Frank Capra (1897-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Jeremy Fox »

Pas revu depuis une éternité (jamais même depuis que j'ai le DVD) : j'ai peur qu'il perde de sa magie car l'unique fois où je l'ai vu (ciné club de Claude Jean Philippe), j'en avais été ému aux larmes. A priori mon Capra préféré avec New York Miami. Bonne idée de visionnage pour les fêtes. :wink:
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Flavia
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Flavia »

Jeremy Fox a écrit :Pas revu depuis une éternité (jamais même depuis que j'ai le DVD) : j'ai peur qu'il perde de sa magie car l'unique fois où je l'ai vu (ciné club de Claude Jean Philippe), j'en avais été ému aux larmes. A priori mon Capra préféré avec New York Miami. Bonne idée de visionnage pour les fêtes. :wink:
Un film de Capra perdre de sa magie, impossible :) Je découvre Capra et je ne regrette pas, c'est un de mes préférés avec New York Miami, en tête La vie est belle :) je ne me lasse pas de ce chef d'oeuvre.
Nestor Almendros
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Nestor Almendros »

THE MIRACLE WOMAN (1931) - TCM

Sur le papier, cette première rencontre Stanwyck/Capra avait tout pour plaire. Ajoutez à cela une première scène remarquable et très prometteuse, avec des répliques cinglantes et une interprétation étonnante, et vous espérez un chef d'oeuvre. Malheureusement, ce qui aurait pu être un brûlot enlevé contre le prêche manipulateur, l'utilisation abusive de la religion, ou l'aveuglement des foules pour les beaux parleurs se transforme en un romance un peu terne, aujourd'hui bien vieillotte, en tout cas très éloignée de l'ambition originale. Cruelle déception que ce scénario qui passe à côté de son sujet, reléguant le discours politique et social derrière un simple abus de pouvoir et de personnalité, une jeune femme qui s'oublie dans le mensonge et le calcul et qui, ô miracle, redécouvre le sens de la vie et de la droiture aux côtés d'un gentil aveugle.
Heureusement que les retrouvailles Capra/Stanwyck seront d'un tout autre accabit...
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Ann Harding
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Ann Harding »

Pour moi, The Miracle Woman, inspirée de la vie de Aimee Semple McPherson, est une de plus belles réussites de Capra. Il n'était pas question à l'époque d'adapter officiellement le brûlot de Sinclair Lewis, Elmer Gantry (1925). Donc le film le fait officieusement. Quant au premier film de Capra avec Barbara Stanwyck, c'est Ladies of Leisure (1930). :wink:
Abronsius
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Abronsius »

The Matinee Idol (1928) - diffusion TCM

Muet de 1928, The Matinee Idol est une comédie sur le monde du spectacle qui ne tient pas toutes ses promesses. Une star de Broadway prend quelques jours de vacances et va malgré lui prendre part à un spectacle de troisième zone. Les amis qui l'accompagnaient trouvent le tout d'un comique imparable et décident de monter le show à Broadway seulement la star ne veut pas dévoiler son identité, il veut continuer à faire le jocrisse tout en tentant de séduire Ginger, la fille de la troupe fraîchement arrivée en ville.
Johnnie Walker est trop terne et manque de punch pour nous faire croire qu'il a du talent, en revanche Bessie Love est pas mal du tout, elle a de l'énergie et colle bien au rôle, elle méritait mieux. C'est dans le ridicule que Capra est bon, les moments comiques où la pièce désastreuse se joue, les différents portraits des spectateurs du premier show, celui de la troupe Bolivar. Une fois à Broadway le soufflet retombe et la pointe dramatique développée par le directeur Bolivar ne mène nulle part, faisant osciller le film entre la comédie pure et un drame moral sans vraiment choisir au final.
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Ann Harding
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Ann Harding »

Je crois que, malheureusement, The Matinee Idol est légèrement incomplet, ce qui peut expliquer ta déception. D'ailleurs, je dois avouer que les quelques muets que j'ai vu de Capra m'ont paru sympathiques, mais jamais aussi bons que ses futurs parlants, en particulier des années 30.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Nestor Almendros »

Ann Harding a écrit :Quant au premier film de Capra avec Barbara Stanwyck, c'est Ladies of Leisure (1930). :wink:
:oops: :mrgreen: A suivre... (il repasse dans quelques jours sur TCM)
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Abronsius »

