façon très moderne sans fondu ni effets ostentatoires de mise en scène.
Le travail de Louis Delluc est d'ailleurs exemplaire qui parvient à respecter les trois unités avec une véritable sobriété dans la dramatisation, (Eve Francis ne thêatralise son jeu qu'à la toute fin) renforçant par là l'atmosphère pesante et crasseuse de ce bouge où l'on voit une galerie de personnages pittoresques préfigurant le réalisme poétique des années 30.
Vu à partir d'une copie d'une durée de 39', le film étant visible sur Youtube avec une durée de 29', on peut supposer qu'il est proposé en version accélérée (26 images/s ?).