Ann Harding a écrit :Je crois que, malheureusement, The Matinee Idol est légèrement incomplet, ce qui peut expliquer ta déception. D'ailleurs, je dois avouer que les quelques muets que j'ai vu de Capra m'ont paru sympathiques, mais jamais aussi bons que ses futurs parlants, en particulier des années 30.
J'ai lu quelque part que le film était perdu, c'est déjà pas mal de pouvoir en voir une partie aussi importante.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par feb »

Considéré comme perdu avant d'être retrouvé à la Cinémathèque Française et restauré dans un montage de 56 minutes en lieu et place du montage original de 66 minutes (le DVD édité chez Columbia Classics fait 54 minutes).
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Cathy
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Cathy »

The Miracle Woman (1931)

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La fille d'un prêcheur qui est décédé se fait enrôler comme prédicatrice.

Frank Capra réalise ici son second film avec Barbara Stanwyck et veut dénoncer les prêcheurs professionnels qui abusent de la crédulité de la foule. La première scène est assez excitante avec la jeune femme qui s'en prend à la foule de l'église qui a causé la mort de son père, tout comme la première scène de prédication où elle apparaît au milieu de lions telle Blandine, avec sa longue robe en voile et ses bras levés. Ce qui est curieux c'est ce mélange de comédie romantique avec la rencontre avec ce jeune aveugle, et cette dénonciation paraît bizarre tant les faux témoignages semblent énormes. La force est sans doute le fait de le suggérer en les montrant faire la fête ou se faire réprimander pour ne pas avoir joué suffisamment le jeu. Le film repose sur Barbara Stanwyck qui est là encore de quasiment tous les plans, hormis la scène où Frank Capra présente ce héros aveugle qui veut se suicider. On retrouve toutefois la touche comique si chère à Capra dans certaines scènes. Si le film est moins abouti que Forbidden Love tourné l'année suivante, le film est toutefois assez intéressant et prenant, ne serait-ce que par la présence de l'actrice qui démontre une fois encore l'étendue de son talent.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Abronsius »

You Can't take It with You (1938)

Capra veut changer le monde, à quelques mois de la Deuxième Guerre mondiale il emporte le spectateur dans un tourbillon humaniste utopique mais férocement efficace.
James Stewart joue le fils du milliardaire qu'interprète Edward Arnold. Jean Arthur est sa secrétaire, ils sont amoureux seulement les plans d'expansion du père s'arrête devant le droit de propriété de Lionel Barrymore, le père de Jean Arthur. D'un côté le snobisme, le pouvoir de l'argent, l'habitude de diriger alors que de l'autre c'est un univers proche du cirque, les amis habitent avec les Sycamore, il y a là un univers paradisiaque, infernal, une sorte de chaos sympathique, chaleureux, loufoque.
Capra emmène toute sa troupe dans un délire de solidarité, d'humanité appuyée. Celle-ci le lui rend bien, les acteurs sont tous excellents, les rôles principaux Barrymore en tête et les rôles secondaires. Donald Meek est d'une poésie lunaire qui marque les esprits, de l'invention, des feux d'artifices, de la danse, de la légèreté, le film est une merveille.
Si l'on en juge par les événements historiques qui se sont déroulés par la suite, nous pouvons penser que certains responsables n'ont pas vu le film.
Joe Wilson
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Joe Wilson »

The Miracle Woman

J'ai été plutôt convaincu : certes, le scénario est déroutant et peut sembler improbable, mais Capra assume une dynamique outrancière. Plutôt que de dénoncer une manipulation des masses, il se concentre sur des individus et le film appartient tout entier à Stanwyck. Par l'ambiguité de son regard, où le désir de revanche sociale cède la place à une recherche affective, elle transmet une palette d'émotions contradictoires. Et à l'image de la remarquable première séquence, The Miracle Woman dévoile une spontanéité, une fraîcheur enthousiasmantes.
Si certaines idées de mise en scène (la cage aux lions) peuvent prêter à sourire, Capra est très à l'aise pour esquisser des rapports de force et cerner des instants d'intimité.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Abronsius »

The Younger Generation (1929)


TCM donnait aujourd'hui un Capra méconnu et étonnant. Le film se trouve à la charnière du muet et du parlant et donne des séquences en muet et d'autres en parlant. les séquences muettes sont accompagnées d'un travail sonore assez grossier, quelques bruits synchrones sans plus cependant la réalisation est plus soignée, le découpage plus subtil. cela est certainement le fruit de la lourde machinerie qu'exige la prise de son sur le plateau aussi les séquences parlantes sont plus statiques, plus pesantes.
Voilà pour l'aspect curieux du film.
Quant au récit, c'est un beau mélodrame que nous découvrons. L'histoire est celle d'une famille juive de l'East Side à New York. Un prologue nous décrit la manière dont elle perd tout dans un incendie à cause d'une bagarre entre deux jeunes garçons, Morris et Eddie. Morris est travailleur, économise et a de l'ambition. Eddie est le boyfriend de la soeur de Morris, Birdie. Ce dernier ne l'aime guère et c'est lors d'une lutte entre les deux que le feu prend accidentellement.
Nous retrouvons la famille bien plus tard, Morris a réussi et impose aux siens une conduite qui les force à tenir un rang qui ne leur est pas naturel. Ils vivent désormais chez Morris, dans la 5ème avenue, le père regrette Delancey Street et sa vie palpitante, ses amis, la mère protège son fils et vénère sa réussite. Birdie choisira l'amour avec Eddie, en dépit de la sombre histoire qui l'amènera en prison.
Les nombreux rebondissements du mélo sont présents mais pas appuyés ni larmoyants, le thème de l'individu qui renie ses origines est traité avec brio, Morris n'est pas caricatural, la mise en scène est très belle, comme nous l'avons dit plus haut ce sont les séquences muettes qui sont les plus cinématographiques, les plus réussies. La séquence où Eddie se rend compte du piège qui se referme sur lui et la suite est admirable.
Encore une fois Capra rejette l'idée de l'argent comme vertu cardinale et prône la solidarité, l'estime de soi. Un discours religieux s'ajoute au propos, essentiellement par le père de famille qui pense subir ce châtiment parce qu'il s'est éloigné de la religion.
beb
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par beb »

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Dernière modification par beb le 31 mars 23, 12:25, modifié 1 fois.
Abronsius
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Abronsius »

A Hole in the Head / 1959

Miami. Tony (Frank Sinatra) est fauché. Son hôtel est sur le point d'être mis en faillite. Inconscient, il aime les jeux d'argent et courir les filles. Son frère (Edward G. Robinson) accompagné de sa femme (Thelma Ritter) arrivent tout droit de New York pour lui venir en aide. Une habitude, d'autant plus que Tony a un fils et n'a guère le temps de s'en occuper en dépit de l'affection qu'il lui porte.
La première demi-heure est d'une fadeur étonnante, seul le duo Robinson/Ritter (qui sauvent le film à eux deux) nous tire de l'ennui car Robinson incarne un homme bougon et le couple qu'il forme avec Ritter, toujours classe, est d'un tel niveau que même avec une caméra statique nous prenons notre plaisir. Aussi lorsqu'ils arrivent à Miami à la fin de ce premier quart nous sommes assurés de voir le tout s'améliorer. La première grande discussion entre le frère ayant réussi et son minable cadet est pratiquement un plan séquence, nous sommes au théâtre mais cela passe avec la qualité de jeu des acteurs. Le couple new-yorkais connaît une femme que Tony doit rencontrer, ce denier accepte sachant que c'est là la condition pour obtenir une aide financière. Hélas, Mme Rogers (Eleanor Parker) n'est pas le personnage qui vient nous sortir d'une torpeur de plus en plus tenace. Evidemment Mme Rogers n'est pas joviale, elle est l'élément qui doit permettre à Tony d'avoir une vie plus tranquille, sa vie me semblait l'être bien suffisamment...
Nous avons attendu avec politesse la fin du film, nous nous sommes arrêtés de minuter approximativement la structure du récit, un travelling arrière au trois-quart du film nous a semblé bien audacieux, allait-il promettre un éveil final ?
Non.
Seuls les acteurs sauvent le film, habillés avec élégance par Edith Head, le récit nous indiffère profondément et le final sur la plage n'est heureux que parce qu'il signale que le moment de quitter cet univers soporifique est arrivé. La morale est édictée mais cette fois aucune émotion ne vient l'inscrire en nous.
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